Enquête autour d’un document : le recensement de la population de gens de mer d’après les registres matricules du département maritime nantais au xviiie siècle
p. 171-185
Texte intégral
1Cet article contient en substance les résultats d’une recherche préliminaire concernant le recensement des gens de mer de la rivière de Loire au XVIIIe siècle. En schématisant, cette « rivière de Loire », telle qu’on la trouve nommée dans les sources1, correspond à toute la partie basse de la Loire, en aval de Nantes, et intègre un espace compris entre les rives du bourg de Saint-Nazaire, la rade de Mindin et le pourtour nantais. Au-delà de ce cadre géographique, nous nous proposons d’effectuer un éclairage plus large en nous intéressant au recensement des effectifs des gens de mer du département maritime nantais tel qu’il est défini et redéfini au XVIIIe siècle2.
2L’histoire négrière de Nantes occulte de nombreux aspects de l’histoire maritime et commerciale de la ville qui ont fait d’elle l’un des plus grands ports français du XVIIIe siècle. Le facteur humain a été étudié dans son aspect capitaliste et familial pour les classes négociantes, en revanche peu de conclusions nous ont été livrées quant à la main-d’œuvre qui composait les navires armés par les Nantais. C’est pourtant bien ces gens de mer3, étant ce que le charbon est au bateau à vapeur plus d’un siècle plus tard, qui, par leur nombre et leur savoir-faire, rendent possible l’armement des navires de commerce et de la Royale.
3Les gens de mer font l’objet d’un intérêt particulier sous Colbert qui met en place, par les ordonnances de 1681 et 1689, un statut des gens de mer connu sous le nom de système des classes dont le but est de gérer les effectifs nécessaires à la marine royale et qui durera plus de trois siècles4. Le principe était assez simple : il s’agissait de recenser tous les hommes disponibles afin de les enrôler en les classant (d’où le nom de système des classes). Ainsi tout homme exerçant un métier maritime (marin, pêcheur et même ouvrier travaillant pour la Marine, mais à l’exception des capitaines, maîtres et patrons quand ils ont navigué en cette qualité pendant trois ans, pilotes lamaneurs et hauturiers) était tenu de se faire enrôler, c’est-à-dire recenser, et de ce fait était soumis aux demandes de la flotte royale. Pour l’Intendance de Bretagne, les effectifs se répartissaient en quatre groupes et, classé dans un des groupes, chaque homme devait à tour de rôle rester un an durant à la disposition de la marine.
4Ce sont les registres matricules qui recensent les marins classés. Ces derniers constituent un formidable fonds d’archive conservé aux archives départementales de la Loire-Atlantique. Cette source, qui n’a pour le moment pas fait l’objet d’une grande exploitation de la part des chercheurs, contient cependant les seules informations permettant de donner une estimation de la population maritime du département nantais et de retracer leur carrière sur les navires de commerce et de la Royale.
5Pourquoi s’intéresser au recensement des gens de mer ? Le siècle d’or qui qualifie Nantes au XVIIIe siècle et reflète le dynamisme maritime et commercial de la ville est aussi le siècle où le besoin en hommes est de plus en plus important notamment sur les navires commerciaux dont les armements se multiplient. J. Meyer5 calcule, pour la seconde moitié du siècle, que la moyenne annuelle nantaise des navires armés double presque d’importance passant de 120 navires dans la période de 1749-1754 à 210 dans les années 1784-1792. Cette évolution du nombre des armements nous amène à nous interroger sur le potentiel humain de la région nantaise nécessaire à la constitution d’équipages.
6Pour tous, il ne fait aucun doute que la population nantaise est composée de gens de mer, sans pourtant que l’on sache vraiment à combien elle se chiffre. Concernant la rivière de Loire, l’estimation est encore moins précise d’autant plus que l’on imagine l’activité professionnelle d’une partie de cette population essentiellement tournée vers le fleuve et non la mer. L’objet de notre propos est donc de répondre à l’équation suivante : nous avons soulevé les besoins en hommes qui caractérisent la marine commerciale et royale au XVIIIe siècle, il s’agit donc de déterminer la population de gens de mer du département nantais. Par ailleurs, le XVIIIe siècle s’illustre comme un siècle politiquement troublé, émaillé de nombreux conflits, qui ont des répercussions au niveau économique, en diminuant les armements par perte de navires ou cessation momentanée d’activité, et humain, en réquisitionnant les forces vives sur les navires de la Royale. En tenant compte de la conjoncture mais aussi d’événements d’ordre structurel, il s’agit de mesurer l’évolution des effectifs des gens de mer.
DÉCRYPTAGE DES REGISTRES MATRICULES ET DU DÉPARTEMENT MARITIME NANTAIS
7Système des classes, registres matricules, départements et quartiers maritimes… tels sont les termes employés pour qualifier tout un système de gestion des effectifs de gens de mer qui constitue un véritable casse-tête. Si le recensement des effectifs posait des problèmes aux autorités des XVIIe et XVIIIe siècle, il peut aussi être source d’embarras pour le chercheur qui se trouve confronté à un labyrinthe et se sent submergé par cette masse de données essentielles tant au niveau général, pour quantifier le groupe de gens de mer, qu’au niveau de l’individu, pour le suivre en mer et à terre, dans les méandres du découpage du département maritime nantais.
