Après le départ des navires : l’approvisionnement des habitants des Petites Antilles françaises en produits venus d’Europe entre 1625 et 1674
After the ships leave: Supplying the inhabitants of the French Lesser Antilles with European goods (1625-1674)
p. 147-160
Résumés
Wim Klooster dans son ouvrage Illicit Riches : Duch trade in the Caribbean 1648-1795 montre que les négociants hollandais ne pouvaient s’approvisionner en produits coloniaux en comptant que sur la seule production de leurs colonies. Cette étude démontre qu’au-delà du grand réseau commercial qui reliait l’Europe aux Antilles, il existait au sein des Petites Antilles des réseaux d’échanges et de commerces secondaires. Or, les Hollandais ne furent pas les seuls à pratiquer le commerce inter-îles. C’est ce que nous démontrons dans cet article qui s’intéresse à la façon dont les acteurs présents dans les Petites Antilles françaises se sont organisés pour faire prospérer le commerce local. L’État central n’est pas en mesure de répondre aux attentes des habitants, nous analysons alors la façon dont les premiers gouverneurs ont aménagé leur territoire afin d’en faire des centres de redistributions des marchandises. Ces gouverneurs, une fois leur œuvre accomplie, furent remplacées par la Compagnie des Isles d’Amérique qui eut pour charge de faire appliquer les idées de Colbert. Ainsi après avoir étudié les causes de son échec, nous laissons une place aux acteurs locaux qui tout au long de la période ont su s’adapter aux contraintes imposées par les différentes autorités et ont pu développer leur commerce, survivant aux passations de pouvoir successifs.
In Wim Klooster’s work, Illicit Riches: Dutch Trade in the Caribbean 1648-1795, he explains that Dutch traders could not obtain enough supplies of colonial goods from their colonies alone. This study demonstrates that, beyond the large commercial network linking Europe to the West Indies, within the Lesser Antilles secondary trade networks existed. Yet the Dutch were not the only ones to practice inter-island trade, as shown in this article looking at how actors in the French Lesser Antilles organized themselves so that local trade could prosper. As the government of the home country was unable to meet the inhabitants’ needs, the first governors had to develop their territory to create centers for redistributing goods. Once their work was accomplished, these governors were replaced by the Compagnie des Isles d’Amérique, whose task was to apply Colbert’s ideas. After examining the causes of the company’s failure, this article examines the local actors who adapted to the constraint requirements imposed by the various authorities and were able to develop their business, despite successive changes in governing bodies.
Texte intégral
« Nous sous-signez, reconnoissons et confessons avoir fait et faire par ces présentes fidèle association entre nous pour envoyer sous la conduite des Sieurs d’Enambuc et du Rossey, Capitaine de Marine ou tels autres que bon nous semblera de choisir et nommer pour faire habiter et peupler les isle de Saint Christophe et la Barbade et autres scituées à l’entrée du Pérou, […] ce tant afin de faire trafiquer et négocier des deniers et marchandises qui se pourront recueillir et tirer desdites isles et de celles des lieux circonvoisins1… »
1Ces lignes écrites en 1626 lors de la constitution de la Société de l’île de Saint-Christophe, illustrent bien la volonté qu’il y eut d’établir un commerce entre le royaume de France et l’Amérique dès les premiers temps de la colonisation. Bien plus qu’une simple occupation territoriale, la conquête de Saint-Christophe permettait de créer un espace d’échanges et de redistribution de marchandises au sein de la Caraïbe et en Amérique. Les études menées jusqu’à aujourd’hui permettent d’avoir une vision de plus en plus nette des circuits commerciaux et du rôle des acteurs de ces échanges transatlantiques. Mais qu’en est-il une fois les marchandises européennes arrivées aux îles ? Répondre à cette question est essentiel pour comprendre le fonctionnement de la société coloniale car l’espace contrôlé par le royaume de France dans les Petites Antilles au xviie siècle était composé de dix îles disséminées sur un espace de 14 307 km ² allant de la Grenade au sud à Sainte-Croix au nord. Il était donc compliqué voire impossible pour les navires venus d’Europe de prétendre aborder chacune de ces îles. Ainsi pour avoir accès aux marchandises européennes et pour redistribuer leur propre production, les habitants des Petites Antilles devaient nécessairement s’organiser pour être présents et prêts au moment et au lieu d’arrivée des navires. Si les recherches portant sur les Petites Antilles ont souvent fait référence à la pratique d’activités maritimes, elles se sont très majoritairement concentrées sur la constitution de la société coloniale et la mise en place du système d’habitation cher à Jacques Petitjean-Roget2. Cette démarche, essentielle pour comprendre le fonctionnement des premières sociétés coloniales aux Antilles, privilégie une étude de l’occupation de la terre et des échanges intercontinentaux au détriment des relations maritimes. Or, les travaux récents menés par Bernard Grunberg3 ou Danielle Bégot4 permettent un renouvellement des sources qui offrent de nouveaux objets d’études. Dans cet article, nous chercherons ainsi à démontrer comment, en croisant différents types de sources, nous pouvons avoir une idée de la façon dont les habitants des Petites Antilles françaises avaient accès aux produits européens et comment ils arrivaient à acheminer et à échanger leur production contre ce qui leur était nécessaire5.
Un commerce nécessaire pour répondre aux besoins des habitants
2Au début du xviie siècle, dans l’espace caribéen, le commerce se réalisait sous forme d’échanges de marchandises européennes contre des productions locales6. Les marchands européens qui souhaitaient exercer leur négoce devaient donc avoir connaissance des besoins des premiers colons. De même, si nous souhaitons mieux percevoir l’organisation des premiers échanges commerciaux dans les Petites Antilles, il nous faut, au préalable, avoir une idée des demandes des habitants en productions européennes.
