Le « cycle du tabac » et la mise en valeur des Antilles aux premiers temps coloniaux (1625-1680)
The ‘Tobacco cycle’ and the development of the West Indies in the first age of colonialism (1625-1680)
p. 161-172
Résumés
Faute des moyens financiers et des connaissances techniques nécessaires pour produire du sucre, la mise en valeur des Antilles dans les premiers temps coloniaux repose presque uniquement sur la culture du tabac, qui exige peu d’hommes et peu de moyens. Elle est le fait de petits planteurs employant une main-d’œuvre essentiellement blanche d’« engagés » chassés de France par la misère et recrutés pour trois ans (les « trente-six mois ») qui sont traités comme des esclaves. Très vite, le tabac entre en crise ; il y a surproduction et la qualité diminue. Le développement de l’industrie sucrière, à partir de 1654, accélère la chute. Les petits planteurs vendent leurs terres aux « habitants-sucriers », qui ont besoin des superficies étendues, et émigrent ; ils sont remplacés par des esclaves déportés d’Afrique. En vingt ans, la composition raciale de la population s’inverse. C’est la « révolution sucrière ». La culture du tabac disparaît après 1680 aux Îles-du-Vent et dans les dernières années du siècle à Saint-Domingue.
In the first age of colonialism, since the financial resources and technical knowledge for sugar production were lacking, the development of the West Indies was almost entirely based on growing tobacco, which required fewer workers and less money. Tobacco was grown by small planters who used a labour force primarily made of white indentured servants. The latter had left France to escape poverty and were hired for three years (the “thirty-six months”), but were treated as slaves. Yet overproduction and decreasing quality soon led to an economic crisis. The growth of the sugar industry, starting in 1654, further hastened the decline of tobacco. Small planters then had to sell their lands to sugar plantation owners, who needed large estates, before emigrating. They were replaced by slaves from Africa. In the space of two decades, the racial composition of the population had been inverted; this was the “Sugar Revolution.” The growing of tobacco disappeared in the Leeward Islands after 1680 and in Saint-Domingue in the last years of the century.
Texte intégral
1La problématique de la mise en valeur coloniale constitue le versant économique d’une réflexion sur les relations entre les Européens et les Antilles au xviie siècle. La production des îles nourrit les trafics et constitue, dans les premiers temps, le point de départ de la mise en place d’une économie méso-atlantique de plantation interconnectant trois continents. On doit à l’économiste brésilien Celso Furtado d’avoir théorisé un modèle de la création et du démarrage initial d’une économie coloniale dans l’Amérique tropicale, par le recours à la notion de cycle de produits1. La colonisation débutante dans une région ou un pays repose sur un seul produit très demandé en Europe, dont la production démarre de façon fulgurante sur un temps très court ; puis, après une sorte de plateau marquant l’apogée, vient un effondrement brutal lorsque le marché est, souvent très vite, saturé ou que la ressource est épuisée, qui va parfois même jusqu’à la disparition complète. L’économie du Brésil colonial se décline ainsi successivement en un cycle du bois-brésil, au xvie siècle, puis cycle du sucre dans le Nordeste (Bahia, Recife), au xviie, et enfin cycle de l’or, dans le Centre-Est (actuel Minas Gerais), au xviiie.
2Dans la Caraïbe, c’est le tabac qui joue ce rôle au cours du demi-siècle, en gros, qui suit l’installation des Européens à partir de 1625 à Saint-Christophe. La phase d’expansion, entrecoupée de moments de grandes difficultés, dure un petit quart de siècle et prend fin avec l’arrivée du sucre ; la seconde, entre 1660 et les années 1680, est celle du déclin puis de la disparition.
Le tabac, fondement de l’entreprise coloniale débutante (1625-1660)
3La première phase du cycle du tabac correspond au moment de la mise en place des sociétés coloniales aux Antilles2, dont il constitue la base économique essentielle ; « c’est à la culture du tabac qu’on est redevable de l’établissement de nos colonies3 », écrit le père Labat, qui arrive aux Antilles juste à la fin du cycle. Les îles appartiennent alors à des propriétaires privés : Compagnie de Saint-Christophe de 1626 à 1635, puis des Isles de l’Amérique jusqu’en 1648, date à laquelle elle fait faillite4 ; deux ans plus tard, elles sont rachetées par des particuliers, Houël et Boisseret pour l’archipel guadeloupéen, Du Parquet pour la Martinique, Sainte-Lucie et la Grenade, l’Ordre de Malte pour Saint-Christophe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. C’est l’époque des « seigneurs-propriétaires », qui dure jusqu’en 1664, quand Colbert, pour rétablir l’autorité royale sur les Antilles, les remplace par la Compagnie des Indes occidentales, placée directement sous son contrôle ; enfin, en 1674, celle-ci est dissoute et les « Îles » sont rattachées au domaine royal. Dans les débuts, il est évidemment impossible d’y établir des sucreries ; « il en coûte infiniment pour faire de pareils établissements, note le père Labat, et quand il se trouveroit des gens assez riches pour fournir à cette dépense, il faudroit toujours un nombre considérable d’années pour produire du bon sucre5 ». Seul par conséquent, le tabac peut permettre de rentabiliser l’entreprise coloniale6. Le rôle éminent qu’il joue dans l’économie antillaise apparaît pleinement au fait que c’est la « livre de pétun » qui sert alors d’unité monétaire aux îles.
