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    Plan détaillé Texte intégral Une position stratégique pour la France Djibouti, convoitée et menacée par ses voisins Une indépendance sous protection française Une aide militaire suffisante ? Conclusion Notes de bas de page Auteur

    L’Europe et l’Afrique

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    L’indépendance de Djibouti sous la protection militaire de la France, 1977-1982

    The independance of Djibouti under the military protection of France, 1977-1982

    Abel Lobry Bagnon

    p. 45-60

    Résumés

    Dans une Corne de l’Afrique en proie à une profonde instabilité, les aspirations irrédentistes de la Somalie et les prétentions de l’Éthiopie à contrôler Djibouti font craindre le pire quant au devenir de ce territoire. La France déploie la Marine nationale au large de Djibouti pour assurer l’intégrité de ce territoire au moment de l’indépendance. Elle préserve ses intérêts et maintient un équilibre géostratégique régional. Grâce à l’Assistance militaire technique, la France participe à la défense du jeune État.

    In the Horn of Africa threatened by deep instability, Somalia’s irredentist aspirations and Ethiopia’s claims to control Djibouti raise fears for the future of this new State. In this context, France deploys its Navy along the coast of Djibouti to ensure the integrity of this territory at the onset of its independence. France preserves its own interests and maintains a regional geostrategic balance. Thanks to the Technical Military Assistance, France is helping to defend the young State.

    Texte intégral Une position stratégique pour la France Djibouti, convoitée et menacée par ses voisins Une indépendance sous protection française Une aide militaire suffisante ? Les accords de défense franco-djiboutien L’assistance militaire technique de la France à la république de Djibouti Conclusion Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1À l’ouverture du canal de Suez en 1869, la France prend position en mer Rouge. Elle porte son choix sur Obock comme point d’implantation de son influence. Au fil des années, l’augmentation des effectifs des forces armées françaises et les nombreuses garnisons que possède la France à Djibouti participent au développement de sa présence militaire en Afrique. Les effectifs français atteignent 20 000 soldats en 1954. Dans le contexte difficile de la décolonisation et de la guerre froide, la France considère Djibouti comme une base essentielle dans le cadre de sa stratégie militaire générale. Elle s’accroche à sa dernière possession en Afrique qu’elle conserve le plus longtemps possible à cause de sa position stratégique. Après son accession à l’indépendance le 27 juin 1977, Djibouti devient un enjeu privilégié des convoitises régionales et internationales. La France, ancienne puissance coloniale prend soigneusement en compte les exigences de sécurité du nouvel État. Comment la France participe-t-elle à la défense de la jeune république de Djibouti ? Cette problématique centrale constitue l’objet essentiel de la présente étude qui s’articulera autour de trois centres d’intérêt. Le premier évoque les menaces sur un territoire stratégique, le second se centre sur l’indépendance sous protection de Djibouti tandis que le troisième centre d’intérêt s’interroge sur l’aide militaire française à Djibouti.

    Une position stratégique pour la France

    2L’emplacement de Djibouti lui donne une importance géostratégique longtemps appréciée par la France. C’est une véritable sentinelle placée à l’intersection du détroit de Bab el-Mandeb, du golfe d’Aden et de l’océan Indien, qui concentre les différentes dimensions de la maritimisation des enjeux économiques internationaux. Bab el-Mandeb, en arabe la « Porte de lamentation » est un détroit séparé en deux par l’île yéménite de Périm, la partie la plus étendue se situe entre l’île de Périm et la côte africaine de Djibouti. Emplacement stratégique majeur, il demeure une artère névralgique de l’économie mondiale. Depuis la Seconde Guerre mondiale, Bab el-Mandeb est l’un des axes maritimes les plus fréquentés par les pétroliers. Durant la guerre froide, les USA et l’URSS désireux de sécuriser leur flotte en provenance des pays du Golfe convoitent le détroit. C’est le quatrième passage le plus important au niveau mondial en termes d’approvisionnement énergétique.

    3Pour le transport de ses marchandises et de ses hydrocarbures, ce couloir de navigation des navires marchands et militaires revêt une importance capitale pour la France, puissance nucléaire et marchand d’armes dont les échanges extracommunautaires se font par voie maritime. La perte de l’Algérie pose à la France la question vitale de son approvisionnement énergique, dans un contexte d’augmentation brutale du prix du baril lors de la crise de 1973. La société ELF (Essence et Lubrifiants de France) se retire d’Algérie en 1975 et la France perd l’essentiel de ses gisements1. Afin de faire cesser sa dépendance énergétique, elle doit diversifier ses ressources d’approvisionnement. Elle reconvertit ses activités en Afrique noire, en particulier au Gabon, puis développe les échanges commerciaux et les investissements au Proche-Orient. Elle s’implante dans le golfe Persique : Abou Dhabi, Oman, Qatar et Bahreïn. En 1979 l’Irak achète des Mirages F1 à la France. Cet État devient en 1980 le premier partenaire commercial de la France dans cette région du monde et son deuxième fournisseur de pétrole. Les bonnes relations de la France avec les États arabes facilitent son approvisionnement en pétrole. L’économie française dépend à 40 % du pétrole arabe dans les années 19802.

    4La république de Djibouti sert d’interface à toute la politique française dans le Moyen-Orient. Le positionnement de la France à Djibouti permet la sécurisation de son commerce extérieur qui transite par le détroit de Bab el-Mandeb et le détroit d’Ormuz. Les forces françaises stationnées à Djibouti contrôlent les importations françaises de ressources pétrolières dont dépend énormément la France. Le détroit de Bab el-Mandeb accueille pour la France deux routes stratégiques : d’une part la voie « Manche – Méditerranée – océan Indien – mer de Chine méridionale ». D’autre part, la voie « méditerranée – océan Indien », une liaison importante qui dessert les territoires français de l’hémisphère sud : La Réunion, Mayotte, les îles Éparses et les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Djibouti constitue un capital stratégique de grande valeur et demeure la meilleure position d’avant-garde que possède la République française hors de son territoire. Le port de Djibouti, son aéroport international, son chemin de fer forment les éléments logistiques d’une grande base d’opérations. « Son arrière-pays peut servir, le long de la voie ferrée de zone de desserrement et de stockage pour d’énormes quantités de matériel et peut abriter des aérodromes secondaires3. » La rade de Tadjourah, une tranchée triangulaire dont l’embouchure commence près de la frontière avec la Somalie entre le 11o 30 et le 11o 54 de latitude nord est unique en mer Rouge. Elle « peut sans crainte jouer le rôle d’important mouillage atomique pour près de 200 navires. Son immense plan d’eau parfaitement abrité en toutes saisons, et facilement défendable contre les attaques sous-marines, permet de mouiller les 200 navires, à 1 800 m les uns les autres4 ». Djibouti est la porte d’entrée la plus pratique pour les opérations militaires dans la Corne de l’Afrique et au Moyen-Orient.

