Les imprimeurs et l’académie de Saumur au xviie siècle : querelles et débats
Printers and the Saumur Academy in the 17th century: quarrels and debates
p. 79-92
Résumés
L’objet de cette communication est d’étudier les liens entre les imprimeurs et l’académie de Saumur en s’interrogeant sur les rapports institutionnels et le rôle que peuvent jouer les imprimeurs dans les débats qui touchent cet établissement, mais de comprendre également leur place dans des querelles internes ou dans les enjeux qui se nouent avec la politique répressive menée par Louis XIV après 1661. En effet, les imprimeurs protestants de Saumur sont dits imprimeurs de l’académie et s’engagent aussi à être bedeau de l’établissement. Mais les conflits sont nombreux, tant dans la façon dont ils exercent leurs fonctions, que par l’appui qu’ils peuvent donner à tel ou tel pasteur ou professeur de théologie dans les débats qui agitent l’Église de Saumur. Les interdictions d’exercer visent enfin les imprimeurs à partir des années 1680.
The purpose of this communication is to study the links between printers and the Saumur academy by examining the institutional relationships and the role that printers can play in the debates that affect this establishment, but also to understand their place in internal quarrels or in the stakes which are knotted with the repressive policy led by Louis XIV after 1661. In fact, the Protestant printers of Saumur are said to be printers of the academy and also undertake to be bead of the establishment. But there are many conflicts, both in the way they exercise their functions, and in the support they can give to such and such a pastor or professor of theology in the debates which agitate the Church of Saumur. Prohibitions to practice finally targeted printers from the 1680s.
Texte intégral
1Si dans la seconde moitié du xvie siècle ce sont les presses rochelaises qui dominent l’imprimerie réformée dans l’Ouest de la France, au xviie siècle, avec l’installation de Thomas Portau1 à Saumur en 1601 et les deux sièges que subissent les Rochelais dans les années 1620, l’imprimerie saumuroise joue désormais un rôle de premier ordre jusqu’à l’année 1685. L’article XXI de l’édit de Nantes stipule :
« Ne pourront les livres concernant ladite religion prétendue réformée être imprimés et vendus publiquement qu’ès villes et lieux où l’exercice public de ladite religion est permis. Et pour les autres livres qui seront imprimés ès autres villes, seront vus et visités, tant par nos officiers que théologiens, ainsi qu’il est porté par nos ordonnances. Défendant très expressément l’impression, publication et vente de tous livres, libelles et écrits diffamatoires, sur les peines contenues en nos ordonnances, enjoignant à tous nos juges et officiers d’y tenir main2. »
2Quant à l’exercice du culte réformé à Saumur, il répond à l’article IX de ce même édit de Nantes et il permet d’instaurer un culte de possession : ainsi des imprimeurs peuvent s’installer à Saumur. Toutefois la réputation de Thomas Portau ou des autres imprimeurs protestants – Jean Lesnier, Isaac Desbordes, Henri Desbordes3 – n’est pas due tellement à la présence d’une communauté réformée dont le poids démographique s’affaiblit tout au long du xviie siècle4, ou à l’existence d’un gouverneur protestant en la personne de Philippe Duplessis-Mornay, remplacé en 1621 par un gouverneur catholique, même si l’ancien conseiller d’Henri IV a favorisé l’installation et le développement des presses de Thomas Portau. C’est assurément le collège et surtout l’académie, avec ses élèves et étudiants tant français qu’étrangers, ses régents et professeurs en particulier de philosophie et de théologie, qui expliquent cette renommée5.
3L’objet de cette communication est d’étudier les liens entre les imprimeurs et l’Église de Saumur et surtout l’académie en s’interrogeant sur les rapports institutionnels et le rôle que peuvent jouer les imprimeurs dans les débats qui touchent cet établissement, mais de comprendre également leur place dans des querelles internes ou dans les enjeux qui se nouent avec la politique répressive menée par Louis XIV après 1661.
***
4Les imprimeurs que nous connaissons le mieux, Thomas Portau, Jean Lesnier, Isaac et Henri Desbordes, sont dits imprimeurs de l’académie. En effet, en 1617, les registres précisent que Thomas Portau doit imprimer douze thèses de théologie par an. En échange, il reçoit du synode provincial soixante livres, et pour chacune des thèses un écu s’il n’y a qu’une feuille, un écu et demi pour une feuille et demi6… En 1638, Jean Lesnier et Isaac Desbordes doivent imprimer programmes, thèses de théologie et de philosophie7. À partir de 1665, la publication des thèses se fait « alternativement » entre ces deux imprimeurs8, ce qui peut entrainer quelques difficultés d’application comme en 16679.
5En tant qu’imprimeurs de l’académie, ils s’engagent également à être bedeau de l’établissement10. C’est le cas de Thomas Portau, puis en 1626 de Louis Guyon11, enfin d’Isaac Desbordes à partir de 162812. Cette charge de bedeau paraît difficile à supporter pour un imprimeur dont l’activité est en plein essor. En 1653, après le saccage d’une salle par des étudiants qui auraient cassé les bancs et renversé la chaire, les accusés doivent être convoqués par le bedeau à se rendre chez le recteur de l’académie. Josué de La Place, professeur de théologie et recteur de l’académie, demande à Isaac Desbordes de communiquer la décision du conseil académique aux élèves incriminés13 :
« L’ayant rencontré en sa boutique, et le luy ayant voulu bailler à cette fin, il avoit refusé de le prendre, déclarant à diverses fois qu’il ne vouloit rien faire contre les escoliers. Sur quoy, monsieur le recteur luy ayant dit qu’il faudroit donc que le conseil académique prist un autre en sa place de bedeau, il luy a respondu nettement qu’il en estoit content. La compagnie mettant en considération qu’il y a desja longtemps que le sieur Desbordes fait très négligemment sa charge et comme à regret, de quoy il a esté fait quantité de plaintes et à luy diverses remonstrances, à quoy il n’a point eu d’égard14. »
6C’est alors l’imprimeur Riboteau qui est choisi pour être bedeau15.
