L’expérience étatsunienne sous la Révolution et l’Empire dans le parcours des diplomates français de la Restauration au second Empire
The American experience in the career paths of the French diplomats between the Restoration and the Second Empire
p. 111-125
Résumés
Si la nature des relations diplomatiques entre la France et les États-Unis a fait l’objet de nombreux travaux, force est de reconnaître que les acteurs de cette diplomatie sont encore bien méconnus. Cette communication se propose d’examiner le parcours américain des diplomates français ayant exercé à Washington entre la Restauration et le Second Empire. L’étude prosopographique démontre que leur expérience étatsunienne sous la Révolution ou l’Empire a constitué un rôle décisif dans leur nomination. Cette étude de cas éclaire sur les pratiques d’une diplomatie encore très classique fondée sur le savoir-vivre et la constitution rapide d’un réseau de sociabilité pour la réussite de la mission. Le profil de ces diplomates permet également d’appréhender sous un angle novateur la place qu’occupe la jeune nation américaine dans la pensée géopolitique et stratégique de la diplomatie française.
While the nature of the diplomatic relations between France and the United States has been the subject of numerous studies, one has to admit that the actors of this diplomacy are still not well known. This communication aims at examining the American career paths of French diplomats who worked in Washington between the Restoration and the Second Empire. The prosopographic study of their work shows that their experience in the United States during the Revolution or the Empire played a major role in their appointment. This case study sheds a light on the practices of a still very classic diplomacy based on the good manners and the fast constitution of a network of sociability for the success of their mission. The profiles of these diplomats also allows to comprehend through a new angle the spot occupied by the young American nation in the geopolitical and strategic thought of the French diplomacy.
Texte intégral
1La politique étrangère menée par les différents régimes politiques qui se sont succédés de la monarchie d’Ancien Régime au Premier Empire à l’égard de la jeune nation américaine a fait l’objet de nombreux travaux. Cette littérature scientifique foisonnante a tenté en particulier d’appréhender l’intérêt que la République de Washington pouvait porter à la diplomatie française dans le cadre de la lutte séculaire qui l’opposait à l’Angleterre. Si les principaux axes des relations franco-américaines sont aujourd’hui bien établis, force est de reconnaitre que les acteurs de la diplomatie française ayant exercé outre-Atlantique sont encore bien méconnus1. Cette communication se propose de déplacer l’angle d’analyse ainsi que le curseur et les bornes chronologiques classiques (1776-1815) en examinant le parcours d’agents diplomatiques et consulaires ayant exercé aux États-Unis au cours de la première moitié du xixe siècle. Cette approche micro-historique permet de décentrer le regard et d’intégrer des acteurs qui vivent et entretiennent au quotidien les relations bilatérales d’autant que leur parcours personnel est un reflet des révolutions qui ont parcouru l’espace atlantique entre 1776 et 1815. Elle permet également de formuler de nouvelles pistes d’interprétation sur la place qu’occupent les États-Unis dans la vision géopolitique de la diplomatie française depuis leur naissance.
2La consultation des dossiers du personnel, des correspondances politiques et commerciales, des instructions délivrées par le ministère ainsi que les papiers privés d’agents conservés à la Courneuve et aux États-Unis soulèvent plusieurs interrogations. Qui est affecté à la légation de Washington dans la première moitié du xixe siècle ? Les titulaires choisis ont-ils une expérience antérieure de l’espace nord-américain ? Celle-ci a-t-elle été un facteur déterminant dans le choix de nomination ?
3Il convient en premier lieu de porter un regard attentif sur les pratiques fixées par la Restauration au lendemain des guerres révolutionnaires et impériales à un moment où l’Empire colonial français est réduit à sa portion la plus congrue. L’étude prosopographique des agents nommés sous la monarchie de Juillet, la Seconde République et le début du Second Empire doit permettre par la suite d’examiner la continuité ou les divergences dans les pratiques établies par la Restauration.
Les acteurs diplomatiques et consulaires français aux États-Unis sous la Restauration
4Entre 1815 et 1830, trois ministres plénipotentiaires vont se succéder à la légation de Washington2 : Jean-Guillaume Hyde de Neuville3 (1816-1822), le baron Durant de Mareuil4 (1824-1827) et Gaspard Roux de Rochelle5 (1829-1830). Secrétaire de légation, Jules de Menou6 assure les intérims lors de l’absence des titulaires au cours de la décennie 1820. Fixé au début de la Révolution américaine à Philadelphie, le consulat général est transféré à Washington en 1820. Le poste n’est occupé que par deux titulaires au cours de la Restauration : Jean-Baptiste Pétry (1816 à 1823) et Esprit Durant de Saint André (1823-1831).
5En juin 1816, Hyde de Neuville embarque sur l’Euryclide pour rejoindre le Nouveau Monde7. Sa mission vise à relancer et rétablir des relations de confiance avec l’administration Madison puis Monroe après les tensions diplomatiques liées à la saisie des navires américains dans le cadre de l’affrontement franco-britannique de la période napoléonienne8. Elle a aussi une dimension très politique. Hyde est chargé d’observer la position que les États-Unis entendent avoir à l’égard des mouvements insurgés dans l’Empire espagnol alors que le congrès de Vienne vient de réorganiser l’Europe sur le principe de légitimité monarchique. Son rôle est d’autant plus important que la présence diplomatique et consulaire française en Amérique se limite en 1815 aux États-Unis et au Brésil9. Or, c’est par ce vecteur ainsi que par celui de la Marine que le ministère des Affaires étrangères peut obtenir des informations fiables et régulières sur la situation politique incertaine qui touche l’Amérique ibérique.