3Donner avec précision la nature de ce commerce pour la première moitié du xviie siècle s’avère délicat du fait de la disparition de la documentation et de la complexité du commerce aux Antilles. Le premier reflexe du chercheur serait de se pencher sur les documents issus des fonds d’archives des ports français. Or, Marcel Delafosse mettait en garde sur ces archives, signalant les nombreuses pertes de documents et, pour les archives notariales, le fait que les marchands ne contractaient pas toujours d’actes avant leur départ7. À cela s’ajoute le fait que les premières Compagnies de commerce furent dans l’incapacité de répondre à l’intégralité des besoins des habitants des Petites Antilles. À en croire les différents chroniqueurs, c’est cette incapacité de la part des premières Compagnies de commerces françaises qui poussèrent les habitants des Petites Antilles à multiplier les échanges avec les marins hollandais qui sillonnaient la mer des Caraïbes. Ces éléments mettent en difficulté les chercheurs actuels car il est difficile de connaître l’ampleur de ce commerce qui fut pratiqué illégalement dès le début de la colonisation. Ainsi l’étude des départs de marchandises depuis les ports français ne donne qu’une idée vague et peu précise de la demande des colons et ne permet pas de connaître leurs réels besoins. Pour autant, nous pouvons avoir une idée des demandes des habitants en produits venus d’Europe en nous référant à des sources plus tardives, telle que l’« État général de tout ce qui est nécessaire à toutes les isles compris Cayenne pour leur subsistance et entretien pendant le cours d’une année », document rédigé en 16698.
4Ce document ne se contente pas de donner une liste de produits mais précise la quantité et le tonnage nécessaires pour chacun des effets cités. Nous sommes donc en possession d’une liste de six pages de produits qui nous donne une idée du degré de dépendance des Petites Antilles envers l’Europe. Pour résumer le résultat de notre analyse, nous avons regroupé les produits importés en neuf catégories (Figure 1). Ainsi en 1669, dix-sept produits alimentaires différents sont demandés. Le poids total exigé est de 2 773 tonneaux, ce qui représente 68 % des besoins en produits européens pour une année. Ceci démontre que 44 ans après l’occupation des îles par la France, le besoin des habitants en produits vivriers européens reste encore très important. Pourtant, à cette date, les habitants des Antilles s’étaient déjà familiarisés avec leur nouveau milieu en adoptant un mode de consommation alimentaire plus adapté à leur environnement. Nous pouvons donc en déduire que la dépendance des habitants était plus importante au début de la colonisation. Si cette demande en produits vivriers ne fléchit pas au cours du xviie siècle, c’est à la fois parce que les colons ont continué à privilégier des agricultures à vocation commerciale mais aussi parce qu’ils ont souhaité conserver un mode de consommation proche de leurs habitudes alimentaires originelles.
5Les 32 % des tonnages restants dans les navires devaient être composés d’objets servant au maintien de la colonie : outils, armes, produits médicaux, éléments de navires et toiles9. Enfin, il est fait référence à des produits plus luxueux tels des souliers de femmes à talons, des chapeaux fins, des bonnets rouges et blancs ou des vaisselles en argent. Ce document démontre alors que les produits importés d’Europe avaient plusieurs finalités : apporter de quoi s’alimenter en complétant ou en suppléant la production locale, répondre aux manques de productions locales et, enfin, permettre aux habitants d’élever leur niveau de vie et d’adopter un mode de vie qui devait se rapprocher de celui désiré lorsqu’ils s’étaient embarqués pour les Antilles. Toutes les îles des Petites Antilles devaient donc être nécessairement approvisionnées en marchandises européennes. Certes les populations des îles principales étaient plus consommatrices des produits de luxes mais il est évident que les îles les plus éloignées des centres de redistribution avaient aussi des besoins tant en terme alimentaire qu’en terme d’outillage et d’armement. Du fait de l’étendu du domaine colonial et des besoins des habitants, une organisation de la redistribution des cargaisons était donc indispensable.
Figure 1. Nature des besoins des habitants des îles pour l’année 1669 (en tonnage).

Source : ANOM, Col C8B 17, no 7, « Etat général de tout ce qui est nécessaire à toutes les isles compris Cayenne pour leur subsistance et entretient pendant le cours d’une année », 1669.