7Mais les conflits entre Isaac Desbordes et l’académie de Saumur ne s’arrêtent pas là. Le 16 janvier 1664, le registre du conseil académique note :
« Le sieur Desbordes imprimeur s’étant présenté en cette compagnie pour accuser le sieur Thévenin, proposant qui y a aussi comparu, d’avoir débauché chés lui une servante il y a deux ans ou environ, et demandant que pour cette cause on refusat audit proposant un témoignage. Le sénat académique a ouy patiemment l’accusation de l’un et les réponses que l’accusé a alléguées pour se défendre. Ensuitte de quoy le sénateur Bonat, après avoir meurement examiné l’affaire et considérant que ledit sieur Desbordes n’a point fourny de preuves valables pour soutenir son accusation, et que le témoin singulier qu’ila produit bien loin de déposer selon l’intention dudit sieur Desbordes a parlé en faveur de l’accusé. A jugé que l’accusation estoit absolument nulle à faute de témoins et de preuves, et que ledit sieur Desbordes estoit très censurable de l’avoir intentée mal à propos, et que quant audit sieur Thévenin on ne luy pouvoit instemment refuser un témoignage16 […]. »
8On a du mal à comprendre pourquoi Desbordes ne témoigne que deux ans après les faits. Suite à cette accusation, on ne sait pas – faute de registre consistorial conservé – s’il a été censuré par le consistoire de l’Église de Saumur après la délibération de conseil académique. Aucun pasteur nommé Thévenin n’a été retrouvé en activité dans une des provinces de l’Ouest du royaume, si ce n’est un en Augoumois dans l’église de Chalais, qui serait né en 164717, mais il ne semble pas possible que ce soit le même personnage. Cependant, derrière cette affaire, la question des relations entre la population estudiantine et la population de Saumur apparait. Dans les registres de l’académie, les comportements des philosophes et des théologiens est régulièrement stigmatisée : chahuts et bagarres sont courants18. Si cela a pu détériorer les relations sociales entre habitants, l’académie et plus généralement les institutions réformées. Est-ce un hasard si les actes du synode provincial tenu à Saumur l’année suivante, en 1665, mentionnent :
« Diverses plaintes ayant esté faites de la conduite des estudians en theologie qui sont en cette academie, et sur ce qu’il a esté rapporté qu’ils sont trop superbement vestus, qu’ils s’abandonnent à plusieur debauches, qu’ils negligent leurs estudes pour frequenter les filles, qu’ils ne craignent pas de promener par les rües, et qu’ils conversent plus qu’ils ne devroient avec elles. La compagnie les ayant fait venir en sa presence, leur a fait sur tous ces articles des graves et serieuses remonstrances, leur defendant expressement le luxe, les debauches, les partialités et toutes les dissolutions ausquelles ils se sont cy devant abandonnés et enjoignant tant au conseil de l’academie qu’au consistoire de l’eglise de ne donner aucun tesmoignage à ceux qui se trouveront coupables de ces choses. Lesquels afin qu’on les puisse mieux cognoistre seront particulierement indiqués dans le rapport que feront les professeurs au conseil de l’academie du soin que les estudians apporteront à se trouver aux exercices de l’escole, et afin qu’ils ayent moins d’occasion de perdre leur temps dans les vanités et divertissemens de ce siecle, il est defendu aux peres et meres qui ont des filles de leur en permettre la frequentation à l’execution de quoy le consistoire tiendra la main19. »
9Cela n’empêche pas que, deux ans plus tard, deux étudiants en théologie soient exclus après de multiples « remontrances et exhortations verbales », accusés de « débauches et dérèglemens, comme sont le soir la fréquentation ordinaire de cabarets, conversation avec les filles mesmes en lieux et promenades publiques, nonobstant les deffenses qui en ont esté faites si fréquemment20 ».
***
10Des libelles sont publiés à Saumur, probablement avec la complicité des imprimeurs ou de leurs ouvriers, révélant les tensions internes à l’académie. Ainsi en 1619, les enseignants du collège et de l’académie originaires d’Écosse, John Cameron en tête, déposent plainte auprès du gouverneur, Philippe Duplessis-Mornay, du sénéchal de la ville et du recteur, « touchant un certain libelle diffamatoire en vers françois de naguère imprimé, affiché et publié en ceste ville contre l’honneur de leur nation en général et en particulier de leurs personnes, qualitez et profession21 ». Ce libelle serait une réponse à un livre, Satyre démocritique, qui aurait été publié par Locart, un Écossais proposant en théologie. Sont visés par cette plainte un étudiant en théologie Jehan Bachellé, natif de Metz, un compagnon relieur travaillant dans la boutique de Thomas Portau, François, Lieshont, né à Amsterdam, et un apprenti imprimeur, Jean Bureau, Saumurois d’origine, employé par le même Portau. Les trois accusés ont reconnu les faits. L’étudiant en théologie, auteur du libelle, est exclu de l’académie, et les exemplaires de l’ouvrage doivent être « lacérez, cassez en leur présence par le bedeau ». Lieshont reconnait « que malicieusement il a instigué et prié ledit Bachellé de composer ledict libelle, aidé à l’impression d’icelui et de l’avoir affiché ». Quant à l’apprenti imprimeur, il dit avoir « imprudemment et témérairement imprimé ledit libelle22 ». Il est demandé à Thomas Portau de se séparer de ses deux employés.