4Le tabac ou pétun est indigène dans la Caraïbe7, où les Amérindiens l’utilisent pour ses propriétés hallucinogènes dans des cérémonies rituelles. Sa réussite comme support de l’installation coloniale résulte de la conjonction de quatre ensembles de facteurs géographiques et économiques.
5Les conditions naturelles aux Antilles sont, en premier lieu, extrêmement favorables, à sa culture, avec des sols fertiles d’origine volcanique et un degré élevé d’humidité. La plante y pousse bien, presque à l’état naturel, comme le montrent les « jardins » plantés en pétun des Caraïbes, que découvrent à leur arrivée les premiers Français. On cultive quatre espèces de tabac aux Îles8 : le « pétun vert », ou « grand pétun » en raison des dimensions de ses feuilles, peu cultivé car il perd beaucoup au séchage ; le tabac « de Vérine », venu du Vénézuela, également peu cultivé pour la même raison ; le tabac dit « d’Amazonie », ainsi dénommé par référence à son origine, d’une production relativement délicate ; et le tabac « à langue », en raison de la forme de ses feuilles, qui est l’espèce la plus cultivée aux Antilles. Les opérations sont relativement simples9 et s’étendent sur huit à dix mois à partir d’octobre. Après défrichement sommaire par abattis et brûlis du terrain, le sol est préparé à la houe ; puis se succèdent les semis, à partir de graines provenant de l’année précédente, le repiquage des jeunes plants, le recourage (remplacement des pieds manquants ou mal venus), de nombreux sarclages, et enfin la récolte à la faucille. Viennent alors les dernières opérations pour parvenir à un produit exportable : séchage, torquage10 et confection d’« andouilles » enroulées en « rolles » d’une cinquantaine de kilogrammes pour l’expédition.
6En second lieu, la culture du tabac n’exige que très peu de moyens matériels et humains. « Il n’y en a point où il faille moins d’avances », écrit le gouverneur de Saint-Domingue. Quelques personnes11 peuvent en démarrer la production avec un minimum d’outillage et pratiquement à la seule force de leurs bras : une houe et une faucille suffisent. Trois hommes peuvent cultiver 10 000 pieds, et une récolte de trois à quatre mille leur permet déjà de « s’entretenir et payer les avances qu’on leur a faites, et se mettre bientôt en état d’acheter des serviteurs, esclaves ou engagés, pour pousser plus vivement leur travail et faire des établissements plus considérables. C’est ainsi que les Isles se sont établies12 », conclut le père Labat à l’issue de cette description, simple mais lumineuse, du processus d’accumulation primitive du capital aux Antilles.
7La disponibilité foncière constitue un troisième facteur favorable. En ces premiers temps coloniaux, « on ne manquait pas de terres mais d’hommes » (Du Tertre) ; les concessions sont attribuées généreusement pour attirer les colons. Elles s’étendent initialement sur une vingtaine d’hectares, une superficie très largement suffisante pour y faire du tabac (3-4 hectares au maximum), puis elles sont réduites à 10 hectares vers 1645-1650 en raison du grand nombre de demandes13. En 1671, alors que la « révolution sucrière » et le processus de concentration foncière qui en découle battent leur plein, les parcelles de moins de 10 « carrés » constituent encore plus du tiers des « habitations » à la Martinique et près de la moitié en Guadeloupe ; celles de moins de 20 hectares, les deux tiers dans chaque île14.
8Enfin, dès le début, la production antillaise de tabac trouve un débouché en expansion chez les négociants hollandais et zélandais. Les décennies 1620 et 1630 sont celles de l’installation néerlandaise dans diverses petites îles de la Caraïbe comme Saint-Eustache et Curaçao, destinées à former des points d’attraction du commerce de toutes les colonies de la région15. Nous devons à Du Tertre une description précise de la façon dont les Zélandais vont s’emparer de la totalité du commerce des îles françaises, au point que les négociants de Flessingue finiront par appeler leurs habitants : « Nos planteurs. » En 1628 puis 1629, les colons de Saint-Christophe, au bord de la famine, sont sauvés par un navire zélandais qui leur fournit « tout ce qui estoit nécessaire à six mois de crédit, se contentant pour le présent de pétun […]. Il le vendit si bien […] que plusieurs marchands de Flessingue et d’Hollande prirent dessein de venir trafiquer [à] Saint-Christophe, ce qu’ils ont toujours continué depuis, non seulement là mais encore dans les autres isles16 ». En 1664, au moment où Colbert essaie, en vain d’ailleurs, de les exclure du commerce des îles et de rétablir le monopole de celui de France, les Hollandais envoient chaque année 60 à 80 « beaux vaisseaux » aux Antilles françaises17, même s’il est vrai qu’ils chargent alors de moins en moins de tabac et de plus en plus de sucre. Face à eux, le commerce de France ne fait pas le poids, ni quantitativement, ni qualitativement, que ce soit à l’époque des Compagnies à monopole ou des seigneurs-propriétaires. « Les Hollandois donnent à meilleur marché que nos François les marchandises mesmes qu’ils achètent en France », leurs navires sont plus gros et plus solides, alors que les navires français sont « chétifs » et n’offrent « aucune seureté pour les marchandises qu’on y embarquoit », leur taux de fret sont moitié moins élevés, enfin les droits payés à l’entrée en France sont excessifs alors que les productions coloniales entrent en franchise dans les ports des Provinces-Unies. « Sans le secours que nos colonies ont receu des Hollandois, elles n’eussent jamais subsisté18 », conclut Du Tertre.