6Un personnel diplomatique et consulaire étoffé en nombre accompagne Hyde de Neuville10. Outre ses proches, on trouve plusieurs consuls et attachés qui lui sont familiers. Le ministère Richelieu entend s’appuyer sur un personnel de confiance dont les convictions politiques à l’égard des Bourbons ne laissent planer aucun doute. En raison de la distance et des communications aléatoires liées à l’absence de lignes de navigation régulières entre les deux pays, la Restauration se voit dans la nécessité de nommer un personnel fidèle à la cause monarchique. Les convictions de ces agents ne doivent donner lieu à aucun soupçon d’autant que les missions à remplir sont très politiques avec l’arrivée d’anciens officiers bonapartistes. Dans ses mémoires, Hyde insiste à la fois sur cette dimension et sur l’expérience antérieure du monde américain des hommes qui l’accompagnent :
« La légation française aux États-Unis, était composée de la manière la plus rassurante, dans l’intérêt du pays, et la plus souhaitable pour son chef. Je parlais avec des hommes expérimentés, connaissant la plupart le poste qu’ils allaient occuper11. »
7À Paris, l’expérience des Cent-jours est encore dans toutes les mémoires. Après l’abdication de Napoléon en 1814, la première Restauration n’a pas réellement procédé à une épuration du personnel diplomatique et consulaire. Prédécesseur d’Hyde de Neuville à la légation, Louis Barbe Sérurier a été maintenu en poste. Deux mois après Golfe Juan, le diplomate apprend le retour de l’Empire et hisse la cocarde tricolore sur la façade de la légation12. Son ralliement va lui coûter cher d’autant que la bataille de Waterloo annihile la tentative de retour à un pouvoir impérial. Sérurier n’apprend la nouvelle qu’en septembre 1815 ! Entre-temps, le nouveau ministre des Relations extérieures, Richelieu s’installe et prend connaissance par la correspondance diplomatique de la position politique de Sérurier pendant les Cent-jours. En outre, il découvre que le diplomate a encouragé ouvertement les agents consulaires à le suivre. Plusieurs consuls comme Lescallier à New York, Foucroy à Charleston ou Anne de Tousard à La Nouvelle-Orléans se sont ouvertement ralliés à Napoléon à l’annonce de son retour de l’île d’Elbe. La première mesure prise par le duc de Richelieu est d’épurer un personnel qui pour une grande majorité n’a pas donné satisfaction. Nommé aux États-Unis avant les Centjours, le consul général Framery est chargé d’enquêter avec discernement sur l’action de chaque agent en attendant l’arrivée d’Hyde de Neuville13. Les destitutions et renvois se succèdent très rapidement. Toute la difficulté est de trouver des remplaçants provisoires pour exercer dans les différents postes du réseau diplomatique et consulaire. Lorsqu’il pose pied en terre américaine, Hyde poursuit cette réorganisation. Succédant à Framery, Pétry est nommé consul-général à Philadelphie tandis que le comte d’Espinville, Joseph de Valnais et Guillemin occupent respectivement les postes de New York, Boston et La Nouvelle-Orléans.
8L’étude prosopographique montre que les titulaires qui exercent à partir de 1816 sont des hommes d’âge mûrs. Hyde de Neuville a quarante ans à son arrivée à New York. Framery et Pétry sont les plus âgés en étant quinquagénaires. L’observation est valable pour les autres consuls comme Espinville ou Fougères à Charleston. Leur âge avancé reflète la volonté du ministère de recourir à des hommes d’expérience, aux convictions politiques arrêtées, prêts à servir le nouveau régime. Leur action politique en faveur des Bourbons plaide pour leur nomination. Plusieurs sont des contre-révolutionnaires notoires qui ont été amenés au gré des turbulences politiques françaises à traverser l’Atlantique. Hyde de Neuville est un ancien conspirateur. Contrairement à la légende qui l’a longtemps poursuivie, l’homme n’est pas hostile aux principes des Lumières et de la Révolution française mais il les subordonne au maintien du cadre monarchique considéré comme intemporel. L’exécution de Louis XVI en janvier 1793 lui fait franchir le Rubicon. Rejoignant la Contre-révolution, il tente de sauver Marie-Antoinette. Caché au départ dans la Nièvre, il devient par la suite un agent actif des Bourbons en Bretagne. Après le coup d’État de Brumaire an VIII, il tente de convaincre le nouveau consul Bonaparte de réinstaller un Bourbon sur le trône vacant. Accusé à tort d’avoir participé à la conspiration de Cadoudal, il mène une vie dans l’ombre et le secret afin d’échapper aux poursuites des hommes de Fouché. Sa femme obtient la levée du séquestre de ses biens en échange d’un départ pour l’Amérique. Il y reste sept années entre 1807 et 1814 et mène une vie de propriétaire terrien dans le New Brunswick avec pour voisin le général républicain Moreau14. Hyde connaît plutôt bien le Nord-Est des États-Unis en particulier New York où il a tenté de créer un journal. Son parcours et sa fidélité politique ne sont pourtant pas un cas particulier parmi les membres du personnel diplomatique et consulaire affecté outre-Atlantique. Consul à New York et beau-frère d’Hyde de Neuville, le comte d’Espinville a participé à la guerre d’indépendance américaine aux Antilles15. Après l’arrestation du roi à Varennes, il émigre et rejoint l’armée des Princes. On le retrouve à Quiberon en 1798 où il participe à la tentative de débarquement des armées monarchiques. À cette occasion, il est fait prisonnier. Réussissant à s’évader, il rejoint l’armée anglaise à Saint-Domingue avant de se diriger vers Cuba et les États-Unis où il s’installe jusqu’à la chute de l’Empereur. De son côté, le marquis de Fougères a accompagné l’escorte de Louis XVIII à Gand en mars 1815. Originaire de Guadeloupe16, il s’engage dans la coalition européenne voulant en finir avec l’usurpateur. Cette fidélité politique à la cause des Bourbons est assurément un critère primordial dans le choix de nomination. Un autre élément entre en compte dans les choix du ministère. Tous ces agents présentent le point commun d’avoir vécu, exercé des responsabilités militaires ou civiles pour certains aux États-Unis ou dans l’espace antillais voisin au cours des révolutions américaine, française et haïtienne. L’administration centrale décide de s’appuyer sur des personnes familières de l’espace nord-américain et disposant d’un capital social préexistant pouvant faciliter la réussite de leurs missions.