11En 1665, il est probable qu’un imprimeur de Saumur soit utilisé, sans que nous sachions quel est l’auteur de l’ouvrage, ni l’imprimeur. Ainsi, lors du synode provincial tenu à Saumur, les actes mentionnent que
« la compagnie ayant eu advis qu’il s’est publié en cette ville un certain libellé imprimé qui dechire la reputation de ceux qui composent le conseil academique et le consistoire de cette eglise l’a condamné comme pernicieux et detestable jugeant celuy qui en est l’auteur digne des dernieres censures qu’elle prononce dès à present contre luy s’il se peut decouvrir, defendant expressement à tous ceux de nostre communion qui sont en cette ville et principalement aux estudians en cette academie de faire à l’avenir de telles satyres et ordonnant qu’il soit procedé contre ceux qui en feront par toutes sortes de censures jusques à l’excommunication23 ».
12Une explication est peut-être à trouver dans la réunion du 11 octobre 1665 du conseil académique qui s’assemble « a la réquisition de monsieur Chouet, professeur en philosophie ». Ce dernier se plaint que
« quelques esprits malicieux avoient fait courir des bruits désavantageux non seulement à sa réputation mais à l’honneur de cette academie […] afin de faire chasser ledit sieur Chouet de cette academie, comme y ayant esté establi par brigues et monopoles, à l’exclusion de quantité de François très habiles qui s’estoient presentés pour disputer la chaire de philosophie contre luy24 ».
13À la fin des années 1650, l’Église de Saumur et l’académie ont été profondément secouées par une controverse opposant Isaac d’Huisseau à Moïse Amyraut et pour laquelle les synodes provinciaux de 1655, 1656, 1657, 1658 et 1659 ne réussissent pas à mettre fin au conflit25. Il faut attendre le synode national de Loudun pour obtenir un règlement pacifié de l’affaire26. Lors du synode national de Loudun, d’Huisseau demande à être confirmé dans ses fonctions pastorales et fait appel des décisions des synodes provinciaux de 1656 (Baugé), 1657 (Saumur), 1658 (Preuilly) et 1659 (Baugé), et de celles du conseil académique de Saumur (des 16 et 27 mars 1658). Le synode national décide de confirmer d’Huisseau dans ses fonctions de pasteur de Saumur « où il devoit prescher pendant six mois, aussi souvent que ses forces le luy pourroient permettre, afin que pendant cet espace de temps on put juger de ce qu’il étoit capable de faire à l’avenir27 ». Richard Stauffer explique cette querelle par l’attitude de d’Huisseau qui aurait demandé à être déchargé de ses fonctions académiques et qui serait revenu sur sa décision au moment où le consistoire aurait accepté sa demande. La réaction de d’Huisseau paraît s’expliquer par l’empressement d’Amyraut à le faire. D’Huisseau et les anciens qui le soutiennent s’opposent avant tout au choix du remplaçant de La Place, Jacques Brissac, sieur des Loges, ministre de Loudun28. Pour sa part, Jean-Paul Pittion voit dans cette opposition à Amyraut un écho des débats religieux en Angleterre et un soutien apporté aux Indépendants par d’Huisseau qui, ainsi, « défendait aussi la liberté de pensée au sein de l’académie et la séparation de deux domaines, celui de l’académie et celui de l’Église locale sur lequel Amyraut exerçait aussi son ascendant29 ». L’historien de l’académie de Saumur s’appuie en particulier sur les Pièces authentiques et décisives de la question à qui doivent être impliqués les troubles de l’Église réformée de Saumur (Saumur, 1659). En effet, par plusieurs de ses écrits comme son Traitté des religions contre ceux qui les estiment toutes différentes (1631), Amyraut affirme son loyalisme politique. Ce dernier se double d’une volonté de respecter l’institution synodale qui peut seule, selon lui, garantir l’unité du protestantisme français (Du gouvernement de l’Église contre ceux qui veulent abolir l’usage et l’autorité des synodes, Saumur, 1653) et d’une condamnation du prophétisme (Du règne de mille ans ou de la prospérité de l’Église, 1654). Ces différents écrits lui ont donné un véritable ascendant que d’Huisseau conteste.
14Les imprimeurs prennent-ils position dans ce conflit ? Avant 1660, Amyraut fait imprimer ses ouvrages principalement à Saumur, que ce soit chez Desbordes, Lesnier, Girard, Lerpinière ou Rousselet30, mais aussi à Charenton chez Isaac Dedin (Réplique à Monsieur de la Milletière, 1638), ou Louis Vendosme (Discours de la souveraineté des rois, 1650). Isaac Desbordes et Jean Lesnier sont donc ses deux principaux imprimeurs. C’est ainsi chez Desbordes qu’il fait imprimer les Pièces authentiques en 1659. Mais d’Huisseau, dans ce conflit qui l’oppose à Amyraut, quand le nom de l’imprimeur est donné, utilise d’autres imprimeurs de Saumur – quand le nom est donné, comme en 1659 François Ernou (La Réponse de ceux qui ont embrassé les intérêts de Monsieur d’Huisseau…), un imprimeur catholique31 !