Le déséquilibre dans la redistribution des marchandises
6Or, dès le début du xviie siècle, un déséquilibre territorial existait dans la redistribution des marchandises aux Petites Antilles. Les navires issus des ports du royaume de France se rendaient dans les îles où ils étaient sûrs de pouvoir écouler leurs marchandises et obtenir en échanges des produits de qualité et en quantité suffisante pour pouvoir assurer le fret de retour. Ainsi, certaines îles étaient plus abordées que d’autres. Pour avoir une idée du déséquilibre de cette redistribution, nous nous sommes attachés à relever tous les lieux desservis par les navires rochelais au cours de la période étudiée10. Dans les fonds de l’Amirauté de La Rochelle, nous avons relevé 192 voyages reliant ce port aux Petites Antilles entre 1625 et 1674. Avant d’aller plus en avant de notre analyse, il nous faut ici signaler que ce nombre de voyages est bien faible et qu’il ne donne qu’une idée des relations qu’entretenait ce port avec les colonies françaises. Pour autant, nous pouvons percevoir une tendance dans les relations commerciales entre les ports français et les Petites Antilles. En effet, nous constatons que les navires rochelais desservaient quasi exclusivement trois des dix îles françaises des Petites Antilles, puisque seul un de ces navires signalait avoir abordé l’île de Sainte-Croix. Tous les autres voyages se firent en direction de Saint-Christophe (34), de la Martinique (9) et de la Guadeloupe (4). Les autres navires accostaient dans chacune de ces trois îles sans destination précise. Si nous additionnons ces chiffres avec les 121 voyages à destination des Antilles que nous avons retrouvés dans les archives notariales de La Rochelle11, nous obtenons toujours une majorité de navires à destination de Saint-Christophe (81), de la Martinique (17) et de la Guadeloupe (35). À cela s’ajoute 175 voyages dont la destination n’est pas évoquée explicitement12. Seules trois des neuf îles françaises des Petites Antilles étaient assurées de recevoir des marchandises européennes provenant directement des ports français. Parmi les autres îles, seule Marie-Galante, citée cinq fois dans les fonds des archives notariales de La Rochelle, semble avoir été en connexion directe avec l’Europe mais de façon sporadique. Ainsi au milieu du xviie siècle, c’est l’île de Saint-Christophe qui attirait majoritairement les navires venus d’Europe. Du fait de l’ancienneté de la colonisation, les marins et les marchands y avaient leurs habitudes et les maisons de commerce des ports français y avaient très tôt installé leur commis. La Martinique, elle, pouvait bénéficier de sa position géographique, même s’il faudra attendre 1660 pour que soit spécifié qu’« un privilège singulier de la situation de la Martinique est que tous les vaisseaux qui viennent de France ou de Hollande mouillent l’ancre auparavant qu’ils ayent en autre part13 ». La Guadeloupe semble avoir été défavorisée dans ce commerce. En effet, la plupart des cargaisons était déchargée à la Martinique, puis les navires poursuivaient leur route vers Saint-Christophe, ne réservant à la Guadeloupe que les invendus de la Martinique. Or, si l’accès aux marchandises européennes fut difficile pour les habitants de la Guadeloupe, que penser pour les autres îles des Petites Antilles qui étaient écartées des routes de navigations, telle la Grenade. Les habitants des Antilles, ne pouvant attendre que l’organisation des échanges se fasse d’Europe, devaient prendre en main la redistribution de ces marchandises. Ce rôle d’organisateur du commerce fut d’abord joué par les gouverneurs des îles conquises par le royaume de France.
Les premiers acteurs de la redistribution : les gouverneurs
7En 1650, la Compagnie des îles de l’Amérique disparaissait au profit de seigneurs propriétaires qui prirent seuls la direction des îles. Ils eurent donc la charge d’administrer leurs îles respectives mais aussi d’en assurer l’approvisionnement en denrées européennes. Or, ce rôle central dans le commerce aux Petites Antilles fut facilité par le fait qu’il avait été exercé dès le début de la colonisation.
8Belain d’Esnambuc, fondateur de la colonie de Saint-Christophe, fut le premier à chercher à développer le commerce entre son île et le royaume de France. Il n’est pas étonnant de voir le premier gouverneur de Saint-Christophe dans ce rôle moteur lorsque l’on sait que sa présence en Amérique était motivée par le commerce14. Arrivant dans l’île, il avait su mettre en place les prémices d’un système d’échanges de produits européens contre des produits américains, principalement le tabac. De plus, Belain d’Esnambuc ne se contenta pas de prendre possession d’une île et de l’exploiter puisque, dès la constitution de la Compagnie de Saint-Christophe, apparaissait une volonté de commerce dans tout l’arc antillais. Saint-Christophe était perçue comme une tête de pont entre l’Europe et l’Amérique. Pour augmenter les possibilités commerciales de la France dans les Antilles, Belain d’Esnambuc eut donc à s’impliquer dans l’extension de la colonisation. S’il se fit devancer lors de la colonisation de la Guadeloupe en 1635, il ne perdit pas de temps pour prendre possession de la Martinique puisqu’il occupa l’île quelque mois plus tard. La Martinique, lieu de passage des navires espagnols qui s’y arrêtaient pour prendre de l’eau lors de leur navigation transatlantique15, devait avoir une importance toute particulière aux yeux de cet ancien flibustier16. En s’engageant lui-même dans cette œuvre colonisatrice, Belain d’Esnambuc assurait une relation étroite entre cette acquisition et l’île de Saint-Christophe. Ainsi, il fut à l’origine des premiers commerces inter-îles en plaçant de façon stratégique ses possessions et en assurant les premières liaisons maritimes.
9Cet exemple sera suivi par Du Parquet, neveu de d’Esnambuc et gouverneur de la Martinique que nous retrouvons de façon assez régulière à Saint-Christophe. Il devait être très impliqué dans cette circulation inter-îles puisque Fouquet exigea qu’il cesse ses voyages, ceux-ci le mettant en danger et par la même, compromettaient la bonne direction de sa colonie17. Jusqu’aux années 1645, le commerce martiniquais dans les Petites Antilles paraît être tourné vers le nord de l’archipel. La détérioration des relations entre Du Parquet et De Poinsy, gouverneur de Saint-Christophe, entraîna un partage d’influence dans l’espace caraïbe. Cette détérioration des relations atteindra son apogée lorsque Du Parquet choisit de se rallier à De Thoisy, envoyé par la Compagnie pour remplacer De Poinsy. L’échec de Du Parquet face à De Poinsy, le contraignit à trouver une autre aire d’influence. Houel dominant le bassin guadeloupéen jusqu’à la Dominique18, et De Poinsy ayant la mainmise sur les îles du nord des Petites Antilles, Du Parquet n’eut donc d’autres choix que de se projeter vers le sud de l’arc antillais en faisant la conquête de la Grenade. Nous ne pouvons ici développer davantage sur les relations conflictuelles qui existaient entre les différents gouverneurs des Petites Antilles au cours des premiers temps de la colonisation mais il est évident que l’étude des stratégies adoptées par chacun permettrait d’avoir une meilleure lecture de l’implantation du commerce dans les Petites Antilles.