Exploitation des registres de matricules
8Les registres matricules sont le résultat de la politique colbertienne d’institution du système des classes, mis en place à la fin du XVIIe siècle afin de palier les problèmes de recrutement des équipages de la Marine. L’enregistrement des marins se devait donc très structuré bien que la manipulation des rôles fasse plutôt penser à un labyrinthe en raison de la fragmentation et de la multiplicité des registres rendant le recensement et la reconstitution de la carrière des gens de mer chaotiques.
9Dans les faits, les gens de mer étaient ventilés, selon leur spécialisation, sur un registre spécifique ; il existait un « État des officiers mariniers et matelots de service », un pour les novices, les mousses, les ouvriers ainsi que pour les capitaines, maîtres ou patrons, pilotes. Au fil du siècle, de nouveaux registres apparaissent : en 1737, un registre spécial est ajouté pour les gens de mer hors classe de service, en 1781 un pour les officiers volontaires ; dans le dernier quart du XVIIIe siècle sont consignées les « veuves pensionnées6 ». À Nantes, devant l’inégale importance des quartiers, certains registres font l’objet de regroupement7 sauf ceux des officiers mariniers et matelots dont les effectifs réclament à eux seuls un registre.
10Les registres de matricules constituent un formidable outil de comptabilité en présentant classés et numérotés par paroisse, d’où le nom de matricules, les gens de mer. Tenus au jour le jour, ils consignaient dix ans de la carrière du marin. Le commis transcrivait dans une large marge, à gauche de la page, d’une écriture serrée et ponctuée d’annotations, tout ce qui était relatif à l’état civil (nom, surnom, noms des père et mère voire celui de la femme, l’âge et surtout la ville d’origine si nécessaire, dans une profession appelant les hommes à voyager) et au signalement de l’individu (éventuellement la taille et le poil, le nombre de campagnes et de voyages, la paie versée sur les vaisseaux du roi). Dans dix cases, à droite du rôle, correspondant à une année d’inscription, les différentes campagnes et divers voyages étaient notifiés. Enfin, des apostilles permettaient de se reporter à la matricule précédente s’il était déjà inscrit. En échange, le marin recevait un bulletin faisant état de sa classe de service et dont il ne devait pas se départir.
11Tous les dix ans, le commissaire était tenu de faire une revue de son quartier pour recenser les morts et procéder au changement de catégorie8 et classer les nouveaux venus dans la profession9. L’âge, l’invalidité et la mort n’étaient pas les dernières extrémités pour quitter le monde de la mer. Les marins pouvaient renoncer à leur carrière mais ils devaient pour cela obtenir du secrétaire d’État, et non sans difficulté, sa radiation des classes.
12Le fonds nantais est riche et permet de suivre, bon an mal an, l’évolution des effectifs du département et des quartiers bien que leurs matricules ne soient tenues qu’à partir de 1700 (alors que le commissaire aux classes à Nantes répartit dès 1670 les gens de mer dans le département). On déplore assez peu de disparitions et même si la perte d’un seul registre matricules vient considérablement compliquer la tâche, elle ne réduit pas notre champ d’études aux seuls officiers mariniers et matelots10 certes représentatifs du groupe, de par leur nombre. C’est surtout pour la reconstruction des carrières que la disparition pose le plus de problèmes car le fil de l’enquête est coupé. Pour la pesée globale des individus, des périodes ont été dégagées. Les matricules des quartiers de Nantes et Paimbœuf du premier tiers du XVIIIe siècle ont beaucoup souffert ce qui a freiné l’observation de la population des gens de mer pour cette période et a « cantonné » l’estimation à l’année 1700. Pour la seconde moitié du siècle, la conservation du fonds est meilleure pour que l’on fixe deux autres pôles d’études, 1751 et 1786, puisque l’absence des matricules de certains quartiers nous a conduit à regrouper nos données : devant la disparition de registres des mousses et novices du quartier du Croisic en 1751, on a dû s’appuyer sur ceux de la décennie précédente ; plus embêtante, la disparition des rôles des officiers mariniers et matelots du quartier de Nantes entre 1783 et 1796 a obligé à se reporter sur ceux de 177611.
13Malgré la richesse de ce fonds, la vision que les matricules offrent de l’univers socioprofessionnel des gens de mer du département est imparfaite. Les chiffres, même avec la volonté de contrôle de l’État, ne sont qu’un reflet des effectifs réels : certains devaient échapper au classement notamment les matelots étrangers qui n’étaient pas tenus de se faire classer. Dans la tentative de reconstitution de carrière, il paraît probable que tous les faits et gestes ne sont pas consignés ; on a du mal à imaginer les marins restant inactifs entre deux embarquements, certains trouvaient à s’employer dans les travaux du port, d’autres se livraient à l’activité aux champs.
14Un océan sépare souvent la théorie de la pratique. L’évolution12 du découpage du département nantais reflète toute la complexité de l’application du système et toutes les aspirations que le pouvoir royal devait nourrir dans le classement des hommes pour servir le roi.
