Au défi de l’Autre : les ordres militaires et la défense de la chrétienté latine au Moyen Âge
The Other’s Challenge: the Military Orders and the Defence of the Latin Christendom in the Middle Ages
p. 149-172
Résumés
Aujourd’hui encore, les ordres militaires restent associés à la frontière de la chrétienté latine, à cette ligne de fracture censée la séparer du territoire des Infidèles. Ils ont lutté pour la défendre et l’étendre, mais également œuvré à la peupler, à la fortifier et à l’intégrer dans des structures politiques et sociales nouvelles. Ils ont ainsi tissé une véritable relation à l’Autre, très rarement prise en compte par les historiens. C’est cette rencontre, sous toutes ses formes, qui fait l’objet de l’étude. Dans la lutte contre les Infidèles qui était au cœur de leur mission, les frères se sont associés quelques-uns d’entre eux, recrutant parmi les musulmans des soldats stipendiés et des professionnels dotés de compétences techniques rares. Pour opérer la colonisation, ils ont aussi employé des non-chrétiens, fussent-ils païens, subordonnant toujours la logique religieuse aux besoins qui étaient les leurs. Des relations avec l’Autre se sont ainsi mises en place, sans doute diplomatiques d’abord, mais tout autant pratiques et quotidiennes. Elles ont valu aux frères les critiques de leurs contemporains. De part et d’autre de la frontière, une connaissance mutuelle s’est dessinée, assortie parfois d’estime, mais, en dépit des échanges et des emprunts auxquels elle a donné lieu, toujours elle est restée pensée en fonction de l’horizon de confrontation pour lequel le Temple et ses émules avaient été institués.
Today the military orders still remain associated to the frontier of the Latin Christendom, i. e. to the clear-cut line which supposedly separated it from the territories of the Infidels. They fought to protect and extend the frontier, but they also worked to settle it, to fortify it and to integrate it in new social and political structures. They accordingly developed a real relation to the Other that historians seldom if ever consider. The present study deals with this manifold conjunction. In the struggle against the Infidels which was the heart of their mission, the brethren joined together some of them, recruiting among Muslims mercenaries or professionals endowed with singular technical competences. In order to reinforce the colonization, they also employed non-Christians, even heathens, always subordinating the religious logic to the needs they maintained. Thus relations to the Other took shape-diplomatic links at first gradually turned into more quotidian, pragmatic relations, which led the brethren’s contemporaries to voice various criticisms against them. On both sides of the frontier, one learnt from each other and one sometimes regarded each other. Esteem was not unusual. Nevertheless, in spite of the exchanges and the borrowings, these relations are still considered from the point of view of confrontation for which Templars and their peers had been established.
Texte intégral
1Dès le Moyen Âge, de nombreuses représentations littéraires ou iconographiques ont associé les ordres militaires à la frontière, à celle dont il était d’usage de parler au singulier, à savoir dans l’esprit du temps la ligne de fracture séparant le monde chrétien latin du territoire des Infidèles. Dans cet espace, les Templiers et leurs émules étaient tenus pour lutter de façon inlassable au service de la défense et de l’expansion de la foi. Jouant d’une pareille image en d’infinies répétitions, l’historiographie traditionnelle a bâti depuis l’époque moderne un cliché que bien des publications reprennent encore sans l’interroger. Les frères des ordres militaires, ainsi, conservent aujourd’hui souvent une réputation de fanatiques religieux et, face à l’Autre, ils passent parfois – à tort – pour avoir été animés par une haine confessionnelle voire raciale1. Sans doute est-ce la conséquence de ce que Kristjan Toomaspoeg a récemment qualifié de « légende noire » et qui, jusqu’aux années 1980, a maintenu la plupart des chercheurs à bonne distance des Templiers, des Teutoniques ou des Calatravans2. Le passé médiéval des frères paraissait alors ressortir au politique et au militaire exclusivement : on peut dire qu’il ne passait pas et le discrédit porté à l’histoire-bataille ne poussait guère les spécialistes à essayer de mieux le connaître. Dans cette représentation ancienne des ordres militaires privilégiant la guerre, tout n’est évidemment pas faux, mais le rapport des frères à la frontière et à l’Autre se révèle en réalité plus complexe et, surtout, infiniment plus riche3.
2La frontière, comme Pierre Toubert l’a bien souligné, n’était au Moyen Âge linéaire que par abstraction4. En tant que zone, elle était, pour reprendre le mot du géographe allemand Friedrich Ratzel, aux réflexions duquel l’historien français a puisé, une Entwicklungsstufe, à savoir une « étape de développement », où l’État, désireux de signifier sa souveraineté, faisait valoir plus qu’ailleurs les prérogatives de la puissance publique5. C’est dans un tel cadre qu’à partir du xiie siècle, les ordres militaires se sont investis à la frontière de la chrétienté, luttant certes pour la défendre et l’étendre, mais entreprenant aussi de la peupler, de la fortifier et de l’intégrer à des structures politiques nouvelles. En bien des cas, pareille action a impliqué que les frères mettent en œuvre une véritable relation à l’Autre, faite d’échanges, de négociations et de rapprochements. De ces contacts, les historiens ne se sont guère saisis. Il serait important qu’ils s’en emparent et que, loin de tout irénisme, sans sacrifier à ce discours de pacification que l’on aimerait pourtant voir s’imposer dans l’actualité, ils s’attèlent à étudier le rapport des Templiers et de leurs pairs à l’Autre religieux, à l’Infidèle comme l’on disait au Moyen Âge, musulman ou païen, car, aux limites de la chrétienté latine, en ces lieux où les frères avaient vocation à se déployer, la confrontation armée n’a jamais épuisé l’ensemble des interactions qui ont pris place dans la réalité.
3Une telle démarche historique n’est pas facile. Depuis quarante ans, notamment grâce à Jacques Le Goff, des recherches de qualité se sont attachées à la figure de l’Autre. Toutefois, elles n’ont pas l’habitude, sauf de manière très ponctuelle, de s’intéresser aux ordres militaires. L’étude de ces institutions s’est pourtant dans le même temps considérablement développée, et l’on a pu soutenir récemment que « depuis quelque vingt-cinq ans nous sommes témoins d’une révolution scientifique dans l’écriture de l’histoire des ordres religieux-militaires au Moyen Âge6 ». En Pologne d’abord, à Toruń, au Royaume-Uni, à Londres, et au Portugal, à Palmela, au sud de Lisbonne, des congrès internationaux se réunissent à dates régulières pour analyser le passé des frères7 ; des revues consacrées à cette même finalité sont apparues, quoi qu’avec des succès éditoriaux divers8, et le Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, qui, jusqu’à sa sortie, en 2009, a mobilisé l’effort de deux cent quarante auteurs issus de vingt-cinq pays9, a répondu à la volonté de Marian Biskup, acteur majeur du renouveau des études teutoniques, qui réclamait, dès 1987, l’engagement de la communauté scientifique « in einer dauernden, internationalen Zusammenarbeit10 ». Malgré sa puissante activité, la recherche sur les ordres militaires au Moyen Âge a très peu envisagé la figure de l’Autre. Pour étudier cette dernière, c’est pourtant sur la première que je m’appuierai, tentant ici de combler un manque historiographique et espérant qu’ainsi le lecteur pourra avancer un peu mieux équipé encore dans cette recherche de l’Autre à laquelle les premières Assises franco-polonaises d’histoire nous ont invités. De rencontre – au singulier et au pluriel – il sera naturellement question dans les pages qui vont suivre, mais pour les frères des ordres militaires, tenus par leur vœu de combattre l’Infidèle, le rapport à l’Autre a d’abord constitué une épreuve voire une lutte, et c’est pourquoi, dans le titre de cet article, j’ai choisi de parler de défi.
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4Ayant vocation à lutter contre les Infidèles, les frères des ordres militaires ont reçu, à compter du deuxième tiers du xiie siècle, la charge d’une partie importante des frontières de la chrétienté latine11. De cette politique, amorcée en Orient, les Templiers ont été les plus anciens bénéficiaires. Moins d’un an après la reconnaissance de leur ordre lors du concile de Troyes12, ils s’engagèrent dans des affrontements avec l’Islam à la faveur de l’expédition montée contre Damas, pour laquelle le maître Hugues de Payns, en Occident, avait abondamment œuvré13. La campagne tourna au désastre, et, le 5 décembre 1129, après avoir essuyé de lourdes pertes, les Francs durent lever le siège, mais, en dépit de cet échec, l’aura du Temple est restée intacte et, bien que les défaites se soient renouvelées dans la décennie suivante, les frères commencèrent à recevoir de véritables marches aux frontières des États latins d’Orient14. Au sud du royaume de Jérusalem, face à la ville d’Ascalon, demeurée en possession des Fatimides, l’ordre s’est vu confier la place du Toron des Chevaliers, entre 1137 et 1141, et celle de Gaza, en 1150 ; plus au nord, dans le comté de Tripoli, Tortose, Château-Blanc et sans doute Arima lui échurent en 1152, tandis que dans l’Amanus, quatre ans plus tard, c’est un vaste espace situé aux confins septentrionaux de la principauté d’Antioche, autour des forteresses de La Roche-Guillaume, de Trapesac et de Gaston, qui passait entre ses mains15. S’inspirant des Templiers, au contact desquels ils avaient entrepris d’adopter un genre de vie militaire en plus de leur traditionnelle activité charitable, les Hospitaliers n’ont guère tardé à s’investir, eux aussi, dans la protection des frontières de l’Orient latin. La donation du château de Bethgibelin, en 1136, puis celle du Crac des Chevaliers, moins d’une décennie plus tard, ont démarré un processus qui s’est révélé irréversible dans la seconde moitié du xiie siècle16. À cette époque, l’engagement des frères des deux institutions, bientôt émulés par les Teutoniques, tendit à se développer sur de nombreux théâtres d’expansion de la chrétienté latine, où des missions frontalières leur ont été également confiées. En péninsule Ibérique d’abord, puis en Baltique comme dans le Burzenland, partie de l’actuelle Transylvanie, d’amples régions, de conquête récente, leur ont été remises par les princes régnants, qui, pour plus d’un, ont encouragé parallèlement la création d’ordres locaux, dont ils attendaient face aux Infidèles, musulmans ou païens, une collaboration militaire et une soumission politique plus étroites17.
