L’affirmation d’un lignage de la noblesse bretonne au XIVe siècle : Jean II de Rieux et sa famille
p. 37-64
Texte intégral
1L’histoire d’une famille noble, son affirmation sociale, le développement de sa puissance, tout autant que son déclin ou sa disparition dépendaient des hommes qui en portaient le nom. Chaque dépositaire du titre et des biens familiaux se devait de maintenir son lignage au plus haut niveau possible de la hiérarchie nobiliaire1, en composant bien sûr avec les aléas du temps et les règles afférentes à son rang. Pour cela, il lui fallait tout d’abord préserver ou accroître le patrimoine familial, notamment l’assise foncière dispensatrice de richesse et de puissance ; ensuite, il devait assurer sa descendance et multiplier les liens avec les autres membres de la noblesse. Sans terres et sans prestigieuses alliances, le lustre d’une maison était éphémère. Certains seigneurs n’ont pas su ou pas pu pérenniser leur lignage alors que d’autres ont, par chance ou par adresse, réussi à hisser leur nom au plus haut niveau de la hiérarchie nobiliaire bretonne. Jean II de Rieux fait partie de ces hommes. Il sut profiter de toutes les opportunités que lui offrirent les vicissitudes de son époque pour accroître le prestige de sa famille en Bretagne et en France. Il fut ainsi le véritable fondateur de la puissance des Rieux au XVe siècle, l’homme qui redonna à sa famille son lustre ancestral.
2Jean II de Rieux, fils cadet de Jean Ier et d’Isabeau de Clisson, sœur d’Olivier IV et tante du connétable de France2, naquit en 1342. La mort de Guillaume IV, son frère aîné, sur le champ de bataille d’Auray en 1364, le plaça à la tête de sa famille à l’âge de 22 ans. Son patrimoine foncier se limitait alors à la terre éponyme et à la seigneurie de Nozay, héritage des Le Bœuf, acquise par « représentation3 » quelques années plus tôt ; son rôle politique était restreint et sa notoriété limitée à la cour bretonne. Pourtant, la famille de Rieux, fondée par Rudalt ou par Guérech, tous deux fils d’Alain le Grand, comte de Vannes et de Nantes de 877 à 9074, était l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses du duché. Mais en ce milieu de XIVe siècle, si les Rieux appartenaient indéniablement à la haute noblesse bretonne, ils ne faisaient plus partie de ces cinq ou six familles situées au sommet de la hiérarchie nobiliaire qui s’alliaient entre elles et avec la famille ducale. Tout au long du XIIIe siècle, les Rieux avaient connu un lent mais manifeste recul de leur rang et de leur puissance au sein de la noblesse bretonne, dont témoignent leurs alliances matrimoniales. À la fin du XIIe siècle, Alain III de Rieux épousa Berthe de Léon, en 1235, Geoffroy épousa Nicole Le Bœuf et, à la fin du XIIIe siècle, Guillaume épousa Louise de Machecoul. Au moment du mariage, les Léon possédaient une renommée bien supérieure à celle des deux autres familles, les Le Bœuf étant eux-mêmes plus puissants que les Machecoul. Le recul social est d’autant plus marqué que les aînés des Rieux épousèrent des femmes issues de branches cadettes, de surcroît faiblement dotées en terres et héritages.

Généalogie 1. – Les seigneurs de Rieux du milieu du XIVe siècle au milieu du XVe siècle.
3Grâce à son action politique dans les années 1370-1410 et à son habile politique matrimoniale, les deux étant étroitement liées, Jean II assura durablement la promotion de son lignage en Bretagne comme en France.
AUX ORIGINES DU RENOUVEAU FAMILIAL : LE MARIAGE AVEC JEANNE DE ROCHEFORT
4Jean II était, bien évidemment, conscient qu’il lui fallait une descendance pour assurer la pérennité de son nom, mais il ne se précipita pas pour sceller d’alliance matrimoniale. En 1373, âgé de 31 ans, le sire de Rieux était toujours célibataire. Vraisemblablement, il attendait que s’offre à lui le meilleur parti possible, celui qui lui permettrait d’accroître son prestige ou son patrimoine, peut-être même les deux à la fois. Les aléas du temps lui offrirent une excellente opportunité. En effet, Éon de Montfort, sire de Rochefort depuis peu, décéda en laissant une jeune et riche veuve5. Jean II s’employa immédiatement à saisir le plus beau parti de Bretagne ; en février 1374 (sans doute le 13)6, il épousa Jeanne de Rochefort.
5Jeanne de Rochefort était la fille aînée de Guillaume de Rochefort et de Jeanne, baronne d’Ancenis, petite-fille de Thibaud de Rochefort et de Marie de Montmorency, la principale héritière de l’une des plus puissantes familles de Bretagne en cette fin de XIVe siècle. Leur influence dans le duché était alors peut-être même supérieure à celle des Rieux7. Pourtant, les origines des Rochefort étaient moins nobles et moins prestigieuses8 que celles des Rieux. En effet, la famille de Rochefort ne descendait pas des premiers comtes et il faut attendre le XIe siècle pour que soit mentionnée l’existence d’un château à Rochefort, témoin de l’existence d’un lignage seigneurial. De plus, tout au long des XIe et XIIe siècles, les sires de Rochefort ne tinrent qu’une place mineure dans l’entourage du duc et dans la hiérarchie nobiliaire bretonne. Mais, au contraire des Rieux, ils menèrent, tout au long du XIIIe siècle, une habile politique matrimoniale qui leur permit d’étendre considérablement leurs possessions territoriales. En 1240, à la faveur de l’union de Thibault de Rochefort avec Aliénor de Donges9, unique héritière de Rouaud de Donges, la puissante vicomté de Donges10 entra dans leur patrimoine familial. Vers 1250, ils acquirent Châteauneuf11, puis, vers 1275, Assérac12. Enfin, au milieu du XIVe siècle, les Rochefort devinrent, de nouveau grâce à un mariage, baron d’Ancenis, l’une des plus importantes et des plus prestigieuses seigneuries de Bretagne13.

Généalogie 2. – Les seigneurs de Rochefort (XIIe-XIVe siècles). Sources : BOUGRAUD F. ; DU PAZ A. ; BN, Pièces originales 2515, f° 160 ; ADLA, série H.
6Nous avons ici un exemple précoce du mouvement de concentration des terres entre les mains de quelques familles de la noblesse bretonne. Les XIIIe et XIVe siècles, semblent donc bien être caractérisés par la mise en place de nouvelles stratégies dynastiques qui s’orientèrent vers une politique systématique d’acquisition et d’augmentation du patrimoine à chaque fois que l’opportunité se présentait. Ce ne fut plus les cadets qui firent la « chasse » à l’héritière mais bien les aînés.
7Ce fut par accident, presque par hasard, que la totalité de cet immense patrimoine foncier échut entre les mains de Jeanne de Rochefort. En 1360, lorsque Raoul VII de Montfort accepta le principe de l’union entre son fils cadet, Éon, et Jeanne de Rochefort, cette dernière ne devait profiter que de sa dot. En effet, Thibault IV, fils unique de Thibault III de Rochefort, était l’héritier présomptif des biens familiaux, alors que Guy, son oncle, tenait Assérac. Le décès prématuré de Thibault IV avant mai 1371, date du don de rachat fait à Guy d’Assérac par le duc, modifia radicalement les termes de l’union14. Jeanne apportait à son mari les seigneuries de Rochefort, Châteauneuf et Donges15. Face à cette nouvelle situation dynastique, Éon s’engagea à relever le nom et les armes de la famille de sa femme et se fit dès lors appeler Éon de Rochefort16. Après son mariage, Jeanne hérita des biens de sa mère, Jeanne d’Ancenis, remariée à Charles de Dinan, seigneur de Montafilant et Châteaubriant, mais dont elle n’eut pas d’enfant. Ainsi, en 1374, seule la seigneurie d’Assérac, toujours tenue par son oncle, lui échappait. Mais l’homme, présent dans l’entourage de Guy de Penthièvre dès 132117, n’avait pas moins de 70 ans et aucun héritier ; à sa mort, ses biens allaient obligatoirement revenir à sa nièce (Guy décéda entre 1393 et 1399, à plus de 80 ans)18.
8Le décès d’Éon de Rochefort-Montfort, fit de Jeanne de Rochefort la plus « belle » héritière de Bretagne ; comment Jean II de Rieux aurait-il pu se désintéresser d’un si beau patrimoine foncier ? Il mit tout en œuvre pour conclure rapidement les transactions avec Guy d’Assérac, tuteur de Jeanne, la jeune veuve devant vraisemblablement susciter de nombreuses convoitises. Les atouts du sire de Rieux étaient nombreux. Les deux familles appartenaient au même milieu social, leurs rangs dans la noblesse étaient comparables et leurs engagements politiques similaires. Les Rieux et les Rochefort avaient soutenu Charles de Blois, dont Guy d’Assérac était un conseiller, ils ne dédaignaient pas le service dans l’armée royale19, et depuis novembre 1372, ils luttaient dans le même « parti » contre le duc Jean IV. De surcroît, leurs intérêts fonciers, à la base de la plupart des arrangements matrimoniaux, convergeaient. Leurs terres étaient souvent voisines, parfois même enchevêtrées, se partageant le territoire d’une paroisse comme à Malansac. Tous les critères économiques et politiques qui pouvaient commander à l’union de deux familles étaient rassemblés. Finalement, la seule difficulté résidait sans doute dans la perpétuation sociale des Rochefort au travers des Rieux. Au contraire d’un cadet, Jean, seigneur de Rieux, ne pouvait abandonner son nom pour relever celui de sa femme ; de leur côté, les Rochefort ne pouvaient renoncer au leur. Devant l’importance des enjeux fonciers, économiques, voire sociaux, cet obstacle fut aisément surmonté. Après son mariage, Jean II porta indifféremment le nom de Rieux ou de Rochefort, signant seulement d’un R, et écartela ses armes « à sénestre de Rieux, à dextre de Rochefort, vairé d’or et d’azur20 ». Il s’engagea sans doute à faire porter le nom et le blason des Rochefort à son fils cadet21. Enfin, Jean II accepta d’abandonner les demeures terrestres et spirituelles de ses ancêtres. Il vint s’installer à Rochefort, qui devint une des résidences privilégiées du nouveau lignage, et il se fit inhumer à Notre-Dame de La Tronchaye22, nécropole des Rochefort, comme, plus tard, tous les sires de Rieux23, à l’exception de Jean IV24. De telles pratiques dynastiques restaient assez courantes lors d’alliances homogames25.