9On peut dégager plusieurs profils. Il y a d’abord ceux qui ont découvert les États-Unis dès la guerre d’Indépendance. C’est le cas de Jean-Baptiste Pétry. Secrétaire du marquis de Chastellux dans le corps expéditionnaire de Rochambeau, il entame par la suite une carrière consulaire aux États-Unis et exerce successivement à Charleston, Philadelphie entre 1783 et 1805. Secrétaire de légation lors de la mission Pichon, il est parfaitement intégré dans les cercles de sociabilité des villes portuaires américaines où il doit participer à la relance des relations commerciales entre les deux pays17. Il connaît parfaitement les rouages du réseau consulaire et dispose d’une vue générale sur les missions dévolues aux agents18. Pour occuper le poste de Boston, le ministère s’assure des services de Joseph Valnais qui s’est porté volontaire pour y exercer. L’homme n’est pas inconnu dans le Massachussetts. Il est arrivé aux États-Unis lui aussi au cours de la guerre d’Indépendance américaine comme aide de camp du colonel Mottin de la Balme19. Il accompagne le ministre Gérard chargé de mettre en place les premiers postes consulaires. Il exerce à Boston de 1779 à 1781 et se marie avec la nièce du gouverneur John Hancock qui a occupé la fonction de président du second congrès continental.
10Le choix des agents qui accompagnent la mission d’Hyde de Neuville est aussi révélateur des contraintes de la diplomatie française post-impériale. À l’exception du consul-général Pétry et de Joseph de Valnais, la Restauration nomme un personnel novice et peu préparé aux fonctions qui les attendent. Les nominations de ces consuls s’expliquent davantage par leur fidélité politique et leur connaissance relative du monde américain et antillais que par leur expérience dans la carrière consulaire. La préexistence de réseaux de sociabilité, leur connaissance des institutions, de la diversité du territoire américain priment sur la formation classique d’un consul sorti de faculté20. Les nominations de ces agents sont aussi un reflet des transformations connues par l’espace atlantique entre 1776 et 1815. De retour sur les rives américaines, ils perçoivent leur nomination et leur intégration dans la carrière consulaire et diplomatique comme une juste récompense après leur service pour la cause monarchique. Celle-ci est aussi un moyen de rétablir une position sociale malmenée suite aux turbulences révolutionnaires. Ces choix ne sont pas sans poser quelques difficultés. Si ces hommes connaissent le pays où ils exercent, ils ne maîtrisent pas toujours les prérogatives qui sont exigées d’eux et font l’objet de nombreuses remontrances. Le ministère leur reproche la piètre qualité de l’information commerciale contenue dans leurs correspondances tandis que la légation et le consulat général se plaignent de leur absentéisme21. Les remarques visent en particulier le marquis de Fougères qui s’absente lors des fièvres jaunes sans en avertir ses supérieurs. Il en va de même pour le second secrétaire de légation Jules de Menou. Tout comme son supérieur Hyde de Neuville, il a quitté la France au cours de la Révolution. Officier de cavalerie, son père fait partie des victimes des massacres de septembre dans une France où le pouvoir est vacant après la prise des Tuileries par les sans-culottes et les fédérés. Âgé de sept ans, il accompagne sa mère qui décide d’émigrer aux États-Unis. Si son parcours éducatif est assez méconnu, son séjour outre-Atlantique se prolonge de 1792 à 1812. L’homme est choisi en 1819 pour sa maîtrise de l’anglais et pour son insertion dans les milieux de Washington. Il fait pourtant l’objet de critiques acerbes. Assurant les intérims pendant l’absence de Hyde puis de Mareuil, Menou entretient une correspondance irrégulière avec ses autorités de tutelle. À plusieurs reprises, le ministère le rappelle à l’ordre et lui adresse plusieurs avertissements en raison de ses dépêches épisodiques alors que la croissance américaine multiforme doit attirer l’attention de tout diplomate :
« Vous êtes placés, Monsieur, sur un théâtre d’opération extrêmement vaste ; vous pouvez y trouver des sources d’informations d’autant plus intéressantes que l’Europe suit avec attention les progrès des États-Unis et cherche même, à devenir sa destinée à venir, nous attendons par conséquent votre zèle22. »
11Les attentes du ministère pour disposer d’une information fiable et régulière en raison de la lenteur des communications ne sont pas exaucées. Entre 1827 et 1830, Jules de Menou ne transmet que quarante-trois dépêches23. Diplomate d’expérience et chef de division sous le Consulat, le baron de Mareuil sait qu’une correspondance écrite régulière, claire est une des compétences exigées pour tout diplomate. Elle est aussi un outil permettant de démontrer à ses supérieurs ses qualités d’observation et d’analyse. Il constate que la retenue et la maîtrise de soi en public nécessaires pour tout agent se retransposaient dans la correspondance de Jules de Menou :
« Mais je n’ai jamais connu un homme plus timoré. Les scrupules de sa conscience qui le faisaient toujours hésiter à exprimer son opinion le conduisirent à un silence presque absolu, je ne dis pas en paroles, car il conversait volontiers et avec des ambages, des circonlocutions qui avaient pour objet d’envelopper sa pensée de manière à ne jamais la compromettre. Mais il ne pouvait se décider à écrire et par exemple, dans ses rapports avec son propre gouvernement pour dissimuler les lacunes de sa correspondance, il passait souvent dans ses dépêches d’un événement à un autre plus éloigné24. »
12Le silence prolongé de Menou lui coûte son poste. Il est relevé et remplacé par Roux de Rochelle qui arrive aux États-Unis le 6 juillet 1830, quelques semaines avant la révolution parisienne des Trois Glorieuses.