5Dans les espaces frontaliers où ils se sont implantés, les Templiers, les Hospitaliers et leurs pairs ont œuvré de façon déterminée pour défendre et étendre la chrétienté latine. En des terres souvent imparfaitement pacifiées, menaçant toujours d’être envahies, les frères ont eu en premier lieu à accomplir une mission militaire. De façon générale, la lutte contre l’Infidèle ne leur était pas dévolue en propre. À cet égard, la Prusse constitue une exception, car, chassés du Burzenland par le roi de Hongrie André II en 1225, les Teutoniques ont pris soin de s’assurer de la protection impériale et pontificale avant de se lancer à la conquête d’un territoire dont ils se sont attachés, au fur et à mesure qu’ils l’enlevaient aux païens, à être reconnus comme seuls maîtres et souverains18. Ailleurs, les frères partageaient la lutte avec d’autres acteurs chrétiens, et toujours ils s’y sont investis avec abnégation, constituant parfois les seuls garants crédibles de la frontière, comme dans l’Orient latin de la seconde moitié du xiiie siècle, exposé, après le départ de Saint Louis, à l’affaiblissement extrême du pouvoir princier et à la pression terrible des Mamelouks19. À ces combats répétés contre musulmans et païens, les ordres militaires ont payé un lourd tribut. Plusieurs, d’importance pourtant tout à fait avérée, ont disparu à la suite d’une défaite, tels l’ordre des Porte-Glaive ou celui de Santa María de España. Installé près de Riga au début du xiiie siècle, le premier formait autour de 1230 l’élément le plus puissant de la confédération livonienne, dominant près de la moitié du pays, mais il n’a pu surmonter l’échec subi face aux Lituaniens à la bataille du Saule, où, le 22 septembre 1236, le maître Volkwin de Naumburg et l’essentiel des frères périrent, et, dès l’année suivante, il fut incorporé par le pape Grégoire IX à l’ordre Teutonique20 ; créé en 1272 par le roi de Castille Alphonse X pour les fechos del mar, le second eut une existence bien plus brève encore, puisque, malgré l’ambition du projet initial, il ne put se remettre de la victoire navale remportée par les Mérinides au large d’Algésiras en 1279 et fut fondu l’année suivante au sein de Santiago, durement éprouvé dans l’entre-temps par le désastre terrestre de Moclín21. D’autres ordres, sans avoir vu leur identité menacée, n’en ont pas moins perdu de nombreux chevaliers lors des défaites chrétiennes les plus terribles. Le 4 juillet 1187, deux cent trente Templiers moururent à Hattîn, deux mois seulement après que soixante sans doute sont tombés à La Fontaine du Cresson22 ; malgré le mythe historiographique tenace d’un désengagement militaire croissant de l’ordre du Temple, leurs coreligionnaires continuèrent à payer un lourd prix humain lors des grandes offensives mameloukes en Terre sainte, et cela jusque dans l’îlot de Rouad au début du xive siècle23. Au long des décennies suivantes encore, les Teutoniques, face aux païens, furent victimes de dures saignées24, tout comme leurs homologues hispaniques, qui en subirent jusqu’à la guerre de Grenade, où, par exemple, plus d’une trentaine de dignitaires santiaguistes périrent en 1483 à la bataille de la Ajarquía25.
6Au prix humain que les ordres militaires ont versé face aux Infidèles s’ajoute un coût financier. La défense des frontières de la chrétienté latine, en Orient, en péninsule Ibérique et dans les régions baltiques, supposait la mobilisation de ressources issues des commanderies de l’arrière et leur transfert vers les zones de combat. Ainsi, la logistique interne que les frères ont déployée pour remplir leur mission était un élément majeur d’une logistique générale, externe, celle des croisades par exemple26. Les ordres militaires, on le sait, ont formé les plus anciennes armées permanentes et professionnelles du monde latin médiéval27. Or, face aux musulmans et aux païens, puissants et très organisés quel que soit le front envisagé, maintenir des troupes sur pied et des fortifications en état de défense constituait un coût considérable. Quoique pourvus d’une culture de guerre performante28, les frères des ordres militaires, aux effectifs limités29, ne pouvaient suffire à tout. À chacune des frontières de la chrétienté latine, ils prirent l’habitude de recruter, en plus de leurs dépendants, des supplétifs stipendiés, dont, comme Pierre-Vincent Claverie l’a relevé pour l’Orient, « l’histoire demeure largement méconnue30 ». Au sein de tels contingents, des Infidèles, musulmans ou païens, ont pu trouver place, s’associant par là même à l’effort militaire des frères contre leurs coreligionnaires. À cet égard, selon le front envisagé, la situation varie assez largement. Dans les régions baltiques, l’ordre Teutonique, dès la fin du xiiie siècle, a eu recours à des mercenaires, mais, conscient sans doute de la frontière existant pour la papauté, il n’a jamais recruté de païens, pas plus qu’il ne paraît avoir cherché à utiliser militairement ceux de ses sujets qui l’étaient restés, contrairement à plusieurs princes chrétiens qui, tel le duc de Pomérélie Swantopolk II, n’ont pas hésité à prendre appui sur les Infidèles et à s’allier avec eux pour faire pièce aux frères31. En Terre sainte, les armées des Latins étaient « ethniquement mêlées », comme l’a souligné Abbès Zouache32, et celles des ordres militaires n’échappaient pas à cette règle. Des chrétiens orientaux et des convertis de l’islam y prenaient place, notamment parmi les turcoples33, mais la présence de mercenaires musulmans est moins sûre34, l’idée dérivant pour le Temple, où l’on l’invoque surtout, des accusations d’intelligence avec l’ennemi fabriquées à l’occasion du procès et accréditées, entre autres, par la déposition du sergent saintongeais Hugues de Nersac35. Dans la péninsule Ibérique, le recours des frères au mercenariat, malgré les réserves d’Alan Forey36, me semble en revanche avéré37. De même qu’en Terre sainte, il concerne en priorité les arbalétriers dont un groupe, engagé en 1242 par le maître de Santiago dans une échauffourée avec des gens de Tolède, est décrit comme formé de musulmans par le procureur de l’archevêque qui s’en plaint au pape38. Pareil cas n’est pas isolé, et, si l’on a pu déduire un peu vite que les ordres militaires avaient couramment utilisé des soldats de confession islamique39, plusieurs exemples sont néanmoins remarquables, tel celui d’Ali, alcaide de Cervera en 1308 pour le compte de l’Hôpital, dont Cervantes s’est très certainement inspiré pour créer cet Alifanfarón, seigneur de l’île de Taprobane, avec lequel Don Quichotte rêve d’en découdre pour le punir de ses multiples méfaits40. À ce musulman, au destin singulier, j’ai eu l’occasion de consacrer une étude41, mais d’autres le mériteraient tout autant, à commencer par ce maître Galvo, qui, d’après une inscription conservée au château d’Alandroal42, en Alentejo, a dirigé la réforme architecturale de la forteresse conduite en 1298 sous l’autorité du maître de l’ordre d’Avis43. Rétribués, des musulmans tels qu’Ali ou Galvo l’ont été pour participer à l’effort de guerre des frères contre leurs propres coreligionnaires ou, du moins, pour s’associer à des institutions dont c’était là la mission centrale. La vocation des ordres militaires à combattre les Infidèles ne fait aucun doute, mais il n’en fait pas davantage qu’elle a pu s’exercer de façon plus souple et moins caricaturale qu’on le pense d’ordinaire44, en utilisant, le cas échéant, l’Autre à son profit.
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7Afin de pérenniser les conquêtes latines, qu’ils avaient mission de protéger, les ordres militaires ont été étroitement associés à l’œuvre de colonisation entreprise aux frontières de la chrétienté, faisant office, selon les mots d’Alain Demurger, d’« agents de normalisation » pour des sociétés appelées à s’intégrer dans des cadres nouveaux45. Historiquement, ce phénomène s’observe d’abord en Terre sainte et, plus particulièrement, dans le royaume de Jérusalem, où la recherche archéologique a remis en cause le modèle longtemps indiscuté d’une colonisation qui aurait été presque exclusivement urbaine46. À cette entreprise, les ordres militaires ont pris une part active, même s’ils n’en furent pas les protagonistes majeurs47. L’Hôpital, en Orient, a réuni au cours des xiie et xiiie siècles un patrimoine foncier immense, puisque l’on estime que, sur les 885 localités connues alors pour le royaume de Jérusalem, il en possédait 171, soit près du cinquième ; dans le comté de Tripoli et la principauté d’Antioche, la proportion des terres détenues par les frères était vraisemblablement plus élevée encore48. La plupart de ces lieux ne firent pas l’objet de projets de colonisation spécifique, mais l’Hôpital, ponctuellement, a mené des entreprises remarquables, comme à Bethgibelin, où, à la suite de la donation de 1136, des familles franques, venues de régions diverses, furent installées sur des tenures en bourgeoisie, leur nombre en 1168 dépassant déjà la trentaine49. Le Temple n’est pas demeuré en reste et il a œuvré à soutenir également la colonisation, y compris dans des zones intérieures, comme à La Fève et au Petit-Gérin50. Dans ces espaces, toutefois, le peuplement latin était rare. L’avancée de Saladin, consacrée en 1187 par sa victoire à Hattîn et la reprise de Jérusalem, lui a porté un coup très dur, bien que les ordres militaires ne se soient pas découragés et que les Teutoniques, par exemple, dans le second tiers du xiiie siècle, aient encore pu administrer, sous la protection de leur forteresse de Montfort, plusieurs dizaines de familles franques sur le site de Castellum Regis51. Avec plus de réussite qu’en Terre sainte, où les Latins lâchèrent progressivement prise face aux musulmans, les frères ont aussi contribué à intégrer les espaces frontaliers enlevés par les chrétiens aux marges méridionales et orientales de l’Europe. Sur ces théâtres d’expansion, le Temple et l’Hôpital l’ont cédé en importance à des ordres militaires que l’historiographie a pu qualifier de territoriaux, partant qu’en colonisant un espace spécifique ils se sont ancrés en lui au point d’achever parfois par complètement s’y identifier52. Dans la péninsule Ibérique, du Portugal jusqu’en Aragon, Santiago, Calatrava et, à un moindre degré, Alcántara ou Avis ont joué un rôle tout à fait décisif dans l’articulation sociale des régions situées au sud du Tage et de l’Èbre, définitivement soumises par les royaumes chrétiens à la suite de leur victoire de Las Navas de Tolosa en 121253. En Europe orientale, ce furent les Teutoniques qui assumèrent une fonction comparable, d’abord dans le Burzenland, où, en 1225, leur action fut interrompue par le roi de Hongrie André II54, puis en Prusse et en Livonie, dont les frontières ont été confortées par une colonisation allemande déployée à partir d’un réseau de bourgs et de forteresses, peu à peu renforcé au cours de la seconde moitié du xiiie siècle55.