9L’union des Rieux et des Rochefort permit la constitution d’un immense patrimoine foncier assurant au nouveau lignage des revenus et une puissance bien supérieurs à ses prédécesseurs26. De surcroît, à l’exception des terres de Châteauneuf, les seigneuries formaient un ensemble compact, le plus vaste de tout le comté nantais, l’un des plus vastes de la Bretagne méridionale. D’Ancenis à Rochefort, en passant par Donges et Assérac, les Rieux-Rochefort possédaient des droits dans plus de cent vingt paroisses, même si parfois, comme à Guérande, ce droit était unique. En outre, nombre des habitants de ces paroisses, tant roturiers que nobles, étaient sous l’autorité de Jean II, ce qui renforçait sa puissance féodale27. D’Ancenis à Elven, les « fiefs » des Rieux regroupaient 1 497,5 feux fiscaux, soit plus 4 043 foyers ou « estagiers », soit près de 18 600 personnes, 22 000 peut-être, si l’on ajoute les foyers exempts et les membres de la noblesse28. Près d’un habitant sur deux dans la région relevait féodalement de Jean II, et l’on sait l’importance que cela représentait à cette époque. Dans le sud de la Bretagne occidentale, les possessions des Rieux formaient ainsi l’un de ces « ensembles […] difficilement pénétrables par les agents de l’autorité ducale, véritables écrans entre le prince, les arrière-vassaux et les populations médiatisées29 ». Dans ce dernier quart du XIVe siècle, Jean II possédait une assise territoriale et féodale propice au développement de sa puissance politique et de celle de son nouveau lignage dans le duché, comme le montrent les cartes 1 et 2.
UNE ACTION POLITIQUE SOURCE DE POUVOIR ET D’ARGENT
10La carrière politique et militaire de Jean II servit les intérêts de son lignage. Ses choix, sa compréhension des événements, sa participation à des partis tenant les rênes du pouvoir, sont autant de facteurs qui lui permirent d’affermir ses possessions, sa renommée et sa richesse, notamment en France.
11Le 12 avril 1365, le traité de Guérande mit officiellement fin à la guerre de Succession de Bretagne. Comme tous les autres membres de la haute noblesse bretonne, Jean II de Rieux en fut cosignataire. Les seigneurs bretons attestaient ainsi que Jean IV de Montfort était le légitime successeur de son oncle, Jean III, décédé en 1341. Ils rentraient dans l’obéissance féodale au duc, en même temps que le duc rentrait dans celle du roi. En ratifiant ce traité, Jean II de Rieux se reconnaissait vassal du duc Jean IV ; il lui devait dorénavant les services et la fidélité que le système féodal prévoyait entre un vassal et son seigneur, du moins tant que le duc resterait, à ses yeux, fidèle au roi de France.

Carte 1.

Carte 2.
12Dès la fin des hostilités, Jean II se rapprocha d’Olivier de Clisson, l’un des plus actifs chefs de l’armée de Jean de Montfort à Auray30, bataille au cours de laquelle périt Guillaume de Rieux. Déjà, dans les dernières années de la guerre, le sire de Clisson avait repris contact avec le parti « franco-breton ». Ainsi, en 1361, il épousa Béatrice de Laval, fille de Guy de Laval, ardent partisan de Charles de Blois, qui amenait en dot la seigneurie de Villemonble, près de Paris, et 200 livres de rente à prendre sur les foires de Champagne. L’année précédente, le roi lui avait de même rendu certaines de ses terres françaises confisquées après 134431. Alliés avant la guerre, les Clisson et les Rieux ne firent en fait que rétablir des relations suspendues par les combats ; de nouveaux leurs intérêts convergeaient.
13Plus généralement, l’ensemble de la haute noblesse bretonne renoua ses liens avec un parent, allié aux Laval, aux Rieux et aux Rohan (en 1299, Catherine de Clisson, tante d’Olivier V, fut mariée à Geoffroy de Rohan, grand-oncle de Jean Ier de Rohan. Le sire de Clisson lui-même épousa en secondes noces Marguerite de Rohan, veuve de Jean de Beaumanoir, deux familles de la haute noblesse bretonne particulièrement hostiles aux Montfort32). L’esprit de caste de la grande noblesse se manifestait de nouveau. Alors que les seigneurs bretons reprochaient à Jean IV son « anglophilie », ils voyaient en Clisson un de leurs pairs ayant les mêmes valeurs et nourrissant à l’égard de la puissance anglaise les mêmes sentiments qu’eux. Ainsi, Olivier de Clisson n’aurait pas été satisfait des décisions prises par Jean de Montfort au lendemain de la victoire. Le duc, conscient que l’implantation du sire de Clisson en Bretagne pouvait nuire à son pouvoir, préféra récompenser les capitaines anglais qui lui avaient donné tant de victoires et dont la présence lui semblait indispensable au maintien de son trône ducal33. Lorsque Jean IV, fidèle à ce principe, donna le Gâvre à Chandos, Olivier V, qui convoitait cette terre, entra dans une profonde colère et aurait déclaré : « Vous m’avez osté mes terres et, par ce moyen, j’auray nom Olivier sans terre, mais vous ne serez pas duc sans guerre. […] Je donne au diable si ja Anglois sera mon voisin34. » Finalement, Clisson s’en empara par la force, renforçant la défiance du duc de Bretagne35. Cette anglophobie, rapportée par les chroniqueurs, est d’autant plus étonnante chez un homme qui avait été élevé à la cour d’Édouard III, dont le beau-père était anglais et qui devait en grande partie sa gloire à l’aide de l’Angleterre.
14En 1367, conformément aux ordres ducaux, Jean II suivit Olivier de Clisson en Espagne36, afin de soutenir Pierre le Cruel en guerre contre Henri de Transtamare, son demi-frère, allié aux Français. En remplissant ses devoirs féodaux, Jean II se trouva ainsi dans une armée menée par le Prince Noir et Chandos opposée aux troupes françaises commandées par Du Guesclin. Les armes furent, cette fois encore, favorables aux Anglais qui remportèrent la victoire de Najera (Navarette) en 1367. Du Guesclin, une nouvelle fois battu, fut fait prisonnier et mis à rançon. La présence de ses anciens compagnons d’armes dans l’entourage d’Olivier lui permit d’obtenir des conditions favorables. Le bruit courut même que le sire de Clisson insista pour obtenir sa libération et s’arrangea pour que la rançon de 100 000 francs soit payée au plus vite37. Cette rumeur, fondée ou non, démontre parfaitement les doutes qu’une partie de ses alliés pouvait entretenir quant à la sincérité de l’engagement de Clisson auprès de Jean IV.
15Le contexte politique et les choix de Jean IV de Montfort remirent en cause l’engagement des seigneurs bretons. Au grand dépit de sa noblesse, le duc ne pouvait se séparer des capitaines anglais qui possédaient des créances et assuraient sa sécurité ; en outre, il devait de très fortes sommes à Édouard III, mais il était vassal de Charles V. Tous ses efforts pour concilier ces « contraintes » échouèrent38. De plus, le développement de réformes financières et l’évolution du pouvoir ducal, qui tendait à instaurer des droits de type régalien, indisposèrent l’aristocratie bretonne, dont l’autorité était entravée par la nouvelle administration. À la fin des années 1360, Olivier de Clisson et une grande partie de la noblesse bretonne se tournèrent résolument vers le roi de France39 qui avait tout fait pour les attirer40.
16Au contraire, Jean II de Rieux resta en Bretagne au service du duc, comme un fidèle vassal. Le 2 octobre 1370, il n’assista pas à la remise officielle de l’épée de connétable à Du Guesclin et il ne participa à aucune des chevauchées menées en 1371-1372 par ce dernier en Poitou, au contraire des sires de Clisson, de Rohan, de Raiz, de Tournemine, de Beaumanoir et de Rochefort41. Faut-il voir dans son comportement l’indépendance politique d’un grand seigneur breton par rapport à ces alliés ou au contraire la manifestation d’une politique réfléchie et structurée d’un parti ? En d’autres termes, Jean II resta-t-il en Bretagne pour respecter ses devoirs féodaux ou sur ordre d’Olivier de Clisson qui voulait conserver un proche dans l’entourage du duc ? Il est difficile de trancher.
17Si l’on en croît Jean Cabaret d’Orville, Jean II servait fidèlement Jean IV de Montfort et seule l’annonce de son alliance secrète avec Édouard III le détourna du duc. Lorsqu’en octobre 1372, Du Guesclin et Louis de Bourbon vinrent lui montrer à Redon le traité signé avec le roi d’Angleterre, le sire de Rieux, « ung baron vaillant, chevalier preudhomme de Bretaigne […], fust moult esbahi ; et dit plainement […] que jamais ne serviroit le duc de Bretagne son seigneur, tant qu’il tiendroit celui chemin contre le roi42 ». Sur le champ, il livra Redon aux Français, se joignit au duc de Bourbon et au connétable et prit part, à leurs côtés, à la campagne menée en Bretagne. Il faut cependant constater que dans les années 1380, Jean II resta en Bretagne auprès du duc alors qu’il était sans conteste l’un des principaux alliés d’Olivier de Clisson en Bretagne. Il participa régulièrement au conseil ducal, aux réunions du parlement de Bretagne et aux grandes manifestations politiques du duché43. En 1384, Jean IV lui confia même l’ambassade envoyée auprès du roi de France pour rappeler les droits du duché44. Toutefois, le 26 juin 1387, Jean II, comme d’autres seigneurs, intercéda en faveur d’Olivier de Clisson emprisonné au château de l’Hermine45 et il garantit avec les sires de Rohan, Châteaubriant et Laval le traité passé entre le duc et le connétable46. Quelques semaines plus tard, il afficha sa fidélité au connétable et son indépendance à l’égard de Jean IV, en refusant de combattre Olivier V en Bretagne47, puis en assistant, le 20 janvier 1388, au mariage de Marguerite de Clisson avec Jean de Penthièvre malgré l’interdit ducal. À ses côtés, se trouvaient la plupart des seigneurs bretons qui avaient tenu le parti des Penthièvre et tenaient maintenant celui d’Olivier de Clisson, notamment le seigneur de Laval, beau-frère du connétable, les sires de Beaumanoir, de Léon, de Rostrenen et de Derval48. Cependant, jamais Jean II ne remit officiellement le pouvoir ducal en cause et continua à le servir. Le 15 décembre 1391, il accompagna le duc à Tours49 et le 26 janvier 1392, il fut l’un des garants de l’accord scellé entre Jean de Montfort et Charles VI, les 80 000 francs que le duc s’était engagé à rembourser au sire de Clisson devant ainsi être versés au château de Rieux50. Ce fut au même endroit, le 20 octobre 1395, qu’Olivier V « data » et « jugea » le traité signé la veille à Aucfer51. Clisson et le duc se « réconcilièrent » donc sur les terres de Jean II.