10En effet, en comparant l’administration de ces îles par les seigneurs propriétaires, nous pouvons constater que les stratégies adoptées sont similaires sur certains points. La première similitude réside dans le fait qu’ils concentrèrent leurs efforts sur un espace de leur île. Ainsi Houel mit en valeur le bourg de Basse-Terre qui devient la porte d’entrée des marchandises européennes sur le territoire guadeloupéen19. Du Parquet réalisa la même chose à Saint-Pierre et De Poinsy développa à Saint-Christophe les quartiers de la Pointe-de-Sable et de Basse-Terre. C’est ainsi que naquit une première concurrence entre ces petits centres marchands des îles. En ces lieux furent construits les premiers magasins en dur où seront stockées les marchandises avant leur redistribution. Si nous devions décrire la façon dont le commerce était réalisé dans les îles avant l’apparition des magasins, nous dirions que les marchands y abordant, installaient des comptoirs éphémères au bord de mer. Le développement des magasins va avoir un rôle crucial dans la façon de pratiquer ces échanges. En effet, les magasins construits en dur permettaient de conserver les marchandises dont le tabac et le sucre, ceci attirant les navires qui n’avaient plus à vagabonder entre les anses. Les magasins pouvaient aussi stocker les marchandises européennes afin de les redistribuer dans l’île à dos d’ânes pour les espaces les plus proches ou sur de plus petites embarcations. La mise en place de ces magasins va alors transformer ces espaces où apparaissent les cabarets, principaux lieux d’échanges et de sociabilité. C’est aussi auprès de ces magasins que s’installèrent les administrateurs, ce qui démontre, une fois de plus, le lien étroit que pouvaient entretenir commerce et politique dès le début du xviie siècle. Du Parquet, Houel et De Poinsy firent donc de ces zones une tête de pont pour le commerce et une vitrine pour leurs îles.
11Depuis leur île principale, ces premiers seigneurs avaient aussi colonisé des espaces plus lointains. Or, une fois l’espace colonisé, il fallait être en mesure de pouvoir répondre aux besoins des populations installées. De Poinsy, qui avait des habitations disséminés dans les différentes îles qu’il contrôlait, acquit de petites embarcations en France et fit appel à des capitaines soit venus de France soit déjà présents localement. Ce fut le cas du capitaine Mancel chargé d’approvisionner Sainte-Croix. Son implication dès le début de la colonisation française de l’île indique qu’il devait entretenir des liens étroits avec De Poinsy et à en croire Charles de Rochefort, ce capitaine semble détenir une sorte de monopole : « Il a eu longtemps en mer un de ses navires commandé par le capitaine Mancel duquel la vertu, la fidélité, le courage et l’adresse ont esté éprouvées en plusieurs rencontres signalées. Il faisait le voyage ordinaire de saint Christophe à sainte Croix pour y porter tout ce qui pouvait faire besoin à cette nouvelle colonie20 ». Ces propos nous sont confirmés par Du Tertre qui explique que De Poinsy « défendit la traite avec l’isle de Sainte Croix tant aux François qu’aux estrangers et se chargea de faire fournir par ses commis, toutes les choses dont les habitants auroient besoin et d’en tirer en échange les marchandises21 ». Dans ce commerce, De Poinsy n’hésita pas à associer des membres de sa famille. Ainsi, en 1664, fut contracté à La Rochelle, un acte d’achat de navire par Jacques Girault et Robert Longvillier, gendre et neveu de De Poinsy. Ce navire était destiné au commerce dans les îles22. Il y a là une première différence avec les autres gouverneurs puisque Houel sembla plus enclin à rentrer en conflit avec les membres de sa famille pour des questions de partage des terres, ce qui altéra les échanges commerciaux dans l’île. À la Martinique, Du Parquet s’appuya sur des capitaines déjà présents dans l’espace antillais comme La Burlotte23 qui fut très souvent chargé de la direction de la barque du gouverneur pour faire la liaison entre la Martinique et la Grenade. Parmi ces marins sur lequel Du Parquet put s’appuyer, il y eut aussi le capitaine Baillardet et le capitaine Bouteiller. Ces capitaines avaient pour point commun d’être installés à la Martinique et naviguaient, semble-t-il, exclusivement pour le service de Du Parquet.
12Au cours de cette période, c’est Saint-Christophe qui fut la place forte du commerce dans les Petites Antilles. L’action de la famille De Poinsy fut importante pour assurer la primauté de cette île sur les autres possessions françaises. Ainsi, lorsqu’en 1664, la Compagnie des Indes occidentales mit fin au régime des seigneurs propriétaires, elle supprima la mainmise de certaines familles sur les échanges en ces lieux, ce qui modifia quelque peu le fonctionnement de ce commerce.