8Dans leur mission de peuplement, de fortification et d’intégration d’espaces nouveaux au monde latin, les ordres militaires ont souvent obtenu des résultats appréciables. Le fait, déjà sensible en Orient, appert pleinement dans la péninsule Ibérique et en Baltique, où l’action des frères a bénéficié d’une continuité supérieure. Dans ces deux espaces où les terres qui leur ont été données, sans être désertes, restaient néanmoins au xiie siècle amplement désarticulées et, à tout le moins, grandement sous-exploitées, les ordres militaires ont développé une colonisation efficace, créant un habitat, structurant des terroirs et s’attachant une population qui leur permit d’asseoir leur contrôle de la frontière56. En Prusse, on le sait, « le processus engagé fut total », et – pour prêter écho à Sylvain Gouguenheim – « les villes et les villages fondés épaulaient les forteresses nécessaires aux actions militaires, l’appel à une main-d’œuvre venue d’Allemagne permettait la mise en valeur des espaces conquis, tout en assurant la plénitude démographique indispensable à l’exercice du nouveau pouvoir et à une christianisation effective57 ». Puissant, ce mouvement y aurait abouti à la fondation de 90 villes et de 1400 villages abritant en 1410, à la veille de la bataille de Tannenberg, quelque 550 000 habitants, soit près de quatre fois plus que la région en comptait deux siècles auparavant58. Pareils chiffres ne doivent pas masquer la difficulté de la tâche de colonisation réalisée par les Teutoniques face aux païens à la frontière nord-orientale de l’orbe latin. Dès le xiiie siècle, les Prutènes, ces peuples autochtones ayant en commun une religion polythéiste fondée sur un culte de la nature proche de celui des anciens Germains, ont été à deux doigts de tout remettre en cause. Lors de la révolte de 1242-1249 et, plus encore, de la grande apostasie de 1260-1283, les positions teutoniques de Prusse ont failli s’effondrer59, et, quelque deux siècles plus tard, au temps de la guerre de Treize Ans, elles ont cédé face à l’opposition de la Ligue prussienne, rassemblant contre l’ordre ceux qui, nobles ou patriciens, en avaient été autrefois les partenaires pour affronter les païens60. L’échec final des Teutoniques en Prusse est connu61. On sait moins toutefois que, dans la péninsule Ibérique, des reculs sensibles, jusqu’à la fin du Moyen Âge, ont affecté localement le front de Reconquête. Le combat contre l’émirat nasride de Grenade, loin d’être joué d’avance, y a été âpre pour les ordres militaires et, sans doute plus encore, coûteux, comme il ressort de l’exemple du château santiaguiste de Benamejí, au sud de Cordoue, perdu et récupéré à trois voire quatre reprises au cours de la guerre du Détroit, entre la fin des années 1270 et le milieu du siècle suivant62. À la forte charge que la frontière représentait pour les frères, j’ai eu l’occasion de consacrer deux études63. Trop rarement pris en compte par les historiens, ce poids financier explique pourtant certains échecs que les frères des ordres militaires, dans la péninsule Ibérique comme ailleurs, ont connus dans leur tâche d’intégration sociale et politique des confins du monde latin, pour laquelle, bien davantage que l’on le pense en règle générale, ils n’ont pas hésité à recourir aux Infidèles, selon les cas musulmans ou païens.
9La colonisation mise en œuvre par les ordres militaires aux frontières de la chrétienté latine n’a pas donné lieu à des transferts massifs de population en provenance d’Occident. On le constate pour l’Orient latin, le sud de la péninsule Ibérique et même pour le monde baltique, où l’Ostbewegung, souvent, a été exagéré. Là comme ailleurs, il a été indispensable aux frères de faire appel à des non-chrétiens, à ces Infidèles face auxquels ils s’étaient imposés et dont ils prétendaient s’emparer des terres durablement. En effet, contre les musulmans ou les païens, la guerre n’a jamais été d’extermination, et, si des massacres ont eu lieu, qui tous ne ressortissent pas à la légende, l’ennemi n’a nulle part été éradiqué, y compris en territoire baltique64, où, en dépit d’affrontements très rudes, les Prutènes, au nombre de 150 000 à 170 000 au début de la conquête teutonique, se sont démographiquement rétablis un siècle et demi plus tard, passé la terrible saignée de la deuxième moitié du xiiie siècle65. Pas plus qu’ils n’ont cherché à éliminer leurs adversaires, les ordres militaires n’ont voulu les convertir de force. Face aux musulmans comme aux païens, les frères ont été accusés d’œuvrer de manière timide, voire hypocrite, à la christianisation66. Émanant principalement de clercs, cette critique a un aspect polémique, mais elle traduit une réalité : convertir les Infidèles ne relevait pas de la mission des Templiers et de leurs émules et, une fois l’ennemi soumis, les considérations pratiques l’ont systématiquement emporté sur la logique religieuse. À chacune des frontières de la chrétienté romaine, les ordres militaires ont composé avec les populations locales, quelle qu’ait été leur foi, car ils en avaient besoin pour asseoir une domination pérenne. Ainsi, en Terre sainte, la paysannerie, chrétienne mais aussi musulmane, a simplement changé de maître avec la conquête latine67. En son sein, à côté des tenanciers libres, intégrés aux cadres de la seigneurie foncière, il existait des esclaves dont le nombre élevé a pu conduire à évoquer pour le Temple, à Safed et ailleurs, de véritables « brigades serviles68 ». L’Hôpital et l’ordre Teutonique n’ont pas procédé autrement69. Dans les régions baltiques qu’elle contrôlait, cette dernière institution a largement associé les Prutènes à la mise en valeur des terres. Faut-il aller avec Sylvain Gouguenheim jusqu’à la décrire comme « généreuse avec ses alliés, voire ses ennemis70 » ? On peut en discuter, l’infériorité juridique semblant la règle pour les païens, mais le fait est qu’après avoir repris le contrôle de la Prusse, les frères se sont tournés vers ceux qui leur étaient demeurés fidèles, comme les Pomésaniens, mais aussi vers d’anciens ennemis, Sudoviens ou Sclavoniens, à l’image de ce Tussim, que le chroniqueur Pierre de Dusbourg paraît connaître, et du redoutable chef Skomant, qui, en 1285, reçut pour fief le village de Steynio, près de Landsberg71. Dans la péninsule Ibérique, on tend aussi trop souvent à penser que l’hostilité des ordres militaires envers l’Islam les a empêchés d’accueillir d’importantes communautés mudéjares72. Rien n’est moins sûr pourtant73, et, au sud du Tage et de l’Èbre, des musulmans ont bel et bien vécu sous le pouvoir des frères : ce sont des captifs réduits en servitude, dont les textes parlent peu car ils ne constituent pas de véritables sujets de droit74, mais aussi des libres, que l’on a tort au plan comptable d’assimiler systématiquement à une minorité75. L’importance du phénomène, en ce début du xxie siècle, a commencé à être bien perçue76. Elle s’est même nourrie d’une immigration musulmane issue des ressorts d’autres juridictions77. Soulignant les limites du repeuplement chrétien78, cet appel à des mudéjars venus de l’extérieur, développé par les ordres militaires dans la seconde moitié du xiiie siècle, touche l’Aragon, par exemple à Villastar en 126779, tout comme le Portugal ou la Castille80. Même limité, il démontre qu’être musulman dans le ressort des frères n’implique nullement un statut aussi systématiquement dévalué que l’historiographie tend en général à le considérer. L’Infidèle n’y est pas maltraité, et, même si l’on observe parfois localement de plus grandes contraintes à partir du xive siècle81, des non-chrétiens, dans la péninsule Ibérique comme en Baltique, ont subsisté dans les terres des ordres militaires jusqu’à la fin du Moyen Âge, voire bien au-delà82. La logique religieuse n’était pas première, et, jusque dans les actions d’évangélisation qu’ils ont pu entreprendre, les frères ont toujours composé, notamment avec leurs besoins propres et leurs intérêts.
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10Acteurs majeurs de la frontière, les frères des ordres militaires ont également œuvré à sa fixation ou, du moins, à sa stabilisation. À l’échelle locale ou régionale, ils ont pu se révéler des instruments de paix, quoi que ce rôle, souvent occulté, demeure encore très peu étudié par les historiens83. En tant qu’institutions de l’Église romaine, les milices partageaient avec celle-ci son aspiration à la paix universelle et à la concorde, et c’est bien sûr d’abord à l’intérieur du domaine latin qu’elles mirent en action un tel objectif, ne fût-ce que pour en augmenter l’unité face à ses ennemis. En Orient comme ailleurs, l’activité diplomatique des frères trouvait là une raison d’être essentielle84, et les frontières, plus d’une fois, en constituèrent l’enjeu privilégié85. En 1158, au terme de la paix signée entre France et Angleterre, la place de Gisors fut confiée à trois Templiers normands, requis de veiller à sa neutralité86. Les frères n’ont pas dû accomplir la mission correctement, puisque, deux ans plus tard, le château fut investi par les Plantagenêt, mais l’idée de faire des ordres militaires les garants des frontières entre royaumes chrétiens fut reprise, notamment dans la péninsule Ibérique. Là, avec l’avancée des Latins aux dépens d’al-Andalus et l’émergence en leur sein d’un processus de différenciation politique opposant cinq royaumes – le Portugal, le León, la Castille, la Navarre et l’Aragon –, s’est posé, au milieu du xiie siècle, un problème pour délimiter les nouvelles frontières internes87. Entre les monarchies chrétiennes, un état de droit s’est institué, qui contrastait avec le type de relations entretenues à l’égard des musulmans88, et, dans ce système, sanctionné par des accords récurrents, les ordres militaires ont joué un rôle de garants. En 1181, lors du traité passé à Medina de Rioseco entre Ferdinand II de León et Alphonse VIII de Castille, un certain nombre de châteaux frontaliers ont été dévolus au maître de Santiago, Pedro Fernández, et au prieur de l’Hôpital, Pedro Arias, « pro tenenda et observanda bona pace inter nos et filios nostros et filias in perpetuum89 ». La pratique s’est conservée, et d’Almizra, en 1244, à Tordesillas, en 1494, plusieurs grands traités de paix ont été négociés pour partie grâce à l’action diplomatique des frères90. D’un tel rôle de médiation, les ordres militaires ont également pu jouer avec les Infidèles et, au premier chef, avec les musulmans. Les négociations des Templiers avec les puissances islamiques au Levant remontent à une période très ancienne et l’hostilité mutuelle n’a jamais entravé leur existence : Saladin, en 1191, a désigné un frère du Temple comme garant de ses tractations avec Richard Cœur de Lion, quatre ans seulement après avoir ordonné l’exécution de tous les membres de l’ordre capturés à la bataille de Hattîn91. Si, à l’époque, dans l’Orient méditerranéen comme en péninsule Ibérique, une paix entre chrétiens et musulmans était inconcevable pour des raisons idéologiques, des trêves pouvaient être conclues, pour une période maximale de onze ans, dans la mise en œuvre desquelles les frères des milices se sont souvent avérés décisifs92. Médiateurs quand ils opéraient pour des tiers, à l’image du Templier Geoffroy Foucher, négociant en 1167 entre le royaume de Jérusalem et le califat fatimide d’Égypte93, les frères eurent également en matière diplomatique un rôle d’acteurs. Le fait se vérifie dès l’origine dans le monde baltique, où les Teutoniques, en vertu des privilèges reçus du pape et de l’empereur, agissaient face aux païens en leur nom propre94. Il transparaît aussi à l’échelle de l’Orient latin, où, passé le milieu du xiiie siècle, une bonne part des espoirs chrétiens reposait sur les frères. Ainsi, pour protéger au mieux ce qui subsistait des États francs, les Hospitaliers et les Templiers prirent l’initiative de différentes trêves avec les Mamelouks, les premiers en 1267 et 1271, les seconds en 1271 et 1282 ; au prix de différentes concessions, Guillaume de Beaujeu, le maître du Temple, a même obtenu d’un important émir du Caire, devenu en quelque sorte son “honorable correspondant”, des renseignements réguliers, qui servirent notamment lors des attaques contre Tripoli en 1289 et contre Acre en 129195. En négociant avec les Infidèles et en le faisant parfois, hormis dans la péninsule Ibérique96, de leur propre initiative, les ordres militaires se sont attachés à consolider leurs positions et celles des Latins ou, à tout le moins, notamment en Orient, à retarder le recul chrétien face à un adversaire qui s’est avéré finalement supérieur.