    5Cette situation explique certainement le maintien de Djibouti et de l’archipel des Comores sous souveraineté française après la grande vague de décolonisation du début des années 1960. De Gaulle finit par accorder une forme d’autonomie interne dans le cadre de la création du Territoire français des Afars et des Issas (TFAI) en juin 1967. La disparition brutale du président Pompidou en 1974 met fin à la période gaulliste de la Ve République, où les « barons » Jacques Foccart, Pierre Mesmer ou Michel Debré militaient pour le maintien du Djibouti dans le giron français5. Dès son accession au pouvoir le nouveau président de la République Valéry Giscard d’Estaing supprime le Secrétariat général pour les Affaires africaines et malgache, le tout-puissant outil de gestion directe des relations franco-africaines. Giscard d’Estaing ne souhaite pas conserver à tout prix une souveraineté française qui nuit à l’image de la France sur la scène internationale. Conscient de l’évocation permanente de l’avenir de Djibouti aux Nations unies et au comité de décolonisation de l’OUA6, il suit les recommandations d’Oliver Stirn, secrétaire d’État aux DOM-TOM. Le 28 décembre 1975, le Conseil des ministres reconnaît le droit à l’indépendance du territoire7.

    6Le 3 février 1976, quatre indépendantistes du Front de libération de la côte des Somalis (FLCS) prennent en otage le bus de ramassage scolaire de la base aérienne 188 de Djibouti avec à son bord 31 enfants. Ils exigent l’indépendance immédiate et la libération des prisonniers politiques. Le président Valery Giscard d’Estaing et le gouvernement de Jacques Chirac restent fermes : « il ne saurait question d’accéder aux exigences irréalistes des preneurs d’otages8 ». L’État français envoie à Djibouti les éléments d’une unité encore inconnue, le GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale). Avec les légionnaires parachutistes de la 2e compagnie du 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP) et ceux de l’escadron d’automitrailleuses de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère (13e DBLE), les forces spéciales de la gendarmerie lancent l’assaut qui aboutit à la libération des otages de Loyada9.

    7À Djibouti, la situation se durcit, l’événement éprouve la population française, les tensions entre les communautés afars et issas sont très fortes. En juillet 1976, le président du Conseil de gouvernement, Ali Aref Bourhan10, proche des Gaullistes et favorable au maintien de la souveraineté française, est remplacé suivant les vœux d’Olivier Stirn par Hassan Gouled, qui négocie l’indépendance avec le gouvernement français, prévue en 197711. Mais le gouvernement français juge nécessaire de ne pas déserter une position stratégique en l’abandonnant brutalement. Le contexte de la région renforce sa détermination.

    Djibouti, convoitée et menacée par ses voisins

    8À la veille de l’indépendance de la république de Djibouti, la Corne de l’Afrique est en proie à des troubles très graves. Les USA et l’URSS mènent un jeu ambigu de déstabilisation de la région dont l’extension des conflits menace la république de Djibouti. L’Union soviétique souhaite s’installer durablement dans la région12.

    9En 1972 Anouar El Sadate, le successeur d’Abdel Nasser Gamal chasse d’Égypte les Soviétiques. Moscou se trouve alors un autre allié dans la Corne de l’Afrique : la république démocratique Somalie. Il conclut avec cette dernière un traité d’amitié en 1974. Cinq mille conseillers soviétiques séjournent en Somalie pour une remise à neuf complet de son armée. Berbera, le port somalien en face du golfe d’Aden, à l’entrée de la mer Rouge, fait figure jusqu’en 1977 de véritable base soviétique. Moscou en fait « le support logistique naval le plus étendu hors d’URSS pour la flotte soviétique13 ». Il complète ce port en eau profonde par une piste long-courrier, une chaîne de montage de missiles, un centre d’écoute et des installations de repos pour l’équipage14. Grâce à l’aide de l’URSS, l’armée somalienne devient une des mieux équipées du continent africain15. Dans sa dynamique de reconstitution de la « Nation somalie », la république démocratique Somalie soutient les agitations ethniques à Djibouti. En effet, elle envisage une mainmise sur le TFAI qui prépare son accession à l’indépendance le 27 juin 1977. S’adressant à des journalistes la veille de l’indépendance de Djibouti, le général Syaad Barré déclare en mai 1977 « qu’un référendum devrait être organisé afin de permettre à la population de décider si elle le souhaite vivre au sein du nouvel État ou fusionner avec la Somalie. Le Territoire Français des Afars et des Issas étant peuplé en majorité d’issas qui sont des Somaliens16 ».

    10La Somalie considère Djibouti comme une portion de son territoire à recouvrer, et réclame son rattachement après sa décolonisation. L’enjeu sociologique résulte du fait que 65 % de la population de l’État somalien et près de 90 % de la population de Djibouti-ville s’apparente à l’ethnie somalie. Parlant de Djibouti, le général Syaad Barré soutient que « par leur culture, par leur langue et leur tradition, les gens là-bas sont des somalis17 ». Une étoile représente d’ailleurs Djibouti sur le drapeau national somalien18. Désireuse d’annexer Djibouti, dans le cadre de la « Grande Somalie », le gouvernement somalien héberge sur son territoire le FLCS. Reconnu par l’organisation de l’unité africaine (OUA) comme un mouvement de libération, le FLCS mène une véritable lutte armée pour l’indépendance du Territoire français des Afars et des Issas. La prise d’otages de février 1976 l’a démontré spectaculairement.

    Document 1. Carte des trois territoires revendiqués par la Somalie19

    11La guerre de l’Ogaden transforme la région en poudrière. Le général Syaad Barré prend l’initiative de réaliser son rêve de réunification de la « Grande Somalie » et déclenche la guerre de l’Ogaden le 23 juillet 197720. Cinq mille soldats somaliens envahissent le territoire éthiopien aux côtés des maquisards somalis du Front de libération de la Somalie occidentale (FLSO) qui combattent les troupes d’Addis-Abeba pour obtenir l’indépendance de l’Ogaden ou plus exactement pour son rattachement à la Somalie. Ils contrôlent en un mois 95 % la province sud-est de l’Éthiopie. La Somalie étend les combats dans l’Est de l’Afrique pour la récupération de sa province perdue. Ainsi, 3 000 soldats somaliens franchissent-ils la frontière est du Kenya. Ils attaquent des postes de police et s’emparent en quelques heures de la localité de Rhamu située à la frontière de l’Éthiopie et de la Somalie21. Les agressions militaires et les déclarations du président somalien généralisent l’instabilité dans l’ensemble de la Corne de l’Afrique et sur les bords de la mer Rouge. Mais les Soviétiques condamnent l’intervention somalienne en Éthiopie. Syaad Barré rompt les relations avec Moscou et se tourne vers l’Arabie saoudite, l’Égypte et le bloc occidental. Moscou choisit dès lors un appui massif à l’Éthiopie avec, à ses côtés, Cuba et le sud Yémen22.