18Tout au long de ces années, Jean II se plut dans ce rôle d’intermédiaire entre le pouvoir breton et la monarchie, entre Jean IV de Montfort et Olivier de Clisson, s’accommodant fort bien de la dualité de ses engagements. Il continua à agir politiquement en Bretagne, tant pour Olivier V que pour Jean IV, tout en représentant le duc auprès du roi de France. Cette situation convenait à tous les partis. Le sire de Clisson conservait un parent parmi les proches du duc, qui, de son côté, ne s’aliénait pas un fidèle et éminent représentant de la noblesse. Quant à Jean II de Rieux, il assurait la sauvegarde de ses biens en Bretagne et l’amitié de Clisson son principal soutien avec le duc de Bourbon à la cour de Charles VI. Tant que ces différents pouvoirs n’étaient pas en lutte ouverte, il pouvait cumuler les avantages de chacune de ses charges.
19Il ne faudrait pas, toutefois, voir en Jean II un opportuniste calculateur, prêt à toutes les compromissions pour assurer sa situation. À chaque fois que ses idées politiques ou plus généralement ses principes furent attaqués, il n’hésita pas à s’engager clairement et totalement. Lorsque la grand’chambre du Parlement prononça la commise du duché le 18 décembre 137852, il s’y opposa. À cette occasion, il préféra défendre l’indépendance de la Bretagne, à laquelle il était attaché, plutôt que de suivre Olivier de Clisson et Louis de Bourbon, ses mentors, en accord avec la décision royale53. Certes, après avoir accueilli Jean IV à Saint-Servan le 3 août 1379, il se tint prudemment à l’écart de la ligue bretonne (constituée le 25 avril précédent54), des combats, ainsi que des discussions de paix. Du 3 août 1379 au 4 avril 1381, date de la signature du second traité de Guérande, Jean II n’apparaît dans aucun parti et dans aucune négociation. Pourtant les activités diplomatiques furent nombreuses durant cette période. Jean IV de Montfort menant toujours une politique ambiguë, les ambassades entre la France et l’Angleterre se multiplièrent55 ; alors que dans le même temps, la noblesse bretonne, consciente des affinités britanniques du duc, essayait de le détourner de l’alliance avec Richard II tout en obtenant le pardon de Charles V56. Jean II ne voulait pas ou ne pouvait pas s’opposer ouvertement à ses principaux soutiens57 ; à l’inverse d’Olivier de Clisson ou de Jean de Rohan, Jean II de Rieux n’était pas un chef de parti. Le ralliement de Jean II à la « cause bretonne » montre à quel point il ne subordonnait pas totalement ses choix politiques à un parti, à un potentat familial ou plus généralement à un groupe d’hommes. Son autonomie vis-à-vis de Clisson et du duc de Bourbon, sa volonté d’être libre de choisir sa politique, était une des principales caractéristiques de sa fonction nobiliaire et de son rang dans la haute noblesse. De la même façon, après l’attentat perpétré, le 13 juin 1392, contre le connétable par Pierre de Craon, cousin et confident de Jean de Montfort, il n’hésita pas à prendre fait et cause pour Olivier de Clisson contre le duc. Le 29 juillet 1392, accompagné d’un chevalier et neuf écuyers, il se rendit avec lui au Mans, lieu de rassemblement des troupes françaises58 réunies par Charles VI pour envahir la Bretagne. De même, alors que le sire de Clisson, contraint de fuir la France après que Charles VI eut perdu la raison, se trouvait sous la menace de Jean IV de Montfort, le sire de Rieux se porta à son secours. Au printemps 1393, Jean IV assiégea Olivier de Clisson à Josselin avant de lancer ses troupes dans la région de Saint-Malo, siège de la seigneurie de Châteauneuf, possession des Rieux. En 1394, à la tête d’une troupe de 2 000 hommes fournie par Louis d’Orléans, les deux hommes prirent Saint-Brieuc et les châteaux de la Roche-Jagu et du Perrier59.
20Au cours des années 1370-1395, Jean II de Rieux tira finalement peu d’avantages matériels de son action politique. En 1373, son ralliement au « parti français », lui permit d’entrer dans l’Hôtel du duc de Bourbon, au même titre que d’autres seigneurs bretons notamment les sires de Lohéac, de Mauny et de La Hunaudaye60. On ne sait toutefois quelle charge il obtint, ni s’il en tira d’importants gages61 ; mais à cette occasion, il profita des cadeaux dont Charles V combla ses nouveaux alliés62. La concomitance entre les faveurs royales et l’adhésion des seigneurs bretons à la cause française ne doit pas masquer la sincérité de l’engagement de Jean II et des autres membres de la noblesse bretonne. En effet, si l’argent et les présents du roi influèrent certainement sur la décision du sire de Rieux, il dut considérer cela plus comme une récompense ou un dédommagement pour les services rendus que comme une solde pour changer de camp. Les gratifications reçues après le ralliement au roi ne pouvaient pas être la raison essentielle de l’action des grands seigneurs bretons. À cette époque, la principale source de profits de Jean II de Rieux, si ce n’est la plus sûre, tenait à son action militaire. En effet, à chaque fois que les relations entre la France et la Bretagne le permettaient, Jean II servait dans l’armée royale. En 1382, aux côtés des sires de Laval, de Rohan et de La Bellière, il combattit en Flandres et participa vraisemblablement au pillage de « cette riche contrée ». Les seigneurs bretons battirent « le pays pour y prendre de l’argent », des tissus, de l’or, de la vaisselle en argent, des bijoux, mais aussi des meubles et des équipements militaires. Le 21 novembre, ainsi que l’écrit Froissart, « Li sires de Reus, li sires de Laval, li sires de Malestrait, li vicomtes de la Berlière et li sires de Comborg et leurs gens chevauchièrent tout devant et s’en vinrent à Wervi [Werwick] qui est une grosse ville. Si fut prinse et rasé, et ceulx qui dedans estoient, morts ; là eurent li Bretons grant pillage et grant pourfit63. » Pont-Aventin connut le même sort64. Dans les jours qui suivirent, Jean II participa à la victoire de Roosebecke sur l’armée flamande65. En 1386, Charles VI le retint comme « son lieutenant à 500 hommes d’armes pour son armée de mer », au côté des sires de Rohan, Laval, Raiz, Malestroit et Châteaubriant. Sous les ordres du connétable et des ducs de Bourgogne et de Berry, cette troupe devait aller envahir l’Angleterre. Mais le vent et les dissensions entre les chefs entraînèrent un nouvel échec, après celui subi en 138566. Le 1er septembre 1388, Jean II participa aux montres de l’armée royale à Châlons, avec quatre chevaliers et trente écuyers, parmi lesquels un certain Guillemin de Rochefort. Le 25 octobre suivant, il reçut 164 francs pour sa solde et celle de ses hommes, puis 105 livres en 1369 et 164 francs en 138867. Ces gages, qui n’étaient pas uniquement destinés à « Jean de Rochefort », représentaient des sommes assez importantes alors qu’il n’était pas encore maréchal. En 1390, il participa à la « croisade de Barbarie », organisée par Louis de Bourbon, sur l’ordre du roi68. Le 1er juillet, une troupe de 1 500 hommes, dont des Anglais, s’embarqua vers Gênes, avant de se diriger vers Mahdia (Tunisie), but de leur voyage. Le siège dura neuf semaines, avant que les Génois n’arrivent à faire acheter le départ des « croisés » par les « Mahométans69 ». L’expédition fut certes un échec, mais elle permit à Jean II de s’affirmer en France en donnant une nouvelle fois des preuves de sa bravoure et de sa loyauté. Finalement, plus que les cadeaux, les gages, les rapines ou les hypothétiques rançons, l’action politique et militaire de Jean II durant ces années lui permirent surtout de tisser de solides liens personnels, voire des amitiés, avec de puissants seigneurs français ou bretons.
21Au milieu des années 1390, Jean II se trouvait au centre d’un large réseau de relations politiques. Tout d’abord, il pouvait compter sur l’appui de tous les amis qu’Olivier de Clisson conservait dans l’administration et l’entourage royal70. Mais de plus, depuis le siège de Mahdia en Tunisie, il avait noué des liens personnels avec le duc de Berry, le duc d’Orléans et le comte d’Alençon71. Enfin, et ce n’était pas le moindre de ses soutiens, il conservait la protection du duc de Bourbon. C’est pourquoi, lorsque Louis d’Orléans commença à placer ses hommes dans les différentes sphères de l’État afin de s’en assurer le contrôle72, il réserva une charge de choix au sire de Rieux. Le 29 décembre 1397, Jean II, âgé de 55 ans, fut promu maréchal de France en lieu et place de Louis de Sancerre nommé connétable73. Cette élévation récompensait un valeureux capitaine qui avait maintes fois prouvé son courage et sa fidélité, notamment en Flandres au côté du sire de Sancerre. Ses « patrons » savaient qu’à ce poste, il pourrait encore mieux servir son parti et leurs intérêts. De son côté, Jean II bénéficiait de l’indéniable prestige de cette charge et des gages afférents, soit 2 000 francs par an74. Cette somme était considérable ; elle représentait au moins 20 % (sans doute plus de 25 %, peut-être 33 %) de ses revenus seigneuriaux, qui ne dépassaient certainement pas les 10 000 livres par an75.
