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    Plan détaillé Texte intégral Le retour de la guerre civile au Congo en 1964-1965 La présence mercenaire au Congo en 1964-1965 Les mercenaires, une force d’élite ? Conclusion Notes de bas de page Auteur

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    Le retour des mercenaires au Congo, 1964-1965

    The return of Mercenaries to the Congo, 1964-1965

    Roseline Amenan Kouamé

    p. 15-28

    Résumés

    En décembre 1964, le Congo ex-belge plonge une nouvelle fois dans la violence. Dans la région du Kwilu et dans l’Est du pays, une rébellion lancée par les partisans de Patrice Lumumba progresse à grande vitesse et menace la capitale Léopoldville. L’armée nationale congolaise (ANC) en pleine réorganisation se montre incapable de venir à bout de cette rébellion. Le Premier ministre n’arrive pas à trouver l’aide militaire nécessaire auprès des alliés naturels du pays. Il se tourne alors vers les mercenaires. Ces derniers ont déjà fait leurs preuves dans la sécession du Katanga. Ce retour place les mercenaires en tête de ligne des opérations militaires dans le pays les faisant ainsi passer pour une force d’élite. Cet article présente l’action des mercenaires au Congo dans un contexte de guerre civile. L’intervention des mercenaires, leur capacité à faire tourner la victoire à leur avantage les place bien au-dessus de l’armée nationale congolaise. Une armée dont la faiblesse est la principale cause de ce retour mercenaire.

    In December 1964, the ex-Belgian Congo plunged once again into violence. In the Kwilu region and in the east of the country, a rebellion launched by supporters of Patrice Lumumba is advancing at high speed and threatening the capital Leopoldville. The Congolese national army (ANC) in the midst of reorganization has shown itself incapable of overcoming this rebellion. The Prime Minister is unable to find the necessary military aid from the country’s natural allies. He then turns to the mercenaries. The latter have already proven themselves in the secession of Katanga. The return puts mercenaries at the forefront of military operations in the country, making them appear to be an elite force. This paper presents the action of mercenaries in the Congo in the context of a civil war in the Congo. The intervention of the mercenaries, their ability to turn victory to their advantage, placed them well above the Congolese national army. An army whose weakness is the main cause of this mercenary return.

    Texte intégral Le retour de la guerre civile au Congo en 1964-1965 Les rébellions lumumbistes Une armée nationale faible et impuissante L’appel aux mercenaires La présence mercenaire au Congo en 1964-1965 Une force hétéroclite Une présence efficace sur le terrain Les mercenaires, une force d’élite ? Conclusion Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Depuis son accession à l’indépendance, le Congo ex-belge est familier des troubles et des conflits à répétition. Une situation qui fait du pays un territoire fertile pour les actions mercenaires. Les différents acteurs des conflits se tournent tous vers l’industrie mercenaire pour avoir sur le terrain des hommes aguerris au combat et susceptibles de faire basculer la situation en leur faveur. Tantôt appelé « les affreux », « les chiens de guerre » ou encore « les soldats de fortune », ils font partis du décor conflictuel du pays des années durant. C’est à croire que sans eux, il est impossible d’obtenir des résultats. Un fait qui suscite des interrogations sur l’efficacité des mercenaires au Congo.

    2Chassés du Congo par les forces de l’opération des Nations unies au Congo (ONUC) en 1963, les mercenaires sont très vite de retour. Une présence sollicitée et mise en place par le gouvernement de Léopoldville. Le chef de ce gouvernement n’est autre que l’ancien président sécessionniste du Katanga M. Moïse Tshombé qui jadis utilisa les « affreux » pour tenter de maintenir la sécession. Nommé Premier ministre du gouvernement central en juin 1964, il bat le rappel des « soldats de fortunes » à partir de juillet 1964. Les mercenaires prennent la tête des opérations et arrivent à endiguer la rébellion tout en libérant les otages européens et africains. Leur présence dans le conflit est un facteur de victoire, mais les propos avec lesquels leurs actions sont présentées prêtent à confusion sur la qualification réelle de ces soldats d’un autre genre. L’étude des faits de nature militaire permettront de déterminer si les mercenaires au Congo représentent une véritable force spéciale, ou si leur victoire s’insère tout simplement dans la conjoncture militaire du moment.

    Le retour de la guerre civile au Congo en 1964-1965

    3Entre 1964 et 1967, le Congo traverse une période trouble marquée par un climat politique et militaire instable. La situation politique tendue et la radicalisation de l’opposition congolaise donnent naissance à deux rébellions dans le Sud-Ouest et l’Est du pays. L’armée, instrument légitime de l’exercice de la violence et moyen d’assurer la sécurité, la défense et l’intégrité du territoire, se montre vite dépassée par les événements.

    Les rébellions lumumbistes

    4Le 31 décembre 1963, la rébellion des Maï-Maï éclate dans la région du Kwilu au sud-ouest du pays, conduite par Pierre Mulélé un ancien ministre du gouvernement Lumumba. Trois mois plus tard, un autre front est ouvert dans la région du Kivu qui donne naissance à la rébellion des Simba. Celle-ci est conduite par Gaston Soumialot et Nicolas Olenga mandatés par le Conseil national de libération (CNL)1. La jonction de ses deux rébellions aux buts similaires représente un péril vital pour le gouvernement de Léopoldville. L’armée nationale montre vite ses limites et son incapacité à contenir la rébellion, nécessitant ainsi le recrutement de mercenaires.

    5La rébellion du Kwilu débute par l’organisation des bases entre juillet et août 19632 dans les maquis situés dans la forêt. Pierre Mulélé recrute au sein de la paysannerie les jeunes sans emploi. La réussite de ce recrutement repose non seulement sur un endoctrinement marxiste bien rodé mais aussi sur un terreau social fertile. Les soldats de l’armée nationale ont créé un climat d’insécurité et de psychose au sein de la population. Ils mènent souvent des missions de « razzia » emportant tout le bétail et rackettant les populations déjà très pauvres. Quand le gouvernement provincial prend conscience du danger que représentent les maquis de Pierre Mulélé, il demande des renforts militaires. Mais ces troupes n’arrivent pas et seules les forces présentes dans la région font face à la situation. Les exactions de l’ANC poussent de plus en plus de jeunes à fuir dans le maquis. Le 31 décembre 1963, la première offensive est lancée contre tout ce qui représente l’autorité de Léopoldville dans la région. Mais, la rébellion du Kwilu restera finalement cantonnée dans le triangle Idiofa-Gungu-Kikwit.