15En 1670 enfin, paraît l’ouvrage de d’Huisseau La réunion du christianisme ou la manière de rejoindre tous les chrestiens sous une seule confession de foy. Le livre est publié chez René Péan, autre imprimeur réformé saumurois. Si le pasteur de Saumur n’a jamais voulu reconnaître qu’il en était l’auteur, il est paru évident très rapidement que c’était lui. Le consistoire de Saumur le déposa et l’excommunia. Suite à cette première condamnation, d’autres ouvrages paraissent cherchant à défendre d’Huisseau, en particulier une Apologie pour le livre intitulé La Réunion du christianisme et pour celuy qui en a esté soupçonné l’autheur à Saumur, publié anonymement à La Haye, dont d’Huisseau n’est pas l’auteur (mais il a avoué lui-même avoir donné des arguments à l’auteur), ou la Traduction du traité de Samuel Petit, professeur en théologie à Nîmes, touchant la réunion des chrestiens (s. l., 1670). Les actes du synode provincial réuni cette année-là à Saumur n’ont pas été conservées, mais nous en connaissons le déroulement, du moins quand les débats abordent cette affaire, grâce à deux ouvrages publiés par un soutien de d’Huisseau, Daniel Crespin, un régent du collège, qui publie un Récit de ce qui s’est passé au synode d’Anjou tenu à Saumur, l’an 1670, pour servir de factum à Monsieur D’Huisseau contre cette compagnie (s. l., 1671), et une Apologie du sieur D. Crespin, où il fait voir les veritables motifs de sa condamnation au synode d’Anjou tenu à Saumur l’an 1670 avec quelques éclaircissemens de l’affaire de Mr. Dhuisseau (s. l., 1671). Ainsi, lors du synode provincial, Pierre Péan, l’imprimeur de la Réunion du Christianisme, et sa femme sont interrogés :
« Ouï aussi sur ces mesmes faicts le sieur Péan, imprimeur, et sa femme séparément, qui ont dit que ledit sieur Le Fèvre leur avoit donné le manuscrit dudit livre et en avoit corrigé les espreuves, mais qu’ils n’en connoissoient point l’autheur. Que l’Apologie dudit livre avoit aussi esté imprimée chez eux et leur avoit esté donnée par monsieur le juge de la prévosté de Saumur, et que la Traduction du livre de M. Petit leur avoit aussi esté donnée par mondit sieur le juge de la prévosté toute imprimée32. »
16Tanneguy Lefèvre, professeur de grec de l’académie, et Daniel Crespin reconnaissent lors du synode, le premier « qu’il a corrigé les espreuves dudit livre et qu’il l’a donné à l’imprimeur, après l’avoir receu de Paris sans sçavoir de la part de qui », le second « qu’il a corrigé quelques-unes des espreuves dudit livre, à la réquisition dudit sieur Le Fèvre, et qu’il avoit de si grandes obligations audit sieur d’Huisseau, mangeant à sa table et estant comme son domestique, que s’il estoit vray qu’il fust l’autheur et qu’il l’eust sçu, il se seroit retiré en son pays avant le synode, plutost que de l’avouer33 ». Une lettre de d’Huisseau fils à Élie Benoist datée de 1695 apporte un élément intéressant, « Mr d’Huisseau a toujours soutenu jusques à la fin qu’il avoit prié Mr Le Fèvre de ne mettre point ce livre au jour qu’il n’eust été communiqué aux principaux ministres de nos provinces, entr’autres à Mr Claude, et qu’il n’en eust été approuvé34 ».
17Si Péan est donc bien l’imprimeur de d’Huisseau et de ses soutiens, il l’est également de certains de ses adversaires, puisqu’il imprime en 1670, donc en même temps que certains ouvrages favorables à d’Huisseau, le premier auteur qui conteste La Réunion du christianisme, Marc-Antoine La Bastide, un ancien du consistoire de Charenton : ce sont les Remarques sur un livre intitulé La réunion du Christianisme ou la manière de rejoindre tous les chrétiens sous une seule confession, mais aussi Les remarques sur les remarques faites sur le livre de la Réunion du christianisme, toujours en 167035, ouvrage anonyme au sujet duquel Richard Stauffer écrit que « le débat suscité par la parution de La réunion était tombé très bas36 ». Dans cette controverse, suivent un ouvrage de Jurieu publié à Orléans, puis une réponse de d’Huisseau, sans lieu d’éditeur, et une dernière réponse de Jurieu imprimée cette fois-ci à Sedan37. On peut se demander pourquoi Desbordes et Lesnier sont absents de l’affaire ? Il est probable que, d’un côté, d’Huisseau et Lefèvre aient cherché à s’adresser à un imprimeur secondaire sur la place de Saumur, pensant peutêtre qu’ils se seraient opposés à la publication de l’ouvrage afin de ne pas compromettre leurs étroites relations avec l’académie. Mais, d’un autre côté, il faut souligner qu’à Saumur les toutes premières réactions n’ont pas été si hostiles à l’ouvrage que par la suite, Richard Stauffer voyant dans la réaction de Gaussen, professeur de philosophie, et de Beaujardin, un des pasteurs de l’Église, représentants du clan amyraldien, un moyen d’attaquer d’Huisseau dans les querelles qui ont secoué l’Église de Saumur depuis les années 165038.