22Nommé grâce à ses relations, Jean II de Rieux n’en remplit pas moins sa charge avec efficacité et honnêteté. Dès que les combats reprirent entre la France et l’Angleterre, il se porta sur les champs de bataille. En août 1404, le maréchal de Rieux combattit les Anglais au côté du jeune duc Jean V, récemment revenu en Bretagne76 ; l’année suivante, il prit le commandement d’un corps expéditionnaire de 600 arbalétriers, 1 200 fantassins et 800 hommes d’armes, réuni pour porter secours aux Gallois de Owain Glyn Dwr révoltés contre Henri IV. Jean II et ses hommes débarquèrent à Milford Haven, dans le comté de Pembroke, à la fin du mois de juillet 1405. Là, ils rejoignirent des troupes galloises envoyées par Owain, avec lesquelles ils attaquèrent les Anglais sur la frontière, assiégeant notamment Hereford, sans grand succès il est vrai. Ils marchèrent ensuite sur Caërmarthen et Cardigan, deux villes galloises qu’ils soumirent, avant de ravager « soixante lieues de pays anglais ». Malgré ces quelques succès, l’expédition, faute d’hommes, fut un échec. Les Franco-Bretons se replièrent sur le pays de Galles. À la Toussaint, une flotte équipée à Saint-Pol-de-Léon vint rechercher Jean II et ses hommes77. D’après certaines sources, l’échec partiel de cette mission n’aurait pas empêché Jean II de venir au secours du roi d’Écosse78.
23Promu maréchal de France grâce au soutien des partisans de Louis d’Orléans, Jean de Rieux fut inévitablement plongé dans la lutte que se livrèrent les Armagnacs et les Bourguignons. Au lendemain de l’assassinat du duc d’Orléans par les sbires de Jean sans Peur (juste devant l’hôtel des Rieux rue Vieille-du-Temple79), de nombreux membres de la famille royale, dont le duc de Bourbon, tentèrent d’obtenir du conseil du roi l’ouverture d’une procédure judiciaire contre le duc de Bourgogne80. Mais, incapables de le faire condamner, ils se résolurent à composer afin de trouver un accord entre les différents partis. Dans ce but, le 14 janvier 1408, Jean de Berry, Louis de Bourbon, Isabeau de France, le dauphin Louis et Jean II de Rieux contresignèrent des « lettres » de conciliation présentée à Jean sans Peur et à Charles d’Orléans81. Le maréchal de Rieux dut, sans doute, à cette démarche et à la protection du duc de Bourbon d’échapper à la première vague d’épuration de l’État organisée par le duc de Bourgogne entre mars et juillet 140882. Ce ne fut qu’un sursis. Le 4 février 1411, les partisans de Jean sans Peur lui retirèrent son bâton de maréchal sous prétexte de sa santé défaillante et de son grand âge83 (il avait alors près de 69 ans). Mais le retour au pouvoir des Armagnacs84, de nouveau maîtres de la capitale, lui permit d’être rétabli dans sa charge, le 24 octobre 141385. Quatre ans plus tard, diminué par « son grand âge et les blessures de la guerre », pressé par les Armagnacs en butte aux attaques des Anglais et des Bourguignons, il réussit à se démettre de sa charge en faveur de son fils cadet, Pierre de Rieux-Rochefort86 ; sa fidélité et son interventionnisme étaient, encore une fois, récompensés. Le 12 août 1417, Pierre devint le second maréchal de France de la famille de Rieux, au moment où les Anglais débarquaient en Normandie et Jean sans Peur se dirigeait vers l’Île-de-France87.
24Au-delà des avantages économiques et des facilités « professionnelles », l’engagement politique et les liens noués par Jean II de Rieux auprès d’Olivier de Clisson et du duc de Bourbon eurent un important impact sur les alliances matrimoniales de Jean III de Rieux, son fils aîné. En 1399-1400, Olivier de Clisson intervint personnellement pour favoriser son union avec Béatrice de Montauban, fille de Guillaume de Montauban et de Marguerite de Lohéac, petite-fille d’Éon de Lohéac et de Béatrice de Craon88. Il s’engagea à verser 3 000 écus, soit la moitié de la dot réclamée par les Rieux, les 3 000 autres écus restant à la charge du sire de Montauban89. Olivier V avait un intérêt évident à favoriser l’alliance de ces deux familles aux amitiés françaises avérées90. En suscitant ou, du moins, en favorisant les liens familiaux entre les membres de son parti, il en renforçait la cohérence91.

Généalogie 3. – Les Montauban. Source : LE CLAIRE J., « La châtellenie de la Gacilly », RM, 1892, p. 275-287.
25Après le décès précoce de Béatrice, le sire de Clisson envisagea de marier Jean III à la « sœur aînée du comte de Penthièvre92 », à qui il prévoyait de donner 4 000 livres. Hélas, la disparition du connétable le 23 avril 1407 l’empêcha d’apporter son soutien à ce projet et les Rieux ne purent bénéficier de l’alliance avec une famille aussi renommée dans le duché. Le sire de Clisson montra une dernière fois son attachement à Jean II en le choisissant comme l’un de ses exécuteurs testamentaires, aux côtés de l’évêque de Saint-Malo et de Robert de Beaumanoir, son beau-fils. De plus, par testament, il légua 4 000 livres au maréchal et une petite croix de perles et sa Bible en français à Jeanne de Rochefort93. Toutes ces transactions montrent à quel point Jean II de Rieux et Olivier de Clisson étaient restés proches et combien leurs intérêts se rejoignaient.
26Lorsque Jean II se remit en quête d’une union pour son fils, il chercha fort logiquement au sein du parti armagnac auquel il appartenait. En 1414, Jean III de Rieux épousa Jeanne d’Harcourt, fille cadette de Jean d’Harcourt et Marie d’Alençon, petite-fille de Catherine de Bourbon, descendante de Saint-Louis94, parente de Charles V, Charles VI et Louis d’Orléans, l’une des plus nobles familles du royaume, la première maison de Normandie95. Cette alliance rehaussait le prestige des Rieux et peut même se concevoir comme une promotion sociale, l’une des plus grandes réussites de l’engagement public de Jean II. Elle manifeste aussi le nouveau statut atteint par les Rieux en ce début de XVe siècle. Grâce à l’accroissement de leur patrimoine foncier, à la notoriété de maréchal de France et à la noblesse de leur service, ils pouvaient prétendre à l’alliance d’une famille aussi noble et puissante que celle d’Harcourt, même s’il ne s’agissait que d’une cadette.

Généalogie 4. – La parenté de Jeanne de Harcourt. Sources : BN, ms. fr. 20 229 et Martin G., Histoire de la généalogie de la maison de Harcourt, Saint-Étienne, 1974.
27Tout aussi édifiante fut l’attitude de Jean VII d’Harcourt à l’égard de Jean III de Rieux. Après la mort de son fils, Jean VIII, le 17 septembre 1424 à Verneuil, ses deux filles étaient devenues ses seules héritières. De son vivant, il partagea ses biens entre elles, n’en gardant que l’usufruit96. Marie, l’aînée, épouse d’Antoine de Lorraine depuis 141797, devait notamment recevoir Aumale, Châtellerault et Arscot en Brabant, alors qu’Harcourt, avec le nom et les armes, revenait à Jeanne98. Marie trouva la décision paternelle trop favorable à sa cadette ; elle s’opposa au partage et à la perte des armes d’Harcourt99. Jean VII d’Harcourt semble effectivement avoir favorisé un partisan armagnac plutôt qu’un seigneur favorable aux Bourguignons100. À la mort de Jean VII, le 18 mars 1452, Marie d’Elbœuf réclama son droit d’aînesse empêchant les Rieux de jouir de leurs biens en Normandie. Un long procès s’engagea entre eux et les Lorraine, qui ne s’acheva que 70 ans plus tard101.
28La carrière de Jean II de Rieux montre à quel point le service armé, qui restait à cette époque la raison d’être de la noblesse et le plus souvent sa principale occupation102, était à l’instar du service dans l’administration un moyen de conserver son niveau de vie en sauvant « son pouvoir et sa fortune103 ». Ainsi, au-delà de son goût pour la guerre, l’engagement militaire et politique du sire de Rieux dans le « camp français » aux côtés d’Olivier de Clisson et du duc de Bourbon fut un moyen pour lui d’accroître ses revenus et de promouvoir sa position au sein de la hiérarchie nobiliaire. Les butins amassés après les batailles, les dons des princes et les émoluments perçus lors des campagnes, bien qu’irrégulièrement payés, représentaient des revenus très appréciables, même s’ils ne pouvaient entraîner l’enrichissement d’un noble du niveau de Jean II. Les pillages, notamment, fournissaient en fait l’argent nécessaire pour se nourrir, se loger ou faire des dons à ses hommes. Les prises réalisées à cette occasion permettaient surtout de s’équiper ou de parfaire son équipement militaire, à une époque où un cheval entraîné pour la guerre valait au moins une centaine d’écus, sans compter le coût de son entretien et de son « armure ». On comprend dès lors que la prise de chevaux de guerre soit considérée comme un butin presque aussi intéressant que les bijoux ou l’argent104. Il en alla sans doute différemment de la maréchalie, qu’il obtint en 1397. Elle lui assura de substantiels revenus et un accroissement de son prestige, même s’il ne semble pas en avoir tiré autant d’avantages que Pierre de Gié105, quelques années plus tard. Le bilan économique de l’engagement « politique » du sire de Rieux paraît donc positif, les profits étant largement supérieurs aux dépenses, d’autant plus que ses revenus fonciers en Bretagne ne pâtirent pas durablement de ses relations avec le roi. Mais, les réseaux qu’il constitua auprès du connétable de Clisson et des seigneurs français, comme le duc de Bourbon, eurent cependant un impact beaucoup plus important sur son lignage. Ils furent à l’origine de sa promotion et de celle de ses enfants, notamment de Jean et de Pierre. Son implication dans un parti regroupant des Bretons et des Français ouvrit l’horizon social106, économique et matrimonial des Rieux. Toutefois, Jean II ne sacrifia jamais ses principes aux profits qu’il pouvait tirer de son engagement politique, sa noblesse n’aurait pu s’en satisfaire. On chercherait en vain chez lui un plan de carrière réfléchi visant à le mener à la maréchalie ou aux plus hautes sphères de la cour, même si, indéniablement, il était conscient des avantages qu’il pouvait tirer de l’un et de l’autre.
29Trois grandes phases semblent se distinguer au cours de la vie de Jean II. De la bataille d’Auray jusqu’au début des années 1380, la Bretagne fut le cadre privilégié de son action. Durant cette période, sa puissance dans le duché atteignit son apogée entre 1374 et 1378. Il était alors un parent d’Olivier de Clisson « régent » de Haute Bretagne pour Louis Ier d’Anjou et Charles V107 ; et, grâce à son union avec Jeanne de Rochefort, il était devenu l’un des principaux seigneurs fonciers de Bretagne. Au retour du duc Jean IV, ses activités se partagèrent entre le duché et le royaume : politique dans l’un, militaire dans l’autre. Enfin, après 1392, il se consacra essentiellement à sa carrière militaire et politique en France, le bâton de maréchal récompensant sa fidélité et son engagement. Toutefois, il n’exclut jamais l’un des deux pouvoirs et tenta toujours de concilier les avantages que chacun pouvait lui offrir.