    6Pendant ce temps, le Mouvement national congolais-Lumumba (MNC-K) et le CNL préparent leur rébellion en s’appuyant sur celle déclenchée dans le Kivu par les chefs Bafulero entre février et mars 1964. Gaston Soumialot envoyé dans la région pour monter cette opération prend attache avec « les jeunesses3 » MNC mais lui-même réside dans la capitale du Burundi d’où il dirige les opérations. Les jeunesses lumumbistes qui ont trouvé refuge dans ce pays constituent une base forte pour lancer les opérations militaires. Un de ses piliers est le général Olenga qui dirige la rébellion aux côtés de Gaston Soumialot4. La rébellion dans l’est est déclenchée dans la région d’Uvira à partir du 15 avril 19645. Très vite elle arrive à conquérir de larges régions du pays. Les villes de l’est sont prises les unes après les autres à commencer par Bukavu dès le 15 avril 1964. La ville est le foyer de gestation de la rébellion. Uvira tombe à son tour entre les mains des rebelles lumumbistes le 15 mai6. C’est à ce moment que Gaston Soumialot et Nicolas Olenga, rentrés au Congo, dirigent directement les opérations. Plus rien n’arrête la progression de la rébellion, et les provinces voisines sont à leur tour touchées.

    7Les jeunes et les populations défavorisées de l’est prennent facilement fait et cause pour la rébellion. La pression devient de plus en plus forte sur les garnisons militaires, les camps et les postes de police dans la région qui n’arrivent pas à contenir la poussée rebelle. Après le Kivu, c’est la Maniéma qui est gagné en moins de trois mois de combat. Le 15 juillet, la ville de Kindu est prise par un commando rebelle. Le 5 août, c’est Stanleyville, la capitale de la province orientale qui passe sous le contrôle des rebelles. À partir de ce moment tout s’enchaîne rapidement. Paulis, le chef-lieu du Haut-Uélé situé à 350 kilomètres au nord de « Stan », tombe le 19 août7 entre les mains des rebelles. L’ANC est débordée par la situation. La rébellion met une fois de plus à jour les insuffisances et les faiblesses de cette armée nationale que l’on croyait forte. Le Premier ministre qui pensait tout remettre en ordre est dépassé et contraint de recourir aux mercenaires.

    Une armée nationale faible et impuissante

    8Quand les rébellions éclatent dans l’Est du pays, l’armée nationale congolaise est en pleine restructuration et la mission des Nations unies au Congo (ONUC) s’apprête à retirer ses troupes du pays. Le gouvernement ne s’en inquiète pas car le chef d’état-major de l’ANC, le général Joseph Mobutu, est rassurant. Mais le Congo est en train de sombrer et les opérations de l’armée nationale s’avèrent insuffisantes et inefficaces contre l’avancée rebelle. Les premiers débordements montrent que l’ANC a du mal à restaurer la paix et mettre en échec ces rebelles dont la grande majorité est pourtant équipée d’armes traditionnelles.

    9Au début de la rébellion, dans la région du Kwilu, les bataillons présents arrivent dans un premier temps à circonscrire l’action. Mais, ils sont vite débordés par le nombre des rebelles. Le gouvernement provincial demande alors une aide au gouvernement central qui n’envoie pas des renforts militaires. À Bukavu, le colonel Mulamba, commandant de la zone, rencontre les mêmes difficultés. Bien qu’elles arrivent à tenir la ville, la situation est sur le point de changer car la pression est forte et le moral des troupes est au plus bas. Elles sont mal équipées et mal entrainées. La réorganisation dont parle tant l’état-major ne concerne en effet que quelques unités8. Seulement les parachutistes, des pilotes et une infime partie de l’armée de terre ont reçu une formation de qualité9. La majorité de l’armée se trouve toujours dans les mêmes conditions qu’en 1960. Les nombreux troubles et les multiples opérations de maintien de l’ordre qu’ils doivent supporter durant plusieurs années ont encore plus affaibli les soldats. Sur le terrain, les troupes évitent l’engagement direct avec les rebelles, non seulement à cause de la légende de leur invulnérabilité aux balles mais aussi à cause du manque de formation, d’entrainement et d’un armement adéquat. Les propos du chef d’état-major, Joseph Mobutu en dit long sur les stocks d’armes de l’armée, « il n’y a plus rien dans nos dépôts, il n’y a plus que cent fusils Mauser10 ». Le peu de matériel militaire qui reste aux mains de soldats est perdu souvent dans les combats. Les moyens logistiques manquent également et ce qui se trouve dans les casernes est réservé aux parachutistes qui assurent la sécurité de Léopoldville : une situation difficile pour une véritable réussite des opérations militaires de l’ANC.

    10Quand les soldats congolais rencontrent les « hordes de simba » ou entendent leur cri de guerre, « Maï-Mulè » (eau de Mulélé), ils prennent la fuite abandonnant souvent leurs armes et tout leur matériel militaire. D’autres préfèrent déserter et venir grossir les rangs des rebelles. Le manque de moyens de déplacement et surtout la difficulté pour les soldats congolais de mettre en œuvre le matériel militaire à disposition vient ajouter aux problèmes. Lors de son retrait en juin 1964, l’ONUC laisse à l’ANC tout son matériel roulant et logistique. Mais ces moyens sont insuffisants et le transport des troupes reste difficile. Le territoire national n’est pas entièrement couvert par l’armée. Le gouvernement préfère garder dans la capitale les bataillons para-commando mieux entraînés pour parer à toutes éventualités.

    L’appel aux mercenaires

    11Cette défaillance du premier instrument de défense et de sécurité du pays est la cause principale du recrutement des mercenaires. Moïse Tschombé sait qu’il ne peut pas compter sur l’armée nationale. Les tentatives pour faire intervenir les États étrangers ne donnent pas les résultats attendus. Ni le gouvernement belge, ni le gouvernement américain, ni aucun autre pays occidental n’est d’accord pour à faire intervenir ses propres forces. Les chefs d’États africains qui n’ont jamais vraiment aimé celui qu’ils considèrent comme un allié du néocolonialisme refusent d’intervenir au Congo. D’autant plus que la charte de l’Organisation de l’union africaine prône la souveraineté des États membres. La seule alternative qui reste au Premier ministre qui a promis aux populations de trouver des solutions est d’engager des mercenaires. Les anciens canaux de recrutements sont mis en alerte. Plusieurs vagues de mercenaires sont alors recrutées en Afrique du Sud, en Rhodésie et en Europe. Et en dernier recours, Moïse Tschombé rappelle ses anciennes forces stationnées en Angola. Il faut attendre en effet la fin de juillet pour que le Premier ministre honore sa promesse de renfort en envoyant à Bukavu une compagnie11. Mais ces premiers renforts ne sont pas des soldats de l’armée congolaise mais des gendarmes katangais, résidus de la sécession katangaise.