***
18Au cours des années 1661-1685, les menaces qui pèsent contre les imprimeurs réformés saumurois sont à plusieurs fois liées à l’existence de l’Église et de l’académie. La première menace sérieuse est la conséquence de la déclaration du 18 juillet 1656 par laquelle le roi décide que « deux commissaires, l’un catholique et l’autre de la Religion PR seront envoyez dans chaque province pour y établir les choses dans le bon ordre qu’elles doivent être, conformément ausdits édits, déclarations, arrests et règlemens39 ». Si cette loi ne connaît un début d’application qu’en 1661 dans le royaume, l’Église de Saumur et son académie ne sont concernées qu’à partir de 1668 quand deux commissaires sont nommés, un catholique, Jean-Baptiste Voysin, seigneur de La Noiray, intendant de Tours pour la Touraine, l’Anjou et le Maine, et un commissaire réformé, Henri de Soucelles, seigneur d’Oiray, pour examiner la validité des titres que l’Église et l’académie doivent produire. Le désaccord entre le commissaire catholique, qui demande le 24 mars 1670 l’interdiction du culte et la suppression de l’académie, et les protestants qui y sont opposés, met leur sort « en partage » pour près de quinze années40. Quels sont les arguments du commissaire catholique ? Ce qu’il conteste en premier lieu, c’est tout d’abord l’exercice public du culte réformé dans la mesure où selon lui ce n’est qu’un « exercice purement personnel et particulier introduit en faveur et par la seule authorité du sieur Duplessis Mornay, gouverneur de ladite ville » à partir de 1589, alors que les protestants en vertu de l’article 9 de l’édit de Nantes font de Saumur un exercice de possession devant prouver que l’exercice était public « par plusieurs et diverses fois en l’année 1596 et en l’année 1597, jusqu’à la fin du mois d’août ». D’autre part, le temple a été construit non à l’initiative de l’Église réformée, mais de Duplessis-Mornay, et il ne peut être conservé dans la ville en vertu de l’édit de janvier de 1562 qui interdit les lieux de culte à l’intérieur des remparts. De plus, le temple a été construit contre les remparts de la ville, ce qui permet aux protestants de se rendre maîtres de ces remparts s’ils le souhaitent. Enfin, étant donné que ce n’est pas un exercice public, le collège n’a pas le droit d’exister et l’académie également d’autant que ces établissements doivent être créés par lettres patentes. Ainsi, la bibliothèque du collège et de l’académie doit revenir au collège des oratoriens de cette ville de Saumur, de même que les bâtiments. Dans ces conditions, si l’avis du commissaire catholique est retenu, outre le temple, le collège et l’académie, ce sont également les libraires et imprimeurs réformés qui doivent disparaître. Leur sort dépendait donc beaucoup de l’attitude du commissaire protestant qui a refusé de suivre son collègue.
19Les années 1680-1685 sont fatales pour les imprimeurs réformés saumurois. Tout d’abord, il est reproché en 1680 à Henri Desbordes d’avoir imprimé à l’automne un programme des enseignements de l’académie dans lequel il a mis les armes du roi, ce qui serait interdit, d’avoir utilisé les termes sancto sacrae theologia et de ne pas avoir indiqué que cela concernait la RPR41. En janvier 1681, la sanction tombe : Desbordes doit fermer sa boutique pendant un mois. Cette affaire est à l’origine de son départ un an plus tard pour les Provinces-Unies. Ensuite, lors du dernier synode provincial tenu à Sorges, près d’Angers, en juin 1683, est abordée la question de la publication d’un ouvrage du professeur de philosophie, Pierre de Villemandy, nommé à ce poste en 1669. En 1679, lors du synode provincial tenu à Bellême, il est noté dans les actes :
« Monsieur de Villemandie42, professeur de philosophie dans l’accademie de Saumur, ayant envoié à la compagnie quelques exemplaires de theses qui sont une introduction à un cours en philosophie qu’il veut donner au publiq demandant l’aprobation d’iceluy, la compagnie a ordonné qu’il les demandoit aux examinateurs des livres de ceste province qui en feront leur raport au prochain synode et cependant elle exorte le dit sieur de la Villemandie de ne mesler point de questions de theologie dans ceste ouvrage autres que celles dont on ne se peut dispenser43. »
20Quatre ans plus tard, alors qu’aucun synode provincial ne s’est tenu entre ces deux dates, le procès-verbal du commissaire catholique note que « les deputez de Loudun, suivant l’arresté du dernier synode tenu à Bellesme, ont rapporté les remarques du sieur Desloges sur un traitté de philosophie composé par le sieur de Villemandy professeur en l’academie de Saumur »44. Villemandy, convoqué et interrogé par le synode provincial, montre le traité de philosophie en question. Le commissaire ajoute alors :
« Nous l’avons pris de ses mains, et l’ayant ouvert, nous avons reconnu qu’il a pour titre Philosophiae veteris ac novae Parallelismus qu’il est rapporté imprimé à Amsterdam, sans attestation de ministres, sans permission du magistrat, et sans privilege. Nous luy avons dit que ce livre n’estoit revestu d’aucune des formes prescrites par l’article 14 de l’edit de Nantes45, et par les arrests du conseil d’Estat du 19 novembre 167046 et 10 janvier 1671. Il nous a répondu que son livre avoit esté imprimé hors de France à son insceu, et que Desbordes, imprimeur à Saumur, ayant eu quelques cahiers de ses escoliers, il les avoit envoyés à ses correspondans qui l’avoient imprimé47. »
21Pour le commissaire, les responsabilités de l’académie et de l’imprimeur sont évidentes :
« Les deputez de Saumur, qui avoient d’abord blasmé le livre, ont dit que ny eux ny aucun de leur academie n’en avoient eu connoissance. Nous leur avons remonstré que la deffense du sieur de Villemandy les convainquoit du contraire, puisque rejettant comme il faisoit l’impression de ce livre sur les cahiers que Desbordes avoit eu de ses ecolliers, il s’ensuivoit que Villemandy avoit enseigné dans l’academie de Saumur la philosophie qui estoit dans ce livre, ce qui n’avoit pû ny dû estre ignoré par les ministres et les professeurs de la mesme academie. Que comme ce livre pouvoit contenir des erreurs d’autant plus dangereuses qu’on en avoit imbu de jeunes gens, nous le retenions par devers nous pour en informer Sa Majesté après l’avoir fait examiner48. »
22On peut s’interroger sur les motivations des députés de Loudun à évoquer cette question devant le commissaire catholique, alors que les mesures répressives à l’encontre des institutions réformées et des lieux de culte se multiplient au début des années 1680. Faut-il y voir la conséquence de la rivalité entre les deux plus importantes Églises de la province d’Anjou-Touraine-Maine, l’Église de Loudun ayant souvent demandé dans les années 1620-1630 que l’académie y soit transférée quand l’établissement saumurois rencontrait des difficultés ? Ou plutôt, est-ce par les Loudunois la contestation de la théologie, mais peut-être aussi de la philosophie, enseignées à Saumur ? L’opposition de l’Église de Loudun au milieu des années 1660 à la nomination comme professeur de théologie de Claude Pajon est à cet égard tout à fait significative49.