11La capacité de négocier avec les Infidèles, voire de s’en rapprocher parfois, valut aux ordres militaires parmi les Latins de plus vives critiques encore que leur peu d’empressement à servir une politique de conversion dont, hormis chez certains clercs, il semble que l’on ait saisi qu’elle ne relevait nullement de leur vocation. Ainsi, l’idée d’une collusion des frères avec les Sarrasins au Levant a ouvert la voie à des rumeurs de trahison. Le Temple en a été la première victime, probablement pour la seule raison qu’il était un ordre purement militaire97. Vers 1165, Jean de Würzbourg l’accuse de s’être laissé acheter en 1148, lors de l’offensive contre Damas, entraînant ainsi l’échec de la seconde croisade98. Convoitise et trahison sont pour Guillaume de Tyr les causes expliquant l’attitude des Templiers au siège d’Ascalon, en 1153, dans l’affaire Nasr, l’année suivante, et dans le meurtre des envoyés des Assassins, en 117499. Par la suite, de semblables accusations ont été reprises par Gautier Map, Guy de Bazoches ou encore Matthieu Paris et étendues, le cas échéant, aux Hospitaliers100. Passablement estompés passé le milieu du xiiie siècle, ces bruits de collusion avec l’Islam sont réapparus, parfois crûment, au moment du procès intenté au Temple. À croire la déposition de Jacques de Molay devant la commission pontificale le 28 novembre 1309, les relations nouées par l’ordre avec les musulmans n’étaient pas toujours bien perçues des frères fraîchement arrivés en Orient, et, face aux juges, le grand-maître avoue avoir murmuré au milieu des années 1270 contre son prédécesseur Guillaume de Beaujeu avec d’autres chevaliers « jeunes et désireux de faire la guerre », même si, instruit par l’expérience, il dit avoir vite compris la nécessité d’instaurer des trêves101. D’autres Templiers, interrogés dans le cadre du procès, reconnurent avoir éprouvé un même malaise102, tels le clerc Guillaume Textoris ou les sergents Hugues de Nersac et Pierre de Nobiliac, ce dernier relatant, avec une certaine compréhension, que Guillaume de Beaujeu avait « une grande amitié avec le sultan et les Sarrasins, car autrement il lui aurait été impossible de se maintenir avec son ordre outre-mer103 ». Sur la masse des interrogatoires, on peut trouver mention du passage d’un frère à l’ennemi et de son apostasie, mais c’est là simple ouï-dire104 ou parfois erreur avérée, comme pour Hug d’Empúries, accusé par Henry Danet, le dernier commandeur d’Irlande, d’avoir trahi le château de Tortose et d’être devenu musulman105, alors qu’il fut en réalité capturé à la chute de Rouad, en septembre 1302, comme il l’avait été déjà, treize ans plus tôt, à Tripoli106. Dans le Sud de la France, quelques témoignages peuvent sembler aller plus loin, en particulier ceux qui évoquent l’idole « in figuram Baffometi107 », mais, surinterprétés souvent, dans les sens les plus divers108, ils ne sauraient faire accroire que les Templiers, fût-ce pour une petite partie d’entre eux, sont passés à l’islam. Ces aveux, comme tous les autres, doivent être maniés avec précaution109 et – sans doute n’insistera-t-on jamais assez – étudiés, par-delà la procédure, dans la logique ultime du procès, qui, Julien Théry l’a bien démontré, « ne s’est fondé sur rien de vrai110 ». On ne doit donc pas y chercher des faits à toute force. Au Temple comme dans les autres ordres militaires, certains frères ont évidemment pu déserter et passer pour un temps ou pour le reste de leur vie à l’ennemi. Règles et statuts ont cherché à l’empêcher111, mais des cas sont avérés, qui, vers les musulmans – contrairement à ce qui se passait vers les païens112 –, ont pu se doubler d’apostasie, comme c’est arrivé au Templier hispanique Martín, entré au service d’al-Mu ‘ azzam vers 1227 et demeuré aux ordres des princes ayyoubides jusqu’à sa mort en 1248113. Toutefois, pour Alan Forey, qui mieux que quiconque a étudié ce phénomène, « the choice of examples does not suggest that genuine defections of this kind were numerous114 », et, quoi que les relations des ordres militaires avec les Infidèles n’ont pas participé de cette violence aveugle que, souvent, on leur prête sur la base de postulats aussi anachroniques que faux, elles ne souffraient pas de la moindre ambiguïté115. Au Temple, elles sont devenues un enjeu uniquement au temps du procès, et, plus tard, dans une perspective très différente, les Lumières s’en sont emparées pour exalter la tolérance religieuse, dont les frères, censément, auraient été l’un des premiers exemples. Lessing, en cette matière, a été un artisan majeur. En 1779, il écrivit une pièce philosophique, Nathan der Weise, qui, dans la Jérusalem recouvrée par Saladin, fait dialoguer un représentant de chacun des grands monothéismes116 : à côté du sultan et de Nathan, un marchand juif empreint de sagesse, c’est un jeune Templier qui figure le christianisme et se trouve conduit à se rapprocher des deux autres protagonistes pour découvrir, conformément à la parabole des trois anneaux, empruntée à Boccace117, la fraternité entre les trois religions du Livre118. En France, l’œuvre de Lessing a été adaptée dans un esprit assez fidèle par un roman paru en 1818, Le Templier, le Juif et l’Arabe119, puis, en 1841, dans un texte davantage marqué par l’apologétique catholique, Adelmar le Templier120. Les relations des Templiers avec les musulmans au Moyen Âge sont loin de correspondre à ce que ces récits mettent en scène, et, hormis pour les ésotéristes, qui, depuis le xixe siècle, en ont fait une base essentielle de leurs spéculations, l’islamophilie des frères est une idée fausse, dont Frédéric II, pourtant accusé du même travers121, déjà n’avait pas hésité à jouer122.
12Loin des représentations contemporaines qui souvent cherchent à faire de la frontière un lieu de confrontation à outrance ou, à l’inverse, le théâtre de tous les passages et brassages, les frères des ordres militaires ont abondamment pratiqué ces espaces, tant au Levant que dans la péninsule Ibérique ou le monde baltique, et toujours ils se sont souciés de regarder par-delà, du côté de l’adversaire. Une ouverture à l’Autre s’est fait jour, valable vis-à-vis de l’islam bien plus que du paganisme. Récemment, Simonetta Cerrini a décrit la Terre sainte, à l’époque des croisades, comme « un chantier où se sont mêlées sensibilités religieuses diverses, chrétiennes orientales, chrétiennes latines et musulmanes123 ». L’image est forcée, mais il a existé des lieux où s’opéraient des convergences entre fidèles de religions différentes. Le plus remarquable est sans doute Saydnâyâ, où, autour d’une icône miraculeuse de la Vierge, chrétiens et musulmans se sont rassemblés, participant d’un même culte et trafiquant une huile sainte dans la diffusion desquels, en Occident, les Templiers ont joué un rôle tout à fait crucial124. Faute de sources, la connaissance de l’islam que possédaient les frères des ordres militaires est difficile à évaluer et elle semble avoir varié selon les espaces, plus grande sans doute aux frontières de la péninsule Ibérique125. Souvent, les Templiers et leurs pairs entretenaient au sujet de la foi musulmane les conceptions erronées répandues parmi les Occidentaux de leur temps126, mais il pouvait arriver aussi qu’ils en sachent assez long : en matière d’usages, les chartes de peuplement accordées aux communautés islamiques de Xivert et de La Aldea, la première par le Temple en 1234, la deuxième par l’Hôpital en 1258, témoignent d’une connaissance étendue, évoquant l’appel à la prière, l’obligation de celle-ci comme celle du jeûne et du pèlerinage à La Mecque, voire, pour le texte le plus ancien, l’impossibilité pour un musulman de prêter serment autrement qu’en se référant à Dieu127. En termes de doctrine, cependant, le savoir des frères n’allait pas jusqu’à un tel stade et, globalement, il demeurait rudimentaire128. La langue arabe ne semble pas avoir été mieux cultivée dans les ordres militaires. Certains de leurs membres, bien sûr, l’ont pratiquée, quelquefois à un niveau remarquable, tels ce frère Simon, un Hospitalier dont on sait très peu de chose, qui, d’après Ibn Nazif al-Hanawi, agit entre 1229 et 1232 comme émissaire auprès des autorités de Homs et d’Alep129, ou le Templier Matthieu Sauvage, qui, aux années 1260, a été investi d’un rôle diplomatique comparable130. Ce sont là néanmoins des exceptions, car, en général, les frères échangeaient avec les musulmans grâce à des interprètes131 ; les Teutoniques paraissent même avoir systématiquement privilégié un tel biais, d’abord en Terre sainte, où les statuts rapportent la nécessité d’entretenir dans l’entourage du grand-maître un Heidenisschen Schribere, c’est-à-dire un « écrivain sarrasinois132 », comme on en connaissait au Temple133, puis en Baltique, où la langue des Prutènes ne les a nullement intéressés134. Malgré de telles limites, des échanges de nature très différente et quelquefois inattendue ont été tissés entre les frères et les Infidèles. Ils résultaient en large part de la nécessité d’établir avec ces derniers des rapports diplomatiques et de régler le sort des prisonniers, car, si les Templiers et leurs pairs ont inspiré une crainte particulière chez leurs ennemis135, tous n’étaient pas forcément exécutés en cas de capture et, si ce fut parfois le cas, comme après Hattîn136, l’usage était plutôt de rechercher des accommodements137. De longue date, pareils contacts ont éveillé entre adversaires des relations personnelles. On connaît – tant il a été cité et souvent surinterprété138 – l’exemple d’Usâma ibn Munqidh, envoyé des souverains bourides à Jérusalem, qui, au début des années 1140, comme il priait dans un petit oratoire attenant à la mosquée al-Aqsa convertie en église, eût été obligé par un Franc fraîchement arrivé en Terre sainte de se tourner vers l’est, au lieu de La Mecque, si les Templiers, qu’il appelle « mes amis », ne s’étaient interposés139 ; un siècle plus tard, une lettre de l’empereur Frédéric II, rapportée par Matthieu Paris, laisse entendre que des frères du même ordre auraient autorisé les sultans ayyoubides de Damas et de Kérak à prier selon le rite musulman dans l’enceinte de leur commanderie d’Acre140. Polémiques, ces deux témoignages ne sauraient être pris au pied de la lettre141, et dans les faits, c’est le pragmatisme, bien plus que le goût d’aller vers l’Autre, qui a présidé à l’instauration de relations d’échanges entre frères et Infidèles. À cet égard, la nature des rapports dont on conserve trace est sans ambiguïté. Certes, entre adversaires, le trafic d’esclaves ou de marchandises est moins rare que l’on tend souvent à le considérer, mais la plupart des emprunts faits par les ordres militaires au monde islamique intéressent la guerre. De l’ennemi les frères adoptèrent certaines pièces d’armement, à l’instar de la masse turque142, aussi bien que des principes de défense des forteresses, comme on le voit au Crac des Chevaliers avec ce chemin de ronde inscrit à l’intérieur du glacis, donnant accès à une série de casemates à archères, et ces bretèches en pierre construites par les Hospitaliers en haut des tours143. D’un camp à l’autre, les mêmes solutions tactiques ont pu également circuler, à l’image de cette manœuvre consistant à provoquer une troupe supérieure en nombre par une charge de cavalerie légère que les frères empruntèrent aux musulmans et qu’ils développèrent notamment en Castille, où elle prit au xiiie siècle le nom de torna fuye144. Quoique partielle, la connaissance que les auteurs arabes avaient des ordres militaires leur permettait de bien saisir ce qui faisait la force de ces derniers, et on ne s’étonnera donc pas que le Temple, notamment, ait été donné en modèle par le chroniqueur égyptien Ibn al-Tuwayr, dont l’admiration a trouvé un écho chez Ibn Wâsil, pour lequel les Mamelouks du dernier sultan ayyoubide al-Sâlih, qui se sont illustrés en 1250 lors de la croisade de Saint Louis, faisaient figure de « Templiers de l’islam145 ».