    12C’est grâce à la présence de ces derniers que le gouvernement central réussit à partir du mois d’août 1964 à reprendre la main et à entreprendre des actions fortes contre la coalition MNC/CNL. Dans l’organisation des opérations contre les rebelles, les soldats congolais viennent très souvent en seconde position dans les colonnes militaires et jouent un rôle de second plan dans la victoire sur les rebelles. Les mercenaires supportent le plus grand nombre de combats12. Sur le terrain, les forces congolaises restées seules sont incapables de tenir longtemps les positions acquises ; comme par exemple dans la région de Lisala-Bumba où les troupes de l’ANC censées tenir les positions conquises se replient devant les rebelles qui reprennent la région après le départ des mercenaires. À partir de 1965, les offensives deviennent difficiles pour l’ANC. Et les forces d’occupation doivent souvent céder du terrain devant les rebelles. Selon les auteurs de Congo 1965, dans les régions de Stanleyville et Kindu, plus aucune action véritable n’est entreprise contre les Simba13. Après le départ des mercenaires l’armée nationale se cantonne à la défensive.

    13Même s’il est vrai que les soldats congolais prennent une part active dans les combats contre la rébellion, ils sont toujours relégués au second plan. Seule l’action de l’état-major qui dirige les opérations est mentionnée. Mais même cet état-major est en réalité dominé et dirigé par le colonel Van Derwalle et son équipe, détachés auprès du Premier ministre congolais par le gouvernement belge. Il dirige les opérations militaires contre la rébellion. Ainsi, l’ANC elle-même occupe une place de second rang dans la victoire. L’armée congolaise fait une fois de plus étalage de sa faiblesse et de ses limites dans la lutte contre les rebelles de l’Est. Si les débuts de l’intervention contre les rebelles dans le Kivu donnent de bons résultats, ceux-ci sont vites remis en cause par la reprise du terrain par les rebelles. Mais les mercenaires sont-ils réellement plus performants que les autres forces armées du pays, plaçant les premiers dans une position confortable et favorable par rapport aux autres ? La participation des mercenaires est-elle un facteur essentiel de victoire, faisant de ces derniers une véritable force d’élite, ou cette victoire est-elle due à la conjoncture du moment ?

    La présence mercenaire au Congo en 1964-1965

    14Alors que la rébellion gagne du terrain dans l’Est du pays, les soldats de fortunes chassés du Congo en janvier 1963 sont de retour sur la scène militaire du pays dès le mois de juillet 1964. Ils sont présents durant toute la durée de la rébellion. Nombreux, ils sont de toutes origines et recrutés dans plusieurs pays d’Afrique et d’Europe. Ils se trouvent cette fois dans le camp légitime du gouvernement. Un retour qui les place dans une position de leader, au premier plan des actions militaires contre les simba et les Maï-Maï.

    Une force hétéroclite

    15À partir de juillet 1964, un grand nombre de mercenaires est recruté pour venir à bout des rebelles dans l’Est du Congo. Leur nombre ne sera jamais connu exactement, environ 600 à 700 à l’automne 1964, mais certainement un millier au total en comptant les renforts et les renouvellements14. En août 1964, les milieux diplomatiques de Johannesburg annoncent le départ d’un avion transportant une centaine de mercenaires pour Léopoldville15. Bob Denard est quant à lui rappelé en renfort en février 1965. Il recrute alors en France les hommes dont il a besoin pour constituer son bataillon16. De son côté, la CIA recrute des mercenaires anticastristes pour piloter les avions militaires T-28 et B-26 prêtés à l’ANC pour mener les opérations contre les rebelles. Le recrutement pour le compte du Congo ne cesse pas jusqu’en 1967 et la révolte des mercenaires.

    16Le recrutement continue et s’intensifie à partir de 1965 car sur le terrain le besoin d’hommes « frais » est plus qu’à l’ordre du jour. Dans les régions libérées, les troupes congolaises ont du mal à tenir les positions. Les mercenaires et Katangais quant à eux doivent supporter le plus gros des combats. Sans véritable répit, les soldats de fortune sont envoyés sur tous les fronts. En 1965, les anglophones du 5e commando (rhodésiens, sud-africains et autres) sont au nombre de 350 quand le 6e commando (francophone) compte dans ses rangs 287 hommes17. Mais la lassitude et le retard dans le payement des soldes entrainent des mutineries et des départs dans les rangs des soldats de fortune. À cela, s’ajoute le fait que les rebelles ont désormais un matériel de combat moderne russe et chinois acheminé via le Soudan et l’Ouganda18. De nouveaux mercenaires sont recrutés en Belgique à partir de 1965 sans que le gouvernement belge ne trouve à redire, alors qu’il disait jusque-là ne pas vouloir que les ressortissants belges soient recrutés comme mercenaires pour le Congo19. En août 1965, 250 mercenaires belges partent pour renforcer les forces à Bendera20.

    17Tous ces nombreux recrutements font de cette armée une force disparate. La composition même des unités et des bataillons reflète ce recrutement hétéroclite. Ce qui peut être perçue comme une faiblesse est un grand atout. La rivalité entre les différents groupes agit comme un moteur et amène les uns et les autres à mettre tout en œuvre pour la réussite de leur mission. Le 6e commando est constitué en majorité de français sous les ordres de Bob Denard. Le 5e commando anglophone est sous le commandement de Mike Hoare avant de passer sous celui d’un proche, John Peter21. Le 10e commando sous le commandement de Jean Schramme est essentiellement composé de mercenaires belges et de son bataillon Kasimba formé du temps où il était fermier. Cette disparité de nationalités et les rivalités existantes n’entravent pas l’efficacité des mercenaires dans les actions contre les rebelles. Ils font preuve d’une combativité et d’une détermination qui ont fait défaut aux soldats de l’ANC. Leur présence sur le champ des combats s’avère victorieuse.

    Une présence efficace sur le terrain

    18Quand ils arrivent au Congo à partir du mois de juillet 1964, les rebelles occupent pratiquement tout l’Est du pays et se trouvent non loin des voies menant à Léopoldville. Les populations blanches épargnées au début des opérations rebelles se trouvent directement menacées et prises en otage. Dans le but de délivrer ces otages en reprenant aux mains de rebelles les territoires conquis, plusieurs opérations sont montées à partir de novembre 1964. Les mercenaires ont pour tâche de reprendre les villes aux mains des rebelles mais aussi de sauver les otages européens et africains et de mettre fin à la rébellion. L’intervention des mercenaires permet aussi la libération des sites d’extraction et de production des matières premières. Ils accomplissent ces tâches avec efficacité, ce que les 29 000 hommes de l’ANC n’arrivaient pas à faire22. En moins de six mois, les mercenaires réussissent à reprendre aux rebelles les territoires sous leur contrôle. Albertville dans le Sud est reprise le 30 août, et le 15 septembre c’est Lisala dans le Nord qui est reprise aux assaillants23. Ces derniers se cachent dans la forêt et les brousses, alors que leurs chefs trouvent refuge à l’étranger.