    12Le gouvernement français peut légitimement craindre une agression somalienne sur Djibouti. Les nouvelles alliances russo-éthiopiennes, somalo-occidentales et somalo-arabes bouleversent les données traditionnelles du jeu international dans la région. L’URSS mise désormais sur l’Éthiopie23. Elle lui fournit une aide en équipement militaire pour un montant de 100 millions de dollars24. Environ 3 000 conseillers militaires soviétiques, 3 000 conseillers militaires est-allemands, un contingent cubain fort de 1 500 à 2 000 soldats s’établissent en Éthiopie25. Moscou et Addis-Abeba signent un accord d’amitié et de coopération en novembre 197826. Rangée sous la bannière communiste, l’armée éthiopienne forte de 280 000 hommes, devient une des principales puissances militaires du continent africain27. Avec le soutien de Cuba et du Yémen du sud, elle se lance dans une guerre de reconquête. La contre-offensive du dirigeant éthiopien, le colonel Mengistu, permet à l’Éthiopie de remporter la guerre de l’Ogaden avec le retrait des troupes somaliennes en février 197828. En Érythrée, où se poursuit la lutte de libération la plus ancienne d’Afrique, les forces éthiopiennes reprennent l’offensive. Elles libèrent les dernières villes aux mains des séparatistes érythréens avec l’appui de ses alliés communistes.

    13Ce renforcement du régime éthiopien qui s’impose comme la grande puissance de la Corne de l’Afrique inquiète à Paris, dès l’indépendance de Djibouti. En effet, pour le colonel Mengistu, « ce nouvel État ne devrait accepter que des bases militaires éthiopiennes sur son territoire et ne pas se joindre à la Ligue arabe29 ». Selon l’hebdomadaire libanais Al Sayyad, « les Éthiopiens envisageraient […] d’envahir Djibouti pour s’assurer un accès à la mer Rouge30 ». La république de Djibouti se trouve au cœur des intérêts économiques et stratégiques de l’Éthiopie. Elle constitue un débouché naturel pour ce pays. Plus de 40 % du commerce de l’Éthiopie passent par le chemin de fer et le port de Djibouti. Le gouvernement éthiopien s’oppose à tout rattachement à la Somalie et milite en faveur d’une Union avec l’Éthiopie. Il soutient le Mouvement de libération de Djibouti (MLD) pour contrebalancer l’action du FLCS soutenu par Mogadiscio. Une dizaine d’hommes originaires de Djibouti et membres du MLD suivent des entraînements de type commando en Éthiopie31. Les autorités éthiopiennes affirment que « l’Éthiopie ne cherche pas à évincer la France de Djibouti. Mais si la France s’en allait, Addis-Abeba lié par l’économie et par d’autres affinités à Djibouti, tenait à ce que ce territoire soit d’une manière ou d’une autre associé à l’Éthiopie32 ».

    14Les armes que Moscou fournit à la région sont un encouragement moral, psychologique et matériel à la politique expansionniste de la Somalie et de l’Éthiopie vis-à-vis de le république de Djibouti. Selon Jacques Foccart, le retrait total de la France « aurait pour résultat de transformer le territoire en un vaste champ de bataille entre la Somalie et l’Éthiopie33 ». Confrontée à une opposition dans la Corne de l’Afrique, la France engage d’importants moyens pour préserver ses intérêts et l’indépendance de Djibouti. L’opération Saphir II en est une magnifique démonstration.

    Une indépendance sous protection française

    15La république de Djibouti est au cœur d’enjeux territoriaux et ethniques qui se cristallisent autour de la persistance des menaces expansionnistes et du conflit somalo-éthiopien. Conscient de la remise en cause de l’intégrité de Djibouti, le gouvernement français prend des mesures militaires et particulièrement navales pour garantir la sécurité extérieure et intérieure du nouvel État. Elle lui donne les moyens de pérenniser son indépendance et d’assurer une stabilité interne remarquable dans la région. Dans la perspective de l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans un contexte éminemment troublé, le ministère français des Armées prépare en 1976 dans le plus grand secret, l’opération Saphir II. C’est un important déploiement naval au large de Djibouti dont l’objectif est d’assurer l’intégrité de ce territoire au moment de l’indépendance. Cette force imposante « est la plus importante déployée par la France, dans cette région depuis la Deuxième Guerre mondiale34 ». Elle compte jusqu’à 17 navires dans le golfe d’Aden. La mission saphir se déroule dans des conditions extrêmement éprouvantes.

    16Le 4 mars 1977, le porte-avion Clemenceau reçoit un préavis de mission à caractère secret. Le 5 avril 1977, il appareille vers Djibouti sous le commandement du capitaine de vaisseau Capelle, après la levée du préavis le 17 mars par l’État-major35. C’est le début de la mission Saphir II. Le porte-avion Clemenceau héberge près de 1 300 hommes dont 65 officiers36. Celui-ci forme, avec la frégate anti sous-marin Tourville et le pétrolier ravitailleur Saône, le Task Groupe 423.137. Le groupe aérien du Clemenceau se compose de quarante avions et six hélicoptères. Le Clemenceau franchit le canal de Suez le 12 avril et arrive à Djibouti 16 juin 1977 sans ennuis38. Les consignes prudentes de l’amiral commandant les zones maritimes de l’océan Indien facilitent cette traversée.

    17Entre le 16 avril et 11 juin 1977 le porte-avions effectue trois sorties dans l’océan Indien39. La première s’effectue du 25 au 29 avril. Elle consiste dans la mise en place des dispositifs et des plans d’opérations. Les bâtiments s’entraînent à une protection aérienne à partir du porte-avions stationné entre Aden et Berbera contre une menace venant du nord (Yémen). Ils s’entraînent aussi à une protection anti-sous-marine et de surface face à une menace venant du sud (Berbera). Sept bâtiments et un avion Atlantic participent à ce déploiement40. Lors de la deuxième sortie, du 6 au 12 mai, le groupe assure la surveillance du TFAI et de ses approches aéromaritimes pendant le référendum du 8 mai 1977. Il s’agit de contrôler les activités maritimes dans le golfe d’Aden et de maintenir en alerte des moyens renforcés d’assaut et de défense aérienne pendant la période électorale. Au cours de cette deuxième sortie, le 7 mai 1977 un accrochage a lieu entre deux intercepteurs Crusader français et deux MiG 21 sud yéménites dans le golfe d’Aden41. Finalement, l’incident avec la république démocratique du Yémen voisin immédiat de la république de Djibouti est sans conséquence. Mais elle révèle une autre menace, à l’est, de l’autre côté du détroit. L’armée sud yéménite forte de 27 000 hommes bénéficie d’un excellent équipement, d’origine soviétique. La présence de coopérants soviétiques, mais aussi Cubains et Est-allemands fait du Yémen du sud une base logistique importante de la région42. Les velléités de la république démocratique du Yémen à proclamer sa souveraineté sur le détroit de Bab el-Mandeb, en prétendant soumettre le passage des navires de guerre à autorisation préalable sont à la base cette attaque43.