Dès le début, une économie fragile et menacée
9Le tabac constitue le pilier de l’économie coloniale naissante, certes, mais un pilier fragile et menacé dès le début par la surproduction19. Au début du xviie siècle, sa culture se développe rapidement dans toutes les colonies de l’Amérique intertropicale, mais également en Europe, notamment en France dans le grand sud-ouest, et surtout en Virginie, qui devient rapidement la première zone de production du monde atlantique. En 1625, quand Français et Anglais établissent leurs premières colonies antillaises, c’est tout naturellement qu’ils se tournent vers le tabac, d’autant plus que le marché est encore porteur, comme le montre la bonne fortune de Pierre Belain d’Esnambuc, ce petit nobliau normand, mi-flibustier, mi-marchand, qui bourlinguait depuis plus de vingt ans sur toutes les mers américaines ; ayant « très bien vendu » la première cargaison de tabac qu’il ramène des îles, « il vient à Paris en si bel équipage qu’il inspira à tous ceux qu’il entretint […] une puissante inclinaison d’aller avec luy dans l’Amérique pour partager sa gloire et sa fortune ». C’est la fondation de la Compagnie de Saint-Christophe et le début de l’expansion coloniale de la France20.
10Mais dix ans plus tard, au moment où va partir l’expédition de conquête de la Guadeloupe, le marché est déjà saturé21. Dernière arrivée, la Compagnie des Isles de l’Amérique peine à écouler sa production. En 1638 et 1639, c’est la crise généralisée de surproduction ; le prix du tabac s’effondre de plus de moitié, les marchés se ferment22, les exportations des îles anglaises de la Caraïbe chutent de plus de deux tiers23, et on peut présumer une évolution comparable en Guadeloupe et en Martinique. En 1639, devant la gravité de la situation, les gouverneurs français et anglais de Saint-Christophe24 décident de limiter conjointement leurs productions, mais cet accord ne semble pas avoir été appliqué.
11La décennie 1640 constitue une période de croissance et de relative prospérité pour les producteurs de tabac des Antilles. Le père Maurile de Saint-Michel, qui passe en Guadeloupe en 1646, nous apprend qu’on y fait « force pétun », et s’émerveille devant le grand nombre de navires qui viennent en charger25. Les prix se stabilisent, de nouveaux marchés s’ouvrent26, et une abondante immigration d’« engagés27 » fournit la main-d’œuvre nécessaire. Ce sont de pauvres hères, chassés de France par la misère28, recrutés principalement dans les provinces occidentales du royaume pour une période de trois ans, d’où le surnom de « trente-six mois » qui leur est donné. Les planteurs leur paient le voyage, les logent, les nourrissent et leur donnent un petit salaire en tabac à la fin de leur engagement. En pratique, leur situation est très mauvaise. Les engagés sont extrêmement mal traités, car les engagistes, qui ne disposent que de trois ans, veulent amortir rapidement leur frais. Ils sont traités comme des esclaves, des « Nègres blancs » écrivent fréquemment les contemporains.
12C’est probablement au début de la décennie 1650 que se situe l’apogée du cycle du tabac dans les Antilles françaises. Au-delà, les prix recommencent à diminuer lentement29, le pétun est de moins en moins rémunérateur, d’autant que, à la menace toujours présente de surproduction, vient s’ajouter une détérioration rapide de la qualité, résultant à la fois de l’usure des sols et des tricheries des planteurs, qui mélangent des tabacs provenant des premières feuilles avec des rejetons30. Mais il ne leur est pas possible de se réorienter vers d’autres productions ; les débouchés du gingembre et du rocou sont très limités et ceux du coton sont nuls parce que les capitaines de navires refusent d’en charger. Quant au sucre, « on auroit », note en 1647 le père Breton, « bien plus de profit à faire de cette marchandise que du tabac, mais il faut de grands frais pour monter un moulin et des hommes adroits31 » ; or, on ne dispose encore ni des uns ni des autres. En fait, si le tabac continue d’être cultivé faute de mieux, c’est au prix d’un prodigieux gaspillage foncier et d’une usure rapide des sols ; le tabac « mange la terre », note le père Labat. Tous les trois ou quatre ans, il faut déplacer les cultures vers de nouvelles terres vierges, ce qui suppose l’existence d’importantes réserves foncières. Mais, pour des raisons tenant à la fois aux facilités d’écoulement de leur production et à leur sécurité, les colons veulent rester groupés et ne s’éloignent guère « du commerce, de la rade et du fort » (Du Tertre), autour des deux chefs-lieux, Basse-Terre en Guadeloupe et Fort-Royal à la Martinique. Il y a donc un manque relatif d’espace dans les deux principales régions d’établissement des colons, tiers méridional de la Guadeloupe et côte occidentale de la Martinique jusqu’à Saint-Pierre, ce qui explique la réduction de la superficie des concessions de 20 à 10 hectares. Au milieu des années 1650, le tabac est un mort en sursis aux Îles-du-Vent. En 1654, lors de son passage en Guadeloupe, le père Biet observe : « Tout le trafic de cette isle estoit le tabac, qui commençoit à dégénérer beaucoup, d’autant que la terre commençoit à se lasser de produire cette marchandise […] et ainsi les pauvres habitans perdent souvent leurs terres, leur peine et celle de leurs gens, ce qui causoit beaucoup de pertes32. » La « révolution sucrière » va lui donner le coup de grâce.