    19Entre le 23 novembre et la fin du mois de décembre, les opérations de la 5e brigade motorisée de l’ANC constituée de mercenaires, de quelques soldats de l’assistance militaire belge et d’un millier de soldats katangais et congolais portent un coup fatal au système défensif des rebelles. Sur la route de Stanleyville, ils constituent ce que le colonel Frédéric Van Dewalle surnomme « la colonne de l’Ommegang », une opération de sauvetage des populations européennes otages des rebelles. Elle est subdivisée en deux colonnes, Lima I et Lima II24. Elle est appuyée par l’aviation et compte dans ses rangs 350 mercenaires25. Les soldats congolais dans les rangs de cette brigade ferment la marche. Leur rôle est de nettoyer et d’occuper le terrain une fois les villes reprises aux mains des rebelles. Les Sud-Africains et Rhodésiens du 5e commando constituent l’avant-garde de cette brigade, ce sont les troupes de choc26. Les « pelotons blindés du lieutenant Bero et Kowalski, un autre peloton d’armes lourdes27 » constituent une autre colonne. Les hommes de Jean Schramme se trouvent dans la colonne Lima II qui progresse sur les flancs de la 5e brigade mécanisée dans la région de Kongolo dans le secteur sud. Tous s’ébranlent vers Stanleyville, capitale de la rébellion où des centaines d’otages européens et américains sont détenus. Durant la progression, ils se montrent opérationnels et efficaces. Grâce à leur connaissance de la région28, ils arrivent à sauver plusieurs centaines d’otages. Plusieurs villes, villages hameaux sont également libérés29. Le 6 novembre Kindu est reprise par la colonne de l’Ommegang. Les pilotes belges et les Cubains anticastristes30 déposent le 21e bataillon de l’ANC sur l’aéroport de la ville. Ce dernier doit tenir garnison dans la ville pour empêcher les rebelles de revenir. Pour couvrir l’avancée de la colonne, les pilotes cubains arrêtent plusieurs convois de renfort rebelle comme celui envoyé par le commandant Okito pour reprendre Kindu. C’est grâce à cet appui aérien que les opérations mercenaires de Lima 1 et Lima 2 sont une véritable réussite. La flotte aérienne qui intervient est composée de globes master, des B26, C130, C133, T2831, des bimoteurs C47 qui sont stationnés sur l’aéroport de Kindu pris le 6 novembre 1964 par la colonne Lima I. Il y a également, trois hélicoptères H21, un DH Dove, un Curtiss C-46, quatre bombardiers Douglas B26K et un Flight T6G venu d’Ikéla piloté par le mercenaire belge Bracco32. Partis de Kamina le 1er novembre, la colonne de l’Ommegang entre à Stanleyville le 24, où les paras belges de l’opération « dragon rouge » sont déjà en mouvement. Le 9 décembre, Paulis au nord-est est occupée par les mercenaires partis de Bumba pour faire jonction avec ceux de Stanleyville. Ce peloton mercenaire libère environs 787 otages33.

    20Après la prise de Stanleyville, la situation devient plus compliquée pour les otages européens et africains. Sur la rive gauche de la ville, ils subissent de nombreuses atrocités. Les femmes, des bonnes sœurs pour la plupart, sont violées avant d’être mise à mort par leurs bourreaux. Le peloton Kowalski est chargé de leur porter secours. Mais à leur arrivée, ils ne sauvent que quelques rares survivants. Les rebelles ont fui dans la forêt34. De nombreux autres otages restent encore introuvables, certains se cachent dans la brousse quand d’autres trouvent refuge dans les mines abandonnées pour sauver leurs vies.

    21En décembre 1964, les rebelles sont chassés des grands centres et la majorité des otages est libérée. Mais, une grande partie du territoire est encore sous le contrôle des rebelles. Le gouvernement central décide de passer à une autre étape, couper les rebelles de leurs voies de ravitaillement35. La mission est une fois de plus confiée aux mercenaires. Les hommes de Mike Hoare ainsi que plusieurs autres groupements mercenaires s’en chargent. Entre le 15 et le 18 avril 1965, les mercenaires prennent Wamba, puis « Basoko (bouchon) pour la liaison fluviale Léo-Stan » suivie de Kalundu près d’Uvira et Kasongo au Maniema. Dans le triangle Bondo-Buta-Aketi, les mercenaires du 5e commando et les Belges appuient des commandos congolais et katangais pour briser la résistance dans l’Uélé36. Finalement, la région du Maniema longtemps désertée par les soldats de l’ANC est définitivement reprise en 1965 par les mercenaires de Jean Schramme. Bob Denard avec son 6e commando intervient dans la région du Nord-est où les rebelles retiennent encore des otages. En mars 1965, dans le secteur de Yangambi, Bob Denard et ses hommes réussissent à mettre en déroute les rebelles et à libérer plusieurs otages de la brousse37. Le Kivu est également reconquis par les mercenaires du Bataillon codoki38 commandé par Thadée Kowalsky en collaboration avec d’autres bataillons mercenaires et katangais. Les zones rebelles tombent les unes après les autres. Les rebelles isolés dans les brousses finissent par se rendre aux soldats katangais ou aux mercenaires. À la fin de 1965, l’essentiel de la rébellion est brisé et toute la province orientale est libérée.

    Les mercenaires, une force d’élite ?

    22De nombreux ouvrages39 présentent les mercenaires comme des soldats aux capacités supérieures. Si aucun document n’évoque à proprement parler une force d’élite, les propos élogieux et les expressions employées pour décrire les mercenaires et leurs exploits sont parlants. Selon Anthony Mockler, une partie de l’opinion publique européenne admire ces hommes : « une poignée de mercenaires blancs avait mis en déroute des milliers de sauvages noirs40… ». Les mercenaires eux-mêmes tentent d’écrire leur légende dans leurs mémoires où ils font étalage de leur force et de leur héroïsme. Comme Bob Denard, ils se font appeler « volontaire » et non « mercenaire », un terme qu’ils trouvent dégradant. Ils ne se considèrent pas comme de vulgaires individus qui vendent leurs services pour de l’argent mais plutôt comme des sauveurs luttant pour l’instauration d’un monde juste. Bob Denard ne le cache pas, lui qui se dit « corsaire de la République » française. Dans son ouvrage, il fait le récit de ses exploits, de ceux de son 1er choc et du 6e codo. Des prouesses qui font penser à une force supérieure. Le récit de l’intervention de son 1er choc dont il est le commandant dans la région de Yangambi illustre le sentiment de supériorité des mercenaires41. Et de poursuivre par d’autres missions où les mercenaires jouent le bon rôle et tiennent la vedette. Les troupes africaines qui sont incorporées au 1er choc sont peu mentionnées dans ses mémoires42, quelques passages parlent des soldats Katangais tout au plus. L’armée congolaise est totalement inexistante dans son récit. Jean Schramme également ne fait aucun cas des soldats congolais qui pourtant tiennent malgré tout un rôle dans ces libérations. Il présente son action et celle des autres mercenaires avec des propos forts élogieux, présentés comme des sauveurs, ceux qui viennent pour surmonter les situations difficiles. Mais aussi comme des protecteurs de l’ordre établi. À la lecture de son ouvrage, ce que l’on retient de la présence mercenaire, c’est qu’elle est un facteur essentiel de la victoire. Même s’il ne le dit pas, la description qu’il fait de l’intervention de son bataillon et de son action dans le Maniema est parlante43. Quand les soldats congolais sont mentionnés, c’est pour montrer leur faiblesse. Seuls sont évoqués les soldats katangais, ses alliés.