13L’analyse prosopographique permet de discerner les principaux axes de la Restauration dans la gestion de son personnel diplomatique et consulaire outre-Atlantique. Lorsqu’il est nécessaire de relancer les relations bilatérales et afficher une volonté politique de régler les différends majeurs en suspens, Paris nomme un ministre plénipotentiaire familier des États-Unis disposant d’un réseau de sociabilité préexistant comme en atteste le choix d’Hyde de Neuville. Lorsque les dossiers majeurs sont réglés, les titulaires choisis sont souvent des agents n’ayant jamais exercé en Amérique peu familiers des questions douanières et ne maîtrisant pas toujours la langue de Shakespeare. C’est le cas du baron de Mareuil ou de Gaspard Roux de Rochelle qui découvrent le Nouveau Monde pour la première fois. Lorsqu’il débarque à Norfolk en juin 1824, le baron de Mareuil est âgé de cinquante-cinq ans25. Diplomate d’expérience et spécialiste des questions allemandes, il n’a jamais exercé hors d’Europe. Sa mission aux États-Unis est d’importance limitée. Il est surtout chargé d’évaluer l’impact de la convention de navigation signée par Hyde en 1822 et d’obtenir une éventuelle renégociation à l’issue de son échéance. Il échoue devant l’intransigeance américaine. Maîtrisant de manière très imparfaite la langue anglaise, le baron de Mareuil est secondé par Jules de Menou qui assure les traductions lors de ses échanges avec le secrétaire d’État Adams26. Cette situation illustre le poids des secrétaires de légation et de certains consuls chargés d’accompagner et de faciliter l’intégration du nouveau ministre plénipotentiaire auprès des membres influents du Congrès. Toute la question est de déterminer si ces pratiques sont maintenues ou remises en question par les régimes qui succèdent à la Restauration.
Le personnel diplomatique et consulaire de la monarchie de Juillet au Second Empire
14Dans l’ensemble, les régimes qui se succèdent entre 1830 et 1852 vont reprendre les pratiques fixées par la Restauration. Lorsque Louis-Philippe arrive au pouvoir, il existe toujours un contentieux financier avec les États-Unis. Ces derniers réclament le paiement d’indemnités pour les navires et biens confisqués dans les ports français durant les guerres impériales. Côté français, la non-application de l’article 7 du traité de cession de Louisiane de 1803 fait l’objet d’âpres négociations. Le nouveau régime entend montrer sa bonne volonté en réglant définitivement la question des indemnités repoussée jusqu’alors par tous les gouvernements de la Restauration27. Cette volonté politique de s’assurer de relations cordiales avec les États-Unis s’explique aussi par le fait que ce pays devient le premier partenaire commercial sans distinction de région28. En 1848, la IIe République qui succède au régime de Louis-Philippe doit tenir compte d’un partenaire qui connaît une croissance territoriale majeure après la guerre avec le Mexique. Les deux régimes vont adopter des dispositions similaires à celles de la Restauration en affectant des agents familiers des institutions américaines. Louis Barbe Sérurier et Guillaume Tell Poussin ont déjà une expérience états-unienne avant leur affectation en 1831 et 1848. Sérurier remplace Roux de Rochelle qui a assuré un intérim de courte durée à la fin de la Restauration. L’homme est loin d’être inconnu des Américains, en particulier de l’ancien président Madison. Il a déjà exercé à Washington entre 1811 et 1815. Sa mission consistait à calmer l’irritation du gouvernement fédéral et de l’opinion publique américaine suite aux dispositions restrictives du blocus continental et de faire pencher cette colère sur la politique anglaise29. Le choix de Sérurier est apprécié outre-Atlantique. Lors de la guerre anglo-américaine de 1812-1815, un corps expéditionnaire anglais a réussi à débarquer et à atteindre Washington. À la suite de cette entrée en force dans la capitale américaine le Capitole et la Maison Blanche sont incendiés. Après le retrait des troupes anglaises, le président Madison se trouve sans logement. Par courtoisie, Sérurier propose de lui laisser l’hôtel qu’il occupe et qui a été préservé des flammes en raison des immunités diplomatiques. L’homme s’est aussi constitué un réseau social étendu sur la côte Est grâce à son mariage. Il a épousé en 1810 la fille de Jean-Louis Pageot Desnoutières30, chancelier du consulat de New York et ancien réfugié de Saint Domingue. Originaire du Cap français, la famille Pageot possédait deux caféteries. La révolution noire amène la famille à quitter l’île en 1795. Elle trouve refuge à Philadelphie. L’installation est provisoire. L’expédition Leclerc offre l’occasion à Jean-Louis Pageot de retourner dans l’île à sucre où il occupe la fonction de commissaire de marine. L’échec militaire du beau-frère de Napoléon pour rétablir une souveraineté française sur l’île en 1803 oblige la famille à se fixer définitivement aux États-Unis. Par son mariage, Sérurier est donc intégré à une partie des Français de Saint Domingue installés à Philadelphie. Familier des questions américaines, il demande de son plein gré en 1830 à occuper la légation de Washington alors qu’il pouvait prétendre à la direction politique du ministère des Affaires étrangères que lui proposait le comte Molé31 ! Sa demande est d’autant plus acceptée que les postulants pour occuper Washington sont rares ! Sérurier va gérer la légation de 1831 à 1835. Sa mission aurait pu connaître une durée plus longue mais la crise diplomatique franco-américaine de 1835-1836 liée au non-paiement des indemnités et provoquée par l’impulsivité du président Jackson entraîne son rappel en France32.