De la « révolution sucrière » à la disparition du tabac (1654-1680)
13Pour la Compagnie des Isles de l’Amérique, le tabac n’a toujours été qu’un pis-aller permettant d’occuper son domaine antillais et de démarrer sa mise en valeur. Dès le moment de sa création, elle se préoccupe d’y faire produire du sucre, mais faute de pouvoir faire face aux « grands frais » et de disposer des « hommes adroits » dont parle le père Breton, ses deux tentatives échouent33.
14C’est un transfert de technologie, effectué, ici aussi, par les Hollandais, qui va permettre de remplir ces deux conditions. En 1624, pour contrôler l’approvisionnement de leurs raffineries d’Amsterdam, qui leur était fermé par les Espagnols34, les Hollandais s’emparent du Nordeste sucrier brésilien, autour de Recife ; ils en sont expulsés trente ans plus tard par les Portugais, qui ont entre-temps recouvré leur souveraineté35. La plupart de ces Hollandais « chassez du Récif » (Du Tertre) retournent aux Pays-Bas, mais un petit nombre d’entre eux se dirigent vers la Nouvelle Amsterdam (New York après 1664). En cours de route, ils s’arrêtent à la Barbade et dans les deux îles françaises, où ils sont reçus à bras ouverts en raison de leurs compétences en matière sucrière. Parmi ces réfugiés se trouvaient notamment au moins un « maistre d’engin à sucre » (mestre de engenho d’açúcar au Brésil), ainsi que plusieurs esclaves « qui entendoient parfaitement la conduite des sucreries », en particulier « deux Nègres, dont l’un sçavoit faire les formes » (dans lesquelles le sucre liquide se cristallise à la sortie des chaudières) « et l’autre préparer la terre des sucreries pour blanchir le sucre36 », qui vont communiquer leurs savoirs-faire aux planteurs ; quarante ans plus tard, après avoir rencontré l’un des acteurs survivants de cet épisode, le père Labat confirme bien le rôle majeur qu’ont joué les Hollandais dans la naissance de l’industrie sucrière guadeloupéenne : « C’est d’eux qu’on a appris la culture des cannes et la fabrication du sucre dans nos isles37. »
15Mais la contribution néerlandaise ne se limite pas à ce seul aspect. Les négociants hollandais et zélandais, qui détenaient déjà un quasi-monopole sur le commerce du tabac, vont s’engager à fond auprès des planteurs pour développer leur production de sucre et leur fournir un débouché, afin de renforcer la suprématie d’Amsterdam, alors premier centre de raffinage d’Europe. Ils fournissent tous les approvisionnements nécessaires à l’établissement de sucreries, et surtout des esclaves. La traite négrière néerlandaise démarre réellement à partir de 1630 et connait une croissance fulgurante à l’époque de la conquête du nord-est brésilien ; après 1654, elle se reconvertit géographiquement vers les Antilles38. Comme les planteurs n’ont pas les moyens nécessaires, le financement repose sur une montagne de crédits : en 1664, quand arrive à la Martinique le premier gouverneur envoyé par Colbert pour reprendre en mains l’administration et le commerce des Îles, il trouve les habitants « chargez de dettes excessives aux Hollandois39 » ; et l’année suivante, le gouverneur de la Guadeloupe écrit à Colbert : « La plus part de ces belles sucreries que nous avons ici ont esté élevées des avances des Hollandois, auxquels il est deu dans l’isle plus qu’elle ne peut donner de sucre en un an40. » Évidemment, les créanciers se « rattrapent » autrement ; « il faut avouer », note Du Tertre, pour expliquer cette « générosité » « qu’ils en ont tiré toute la cresme et le profit et que tous les grands biens provenus du commerce qui doivent enrichir la France leur sont demeurez41 ». Mais au bout du compte, cette politique permet la création de l’industrie sucrière au Antilles ; la croissance est extraordinairement rapide, puisqu’en 1671, on compte déjà 111 sucreries à la Martinique et 122 dans l’archipel guadeloupéen42. C’est la « révolution sucrière ».