Le département maritime nantais au XVIIIe siècle : un découpage variable
15Le recensement des gens de mer s’appliquait dans un cadre territorial défini mais aux frontières fluctuantes dès sa mise en place. Théoriquement, toute l’étendue des côtes et des rivières navigables jusqu’à la mer était soumise à l’ordre des classes et l’édit pour l’enrôlement des matelots dans les provinces maritimes, pris à Nancy en août 1673, divisait le littoral français en douze départements, chacun ayant à sa tête un commissaire général ou de la Marine dont la fonction principale était de confectionner les registres matricules, de les tenir à jour et d’assurer les levées ordonnées par le roi. Ces départements furent eux-mêmes divisés en quartiers, vers 1690, regroupant les paroisses afin de contrôler plus facilement la population maritime.
16Au XVIIe siècle, la Bretagne est divisée en trois départements maritimes : Saint-Malo, Brest et Nantes. Celui de Nantes est particulièrement étendu puisqu’il comprend les évêchés de Nantes, Vannes et le « pays et le duché » de Retz13, ce qui représente globalement une cinquantaine de paroisses s’étalant depuis Port-Louis jusqu’à l’île de Bouin. À cette époque, ce sont les hommes des paroisses principalement côtières qui font l’objet du recensement. C’est seulement, semble-t-il, à la fin des années 1690 que l’évêché de Vannes est détaché du département de Nantes et constitué en département autonome14.
17Après 1690, les limites du département nantais connaissent bien des fluctuations dans le découpage des quartiers. La première carte représente les quartiers qui composent le département nantais (sauf Ancenis) entre 1690 et 1734 et la seconde projette le nouveau département tel qu’il est fixé d’après l’ordonnance de 1734 ; après cette date, les quartiers et les paroisses soumis au classement sont peu modifiés15.

Carte 1. – Le département maritime de Nantes entre 1690 et 1734.
18En 1690 (carte 1), le département est divisé en cinq quartiers : Ancenis qui disparaîtra quelques années plus tard (qui ne figure pas sur la carte), Bourgneuf, Le Croisic, Nantes et Paimboeuf. La carte met en évidence le cas particulier de six paroisses : Besné, Crossac, Donges, Lavau, Montoir et Saint-Nazaire qui font des allers et retours entre les quartiers du Croisic et de Paimboeuf entre 1690 et 1734. L’intégration de ces paroisses au quartier de Paimboeuf entre 1715 et 1721 est la conséquence de problèmes financiers rencontrés par l’État après la guerre de Succession d’Espagne (1700-1713). Afin de remplir ses caisses, il crée et met en vente des charges parmi lesquelles, celles de commissaire de la Marine. Pour équilibrer le quartier de Paimboeuf par rapport aux autres quartiers car il est composé seulement de neuf paroisses au début du siècle, et rendre la charge et la vente de l’office attractives, on gonfle le quartier en y adjoignant des paroisses du quartier du Croisic16. Après remboursement des charges à la Régence, ces paroisses réintègrent le quartier du Croisic le 13 juin 1721.

Carte 2. – Le département maritime de Nantes d’après l’ordonnance de 1734.
19À partir de 1734 (carte 2), le département de Nantes ne compte plus que trois quartiers. En effet, celui de Paimbœuf est supprimé ; on a préféré conserver celui de Bourgneuf tant pour le nombre d’hommes que le quartier fournissait (854 officiers mariniers et matelot en 1700 pour le quartier de Bourgneuf17 contre 243 pour le quartier de Paimbœuf), que pour son intérêt économique.
20La situation des ports de la baie de Bourgneuf mais aussi des rives de Loire se modifie surtout à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les ports de la baie sont frappés par l’envasement des marais de Bourgneuf et la pêche à la morue, encore pratiquée dans la première partie du XVIIIe siècle, est en crise. Dans le même temps, Paimbœuf va devenir le principal avant-port nantais encouragé dans ce rôle par l’augmentation du trafic, encombrant et rendant difficile l’accès aux ports de Nantes, et par l’ensablement de la Loire ennemi du Commerce nantais, qui diminue le tirant d’eau de l’estuaire. Cela se traduit par la nomination à Paimbœuf d’un commis dès 174918 alors qu’à Bourgneuf, à sa mort, il n’est pas remplacé ; c’est un syndic des classes19 qui est nommé et les paroisses de la baie passent sous le contrôle du commis de Paimbœuf.
21Au sein des quartiers, on remarque qu’il y a plus de paroisses dont les hommes font l’objet d’un classement en 1690 qu’en 1734.
22Dans son souci de disposer d’effectifs suffisants pour composer les équipages de ses navires, l’État, par le biais des commissaires aux Classes, enrôle tout ce qui peut ressembler de loin ou de près à un marin : pêcheurs de rivières et de lacs, bateliers… ; la plupart du temps, ces gens n’ont pas vu la mer ; ainsi les paroisses qui bordent de petites rivières comme l’Erdre ou la Sèvre nantaise et celles riveraines du lac de Grand-Lieu reçoivent les visites intéressées des commissaires et seront, au gré des besoins, intégrées au département nantais : c’est assez spectaculaire pour le quartier de Bourgneuf dont près de la moitié des paroisses soumises au classement entre 1690 et 1734 sont riveraines du lac de Grand-Lieu : Bouaye, La Chevrolière, Pont-Saint-Martin, Port-Saint-Père, Saint-Aignan-de-Grandlieu, Saint-Colomban, Saint-Léger-les-Vignes, Saint-Lumine-de-Coutais, Saint-Mars-de-Coutais, Saint-Philbert-de-Grandlieu. L’apport de ces hommes reste modeste (environ 11 % des effectifs du quartier) en raison de la résistance locale que ne manque pas de susciter le classement. À côté, le quartier de Nantes s’est aussi étendu à l’intérieur des terres. La Chapelle-Basse-Mer, Le Loroux-Bottereau, émanation pour certains de la suppression du quartier d’Ancenis, qui peut s’expliquer par la faiblesse des hommes tirés de ces paroisses et par les résistances locales, seront intégrés au quartier nantais. La Chapelle-sur-Erdre, Nort-sur-Erdre, Sucé et même Bouvron et Blain au nord de Nantes et La Haie-Fouassière, Maisdon-sur-Sèvre, Monnière, Saint-Fiacre, Vertou, au sud… s’ajouteront aux inscrits des rives de Loire. L’apport est là encore très faible, mais la marine royale est grande consommatrice d’hommes.