15La constitution d’un capital social en terre nord-américaine au cours de la période révolutionnaire et impériale n’est pas propre au ministre plénipotentiaire. On la retrouve chez certains secrétaires de légation après 1830. En 1837, le ministère nomme Charles Pontois à Washington. Sa mission est très courte. Elle consiste à rétablir des relations de confiance malmenées suite à la crise des indemnités de 1835 et au rappel de Sérurier. Son successeur, Adolphe de Bacourt a lui aussi une connaissance relative des États-Unis et dispose de quelques informations suite à ses échanges avec son protecteur Talleyrand qui y a séjourné sous la Terreur. Il a aussi fréquenté à Londres Van Buren, ministre plénipotentiaire dans la capitale anglaise et futur président américain dans la décennie 184033. Sa mission consiste surtout à négocier les tarifs douaniers qui portent atteinte aux réductions fiscales dont bénéficient les vins français depuis la convention de 1831 conclue pour une période de dix ans. Il doit aussi proposer ses bons offices dans le différend frontalier qui oppose les États-Unis et l’Angleterre le long du Maine et du Canada. Tous ces diplomates sont éclipsés par la figure et l’expertise d’Alphonse Pageot qui va exercer comme secrétaire et chargé d’affaires de la légation pendant plus d’une décennie sous la monarchie de Juillet34. Il est le beau-frère de Louis Barbe Sérurier et l’a accompagné lors de sa seconde mission en 1831. Son éducation s’est faite à Philadelphie où sa famille est installée définitivement depuis 1803. Le tandem Sérurier – Pageot dirige la légation de 1831 à 1835. Suite au rappel de Sérurier, Pageot gère les affaires courantes avant d’être lui aussi rappelé. Le ministère fait appel de nouveau à ses services d’autant que cet agent sollicite son retour en terre américaine où il est parfaitement intégré35. Son mariage catholique avec Marie Lewis, fille d’un proche du président Andrew Jackson est célébré à la Maison Blanche36. Adolphe de Bacourt qui lui succède brièvement reconnaît son importance et son expertise sur les questions douanières : « Je rends toute justice à sa capacité et à ses services, il connaît le pays comme personne ; sa correspondance est excellente37. » Cette connaissance précise des institutions américaines a cependant un travers majeur en freinant sa carrière. Le ministère entend garder sur place cet agent de qualité et refuse ses demandes répétées de mutations pour accéder au rang d’ambassadeur. La révolution de 1848 le « sauve ». Il démissionne et refuse de servir le nouveau régime.
16La IIe République ne diverge guère des régimes précédents. Après la démission d’Alphonse Pageot, elle recherche un agent familier de l’espace nord-américain. Comme la Restauration, elle n’a pas forcément recours à un diplomate de carrière. Le choix du gouvernement provisoire et confirmé le 3 juin 1848 se porte sur Guillaume Tell Poussin38. Lui non plus n’est pas un inconnu pour les Américains. Né en 1794, il est rattaché à la famille du peintre Poussin par son oncle paternel. Son enfance est marquée par l’épopée napoléonienne. Il refuse de servir la première Restauration au printemps 1814 et manque de perspective. Il rencontre alors à Paris Thomas Robertson, représentant de Louisiane au Congrès qui le convainc de rejoindre les États-Unis39. En septembre 1814, il quitte la France et débarque à New York. Il végète à Philadelphie tout en gardant l’espoir de trouver une position dans le Nouveau Monde. Il se rend ensuite au Capitole et devient l’assistant de l’entrepreneur chargé de sa reconstruction. À cette occasion, il rencontre et se lie d’amitié avec les différents membres du Congrès de l’Union. En mars 1817, il intègre l’armée américaine et fait la connaissance du général français Simon Bernard40. Le recrutement de ces deux Français s’explique par la prise de conscience par l’administration américaine de la vulnérabilité du territoire suite à la guerre de 1812 marquée par le débarquement des corps d’armée anglais à Washington et à La Nouvelle-Orléans. Les deux hommes sont chargés de doter les États-Unis de fortifications afin que le pays puisse disposer d’un système de défense41. Poussin parcourt les différents États de l’Union entre 1817 et 1831, date où le général Bernard rentre en France42. Poussin le rejoint en 1832 après avoir démissionné de l’armée américaine. À son retour, il fréquente les sociétés savantes de Paris et se consacre comme publiciste à la rédaction d’ouvrages sur les États-Unis. L’un d’entre eux est d’ailleurs présenté à Louis-Philippe. À l’instar de Tocqueville ou Michel Chevalier, il participe à une meilleure connaissance des États-Unis auprès d’un public éclairé. Il joue un rôle déterminant en 1848 en obtenant de la part du ministre américain Rush, alors sans instructions, la reconnaissance américaine de la seconde République43. Son insertion dans la société américaine depuis 1814 a favorisé sa nomination à Washington. Il connaît particulièrement le candidat à la présidence Zachary Taylor, ancien officier dans le corps du génie et placé sous son commandement lors de ses missions en particulier en Louisiane. Pour autant, l’insertion dans la société américaine et le capital social préalable ne garantissent pas la réussite d’une mission. Comme Menou, Poussin méconnaît les codes de la diplomatie. Quelques semaines après son arrivée, il est à l’origine d’une crise diplomatique avec l’administration Taylor suite à l’envoi d’une note offensante au sujet d’une question mineure d’indemnités qui provoque son renvoi44.
Conclusion
17L’étude prosopographique des diplomates et consuls ayant exercé aux États-Unis dans la première moitié du xixe siècle est un miroir des turbulences politiques qui ont parcouru l’espace atlantique entre 1776 à 1815. Elle interroge les stratégies menées par des acteurs qui, quelle que soit leur appartenance politique, se sont retrouvés sur les rives américaines au gré de la conjoncture politique en Europe et aux Antilles. Par le biais de Sérurier et Pageot ainsi que des consuls Fougères ou d’Espinville, l’influence antillaise ainsi que les répercussions de la révolution de Saint Domingue s’exercent au sein du réseau plus de trente ans après l’indépendance d’Haïti. Elle illustre le choix effectué par certaines familles de réfugiés de Saint-Domingue établis aux États-Unis de retrouver une position sociale malmenée suite aux révolutions française et haïtienne par le biais de la carrière diplomatique ou consulaire en attendant un éventuel retour à un ordre colonial qui n’arrivera pas à Haïti45. De leur côté, Hyde de Neuville et Poussin illustrent l’impact des turbulences politiques nationales les amenant à traverser l’Atlantique en raison de leur refus de servir le nouveau régime. Les États-Unis constituent alors un lieu de refuge temporaire. Pour un jeune comme Poussin, l’installation aux États-Unis est perçue comme une expérience au gré des rencontres. Elle offre des trajectoires géographiques et des perspectives professionnelles extrêmement mouvantes mais est cependant intégrée dans une dimension temporaire. L’évolution de la conjoncture politique nationale permet un retour comme l’illustrent les cas d’Hyde ou de Poussin. L’originalité de leur parcours vient du fait que leur expérience américaine est remobilisée au service des intérêts de l’État dans le cadre d’une entrée dans la carrière diplomatique. Situation qui les amène de nouveau à retraverser l’espace Atlantique dans un cadre cette fois-ci officiel et politique.
