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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Les Dieppois et les îles au début du xviie siècle Le consortium de 1635 Dieppe, une nouvelle base de la compagnie des îles Le développement du trafic dieppois vers les Antilles au milieu du xviie siècle Notes de bas de page Auteur

    Les Européens et les Antilles

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Les investissements des marchands dieppois aux Antilles dans la première moitié du xviie siècle (1625-1664)

    Investments by Dieppe merchants in the Antilles in the first half of the 17th century (1625-1664)

    Éric Roulet

    p. 115-129

    Résumés

    Les Dieppois envoient des bateaux pêcher la morue au large de Terre-Neuve depuis le xve siècle. Ils participent activement aux premiers établissements français au Brésil, en Floride, au Canada et aux Antilles. Ils figurent parmi les premiers colons à s’établir à Saint-Christophe. Ils constituent plusieurs groupes d’investisseurs notamment pour le développement de la Guadeloupe en 1635. Mais quelle est leur place dans le trafic antillais et comment conçoivent-ils leurs investissements ? Quels sont leurs rapports avec la Compagnie des îles qui a reçu du pouvoir la conduite de la colonisation à partir de 1626 et les seigneurs-propriétaires qui lui succèdent jusqu’en 1664 ? Réussissent-ils à conforter leur place face à leurs rivaux normands ? Leur place se renforce-t-elle tout au long du siècle ?

    The people of Dieppe sent boats to fish for cod in Newfoundland during the late 15th century. They participated actively in the first French establishments in Brazil, in Florida, in Canada and in the Antilles. They were also among the first colonists to settle in Saint Christophe. They also formed several groups of investors, in particular for the development of Guadeloupe in 1635. Yet what was their role in West Indies trade and how did they plan their investments? What were their relations with the Compagnie des îles, which received the king’s authorisation to run the colony from 1626 and the noble landowners who succeeded that company until 1664? Did these landowners manage to consolidate their power, faced with their Norman rivals? Finally, did these newcomers’ role strengthen throughout the century?

    Texte intégral Les Dieppois et les îles au début du xviie siècle Les armements dieppois vers les îles Les habitations des Dieppois dans les îles Le consortium de 1635 Les accords de 1635 Les actions du consortium Dieppe, une nouvelle base de la compagnie des îles La Compagnie à Dieppe Les affrètements de navires dieppois Le développement du trafic dieppois vers les Antilles au milieu du xviie siècle Les marchands de Dieppe et les îles Les échanges avec les îles Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Les Dieppois sont depuis le xve siècle de toutes les aventures au lointain. Ils envoient des bateaux pêcher la morue au large de Terre-Neuve et trafiquer en Guinée. Les frères Parmentier vont aux Moluques en 15201. Ils participent activement aux premiers établissements français au Brésil, en Floride et au Canada2. Ils acquièrent ainsi une bonne connaissance de la navigation dans l’Atlantique, des espaces américains et des indigènes3. Ils sont aussi présents aux Antilles, Petites et Grandes. Ils croisent au large des grandes îles, s’adonnent à la flibuste et tentent même quelques installations, encore temporaires, sur les côtes désertées par les Espagnols. Les Dieppois figurent parmi les premiers colons à s’établir à Saint-Christophe. Mais quelle est leur place dans le trafic antillais et comment conçoivent-ils leurs investissements ? Quels sont leurs rapports avec la Compagnie des îles qui a reçu du pouvoir la conduite de la colonisation à partir de 1626 et les seigneurs-propriétaires qui lui succèdent jusqu’en 1664 ? Réussissent-ils à conforter leur place face à leurs rivaux normands ? Leur place se renforce-t-elle tout au long du siècle ?