LES UNIONS MATRIMONIALES DE SES ENFANTS : MOYENS ET MANIFESTATION DE LA NOUVELLE PUISSANCE DES RIEUX
30L’accroissement du pouvoir et de la notoriété d’un lignage se manifeste nettement au travers de la politique matrimoniale menée par les chefs de famille, tout autant que leurs amitiés, leurs alliances108 et leurs intérêts économiques. On ne peut donc évoquer l’affirmation d’un lignage dans la noblesse sans décrire les unions matrimoniales contractées par ses membres.
31De 1374 à 1417, Jean II participa ou contrôla le mariage de ses deux belles-sœurs, Marie et Béatrice, et de cinq de ses neuf enfants, Jean (né à Ancenis, le 16 juin 1377), Pierre (né à Ancenis, le 9 septembre 1389), Michel (né à Rieux, le 28 septembre 1394), Isabeau (née le 24 juillet 1378) et Béatrice (née en 1382)109. En 1382, le sire de Rieux choisit de marier Marie de Rochefort à Bertrand de Gouyon, seigneur de Matignon, parent et allié des Rieux. Cette union renforçait par là même les liens entre les deux familles (le cousin devenait aussi beau-frère) et garantissait son soutien et sa fidélité. À l’occasion de son mariage, Marie reçut une rente de 340 livres assise sur le douaire de la dame de « Molèherme », veuve de Geoffroy d’Ancenis, grand-père de Jeanne110. Béatrice, sœur cadette de Jeanne de Rochefort, fut mariée trois ans plus tard à Jean de Craon, un seigneur « angevin », héritier de la branche cadette des seigneurs de Craon, dont la puissance était tout autre que celle des Matignon. Jean, fils de Pierre de Craon et de Catherine de Machecoul, était en effet seigneur de La Suze, de Champtocé, de Briolay et d’Ingrandes par son père, de La Bénâte, de Coustumier, de Bourgneuf et de Bouin par sa mère111. Afin de sceller cette union, Béatrice de Rochefort reçut une rente annuelle de 500 livres112, bien supérieure à celle accordée à Marie, expression tangible de l’inégalité sociale des conjoints. D’une certaine façon, cette union renouvelait l’alliance passée entre les Rieux et les Machecoul à la fin du XIIIe siècle, lorsque Guillaume de Rieux avait épousé Louise de Machecoul, fille d’Olivier. Si tel était son but, ce mariage pourrait illustrer les « échanges matrimoniaux restreints » pratiqués par la noblesse, procédé mis en évidence par M. Nassiet113. Jean II de Rieux réussit ainsi à marier ses belles-sœurs sans aliéner son patrimoine familial et sans trop amputer celui de sa femme, ne cédant notamment aucune seigneurie. Il en alla tout autrement pour ses propres enfants.

Généalogie 5. – Parenté des Gouyon avec les Rieux. Sources : DU PAZ A., op. cit., p. 718 ; LE BRETON H., op. cit., p. 28 ; et ADM, E 55.

Généalogie 6. – La famille de Craon. Source : DU PAZ A., op. cit., p. 759-767.
32Jean III de Rieux fut le premier à se marier. Comme nous l’avons vu, ses unions furent des actes politiques qui devaient servir son lignage tout en témoignant de son engagement politique ; mais, de plus, elles rendent compte, dans une certaine mesure, de leurs intérêts fonciers. Ainsi, Béatrice de Montauban apportait, outre les 6 000 écus de dot, le château et les terres de la Gacilly qui s’étendaient sur huit paroisses, sur la rive gauche de l’Oust, aux « limites » de la seigneurie de Rieux ; ces deux seigneuries se partageaient d’ailleurs les feux des paroisses de Saint-Martin, des Fougerêts et de Glénac. Grâce à cette union et à la réunion de ces terres, les Rieux pouvaient espérer constituer une vaste seigneurie d’un seul tenant et accroître leur mainmise sur la région. À leurs yeux, cette opportunité compensait largement les modestes revenus tirés de l’exploitation de La Gacilly114. Les espoirs de Jean II et Jean III furent déçus ; à la mort de Béatrice115, La Gacilly échappa à la branche aînée des Rieux, Marie, sa fille unique, héritant de la totalité des biens maternels116. Sur le plan foncier, Jean III ne fut pas plus heureux lors de sa seconde union, puisqu’il ne put jamais prendre pleine et entière possession des terres d’Harcourt en Normandie. Cependant, l’absence de descendants issus du second mariage de Jeanne d’Harcourt avec Bertrand de Dinan, baron de Châteaubriant, en novembre 1434, permit aux Rieux d’en rester les uniques héritiers117.
33Fort logiquement, les frères cadets de Jean III contractèrent des alliances plus modestes, notamment Michel. En effet, Pierre épousa en premières noces Jeanne de Molac, fille de Guy de Molac et de Jeanne Raguenel. Cette famille, proche des sires de Rochefort, tenait la prestigieuse charge de sénéchal héréditaire de Rohan. À la mort de Guy de Molac en 1411, Jeanne en hérita. Le 12 avril 1412, après en avoir reçu l’autorisation de Jean III de Rieux, Pierre de Rieux accepta officiellement la sénéchalie par contrat signé de lui et d’Alain VIII de Rohan118. Leur union fut de courte durée, Jeanne décédant en 1412119. Le 27 août 1416, après quatre ans de veuvage, il prit pour femme Jeanne de Châteaugiron, fille de Patri II et Valence de Bain120. Poursuivi par le sort, Pierre perdit sa femme deux ans plus tard, le 24 août 1418. Sans appartenir à la très haute noblesse bretonne, ces familles n’en étaient pas moins illustres. Les sires de Molac étaient bannerets et les barons de Châteaugiron possédaient des alliances avec les Malestroit, les Derval et plus tard avec les Rohan. Michel, quant à lui, épousa, le 2 juillet 1415, Antoinette de La Cholletière, fille de Gilles de La Cholletière et d’Isabelle Mauvinette121 ; les ascendances sociales de cette famille originaire du Maine étaient bien inférieures à celles des autres épouses122.
34Isabeau et Béatrice, mariées du vivant de Jean II, contractèrent des alliances au sein de la moyenne noblesse. Isabeau, l’aînée des filles, épousa Maurice de Volvire, seigneur de la Rocheservière, dont un parent nommé Nicolas était l’un des huit chambellans ordinaires de Jean V en 1416123. Elle reçut en dot la seigneurie de Nozay124, soit près de 800 livres de rente, preuve de l’intérêt porté à l’alliance des Volvire. Avant 1413, sa sœur cadette, Béatrice, fut mariée à Jean de Rougé, sire de Derval125, dont les biens étaient proches de ceux des Rieux dans le nord du comté de Nantes. Jean II lui laissa la seigneurie d’Issé, évaluée entre 100 et 200 livres, et une rente de 100 livres que les Rohan devaient aux Rieux126. La dot de Béatrice ne se montait pas à plus de 300 livres, somme bien faible au regard du renom de l’époux qui de plus réservait les terres de Rougé et du Tail pour le douaire de sa femme127.

Généalogie 7. – La famille de Volvire. Source : BEAUCHET-FILLEAU H., Histoire biographique…, t. II, p. 821.
35Dans ce début de XVe siècle, la puissance acquise par Jean II de Rieux au cours des années 1370-1400, lui permit de marier tous ses enfants arrivés à l’âge adulte. Avant chaque union, il donna une seigneurie aux garçons128 : Jean III reçut Châteauneuf en 1400, puis, en 1414129, la vicomté de Donges, plus prestigieuse et « rentable », Pierre devint seigneur de Châteauneuf, délaissé par son frère, et Michel obtint la seigneurie de Fougeray, en lieu et place de 1 000 livres de rentes à prendre dans la vicomté d’Avranches130. Quant aux damoiselles, elles reçurent des dots. Jean II s’appliqua à constituer les dots de ses filles et petite-fille131 en démembrant le patrimoine hérité des Le Bœuf deux générations plus tôt132, sans altérer le patrimoine de son épouse qu’il réserva à ses fils. Jean III dut trouver d’autres sources de revenus pour assurer de « bonnes » alliances à ses sœurs. Le 20 mai 1423, lors de son mariage avec Charles de Coësmes, seigneur de Lucé et compagnon d’armes de Pierre de Rieux, Marguerite (née le 25 octobre 1395) reçut en dot la seigneurie de Saint-Nazaire, démantèlement de la vicomté de Donges. Quant à Marie, épouse de Jean de la Porte, seigneur de Vézins et de la Jaille, d’une noblesse de moindre notoriété, elle dut se contenter d’un droit commercial estimé à 120 livres par an133.
36Outre les différences sociales entre les époux, toutes les unions contractées avant ou après le décès de Jean II relevaient d’une même logique. Trois types de prétendants retenaient l’attention des Rieux : les parents et alliés que l’on essayait de s’attacher ou de récompenser, les seigneurs bretons « voisins » des terres familiales et les seigneurs angevins ou poitevins, particulièrement appréciés pour les filles, qui permettaient d’affirmer le prestige du lignage sans être des dangers en Bretagne. Les alliances des aînés s’écartent parfois de ce schéma car, en dehors des critères politiques et fonciers, elles tiennent compte de l’intérêt dynastique et de la promotion du lignage ; l’union de Jean III et Jeanne d’Harcourt l’illustre parfaitement.

Généalogie 8. – La famille de La Jaille. Source : DU PAZ A., op. cit., p. 334-338.