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13Qu’un auteur arabe qui fut en 1261 ambassadeur du sultan Baybars à la cour du roi de Sicile Manfred avant de finir en 1298 grand cadi de Hama, sa ville natale146, ait dans le dernier tiers du xiiie siècle fait l’éloge des Mamelouks, alors tout puissants au Levant, en les décrivant comme les « Templiers de l’islam » n’est absolument pas neutre. Cela révèle toute l’ambiguïté des sentiments qui pouvait exister entre des adversaires qui se connaissaient bien. La violence, sous une forme ou une autre, n’était jamais entièrement absente, mais curiosité et admiration y trouvaient également leur place. Comme Ibn Wâsil et un certain nombre d’acteurs musulmans, les frères des ordres militaires se sont intéressés à l’Autre. On ne saurait évidemment affirmer qu’ils l’ont tous fait, ni qu’ils l’ont fait partout et, surtout, de la même manière en fonction des espaces et des adversaires. À n’en pas douter, ils étaient plus portés à aller vers les musulmans que vers les païens. L’ancienneté des contacts en péninsule Ibérique a pu favoriser les ponts147, mais ceux-ci ont aussi existé dans l’Orient latin, où, trop souvent, la recherche les a considérés comme purement résiduels. À de fréquentes reprises et pour des raisons, nous l’avons vu, très différentes, les Templiers et leurs pairs, sans rien renier de leurs vœux, ont démontré une réelle aptitude à regarder de l’autre côté de la frontière, étant entendu qu’ils y étaient poussés par le pragmatisme politique bien plus que par un quelconque intérêt pour une coexistence pacifique, que jamais le Moyen Âge n’a cherché à théoriser148. Ainsi, des rapports de toute sorte ont pu se nouer avec l’adversaire, y compris sur le plan personnel, mais toujours ils sont restés fragiles, gênés par des questions d’ordre juridique et limités par l’existence d’un indéniable sentiment d’altérité. Je terminerai par un cas qui me semble emblématique de la richesse de ces relations, souvent insoupçonnée, et révélateur en même temps de l’inégalité qui leur est consubstantielle. Le 14 avril 1353, un courrier de Juan Fernández de Heredia, le futur grand-maître de l’Hôpital, alors châtelain d’Amposta, c’est-à-dire prieur d’Aragon, enjoint au frère qui détenait la baillie de Miravet de laisser un prisonnier musulman au commandeur de Cuenca, Gonzalo Rodríguez de Montoya, afin que ce dernier l’échange avec un autre captif de confession islamique contre un neveu du dignitaire dont les Nasrides s’étaient emparés149. L’homme devant servir à ce troc n’est pas connu par son nom. L’acte évoque simplement ce « moro cavallero que compramos, que tenedes en Miravet, que juga al axedrez150 ». Par ces mots, Juan Fernández de Heredia ne dissimule pas l’origine noble de son prisonnier, il laisse transparaître la relation qui l’unit à lui, fruit, selon toute probabilité, d’une passion commune pour le jeu d’échecs, mais, conséquence de la captivité, le Maure est privé de liberté, assigné à résider à Miravet, et, quoi que peut-être à contre-cœur – on aimerait en savoir plus –, le prieur d’Aragon n’hésite pas à l’intégrer à un marché dont le but est de libérer l’un de ses parents prisonnier à Grenade. Tout semble ici s’être passé, une fois de plus, comme si le plan de l’affrontement ne pouvait totalement disparaître des relations tissées aux frontières de la chrétienté latine entre les frères des ordres militaires et l’Autre : des rapports de nature extrêmement variée se sont fait jour – bien davantage que l’historiographie tend à le considérer –, mais toujours ceux-ci restèrent vécus et pensés en fonction de l’horizon de confrontation pour lequel le Temple et ses émules avaient été institués.
Notes de bas de page
1Bacquart J.-V., Mystérieux Templiers. Idées reçues sur l’ordre du Temple, Paris, Le Cavalier Bleu, 2013, p. 55.
2Toomaspoeg K., « Die Geschichtsschreibung zu den mittelalterlichen geistlichen Ritterorden : Status quæstionis », dans K. Borchardt et L. Jan (dir.), Die geistlichen Ritterorden im Mitteleuropa Mittelalter, Brno, Matice moravská, 2011, p. 27-31.
3Josserand P., « Frontière et ordres militaires dans le monde latin au Moyen Âge », dans M. Catala, D. Le Page et J.-C. Meuret (dir.), Frontières oubliées, frontières retrouvées. Marches et limites anciennes en France et en Europe, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 189-197 ; id., « Grenze(n) und geistliche Ritterorden in der lateinischen Welt des Mittelalters », Ordines Militares Colloquia Historica Torunensia. Yearbook for the Study of the Military Orders, n° 17, 2012, p. 7-16.
4Toubert P., « Frontière et frontières : un objet historique », dans J.-M. Poisson (dir.), Castrum 4. Frontière et peuplement dans le monde méditerranéen au Moyen Âge, Rome/Madrid, École française de Rome/Casa de Velázquez, 1992, p. 9-17 ; id., « L’historien sur la frontière », dans A. Burguière, J. Goy et M.-J. Tits-Dieuaide (dir.), L’Histoire grande ouverte. Hommages à Emmanuel Le Roy Ladurie, Paris, Fayard, 1997, p. 221-232.
5Ratzel F., Politische Geographie oder die Geographie der Staaten, des Verkehres und des Krieges, Munich/Berlin, R. Oldenbourg, 1903.
6Toomaspoeg K., « Die Geschichtsschreibung zu den mittelalterlichen geistlichen Ritterorden », art. cité, p. 25 : « Seit etwa 25 Jahren sind wir Zeuge einer wissenschaftlichen Revolution in der Geschichtsschreibung zu den mittelalterlichen geistlichen Ritterorden ».
7Depuis 1983, dix-huit colloques ont été réunis à Toruń. Les actes du dix-septième, intitulé The Military Orders in the Social, Political and Religious Networks in the Middle Ages and the Early Modern Time/Die Ritterorden in sozialen, politischen und religiösen Netzwerken in Mittelalter und Früher Neuzeit, ont paru dans deux volumes de la collection, désormais transformée en revue annuelle, Ordines Militares Colloquia Torunensia Historica. Yearbook for the Study of the Military Orders, 19 (2014) et 20 (2015). Pour la série des congrès de Londres et de Palmela, nous disposons dans chaque cas de six volumes, les plus récents étant Schenk J. et Carr M. (dir.), The Military Orders, vol. 6 : Culture and Conflict, Oxon, Routledge, 2017 (2 vol.), et Fernandes I. C. Ferreira (dir.), As ordens militares. Freires, guerreiros, cavaleiros. Actas do VI Encontro sobre ordens militares, Palmela, Município de Palmela/GEsOS, 2012 (2 vol.). Le dernier colloque à Palmela a été rassemblé du 14 au 17 octobre 2015, tout juste un mois après le dix-huitième congrès de Toruń, tenu du 17 au 20 septembre. Les actes de ces deux réunions internationales – en deux volumes à chaque fois – sont annoncés pour 2017. À l’automne de cette année, le septième colloque de Londres et le dix-neuvième de Toruń se réuniront, intitulés respectivement The Military Orders, vol. 7 : Piety, Pugnacity and Property et The Military Orders in the Regional Ecclesiastical Structures (dioceses, parishes, other religious institutions) / Die Ritterorden in den regionalen kirchlichen Strukturen (Diözesen, Pfarreien, andere geistliche Institutionen).
8En 1997, à Porto, parut la première revue consacrée en propre aux ordres militaires, Militarium Ordinum Analecta, dirigée par Luís Adão da Fonseca : ayant évolué très vite en collection, elle en est actuellement à son dix-septième numéro. Deux autres publications ont également investi ce terrain au début des années 2000 : Sacra Militia. Rivista di storia degli ordini militari, créée à Pérouse par Franco Cardini et Francesco Tommasi, et, en Espagne, la Revista de las Órdenes Militares, patronnée par le Real Consejo de las Órdenes Militares, dont le premier numéro remonte à 2001. D’excellent niveau, la première de ces deux revues a hélas été abandonnée après la livraison du troisième volume, paru en 2003. Récemment, deux nouvelles publications ont vu le jour : Militiae Christi. Handelingen van de Vereniging voor de Studie over de Tempeliers en de Hospitaalridders, en Belgique en 2010, et Deus vult. Miscellanea di studi sugli ordini militari, en Italie l’année d’après. La première, toutefois, peine à donner un second volume, tandis que la deuxième, dont un autre numéro est sorti en 2012, paraît avoir été abandonnée. Pour éviter de telles déconvenues éditoriales, « la formula di un volume miscellaneo, pubblicato una tantum » semble une belle idée, et, en ce sens, il faut saluer la parution en 2014 du premier numéro des Analecta Theutonica. Studies for the History of the Teutonic Order, émanant, à l’initiative de Hubert Houben et de Kristjan Toomaspoeg, du Centro Interdipartimentale di Ricerca sull’Ordine Teutonico nel Mediterraneo de l’université du Salento, à Lecce, qui font pendant aux Studia Teutonica, centrées sur la Baltique, de l’université de Kaliningrad.
9Josserand P. et Bériou N. (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, Paris, Fayard, 2009.
10Biskup M., « Über quellenkundliche Fragen und einige Forschungsaspeckte der Geschichte des Deutschen Ordens. Ein Beitrag zu den Werkstattproblem des heutigen Forschers », dans Z. H. Nowak (dir.), Werkstatt des Historikers der mittelalterlichen Ritterorden. Quellenkundliche Probleme und Forschungsmethoden, Toruń, 1987 (Ordines militares. Colloquia Torunensia Historica, 4), p. 17.
11Forey A., The Military Orders from the Twelfth to the Early-Fourteenth Centuries, Londres, Macmillan, 1992, p. 6-43.
12Hiestand R., « Kardinal-Bischof Matthäus von Albano, das Konzil von Troyes und die Entstehung des Templerordens », Zeitschrift für Kirchengeschichte, n° 99, 1988, p. 295-323.
13Phillips J., « Hugh of Payns and the 1129 Damascus Crusade », dans M. Barber (dir.), The Military Orders, vol. 1 : Fighting for the Faith and Caring for the Sick, Aldershot, Ashgate, 1994, p. 141-147 ; id., Defenders of the Holy Land : Relations between the Latin East and the West, 1119-1187, Oxford, Oxford University Press, 1996, p. 38-39.