    Les Dieppois et les îles au début du xviie siècle

    Les armements dieppois vers les îles

    2Les Dieppois sont présents dans la mer des Caraïbes au xvie siècle. Ce sont eux qui arment le plus de navires pour la flibuste dans cette zone à cette époque aux côtés des Havrais, des Harfleurais et des Rochelais. Ils menacent même les établissements espagnols de la Terre Ferme4. Les exploits des Dieppois ont donné lieu à une abondante littérature mais l’existence même de certains de ces capitaines aventureux est sujette à caution5. Il semble que leur activité se ralentisse au début du xviie siècle. La paix entre la France et les principales puissances en Europe en est vraisemblablement la cause. La monarchie n’appuie plus les opérations corsaires6. Quelques navires vont encore vers « les îles du Pérou ». Ils fréquentent notamment la Tortue et les côtes de Saint-Domingue d’où ils attaquent les navires espagnols. Ils font (un peu) de commerce. Le capitaine sur lequel nous sommes le mieux renseigné est Charles Fleury qui entame un grand voyage dans l’Atlantique de 1618 à 1620 avec deux navires, L’Espérance, de 120 tx, et un flibot, Le Saint-Louis, du même port, et deux barques, La Suzanne et La Robinette, dont un récit anonyme nous retrace les péripéties7. Mais nous ne connaissons pas le montage de l’opération.

    3Le trafic des Dieppois vers les îles est difficile à établir de façon assurée pour la première moitié du xviie siècle en raison de la destruction des archives de Dieppe en 1694. Les chroniqueurs de la cité normande parlent davantage quant à eux des armements vers le Canada et l’Afrique que vers l’Amérique8. Cependant, les missionnaires (Raymond Breton, Mathias Dupuis, Jean-Baptiste Du Tertre) nous donnent de précieux témoignages sur l’activité des Dieppois aux Antilles.

    4Le trafic dieppois vers les îles semble connaître un certain regain dans les années 1620. C’est de Dieppe que s’élance en 1623 Pierre Belain d’Esnambuc, le fondateur de la colonie de Saint-Christophe et le premier gouverneur français de l’île. Son pilote, Lémery, est dieppois9. C’est toujours de Dieppe qu’il repart en 1625 pour son second voyage10. Mais l’enquête commandée en 1627 par le cardinal de Richelieu à Nicolas Langlois, sieur de Colmoulins et président de la Chambre des Comptes de Rouen, montre tout de même que peu de navires dieppois sont armés pour les Antilles11. Le chroniqueur dieppois du xviie siècle, David Asseline, évoque peu les hommes et les navires qui vont vers les îles. Il relève surtout des départs vers le Canada et l’Afrique12. Des navires normands suivent cependant l’escadre de Cahusac envoyée par Richelieu en 1629 pour lutter contre les Anglais à Saint-Christophe13. Quelques flibustiers dieppois poursuivent les navires espagnols autour de Saint-Domingue en 163514. La prise de possession de Saint-Christophe au nom du roi de France, la fondation d’un établissement par les Français, et sa mise sous tutelle de la Compagnie des îles ne conduisent pas à une intensification du trafic qui demeure modeste, quoiqu’il soit certainement plus important que les rares sources disponibles ne le laissent deviner.

    Les habitations des Dieppois dans les îles

    5Les marchands dieppois comme les autres marchands normands acquièrent des terres dans les îles où ils font cultiver du tabac qu’ils revendent en France. En général, ils confient à un autre marchand ou un capitaine de navire, la conduite sur place de l’exploitation et l’envoi de la marchandise qu’ils se chargent de réceptionner à Dieppe. Les bénéfices sont partagés entre les associés. Ils sollicitent souvent leurs parents ou leurs partenaires habituels pour obtenir de l’argent sous forme de prêt ou d’avance pour soutenir leurs investissements. Nous n’avons malheureusement aucun contrat d’association de ce type concernant les Dieppois pour cette époque. Certains capitaines de navires dieppois s’établissent aux îles et exploitent des terres pour leur propre compte. Ils laissent généralement femmes et enfants en France. Ils ne les font venir que quand l’établissement semble pouvoir perdurer. Belleteste fait passer des engagés à Saint-Christophe15. Il obtient ensuite du gouverneur d’Esnambuc une terre dans l’île où il s’établit16. Il figure en 1641 parmi les commis du nouveau gouverneur, Philippe de Longvilliers de Poincy17. Il est un des plus riches colons de la Pointe-de-Sable. Pierre Baillardel apparaît aux côtés de d’Esnambuc en 1623. C’est lui qui le transporte sur son navire à la Martinique pour en faire la conquête18. Il fait plusieurs allers-retours entre les îles et la France. Après quelques années de voyage, il se fixe en 1638 à la Martinique. Il fonde une habitation vers le Fort Saint-Pierre, au sud de la rivière des Pères19. Il possède un navire et une barque. Puis il déménage et s’établit au quartier du Marin. Il commande en 1654 une petite flottille pour lutter contre les Indiens caraïbes20. Il fait souche. Son fils Charles Baillardel s’illustrera plus tard lors de la guerre contre les Caraïbes21. Certains marchands et maîtres de navire dieppois sont aussi en contact avec les Anglais établis au centre de l’île de Saint-Christophe22.