CONCLUSION
37Lorsque Jean II mourut à Rochefort, le 8 septembre 1417134, à l’âge de 75 ans, il pouvait raisonnablement être fier de son œuvre. Grâce à lui, les Rieux connurent entre 1365 et 1417 un spectaculaire accroissement de leur puissance tant en Bretagne qu’en France. Le conflit anglo-français donna l’occasion à Jean II de s’illustrer militairement et d’accroître sa renommée personnelle et celle de son lignage. Pourtant, cette notoriété n’eût été que temporaire si elle ne s’était pas accompagnée de l’accroissement de son patrimoine foncier et de son influence politique (la vie et le parcours de Bertrand du Guesclin sont à ce sujet particulièrement éloquents). Les activités de Jean II montre d’ailleurs à quel point ces deux domaines étaient étroitement liés. Certains mariages n’auraient pu être scellés sans les alliances politiques contractées auparavant et réciproquement. Un noble pouvait, en raison de sa personnalité et du contexte, posséder une certaine influence auprès d’un prince, mais il ne pouvait la transmettre à ses héritiers que dans la mesure où elle s’appuyait sur un puissant domaine foncier, source de richesse et base des réseaux de clientèle, indispensables dans le système politique du Moyen Âge. La noblesse, si éminente fut-elle, était éphémère si elle n’était pas accompagnée de la fortune et de l’honneur. Or, le XIVe siècle fut aussi pour les Rieux celui d’un formidable accroissement de leur puissance domaniale grâce à l’héritage de Jeanne de Rochefort. À la fin du siècle, les Rieux exerçaient leur domination sur des terres qui allaient de l’actuel Morbihan, leur région d’origine, jusqu’à Saint-Malo avec la seigneurie de Châteauneuf, au nord, en passant par les bords de Loire avec la baronnie d’Ancenis et la vicomté de Donges. À cela s’ajoutaient quelques terres acquises en France. Ils étaient alors, avec les Rohan dont le patrimoine s’était enrichi de la fortune des Clisson, la famille la plus puissante de Haute Bretagne, du moins sur le plan territorial.
38Les guerres et l’engagement de Jean II auprès d’Olivier de Clisson et du duc de Bourbon permirent, en outre, aux Rieux d’établir de nouvelles relations avec la monarchie et la noblesse française qui, malgré leur participation à l’ost royale et les affinités culturelles des élites, n’existaient pas auparavant. Dès lors, ses enfants purent envisager de prestigieuses alliances et mener de brillantes carrières militaires dans les troupes royales, renforçant d’autant les liens avec la France.
39Jean II de Rieux fut indéniablement le fondateur de la puissance familiale, mais aussi l’initiateur de stratégies politiques et matrimoniales, où le respect de principes se mêlent à un opportunisme135 pragmatique. Cette dualité s’observe aux générations suivantes notamment chez François de Rieux, qui devint ainsi chambellan du dauphin, futur Louis XI, après avoir été l’ami intime des ducs François Ier et Pierre. À la fin du XVe siècle, l’action et les engagements politiques de Jean IV de Rieux suivaient encore la même logique. Il montra une volonté identique de profiter au mieux des opportunités offertes par la conjoncture politique, notamment l’affrontement entre la France et la Bretagne, tout en restant profondément attaché à l’autonomie du duché, source de sa noblesse et de son pouvoir. De même, comme Jean II, il ne subordonna pas ses engagements aux avantages qu’il pouvait tirer du service des grands seigneurs du temps ou du roi. Tout au long du XVe siècle, comme l’avait fait Jean II au cours de sa vie, les Rieux balancèrent donc entre Bretagne et France, jouant plus ou moins un pouvoir contre l’autre. Mais en un siècle, le contexte politique et les rapports de force avaient changé. L’action du seigneur de Rieux en 1492 ne pouvait avoir le même impact que celle de son aïeul en 1392.

Tombeau de Jean II de Rieux et Jeanne de Rochefort dans le chœur de l’église des Cordeliers de Nantes, fondée par Guillaume de Rieux en 1301 (BNF, cabinet des Estampes). Pour certains, ils furent inhumés à Rochefort dans la chapelle Notre-Dame de La Tronchaye (BN, Dossiers bleus 566 et d’Argentré). Marie de Rieux, fille de Jean III et Béatrice de Montauban, fut aussi inhumée au couvent des Cordeliers de Nantes.
Notes de bas de page
1 . M. Nassiet écrit à ce sujet : « Le souci de défendre son rang était une idée récurrente et toujours sousjacente » (Nassiet M., Parenté, noblesse et États dynastiques, XVe-XVIe siècles, Paris, 2000, p. 115).
2 ADM, E 55, p. 7.
3 ADIV, 1 F 620. La représentation est un vieux principe du droit successoral qui permettait à des descendants légitimes d’une lignée de prétendre aux droits successoraux d’un aïeul qu’ils « représentaient » lors d’un héritage.
4 Merlet abbé P., « La famille de Rieux », Revue morbihannaise, 1907, p. 342 et Tonnerre N.-Y., Naissance de la Bretagne, Angers, 1994, p. 355.
5 Éon mourut après le 22 novembre 1372, date de la rédaction des dispositions prises en vue de son prochain décès (Morice Dom H., Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de la Bretagne, Paris, 1742-1746, t. II, col. 57-59 et BN, Pièces originales 2515, f° 108). Toutefois, la date précise de sa mort n’est pas connue.
6 BN, d’Hozier 290, f° 39. Cette date est reprise par Bourdeaut A., « Un compagnon de Jeanne d’Arc et du Connétable de Richemont : Pierre de Rieux, maréchal de France (1389-1441) », Bulletin de la Société d’archéologie et d’histoire de Nantes et de la Loire-Atlantique, 1912, p. 83, citant un manuscrit de la Bibliothèque municipale de Rennes (BMR, ms. 526). On trouve cependant la date du 16 février dans BN, n. a. 9706, parfois même le 6 chez d’autres auteurs.
7 D’après M. Nassiet, la hiérarchie des lignées dépendait de trois facteurs : le capital d’honneur de chaque maison (ancienneté du lignage), la dignité de la principale seigneurie possédée et de la puissance réelle, c’est-à-dire, des possessions foncières et de leurs revenus (Nassiet M., op. cit., p. 118).
8 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 14 et p. 355.
9 Bougraud F., « Les seigneurs de Rochefort aux premiers temps du XIIIe siècle », BSAHN, 1996, p. 77 et 79.
10 La vicomté de Donges, créée vers 1040-1050, devint rapidement l’une des plus puissantes seigneuries du comté nantais. Elle l’était encore au XIIIe siècle, malgré son démantèlement en 1125 par Conan III (Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 295, 337, 339, 495 et 503). Lors de la signature des actes officiels, Guillaume de Rochefort ne citait que ses terres de Rochefort et de Donges, occultant celles de Châteauneuf et d’Assérac (ADLA,e 151, n° 4).
11 Guillotin De Corson A., Les grandes seigneuries de Haute Bretagne, Rennes, 1999, t. II, p. 103-104.
12 Pothain A.-F., Les seigneuries de Ranroët-Assérac et Faugaret à la fin du Moyen Âge, Nantes, 1993, p. 62.
13 Dès le Xe siècle, le rôle stratégique et l’intérêt économique d’Ancenis étaient manifestes (Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 327-329).
14 Thibault III de Rochefort était mort en 1364, lors de la bataille d’Auray (Lobineau Dom G.-A., Histoire de Bretagne, Paris, 1707, t. I, p. 355).
15 ADLA, E 151, n° 11 et n° 14.
16 Morice Dom H., op. cit., t. II, col. 57-59 et BN, Pièces originales 2515.
17 ADLA, E 201, n° 1.
18 Le 9 avril 1393, Guy était présent au conseil ducal (ADLA, E 108/23). Le 26 octobre 1399, le codicille au testament ducal nomme «Johanna Chesnel, uxore Guidonis de Ruperforti Domicellis » (Lobineau Dom G. -A., Preuves, col. 699). Ces deux textes sont cités dans Jones M., Recueil des actes de Jean IV, duc de Bretagne, Paris, 1980-1983, t. II, p. 541 et 697.
19 BN, ms. fr. 28967, Pièces originales 2483, doc. n° 2 et n° 3.
20 BN, ms. fr. 22361 et Pièces originales 2483, doc. n° 15.
21 Bourdeaut A., « Un compagnon… », art. cit., p. 83.
22 BN, n. a. 9706, f° 67 et Bourdeaut A., « Un compagnon… », p. 94. D’après une gravure conservée à la Bibliothèque nationale, le tombeau de Jean II et Jeanne de Rochefort se trouvait dans le chœur de l’église des Cordeliers de Nantes, fondée par Guillaume de Rieux en 1301 (BNF, cabinet des Estampes).
23 Le Breton H., Le pays de Rieux. Deux mille ans d’histoire, Redon, 1993, p. 30-31 et 73.
24 Jean IV choisit de se faire inhumer à Ancenis dans l’église des Cordeliers fondée par Jean III et Jeanne d’Harcourt. Par testament, il fonda toutefois une chapellenie à Notre Dame de La Tronchaye (BN, ms. fr. 22331, f° 224).
25 Nassiet M., « Parenté et successions dynastiques aux 14e et 15e siècles », AESC, 1995, n° 3, p. 624. L’utilisation de l’écartelé lors d’alliances homogames a commencé à la fin du XIIIe siècle. M. Nassiet cite notamment l’union des Armagnacs et des Rodez en 1298 (Nassiet M., op. cit., p. 206).
26 Le développement des alliances homogames en Bretagne entraîna la constitution d’immenses domaines concentrés entre les mains de quelques familles qui formèrent l’élite de la noblesse du duché. M. Nassiet cite les cas suivants : La Roche-Lohéac-Montfort (1279-1353) dont l’alliance avec les Rochefort échoua, et Rohan-Léon-Clisson (1349-1407) (Nassiet M., « Parenté et succession… », art. cit., p. 631).
27 Kerhervé J., L’État breton aux XIVe et XVe siècles, Paris, 1987, p. 544.
28 Ce calcul porte sur les 64 paroisses des évêchés de Nantes et Vannes, pour lesquelles nous possédons le décompte des feux par fief. Les chiffres retenus sont ceux de la réformation des feux de 1426. On estime généralement à 2,7 le nombre de foyers « contribuants » par feu fiscal et à 4,6 le nombre de personnes par foyer. Selon ce calcul, la population totale de ces 64 paroisses était de 44 000 personnes environ ; la Bretagne comptait près de 850 000 habitants (Pougeard M., La Bretagne au XIVe siècle. Étude démographique, DES, Nantes, 1965 ; et L’État Breton, 1341-1352, Morlaix, Skol Vreizh, 1987, p. 81).
29 Kerhervé J., op. cit., p. 32.
30 Gicquel Y., Olivier de Clisson (1336-1407). Connétable de France ou chef de parti breton ?, Paris, 1982, p. 68.
31 Le 27 septembre 1360, le dauphin lui rendit la moitié de la baronnie de Thury et ses terres de Thuit en Normandie (Buteau M., La naissance de la fortune des Clisson, mémoire de maîtrise, Vincennes, 1970, p. 60 et 62). Toutefois, Olivier de Clisson ne fut rétabli dans la totalité de ses biens qu’en septembre 1367, date de la réconciliation définitive avec le roi : « rent li sires de cliçon toute sa terre entièrement que li rois Philippes jadis li avoit tolue et ostée, et li rendi li rois Charles de France et encores de l’autre assés » (Froissart J., Chroniques, éd. Siméon Luce, t. VI, Paris, 1876, p. LXXVII et p. 181-182).