14Demurger A., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, Paris, Seuil, 2005, p. 194-197.
15Claverie P.-V., « Les débuts de l’ordre du Temple en Orient », Le Moyen Âge, n° 111.3-4, 2005, p. 558-559 et 562-563 ; Chevalier M.-A., Les Ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne. Templiers, Hospitaliers, Teutoniques et Arméniens à l’époque des croisades, Paris, Geuthner, 2009, p. 56-68.
16Forey A., « The Militarisation of the Hospital of St John », Studia Monastica, n° 26, 1984, p. 75-89, reproduit dans id., Military Orders and Crusades, Aldershot, Ashgate, 1994, n° IX ; Demurger A., Les Hospitaliers. De Jérusalem à Rhodes, 1050-1317, Paris, Tallandier, 2013, p. 79-104.
17Demurger A., Chevaliers du Christ. Les ordres religieux-militaires au Moyen Âge (xie siècle-xvie siècle), Paris, Seuil, 2002, p. 51-66 et 68-73, réédité sous le titre Moines et guerriers. Les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, Paris, Seuil, 2010, p. 49-63 et 65-70.
18Gouguenheim S., « Le grand-maître et le pape : la création de la principauté prussienne de l’ordre Teutonique (première moitié du xiiie siècle) », Bulletin d’information de la Mission Historique Française en Allemagne, n° 40, 2004, p. 199-207 ; id., Les Chevaliers teutoniques, Paris, Tallandier, 2007, p. 163-187.
19Demurger A., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, op. cit., p. 255-262 et 358-363.
20Benninghoven F., Der Orden der Schwertbrüder. Fratres milicie Christi de Livonia, Cologne, Böhlau, 1965 ; Militzer K., « Porte-Glaive, ordre des », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 729-730.
21Torres Fontes J., « La orden de Santa María de España », Miscelánea medieval murciana, n° 3, 1977, p. 74-118 [reproduit dans Anuario de estudios medievales, n° 11, 1981, p. 795-821] ; Josserand P., Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique. Les ordres militaires dans le royaume de Castille (1252-1369), Madrid, Casa de Velázquez, 2004, p. 620-626 ; id., « Les ordres militaires et la bataille du détroit de Gibraltar sous le règne d’Alphonse X de Castille », dans M. Balard (dir.), Les ordres militaires et la mer, Paris, CTHS, 2009, p. 79-91.
22Richard J., « Hattîn », et Claverie P.-V., « Fontaine du Cresson », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 422 et 363-364 ; Carraz D., Les Templiers et la guerre, Clermont-Ferrand, Lemme, 2012, p. 53-55.
23Demurger A., Jacques de Molay. Le crépuscule des Templiers, Paris, Payot, 2002, p. 150-156, rééd. Paris, Payot, 2014, p. 159-164.
24Gouguenheim S., Les Chevaliers teutoniques, op. cit., p. 437-441 et 468-470.
25Suárez Fernández L., Las órdenes militares y la guerra de Granada, Séville, Fundación Sevillana de Electricidad, 1992, p. 24 ; Ayala Martínez C. de, Las órdenes militares en la Edad Media (siglos xii-xv), Madrid, Marcial Pons, 2003, p. 481.
26Demurger A., « Logistique », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 554-557 ; Josserand P., « De l’arrière au front : perspectives croisées, perspectives comparées. Regards sur la logistique des ordres militaires au Moyen Âge », dans I. C. Ferreira Fernandes (dir.), As ordens militares. Freires, guerreiros, cavaleiros, op. cit., t. II, p. 683-703.
27Demurger A., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, op. cit., p. 131 et 144 ; Carraz D., Les Templiers et la guerre, op. cit., p. 21.
28Demurger A., Chevaliers du Christ. Les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 147.
29Josserand P., « Effectifs », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 319-320.
30Claverie P.-V., L’Ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre au xiiie siècle, Nicosie, Centre de Recherche Scientifique, 2005, t. I, p. 220.
31Gouguenheim S., Les Chevaliers teutoniques, op. cit., p. 435-437 et 472-473.
32Zouache A., Armées et combats en Syrie (491/1098-589/1174). Analyse comparée des chroniques médiévales latines et arabes, Damas, Institut français du Proche-Orient, 2008, p. 322-363, en particulier p. 359.
33Harari Y., « The Military Role of the Frankish Turcopoles : a Reassessment », Mediterranean Historical Review, n° 12, 1997, p. 75-116.
34Claverie P.-V., L’Ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre au xiiie siècle, op. cit., t. I, p. 223 et 232.
35Michelet J., Le Procès des Templiers, Paris, Imprimerie royale puis nationale, 1841-1851 (2 vol.), rééd. Paris, CTHS, 1987, t. II, p. 209 : « Prefatus frater Guillelmus [de Bello Joco] habebat aliquos Sarracenos ad stipendia sua quando volebat. »
36Forey A., « The Military Orders and the Spanish Reconquest in the Twelfth and Thirteenth Centuries », Traditio, n° 40, 1984, p. 221, repris dans id., Military Orders and Crusades, op. cit., n° V.
37Josserand P., Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique. Les ordres militaires dans le royaume de Castille, op. cit., p. 261-262.
38Archivo Histórico Nacional, Madrid (AHN), Clero, carpeta 3020, doc. 8, publ. Rivera Garretas M., La encomienda, el priorato y la villa de Uclés en la Edad Media (1174-1310). Formación de un señorío de la orden de Santiago, Madrid/Barcelone, CSIC, 1985, p. 387-390, doc. 183 : « Et ipsa vero meta invenimus fratres Uclenses qui suam aciem posuerunt contra nos et nostros […] Alioquin nos et alios ingredientes, cum lanceis, ancearent et lanceis nostra latera perforarent, preterea coquinas quas promiseramus ad parandum nobis prandium eiecerint per violenciam extra metas. Insuper, quod est peius, Sarracenos ad interficiendum nos irreverenter et inhumaniter induxerunt, prout nobis a pluribus fidedignis qui eos viderant est relatum, et iam balistas suas ad sagitandum contra nos armaverunt Sarraceni. »
39Il convient ici de nuancer l’opinion défendue par Yelo Templado A., « Los vasallos mudéjares de la orden de Santiago en el reino de Murcia (siglos xiv-xv) », Anuario de estudios medievales, n° 11, 1981, p. 451, de façon plus ferme que je l’ai fait dans une précédente étude : Josserand P., « Un corps d’armée spécialisé au service de la Reconquête : les ordres militaires dans le royaume de Castille (1252-1369) », Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, n° 137, 2002, p. 201, n. 46.
40Cervantes M. de, L’Ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche, Paris, Gallimard, 1988, t. I, p. 197-201 ; Ligero Móstoles Á., La Mancha de Don Quijote, Alcázar de San Juan, Patronato Municipal de Cultura, 1991-1993 (2 vol.), t. I, p. 83, et t. II, p. 51-52.
41Josserand P., « Nuestro moro que tiene a Cervera Un châtelain musulman au service de l’ordre de l’Hôpital au début du xive siècle », dans S. Boissellier, F. Clément et J. Tolan (dir.), Minorités et régulations sociales en Méditerranée médiévale, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 161-177.
42Barroca M. J., Epigrafia medieval portuguesa (862-1422), Lisbonne, FCT, 2000 (3 vol.), t. I, p. 1114-1118, doc. 431.
43Gomes S. A., « Grupos étnico-religiosos e estrangeiros », dans M. H. da Cruz Coelho et A. L. de Carvalho Homem (dir.), Portugal em definição de fronteiras. Do condado portucalense à crise do século xiv, Lisbonne, Presença, 1996, p. 339 ; Barros M. F. Lopes de, Tempos e espaços de Mouros. A minoria muçulmana no reino portugués (séculos xii a xv), Lisbonne, Fundação Calouste Gulbenkian, 2007, p. 520.
44Demurger A., Chevaliers du Christ. Les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 144-146.
45Ibid., p. 169.
46Ellenblum R., Frankish Rural Settlement in the Latin Kingdom of Jerusalem, Cambridge, Cambridge University Press, 1998.
47Demurger A., Chevaliers du Christ. Les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 168 ; Balard M., « Colonisation », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 241.
48Balard M., « I possedimenti degli Ospedalieri nella Terrasanta (secoli xii-xiii) », dans J. Costa Restagno (dir.), Cavalieri di San Giovanni e territorio : la Liguria tra Provenza e Lombardia nei secoli xiii-xvii Atti del convegno (Genova/Imperiale/Cervo, 11-14 settembre 1997), Bordighera, Sovrano Militare Ordine di Malta. Delegazione Granpriorale di Genova e Liguria, 1999, p. 473-505.
49Ellenblum R., Frankish Rural Settlement in the Latin Kingdom of Jerusalem, op. cit., p. 76-77 et 142-143.
50Claverie P.-V., « Les débuts de l’ordre du Temple en Orient », art. cité, p. 568.
51Ellenblum R., « Colonization Activities in the Frankish East : the Example of Castellum Regis (Mi‘ilya) », English Historical Review, n° 111, 1996, p. 104-122 ; id., Frankish Rural Settlement in the Latin Kingdom of Jerusalem, op. cit., p. 41-53.
52Ayala Martínez C. de, Las órdenes militares en la Edad Media, Madrid, Arco Libros, 1998, p. 13-15.
53Id., Las órdenes militares hispánicas en la Edad Media, op. cit., p. 625-630 ; Rodríguez-Picavea Matilla E., Los monjes guerreros en los reinos hispánicos. Las órdenes militares en la Península Ibérica durante la Edad Media, Madrid, La Esfera de los Libros, 2008, p. 345-353.
54Zimmermann H., Der Deutsche Orden im Burzenland : eine diplomatische Untersuchung, Cologne, Böhlau, 2000.
55Biskup M. et Labuda G., Die Geschichte des deutschen Ordens in Preußen : Wirtschaft, Gesellschaft, Staat, Ideologie, Osnabrück, Fibre, 2000 ; Zur Mühlen H. von, « Livland und der Christianisierung bis zum Ende seiner Selbstständigkeit (etwa 1180-1561) », dans G. von Pistohlkors (dir.), Deutsche Geschichte im Osten Europas : Baltische Länder, Berlin, Siedler, 2002, p. 26-172.
56Josserand P., « Frontière et ordres militaires dans le monde latin au Moyen Âge », art. cité, p. 191 ; id., « Grenze(n) und geistliche Ritterorden in der lateinischen Welt des Mittelalters », art. cité, p. 11.
57Gouguenheim S., Les Chevaliers teutoniques, op. cit., p. 332.
58Higounet C., Les Allemands en Europe centrale et orientale au Moyen Âge, Paris, Aubier, 1989, p. 251-252 et 407.
59Gouguenheim S., Les Chevaliers teutoniques, op. cit., p. 191-192 et 194-198.
60Biskup M., « Der Preußische Bund, 1440-1454 : Genesis, Struktur, Tätigkeit und Bedeutung in der Geschichte Preußens und Polens », dans K. Fritze, E. Müller-Mertens et J. Schildhauer (dir.), Bürgertum, Handelskapital, Städtebünde, Weimar, Böhlau, 1975, p. 210-229 ; Czaja R., « Ligue prussienne », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 542 ; Gouguenheim S., « L’ordre Teutonique et les villes de Prusse (1230-milieu du xve siècle) », dans D. Carraz (dir.), Les Ordres militaires dans la ville médiévale (1100-1350). Actes du colloque international de Clermont-Ferrand, 26-28 mai 2010, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2013, p. 136-137.