18Ces études de cas illustrent également la volonté des différents régimes politiques de la première moitié du xixe siècle de s’assurer des relations cordiales avec les États-Unis. Le poids croissant des relations commerciales et les particularités du système fédéral amènent le ministère des Affaires étrangères à recourir à des agents ayant une expérience préalable du monde américain. La mission essentielle de la légation consiste à obtenir de la part du Congrès les droits de douane les plus bas pour les soieries et les vins français. De par le caractère fédéral des institutions américaines, le ministre plénipotentiaire ne peut se contenter d’échanges et de discussions avec les secrétaires d’État et du Trésor. Il lui faut exercer une diplomatie d’influence auprès des représentants et des sénateurs dans les coulisses du Congrès afin d’obtenir des droits plus élevés sur les produits concurrents comme le vin de Madère ou les soieries de Chine. Cette négociation sur les tarifs douaniers a lieu tous les quatre ans au gré des élections nationales. Rien n’est acquis tant que le Congrès ne s’est pas ajourné. Il appartient à la légation de trouver les partenaires locaux prêts à favoriser les intérêts français. Il faut agir avec tact et prudence afin de ne pas donner le sentiment de s’ingérer dans des affaires intérieures. Les efforts d’influence des diplomates vont se concentrer sur les représentants du Sud cotonnier et sur les milieux armateurs du Nord-Est qui ont tout intérêt au maintien et à la promotion des échanges bilatéraux. Derrière la question fiscale, il y a surtout un enjeu politique entre les différentes sections de l’Union aux intérêts divergents en particulier entre un Nord protectionniste et un Sud plus libre-échangiste. Il faut donc convaincre, séduire, influencer les membres des comités des manufactures, des finances, fréquenter les leaders du Sud. Le choix d’un diplomate issu de la carrière n’est donc pas un critère déterminant dans la première moitié du siècle comme l’illustrent les cas d’Hyde de Neuville et de Poussin. Le paramètre essentiel est la constitution préalable d’un capital social dans les cercles politiques américains afin d’assurer la réussite des négociations commerciales, axe majeur des relations franco-américaines pendant tout le siècle.
19Il existe enfin une dimension géopolitique sous-jacente à la nomination de tous ces agents familiers des États-Unis. Celle-ci atteste de la volonté manifeste d’entretenir des relations d’amitié et de cordialité avec Washington alors que la France ne dispose plus d’intérêts majeurs en Amérique depuis la disparition de son Empire colonial. La diplomatie française intègre la République américaine dans le cadre de la rivalité franco-anglaise du xviiie siècle. Depuis le xviie siècle, tous les régimes politiques se sont refusés à accepter l’hégémonie maritime, commerciale et coloniale de la perfide Albion devenue la première puissance mondiale en 1815. De ce point de vue, les États-Unis offrent un contrepoids utile répondant au principe d’équilibre cher à tous les acteurs diplomatiques. En Amérique du Nord, la jeune nation américaine offre un contrepoids territorial et démographique face au Canada anglais. Le développement de la marine marchande américaine au cours des guerres révolutionnaires et impériales assure un contrepoids nécessaire face au sceptre anglais dans l’espace atlantique et nécessite par voie de conséquence de maintenir et renforcer les relations commerciales franco-américaines, mission dévolue à la légation à Washington. Ancien ministre de la Marine, le baron de Portal résume de manière limpide la place qu’occupent les États-Unis dans la pensée géopolitique et stratégique de la diplomatie française :
« Il y a d’autres raisons pour nous, indépendamment des rapports de commerce, de bien vivre avec les États-Unis. Pour rester indépendants de l’Angleterre, ils aiment à compter sur la France, et nous n’aurions pas moins à nous applaudir de pouvoir toujours compter sur eux. Notre alliance avec les États-Unis peut seule, en effet, aujourd’hui empêcher l’Angleterre de s’assurer le monopole universel de toutes les relations maritimes, et nous garantir mutuellement des plus déplorables humiliations46. »
20Il existe de ce point de vue une continuité qui transcende les clivages politiques nés de la Révolution. Lors des négociations de la convention de Mortefontaine, les responsables français indiquaient déjà au premier Consul :
« En tout, notre opinion particulière est que les idées les plus libérales sont celles qui doivent prévaloir dans nos relations avec les États-Unis […]. Dans les faits, nous n’avons rien de mieux à demander pour nous aux États-Unis de l’Amérique que de prospérer. Leur accroissement ne sera jamais à craindre pour la République (sic), et il lui sera fort utile contre l’Angleterre. Les États-Unis sont appelés par la nature des choses à s’emparer d’une portion du commerce maritime de la Grande-Bretagne et à diminuer sa puissance47. »
21Il est frappant de constater la rupture qui se produit à partir de la fin de la IIe République et des débuts du Second Empire. Les diplomates affectés à Washington comme Sain de Bois le Comte, Étienne de Sartiges ou Henri Mercier sont des novices et découvrent un espace nord-américain en recomposition. Certes, le temps écoulé depuis la Révolution et l’Empire réduit les possibilités du ministère de s’appuyer sur des agents ayant connu les États-Unis au cours de cette période. Pour autant, ces affectations sont aussi significatives des nouvelles inflexions de la diplomatie française. Le gouvernement impérial doit tenir compte d’un nouveau paramètre. La guerre de 1846-1848 avec le Mexique fait des États-Unis une puissance continentale aux limites encore incertaines d’autant que les partisans de l’expansion portent leurs regards désormais vers les tropiques en particulier Cuba. Cette position remet en question tout l’équilibre politique dans le Nouveau Monde. L’heure n’est plus à entretenir la cordialité avec Washington d’autant que l’utilité de la jeune République américaine perd de son importance à un moment où la France impériale retrouve une souveraineté maritime avec la mise en place de la Compagnie générale transatlantique48. Paris entend d’autre part se rapprocher de Londres pour régler nombre de questions internationales comme l’illustrent la guerre de Crimée ou l’intervention en Chine. Le contrepoids américain face à l’hégémonie maritime britannique passe désormais au second plan. La priorité de la diplomatie impériale est désormais de fixer une limite à l’expansion américaine. Politique qui offre l’occasion de rétablir une influence française dans le Nouveau Monde. C’est tout l’enjeu de l’expédition du Mexique au moment de la guerre civile américaine où les diplomates et consuls français font être des acteurs politiques à part entière.