    18Lors de la troisième sortie le 23 mai 1977, un MiG 17 de l’armée somalienne prend à partie sans sommation préalable un avion de patrouille maritime Atlantic en plein vol de reconnaissance le long des côtes somaliennes. L’avion n’échappe à la destruction que grâce à l’habileté de son équipage44. Un bâtiment français essuie également des tirs en provenance d’une vedette somalienne au large des îles de Socotra45. Malgré sa supériorité maritime et aérienne, Paris ne donne pas suite à ces attaques afin d’éviter d’attiser la tension déjà vive dans cette région. Finalement, les conditions météorologiques difficiles pour le personnel entravent l’opération : absence de vent, température de l’air supérieur à 35o C, eau de mer à 32o C. Les pertes s’accumulent : le 18 mai 1977, la destruction d’un Super-Frelon lors d’un décollage de nuit à Ali-Sabieh ; le 11 juin, un Etendard IV percute l’eau dans le golfe d’Aden. Le pilote est porté disparu46. Le Clemenceau quitte Djibouti le 11 juin 1977. La relève par le Foch s’effectue en mer Rouge les 12 et 13 juin. Durant cette opération, la Marine transfère 433 hommes, 57 tonnes de matériels et d’armements et dix avions sur son second porte-avions.

    19Pour surmonter la remise en cause de sa présence et participer au maintien de la paix dans les atterrages de Djibouti, l’État français fait essentiellement appel à la Marine nationale qui se trouve placée en première ligne. Elle bénéficie également du soutien de 6 500 soldats issus de tout l’organigramme de l’armée française stationné à Djibouti : le 5e régiment d’infanterie d’outremer (5e RIAOM), le 6e bataillon d’artillerie de marine (6e BAAMa), la 13e demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE), le détachement de l’aviation légère de l’armée de terre et la base aérienne 188 avec ses dix Mirage III pour faire face à un risque essentiellement terrestre et aérien. L’opération Saphir II atteint ses buts. Le référendum du 8 mai 1977 se déroule sans trouble. Les fêtes qui font suite au passage à l’indépendance, le 27 juin 1977 se produisent sans heurts.

    Une aide militaire suffisante ?

    20Dès son accession à l’indépendance, la république de Djibouti fait appel à la France pour l’organisation et la formation de son armée. Parmi les liens complexes unissant la France à ses anciennes colonies africaines et malgache, les accords militaires tiennent, depuis 1960 une place importante. Ce système fondé sous la présidence du général de Gaulle se poursuit avec ses successeurs et reste un des piliers de la politique africaine de la France. Ces accords incluent des traités d’alliance où le concept de défense y est entendu dans sa double acceptation interne et externe.

    Les accords de défense franco-djiboutien

    21Après la consultation du 8 mai 1977, Djibouti accède à l’amiable à l’indépendance. Les autorités françaises et djiboutiennes règlent les modalités de passation des pouvoirs entre le nouvel État et la France. Ils signent le jour même de la proclamation officielle de l’indépendance, le 27 juin 1977, toute une série d’accords qui fixent le cadre d’exercice de la coopération franco-djiboutienne, parmi lesquels le protocole militaire provisoire fixant le stationnement des Forces françaises à Djibouti47. Il montre la continuité de l’intérêt que la France porte à la république de Djibouti et réglemente les conditions de stationnement des troupes françaises. Il énonce les conditions limitatives dans lesquelles les forces françaises peuvent être conduites à intervenir. Cet accord ne comporte pas d’assistance réciproque. Tout l’engagement pèse uniquement sur la France.

    « Article 1 : À la demande du Gouvernement de la république de Djibouti, dans l’exercice du droit de légitime défense reconnu par l’article 51 de la Charte des Nations unies, et en cas d’agression par une armée étrangère, le Gouvernement de la République française apportera à la république de Djibouti, dans les conditions à fixer d’un commun accord, la participation des forces armées françaises stationnées sur le territoire de celle-ci. Les forces françaises stationnées sur le territoire de la république de Djibouti ne peuvent participer à des opérations de maintien de la paix ou de rétablissement de l’ordre […]
    Article 4 : Le gouvernement de la république de Djibouti accorde également aux forces armées françaises, la facilité de survol, d’escale et de transit aérien et maritime dont elles peuvent avoir besoin selon les modalités à convenir48. »

    22Le protocole provisoire fixant les principes de la coopération militaire dans ses articles 1 et 4 précisent les devoirs de la France vis-à-vis de la république de Djibouti en termes de sécurité et de défense. Il fixe les droits des forces françaises stationnées, et fonde leur mission première : surveillance et défense de l’espace aérien, participation à la surveillance des approches maritimes et posture opérationnelle pour être en mesure d’intervenir en cas d’agression d’un pays tiers. L’article 1er contraste avec une série d’accords militaires que négocient certains États après leur indépendance entre mai 1960 et août 1962 : la République centrafricaine, le Sénégal, le Cameroun, le Congo, le Tchad, le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Benin, la Mauritanie et Madagascar. Ils parachèvent leurs accords avec des conventions spéciales et secrètes qu’ils baptisent « convention en matière de maintien de l’ordre » ou « accords spéciaux ». En cas d’agressions locales ou de menées subversives, ces différents pays peuvent demander à la République française une aide. Par exemple, ce type de disposition existe dans l’accord de Défense quadripartite du 24 avril 1961 que signent avec la France, la république de Côte d’Ivoire, la république du Dahomey (l’actuel Benin) et la république du Niger. Cet accord prévoit dans son article 1er que les parties « ont la responsabilité de leur défense intérieure et extérieure ». L’article 2 clarifie qu’ils « peuvent demander à la République française une aide définie par les accords spéciaux49 ». Ces conventions consacrent la possibilité de l’armée française à intervenir, concurremment avec les forces nationales, pour assurer la pacification intérieure pour faire face à d’éventuels putschs et autres coups d’État50. En 1977, quinze ans plus tard, Valéry Giscard d’Estaing prend la peine de placer l’accord de défense franco-djiboutien dans un cadre rénové, dans un contexte international différent et face aux nombreuses critiques qui s’élèvent pour dénoncer la « Françafrique ».

    23La république de Djibouti est un État fragile, sans richesses naturelles, démographiquement peu peuplée51, socialement divisée entre les deux principales ethnies Afars et Issas et politiquement convoitée par ses deux voisins antagonistes : l’Éthiopie et la Somalie. Face à la vulnérabilité du nouvel État, il est de l’intérêt pour la France de préserver et de consolider son indépendance.