16Cette expression, classique dans l’historiographie antillaise du xviie siècle, décrit les conséquences structurelles du basculement du tabac vers le sucre comme principale production dans toute la Caraïbe : concentration foncière et bouleversement de la composition raciale de la population43.
17Le processus de concentration foncière au profit des habitations-sucreries débute dans les années 1660, ainsi que les « terriers » de 1671 permettent d’en juger44. Elles représentent alors 11 % seulement du nombre total de propriétés en Guadeloupe et 16 % à la Martinique, mais détiennent déjà 25 % de la superficie totale concédée dans la première et 41 % dans la seconde ; leur superficie moyenne est de 100 hectares à la Martinique et 80 en Guadeloupe, contre 40 et 36 respectivement pour l’ensemble des concessions. Avec la crise du tabac, le mouvement s’accélère considérablement au cours de la décennie suivante, puisqu’en 1680 l’intendant de la Martinique en parle déjà au passé :
« Dans le commencement de l’establissement de cette isle, les habitans s’appliquant uniquement à la culture du tabac n’avoient besoin que de fort peu de terre. Depuis, cette culture devenant infructueuse, les plus accomodez se portèrent à establir des sucreries, et comme il falloit un grand terrain, ils achetèrent la portion de terre de leurs voisins et il s’est retiré plus de 4 000 hommes dont les terres sont à présent possédées par douze ou quinze sucreries seulement45. »
18Ce que confirme le père Labat en des termes très voisins : « Les habitans ont passé de 10 000 à 2 000, et le terrain occupé par une sucrerie sur laquelle il n’y a que quatre ou cinq Blancs, et souvent bien moins, étoit occupé par 50 ou 60 habitans46. »
19Ces deux textes mettent l’accent sur le second bouleversement structurel accompagnant la révolution sucrière l’inversion démographique entre groupes raciaux, ainsi que le montre le tableau suivant.
Tableau 1 - Évolution et composition de la population dans le troisième quart du xviie siècle.
Guadeloupe* | Martinique | |||||||||
Nbre de sucreries | Blancs | Noirs + mulâtres | Rapport B/N | Pop. totale | Nbre de sucreries | Blancs | Noirs + mulâtres | Rapport B/N | Pop. totale | |
1656 | env. 10 | 12 000 | 3 000 | 4,0 | 15 000 | |||||
1660 | env. 20 | 2 587 | 2 723 | 0,95 | 5 310 | |||||
1664 | env. 70 | 5 009 | 6 323 | 0,79 | 11 347 | 2 703 | 2 600 | 1,04 | 5 303 | |
1671 | 110 | 3 172 | 4 674 | 0,68 | 7 537 | 111 | 4 326 | 6 582 | 0,65 | 10 918 |
1678 | 4 049 | 6 263 | 0,64 | 10 312 | ||||||
1683 | 89 | 2 998 | 4 109 | 0,73 | 7 107 | 122 | 4 585 | 9 554 | 0,48 | 14 085 |

*Basse-Terre + Grande-Terre
Sources : Père Breton pour 1656 ; ANOM, série G1, recensements pour les autres années.
20Même si tous ces chiffres sont frappés d’un certain degré d’approximation, le parallélisme entre l’évolution du nombre de sucreries et celle de la population noire est remarquable. Les petits planteurs de tabac pouvaient se contenter de deux ou trois engagés, mais le sucre exige une main-d’œuvre beaucoup plus abondante et surtout pérenne, que le système de l’engagement à temps et ses recrutements aléatoires ne peut fournir ; en 1671, le nombre moyen d’esclaves par sucrerie est de 26 en Guadeloupe et 31 à la Martinique, contre 5 et 10 respectivement pour l’ensemble des concessions. C’est le moment où la traite négrière « s’industrialise » et les déportations deviennent massives47. Les engagés n’arrivent plus, les « petits habitants » émigrent, le rapport Blancs/Noirs s’inverse. La révolution sucrière a donné aux Antilles leur visage définitif pour trois siècles : des terres de monoculture sucrière peuplée de Noirs. C’est là une évolution générale dans toute la Caraïbe. À la Barbade qui, comme la Guadeloupe, « became a flourishing colony by the great encouragement of the Dutch », on comptait, en 1643, 18 600 Blancs, dont 8 300 propriétaires, et 6 400 esclaves ; un quart de siècle plus tard, l’île est devenue sept fois plus riche, mais il n’y a plus que 8 600 Blancs, dont 760 « considerable proprietors », et 50 000 esclaves ; de 1643 à 1666, 12 000 Blancs ont quitté l’île48.
21Au début de la décennie 1670, la culture du tabac a pratiquement cessé dans les Iles-du-Vent. En Guadeloupe, elle n’occupe plus que 100 hectares contre 3 100 pour la canne ; elle résiste un peu mieux à la Martinique, avec 690 hectares face à 3 000 de canne49, mais quelques années plus tard, la lettre précitée de l’intendant Patoulet en dresse définitivement l’acte de décès : « le tabac est tombé en une si grande non-valeur, qu’à présent on n’en plante plus un seul pied ».