La réorganisation du commerce antillais à l’époque de la Compagnie des Indes occidentales
13L’une des volontés affichées lors de la création de la Compagnie des Indes occidentales en 1664 fut de mettre fin au commerce hollandais dans les îles et d’assurer le monopole commercial de la France. Pour cela, la Compagnie devait reprendre en main la redistribution des marchandises venues d’Europe afin de contrôler les acteurs de ce commerce local pour ne pas laisser place à l’interlope. On a souvent souligné le fait que la Compagnie ne sut pas répondre aux demandes de la population coloniale et que ceci fut cause de sa brièveté, dix ans. C’est ce que semble indiquer le fait que des révoltes apparurent très rapidement. Ce fut le cas en 1665 à la Martinique où les habitants menés par un certain Rodomond reprochèrent à la Compagnie de vendre des produits trop chers. Même si l’argument de l’excessivité des prix sera maintes fois évoqué, nous pouvons tout de même remarquer que les habitants furent contestataires dès le début de l’installation de cette Compagnie. Nous pouvons nous interroger sur les raisons d’une telle méfiance. Du Tertre parle de « l’amour des habitants pour les hollandais » mais ceci reviendrait à oublier que la première volonté des colons était d’écouler leurs marchandises et ce, quelle que soit l’origine de l’acheteur. Or, sous les seigneurs propriétaires, le commerce était tenu par des acteurs locaux qui étaient insérés dans la société coloniale, ce qui devait entraîner des accords plus simples et une réduction du nombre d’intermédiaires. Avec la Compagnie, ces acteurs furent écartés au profit des agents de la Compagnie. Il y eut certainement une réaction des marchands locaux qui étaient, de plus, des personnes installées dans la colonie et qui l’exploitaient. Ainsi, Jean de Clodoré écrit :
« la distribution de ces marchandises se fit avec assez de désordre et de confusion par des commis peu capables de leur employ, pour l’intérêt de la compagnie et peu propres à satisfaire les esprits mal disposez de ces peuples. Que les commis eslever la pluspart parmy les gens d’affaires conservent ce caractère remply de dureté de présomption et d’une forte férocité qui leur est ordinaire24 ».
14La Compagnie avait donc envoyé dans les îles des acteurs qui cherchaient en priorité leur profit et qui ne surent ou ne purent profiter de l’expérience des locaux. Il leur était reproché de faire un commerce lucratif au détriment des habitants. L’exemple de Polluche, agent de la Compagnie à la Martinique, illustre comment ce commerce se déroulait aux Antilles :
« le sieur Polluche a fait embarquer à fret trois cent barriques de sucre dans le vaisseau Le Saint Nicolas qui appartient à des particuliers duquel le capitaine le nommé Chauvet et le commis Mars qui est d’Orléans aussy bien que le dit sieur Polluche […] les sucres ont esté pris dans les magazins de la compagnie des quartiers de la Basseterre et apportez par les barques de la dite compagnie des magazins qu’elle a au quartier de la Cabesterre et autre eslognés et mesme de l’isle de Marie Galante25 ».
15En fait, les agents profitaient du monopole de la Compagnie pour pouvoir transporter leur production mais aussi pour pouvoir redistribuer les marchandises européennes à leur compte. Ceci dégageait des profits certainement importants car ils ne baissaient pas les prix de leurs marchandises, profitant de l’appel d’air qu’offrait le manque de navires venus d’Europe suite à l’interdiction du commerce avec les Hollandais. Les marchands des Antilles se retrouvèrent donc face à des agents et des administrateurs qu’ils ne purent concurrencer. En plus, ces agents ne semblaient pas chercher à se mélanger. En 1671, lors du baptême de sa fille, Reverchon de La Croix, commis de la Compagnie, choisit comme parrain Bertrand Paludernau, agent de la Compagnie des Indes occidentales, et comme marraine Catherine Duper, femme de Polluche Paul, commis de la Compagnie26. Ce qui est assez remarquable est le fait que lors de ce baptême n’apparaissent aucun acteur local alors qu’après la disparition de la Compagnie, les administrateurs et la société marchande auront tendance à s’agréger.
16Enfin, la colonisation continuant de s’étendre, le transport des marchandises se complexifia. Les agents de la Compagnie devaient, avec très peu de moyens, augmenter le nombre de circulations maritimes. Ceci entraîna un développement du commerce interlope, favorisé par l’étendue de l’espace à parcourir. Malgré son échec, la Compagnie modifia tout de même la pratique du commerce dans les Petites Antilles. En écartant les marchands hollandais, elle a ainsi contraint les habitants à s’organiser, provoquant l’apparition de véritables marchands-habitants qui vont voir leur fortune s’accroître plus tard mais dont les bases se sont développées au cours de cette période. La nouvelle Compagnie fut aussi à l’origine du déplacement du centre administratif des Petites Antilles de Saint-Christophe vers la Martinique. L’objectif affiché fut de faire de la Martinique le grand centre de commandement des îles françaises dans les Petites Antilles mais aussi d’attirer le commerce dans l’île afin d’en garder le contrôle. La Martinique étant la porte d’entrée des navires européens, en installant les administrateurs locaux à Saint-Pierre, la Compagnie espérait ainsi assurer le respect des règles mercantilistes érigées par Colbert et empêcher toute possibilité de commerce interlope. Nous pouvons donc nous demander si sur ce point l’action de la Compagnie fut une réussite ou un échec.