61Burleigh M., Prussian Society and the German Order : an Aristocratic Corporation in Crisis (c. 1410-1466), Cambridge, Cambridge Univeristy Press, 1984.
62Josserand P., « Lucena : une forteresse à l’encan. Éléments de réflexion sur le coût de la défense frontalière des ordres militaires dans la première moitié du xive siècle », dans I. C. Ferreira Fernandes (dir.), Mil anos de fortificações na Península Ibérica e no Magreb (500-1500), Lisbonne, Colibri/Câmara Municipal de Palmela, 2002, p. 603-621, notamment p. 606-607 et 611.
63Id., « En charge de la frontière : les ordres militaires et le financement des châteaux de la Cordillère bétique aux xiiie et xive siècles », dans A. Ruibal Rodríguez (dir.), Actas del II Congreso de Castellología Ibérica, Madrid, Asociación Española de Amigos de los Castillos/Diputación de Teruel, 2005, p. 273-291 ; id., « Frontier Conflict, Military Cost and Culture : the Master of Santiago and the Islamic Border in Mid-Fourteenth-Century Spain », dans J. Schenk et M. Carr (dir.), The Military Orders, vol. 6.2 : Culture and Conflict in Western and Northern Europe, Londres, Oxon, Routledge, 2017, p. 29-45.
64Gouguenheim S., Les Chevaliers teutoniques, op. cit., p. 208-209.
65Boockmann H., Der Deutsche Orden. Zwolf Kapitel aus seiner Geschichte, Münich, Beck, 1982, p. 111.
66Forey A., « The Military Orders and the Conversion of Muslims in the Twelfth and Thirteenth Centuries », Journal of Medieval History, n° 28, 2002, p. 10-11 ; Gouguenheim S., Les chevaliers teutoniques, op. cit., p. 410-412.
67Kedar B., « The Subjected Muslims of the Frankish Levant », dans J. Powell (dir.), Muslims under Latin Rule, Princeton, Princeton University Press, 1990, p. 135-174.
68Claverie P.-V., L’Ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre au xiiie siècle, op. cit., t. I, p. 223 et 232.
69Demurger A., Les Hospitaliers. De Jérusalem à Rhodes, op. cit., p. 321-324 ; Morton N., The Teutonic Knights in the Holy Land, 1190-1291, Woodbridge, Boydell and Brewer, 2009, p. 175-176.
70Gouguenheim S., Les Chevaliers teutoniques, op. cit., p. 210.
71Ibid., p. 338, 369-373 et 674, n. 11.
72Cette opinion commune a été dénoncée par Josserand P., « Nuestro moro que tiene a Cervera Un châtelain musulman au service de l’ordre de l’Hôpital au début du xive siècle », art. cité, p. 168.
73Montes Romero-Camacho I., « Judios y mudéjares », Medievalismo. Boletín de la Sociedad Española de Estudios Medievales, n° 13-14, 2004, p. 257-258.
74Josserand P., Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique. Les ordres militaires dans le royaume de Castille, op. cit., p. 357-358 ; id., « Nuestro moro que tiene a Cervera Un châtelain musulman au service de l’ordre de l’Hôpital au début du xive siècle », art. cité, p. 168-169.
75Barros M. F. Lopes de, « A ordem de Avis e a minoria muçulmana », dans I. C. Ferreira Fernandes (dir.), Ordens militares. Guerra, religião, poder e cultura, Lisbonne, Colibri/Câmara Municipal de Palmela, t. II, 1999, p. 168 : « De facto, há que sublinhá-lo, esta “minoria” apenas o é em função da inferioridade do seu estatuto, mas não seguramente do punto de vista demográfico, pelo menos no século xiii, em algumas regiões a Sul do Tejo. »
76Villegas Díaz L. R., « Algo más sobre el mudejarismo manchego : el caso de Bolaños », Tomás Quesada Quesada. Homenaje, Grenade, Universidad de Granada, 1998, p. 636 ; id., « Acerca de la permanencia de población musulmana en el Campo de Calatrava », dans F. Toro Ceballos et J. Rodríguez Molina (dir.), VI Estudios de frontera. Población y poblamiento. Homenaje a don Manuel González Jiménez, Jaén, Diputación Provincial, 2006, p. 783-792 ; id. et Almagro Vidal C., « Sobre persistencia de población mudéjar en el Campo de Calatrava : algunas noticias más », dans F. Toro Ceballos et J. Rodríguez Molina (dir.), VII Estudios de frontera. Islam y cristiandad (siglos xii-xvi). Homenaje a María Jesús Viguera Molins, Jaén, Diputación Provincial, 2009, p. 55 ; Josserand P., « Nuestro moro que tiene a Cervera Un châtelain musulman au service de l’ordre de l’Hôpital au début du xive siècle », art. cité, p. 170-171.
77Burns R., « Immigrants from Islam. The Crusaders’Use of Muslims as Settlers in Thirteenth-Century Spain », American Historical Review, n° 80, 1975, p. 21-42 ; Forey A., « The Military Orders and the Conversion of Muslims in the Twelfth and Thirteenth Centuries », art. cité, p. 16-17.
78Menjot D., « Les mudéjares du royaume de Murcie », Revue du monde musulman et de la Méditerranée, n° 63-64, 1992, p. 167 ; Josserand P., Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique. Les ordres militaires dans le royaume de Castille, op. cit., p. 320.
79Forey A., The Templars in the Corona de Aragón, Oxford, Oxford University Press, 1973, p. 395-397, doc. 24.
80Barros M. F. Lopes de, « A ordem de Avis e a minoria muçulmana », art. cité, p. 168 ; Villegas Díaz L. R., « Algo más sobre el mudejarismo manchego : el caso de Bolaños », art. cité, p. 643-644.
81Barros M. F. Lopes de, Tempos e espaços de Mouros. A minoria muçulmana no reino portugués, op. cit., p. 150.
82Forey A., « The Military Orders and the Conversion of Muslims in the Twelfth and Thirteenth Centuries », art. cité, p. 7-9 ; Moreno Díaz F. J., Los Moriscos en la Mancha. Sociedad, economía y modos de vida de una minoría en la Castilla moderna, Madrid, CSIC, 2009 ; Gouguenheim S., Les Chevaliers teutoniques, op. cit., p. 216-217.
83Toomaspoeg K., « Paix », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 678-679.
84Id., « Les ordres religieux-militaires et la diplomatie. Formes et enjeux », Les relations diplomatiques au Moyen Âge. Formes et enjeux. Actes du XLIe Congrès de la SHMESP (Lyon, 3-6 juin 2010), Paris, Publications de la Sorbonne, 2011, p. 227-238.
85Josserand P., « Frontière et ordres militaires dans le monde latin au Moyen Âge », art. cité, p. 193-194 ; id., « Grenze(n) und geistliche Ritterorden in der lateinischen Welt des Mittelalters », art. cité, p. 14-16.
86Demurger A., « Gisors », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 391-392.
87Buresi P., La Frontière entre chrétienté et Islam en péninsule Ibérique. Du Tage à la Sierra Morena (fin xie siècle-milieu xiiie siècle), Paris, Publibook, 2004, p. 244-246.
88Pascua Echegaray E., Guerra y pacto en el siglo xii. La consolidación de un sistema de reinos en Europa occidental, Madrid, CSIC, 1996, p. 47 ; Buresi P., « Nommer, penser les frontières en Espagne aux xie-xiiie siècles », dans C. de Ayala Martínez, P. Buresi et P. Josserand (dir.), Identidad y representación de la frontera en la España medieval (siglos xi-xiv), Madrid, Casa de Velázquez, 2001, p. 64.
89González González J., El reino de Castilla en la época de Alfonso VIII, Madrid, CSIC, 1960 (3 vol.), t. II, p. 614-623, doc. 362.
90Lomax D., La orden de Santiago, 1170-1275, Madrid, CSIC, 1965, p. 32 ; Toomaspoeg K., « Diplomatie », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 301.
91Claverie P.-V., L’ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre au xiiie siècle, op. cit., t. II, p. 23-25.
92Burgtorf J., « Die Ritterorden als Instanzen zur Friedenssicherung ? », dans D. Bauer, K. Herbers et N. Jaspert (dir.), Jerusalem im Hoch-und Spätmittelalter. Konflikte und Konfliktbewältigung – Vorstellungen und Vergegenwärtigungen, Francfort, Campus, 2001, p. 165-200 ; id., « Trêves », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 931-932.
93Phillips J., Defenders of the Holy Land, op. cit., p. 172.
94Gouguenheim S., Les Chevaliers teutoniques, op. cit., p. 303-310 et 455-466.
95Holt P., Early Mamluk Diplomacy (1260-1290). Treatises of Baybars and Qalawun with Christian Rulers, Leyde, Brill, 1995, p. 33-41, 49-57 et 66-68 ; Demurger A., Jacques de Molay. Le crépuscule des Templiers, op. cit., p. 72-79 (rééd., p. 74-81) ; Forey A., « The Participation of the Military Orders in Truces with Muslims in the Holy Land and Spain during the Twelfth and Thirteenth Centuries », Yearbook for the Study of the Military Orders, n° 17, 2012, p. 47-48.
96Josserand P., « Un corps d’armée spécialisé au service de la Reconquête », art. cité, p. 207-210 ; id., Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique. Les ordres militaires dans le royaume de Castille, op. cit., p. 269-271.
97Demurger A., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, op. cit., p. 401.
98Claverie P.-V., « Les “mauvais chrétiens” dans l’Orient des croisades », dans U. Vermeulen et J. Van Steenbergen (dir.), Egypt and Syria in the Fatimid, Ayyubid and Mamluk Eras, vol. 4 : Proceedings of the 9th and 10th International Colloquium organized at the Katholieke Universiteit Leuven in May 2000 and May 2001, Louvain, Peeters, 2005, p. 154.
99Demurger A., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, op. cit., p. 403-404.
100Nicholson H., Templars, Hospitallers and Teutonic Knights. Images of the Military Orders, 1128-1291, Leicester, Leicester University Press, 1993, p. 44-45 et 81-82.
101Michelet J., Le Procès des Templiers, op. cit., t. I, p. 44-45 ; Lizerand G., Le Dossier de l’affaire des Templiers, Paris, Les Belles Lettres, 1923, rééd. Paris, Les Belles Lettres, 2012, p. 168-171 : « Bene sciebat quod, eo existente ultra mare, tempore quo erat magister dicti ordinis frater Guillelmus de Bellojoco, ipse Jacobus et multi fratres alii de conventu predictorum Templariorum, juvenes, guerram appetentes, sicut moris est militum juvenum qui volunt videre de factis armorum, et eciam alii qui non erant de conventu eorum murmurabant contra dictum magistrum quia, durante treuga quam rex Anglie premortuus posuerat inter Christianos et Sarracenos, dictus magister serviebat soldano et eum sibi retinebat placatum ; sed finaliter ipse frater Jacobus et alii de conventu predicto Templariorum fuerunt de hoc contenti, videntes quod dictus magister non poterat aliud facere, quia ordo eorum habebat illis temporibus et tenebat ad manum suam et sub ejus custodia multas civitates et multa fortalicia in confinibus terre dicti soldani, nominando dicta loca, que non potuisset aliter custodiisse. »
102Demurger A., Jacques de Molay. Le crépuscule des Templiers, op. cit., p. 79-80 (rééd., p. 81-82).