23Cette définition très large des quartiers fait qu’en 1690, le département regroupe une centaine de paroisses, soit près de la moitié des paroisses de l’évêché de Nantes. L’ordonnance de 1734 va restreindre le champ de classement en détachant, du quartier de Bourgneuf notamment, les paroisses limitrophes du lac de Grand-Lieu ; on ne dénombrera plus que 61 paroisses. On remarque au contraire l’apparition de Redon dans le quartier du Croisic alors que jusqu’en 1734, la paroisse était rattachée au département de Vannes.
ÉVOLUTION DE LA POPULATION DES GENS DE MER
24Sur la façade atlantique, le département nantais offre une évolution remarquable des effectifs dans le sens où associé à l’image du dynamisme économique de la cité, de son rang de grande place d’armement maritime, on pouvait s’attendre à trouver un fort potentiel de gens de mer et surtout une croissance des effectifs accompagnant cet essor.
Pesée des gens de mer
25Les registres matricules permettent de faire une lecture des effectifs maritimes au niveau du département maritime et des quartiers.

Tableau 1. – Estimation de la population de gens de mer du département de Nantes.
Note 2020
Évolution de la population de gens de mer à l’échelle du département maritime
26La population de gens de mer du département représente un potentiel de maind’œuvre important tant pour le Commerce que pour la Royale, oscillant entre 4 900 et 5 530 hommes. À titre comparatif, les effectifs du département nantais restent supérieurs à ceux du département maritime de Vannes comptabilisant, au plus fort de ses effectifs en 1776-1786, environ 4 600 à 4 700 hommes21.
27On est frappé par l’évolution des effectifs dont la progression de l’ordre de 7 % est très faible. Cette faiblesse est relative puisque, comme nous l’avons déjà signalé, le réaménagement du département maritime de 1734 réduit le nombre des paroisses dans lesquelles les hommes seront recensés alors que les effectifs progressent. La pression du système des classes s’accroît et profite de la croissance démographique de la basse Loire reposant sur le dynamisme naturel des paroisses et surtout sur l’apport extérieur dont Nantes et Paimbœuf sont les principales bénéficiaires.
28La progression des effectifs est aussi faussée par le chiffre élevé des effectifs du début du siècle. En effet, la croissance du commerce nantais n’a pas attendu le XVIIIe siècle pour se développer22. Par ailleurs, le chiffre élevé des effectifs peut s’expliquer par le rôle même du classement : la matricule est un instrument au service de la Marine et du roi, ce dernier peut, en temps utile, faire pression afin que soit classé un nombre suffisant de marins qui seront alors amenés à être « levés pour le roi » en temps de guerre. L’année 1700 marque le début de la guerre de Succession d’Espagne (1700-1713) et la France doit défendre des prétentions anglaises, en y envoyant des hommes, la périphérie de son empire américain.
29Les chiffres globaux cachent l’évolution réelle du département. Il faudrait plutôt, pour être fidèle, mettre en avant deux temps forts s’apparentant, pour le premier, à une hausse des effectifs tournant autour de 10,9 % dans la première moitié du XVIIIe siècle et ensuite, à une relative stabilisation voire à un déclin des effectifs du département s’approchant des – 3,4 %.
Évolution de la population de gens de mer à l’échelle des quartiers
30La répartition des effectifs entre les quartiers est irrégulière. On constate une primauté des quartiers du littoral sur ceux de l’estuaire au début de siècle puisqu’additionnés, 60,5 % des effectifs sont classés dans les quartiers de Bourgneuf et du Croisic contre 39,5 % pour Nantes-Paimbœuf ; les effectifs classés dans le quartier du Croisic en font le premier quartier du département maritime, devançant celui de Nantes ! Entre ces quartiers du littoral, c’est au Croisic que le plus grand nombre d’hommes est classé. À paroisses presque égales, ils sont deux fois plus nombreux à être enrôlés que ceux de Bourgneuf. L’écart se creuse au fil du siècle surtout après le remaniement de 1734 qui retire, du quartier de Bourgneuf, plus de la moitié de ses paroisses (en fait celles où l’on recensait le moins de marins) et en ajoute quelques-unes à celui du Croisic.
31Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, la tendance s’inverse, les quartiers de l’estuaire ont une population de gens de mer plus importante que ceux du littoral. Faute de données, il nous est impossible de cerner la période à laquelle cette tendance s’inverse mais on peut certainement relier cette primauté du littoral à une démographie et une économie maritime bien portantes dans le premier quart du siècle. En 1700, les activités portuaires de la presqu’île et de la baie de Bourgneuf sont encore florissantes, entre la pêche et le sel ; une partie des populations littorales du Croisic, du Pouliguen mais aussi de Bourgneuf est occupée à ces tâches23. Puis l’économie locale se désintègre ce qui affecte directement la population et par conséquent l’évolution des effectifs des quartiers de Bourgneuf et du Croisic dès la première moitié du XVIIIe siècle pour s’amplifier par la suite : les armements morutiers se raréfient à la perte de territoires de pêche imposée par le traité d’Utrecht en 1713, les produits traditionnels générant un petit cabotage comme les envois de la pêche à la sardine, de sel, de vin et de céréales se ralentissent. Entre le début et la fin du siècle, Bourgneuf perd 20 % de ses effectifs et au Croisic, la population maritime décroît d’environ 14 %.
32Enfin, le déclin de ces quartiers peut aussi s’expliquer par la mortalité due aux guerres. J. -L. Monvoisin a noté que « proportionnellement, les marins des quartiers de Bourgneuf et du Croisic sont levés plus souvent et en plus grand nombre que ceux des deux autres quartiers24 », en raison de la plus grande expérience des marins des paroisses côtières. La mortalité au service est alors supérieure dans les quartiers du Croisic et de Bourgneuf.
33Dans les quartiers de Nantes et de Paimbœuf, l’augmentation des gens de mer accompagne l’essor maritime nantais qui forme depuis plusieurs décennies des générations de marins avec une progression des effectifs entre le début et la fin du siècle de 34,6 % pour le premier et de 211,5 % pour le second ! Cependant, Nantes marque le pas dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (– 9 %) alors que Paimbœuf tient le rôle de réservoir de marins (+ 49,3 %) ; il est vrai qu’en considérant le quartier dans ses limites réelles, c’est-à-dire en incluant Paimbœuf, l’effectif nantais ne diminue plus mais stagne. Le quartier nantais se développe grâce à sa masse démographique mais de façon incomplète ; Paimbœuf est plus attractive puisque sa population va tripler en un siècle, suggérant un rééquilibrage du pôle portuaire estuarien qui limiterait les migrations sur Nantes pour le commerce maritime. La population paimblotine se caractérise en effet par l’importance des « étrangers », c’est-à-dire de personnes qui ne sont par originaires de Paimbœuf. Le seul exemple à notre disposition pour mesurer et illustrer l’importance des étrangers repose sur les données concernant l’origine géographique des marins classés à Paimbœuf en 1786 : 34,65 % seulement sont originaires de Paimbœuf même ; si l’on ajoute les paroisses les plus proches que l’on peut considérer comme « s’apparentant » à Paimbœuf par leur proximité, à quelques heures de marche ou de cheval (Chauvé, Corsept, Frossay, Saint-Brévin, Sainte-Opportune, Saint-Père-en-Retz, Saint-Viaud), 46 % et si l’on inclut le pourtour nantais et les rives de basse Loire, la moyenne passe à 60,6 %. Dans son acceptation la plus fine, près de 65 % des gens de mer classés à Paimbœuf sont étrangers à Paimbœuf25.
Les raisons du « ralentissement »
34Cette particularité du comportement des effectifs du département nantais paraît en contradiction avec l’image d’un commerce maritime français et nantais, en particulier, en pleine expansion auquel on associe immédiatement la prospérité qui caractérise Nantes au XVIIIe siècle. Comment faut-il analyser cette évolution ? Estelle synonyme d’une perte de vitesse de l’activité maritime nantaise ? La réponse est sans conteste négative ; en dehors des périodes de conflit, les armements sont nombreux et plus encore lorsqu’on s’approche de la fin du siècle. On a dit que J. Meyer26 avait noté un doublement des armements nantais dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les tonnages s’accroissent également de façon proportionnelle passant de 26 500 à 55 000 tonneaux. C’est le tonnage des navires le plus élevé de France, exception faite des navires de la Compagnie des Indes.
35Ce déclin des effectifs nantais peut alors paraître paradoxal : les armements et le tonnage des navires augmentent mais les effectifs baissent. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance.
36On est tenté de trouver l’explication de la baisse des effectifs dans les conséquences de la guerre d’Indépendance américaine (1778-1783) qui aurait pu freiner les armements comme cela s’était vu lors de la guerre de Sept Ans (1756-1763), constituant la période la plus critique de l’ascension nantaise. Au contraire, le conflit américain a assez peu d’influence sur le négoce. Chacun s’accorde à parler de reprise du trafic nantais après la guerre d’Indépendance américaine : P. Villiers27 conclut que, loin d’être un frein, la guerre d’Indépendance américaine est un puissant stimulant du commerce colonial. J. Meyer28 précise que
« […] la plus mauvaise année (1782) comporte plus d’armements (59) que la meilleure année de la guerre de Sept Ans […]. L’euphorie semble avoir été totale après 1783 et l’activité du commerce extérieur français contraste alors avec l’atonie générale de l’économie. Bien rares ont été les années où la rivière de Nantes n’a pas vu sortir plus de 200 bâtiments d’origine locale ».