Le commerce dans les Petites Antilles françaises lors de la disparition de la Compagnie des Indes occidentales
17Pour traiter ce point, il est nécessaire de voir comment les marchands installés sur place ont exercé leur activité au cours des premiers temps de la colonisation. En effet, si les gouverneurs et commis de la Compagnie ont joué un rôle important dans la mise en place de réseaux commerciaux, ils n’auraient pu réussir sans l’installation précoce de commerçants. Afin d’exercer au mieux leur activité, ces marchands devaient s’installer dans les zones de passage des navires venant des ports français. Il n’est donc pas étonnant de les retrouver dans les trois principales îles occupées par les Français dans les Petites Antilles. Si la Martinique et Saint-Christophe furent logiquement des lieux privilégiés, la Guadeloupe ne fut pas en reste puisque de nombreux marchands s’y installèrent. Parmi eux, nous pouvons compter Duquerny, commis de son oncle installé à La Rochelle et qui fut très impliqué dans le commerce de la Guadeloupe sous le gouvernement Houel. Les liens étroits qui unissaient ce marchand à la famille du gouverneur sont attestés dès 1659, puisque, accompagné de Jacques Lefebvre lui aussi marchand originaire de La Rochelle, il se porta caution du gouverneur de l’île lors du partage de la Guadeloupe entre Houel et ses neveux. Ses activités commerciales apparaissent de nouveau dans un rapport d’arbitre conservé à La Rochelle où il est fait référence à un accord passé à la Guadeloupe entre « le sieur Isaac Duquerny marchand de la ditte isle et le dict Moyse Giradin capitaine du dict navire du port de quatre vingt thonneaux de cette ville de La Rochelle27 ». Enfin, dans les archives notariales de La Rochelle, nous retrouvons un accord passé entre Isaac Duquerny et Samuel Duquerny pour l’année 1666 portant sur le transport de marchandises à la Guadeloupe28. La disparition du système seigneurial et la mise en place de la Compagnie des Indes occidentales ne parurent pas porter atteinte à l’influence de cet homme puisqu’en 1672 Isaac Duquerny achetait à Houel l’habitation du Lillet, quartier de la Basse-Terre de la Guadeloupe29. Dans le parcours de vie de ce personnage, il est aussi intéressant de voir qu’il entretenait des relations avec Le Febvre, lui-même marchand à la Guadeloupe. Or, la lecture des registres paroissiaux fait transparaître des relations fortes qui unissaient les marchands et négociants de la Guadeloupe. Ainsi Le Febvre eut pour parrain de son enfant Le Vavier, autre marchand de l’île30. Ceci témoigne que la société marchande de cette île peu fréquentée par les navires européens dut, au-delà de la concurrence qui devait exister, nouer des liens étroits afin de se partager les tâches. Ce type de relations devait permettre d’assurer plus aisément la redistribution des marchandises européennes mais aussi et surtout de s’assurer un stock suffisant de marchandises à exporter lors de l’arrivée des navires. La position que continua d’occuper Duquerny au moment de la disparition de la Compagnie des Indes occidentales semble indiquer que ce système commercial ne fut pas réellement remis en cause par la présence des commis de la Compagnie. Il est possible que ces négociants aient seulement eu à s’adapter au changement. Peut-être est-ce la raison qui poussa un certain nombre d’entre eux à associer leur commerce à une occupation de la terre, les poussant à devenir de véritables marchands-habitants ?
18Pour mieux connaître ces premiers marchands, la logique voudrait que le chercheur concentre son regard sur les recensements effectués dans les Petites Antilles françaises au xviie siècle. Or, les premiers recensements datant de 1660, donnent très peu d’informations sur les premiers colons. Pour mener à bien notre analyse, nous sommes donc contraints d’étudier des documents plus tardifs. Or, si nous nous basons sur les recensements de 1680 à la Martinique et ceux de 1685 à Saint-Christophe, nous constatons, avec beaucoup de surprise, une impressionnante domination dans le commerce de Basse-Terre de Saint-Christophe sur Saint-Pierre de la Martinique. Ainsi nous pouvons relever 49 noms de marchands à la Basse-Terre en 1685 pour 17 noms de marchands à Saint-Pierre en 1680. Ceci pourrait donner le sentiment d’une nette emprise commerciale de Saint-Christophe sur la Martinique et ce, vingt ans après l’installation de la Compagnie des Indes occidentales et le déplacement du chef-lieu des Antilles. Saint-Pierre ne paraît pas avoir réussi à dépasser Basse-Terre et ne semble pas avoir pris une réelle hégémonie sur le commerce dans les Petites Antilles. Mais ces informations sont à relativiser. En effet, ce qui fut noté sur ces recensements n’est dû qu’aux seuls renseignements donnés par les recensés et à la volonté du recenseur. Or, l’objet du recensement de 1685 à Saint-Christophe semble être de mesurer le poids de la colonie face aux prétentions anglaises sur l’île. Ainsi les administrateurs, cherchant à démontrer l’importance de cette île, furent plus sensibles au rôle de chacun. Le recensement de 1680 à la Martinique consistant plus à rendre compte de l’occupation des terres, les administrateurs ont donc été plus attentifs aux biens des recensés qu’à leur activité. Il est donc probable que de nombreux négociants de Saint-Pierre ne furent enregistrés que comme propriétaires terriens. Ces recensements permettent surtout de constater que bien loin d’être un espace en déclin, Basse-Terre sut rester un pôle important du commerce antillais. En effet, parmi les 47 marchands recensés à Saint-Christophe en 1685, 17 étaient déjà présents dans l’île en 1660. Ainsi, malgré la volonté des administrations successives de faire de Saint-Pierre un pôle central, le commerce à Saint-Christophe s’est maintenu. Ce qui pourrait être la cause de l’attrait de Saint-Christophe pour les marchands, à une date où la domination commerciale de la Martinique sur le bassin Antillais était déjà très affirmée, est tout simplement sa situation géographique. L’île étant à proximité de celle de Saint-Eustache occupée par les Hollandais, les marchands de Saint-Christophe, loin du contrôle des administrateurs, pouvaient y exercer un commerce lucratif. De plus, les rapports particuliers qui existaient entre Saint-Christophe et Saint-Martin durent renforcer ce commerce, puisque cette île était partagée entre les Français et ces mêmes Hollandais.