    L’assistance militaire technique de la France à la république de Djibouti

    24Parallèlement aux accords de défense, la France conclut avec la république de Djibouti des accords d’assistance militaire technique et de soutien logistique. L’assistance militaire technique (AMT) consiste à une mobilisation de personnels militaires pour un transfert de compétence et d’expérience. Selon le général Yvon-Pierre Coppin, « l’assistance militaire technique est mise en place sur demande de l’État bénéficiaire. La mission de l’AMT est d’apporter une aide technique à la formation des militaires du pays concerné. Cette AMT peut agir sous uniforme du pays d’accueil ou sous uniforme français. Jamais, en aucun cas, elle ne peut participer à des opérations. C’est donc une aide au développement, à l’autonomie et à l’indépendance52 ».

    25Grâce à l’assistance militaire technique la France met sur pied une armée classique chargée de la sécurité intérieure. Les Forces armées de la république de Djibouti se constituent avec des personnels autochtones issus de l’armée, de la gendarmerie française et de la garde-frontières communément appelée « Goumier ». D’un effectif total modeste de 1 863 hommes au départ (31 officiers, 247 sous-officiers, 1 585 hommes du rang), ses effectifs croissent rapidement du fait de l’intégration de 254 membres du FLCS et de 265 jeunes recrutés après la Préparation militaire élémentaire (PME). Fortes finalement de 2 381 hommes, les Forces armées de la république de Djibouti comprennent un État-major, la Gendarmerie, le 1er régiment d’infanterie (1er RI), le groupement nomade (GN), l’école des cadres, un embryon d’armée de l’air (niché dans le 1er RI) et un embryon de marine.

    26La Préparation militaire élémentaire (PME) réunit pendant quatre mois au stade municipal d’Ambouli cinq cents stagiaires. L’État français met à la disposition de la république de Djibouti une trentaine d’officiers et de sous-officiers pour l’encadrement de cette préparation militaire. Au cours de cette formation les jeunes djiboutiens apprennent le maniement des armes, l’instruction de tir, la discipline militaire, etc. Outre la formation militaire, les élèves suivent des cours de connaissances générales. Ils acquièrent des notions de secourisme et de prévention routière, etc. Selon le colonel Demetz, responsable de la préparation militaire, « les élèves reçoivent une instruction élémentaire équivalente à celle de leur camarade français pendant “les classes”53 ». Durant cette période, l’armée entreprend le recrutement de jeunes issus de la filière scientifique du lycée d’État de Djibouti (terminale). Elle engage ses jeunes recrues comme médecins, pilotes et personnels navigants dans le 1er régiment d’infanterie.

    Document 2. Les assistants militaires français mis à la disposition de l’armée nationale de Djibouti de 1978 à 197954

    ArméePostes
    Terre72
    Air3
    Marine4
    Gendarmerie29
    Santé7
    BCM4
    Total119

    27Les fonctions d’encadrement et de formation sont les deux objectifs prioritaires de l’assistance militaire technique. L’objectif pour la France est de réaliser la transmission de l’appareil militaire français : organisation, compétences, matériels… Mais aussi de permettre un mouvement de retrait et de réorganisation de ses forces. Après la proclamation de l’indépendance, les effectifs des troupes françaises de Djibouti passent de 6 500 soldats en juin 1977 à 4 500 soldats en décembre 1977.

    Document 3. Le concours militaire français à la république de Djibouti de 1978 à 198255

    AnnéesMontant (francs français)Réalisations
    197810 000 00068 véhicules
    197910 000 0008 AML (blindés légers sur roues)
    64 véhicules
    2 avions
    1 vedette
    Armement de transmission
    198010 000 0008 AML
    25 Véhicules
    Armements
    19815 000 000Cession gratuite d’armements
    198210 000 000Logement de cadres et de famille Matériel divers
    1 500 000Cession gratuite d’armements
    Total52 500 000

    28La France forme l’armée djiboutienne afin d’atteindre un degré de préparation satisfaisante. Entre 1978 et 1982, l’État français apporte une aide en matériels pour réaliser le plan d’équipement de l’armée djiboutienne. La mission militaire française de coopération assure cette aide à raison de cinquante-deux millions cinq mille francs français. C’est un matériel ancien, datant des années 1950 ou 1960. La France s’occupe de la maintenance de l’équipement militaire de l’armée djiboutienne et s’oppose à sa diversification. Elle n’apprécie pas la livraison d’armes de Saddam Hussein et du colonel Mouammar Kadhafi à Djibouti. En 1980, 76,60 % de l’armement djiboutien provient de la France56 pendant que les importations françaises représentent alors 52,7 % des achats d’armements du Gabon ou 57,4 % de ceux de la Côte d’Ivoire57. Selon Pascal Chaigneau, « l’indépendance d’un pays important son matériel militaire s’arrête, en cas de conflit, au nombre de jours dont il dispose en termes de munitions58 ». La coopération militaire franco-djiboutienne engendre une subordination de la république de Djibouti à la France. Pour empêcher l’influence militaire des États arabes au sein de l’armée djiboutienne, l’État français affecte à Djibouti 158 conseillers militaires en 1980, soit le plus grand nombre de tous les États partenaires de la France en Afrique59.

    Document 4. Répartition de stagiaires militaires djiboutiens en France de 1980 à 198360

    AnnéesPlaces accordées
    1980-198178
    1981-198280
    1982-1983111
    Total269

    29La France forme des personnels militaires par des cycles scolaires ou de stages de spécialisation. Cette formation est avantageuse aussi bien pour la France que pour la république de Djibouti. Elle empêche l’influence des pays arabes qui convoitent le nouvel État. C’est un investissement pour le maintien de la république de Djibouti dans la francophonie61. Il se crée entre « frères d’armes » français et djiboutiens des affinités pour la continuité des rapports entre les deux pays. Quant à Djibouti, il en tire l’avantage d’avoir des cadres bien formés susceptibles d’utiliser des techniques et des matériels plus modernes.

    Conclusion

    30L’arrivée de Valéry Giscard d’Estaing à l’Élysée en 1974 favorise l’accession du Territoire Afars et des Issas à l’indépendance. Minée par des tensions ethniques entre Afars et Issas et convoitée par la Somalie et l’Éthiopie, la république de Djibouti ne doit sa survie qu’à la protection de la France qui a besoin de cette escale pour son système de déploiement de ses forces de projection. L’armée française sauvegarde l’indépendance de Djibouti grâce au déploiement de son potentiel militaire. L’espoir de Mogadiscio et d’Addis-Abeba d’annexer Djibouti ne se réalise pas. La France reste prête à faire face aux obligations qui lui incombent en vertu des accords de défense et de l’assistance militaire technique, assurant ainsi la stabilité de la république de Djibouti dans une région en perpétuel conflit. Pour assurer la sécurité de ses flux, la France maintient à Djibouti 4 500 soldats. C’est la plus grande base militaire française d’Afrique. Les forces françaises de Djibouti jouent un rôle stabilisateur dans la Corne de l’Afrique et permettent à la France de consolider sa politique dans le golfe Persique. La république de Djibouti est essentielle pour la France. Lors de la mise sur pied des Forces armées djiboutiennes, la France fournit à la république de Djibouti des armements ou des véhicules anciens dont une partie n’est plus en service dans l’armée française. Ce type de matériel correspond au souci d’avoir une armée dont l’équipement est suffisant pour faire face à une instabilité interne mais pas vraiment à l’état de guerre présent dans la région. La chute du mur de Berlin en novembre 1989 et l’effondrement de l’Union soviétique en décembre 1991 signent la fin de l’ordre bipolaire. C’est le début d’une nouvelle ère de guerres longues et meurtrières qui menacent la paix à Djibouti et questionnent les formes de la présence française.