37Une autre explication vient éclairer cet essoufflement du département nantais : l’augmentation des tonnages des navires et le resserrement des équipages sont à mettre sur le compte d’une importante politique de réorganisation de la flotte et des effectifs. Cette refonte liée à l’essor maritime que connaît alors l’Europe s’observe à travers la gestion des armements se traduisant par une diminution des effectifs.
38À l’échelle française, T. J. A. Le Goff constate la baisse des effectifs pour des raisons de « rationalisation de la main-d’œuvre » ; elle serait la conséquence « d’économies de main-d’œuvre29 ».
39L’économie la plus intéressante réside dans le resserrement des effectifs : sur des navires de plus fort tonnage, les hommes à nombre égal, vont effectuer les mêmes tâches à bord. À Nantes, J. Meyer constate, par rapport à la situation aux environs de 1731, qu’« à la veille de la Révolution, un nombre accru de navires d’un tonnage presque sextuplé ne demande qu’une augmentation de 66 % des effectifs des équipages30 ». Il a établi que le nombre de tonneaux disponibles par tête d’équipage au milieu du siècle passe de 7 à 12-13 pour les navires en droiture dans la décennie 1780-1790, 4-5 à 7-9 pour les navires négriers, de 10-12 à 13-17 pour les caboteurs et de 6-7 à 7-12 pour la pêche.
40Dans cette affaire, le but est de réaliser des économies financières au niveau salarial, notamment sur les avances à l’équipage. Rien de plus naturel pour l’armateur de faire des économies en réduisant le personnel maritime d’un côté, tout en accroissant la productivité des effectifs de l’autre, ce que conclut également J. Meyer en parlant de « l’avantage de la course au tonnage, qui aboutit à augmenter beaucoup moins les équipages que les tonnages : les gros porteurs nécessitent, proportionnellement, beaucoup moins de main-d’œuvre et, partant, permettent d’abaisser considérablement les coûts31 ».
41Ce resserrement des effectifs est aussi la conséquence de l’évolution du trafic maritime nantais qui a entraîné une redistribution de la main-d’œuvre.
42Au début du siècle, le département nantais fait preuve d’une belle vitalité ; les activités maritimes en font un pôle économique de première importance. Son dynamisme se reproduit dans les chiffres élevés des effectifs du début du siècle. On peut esquisser une carte, peut-être trop schématique, mais somme toute assez fidèle, de types de trafics attachés à certains quartiers du département de Nantes dans la première moitié du siècle : d’un côté une activité morutière mais aussi de cabotage qui sont les moteurs des quartiers de Bourgneuf et du Croisic, de l’autre, une activité en droiture et circuiteuse tournée vers les Antilles et l’Afrique qui est l’apanage des quartiers de Nantes-Paimbœuf.
43De cet ensemble, on connaît bien la répartition des divers types de trafic dans l’armement nantais. Entre le milieu et le dernier quart du XVIIIe siècle, cette répartition des activités et des trafics évolue : en temps de paix, 60 % des voyages se font en droiture pour la première période, contre 45 %, compte tenu des baisses catastrophiques liées aux conflits, pour la seconde. En effet, la seconde moitié du siècle est fortement perturbée par les conflits et « la fin de la guerre (d’Amérique) et l’importance des pertes subies, conduisent les armateurs nantais à se tourner vers le commerce de cabotage, fût-il à petite distance32 ». Toujours d’après J. Meyer, en période d’apogée, les « négriers, après 1783, ne représentent jamais plus de 10 à 22 % du total des armements, alors qu’entre 1749 et 1754 l’armement négrier avait, pendant trois années, plafonné à 27 % de l’effort maritime nantais33 ». Par ailleurs, entre 1786 et 1792, les armements en droiture diminuent et passent sous la barre des 50 %. En 1786, 40 % des armements seulement se font en droiture, chiffre parmi les plus bas de la période. Les armements négriers se situent dans la moyenne (16 %) au contraire du cabotage, activité de refuge et de sécurité, qui est exceptionnellement le premier type de trafic en 1786 (43 %).
44Cette modification du type de trafic ne manque pas d’avoir des conséquences sur le plan du recrutement. En effet, la composition des équipages varie selon la nature de l’expédition requérant un personnel plus ou moins nombreux : les voyages circuiteux réclament l’effectif le plus important pour la manœuvre du navire mais aussi pour l’encadrement des captifs, suivis par les voyages en droiture, alors que les armements au cabotage requièrent un personnel moins important.
45De toute évidence, les armements nécessitent moins d’hommes à leur bord dans le dernier quart du XVIIIe siècle :
« L’augmentation considérable de l’activité économique, la prospérité incontestable de la cité portuaire n’entraînent pour le marché du travail local qu’une demande à peine accrue du cinquième. Ainsi s’esquisse une opposition marquée entre la situation sociale de la première moitié du XVIIIe siècle, où les besoins en matelots ont brutalement augmenté (dès 1700 environ) et la période postérieure à la guerre de Sept Ans, beaucoup moins favorable au petit monde des “gueux” de la mer34.»
46Enfin, ce déclin peut-il s’expliquer par une désaffection pour cette profession particulièrement pénible et mal payée, dangereuse et meurtrière ? Pourquoi en effet ne pas penser que les hommes souffrent de cette profession ingrate qui les éloigne des leurs, qui les marque dans leur chair ; combien de corps cassés par les conflits ou les accidents de travail, en « état de démence » comme le signalent les matricules des hors services ? Il est bien difficile de saisir cette détresse, les gens de mer pauvres et souvent analphabètes laissent peu de traces écrites.