19Enfin, il n’est pas anodin que le quartier de Basse-Terre attire les marchands. Dans les premiers temps de la colonisation, De Poinsy avait développé le quartier de la Pointe-des-Sables situé au nord de l’île et orienté vers le bassin nord de la Caraïbe. Ceci s’inscrivait dans la logique de colonisation voulue par le gouverneur de l’île. Mais Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Sainte-Croix n’atteignant pas le développement escompté, les marchands de Saint-Christophe durent se tourner vers un projet plus à leur portée, assurer le fret retour des navires venus d’Europe. Or, Basse-Terre est sur la route des navires qui remonte l’arc Antillais. En s’installant en ce lieu, les marchands s’assuraient d’être présents lors du passage des navires venus d’Europe et pouvaient aussi plus facilement redistribuer dans les autres îles les marchandises acquises auprès des Anglais et des Hollandais. Ces échanges devaient permettre d’acheminer vers l’île de Saint-Christophe des produits émanant des autres îles françaises afin d’assurer le maintien de l’activité commerciale.
***
20En conclusion, si l’activité commerciale de Saint-Christophe était importante en 1685, elle devait l’être encore plus avant 1660, période où Saint-Pierre n’était encore qu’une rade parmi tant d’autre. Ce sont en fait les guerres et l’occupation de la totalité de l’île par les Anglais qui vont freiner voire stopper l’importance commerciale de Saint-Christophe au sein des Petites Antilles françaises. Ainsi, la mise en place de la Compagnie des Indes occidentales ne semble pas avoir réellement bouleversé le système commercial dans l’espace antillais. Les réseaux d’échanges y étaient déjà présents de longue date et les marchands et négociants avaient su s’adapter aux nombreux changements intervenus lors des conflits entre les gouverneurs en s’inscrivant dans leur démarche de conquête, liant toujours commerce et colonisation. Ainsi, malgré la volonté affichée des autorités locales et du pouvoir central de faire de la Martinique le véritable cœur du commerce aux îles, de nombreux marchands résidaient à la Guadeloupe et à Saint-Christophe et s’assuraient eux même de la venue de marchandises européennes. Le réel échec de la Compagnie des Indes occidentales fut certainement de ne pas avoir réussi à maîtriser le commerce à Saint-Christophe car, si elle vit le jour, ce fut pour imposer aux Antilles les idées du colbertisme et du commerce exclusif entre la métropole et ses colonies. Or, Saint-Christophe, loin du regard des administrateurs, pouvait être un lieu privilégié pour la poursuite du commerce entre les habitants des Petites Antilles françaises et les marchands des autres nations européennes. Ce commerce interlope, s’il fut un frein au développement de la Compagnie des Indes occidentales, est aussi une gêne pour le chercheur d’aujourd’hui. Pour autant, il nous contraint à questionner notre façon de mener nos recherches et nous pousse à diversifier nos sources. Cela nous permet alors d’atteindre une autre part de la vie des acteurs des colonies au xviie siècle. En effet, par sa géographie, le commerce aux Petites Antilles au xviie siècle fut quasi exclusivement maritime. Or, sur ce point de nombreux éléments restent encore à explorer tant sur les moyens utilisés pour naviguer, que sur la vie des équipages et sur la perception de ce nouvel espace maritime à contrôler.
Notes de bas de page
1Cité dans Du Tertre Jean-Baptiste, Histoire générale des Antilles habitées par les François, Paris, chez Thomas Jolly, 1667-1671, t. 1, p. 7.
2Petitjean-Roget Jacques, La société d’habitation à la Martinique. Un demi-siècle de formation, 1635-1685, Lille, Atelier de reproduction des thèses, Librairie Champion, 1980.
3Grunberg Bernard (dir.), À la recherche du Caraïbe perdu Les populations amérindiennes des Petites Antilles de l’époque précolombienne à la période coloniale, Paris, L’Harmattan, 2015.
4Bégot Danielle (dir.). Guide de la recherche en histoire Antillaise et Guyanaise, Paris, Éditions du CTHS, 2012.
5Cet article s’inscrit dans un travail de recherche plus vaste : Ribeiro Nicolas, La place de la mer dans les Petites Antilles françaises entre 1650 et 1713, thèse d’histoire en cours, dir. Martine Acerra, université de Nantes.
6Blérald Alain Philippe, Histoire économique de la Guadeloupe et de la Martinique du xviie siècle à nos jours, Paris, Karthala, 1986.
7Delafosse Marcel, « La Rochelle et les îles au xviie siècle », Revue d’histoire des colonies, vol. 36, no 127, 1949, p. 238-281.
8ANOM, C8B 17, no 7, « Etat général de tout ce qui est nécessaire à toutes les isles compris Cayenne pour leur subsistance et entretient pendant le cours d’une année », 1669.
9Sur l’importance du commerce de la toile aux Antilles, voir Debien Gabriel et Delafosse Marcel, « Marchands et colons des îles, quelques lettres du xviie siècle », Revue française d’histoire d’outre-mer, t. 48, no 170, premier trimestre 1961, p. 96-134.