Annexe
Liste des ministres et secrétaires ayant dirigé la légation française à Washington dans la première moitié du xixe siècle
Louis-André, (baron) Pichon, chargé d’affaires (7 mars 1801-20 novembre 1804)
Louis-Marie Turreau de Linières, général, ministre plénipotentiaire (24 novembre 1804-4 octobre 1810)
Louis-Barbe-Charles Sérurier, ministre plénipotentiaire (15 février 1811-20 juin 1816)
Jean-Guillaume Hyde de Neuville, ministre plénipotentiaire (juin 1816-1822)
Jules de Menou, secrétaire de légation et chargé d’affaires (1822-juin 1824)
Joseph-Alexandre Durant de Mareuil, ministre plénipotentiaire (juin 1824-1827)
Jules de Menou, secrétaire de légation et chargé d’affaires (1827-1829)
Jean-Baptiste-Gaspard Roux de Rochelle, ministre plénipotentiaire (1829-1830)
Louis-Barbe-Charles Sérurier, ministre plénipotentiaire (1830-1835)
Alphonse-Joseph-Yves Pageot, chargé d’affaires (1835)
Charles-Edouard Pontois (comte de), ministre plénipotentiaire (1836-1839)
Alphonse-Joseph-Yves Pageot, chargé d’affaires (1839)
Louis-Aimé-Adolphe Fourier De Bacourt, ministre plénipotentiaire (1839-1842)
Alphonse-Joseph-Yves Pageot, chargé d’affaires (1842-1848)
Guillaume Tell Poussin, ministre plénipotentiaire (1848-1849)
Alphonse de Bourboulon, secrétaire de légation et chargé d’affaires (1849)
Ernest-André-Olivier Sain de Bois le Comte, ministre plénipotentiaire (1850-1851)
Etienne-Gilbert-Eugène, comte de Sartiges (1851-1859)
Jules-Joseph-Étienne, vicomte de Treilhard, secrétaire de légation et chargé d’affaires (1859-1860)
Henri Mercier, ministre plénipotentiaire (1860-1863)
Notes de bas de page
1Pour la période révolutionnaire, voir Begaud Stéphane, Belissa Marc, Visser Joseph, Aux origines d’une alliance improbable. Le réseau consulaire français aux États-Unis (1776-1815), Bruxelles, Peter Lang, 2005.
2Le poste ne passe au rang d’ambassade qu’en 1893.
3Archives du ministère des Affaires étrangères (désormais AMAE), dossier du personnel 1re série, n° 2118.
4AMAE, dossier du personnel 1re série, n° 1469.
5AMAE, dossier du personnel 1re série, n° 3573
6AMAE, dossier du personnel 1re série, n° 2844 et Librairie du Congrès à Washington, division des manuscrits, MMC-1044, papiers privés Menou.
7Mémoires et souvenirs du baron Hyde de Neuville, tome 2 : La Restauration, les Cent Jours, Louis XVIII, Paris, Plon, 1890, p. 195.
8Bonnel Ulane, La France, les États-Unis et la guerre de course (1797-1815), Paris, Nouvelles éditions latines, 1961.
9Tertrin Yves, La Politique de la France au Brésil (1816-1840), mémoire de maîtrise sous la direction du professeur C. Hermann, université de Nantes, 1990, p. 17.
10AMAE, Correspondance politique, États-Unis (désormais CP), volume 72 (microfilm P10333), f° 291, liste nominative des dix-neuf personnes embarquant avec Hyde de Neuville
11Mémoires et souvenirs du baron Hyde de Neuville, tome 2 : La Restauration, les Cent Jours, Louis XVIII, Paris, Plon, 1890, p. 191.
12AMAE, CP États-Unis, volume 72 (microfilm P10333), f° 158 et 168, dépêches de Sérurier du 13 et 15 juin 1815, trois jours avant Waterloo.
13AMAE, Correspondance commerciale et consulaire (désormais CCC), Philadelphie, volume 9, f° 70, instructions du ministère à Framery, 7 août 1815.
14Watel Françoise, Jean-Guillaume Hyde de Neuville (1776-1857). Conspirateur et diplomate, Paris, Direction des archives et de la documentation du ministère des Affaires étrangères, Diplomatie et Histoire, 1997, p. 43-108. Voir également Malet-Watel Françoise, « L’influence américaine sur un contre-révolutionnaire : Guillaume Hyde de Neuville », dans Marientras Élise (dir.), L’Amérique et la France, deux Révolutions, Paris, université de la Sorbonne, 1990, p. 71-81.
15AMAE, dossier du personnel 1re série, n° 1522. Note et état de services sur le comte d’Espinville non datée.