23Une mission, organisée entre le 7 juillet et le 9 août 1684 par le père Honoré de Cannes, va sceller le sort du temple de l’académie et des imprimeurs. Si le peuple catholique est visé par cette mission, son organisateur cherche également à obtenir la conversion des protestants de la ville. Dans cet objectif, l’évêque d’Angers Henri Arnauld fait fermer le temple durant le temps de la mission en application des édits en vigueur. Cependant, les réformés passent outre cette interdiction et s’assemblent, un baptême est même célébré. Arnauld décide alors de profiter de cette infraction pour obtenir deux arrêts du conseil du roi contre l’Église de Saumur : celui du 8 janvier 1685 supprime l’académie et défend aux ministres, professeurs et régents d’enseigner sous peine de 3 000 livres d’amende. Le second du 15 janvier 1685 interdit pour toujours l’exercice du culte réformé à Saumur et ordonne la démolition du temple. Les arrêts du conseil du 14 mai et du 9 juillet 1685 ne changent rien à la situation saumuroise. Le premier « fait défenses à ceux qui sont commis pour la réception des imprimeurs et libraires d’en admettre à l’avenir aucun de la RPR » ; le second « fait très expresses inhibitions et défenses à tous libraires et imprimeurs faisant profession de la RPR de faire à l’avenir aucunes fonctions de libraires et imprimeurs, […] à peine de confiscation de leurs livres, formes et marchandises, et de trois mille livres d’amende50 ».
Annexe
[143vo] « Règlement touchant la charge et devoirs de Bedeau, ensemble des droictz et émoluementz qui lui en appartiennent
1er Doibt ledit Bedeau assembler le conseil tant ordinaire qu’extraordinaire de l’académie au mandement du recteur ou soubsrecteur, au lieu jour et heure qui lui sera désigné par ledit recteur, y mander ceux qui lui seront nommés par le recteur, et lui en faire rapport.
[144] 2. Se tiendra à la porte du conseil quand besoin sera, et qu’il lui sera commandé, pour y recevoir les mandemens du recteur.
3. Es jours des disputes publiques des logiciens et physiciens, marchera devant le recteur et professeurs depuis le collège jusques au temple, là où il se tiendra durant lesdites disputes jusques à la fin pour distribuer des thèses à ceux qu’il conviendra, et recevoir et exécuter les ordres et mandemens du recteur, et au retour marchera devant le recteur comme devant.
4. le jour de la maistrise ès artz, portera le laurier devant le recteur jusques au temple, et y fera porter les livres qu’il conviendra, y recevra les ceintures des maistres ès artz qui luy seront baillées par le professeur qui les passera, et aura d’eux pour chacune ceinture vingt sols. Marchera au retour avec le laurier devant le professeur qui aura passé les maistrises ès arts, jusques au collège, d’où il reconduira ledit professeur chez lui, avec le laurier, lequel il lui laissera.
5. Le jour des promotions des escholiers classiques, marchera devant le recteur portant les livres du prix, après les harangues faittes au temple, lira l’abbregé des loix de l’académie, les noms des promouvables et de ceux qui auront eu le prix, suivant le billet qui lui en sera donné par le principal.
6. Es jours de l’examen du thème de prix, assemblera ceux qui y doivent vacquer au mandement du recteur.
7. Es jours des solemnitez de l’académie, se tiendra présent de bonne heure en la cour du collège pour y recevoir les ordres et mandemens du recteur.
8. Affichera aux portes du temple et du collège le tiltre de toutes les thèses imprimées qui se disputeront en l’académie ensemble tous les programmes d’icelle.
9. Portera signer aux professeurs tous les mandemens et acquiz de l’académie par l’ordre et mandement du recteur, et mandera de venir parler au recteur ceux des escholiers qu’il lui ordonnera.
10. Apposera le seau de l’académie aux lettres des maistres ès artz et aura d’eux pour chaque seau huict sols en fournissement de cire.
11. Les gages du bedeau sont de trente six livres et non plus desquelles il se contentera.
12. Le conseil pourra quand il voudra adjouter, changer, corriger ou diminuer à ce que dessus, ce qu’il jugera à propos selon les occasions et occurrences, à quoy ledit bedeau sera obligé d’acquiescer et s’y soubsmettre. Faict et arresté au conseil académique extraordinaire le jour et an que dessus [12 juillet 1647] et signé par ledit bedeau.
Signé : Isaac Desbordes. »
Source : registre 1 de l’académie de Saumur
Notes de bas de page
1Desgraves Louis, « Thomas Portau imprimeur à Saumur (1601-1623) », Bibliothèque de l’École des chartes, 1968, t. 126, p. 63-133 ; Pasquier Émile et Dauphin Victor, Imprimeurs et libraires de l’Anjou, Angers, 1932, p. 288-301.
2L’Édit de Nantes, présenté et annoté par Garrisson Janine, Biarritz, Atlantica, 1997, p. 37.
3Pasquier Émile et Dauphin Victor, Imprimeurs et libraires de l’Anjou, op. cit., p. 249-303.
4Didier Poton distingue une population réformée stable, n’excédant pas 1 500 à 1 600 personnes dans le premier tiers du xviie siècle, puis 1 100 à 1 300 individus dans les décennies suivantes, avant une constante diminution à partir des années 1660, et une population réformée flottante (soldats, collégiens accompagnés de leurs domestiques) de quelque 200 à 300 personnes ; Didier Poton, « Les protestants de Saumur au xviie siècle. Étude démographique », dans Lebrun François (dir.), Saumur, capitale européenne du protestantisme au xviie siècle, Fontevraud, Centre culturel de l’Ouest, 1992, p. 11-25.