    6Les planteurs manquent de main-d’œuvre et chargent bien souvent les marchands auxquels ils sont associés de les pourvoir en engagés. Il faut savoir qu’à cette époque la main-d’œuvre est essentiellement constituée de jeunes hommes qui ont signé un contrat de trois ans pour servir un maître dans les îles. Les esclaves qu’ils soient indigènes ou Africains sont peu nombreux.

    7La place des Dieppois demeure malgré tout réduite dans les années 1620 dans les liaisons avec les Antilles. Ce sont plutôt les Havrais et les Rouennais qui participent aux premiers établissements. Le nombre d’engagés dieppois n’est pas connu en raison de la destruction des archives de la ville. Seuls quelques-uns signent au Havre. Ainsi lorsque Pierre Belain d’Esnambouc et Urbain de Roissey partent pour les îles en 1627, ils emmènent 233 engagés dont 13 % sont de Dieppe ou des environs23. Trois seulement sont de la ville même, Abraham Garet, Clément Bénard et Jean Terrier24. Des Dieppois mènent régulièrement à la Tortue des engagés, selon l’historien du xviiie siècle Pierre-François-Xavier Charlevoix25. Les motivations qui poussent ces jeunes gens à partir sont l’absence de perspective en France, la pauvreté ou l’endettement. « Nous vivons mieux ici de beaucoup qu’en France », écrit un Dieppois à sa femme pour l’engager à le rejoindre à la Guadeloupe26.

    8Le rôle des marchands dieppois est cependant plus important qu’il n’y paraît car ils figurent souvent aux côtés de Havrais et de Rouennais dans de nombreuses affaires. Des capitaines dieppois partent du Havre, et inversement des capitaines havrais de Dieppe. En 1635, le capitaine dieppois Raoul Languillet prépare au Havre son navire, L’Espérance, du port de 200 tx, pour le voyage vers l’Afrique et les îles du Pérou. Tout son équipage est dieppois et intéressé à l’affaire. Les bourgeois avitailleurs sont eux en revanche tous de Rouen27. Dans ces conditions, relever la seule part des Dieppois dans les affrètements vers les Antilles s’avère une opération délicate et risque d’occulter les synergies normandes qui sont autrement plus dynamiques. Par ailleurs, les origines des capitaines ne sont pas toujours bien établies28.

    Le consortium de 1635

    9Les investissements des marchands de Dieppe aux Antilles prennent une autre dimension en 1635 quand plusieurs d’entre eux s’associent et s’entendent avec la Compagnie des îles de l’Amérique pour exploiter une nouvelle île, qui se révélera être la Guadeloupe, sous la conduite des capitaines Charles Liénard de L’Olive et Jean du Plessis. Ces marchands sont : Alexandre Sores, Mathurin de La Mare, Jacques Mel le Jeune, Jacques Faulcon le jeune, Jacques Simon, sieur de La Hèvre, Nicolas Coupplier, François Caursois, Jacques de Genteville, Pierre Pollet et Salomon Faulcon29. Ils appartiennent pour la plupart à la communauté protestante de la ville, ce qui explique vraisemblablement en partie leur association, mais pas uniquement car quelques-uns sont catholiques. Ce sont des notabilités locales. Plusieurs d’entre eux sont familiers du commerce maritime au lointain. Jacques Mel a fréquenté les îles du Cap-Vert et la côte de Gambie comme capitaine de navire30. Salomon Faulcon dispose de nombreux bateaux31.