32 Seltenreich Y., La famille de Rohan (1396-1540), Nantes, 1982, thèse de 3e cycle, t. III, p. 443.
33 Jones M., Ducal Brittany, 1364-1399, Oxford, 1970, p. 51 et 64.
34 Lobineau Dom G. -A., Preuves, op. cit., col. 537.
35 Gicquel Y., op. cit., p. 71.
36 BN, n. a. 9706, f° 66. Il participa notamment à la bataille de Madrès en 1367.
37 Gicquel Y., op. cit., p. 71.
38 Du 6 avril 1366 au 6 février 1369, Jean IV remboursa à Édouard III 13 437 livres 11 sous 8 deniers (Jones M., Ducal Brittany…, op. cit., p. 21, 42-43, 46, 51 et appendix B, section I, p. 215).
39 Le 21 juillet 1370, Olivier de Clisson, lieutenant et gouverneur des terres des Penthièvre (depuis le 9 mai 1369) toujours retenus en Angleterre déclara par écrit être le « loyal et féal sujet » du roi et promit de lui « rendre et bailler ledit chastel » de Josselin. Le 23 octobre, il contracta même une alliance personnelle avec Bertrand Du Guesclin, connétable de France (Gicquel Y., op. cit., p. 84-85 et Buteau M., op. cit., p. 65).
40 Autrand F., Charles VI. La folie du roi, Paris, 1986, p. 174.
41 La plupart de ces seigneurs à l’exception d’Olivier de Clisson étaient présents lors de la cérémonie organisée en l’honneur de Du Guesclin le 2 octobre. On trouvait en plus les sires de Laval, de Léon, de Montfort, de Rostrenen et de Malestroit (Argentré Bertrand D’, L’histoire de Bretaigne des rois, ducs, comtes et princes d’icelle, Rennes, 1605, p. 558, 582, 584 et 589).
42 Cabaret D’Orville J., La chronique du bon duc Loys de Bourbon, Paris, éd. A. -M. Chazaud, 1876, p. 39.
43 En 1381, il était présent aux côtés de Charles de Dinan, sire de Montafilant et de Guy de Rochefort, sire d’Assérac, lorsque le duc prêta « serment de paix » devant les ambassadeurs du roi (Morice Dom H., op. cit., t. II, col. 302).
44 Jones M., Recueil des actes de Jean IV, duc de Bretagne, op. cit., t. 1, acte 508. D’après ADLA, E110, n° 8.
45 BN, n. a. 9706, f° 66.
46 Morice Dom H., op. cit., t. II, col. 540-541.
47 Ibid., col. 528-529.
48 Argentré B. D’, op. cit., p. 719.
49 Ibid., p. 743 ; Le Baud P., Histoire de la Bretagne avec les chroniques de la maison de Vitré et de Laval, Paris, 1638, p. 407.
50 Vingt seigneurs bretons, parmi lesquels les sires de Laval, de Châteaubriant, de Malestroit, de Montfort, de Quintin, de Rochefort, de Montauban, de Gouyon, de Coësquen, de Maure, de Molac, de Rochefort-Assérac, d’Oudon, de Kaër, de Tréal, Du Fou et Coëtbihan servirent de caution au paiement des 80 000 francs, chacun d’eux répondant d’une partie de la somme : Guy de Laval pour 16 000 livres, Guy de Rochefort pour 3 000 livres, etc. Seuls les sires de Rieux et de Rohan ne furent pas tenus comme otages lors de cette transaction (Argentré B. D’, op. cit., p. 745). De son côté, Olivier de Clisson s’engageait à se soumettre à la justice bretonne et à respecter ses devoirs vassaliques (La Borderie A. De et Pocquet B., Histoire de Bretagne, Mayenne, 1975, t. IV, p. 81).
51 Olivier ratifia ce traité en son nom et en celui du comte de Penthièvre, absent (Morice Dom H., op. cit., col. 642 et Lobineau Dom G. -A., Preuves, op. cit., col. 790).
52 Autrand F., Charles V, Paris, 1994, p. 819. Pour cet auteur, « il ne s’agissait en aucune manière de réunir la Bretagne au Domaine royal, mais seulement de prendre possession des forteresses du duché afin de garantir la sûreté du royaume ». Pour Philippe Contamine, la décision du Parlement et de la cour prévoyait que le duché « serait appliqué au domaine royal » (Contamine P., « Bretagne et France à la fin du Moyen Âge : le temps de Jean V, de Charles VII et de Jeanne d’Arc », Bsahn, 1991, p. 75).
53 Louis de Sancerre, l’amiral Jean de Vienne, Bureau de La Rivière et le duc de Bourbon devaient prendre possession du duché, ou du moins des forteresses. Avertis par le roi, les sires de Clisson et de Rohan acceptèrent de remettre leurs « places » entre les mains des troupes françaises (Argentré B. D’, op. cit., p. 637 ; La Borderie A. De et Pocquet B., op. cit., t. IV, p. 47-48).
54 Argentré B. D’, op. cit., p. 640 ; Morice Dom H., op. cit., t. II, col. 214-216 et 218. Il faut toutefois noter que 28 des 68 « ligueurs » avaient des liens avec Jean II de Rieux. On relève notamment 21 vassaux et l’ancien écuyer de Thibaud de Rochefort (Guillaume G., Les Rieux : une famille de la haute noblesse bretonne aux XIVe et XVe siècles, thèse, Nantes, 2000, p. 547).
55 Jones M., Ducal Brittany…, op. cit., p. 87-90.
56 Leguay J. -P. et Martin H., Fastes et malheurs de la Bretagne ducale (1213-1532), Rennes, 1982, p. 128.
57 Son inactivité ou sa réserve fut facilitée par le manque de réels combats. En effet, comme l’écrit F. Autrand : « les opérations militaires se réduisent à rien » (Autrand F., Charles V…, op. cit., p. 822).
58 BN, n. a. 9706, f° 66.
59 Argentré B. D’, op. cit., p. 684-685 et 759-761 ; La Borderie A. De et Pocquet B., op. cit., t. IV, p. 87-88.
60 Cabaret D’Orville J., op. cit., p. 40 et 48.
61 Louis de Bourbon avait beaucoup de personnes dans son hôtel, même trop selon certains. Ses dépenses étaient très importantes et les paiements pas toujours réguliers (Chanoine Berthoumière, « Le personnel administratif en Bourbonnais sous l’Ancien Régime », Bulletin de la Société d’émulation du Bourbonnais, 1913, p. 265).
62 « Et furent les barons de Bretaigne grandement receus et festoïés du roi, et leur fut donné de grands dons… » (Cabaret D’Orville J., op. cit., p. 49).
63 Froissart J., Chroniques (1307-1389), publ. Siméon Luce, Gaston Raynard, Léon et Albert Mirot, Paris, 1869-1975, t. XI, p. 25 et p. 13-17.
64 Le Baud P., op. cit., p. 383.
65 BN, n. a. 9706, f° 66.
66 La Borderie A. DE et Pocquet B., op. cit., p. 73-74 ; Autrand F., Charles VI…, op. cit., p. 149.
67 BN, ms. fr. 28967, Pièces originales 2483, doc. 5 et 7 et BN, n. a., 9706, f° 66.
68 BN, n. a. 9706.
69 Autrand F., Charles VI…, op. cit., p. 258-259.
70 Beaucoup de seigneurs de la cour (dont Louis d’Orléans) devaient de fortes sommes au sire de Clisson (Gicquel Y., op. cit., p. 258).
71 BN, ms. fr. 28967, Pièces originales 2483, doc. 8.
72 Schnerb B., Les Armagnacs et les Bourguignons, Paris, 1988, p. 49-50.
73 BN, n. a. 9706, f° 66. D’autres sources avancent la date du 19 décembre 1397 (Bourdeaut A., « Un compagnon… », art. cit., p. 86) ou du 20 octobre 1397 (BN, Dossiers bleus 566). Dans ce dernier cas, il s’agit peut-être de la date de sa promotion et non de son entrée effective en charge.
74 On peut estimer ses gages à 2 000 livres, car d’après Jean Favier, le franc équivalait à une livre tournois pour les officiers des comptes royaux (Favier J., Dictionnaire de la France médiévale, Paris, 1993, p. 432). Ces 2 000 livres tournois représentaient près de 1 667 livres bretonnes.
75 Voici les revenus approximatifs des seigneuries possédées par Jean II et Jeanne de Rochefort à la fin du XIVe siècle : Fégréac – 100 livres, Peillac – 400 livres, Rieux – 550 livres, Rochefort – 1 200 livres, Donges – 1 200 livres, Assérac – 1 300 livres, Ancenis – 1 500 livres, Belligné – 300 livres, Guihenneuc-Poitevinière – 1 000 livres, Varades – 400 livres, Nozay-Issé-Fougeray – 1 800 livres et Châteauneuf – 300 livres. Ces sommes ne tiennent pas compte des charges inhérentes à l’exploitation des seigneuries comme les frais d’entretien et de réparations des moulins, des fours et autres, pas plus que des « rabats » de fermes pour intempéries, méventes, troubles militaires, etc. De plus, ces estimations sont basées sur des sources très différentes : séries comptables (Ancenis, Guihenneuc, La Poitevinière, Varades, Belligné, Peillac et Assérac), compte unique (Rieux et Rochefort), aveux ou contrats de mariage (Châteauneuf, Donges, Issé, Nozay et Fougeray).
76 La Borderie A. De et Pocquet B., op. cit., t. IV, p. 150. Le 7 janvier 1404, Jean II avait assisté, en tant que maréchal de France, à l’hommage rendu au roi par le duc Jean V.
77 Ibid., p. 151.
78 BN, n. a. 9706, f° 66-67.
79 L’assassinat se déroula le 23 novembre 1407. Ce furent les gens du maréchal de Rieux qui arrivèrent les premiers sur le lieu du crime. Ils transportèrent le corps dans l’hôtel de leur maître, avant que la dépouille du duc ne soit emmenée à l’église des Blancs-Manteaux (Monstrelet E. De, La chronique d’Enguerran de Monstrelet, Paris, éd. L. Douët-d’Arcq, 1857-1861, t. I, p. 159 ; Autrand F., Charles VI…, op. cit., p. 349).