47Jusqu’à la révolution industrielle et la mécanisation et la modernisation qu’elle appelle, les fonctions professionnelles locales sont limitées. Elles sont guidées par le lieu de vie et le cadre familial. La rivière de Loire offre peu d’alternatives ; dans les villages et les campagnes, la vie est partagée entre la terre ou l’eau, parfois les deux. À la fin du XVIIIe siècle, des activités proto-industrielles se développent à Nantes et à ses portes. Elles attirent de plus en plus de main-d’œuvre et sans pouvoir fournir de chiffres, puisqu’aucune étude n’a été faite, il paraît probable que certains marins, notamment ceux originaires des paroisses littorales en crise dont l’activité économique était principalement tournée vers la mer, aient pu quitter leur fonction pour se reconvertir dans une activité moins dangereuse ou effectuer un retour à la terre comme le note O. Levasseur35 pour le quartier de Lannion dans lequel les hommes classés sont 2,6 fois moins nombreux en 1786 ; il avance l’explication suivante « une telle chute est surprenante et ne peut s’apparenter qu’à une fuite des métiers de la mer vers la terre ».
CONCLUSION
48Les registres matricules, émanation du système des classes établis par Colbert, avaient pour but de recenser les gens de mer, afin d’avoir connaissance des effectifs susceptibles de composer les équipages de la Marine royale. Ils constituent aujourd’hui encore un outil de recensement majeur de la population maritime… pour le chercheur. Les possibilités d’exploitation des matricules ne sont cependant pas achevées pour autant, il reste encore à étudier les carrières des marins, de leur formation à l’arrêt de la profession par désertion, par « usure », par retraite méritée ou par décès.
49En dépit de la manipulation mal aisée des matricules et du caractère fluctuant des frontières du département et des quartiers, l’exploitation des registres a mis au jour deux tendances essentielles :
- La première souligne la relative stabilité des effectifs des marins immatriculés avec dans la première moitié du siècle une forte hausse des effectifs du département nantais puis une stagnation sur la fin du XVIIIe siècle alors que les armements et le tonnage des navires augmentent. Il apparaît que l’évolution des effectifs est liée aux caractéristiques de l’histoire commerciale nantaise et notamment des trafics, tenant compte de la conjoncture nationale et de soucis d’économies, qui entraînent des modifications et des resserrements dans la composition des équipages.
- La seconde observation nuance le poids des effectifs du quartier nantais : ils sont certes les plus importants mais sont talonnés par ceux du Croisic. Les effectifs du « quartier » de Paimbœuf que nous avons considérés comme tels au XVIIIe siècle, sont aussi des atouts majeurs du commerce nantais ; proportionnellement, la superficie de ce quartier est la plus petite du département et c’est paradoxalement dans celui-ci que sont classés le plus de gens de mer. L’évolution de la répartition des effectifs est la conséquence des crises que subit le littoral nord et sud Loire dans la première moitié du siècle et la montée de l’estuaire. La hausse des effectifs de Paimbœuf freine la concentration humaine sur Nantes.
50Le département maritime nantais dispose d’effectifs relativement nombreux et compétents, et d’un complexe fluvio-maritime qui n’est pas étranger à l’essor que connaît Nantes au XVIIIe siècle. Cependant, l’étude traduit un manque de vigueur de Nantes dans le commerce colonial ; elle se fait doubler par Marseille puis Rouen et est talonnée par Le Havre à la fin du siècle.
Notes de bas de page
1 On pense notamment aux rôles d’armement de la série Marine 120J ou encore aux « déclarations des maîtres et patrons de barque au long cours » de la série B.
2 AN Marine B3-72, f ° 401 sqq., « Projet de l’estendue et des bornes que l’on peut donner aux différents lots ou partages que monseigneur a résolu de faire, dans le département de Nantes » ; B 3-42 ordonnance du roi du 30 novembre 1734 « pour la division et l’étendue des départemens et quartiers de l’intendance de Brest » et ADLA, B 4493, f ° 142 et 143.
3 Nous considérons comme gens de mer les hommes qui naviguent sur une embarcation ce qui soustrait le groupe de commerçants, d’armateurs, de constructeurs de navire et celui de manutentionnaires. En fin de compte, seuls les navigants rentrent dans la catégorie des gens de mer : les officiers (capitaines, pilotes…), les marins (matelots, novices, mousses), les pêcheurs (maîtres et patrons) auxquels il faut ajouter les bargers et les gabarriers rencontrés dans différentes sources. Cependant, pour les pêcheurs et les gabarriers nous ne disposons pas de dénombrement ou de rôles et les sources comme les notaires ou les inventaires après décès, livrent des informations trop éparses pour nous permettre de les quantifier. Par ailleurs, la pesée des gens de mer du département nantais que nous proposons, ne s’intéresse qu’aux gens de mer et rien qu’aux gens de mer, tel que nous venons de les définir ; par conséquent, il ne faudrait pas s’étonner de ne pas y trouver recensés les ouvriers, si chers alors à la Royale et donc classés pour servir dans les arsenaux et dans les ports. Quand bien même l’exercice aurait représenté un quelconque intérêt, la tâche se serait avérée hasardeuse devant l’absence de données.