    10Les associés de la Compagnie des îles de l’Amérique sont attentifs à leur volonté d’investir car ils recherchent des partenaires avisés. Dieppe occupe une place importante dans le paysage maritime français, et représente avec Le Havre les deux tiers du tonnage normand32. Plusieurs associés de la Compagnie connaissent bien la ville où ils ont leurs entrées. En effet, Jacques Berruyer, Jean Rozée et Antoine Cheffault qui sont les principaux animateurs de la Compagnie, effectuent à Dieppe dès 1633 plusieurs affrètements de navires pour le Canada pour satisfaire leurs engagements dans d’autres affaires33.

    Les accords de 1635

    11Le 18 avril 1635, le représentant du groupe des marchands dieppois, Salomon Faulcon, signe à Paris avec les directeurs de la Compagnie un contrat pour l’exploitation de la Guadeloupe que les deux capitaines L’Olive et du Plessis se sont proposés de conquérir. La Compagnie confie aux marchands de Dieppe le soin de réaliser les engagements qu’elle a pris envers la monarchie en échange d’une partie des privilèges qu’elle lui a concédés. Les marchands sont chargés du peuplement de l’île. Ils doivent y faire passer 2 500 Français en six ans qui devront rester dans l’île trois ans. Ces derniers ne paieront que 60 livres de pétun à la Compagnie par an et 10 % des fruits de la terre et des marchandises durant six ans, et seulement 40 livres de coton et 10 % des fruits les années où il ne sera pas fait de pétun. Ils recevront des terres en toute propriété, mais elles reviendront à la Compagnie si elles ne sont pas travaillées pendant deux ans. Ils devront en outre verser 20 livres de pétun ou de coton aux marchands pour la traversée. Les marchands devront aussi satisfaire à quelques obligations envers la Compagnie. Ils devront prendre à bord de chaque navire qu’ils enverront trois personnes qu’elle a désignées et lui réserver un onzième du tonnage du navire pour ses marchandises, le tout sans frais, ni pour les hommes ni pour le fret. Les marchands obtiennent en échange le monopole du commerce avec la Guadeloupe pour huit ans34. La Compagnie leur délègue ainsi la colonisation de la Guadeloupe. Ils pourront disposer sur place de commis pour conduire leurs affaires. L’Olive et du Plessis assureront le commandement de l’île.

    12Les marchands espéraient visiblement mieux et veulent en juin 1635 renégocier le contrat avec les directeurs de la Compagnie. Ces derniers refusent mais consentent à certains aménagements afin de montrer leur bonne volonté à leurs partenaires. Ils prolongent jusqu’en 1645 le droit de traite qu’ils leur ont concédé. Par ailleurs, le fret supplémentaire que la Compagnie fera porter par leurs navires conduira à l’acquittement d’un droit à hauteur d’un huitième des marchandises transportées (soit 12,5 %) et non de 8 % comme il était stipulé dans le contrat précédent35. Les marchands acceptent le compromis. Le nouveau contrat est signé le 24 juin 163536.

    Les actions du consortium

    13Les marchands de Dieppe supportent une partie des frais de l’expédition de L’Olive et du Plessis en 1635, en affrétant le navire du capitaine Fel et le petit navire de David Michel, qui quittent Dieppe le 25 mai 163537. Ils préparent quelques mois plus tard le navire du capitaine Labbé. Il arrive à la Guadeloupe le 16 septembre 1635 avec 140 colons et des vivres pour un mois38. Le 5 mars 1636, ils tiennent un bateau prêt à partir pour la Guadeloupe avec des vivres et des manœuvriers39. En février 1637, ils préparent un autre bateau. Des pères capucins sont attendus40.

    14La Compagnie s’inquiète du peu d’hommes qu’ils font passer à la Guadeloupe qui manque de main-d’œuvre. Elle les menace à plusieurs reprises d’engager des poursuites s’ils ne satisfont pas à leurs obligations41. Les marchands ne s’entendent guère avec le gouverneur L’Olive qu’ils accusent de ne pas leur fournir les produits attendus42. La situation se tend, et la Compagnie prévient à nouveau les marchands de Dieppe qu’elle va saisir la justice. Mais les discussions n’arrivent pas à débloquer la situation malgré une évidente bonne volonté des associés. Le contrat est finalement rompu en 164043. La Compagnie des îles de l’Amérique se retrouve à nouveau seule pour conduire la colonisation des Antilles.