22Par contre, elle trouve une nouvelle vigueur dans la partie française de Saint-Domingue, qui connaît la même évolution que les Petites Antilles avec une vingtaine d’années de retard. C’est tout naturellement le tabac qui y constitue le support du peuplement initial. Le sommet de sa phase de croissance se situe au milieu des années 167050, puis vient le déclin, inexorable ; dès 1681, le gouverneur Pouançay avertit Versailles qu’« il n’y a plus rien à espérer du commerce du tabac51 ». Bien sûr, il y a, comme aux Iles-du-Vent, la surproduction, les prix trop bas et la mauvaise qualité de la production, mais la principale explication de cette chute réside ici dans la « mise en parti » du commerce du tabac en France52. En 1674, Louis XIV, à la recherche de moyens supplémentaires pour financer la guerre de Hollande (1672-1678), interdit tout commerce du tabac aux particuliers, pour en réserver désormais la vente à un monopole d’État. Puis ce monopole est affermé par bail à un certain Jean Le Breton, auquel est attribué pour une durée de six ans le « privilège de la vente exclusive », en gros et en détail, dans tout le royaume, de tout le tabac récolté en France ou importé des Indes occidentales, du Brésil et des autres colonies ou pays étrangers. En 1680, à l’arrivée de son terme, le « bail du tabac » est réuni à la Ferme générale des impôts indirects et droits de douane créée la même année par Colbert53.
23Cette « mise en parti » du tabac va provoquer des effets désastreux à Saint-Domingue. En effet, comme le bail fixe strictement les prix de vente au détail, c’est nécessairement vers l’amont, au détriment des producteurs que le fermier devra réaliser son bénéfice. Maître absolu du marché, il manipule les cours à sa guise, imposant aux planteurs les prix d’achat les plus bas sous les prétextes les plus divers ; « il n’y a point de rigueurs ni de duretés que les fermiers n’aient exercées contre les pauvres habitans de ce pays-ci pour avoir leurs marchandises presque pour rien », écrit le gouverneur Pouançay à Colbert en 1680, alors que les colons sont au bord de la révolte et commencent à émigrer en masse ou à « se jeter dans la flibuste54 ». Certes, on continue encore à cultiver le tabac à Saint-Domingue, mais sa production diminue rapidement55. Sa culture va traîner encore une existence de plus en plus misérable jusqu’à la fin du siècle, où elle est remplacée par l’indigo56 avant que démarre, ici aussi, la « révolution sucrière57 ».
***
24Par la fulgurance de sa phase d’expansion, puis, très peu de temps après, la soudaineté de son effondrement, le cycle du tabac aux Antilles est parfaitement représentatif d’une économie des premiers temps coloniaux, où la mise en valeur se résume souvent en opérations de pillage, ou très proches de lui : on tire sur une ressource jusqu’à épuisement tant qu’existe un stock ou quelle se renouvelle naturellement58, ou encore tant que les conditions de son exploitation n’exigent qu’un minimum de moyens, vite rentabilisés. Au fond, la brutalité conjoncturelle du cycle du tabac n’est que le reflet économique de la violence qui caractérise la mise en place des structures sociales antillaises au même moment, et dont les textes des chroniqueurs sont pleins : extermination des Caraïbes, luttes souvent meurtrières pour la conquête du pouvoir, engagés traités comme des esclaves, révoltes multiples des Petits-Blancs et des premiers Africains déportés. Il faut attendre le début du xviiie siècle pour que l’économie et société antillaises trouvent une certaine stabilité, mais c’est alors au prix d’une brutalité plus grande encore, celle du rapport esclavagiste.
Notes de bas de page
1Furtado Celso, La formation économique du Brésil, de l’époque coloniale aux temps modernes, Paris/La Haye, Mouton, 1972, 218 p.
2Sainton Jean-Pierre, Histoire et civilisation de la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique, Petites Antilles), t. 1 : Le temps des genèses, des origines à 1685, Paris, Maisonneuve & Larose, 2004, p. 207-254.
3Labat Jean-Baptiste, Nouveau voyage aux Isles de l’Amérique…, Paris, chez Guillaume Cavelier, 1722, t. 4, p. 531.
4Sur laquelle l’ouvrage fondamental est celui de Roulet Éric, La Compagnie des îles de l’Amérique 1635-1651. Une entreprise coloniale au xviie siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017, 809 p.
5Labat Jean-Baptiste, op. cit., t. 4, p. 532-533.
6Bouton Jacques, Relation de l’establissement des François depuis l’an 1635 en l’isle de la Martinique, Paris, chez Sébastien Cramoisy, 1640, p. 80 : « Le pétun a esté jusques à présent la seule marchandise qu’on a rapporté en France de cette isle et des autres que les François habitent ». Breton Raymond : « C’est icy le vray païs au pétun ou tabac et c’est notre plus grand trafic » ; relation française de 1647, publiée sous le titre Relations de l’Ile de la Guadeloupe, Basse-Terre, Société d’histoire de la Guadeloupe, 1978, p. 49.