4 Voir à ce propos l’article de Villiers P. et Culerrier P., « De système des Classes à l’Inscription Maritime », RHA, 2, 1982, p. 44-53.
5 Meyer J., L’armement nantais dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, École pratique des hautes études, Paris, 1969, p. 81.
6 ADLA, 120J256, matricules des hors services, invalides et veuves pensionnées.
7 ADLA, 120J199, 230, 251, 274 matricules des capitaines, maîtres ou patrons et pilotes, 120J 241 et 259, matricules des novices, mousses et ouvriers.
8 Un seul de ces registres est déposé aux ADLA : 120J239, matricule « Enregistrement des officiers mariniers et matelots en conséquence du recensement fait par M. Guillot, commissaire général dpmt par SM pour la revue générale des gens de mer de la province de Bretagne à Nantes, 10 mai 1751 pour les années 1751-1762 ».
9 Faut-il comprendre en ce sens le registre intitulé « novices commençants », ADLA 120J254 ?
10 Levasseur O., Les usages de la mer dans le Trégor du XVIIIe siècle, université Rennes 2, 2000, 1646 p. ; Zérathe P., Les gens de mer du département maritime de Vannes (fin XVII e-fin XVIIIe siècles), métiers, statut et identité, thèse, Paris I, 2000, ont dû se fonder sur les officiers mariniers et matelots.
11 La disparition de registres des mousses et novices du quartier du Croisic en 1751 oblige à s’appuyer sur ceux de la décennie précédente ; plus embêtante, la disparition des rôles des officiers mariniers et matelots du quartier de Nantes entre 1783 et 1796 conduit à se reporter sur ceux de 1776.
12 Cette évolution complexe n’est pas spécifique au département nantais, Levasseur O., op. cit., p. 599-600, note les modifications dans le découpage des quartiers du département à cheval entre les départements de Saint-Malo et de Brest.
13 AN Marine, B 3-280, 1678, f ° 491.
14 Monvoisin J. -L., « Le département maritime de Nantes de sa création (vers 1670) à la fin de l’Ancien Régime », BSAHNLA, 134, 1999, p. 187-203, p. 189.
15 Les cartes ont été conçues d’après les données suivantes : ordonnance de 1734 ADLA, B 4493, f ° 142-143, une cinquantaine de registres matricules conservés aux ADLA dans la série marine 120J et l’article de Monvoisin J. -L., op. cit.
16 AN Marine, B 3-270, 1721, f ° 143.
17 En 1751, le quartier de Paimbœuf n’existe plus mais si on se livre au calcul des officiers mariniers et matelots, en reprenant le quartier tel qu’il existait au début du siècle, on observe que le quartier de Bourgneuf fournit 454 inscrits contre 339 pour celui de Paimbœuf.
18 ADLA 120J105, lettre du 6 février 1749 ; en fait ces modifications n’apparaissent pas dans les registres matricules qui continuent à être tenus séparément.
19 Le syndic des classes est en fait un sous-quartier concernant à l’origine les paroisses les plus importances, destiné à suppléer l’action de l’officier des classes.
20 Même s’il a disparu, il nous a paru intéressant de dissocier du quartier de Nantes, celui de Paimbœuf afin de mettre en évidence le poids des gens de mer de cette petite entité.
21 Zerathe P., op. cit., p. 17.
22 À ce propos voir les études de Laucoin C., La naissance du trafic antillais (1638-1660), mémoire de maîtrise, Nantes, 1999 ; Roblin L., Le commerce de la mer. Nantes 1680-1730, 2 tomes, thèse de 3e cycle, 1986-1987, université Paris IV-Sorbonne ; Tanguy J., Le commerce nantais à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe, université de Rennes, 1967.
23 Chevillot M., Le port du Pouliguen 1700-1750, mémoire de maîtrise, Nantes, 1992 ; Haupier L., Les gens de mer à Bourgneuf en Retz, mémoire de maîtrise, Nantes, 1995, p. 209 ; Primot K., Le port du Croisic 1700-1750, mémoire de maîtrise, Nantes, 1991.
24 Monvoisin J. -L., op. cit., p. 197.
25 ADLA, 120J232, 233, 246, 254, 255, 258, 259, 260.
26 Meyer J., op. cit., p. 81.
27 Villiers P., Le commerce colonial et la guerre d’Indépendance américaine (1778-1783), Arno Press, New York Times Company, 1977, p. 423-457.
28 Meyer J., op. cit., p. 82.
29 Le Goff T. J. A., « Offre et productivité de la main-d’œuvre dans les armements français au XVIIIe siècle », RHES, n ° 3, 1983, p. 457-473, p. 464.
30 Meyer J., « Le commerce nantais du XVIIe au XVIIIe siècle », P. Bois (dir.), Histoire de Nantes, Toulouse, Privat, 1977, p. 140-145.
31 Ibid., p. 140-145.
32 Meyer J., L’armement nantais…, op. cit., p. 86-89.
33 Ibid.
34 Ibid.
35 Levasseur O., op. cit., p. 669-670.
Auteur
-
Murielle Bouyer
ATER, doctorante CRHMA, université de Nantes
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