103Michelet J., Le Procès des Templiers, op. cit., t. II, p. 129-132, 205-209 et 214-216 : « Dixit temen quod dictus frater Guillelmus habebat magnam amiciciam cum soldano et Sarracenis, quia aliter non potuissent ipse vel ordo tunc ultra mare remansisse » (p. 215).
104Schottmüller K., Der Untergang des Templer-Ordens mit urkundlichen und kritischen Beiträgen, Berlin, Mittler und Sohn, 1887 (2 vol.), t. II, p. 394-395.
105Nicholson H., The Proceedings Against the Templars in the British Isles, Farnham/Burlington, Ashgate, 2011 (2 vol.), t. I, p. 182 et 301, et t. II, p. 188-189 et 337.
106Cronaca del Templare di Tiro, 1243-1314 : la caduta degli stati crociati nel racconto di un testimonio oculare, éd. et trad. italienne de L. Minervini, Naples, Liguori, 2000, p. 198 et 310.
107Nicolotti A., « L’interrogatorio dei Templari imprigionati a Carcassonne », Studi Medievali, n° 52, 2011, p. 708-709.
108Frale B., I Templari e la sindone di Cristo, Bologne, Il Mulino, 2009, trad. française : Les Templiers et le suaire du Christ, Paris, Bayard, 2011, en particulier p. 69-93.
109Demurger A., Jacques de Molay. Le crépuscule des Templiers, op. cit., p. 80 (rééd., p. 82).
110Théry J., « Une hérésie d’État, Philippe le Bel, le procès des “perfides Templiers” et la pontificalisation de la royauté française », Médiévales, n° 60, 2011, p. 157-186, surtout p. 168, repris dans M.-A. Chevalier (dir.), La Fin de l’ordre du Temple, Paris, Geuthner, 2012, p. 63-100 ; id., « A Heresy of State : Philip the Fair, the Trial of the “Perfidious Templars”, and the Pontificalization of the French Monarchy », Journal of Medieval Religious Cultures, n° 39.2, 2013, p. 117-148.
111Forey A., « Desertions and Transfers from Military Orders (Twelfth to Early-Fourteenth Centuries) », Traditio. Studies in Ancient and Medieval History, Thought, and Religion, n° 60, 2005, p. 167, n. 139.
112Peter von Dusburg, Chronik des Preußenlandes, éd. par M. Toeppen et trad. allemande par K. Scholz et D. Wojtecki, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1984, p. 200-202.
113Claverie P.-V., L’Ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre au xiiie siècle, op. cit., t. II, p. 27.
114Forey A., « Desertions and Transfers from Military Orders (Twelfth to Early-Fourteenth Centuries) », art. cité, p. 168.
115Demurger A., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, op. cit., p. 403.
116Lessing G. E., Nathan der Weise, trad. française de F. Rey : Nathan le Sage, Paris, José Corti, 1991.
117Shagrir I., « The Parable of the Three Rings : a Revision of its History », Journal of Medieval History, n° 23, 1977, p. 163-177.
118Cerrini S., La Révolution des Templiers. Une histoire perdue du xiie siècle, Paris, Perrin, 2007, p. 234-235 ; Demurger A., « Les ordres religieux-militaires sur la scène (théâtre et opéra), xviie-début du xxe siècle », dans M. Mesirca et F. Zambon (dir.), Il rivival cavalleresco dal Don Chisciotte all’Ivanhoe (e oltre). Atti del convegno internazionale di studi (San Gimignano, 4-5 giugno 2009), Ospedaletto, Pacini, 2010, p. 150.
119Verdier de La Coste H., Le Templier, le Juif et l’Arabe, imité librement de l’allemand, Paris, Arthus Bertrand, 1818 (2 vol.).
120Hunckler T.-F.-X., Adelmar le Templier, imité de l’allemand, Paris, Gaume Frères, 1841. À l’occasion de la préparation de son master, Jordan Leguay a attiré mon attention sur ce texte. Qu’il en soit ici remercié.
121Delle Donne F., Federico II : la condamna della memoria. Metamorfosi di un mito, Rome, Viella, 2012, p. 28-36 ; Houben H., Federico II : imperatore, uomo, mito, Bologne, Il Mulino, 2013.
122Forey A., « The Military Orders and the Conversion of Muslims in the Twelfth and Thirteenth Centuries », art. cité, p. 11-12.
123Cerrini S., La Révolution des Templiers. Une histoire perdue du xiie siècle, op. cit., p. 229.
124Kedar B., « Convergences of Oriental Christian, Muslim and Frankish Worshippers : the Case of Saydnaya and the Knights Templar », dans Y. Hen (dir.), De Sion Exibit Lex et Verbum Domini de Hierusalem. Essays on Medieval Law, Liturgy and Literature in Honour of Amnon Linder, Turnhout, Brepols, 2001, p. 59-69, reproduit dans Z. Hunyadi et J. Laszlovszky (dir.), The Crusades and the Military Orders. Expanding the Frontiers of Medieval Latin Christianity, Budapest, Central European University, 2001, p. 89-100.
125Forey A., « The Military Orders and the Conversion of Muslims in the Twelfth and Thirteenth Centuries », art. cité, p. 13.
126Krüger A., « Das “Baphomet-Idol” : Ein Beitrag zur Provenienz der Hauptvorwürde gegen den Templerorden », Historisches Jahrbuch, n° 119, 1999, p. 120-133, en particulier p. 130-131.
127Febrer Romaguera M. V., Cartas pueblas de las morerías valencianas y documentación complementaria, Saragosse, Facsímil, 1991, p. 10-16 et 53-56, doc. 1 et 15.
128Forey A., « The Military Orders and the Conversion of Muslims in the Twelfth and Thirteenth Centuries », art. cité, p. 16.
129Attiya H., « Knowledge of Arabic in the Crusader States in the Twelfth and Thirteenth Centuries », Journal of Medieval History, n° 25, 1999, p. 206.
130Michelet J., Le procès des Templiers, op. cit., t. II, p. 209 ; Claverie P.-V., L’Ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre au xiiie siècle, op. cit., t. I, p. 304-305 ; Burgtorf J., The Central Convent of Hospitallers and Templars. History, Organization, and Personnel (1099/1120-1310), Leyde, Brill, 2008, p. 593-594.
131Forey A., « Literacy and Learning in the Military Orders during the Twelfth and Thirteenth Centuries », dans H. Nicholson (dir.), The Military Orders, vol. 2 : Welfare and Warfare, Aldershot, Ashgate, 1998, p. 200 ; id., « The Military Orders and the Conversion of Muslims in the Twelfth and Thirteenth Centuries », art. cité, p. 15.
132Morton N., The Teutonic Knights in the Holy Land, op. cit., p. 176.
133Cronaca del Templare di Tiro, 1243-1314, op. cit., p. 204.
134Gouguenheim S., Les Chevaliers teutoniques, op. cit., p. 210.
135Josserand P., « Au défi de l’Islam : les ordres militaires et la défense de la chrétienté latine (xiie-milieu xiiie siècle) », dans J. Tolan et P. Josserand, Les Relations des pays d’Islam avec le monde latin du milieu du xe siècle au milieu du xiiie siècle, Paris, Bréal, 2000, p. 122 ; Mangada Cañas P., « Las órdenes militares en las fuentes islámicas », dans R. Izquierdo Benito et F. Ruiz Gómez (dir.), Las órdenes militares en la Península Ibérica, vol. I : Edad Media, Cuenca, Ediciones de la Universidad de Castilla-La Mancha, 2000, p. 165-172.
136Eddé A.-M., Saladin, Paris, Flammarion, 2008, p. 251 et 361-362.
137Forey A., « The Military Orders and the Ransoming of Captives from Islam (Twelfth to Early Fourteenth Centuries) », Studia Monastica, n° 33, 1991, p. 259-267, repris dans id., Military Orders and Crusades, Aldershot, Ashgate, 1994, n° VI ; Claverie P.-V., « Le statut des Templiers capturés en Orient durant les croisades », dans G. Cipollone (dir.), La liberazione dei captivi tra Cristianità e Islam. Oltre la crociata e il gihâd : tolleranza e servizio umanitario, Cité du Vatican, Archivio vaticano, 2000, p. 501-511 ; Friedman Y., Encounter between Enemies : Captivity and Ransom in the Latin Kingdom of Jerusalem, Leyde, Brill, 2002, p. 200-206.
138Cerrini S., La Révolution des Templiers. Une histoire perdue du xiie siècle, op. cit., p. 229-230.
139Chroniques arabes des Croisades, éd. et trad. de F. Gabrieli, Paris, Sindbad, 1977, rééd. Arles, Actes Sud, 1996, p. 106.
140Matthieu Paris, Chronica Majora, éd. H. R. Luard, Londres, Longman, 1872-1884 (7 vol.), t. IV, p. 302.
141Micheau F., « Usâma ibn Munqidh », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 946-947 ; Forey A., « The Military Orders and the Conversion of Muslims in the Twelfth and Thirteenth Centuries », art. cité, p. 11-12.
142Zouache A., « Musulmans », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 642.
143Prouteau N., « Les forteresses de l’époque des croisades. Jalon pour une histoire des contacts et des échanges », Un patrimoine commun en Méditerranée. Fortifications de l’époque des croisades, Paris, Icomos, 2008, p. 61-63.
144Josserand P., « Un corps d’armée spécialisé au service de la Reconquête », art. cité, p. 204-205 ; id., Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique. Les ordres militaires dans le royaume de Castille, op. cit., p. 265-266.
145Zouache A., « Musulmans », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 643 ; Carraz D., « Templiers et Hospitaliers de Terre sainte au temps de Saladin », dans A. Zouache (dir.), Saladin et son temps, Paris, 2010 (Histoire antique et médiévale, hors-série n° 25), p. 73.
146Chroniques arabes des Croisades, op. cit., p. 389.
147Forey A., « The Military Orders and the Conversion of Muslims in the Twelfth and Thirteenth Centuries », art. cité, p. 15-16.
148Burgtorf J., « Trêves », dans P. Josserand et N. Bériou (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, op. cit., p. 931-932 ; Josserand P., « Frontière et ordres militaires dans le monde latin au Moyen Âge », art. cité, p. 194 ; id., « Grenze(n) und geistliche Ritterorden in der lateinischen Welt des Mittelalters », art. cité, p. 16.
149Ortega P., Musulmanes en Cataluña. Las comunidades musulmanas de las encomiendas templarias y hospitalarias de Ascó y Miravet (siglos xii-xiv), Barcelone, CSIC, 2000, p. 70 ; Josserand P., « Nuestro moro que tiene a Cervera Un châtelain musulman au service de l’ordre de l’Hôpital au début du xive siècle », art. cité, p. 172-173.
150AHN, Códices, núm. 601, f° 142r°-v°.
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