16AMAE, dossier du personnel 1e série, dossier n° 1667.
17AMAE, dossier du personnel 1e série, dossier n° 3250.
18AMAE, CP États-Unis, volume 72, f° 113 à 140, mémoires rédigés par Pétry au cours de l’année 1815.
19Magnin Frédéric, Mottin de la Balme. Cavalier des Deux mondes et de la liberté, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 248 et 288-289.
20Les ordonnances du 15 décembre 1815 et le règlement du 11 juin 1816 prévoient que les élèves vice-consuls doivent avoir étudié à la faculté des lettres et suivi un cours de droit commercial. Voir Baillou J., Les Affaires étrangères et le corps diplomatique français, tome 1, Paris, CNRS, 1984, p. 537.
21Centre des archives diplomatiques de Nantes (désormais CADN), fonds Charleston, série A 49, dépêche d’Hyde de Neuville au marquis de Fougères, 28 juillet 1821. « Un agent consulaire ne peut quitter son poste encore moins son arrondissement sans une permission du Roi. » Dépêche également du 6 octobre 1821 : « Si chaque agent consulaire pouvait à son gré déléguer la confiance dont le Roi l’honore et juger par lui seul de la capacité de l’individu qui le remplacera, il n’y aurait plus de sûreté dans le service. »
22AMAE, CP Washington, volume 83, dépêche du ministère à Menou, 14 février 1828.
23AMAE, CP Washington, volume 84, f° 58, notes sur le comte de Menou.
24Mémoires inédits du baron de Mareuil retranscris par mes soins, p. 318.
25AMAE, dossier du personnel 1re série, n° 3573
26AMAE, CP États-Unis, volume 80, f° 298, dépêche du 11 août 1824.
27Convention pour régler les réclamations entre la France et les États-Unis signée le 4 juillet 1831 dans de Martens Georges Frédéric de, Nouveau recueil de traités d’alliance, de paix, de trêve, de neutralité, de commerce, de limites, d’échange depuis 1808 jusqu’à présent, volume 10, Dieterich, 1837, p. 381-389.
28Rémond René, Les États-Unis devant l’opinion française (1815-1852), Paris, Armand Colin, 1962, volume 1, p. 188.
29Chevalier Michel, Notice biographique sur M. le comte Sérurier, pair et France et ministre plénipotentiaire, Paris, 1862, 41 pages. Voir également Bibliothèque municipale de Versailles, Ébauches des mémoires de Sérurier, 1855. Côte F 834-837, carton n° 1, dossier n° 1.
30Archives Nationales, F/12/2850, dossier Pageot Desnoutières.
31AMAE, dossier du personnel 1re série, n° 3745, rapport au ministre sur le poste de Washington du 22 octobre 1830 et lettre particulière de Sérurier du 7 novembre 1832 où il sollicite le poste.
32AMAE, Mémoires et documents États-Unis, volume 23, compte-rendu de la mission Sérurier, f° 372-397.
33Bacourt Adolphe de, Souvenirs d’un diplomate. Lettres intimes sur l’Amérique, Paris, Calman Levy, 1991, lettre du 2 juillet 1840.
34AMAE, dossier du personnel 1re série, n° 3158.
35AMAE, CP États-Unis, volume 91, f° 238, lettre particulière de Pageot du 18 août 1836.
36Sur l’épouse de Pageot voir Wharton, Anne Hollingsworth, Social life in the early republic, Philadelphia and London, J. B. Lippincott company, 1902, p. 297.
37Bacourt Adolphe de, Souvenirs…, op. cit., lettre du 7 juillet 1840.
38AMAE, dossier du personnel 1re série, n° 3352.
39Poussin Guillaume Tell, Les États-Unis d’Amérique. Mœurs, usages et coutumes politiques, Paris, Dentu, 1874, p. 38-40.
40Planchot-Mazel Françoise, « Un général français aux États-Unis : Simon Bernard », thèse de doctorat, université Paris 1-Sorbonne, 1988, p. 107.
41Ses papiers privés conservés à Washington contiennent de nombreux dessins et des séries de cartes du littoral américain. Librairie du Congrès, division des manuscrits et des photographies, MM 79005515, papiers privés Poussin.
42Planchot-Mazel Françoise, « Le général Bernard, un polytechnicien au service des États-Unis », Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, Cap sur l’Amérique. La dernière utopie de Napoléon, Paris, Éditions Artlys, 2015, p. 144-145.
43Bertier de Sauvigny Guillaume, « La Révolution parisienne de 1848 vue de Washington », Revue d’Histoire diplomatique, 3/4, 1983, p. 203. Du même auteur, La révolution parisienne de 1848 vue par les Américains, Paris, Service des travaux historiques de la Ville de Paris, 1984.
44Poussin Guillaume Tell, Les États-Unis d’Amérique…, op. cit., p. 186-187. Voir également, AMAE, Mémoires et documents États-Unis, volume 25, Rapports sur l’affaire Poussin, f° 3-29.
45Brière Jean-François, Haïti et la France : le rêve brisé (1804-1848), Paris, Karthala, 2008.
46Mémoires du baron Portal, ministre de la Marine (1818-1821), Paris, Librairie d’Amyot, 1846, p. 372-373.
47Cité dans Tulard Jean (dir.), Dictionnaire Napoléon, Paris, Fayard, 1987, p. 699 (notice d’Ulane Bonnel)
48Barbance Marthe, Histoire de la compagnie générale transatlantique. Un siècle d’exploitation maritime, Paris, Arts et métiers graphiques, 1955, p. 60-70.
Auteur
-
Gérald Sim
CRHIA (EA 1163)
Professeur agrégé d’histoire-géographie dans le secondaire. Il est docteur en histoire contemporaine de l’université de Nantes. Sa thèse porte sur les acteurs diplomatiques et consulaires français ayant exercé aux États-Unis au cours du xixe siècle, dans une optique sociale et culturelle.

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