    Notes de bas de page

    1Vaisse M., La puissance ou l’influence ? La France dans le monde depuis 1958, Paris, Fayard, 2009, p. 292.

    2Vaisse M., op. cit., p. 377.

    3Service historique de la Défense, 7H 27, carton no 4 Somalie, le caractère international de la CFS : valeur stratégique. 1965.

    4Idem

    5Turpin F., Jacques Foccart : dans l’ombre du pouvoir, Paris, CNRS, 2015, p. 312. Michel Debré qui désapprouve l’indépendance de Djibouti affirme qu’« un coup pareil en pleine guerre froide, c’est livrer la Corne de l’Afrique aux Russes, leur faire cadeau d’un endroit stratégique », in Riva J.-L., Les enfants de Loyada : La prise d’otage de Loyada et l’indépendance de Djibouti, Paris, Nimrod, 2016, p. 25.

    6Archives diplomatiques de La Courneuve, Afrique Levant, Djibouti, Côte française des Somalis 1966-1970, carton 8, sous chemise Dj-5-7 : OUA.

    7Riva J.-L., op. cit., p. 28.

    8Riva J.-L., op. cit., p. 86.

    9Riva J.-L., op. cit., p. 5.

    10Turpin F., op. cit., p. 312.

    11Gaillard P., Foccart parle entretiens avec Philippe Gaillard, tome I, Paris, Fayard/Jeune Afrique, 1995, p. 258.

    12Discours télévisé à Moscou le 3 février 1978 de V. Sovinskiy, directeur du Service des relations publiques du ministère soviétique des Affaires étrangères sur la valeur stratégique de la Corne de l’Afrique pour l’Union soviétique.

    13Leymarie P., Océan Indien le nouveau cœur du monde, Paris, Karthala, 1981, p. 149.

    14Idem.

    15La Somalie aligne en une dizaine d’années de coopération une armée de soixante-cinq mille hommes, forte de de trois cents chars moyens de fabrication soviétique, trois cents véhicules blindés de transport ainsi que des missiles sol-air « S.A.2-3 ». Son aviation possède cinquante-cinq appareils de combats dont une escadrille dotée de douze MiG 21 et des escadrilles de chasseurs dotées de quarante MiG 17 et MiG 15. Didier E. et Ménard J., Rapport d’information fait au nom de commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées à la suite d’une mission effectuée à Djibouti du 16 au 21 janvier 1983, Sénat, no 213, p. 39.

    16Le général Syaad Barré, cité par Irène Jarry « La Grande Somalie », Le Figaro, no 10211, août 1977, p. 7.

    17Jarry I., « La Grande Somalie », Le Figaro, no 10211, août 1977, p. 7.

    18Archives diplomatiques de La Courneuve, carton 15, sous chemise Afrique-Levant 1960-1965 Djibouti (CFS), « Convention d’enquête de l’OUA sur la situation en CFS, juillet 1963-novembre 1965 ».

    19Libération, no 1067, juillet 1977, p. 9.

    20Depuis 1941, la Grande-Bretagne propose aux Nations unies de rattacher l’Ogaden au Somaliland. Les Soviétiques opposent leur veto. Avant son retrait du Kenya, la Grande-Bretagne organise une consultation de la population de la partie est du pays qui se déclare à 96 % pour le rattachement à la Somalie. Malgré ce choix, la Grande-Bretagne décide d’inclure le nord-est au district du Kenya. Depuis 1960 la Somalie réclame ce territoire. En 1967 la Somalie et le Kenya concluent un accord pour mettre fin à la revendication de la zone et à la lutte armée qui s’y déroule.

    21« Un poste kenyan attaqué par des éléments somalis », Libération, no 1067, juillet 1977, p. 9.

    22Moscou estime que la Somalie viole la charte de l’organisation de l’unité africaine (la nécessité de respecter les frontières coloniales).

    23Avec ses trente-deux millions d’habitants (contre quatre millions et demi en Somalie), l’Éthiopie est l’un des pays les plus peuplés d’Afrique. Il jouit sur le continent d’un prestige particulier, c’est le seul pays à avoir échappé aux vagues de colonisations. Il abrite le siège de l’Organisation de l’unité africaine (OUA).

    24Leymarie P., op. cit., p. 134.

    25Archives nationales de France, Fonds Valéry Giscard d’Estaing, 5AG/5(3)/1246, télégramme du 11 septembre 1980 de l’ambassade de Djibouti au ministère de la défense sur la relation URSS-Éthiopie.

    26Ibidem, télégramme du 14 octobre 1980 de l’ambassade de Djibouti au ministère de la Défense sur la situation dans la Corne de l’Afrique.

    27Didier E. et Ménard J., op. cit., p. 39. En septembre 1977, l’Union Soviétique achemine par avions porteurs Antonov 48 chasseurs MiG 21 en pièces détachées. Au port d’Assab, l’URSS débarque des chars soviétiques T-55 et 28 camions équipés de lance-roquettes. Pomonti J.-C., « Moscou a livré 48 MiG 21 à l’Éthiopie », Le Monde, no 10155, septembre 1977, p. 4.

    28Archives nationales de France, Fonds Valéry Giscard d’Estaing, 5AG/5(3)/1246, dossier 1978, rapport no 123/SGDN/CAB/GPES/CD/, groupe permanant d’évaluation de situation.

    29Document secret d’un journal soudanais publié par Le Figaro, no 10168, juin 1977, p. 12.

    30« Addis-Abeba envisagerait d’envahir Djibouti », Le Figaro, no 10149, septembre 1977, p. 10.

    31Archives diplomatiques de La Courneuve, carton 8, sous chemise Afrique-Levant, Côte française Somalis, 1960-1970, sous chemise dj-5-7 : OUA.

    32Fontaine A., « il faut trouver une solution pacifique au problème de Djibouti », Le Monde, 9935, janvier 1977, p. 2.

    33Gaillard P., Foccart parle entretiens avec Philippe Gaillard, tome II, Paris, Fayard/Jeune Afrique, 1997, p. 164.

    34Suteau L., « La diplomatie navale au service du maintien de la paix : l’opération Saphir II et l’indépendance de Djibouti », Revue Stratégique, no 1, 2008, p. 195.

    35« « Le Clemenceau » arrive à Djibouti, « Le Tourville », La « Saône » l’accompagnent », Le Réveil de Djibouti, no 15, avril 1977, p. 1.