10Les données présentées ici sont issues de nos recherches dans les fonds d’archives de l’Amirauté et notariaux de La Rochelle. Pour des études portant sur d’autres ports, voir notamment Saupin Guy « Les marchands nantais et l’ouverture de la route antillaise, 1639-1650 », in Jean-Pierre Sanchez (dir.), Dans le sillage de Colomb : L’Europe du Ponant et la découverte du Nouveau Monde, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1995, p. 173-184.
11Nous tenons à remercier les services des Archives départementales de Charente-Maritime qui nous ont aidé dans cette recherche en nous fournissant une liste importante de contrats d’engagements.
12Nous pouvons avoir ici le sentiment que l’île de la Guadeloupe était plus desservie que l’île de la Martinique, mais les navires qui ne signalaient pas de destination précise accostaient toujours en Martinique.
13ANOM, C8B 1, noo 3, Description de la Martinique, auteur inconnu, 1660.
14Joyau Alain, Belain D’Esnambuc, Paris, Bellenand, 1902.
15Moreau Jean-Pierre, Les Petites Antilles de Christophe Colomb à Richelieu, Paris, Khartala, 1992.
16Ribeiro Nicolas, L’image de la flibuste chez les chroniqueurs et habitants et la Martinique de 1635 à 1674, master 2 d’histoire, dactyl., dir. Martine Acerra, université de Nantes, 2010.
17Lettre de Fouquet citée dans Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 109-113.
18En 1650, Houel fut choisi pour conclure l’accord entre les populations amérindiennes de l’île de la Dominique et les nations européennes, ce qui démontre l’emprise que le gouverneur de la Guadeloupe avait sur cette région.
19Perotin-Dumon Anne, La ville aux îles, la ville dans l’île. Basse-Terre et Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, 1650-1820, Paris, Karthala, 2000.
20Rochefort Charles de, Histoire naturelle et morale des isles Antilles de l’Amérique, Rotterdam, chez R. Leers, 1658.
21Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 453.
22AD Charente-Maritime, B 5661, fo 202, Amirauté de La Rochelle, Rapport d’expert à la requête de Étienne Girauld et Robin Lormillière, gouverneur de Saint-Christophe, contre Jean de La Porte pour l’estimation de tabac, 1655.
23Anonyme de Grenade, Histoire de l’isle de la Grenade en Amérique, 1659.
24Clodoré Jean de, Relation de ce qui s’est passé dans les Isles & Terre-Ferme de l’Amérique, pendant la dernière guerre avec l’Angleterre, Paris, chez Gervais Clouzier, 1671.
25ANOM, C7A 2, fo 111, Lettre du gouverneur Du Lion, 16 novembre 1672.
26ANOM, DPPC-État-Civil, Guadeloupe, quartier de la Capesterre, année 1671.
27AD Charente-Maritime, B 5665, fo 96, Amirauté de La Rochelle, Rapport d’arbitre sur la liquidation des comptes entre Samuel Duquery, marchand, François Peron, bourgeois du navire L’Aigle Blanc, 1664.
28AD Charente-Maritime, 3E 2167, Acte passé entre Isaac Duquerny et Samuel Duquerny, 1666.
29AN, France, MC/ET/XCIV/24, Minutes et répertoires du notaire Dominique de Jean, 7 septembre 1668-3 janvier 1684 (étude XCIV), Actes concernant la famille Houel, Contrat passé le 16 septembre 1672
30ANOM, DPPC, copie des registres paroissiaux du quartier de la Basse-Terre, naissances, année 1693.
Auteur
-
Nicolas Ribeiro
Professeur d’histoire-géographie dans l’enseignement secondaire, doctorant en histoire moderne à l’université de Nantes au Centre de recherches en histoire internationale et atlantique (CRHIA-EA 1163). Sa thèse, préparée sous la direction de Martine Acerra, porte sur La place de la mer dans les Petites Antilles françaises entre 1650 et 1713.

Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
S’adapter à la mer
L’homme, la mer et le littoral du Moyen Âge à nos jours
Frédérique Laget et Alexis Vrignon (dir.)
2014
Figures et expressions du pouvoir dans l'Antiquité
Hommage à Jean-René Jannot
Thierry Piel (dir.)
2009
Relations internationales et stratégie
De la guerre froide à la guerre contre le terrorisme
Frédéric Bozo (dir.)
2005
La France face aux crises et aux conflits des périphéries européennes et atlantiques du xviie au xxe siècle
Éric Schnakenbourg et Frédéric Dessberg (dir.)
2010
La migration européenne aux Amériques
Pour un dialogue entre histoire et littérature
Didier Poton, Micéala Symington et Laurent Vidal (dir.)
2012
Mouvements paysans face à la politique agricole commune et à la mondialisation (1957-2011)
Laurent Jalabert et Christophe Patillon (dir.)
2013
Sécurité européenne : frontières, glacis et zones d'influence
De l'Europe des alliances à l'Europe des blocs (fin xixe siècle-milieu xxe siècle)
Frédéric Dessberg et Frédéric Thébault (dir.)
2007
Du Brésil à l'Atlantique
Essais pour une histoire des échanges culturels internationaux. Mélanges offerts à Guy Martinière
Laurent Vidal et Didier Poton (dir.)
2014
Économie et société dans la France de l'Ouest Atlantique
Du Moyen Âge aux Temps modernes
Guy Saupin et Jean-Luc Sarrazin (dir.)
2004