80 Schnerb B., op. cit., p. 86 et 95 ; Autrand F., Charles VI…, op. cit., p. 358.
81 AN, J 371, n° 12.
82 Schnerb B., op. cit., p. 84.
83 BN, n. a. 9706, f° 67 ; Juvénal Des Ursins J., Histoire de Charles VI, Paris, 1653, p. 239 ; Le Laboureur, Mémoires sur le règne de Charles VI, t. I, p. 469.
84 Schnerb B., op. cit., p. 136-141.
85 BN, n. a. 9706, f° 67. Pour A. Bourdeaut, il s’agit du 24 décembre 1413 (« Un compagnon… », art. cit., p. 87).
86 Depuis 1415, Pierre était le « garde et capitaine des villes et châteaux de Saint-Malo » rétrocédés au duc par le roi de France (Blanchard R., Lettres et mandements de Jean V duc de Bretagne, Nantes, 1895, actes 1203 et 1205). Il faut sans doute déjà voir dans cette nomination l’influence de Jean II et Jean III de Rieux.
87 Schnerb B., op. cit., p. 178.
88 ADM, E55. Marguerite de Lohéac était une cousine de Jean de Craon, époux de Béatrice de Rochefort, tante de Jean III de Rieux.
89 BN, ms. fr. 22340, f° 15. Le 1er juillet 1400, Jean III donna quittance au sire de Montauban pour 1500 écus (Morice Dom H., op. cit., t. II, col. 705).
90 Bourdeaut A., « Un compagnon… », art. cit., p. 91.
91 La constitution d’un parti reposant sur le rassemblement d’intérêts privés, comme le note M. Jones (« Aristocratie, faction et État dans la Bretagne du XVe siècle », Philippe Contamine [éd.], L’État et les aristocraties, XIIe-XVIIe siècles France, Angleterre, Écosse, Paris, 1989, p. 151), il était normal de retrouver à la base de sa fondation des parents qui, par essence, avaient des intérêts communs. De même, il était logique que des partisans deviennent des parents.
92 Morice Dom H., op. cit., t. II, col. 778-781. On ne sait s’il s’agissait de Marguerite, épouse de Jacques de Bourbon, de Jeanne ou d’une sœur défunte (voir la généalogie des Penthièvre dans Du Paz A., Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, enrichis des armes et blasons d’icelles, Paris, 1619, p. 7-60).
93 Morice Dom H., op. cit., t. II, col. 780-781.
94 Martin G., Histoire et généalogie de la maison de Harcourt, Saint-Étienne, 1974, p. 7 et 77 ; BN, ms. fr. 20229, f° 80 v °.
95 Les Harcourt étaient seigneurs d’Aumale, Quatremares, Roulot, Elbœuf, La Saussaye et Châtellerault. Ils possédaient de nombreuses branches et de multiples liens avec de grandes familles nobles : Beuvron, Tancarville, Beaufou, Vierville, d’Auvrechy, Bailleul, etc. (BN, ms. fr. 20229, f° 88 v °).
96 AN, X 1a 9321, n° 126.
97 BN, ms. fr. 20229.
98 Grand R., Château et seigneurie d’Harcourt, Paris, 1954.
99 BN, ms. fr. 28967, Pièces originales 2483.
100 Schnerb B., op. cit., p. 154.
101 En 1554, le mariage de Louise de Rieux avec René de Lorraine, mit définitivement fin à la contestation et permit la reconstitution du patrimoine de Jean VII d’Harcourt (Martin G., op. cit., p. 76 et 79).
102 Contamine P., La guerre au Moyen Âge, Paris, 1992, p. 390.
103 Aurell M., La noblesse en Occident (Ve-XVe siècle), Paris, 1996, p. 133.
104 Contamine P., La guerre…, op. cit., p. 249.
105 Seltenreich Y., op. cit., t. I, p. 104-109. Pierre de Rohan, frère cadet de Louis II, fut introduit à la cour du roi en 1461, par Jean de Montauban. Le 11 octobre 1476 il devint maréchal de France. Conseiller très écouté du roi, il bénéficia des dons et des pensions royales, ce qui lui permit d’assurer un bel avenir à sa descendance. L’inimitié de Louise de Savoie et d’Anne de Bretagne entraîna sa chute en 1504.
106 À ce sujet, C. Gauvard montre à quel point, au milieu du XVe siècle, « la fama d’un noble au Parlement tient moins à sa naissance qu’a l’attitude politique : au Parlement, la noblesse se signe par la fidélité au bon camp » (Gauvard C., « Entre justice et vengeance : le meurtre de Guillaume de Flavy et l’honneur des nobles dans le royaume de France au milieu du XVe siècle », Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge, Paris, 2000, p. 304).
107 Leguay J. -P. et Martin H., op. cit., p. 126.
108 M. Nassiet met notamment en avant l’importance des lignes cadettes dans la formation des réseaux de clients du chef de lignage (Nassiet M., op. cit., p. 73-74).
109 Guillaume de Rieux, né le 25 mai 1385, frère cadet de Jean, décéda sans alliance. Il serait mort en Palestine, prisonnier des « Sarrazins ». Bourdeaut le confond ou l’assimile à Michel de Rieux (Bourdeaut A., « Un compagnon… », art. cit., p. 93). Marguerite et Marie furent mariées après la mort de leur père ; quant à Jeanne, née le 31 juillet 1381, elle mourut sans alliance (BN, Dossiers bleus 566, f° 73 et cabinet d’Hozier 290).
110 ADM, E 55. À la lecture de la réformation du fouage, réalisée au début du XVe siècle, les Rieux-Rochefort semblent avoir cédé aux sires de Matignon les feux qu’ils possédaient dans la paroisse d’Escoublac. Ainsi, en 1426, 26 des 55 feux de cette paroisse relevaient des Matignon (ADLA, B2988). On ne sait s’il s’agit du douaire cité dans le contrat ou plutôt de biens échangés aux Matignon contre le douaire promis.
111 Jean de Craon succéda à son père en 1376 et mourut le 26 novembre 1432 (Du paz A., op. cit., p. 766). La branche aînée des barons de Craon tenait les châtellenies de Poiltré, d’Athée, de Châtelais, du Lion d’Angers et de Champtocé. À la fin du XIVe siècle, la baronnie de Craon rapportait environ 1 000 livres tournois par an à son seigneur. Quant à Champtocé, associée à Ingrandes, elle valait de 3 000 livres à 4 000 livres (Le Mené M., Les campagnes angevines à la fin du Moyen Âge, Nantes, 1982, p. 153, 489-490 et 492).
112 ADM, E 55. On ne sait sur quelles terres étaient assises ces rentes.
113 Nassiet M., op. cit., p. 159.
114 En 1465, la seigneurie de la Gacilly rapportait près de 200 livres annuelles (ADLA, B 1957).
115 Béatrice de Montauban serait morte le 21 janvier 1401 (Le comte de Bellevue, Maison de Montauban, 1898, p. 57), à peine sept mois après le paiement de sa dot, 1er juillet 1400 (BN, Dossiers bleus 566).
116 En 1405, Marie de Rieux était reconnue dame de la Gacilly (Blanchard R., op. cit., acte 88).
117 BN, Dossiers bleus 566 et ms. fr. 22331, f° 160.
118 Hozier C. D’, Armorial de France, Bretagne, Rennes, 1930, t. II, p. 963-969.
119 BN, Dossiers bleus 566. D’autres sources avancent l’année 1419 (Hozier C. D’, op. cit., t. II, p. 963-969).
120 Guillotin de Corson, op. cit., t. II, p. 94. Le contrat de mariage de « Pierre de Rieux sire de Châteauneuf fils puîné de seigneur et dame de Rieux » et Jeanne de Châteaugiron fut signé le 27 août 1416 (ADM, E 55).
121 ADM, E 55.
122 Michel aurait épousé en secondes noces, à une date inconnue, une dame de Malestroit prénommée Jeanne (ADM, E 55).
123 Morice Dom H., op. cit., col. 897.
124 ADLA, B 1847/1.
125 Le 6 mai 1413, Jean de Rougé établit les terres de Rougé et du Tail comme douaire de sa femme (ADM, E 55, p. 15).
126 En 1419, Béatrice obtint la levée de la saisie d’une rente de 100 livres que le vicomte et la vicomtesse de Rohan devaient au sire de Rieux, et que ce dernier avait donnée à sa fille (BN, ms. fr. 23331, f° 161).
127 Tableau 1. – Quelques dots payées lors de mariages aux XIVe et XVe siècles.
Les informations concernant la famille de Laval sont tirées de Nassiet M., op. cit., p. 147 ; celles concernant la famille de Rohan de Gicquel Y., Alain IX de Rohan, p. 288-289 et Jean II de Rohan, p. 93 ; pour les Rieux, il s’agit de l’inventaire ADM, E 55.
128 En Bretagne comme en Anjou, il était d’usage lors du mariage du fils aîné de lui donner la jouissance du tiers de la fortune paternelle (Planiol M., Histoire des institutions de la Bretagne, Mayenne, 1981, t. IV, p. 305).
129 ADM, E55. Jean III reçut vraisemblablement cette seigneurie avant son union avec Jeanne d’Harcourt.
130 BN, cabinet d’Hozier 290 et ADM, E 55.
131 En 1414, lors de son mariage avec Louis d’Amboise, Marie de Rieux, fille de Jean III de Rieux et Béatrice de Montauban reçut en dot la châtellenie de Nozay, estimée à plus de 150 livres soixante ans plus tard (ADLA, B 1835).
132 L’utilisation des biens hérités des Le Bœuf se rapproche de celle réservée aux dots des femmes du chef de lignée qui servaient à doter ses sœurs ou ses filles (Nassiet M., op. cit., p. 144).
133 ADM, E 55, p. 26.
134 BN, Dossiers bleus 566. D’autres sources parlent du 7 septembre.
135 L’opportunisme de Jean II se manifesta lors de son mariage avec Jeanne de Rochefort. Cette alliance matrimoniale résultait évidemment d’une stratégie et de la convergence d’intérêt, mais aussi du hasard. Seules les morts imprévisibles et successives de Guillaume de Rieux, Thibaud de Rochefort et Éon de Montfort créèrent les conditions favorables au mariage de Jean II, resté célibataire jusque-là.
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