    36Le Réveil de Djibouti, no 15, sa, avril 1977, op. cit.

    37Suteau L., op. cit., p. 194.

    38Barthelemy J.-P. (dir.), Le Clemenceau : 1957-1997, Paris, Société de production éditoriale de Paris, 1997, p. 62.

    39Idem.

    40Suteau L., op. cit., p. 196.

    41Barthelemy J.-P., op. cit., p. 62.

    42Rapport d’information no 213 du Sénat fait au nom de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, à la suite d’une mission effectuée à Djibouti du 16 au 21 janvier 1983.

    43Le contrôle du détroit de Bab el-Mandeb est revendiqué par le Yémen du sud. Le 26 octobre 1973, il proclame sa souveraineté sur le détroit. En 1974, le Yémen du nord demande lui aussi, lors de la conférence des Nations unies sur le droit de la mer, que les navires de guerre sollicitent une autorisation, et deux ans plus tard il interdit le droit de navigation aérienne.

    44Balencie J.-M., La diplomatie navale française dans l’océan indien de 1967 à 1992, tome II, thèse de doctorat, université Pierre Mendes-France de Grenoble, 1992, p. 236.

    45Idem.

    46Barthelemy J.-P., op. cit., p. 62.

    47Le traité d’amitié et de coopération, l’accord de coopération économique et financière, l’accord domanial, la convention concernant le privilège d’émission monétaire, la convention concernant la gestion provisoire par le trésor, la convention provisoire de coopération en matière d’aéronautique civile.

    48Sénat, no 193, projet de loi, Le protocole provisoire fixant le stationnement des forces françaises sur le territoire de la république de Djibouti après l’indépendance et les principes de la coopération militaire, session extraordinaire de 1977-1978, p. 5.

    49Sénat, no 193, projet de loi, op. cit., p. 5.

    50Chaigneau P., La politique militaire de France en Afrique, Paris, CHEAM, 1984, p. 27.

    51La population djiboutienne est estimée à 300 000 habitants au moment des indépendances.

    52Entretien avec Yvon-Pierre Coppin, général de division aérienne, commandant des forces françaises stationnées à Djibouti de 1991 à 1993, le 8 juillet 2018.

    53Le réveil de Djibouti, no 18, 7 mai 1977.

    54Centre des archives diplomatiques de Nantes, Djibouti ambassade carton 201PO/1/1, chemise accords Franco-djiboutien, dossier général 1977-1978.

    55Ibid.

    56Chaigneau P., op. cit., p. 37.

    57Documents officiels et rapports parlementaires, fiches de travail du Stockholm International Peace Research Institute, juillet-septembre 1981.

    58Chaigneau P., op. cit., p. 34.

    59En janvier 1980, la France met 998 conseillers militaires au service des armées d’Afrique francophone, dont 132 pour l’armée gabonaise, 128 pour l’armée zaïroise ou 111 pour l’armée ivoirienne. Documents officiels et rapports parlementaires, fiches de travail du Stockholm International Peace Research Institute, juillet-septembre 1981.

    60Centre des archives diplomatiques de Nantes, Djibouti ambassade carton 201PO/1/1, chemise accords Franco-djiboutien, dossier général, 1977-1978.

    61La république de Djibouti est peuplée par 90 % de musulmans et adhère à la Ligue arabe dès son accession à l’indépendance et reçoit l’aide financière et matérielle de certains États arabes.

    Auteur

    Abel Lobry Bagnon

    Doctorant en histoire contemporaine au Centre de recherches en histoire internationale et atlantique (CRHIA), université de Nantes. Il prépare une thèse intitulée La présence militaire française à Djibouti de 1977 à 1994, sous la co-direction de Michel Catala et d’Aka Kouame en cotutelle entre l’université de Nantes et l’université UFHB d’Abidjan-Cocody.

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    1Vaisse M., La puissance ou l’influence ? La France dans le monde depuis 1958, Paris, Fayard, 2009, p. 292.

    2Vaisse M., op. cit., p. 377.

    3Service historique de la Défense, 7H 27, carton no 4 Somalie, le caractère international de la CFS : valeur stratégique. 1965.

    4Idem

    5Turpin F., Jacques Foccart : dans l’ombre du pouvoir, Paris, CNRS, 2015, p. 312. Michel Debré qui désapprouve l’indépendance de Djibouti affirme qu’« un coup pareil en pleine guerre froide, c’est livrer la Corne de l’Afrique aux Russes, leur faire cadeau d’un endroit stratégique », in Riva J.-L., Les enfants de Loyada : La prise d’otage de Loyada et l’indépendance de Djibouti, Paris, Nimrod, 2016, p. 25.

    6Archives diplomatiques de La Courneuve, Afrique Levant, Djibouti, Côte française des Somalis 1966-1970, carton 8, sous chemise Dj-5-7 : OUA.

    7Riva J.-L., op. cit., p. 28.

    8Riva J.-L., op. cit., p. 86.

    9Riva J.-L., op. cit., p. 5.

    10Turpin F., op. cit., p. 312.

    11Gaillard P., Foccart parle entretiens avec Philippe Gaillard, tome I, Paris, Fayard/Jeune Afrique, 1995, p. 258.

    12Discours télévisé à Moscou le 3 février 1978 de V. Sovinskiy, directeur du Service des relations publiques du ministère soviétique des Affaires étrangères sur la valeur stratégique de la Corne de l’Afrique pour l’Union soviétique.

    13Leymarie P., Océan Indien le nouveau cœur du monde, Paris, Karthala, 1981, p. 149.

    14Idem.

    15La Somalie aligne en une dizaine d’années de coopération une armée de soixante-cinq mille hommes, forte de de trois cents chars moyens de fabrication soviétique, trois cents véhicules blindés de transport ainsi que des missiles sol-air « S.A.2-3 ». Son aviation possède cinquante-cinq appareils de combats dont une escadrille dotée de douze MiG 21 et des escadrilles de chasseurs dotées de quarante MiG 17 et MiG 15. Didier E. et Ménard J., Rapport d’information fait au nom de commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées à la suite d’une mission effectuée à Djibouti du 16 au 21 janvier 1983, Sénat, no 213, p. 39.

    16Le général Syaad Barré, cité par Irène Jarry « La Grande Somalie », Le Figaro, no 10211, août 1977, p. 7.

    17Jarry I., « La Grande Somalie », Le Figaro, no 10211, août 1977, p. 7.

    18Archives diplomatiques de La Courneuve, carton 15, sous chemise Afrique-Levant 1960-1965 Djibouti (CFS), « Convention d’enquête de l’OUA sur la situation en CFS, juillet 1963-novembre 1965 ».

    19Libération, no 1067, juillet 1977, p. 9.