7Les deux termes sont d’origine amérindienne. Le mot « tabacco » est emprunté aux Taïnos de Saint-Domingue, « pétun » appartient à la langue tupinamba du Brésil ; Petitjean-Roget Jacques, La société d’habitation à la Martinique. Un demi-siècle de formation, 1635-1685, Lille, Atelier de reproduction des thèses, Librairie Champion, 1980, t. 1, p. 37-38.
8Labat Jean-Baptiste, op. cit., t. 4, p. 496-500.
9Longs développements sur sa culture et sa préparation dans ibid., p. 501-528 et Petitjean-Roget Jacques, op. cit., t. 1, p. 650-659.
10Le torquage consiste à faire de grosses cordes de feuilles séchées avec un rouet.
11« Le mari et la femme seuls » (= sans salariés ou esclaves), note le gouverneur de Saint-Domingue ; Frostin Charles, Histoire de l’autonomisme colon de la partie française de Saint-Domingue aux xviie et xviiie siècles, Lille, Atelier de reproduction des thèses, 1973, t. 1, p. 136. « Deux ou trois hommes » associés, selon le père Labat Jean-Baptiste, op. cit., t. 4, p. 535-536.
12Ibid. ; voir également Du Tertre Jean-Baptiste, Histoire générale des Antilles habitées par les François, Paris, chez Thomas Jolly, 1667-1671, t. 2, p. 100.
13Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 2, p. 453 : « Au commencement que les Isles furent habitées, chacun faisait sa place ; ceux qui venoient libres avec des hommes alloient trouver le gouverneur, qui leur donnoit gratuitement une place de bois de deux cent pas de large sur mille de hauteur à défricher ; il en donnoit autant à ceux qui sortoient de service [les engagés ayant fini leur temps] ; mais l’on a depuis réduit la hauteur des estages à cinq cens pas. »
14Tous les chiffres cités désormais relatifs aux superficies concédées ou cultivées en 1671 proviennent des deux « terriers » établis sur l’ordre de Colbert et conservés dans ANOM, G1-468 pour la Guadeloupe, et G1-470 pour la Martinique. L’exploitation de ces deux documents a été faite respectivement par Schnakenbourg Christian, « Le terrier de 1671 et le partage de la terre en Guadeloupe au xviie siècle », Revue française d’histoire d’Outre-mer, t. 67, 1980, p. 39-54, et Petitjean-Roget Jacques, op. cit., t. 2, p. 1359-1400. Nota : les chiffres sont donnés dans les documents en « carrés » ; nous les avons convertis sur la base de 1 carré = 1 hectare en Guadeloupe et 1,3 hectare à la Martinique. Les deux tableaux d’ensemble des structures foncières de chaque île sont commodément réunis dans Sainton Jean-Pierre, op. cit., p. 270.
15Goslinga Cornelis C., The Dutch in the Caribbean and on the Wild Coast, 1580-1680, Assen, Van Gorcum, 1971, p. 258-283.
16Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 36-37.
17Ibid., t. 3, p. 97.
18Ibid., t. 2, p. 462-463.
19Sur tout ce qui suit, voir, sauf indication contraire, Petitjean-Roget Jacques, op. cit., t. 1, p. 674-684, et Price Jacob M., France and the Chesapeake. A history of the French tobacco monopoly, 1674-1791, Ann Arbor, The University of Michigan Press, 1973, vol. 1, p. 3-11 et 73-77.
20Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 7.
21ANOM, F2A 13, p. 80, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, Instructions aux responsables de l’expédition, 7 mars 1635 : « Aussy tost qu’ils auront faict des logemens et des vivres, ilz feront travailler leurs gens […] au cotton et au sucre, leur permettant le moins qu’il sera possible de travailler au pétun. »
22De 1638 à 1641, les importations de tabac à Londres, qui reçoit les deux tiers du total anglais, diminuent de 60 % ; Price Jacob M., op. cit., vol. 1, p. 75.
23De 71 % à Saint-Kitts et 67 % à la Barbade entre 1638 et 1640 ; Watts David, The West Indies. Patterns of development, culture and environmental change since 1492, Cambridge, Cambridge University Press, 1987, p. 158.
24Rappelons que, depuis 1625, Français et Anglais se partagent l’île, sur laquelle, malgré un traité en 1627, la cohabitation est évidemment difficile ; Sainton Jean-Pierre, op. cit., p. 210-214.
25Saint-Michel Maurile de, Voyage des Îles Camercanes en l’Amérique, Le Mans, chez Hiérôme Olivier, 1652, p. 41.
26Dans les années 1660, du tabac martiniquais se vend jusqu’au fond de la Baltique, à Danzig et Königsberg, par l’intermédiaire des Hollandais ; Price Jacob M., op. cit., vol. 1, p. 5.
27Le travail classique sur le sujet est celui de Debien Gabriel, « La société coloniale aux xviie et xviiie siècles. Les engagés pour les Antilles (1635-1715) », Revue d’Histoire des colonies, t. 38, 1951, 279 p. ; voir également les développements nourris de Petitjean-Roget Jacques, op. cit., t. 1, p. 707-716 et t. 2, p. 1093-1119.