5Pour l’histoire du collège et de l’académie, voir l’introduction, rédigée par Jean-Paul Pittion, présentant le fonds numérisé de l’académie conservé aux Archives municipales de Saumur [http://archives.ville-saumur.fr/am_saumur/app/03_archives_en_ligne/01_academie_protestante/index.php] ; Lebrun François (dir.), Saumur, capitale européenne du protestantisme au xviie siècle, Fontevraud, Centre culturel de l’Ouest, 1992 ; Landais Hubert (dir.), Histoire de Saumur, Toulouse, Privat, 1997. Pour une présentation générale des académies voir Pittion Jean-Paul, « Les académies réformées de l’édit de Nantes à la Révocation », dans Zuber Roger et Theis Laurent (dir.), La Révocation de l’Édit de Nantes et le protestantisme français en 1685, Paris, Société de l’histoire du protestantisme français, 1985, p. 187-206. Boisson Didier, « Le collège et l’académie de Saumur, un même établissement ? », dans Krumenacker Yves et Noguès Boris (dir.), Protestantisme et éducation dans la France moderne, Lyon, Chrétiens et Sociétés, Documents et Mémoires, no 24, 2015, p. 109-123.
6Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 22.
7Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 122vo-123.
8Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 203vo
9Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 212vo« Le sieur Desbordes imprimeroit ceste année le programme, et que le dit sieur Lesnier imprimeroit l’année prochaine. Et quant aux thèses que le dit sieur Lesnier ayant commis d’imprimer les thèses de logique de monsieur Chouet [professeur de philosophie], imprimera aussi celles de physique cette année, et que ledit sieur Desbordes imprimeroit après les thèses dudit sieur Chouet, à scavoir celles de logique l’année prochaine, et celles de physique l’année suivante, et que cependant ledit sieur Desbordes imprimera les thèses de monsieur Druet [professeur de philosophie] et que par ci après cet ordre sera alloué par eux alternativement. »
10La charge de bedeau est précisée dans un règlement datant de 1647 (voir annexe 1). Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 143vo-144.
11Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 76vo
12Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 83vo
13Voir Vaudron Gaëtan, La violence à Saumur au xviie siècle, d’après les registres de l’académie protestante, mémoire de master 2, université d’Angers, 2011.
14Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 154vo-155.
15Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 155. Voir également Pasquier Émile et Dauphin Victor, Imprimeurs et libraires de l’Anjou, op. cit., p. 301-302.
16Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 186vo-187.
17Forlacroix Elisabeth et Saint-Affrique Olga, Les pasteurs d’Aunis, Saintonge et Angoumois devant la Révocation. Dictionnaire, Paris, Les Indes Savantes, 2010, p. 119.
18Vaudron Gaëtan, La violence à Saumur au xviie siècle, op. cit.
19Boisson Didier, Actes des synodes provinciaux des Églises réformées d’Anjou-Touraine-Maine (1594-1683), Genève, Droz, 2012.
20Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 208.
21Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 37.
22Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 37vo.
23Boisson Didier, Actes des synodes provinciaux, op. cit., p. 416.
24Arch. mun. Saumur, fonds de l’académie, registre 1, fo 203vo-204.
25Boisson Didier, Actes des synodes provinciaux, op. cit., p. 354-409.
26Actes des Synodes nationaux. Charenton (1644) – Loudun (1659), édition annotée par Chevalier Françoise, Genève, Droz, 2012, chapitre ix, article XXI, p. 231-237.
27Ibid. Voir aussi Chevalier Françoise, « La contestation de l’autorité du pasteur par l’assemblée des chefs de famille : Saumur, 1655-1660 », L’anticléricalisme intra-protestant en Europe continentale (xviie-xviiie siècles), textes réunis par Krumenacker Yves, Lyon, Institut d’histoire du christianisme, université de Lyon 3, 2003, p. 11-26.
28Stauffer Richard, L’affaire D’Huisseau. Une controverse au sujet de la réunion des chrétiens (1670-1671), Paris, PUF, 1969.
29Pittion Jean-Paul, Introduction, fonds numérisé des registres de l’académie de Saumur (voir note 5).
30Chez Desbordes et Lesnier : Bref traité de la prédestination en 1634 ; De la justification contre les opinions de Monsiuer de La Milletière en 1638 ; Du mérite des œuvres en 1638. Chez Desbordes : Lettre à monsieur de la Milletière sur son escrit contre monsieur du Moulin en 1637 ; Défense de la doctrine de Calvin en 1644 ; Apologie pour ceux de la religion en 1647 ; Considérations sur les droits par lesquels la nature a réglé les mariages en 1648 ; Du gouvernement de l’Eglise… en 1653 ; Du règne de mille ans en 1654 ; Appendice au livre du gouvernement de l’Eglise en 1656 ; La morale chrétienne en 1657 ; Réplique à Monsieur de La Milletière en 1658 ; Pièces authentiques et décisives de la question à qui doivent estre imputés les troubles de l’Eglise réformée de Saumur en 1659 ; deux ouvrages en latin parus en 1647 et en 1649. Chez Lesnier : De l’élévation de la foy et de l’abaissement de la raison en 1640 ; Apologie pour ceux de la religion en 1647 ; Considérations sur les droits par lesquels la nature a réglé les mariages en 1648 ; Six livres de la vocation des pasteurs en 1648 ; Traité des religions en 1652 ; Apologie contre les invectives de Monsieur de Launay en 1657 ; trois ouvrages en latin parus en 1646, 1647 et 1649. Chez Girard et Lerpinière : Eschantillon de la doctrine de Calvin touchant la prédestination en 1636. Chez Lerpinière : un ouvrage en latin en 1641. Chez Antoine Rousselet : Réplique au livre de monsieur de Launay sur le règne de mille ans en 1656. Voir Desgraves Louis, Répertoire des ouvrages de controverse entre catholiques et protestants en France (1598-1685), Genève, Droz, 1984-1985, t. 2.