    20Depuis 1941, la Grande-Bretagne propose aux Nations unies de rattacher l’Ogaden au Somaliland. Les Soviétiques opposent leur veto. Avant son retrait du Kenya, la Grande-Bretagne organise une consultation de la population de la partie est du pays qui se déclare à 96 % pour le rattachement à la Somalie. Malgré ce choix, la Grande-Bretagne décide d’inclure le nord-est au district du Kenya. Depuis 1960 la Somalie réclame ce territoire. En 1967 la Somalie et le Kenya concluent un accord pour mettre fin à la revendication de la zone et à la lutte armée qui s’y déroule.

    21« Un poste kenyan attaqué par des éléments somalis », Libération, no 1067, juillet 1977, p. 9.

    22Moscou estime que la Somalie viole la charte de l’organisation de l’unité africaine (la nécessité de respecter les frontières coloniales).

    23Avec ses trente-deux millions d’habitants (contre quatre millions et demi en Somalie), l’Éthiopie est l’un des pays les plus peuplés d’Afrique. Il jouit sur le continent d’un prestige particulier, c’est le seul pays à avoir échappé aux vagues de colonisations. Il abrite le siège de l’Organisation de l’unité africaine (OUA).

    24Leymarie P., op. cit., p. 134.

    25Archives nationales de France, Fonds Valéry Giscard d’Estaing, 5AG/5(3)/1246, télégramme du 11 septembre 1980 de l’ambassade de Djibouti au ministère de la défense sur la relation URSS-Éthiopie.

    26Ibidem, télégramme du 14 octobre 1980 de l’ambassade de Djibouti au ministère de la Défense sur la situation dans la Corne de l’Afrique.

    27Didier E. et Ménard J., op. cit., p. 39. En septembre 1977, l’Union Soviétique achemine par avions porteurs Antonov 48 chasseurs MiG 21 en pièces détachées. Au port d’Assab, l’URSS débarque des chars soviétiques T-55 et 28 camions équipés de lance-roquettes. Pomonti J.-C., « Moscou a livré 48 MiG 21 à l’Éthiopie », Le Monde, no 10155, septembre 1977, p. 4.

    28Archives nationales de France, Fonds Valéry Giscard d’Estaing, 5AG/5(3)/1246, dossier 1978, rapport no 123/SGDN/CAB/GPES/CD/, groupe permanant d’évaluation de situation.

    29Document secret d’un journal soudanais publié par Le Figaro, no 10168, juin 1977, p. 12.

    30« Addis-Abeba envisagerait d’envahir Djibouti », Le Figaro, no 10149, septembre 1977, p. 10.

    31Archives diplomatiques de La Courneuve, carton 8, sous chemise Afrique-Levant, Côte française Somalis, 1960-1970, sous chemise dj-5-7 : OUA.

    32Fontaine A., « il faut trouver une solution pacifique au problème de Djibouti », Le Monde, 9935, janvier 1977, p. 2.

    33Gaillard P., Foccart parle entretiens avec Philippe Gaillard, tome II, Paris, Fayard/Jeune Afrique, 1997, p. 164.

    34Suteau L., « La diplomatie navale au service du maintien de la paix : l’opération Saphir II et l’indépendance de Djibouti », Revue Stratégique, no 1, 2008, p. 195.

    35« « Le Clemenceau » arrive à Djibouti, « Le Tourville », La « Saône » l’accompagnent », Le Réveil de Djibouti, no 15, avril 1977, p. 1.

    36Le Réveil de Djibouti, no 15, sa, avril 1977, op. cit.

    37Suteau L., op. cit., p. 194.

    38Barthelemy J.-P. (dir.), Le Clemenceau : 1957-1997, Paris, Société de production éditoriale de Paris, 1997, p. 62.

    39Idem.

    40Suteau L., op. cit., p. 196.

    41Barthelemy J.-P., op. cit., p. 62.

    42Rapport d’information no 213 du Sénat fait au nom de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, à la suite d’une mission effectuée à Djibouti du 16 au 21 janvier 1983.

    43Le contrôle du détroit de Bab el-Mandeb est revendiqué par le Yémen du sud. Le 26 octobre 1973, il proclame sa souveraineté sur le détroit. En 1974, le Yémen du nord demande lui aussi, lors de la conférence des Nations unies sur le droit de la mer, que les navires de guerre sollicitent une autorisation, et deux ans plus tard il interdit le droit de navigation aérienne.

    44Balencie J.-M., La diplomatie navale française dans l’océan indien de 1967 à 1992, tome II, thèse de doctorat, université Pierre Mendes-France de Grenoble, 1992, p. 236.

    45Idem.

    46Barthelemy J.-P., op. cit., p. 62.

    47Le traité d’amitié et de coopération, l’accord de coopération économique et financière, l’accord domanial, la convention concernant le privilège d’émission monétaire, la convention concernant la gestion provisoire par le trésor, la convention provisoire de coopération en matière d’aéronautique civile.

    48Sénat, no 193, projet de loi, Le protocole provisoire fixant le stationnement des forces françaises sur le territoire de la république de Djibouti après l’indépendance et les principes de la coopération militaire, session extraordinaire de 1977-1978, p. 5.

    49Sénat, no 193, projet de loi, op. cit., p. 5.

    50Chaigneau P., La politique militaire de France en Afrique, Paris, CHEAM, 1984, p. 27.

    51La population djiboutienne est estimée à 300 000 habitants au moment des indépendances.

    52Entretien avec Yvon-Pierre Coppin, général de division aérienne, commandant des forces françaises stationnées à Djibouti de 1991 à 1993, le 8 juillet 2018.

    53Le réveil de Djibouti, no 18, 7 mai 1977.

    54Centre des archives diplomatiques de Nantes, Djibouti ambassade carton 201PO/1/1, chemise accords Franco-djiboutien, dossier général 1977-1978.

    55Ibid.

    56Chaigneau P., op. cit., p. 37.

    57Documents officiels et rapports parlementaires, fiches de travail du Stockholm International Peace Research Institute, juillet-septembre 1981.

    58Chaigneau P., op. cit., p. 34.

    59En janvier 1980, la France met 998 conseillers militaires au service des armées d’Afrique francophone, dont 132 pour l’armée gabonaise, 128 pour l’armée zaïroise ou 111 pour l’armée ivoirienne. Documents officiels et rapports parlementaires, fiches de travail du Stockholm International Peace Research Institute, juillet-septembre 1981.

    60Centre des archives diplomatiques de Nantes, Djibouti ambassade carton 201PO/1/1, chemise accords Franco-djiboutien, dossier général, 1977-1978.

    61La république de Djibouti est peuplée par 90 % de musulmans et adhère à la Ligue arabe dès son accession à l’indépendance et reçoit l’aide financière et matérielle de certains États arabes.

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    Bagnon, Abel Lobry. « L’indépendance de Djibouti sous la protection militaire de la France, 1977-1982 ». In L’Europe et l’Afrique, édité par Michel Catala. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2020. https://doi.org/10.4000/13vuc.
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