    23L’intervention des mercenaires au Congo contre les rébellions lumumbistes est largement médiatisée. Dans la presse comme dans les consulats ou les ambassades un débat se tient sur la question de la présence des mercenaires au Congo et sur leurs actions sur le terrain. Leurs réussites sont connues de tous. Mais cette efficacité suffit-elle à présenter les soldats de fortune comme une force d’élite ? Certains éléments viennent battre quelque peu en brèche cette image élitiste des mercenaires au Congo.

    24Dans l’exécution de leur mission, ils n’hésitent pas à appliquer des solutions systématiques et démesurées. Dans son texte sur l’intervention militaire de l’Est, Jacques Le Bailly décrit des actes de massacre. « Il ne reste pas âme qui vive derrière eux, il ne reste pas âmes qui vivent44. » « Ils brûlent tout sur leur passage. [Et] les rares noirs qui déambulent sont canardés comme des chiens. Les mercenaires tuent tout ce qui vit et qui est noir dans les villages traversés45. » Le témoignage d’un autre mercenaire en 1967 vient confirmer ces propos. « Lorsque nous pénétrons dans les zones rebelles, nous faisons rarement des prisonniers. Nous abattons proprement […]. Nous tuons proprement, nous rafalons à ce moment-là à gauche et à droite, nous balayons46. » Et Le Bailly, un ancien journaliste devenu mercenaire au Congo par la force des choses, d’ajouter : « chaque case était arrosée à la mitraillette vigneron, puis les mercenaires jetaient une ou deux grenades pour la forme, en fin y mettaient le feu47 ». Tout cela, sans même prendre le temps de vérifier s’ils s’y trouvent quelques villageois innocents.

    25La manière même dont sont composés les bataillons et les opérations relèvent souvent de l’improvisation. De nombreux mercenaires n’ont pas une véritable formation militaire ou sont des repris de justice. Les mercenaires « d’Europe, ou d’Afrique du Sud, viennent offrir leurs services pour des motifs qui ne sont pas toujours ceux de purs idéalistes48 ». Le soldat d’élite, c’est un militaire qui sort du lot par sa formation et sa capacité à gérer les situations complexes. Ce qui n’est pas le cas pour les mercenaires, qui voient souvent tous les noirs comme des rebelles. En témoigne les nombreux massacres dans les villages traversés. Ils ne sont pas engagés dans un combat sur ordre de leur gouvernement. Ils servent d’abord une cause personnelle. Certains comme le colonel Latini, un belge engagé dans le 5e commando, a pris la nationalité rhodésienne par mépris pour son pays. D’autres se battent pour des causes qu’ils disent idéologiques mais sans rapport avec leur nation ou gouvernement. C’est le cas de Jean Schramme qui dit se battre pour le Congo, pour préserver le pays des dangers du communisme. Seul Bob Denard semble vraiment servir une cause nationale, celle de la France, comme en témoignent ses accointances avec le ministère des Affaires africaines et malgaches49.

    26Un autre fait vient également mettre à jour les faiblesses des mercenaires. Il s’agit de l’improvisation de leurs opérations, facteur qui explique les nombreuses pertes en vies humaines qu’ils rencontrent lors de leur sortie contre les rebelles. À la différence des actions des forces spéciales où d’élite, les mercenaires se lancent dans l’action sur le terrain sans véritable préparation. Dès le début de l’intervention en juillet 1964, les mercenaires font face à de nombreux échecs. Ils tombent dans les embuscades des rebelles et doivent battre en retraite. Alors qu’elle doit intervenir contre les rebelles le 4 avril dans la région d’Aketi et Bumba, la colonne du 1er choc tombe dans des embuscades où elle perd des hommes. Les opérations sont exécutées sans aucune préparation préalable. Cela explique le nombre de mort que Bob Denard enregistre dans son groupement, ce qui nécessite un nouveau recrutement de mercenaires pour combler le déficit en hommes50. Le 7 avril également, Bob Denard perd également deux hommes51 en tombant dans une embuscade qu’il aurait pu éviter si l’opération avait été préparée avec plus de sérieux. Tout cela montre combien les mercenaires qu’ils soient africains ou européens agissent dans l’improvisation complète au Congo.

    27Les mercenaires tiennent également leur succès de l’utilisation d’un armement moderne, aussi limité soit-il, mais qui joue un rôle décisif dans les batailles. Ce matériel militaire est fourni par différents pays occidentaux. Combiné à l’action des groupements mobiles sous les ordres d’un état-major compétent, il permet de faire la différence. Il se compose essentiellement d’avions, « 6 T6, de l’ancienne force publique, 6 T28 provenant de l’aide américaine, 4 H21 et 1 Sirkosky, 7 B26, 1 DC3, 1 Breacharft ». À ce matériel volant, il faut ajouter, « 4 T6, 1 Héron, 1 Austen, 3 Pippers de l’US Air force et 4 DC13052 ». Plusieurs vedettes sont mises à disposition par le gouvernement américain pour patrouiller sur le fleuve. Elles sont pilotées par les agents de la société Wigmo mis à disposition comme soldats de fortune par la CIA. Cet armement, seuls les mercenaires arrivent à s’en servir convenablement.

    Conclusion

    28Les mercenaires remportent de nombreuses victoires en 1964 et 1965 et leur présence au Congo participe au retour d’une relative stabilité dans plusieurs régions de l’Est du pays. Si les rebelles ne sont pas tous vaincus, leur champ d’action est désormais limité. Ils résistent même au changement de régime et de gouvernance. Le nouveau président Joseph Mobutu les garde à son service après son coup d’État de 1965. Pour maintenir ces régions dans un semblant de stabilité, il doit collaborer avec les mercenaires, s’appuyant beaucoup sur Bob Denard. En 1966, ils assurent l’ordre dans ces régions et continuent leur mission de pacification et d’occupation des zones libérées. Mais ils se soulèvent en juillet 1967 contre le gouvernement de Léopoldville (devenue Kinshasa), une rébellion connue sous le nom de la révolte des mercenaires de Mobutu53. Cette dernière vient balayer le mythe de grandeur que le public pouvait encore conserver sur les « soldats de fortune ».