31Pasquier Émile et Dauphin Victor, Imprimeurs et libraires de l’Anjou, op. cit., p. 236-237.
32Boisson Didier, Actes des synodes provinciaux, op. cit., p. 428.
33Ibid., p. 427-428.
34Stauffer R., L’affaire d’Huisseau, op. cit., p. 82-83.
35Desgraves Louis, Répertoire des ouvrages de controverse, op. cit., p. 305.
36Stauffer R., L’affaire d’Huisseau, op. cit., p. 43.
37Ibid., p. 43-63.
38Ibid., p. 21-22.
39Daireaux Luc, « Réduire les huguenots ». Protestants et pouvoirs en Normandie au xviie siècle, Paris, Honoré Champion, « Vie des huguenots, no 57 », 2010, p. 302-303.
40Arch. nat, TT 266.
41Arch. nat, TT 266, fo 551 et suivants.
42Pierre de Villemandy devient professeur de philosophie à l’académie de Saumur en 1669. En 1685, il se réfugie aux Provinces-Unies, il devient régent du collège wallon de Leyde de 1688 à 1703, année de son décès. Il publie en 1686 à Leyde Traité de l’efficace des causes secondes contre quelques philosophes modernes, dans lequel on prouve cette efficace par des principes également clairs et solides.
43Boisson Didier, Actes des synodes provinciaux, op. cit., p. 471.
44Boisson Didier, Actes des synodes provinciaux, op. cit., p. 488-489.
45Il s’agit plutôt de l’article 21 donné en introduction.
46Arrest du Conseil d’Estat portant défenses aux libraires de vendre aucuns livres de la R. P. R. sans avoir esté attestez par des ministres approuvez, et à tous imprimeurs d’en imprimer sans la permission des juges et magistrats des lieux.
47Boisson Didier, Actes des synodes provinciaux, op. cit., p. 489.
48Il s’agit de Philosophiae veteris ac novae parallelismus, in quo ex perpetuo Aristoteleae, Epicureae, ac Cartesianae doctrinae parallelo et conciliatione…, Amsterdam, 1679. Bien que ce livre ait été publié quatre ans auparavant, le synode provincial ne s’est pas prononcé sur cet ouvrage étant donné qu’il n’a pu se réunir depuis 1679. Par un arrêt du Conseil d’État du 2 août 1683, il est désormais interdit à Villemandy d’exercer sa charge de professeur à l’académie de Saumur ou toute autre fonction dans cet établissement « ny en tous autres lieux » du royaume.
49Boisson Didier, Actes des synodes provinciaux, op. cit., p. 415-416, 420-423, 460-461 ; Fatio Olivier, « Claude Pajon et les mutations de la théologie réformée à l’époque de la Révocation », La Révocation de l’édit de Nantes et le protestantisme français en 1685, Paris, SHPF, 1986, p. 209-225 ; Gootjes Albert « Calvin and Saumur : the case of Claude Pajon (1626-1685) », Church History and Religious Culture, 91, 1-2 (2011), p. 203-214. Gootjes Albert, « Un épisode méconnu de la vie de la communauté réformée au milieu du xviie siècle. La première controverse pajoniste sur la grâce », BSHPF, 156/2, 2010, p. 211-229 ; Gootjes Albert, Claude Pajon (1626-1685) and the Academy of Saumur. The First Controversy over Grace, Leiden, Brill, 2013.
50Pilatte Léonce, Edits, déclarations et arrests concernans la Religion P. Réformée, 1662-1751, Paris, Fischbacher, 1885, p. 204-205.
Auteur
-
Didier Boisson
Professeur d’histoire moderne à l’université d’Angers et membre du laboratoire TEMOS (CNRS). Il travaille sur l’histoire du protestantisme aux xviie et xviiie siècles, et plus particulièrement sur l’histoire des institutions réformées (publication des actes de synodes provinciaux) et sur l’histoire de l’édit de tolérance de 1787. Ses dernières publications : Tolérance et intolérance des religions en Europe (xvie-xviiie siècle), D. Boisson (dir.), Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 125

Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
S’adapter à la mer
L’homme, la mer et le littoral du Moyen Âge à nos jours
Frédérique Laget et Alexis Vrignon (dir.)
2014
Figures et expressions du pouvoir dans l'Antiquité
Hommage à Jean-René Jannot
Thierry Piel (dir.)
2009
Relations internationales et stratégie
De la guerre froide à la guerre contre le terrorisme
Frédéric Bozo (dir.)
2005
La France face aux crises et aux conflits des périphéries européennes et atlantiques du xviie au xxe siècle
Éric Schnakenbourg et Frédéric Dessberg (dir.)
2010
La migration européenne aux Amériques
Pour un dialogue entre histoire et littérature
Didier Poton, Micéala Symington et Laurent Vidal (dir.)
2012
Mouvements paysans face à la politique agricole commune et à la mondialisation (1957-2011)
Laurent Jalabert et Christophe Patillon (dir.)
2013
Sécurité européenne : frontières, glacis et zones d'influence
De l'Europe des alliances à l'Europe des blocs (fin xixe siècle-milieu xxe siècle)
Frédéric Dessberg et Frédéric Thébault (dir.)
2007
Du Brésil à l'Atlantique
Essais pour une histoire des échanges culturels internationaux. Mélanges offerts à Guy Martinière
Laurent Vidal et Didier Poton (dir.)
2014
Économie et société dans la France de l'Ouest Atlantique
Du Moyen Âge aux Temps modernes
Guy Saupin et Jean-Luc Sarrazin (dir.)
2004