28On le voit bien sur la courbe des départs depuis La Rochelle dans l’article précité de Gabriel Debien : on passe de moins d’une dizaine en 1641, année normale, à 200 en 1644, à l’issue de la crise de subsistance des deux années précédentes ; le niveau demeure relativement élevé jusqu’en 1650, période encore marquée par la cherté des grains, puis il retombe à moins de 10 en 1653. Le maximum des départs se situe à 500 en 1663, au moment de la terrible crise de famine dite « de l’Avènement » (de Louis XIV) de 1660-1661.
29Petitjean-Roget Jacques, op. cit., t. 2, p. 1149-1150
30Labat Jean-Baptiste, op. cit., t. 4, p. 529-531.
31Bouton Jacques, op. cit., p. 49.
32Biet Antoine, Voyage de la France équinoxiale en l’Isle de Cayenne, entrepris par les François en l’année 1652, Paris, chez Clauzier, 1664, p. 315.
33Schnakenbourg Christian, « Note sur les origines de l’industrie sucrière en Guadeloupe au xviie siècle (1640-1670) », Revue française d’histoire d’Outre-mer, t. 55, 1968, p. 267-283.
34De 1580 à 1640, c’est l’Union des deux Couronnes espagnole et portugaise ; les deux pays ont le même souverain bien que demeurant en droit des royaumes distincts. Dès le début de la révolte des Pays-Bas, Philippe II interdit à ses sujets brésiliens tout commerce avec les Néerlandais révoltés.
35Sur tout ceci, voir Boxer Charles R., The Dutch in Brazil (1624-1654), Oxford, Oxford University Press, 1957, 328 p.
36Le texte de base sur cet épisode est celui de Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 460-465. Son récit est confirmé par le témoignage de première main de Biet Antoine, op. cit., p. 313-315, qui se trouvait en Guadeloupe au moment de l’arrivée de ces Hollandais.
37Labat Jean-Baptiste, op. cit., t. 2, p. 424.
38Goslinga Cornelis Ch., op. cit., p. 339-370 ; Emmer Pieter C., Les Pays-Bas et la traite des Noirs, Paris, Karthala, 2005, p. 31-46.
39Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 3, p. 69.
40ANOM, C7A 1, fo 26, Dulion à Colbert, 8 avril 1665.
41Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 37.
42ANOM, G1-498, recensement général des Iles-du-Vent.
43Analyse d’ensemble dans Higman Barry W., « The sugar revolution », Economic History Review, vol. 53, 2000, p. 213-236.
44Voir note 14, supra.
45ANOM, C8A 2, fo 391, Patoulet à Colbert, 26 décembre 1680.
46Labat Jean-Baptiste, op. cit., t. 4, p. 536.
47Sainton Jean-Pierre, op. cit., p. 283-290.
48« Some observations on the island of Barbados », anonyme, 1667 ; Calendar of the State Papers, Colonial series, America and West Indies, vol. 5, no 1657. Des développements approfondis dans Dunn R. S., Sugar and slaves. The rise of the planter class in the English West Indies, 1624-1713, New York, Norton, 1972, p. 46-83.
49Source : « terriers » de 1671.
50Les exportations passent de 1,2 à 3 millions de livres entre 1669 et 1674.
51Frostin Charles, op. cit., t. 1, p. 15 et 120-123 ; Price Jacob M., op. cit., vol. 1, p. 83-84.
52Labat Jean-Baptiste, op. cit., t. 4, p. 519 : « Depuis que le tabac a été mis en parti, on en a presque abandonné la culture ».
53Sur tout ceci, Price Jacob M., op. cit., vol. 1, p. 25-51.
54ANOM, C8A 7, fo 36, Dumaitz à Seignelay, 2 juillet 1692.
55Les exportations pour France tombent de 47 800 rolles en 1683 à 12 700 en 1688.
56Sur tout ce qui précède, Frostin Charles, op. cit., t. 1, p. 121-123 et 132-136, et Price Jacob M., op. cit., vol. 1, p. 84-97.
57En 1686, alors qu’il n’y a pas encore de sucreries, Saint-Domingue compte 4 336 Blancs pour 2 102 esclaves ; en 1700, 4 537 et 9 082 respectivement, mais il existe désormais dix sucreries ; Schnakenbourg Christian, « Statistiques économiques haïtiennes à l’époque coloniale (1681-1789) », Outre-mers. Revue d’histoire, t. 99, 2011, no 372-373, p. 151-152.
58Le bois-brésil dans la colonie éponyme au xvie siècle, le caoutchouc en Amazonie ou au Congo belge au début du xxe siècle.
Auteur
-
Christian Schnakenbourg
Professeur honoraire des universités et chercheur au laboratoire d’Archéologie industrielle, histoire, patrimoine – Géographie, développement, environnement de la Caraïbe (AIHP-GEODE-EA 929) de l’université des Antilles. Ses recherches portent sur l’histoire économique des Antilles. Il a publié notamment une Histoire de l’industrie sucrière en Guadeloupe aux xixe et xxe siècles en cinq volumes aux Éditions L’Harmattan (1980-2016).

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