    29La présence mercenaire au Congo soulève de nombreuses interrogations. Ils sont très présents durant les trois premières années de l’indépendance du pays. Les troupes de la mission des Nations unies au Congo (ONUC) s’impliquent fortement pour débarrasser le pays de ces soldats de fortune. Mais moins de deux années après leur renvoi du pays, les « affreux du Katanga » et de nombreux autres mercenaires sont de retour. Un retour motivé par la dégradation de l’environnement sécuritaire et militaire du pays. La naissance et la propagation des rébellions Simba et Maï-Maï dans l’est du pays en 1964 sont à l’origine de ce climat. Une fois de plus, l’armée nationale congolaise se montre incapable de répondre aux attentes du gouvernement et de la population. La seule solution est de faire revenir les mercenaires qui jadis ont combattu contre l’armée nationale et le gouvernement central du Congo. Il faut attendre l’intervention de quelques centaines de mercenaires pour sauver le pays de la menace rebelle.

    30Mais les mercenaires en dépit de leur force ne sont pas des soldats d’élite. Les massacres, les nombreuses bavures, « les refus d’obéissance, les mutineries, les extravagances de toutes sortes54 », montrent le véritable caractère de ces mercenaires, certes courageux, mais dont l’argent reste la motivation principale. Ce que l’on peut retenir de cette intervention mercenaire au Congo, c’est que l’improvisation en est le maître mot. Une situation qui entraine de nombreux massacres et violations des droits de l’homme les plus élémentaires. Les mercenaires aussi bien que les soldats congolais se rendent tous coupables de massacres et d’exactions sur les civils et même sur les rebelles capturés. L’action des mercenaires au Congo s’inscrit dans l’histoire conflictuelle de l’Afrique post-coloniale. Ils sont tout simplement un palliatif à la faiblesse de l’armée nationale congolaise qui cherche encore à se construire.

    Notes de bas de page

    1Les anciens partisans de Patrice Lumumba (Mouvement national congolais, Patri solidaire africain, etc.) créent en octobre 1963 à Léopoldville le Conseil national de libération du Congo.

    2Gerard-Libois J. et Verhaegen B., Congo 1963, Bruxelles, CRISP, 1964, et Congo 1964, Bruxelles, CRISP, 1965, font démarrer le conflit aux alentours du mois de juillet avec le retour de Pierre Mulélé, tout comme les documents diplomatiques. La presse quant à elle situe ce début vers le mois de septembre.

    3Le terme désigne les jeunes du MNC et de tous les partis dont la situation se radicalise après la mort de Patrice Lumumba. Elles constituent les bases des armées rebelles.

    4C’est avec ces deux derniers que « la rébellion acquerra sa forme et son impulsion décisives ». Verhaegen Benoît, « Les rebellions populaires de 1964 », Cahiers d’Études africaines, no 26, 1967, p. 345-359.

    5Les populations, très fragilisées par le chômage, réclament plus de libertés. Elles revendiquent auprès du gouvernement provincial et national des solutions non seulement à cette situation mais aussi la fin des atrocités de l’ANC. La chefferie Bafulero est en guerre ouverte contre l’administration provinciale.

    6Vander Linden J. et al., Du Congo au Zaïre 1960-1980, essai de Bilan, Bruxelles, CRISP, s. d., p. 125.

    7« Stanleyville, la plus grande prise d’otage du xxe siècle », [https://www.lalibre.be/internationale/il-y-a-50-ans], consulté le 21 mars 2017.

    8Service historique de la Défense nationale Vincennes (SHD), série GR, dossier 14S 292, attaché militaire à l’ambassade de France au Congo, « Rapport de fin de mission de mission », no 171 CNL/FA/CD, du 15 septembre 1967, p. 7.

    9Gerard-Libois J. et Verhaegen B., Congo 1963, op. cit.

    10Joseph Mobutu, cité par Tschombé M., Quinze mois de gouvernement du Congo, Paris, La Table ronde, 1966, p. 41.

    11Gerard-Libois J. et Van Lierde J., Congo 1965, Bruxelles, CRISP, 1966, p. 43-47.

    12La presse n’est pas dupe, par exemple lors de la reprise de Bunia. « Sous le commandement du colonel Benezeth, Kabenga de Bukavu, une petite unité de commandos congolais appuyé par un peloton de volontaires sud-africains et un autre groupe de mercenaires du Kivu a pris la localité de Bunia le 1er décembre. » Le Soir, 6-7 décembre 1964, « le nombre des Européens libéré dans la région de Bunia s’élève à 241 », p. 2.

    13Gérard-Libois J. et Van Lierde J., Congo 1965, Bruxelles CRISP, s. d., p. 43-47.

    14Agir-ici survie, France-Zaïre-Congo 1960-1997, échec aux mercenaires, Paris, L’Harmattan, Dossiers noirs de la Politique africaine de la France, no 9, 1997, p. 24. Quant aux observateurs belges, ils avancent le chiffre de 600 volontaires blancs. SHD, série T carton 10 T764, SDECE, « Point sur les mercenaires au Premier ministre de France », D 37078/N du 20 novembre 1964.

    15SHD, série GR9Q5/108, carton 10T764, « SDECE, Congo Léopoldville », Réf. D351134/N, du 21 août 1964.

    16Bruyères-Ostells W., Dans l’ombre de Bob Denard, les mercenaires français de 1960 à 1989, Paris, Nouveau monde, 2014.

    17Gérard-Libois J. et Van Lierde J., Congo 1965, op. cit., p. 50.

    18Rapport inédit d’un conseiller au QG de l’ANC, extrait inédit, cité in Congo 1965, op. cit., p. 48.

    19« Le gouvernement belge a demandé qu’on ne fasse pas appel à des mercenaires belges. » Archives du ministère des Affaires étrangères de Belgique, dossier 18882VI, Liasse 12/2/2, « Mémorandum », 12 février 1965.

    20Gerard-Libois J. et Van Lierde J., Congo 1965, op. cit., p. 49-50.

    21John Peters, un vétéran ou un déserteur du British Special Air Service.

    22En 1964, l’armée nationale congolaise compte entre 25 000 et 29 000 hommes.

    23Verhaegen B., « Les rébellions populaires au Congo en 1964 », art. cité, p. 348.

    24Lima II est constitué de mercenaires sud-africains et rhodésiens qui forment le 5e commando et Lima I n’est autre que le 6e commando sous les ordres d’un mercenaire français, Franqui, avant de passer sous celui de Bob Denard à partir de novembre 1965.

    25« Histoire de l’ommegang, l’épopée des colonnes de l’ommegang commandées par le colonel BEM Frédéric Vanderwalle », [Compagnons-ommegang.com], consulté le 10 février 2013.

    26Sonk J.-P., « Congo 1964-1965, l’appui aérien aux opérations de reconquête », « Création de la 5e brigade mécanisée », [http://www.orbspatrianostra.com/ops/ops-congo/sonck-appuiaerien.html], consulté le 2 octobre 2017.

    27Ibid.

    28Beaucoup sont des anciens officiers ou soldats de la Force Publique qui ont démissionné après l’indépendance pour s’engager comme mercenaires dans les rangs de la gendarmerie Katangaise en août 1960.

    29Sur la question consulter le site [http://www.orbspatrianostra.com/ops/ops-congo/sonckappui-aerien.html] où mercenaires et anciens para du Congo relatent les souvenirs de guerre et des opérations militaires.

    30Les 18 mercenaires cubains recrutés par la CIA doivent libérer les diplomates, prêtes et citoyens américains pris en otage dans l’Est du Congo.

    31Honorin M., « Horreurs et duperies congolaises », Historia, no 406 bis, spécial mercenaire, 1996, p. 41-53, p. 44.

    32Sonk J.-P., art. cité.

    33Le chef des mercenaires anglophones Mike Hoare est prié par le gouvernement de Grande-Bretagne de se rendre à Yakusu pour porter secours à neuf Anglais pris en otage par les rebelles. Plusieurs opérations de ce genre sont organisées dans tout l’est du pays.

    34Sonk J.-P., art. cité, p. 5 Et Honorin M., « Horreurs et duperies congolaises », art. cité, p. 46.

    35Il existe dans les centres libérés des poches de résistances d’où des actions sont montées contre l’ANC. Dans les centres plus reculés et dans les villages, les rebelles gardent l’essentiel de leur force et de leur armement grâce à un bon ravitaillement.

    36Gerard-Libois J. et van Lierde J., Congo 1965, op. cit., p. 50.

    37Archives inédites de Marc Robyn ancien du Katanga et du Congo, « 1er choc RD-Congo, 1965-1966 », p. 1.

    38Bataillon commando du Kivu.

    39Schramme J., Le bataillon léopard. Souvenir d’un Africain blanc, Paris, Robert Laffont, 1969.

    40Mockler A., Histoire des mercenaires, Paris Stock, 1969.

    41Denard B., Le corsaire de la République, Paris, Robert Laffont, 1998, p. 179.

    42Ibid., p. 179 et p. 182-183.

    43Ses propos lors d’une opération contre les rebelles dans le secteur de Mazemeno dans le Maniema, sont parlants « […] nous allons rester 24 heures sur ce carrefour, pour bien montrer aux Simba que nous sommes les plus forts », « fer de lance de l’ANC, rénovée, nous étions un peu une armée dans l’armée ». Jean Schramme, op. cit., p. 180 et p. 141. À la page 140, il n’évoque pas les soldats congolais au sein de l’Ommegang. Il annonce plutôt que la 5e brigade mécanisée est composée de mercenaires (volontaires) et de cinq mille soldats katangais.

    44Honorin M., « Horreur et duperies congolaises », art. cité, p. 44.

    45Voir à ce sujet, les vidéos sur l’intervention mercenaire au Congo en 1964, sur [https://www.youtube.com/watch?v=_ndf8_sIL3c], [https://www.youtube.com/watch?v=iHgA7Slfd-s] « Mike Hoare’s The 5th Commando ».

    46Honorin M., art. cité.

    47Jacques Le Bailly, cité par Lantier J., Le temps des mercenaires, Loos-lez-Lille, édition des Petits-fils de Léonard Danel, 1967, p. 199.

    48SHD, série GR, dossier, 14S 292, Ambassade de France au Congo, « Rapport annuel, 1964, no 29/AM, Exemplaire 1/7 », Léopoldville, le 25 janvier 1965, p. 12.

    49Denard B., op. cit., p. 174.

    50Ibid., p. 200-201.

    51Ibid., p. 182.

    52SHD, série GR, dossier 14S292, Attaché militaire des Forces armées de France, « Rapport annuel 1964 », no 29/AM, 25 janvier 1965, p. 1.

    53Bruyeres-Ostells W., « La révolte des mercenaires contre Mobutu en 1967 », Guerres mondiales et conflits contemporaines, no 247, 2012/3, p. 91-104.

    54Lantier J., op. cit., p. 201.

    Auteur

    Roseline Amenan Kouamé

    Doctorante en histoire contemporaine au Centre de recherches en histoire internationale et atlantique (CRHIA), université de Nantes. Elle prépare une thèse intitulée les mercenaires dans les guerres civiles en Afrique, le cas du Congo-Zaïre 1960-1997, sous la co-direction de Michel Catala et d’Aka Kouamé en cotutelle entre l’université de Nantes et l’université UFHB d’Abidjan-Cocody.

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    1Les anciens partisans de Patrice Lumumba (Mouvement national congolais, Patri solidaire africain, etc.) créent en octobre 1963 à Léopoldville le Conseil national de libération du Congo.

    2Gerard-Libois J. et Verhaegen B., Congo 1963, Bruxelles, CRISP, 1964, et Congo 1964, Bruxelles, CRISP, 1965, font démarrer le conflit aux alentours du mois de juillet avec le retour de Pierre Mulélé, tout comme les documents diplomatiques. La presse quant à elle situe ce début vers le mois de septembre.

    3Le terme désigne les jeunes du MNC et de tous les partis dont la situation se radicalise après la mort de Patrice Lumumba. Elles constituent les bases des armées rebelles.

    4C’est avec ces deux derniers que « la rébellion acquerra sa forme et son impulsion décisives ». Verhaegen Benoît, « Les rebellions populaires de 1964 », Cahiers d’Études africaines, no 26, 1967, p. 345-359.

    5Les populations, très fragilisées par le chômage, réclament plus de libertés. Elles revendiquent auprès du gouvernement provincial et national des solutions non seulement à cette situation mais aussi la fin des atrocités de l’ANC. La chefferie Bafulero est en guerre ouverte contre l’administration provinciale.

    6Vander Linden J. et al., Du Congo au Zaïre 1960-1980, essai de Bilan, Bruxelles, CRISP, s. d., p. 125.

    7« Stanleyville, la plus grande prise d’otage du xxe siècle », [https://www.lalibre.be/internationale/il-y-a-50-ans], consulté le 21 mars 2017.

    8Service historique de la Défense nationale Vincennes (SHD), série GR, dossier 14S 292, attaché militaire à l’ambassade de France au Congo, « Rapport de fin de mission de mission », no 171 CNL/FA/CD, du 15 septembre 1967, p. 7.

    9Gerard-Libois J. et Verhaegen B., Congo 1963, op. cit.

    10Joseph Mobutu, cité par Tschombé M., Quinze mois de gouvernement du Congo, Paris, La Table ronde, 1966, p. 41.

    11Gerard-Libois J. et Van Lierde J., Congo 1965, Bruxelles, CRISP, 1966, p. 43-47.

    12La presse n’est pas dupe, par exemple lors de la reprise de Bunia. « Sous le commandement du colonel Benezeth, Kabenga de Bukavu, une petite unité de commandos congolais appuyé par un peloton de volontaires sud-africains et un autre groupe de mercenaires du Kivu a pris la localité de Bunia le 1er décembre. » Le Soir, 6-7 décembre 1964, « le nombre des Européens libéré dans la région de Bunia s’élève à 241 », p. 2.

    13Gérard-Libois J. et Van Lierde J., Congo 1965, Bruxelles CRISP, s. d., p. 43-47.

    14Agir-ici survie, France-Zaïre-Congo 1960-1997, échec aux mercenaires, Paris, L’Harmattan, Dossiers noirs de la Politique africaine de la France, no 9, 1997, p. 24. Quant aux observateurs belges, ils avancent le chiffre de 600 volontaires blancs. SHD, série T carton 10 T764, SDECE, « Point sur les mercenaires au Premier ministre de France », D 37078/N du 20 novembre 1964.

    15SHD, série GR9Q5/108, carton 10T764, « SDECE, Congo Léopoldville », Réf. D351134/N, du 21 août 1964.

    16Bruyères-Ostells W., Dans l’ombre de Bob Denard, les mercenaires français de 1960 à 1989, Paris, Nouveau monde, 2014.

    17Gérard-Libois J. et Van Lierde J., Congo 1965, op. cit., p. 50.

    18Rapport inédit d’un conseiller au QG de l’ANC, extrait inédit, cité in Congo 1965, op. cit., p. 48.

    19« Le gouvernement belge a demandé qu’on ne fasse pas appel à des mercenaires belges. » Archives du ministère des Affaires étrangères de Belgique, dossier 18882VI, Liasse 12/2/2, « Mémorandum », 12 février 1965.

    20Gerard-Libois J. et Van Lierde J., Congo 1965, op. cit., p. 49-50.

    21John Peters, un vétéran ou un déserteur du British Special Air Service.

    22En 1964, l’armée nationale congolaise compte entre 25 000 et 29 000 hommes.

    23Verhaegen B., « Les rébellions populaires au Congo en 1964 », art. cité, p. 348.

    24Lima II est constitué de mercenaires sud-africains et rhodésiens qui forment le 5e commando et Lima I n’est autre que le 6e commando sous les ordres d’un mercenaire français, Franqui, avant de passer sous celui de Bob Denard à partir de novembre 1965.

    25« Histoire de l’ommegang, l’épopée des colonnes de l’ommegang commandées par le colonel BEM Frédéric Vanderwalle », [Compagnons-ommegang.com], consulté le 10 février 2013.

    26Sonk J.-P., « Congo 1964-1965, l’appui aérien aux opérations de reconquête », « Création de la 5e brigade mécanisée », [http://www.orbspatrianostra.com/ops/ops-congo/sonck-appuiaerien.html], consulté le 2 octobre 2017.

    27Ibid.

    28Beaucoup sont des anciens officiers ou soldats de la Force Publique qui ont démissionné après l’indépendance pour s’engager comme mercenaires dans les rangs de la gendarmerie Katangaise en août 1960.

    29Sur la question consulter le site [http://www.orbspatrianostra.com/ops/ops-congo/sonckappui-aerien.html] où mercenaires et anciens para du Congo relatent les souvenirs de guerre et des opérations militaires.

    30Les 18 mercenaires cubains recrutés par la CIA doivent libérer les diplomates, prêtes et citoyens américains pris en otage dans l’Est du Congo.

    31Honorin M., « Horreurs et duperies congolaises », Historia, no 406 bis, spécial mercenaire, 1996, p. 41-53, p. 44.

    32Sonk J.-P., art. cité.

    33Le chef des mercenaires anglophones Mike Hoare est prié par le gouvernement de Grande-Bretagne de se rendre à Yakusu pour porter secours à neuf Anglais pris en otage par les rebelles. Plusieurs opérations de ce genre sont organisées dans tout l’est du pays.

    34Sonk J.-P., art. cité, p. 5 Et Honorin M., « Horreurs et duperies congolaises », art. cité, p. 46.

    35Il existe dans les centres libérés des poches de résistances d’où des actions sont montées contre l’ANC. Dans les centres plus reculés et dans les villages, les rebelles gardent l’essentiel de leur force et de leur armement grâce à un bon ravitaillement.

    36Gerard-Libois J. et van Lierde J., Congo 1965, op. cit., p. 50.

    37Archives inédites de Marc Robyn ancien du Katanga et du Congo, « 1er choc RD-Congo, 1965-1966 », p. 1.

    38Bataillon commando du Kivu.

    39Schramme J., Le bataillon léopard. Souvenir d’un Africain blanc, Paris, Robert Laffont, 1969.

    40Mockler A., Histoire des mercenaires, Paris Stock, 1969.

    41Denard B., Le corsaire de la République, Paris, Robert Laffont, 1998, p. 179.

    42Ibid., p. 179 et p. 182-183.

    43Ses propos lors d’une opération contre les rebelles dans le secteur de Mazemeno dans le Maniema, sont parlants « […] nous allons rester 24 heures sur ce carrefour, pour bien montrer aux Simba que nous sommes les plus forts », « fer de lance de l’ANC, rénovée, nous étions un peu une armée dans l’armée ». Jean Schramme, op. cit., p. 180 et p. 141. À la page 140, il n’évoque pas les soldats congolais au sein de l’Ommegang. Il annonce plutôt que la 5e brigade mécanisée est composée de mercenaires (volontaires) et de cinq mille soldats katangais.

    44Honorin M., « Horreur et duperies congolaises », art. cité, p. 44.

    45Voir à ce sujet, les vidéos sur l’intervention mercenaire au Congo en 1964, sur [https://www.youtube.com/watch?v=_ndf8_sIL3c], [https://www.youtube.com/watch?v=iHgA7Slfd-s] « Mike Hoare’s The 5th Commando ».

    46Honorin M., art. cité.

    47Jacques Le Bailly, cité par Lantier J., Le temps des mercenaires, Loos-lez-Lille, édition des Petits-fils de Léonard Danel, 1967, p. 199.

    48SHD, série GR, dossier, 14S 292, Ambassade de France au Congo, « Rapport annuel, 1964, no 29/AM, Exemplaire 1/7 », Léopoldville, le 25 janvier 1965, p. 12.

    49Denard B., op. cit., p. 174.

    50Ibid., p. 200-201.

    51Ibid., p. 182.

    52SHD, série GR, dossier 14S292, Attaché militaire des Forces armées de France, « Rapport annuel 1964 », no 29/AM, 25 janvier 1965, p. 1.

    53Bruyeres-Ostells W., « La révolte des mercenaires contre Mobutu en 1967 », Guerres mondiales et conflits contemporaines, no 247, 2012/3, p. 91-104.

    54Lantier J., op. cit., p. 201.

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