    15Il est probable que dans cette affaire, les marchands de Dieppe n’ont pas vu les bénéfices attendus. Depuis le début de l’association, ils se montrent assez timorés. Ils s’inquiètent grandement de la déclaration de guerre de la France à l’Espagne en 1635. Les difficultés rencontrées avec L’Olive et dans le commerce des produits des îles ont finalement raison de leur engagement. Alexandre Sores a pourtant particulièrement investi. Il a un commis à Saint-Christophe, Michel Lepretre, qui fait charger le pétun sur les navires. Mais il est ruiné en 1638. Ses créanciers guettent les marchandises de son navire, Le Saint-Rémy, qui revient des îles du Pérou44. Jacques Faulcon le jeune est en procès à propos d’une livraison de pétun effectuée par le capitaine Fel en 1638. L’affaire est finalement renvoyée devant le Parlement le 10 juillet 164045. Le monopole et les garanties octroyées ne font pas tout. Tout cela est jugé trop ruineux et laisse une place trop importante à l’aléatoire, l’investissement est trop risqué.

    Dieppe, une nouvelle base de la compagnie des îles

    La Compagnie à Dieppe

    16La Compagnie des îles de l’Amérique entend favoriser la place de Dieppe dans le commerce antillais. Elle établit en 1635 un entrepôt dans le port normand. Le sieur Caron y est nommé receveur de la Compagnie le 7 mars 163546. Il reçoit les produits de la Compagnie, organise les départs vers les îles et vérifie les conditions d’embarquement des passagers afin que les navires ne soient pas trop chargés.

    17Les directeurs se rendent à Dieppe à de nombreuses reprises pour suivre certaines affaires sensibles. Jacques Berruyer s’entretient à Dieppe avec le sieur de Caen dans une affaire de pétun et pour superviser l’envoi des armes à Saint-Christophe en septembre 163547. Il est à nouveau à Dieppe le 26 mars 163648. En 1638, il s’occupe d’un contentieux avec le capitaine Coquet à propos du passage de quatre capucins49.

    18Par ailleurs, la Compagnie charge de nombreux dieppois de défendre ses intérêts en leur octroyant des charges. En 1637, elle propose à un certain Morin une commission de juge pour trois ans à la Guadeloupe ou à la Martinique. Berruyer souligne que l’homme a beaucoup voyagé et qu’il est prêt à partir avec quelques familles50. Il est vraisemblable que Morin y a quelques intérêts. Mais il n’est pas intéressé par l’emploi de juge. La Compagnie le nomme alors commis général dans la Martinique avec des gages de 1 500 livres et six hommes exempts des droits51. Le 3 mars 1638, la Compagnie établit lieutenant du juge de Basse-Terre de Saint-Christophe Regnould qui était brasseur à Dieppe. Le 2 mars 1639, elle le promeut juge civil et criminel de Saint-Christophe52. Le 5 janvier 1639, la Compagnie confie la charge de contrôleur visiteur peseur de pétun à la Martinique pour trois ans à Pierre Gaffe53. Elle propose en 1642 au sieur Ribault d’aller à Saint-Christophe exercer la charge de procureur fiscal pour un an aux gages de 800 livres en argent « pour après ledit temps être établi juge audit lieu54 ». Les raisons exactes de ces nominations ne sont pas connues.

    19Le rôle des Normands dans les Antilles se vérifie aussi par le fait que ce sont les mesures de Dieppe qui sont adoptées. Le 3 septembre 1636, trois poids ajustés, mesure de la vicomté de Dieppe, et des poids d’une livre à cent sont envoyés pour les trois magasins que la Compagnie des îles de l’Amérique fait construire. Un poids entier depuis une livre jusqu’à cent ajusté au poids de Dieppe est envoyé à la Martinique en 163755. Il faudra attendre pour que les mesures de Paris s’imposent56.

    Les affrètements de navires dieppois

    20La Compagnie affrète des navires à Dieppe. Un contrat est passé avec le capitaine Gringoire pour conduire aux îles un vaisseau pour son compte en 1639. Il doit séjourner trois semaines à la Martinique, deux semaines à la Guadeloupe, avant de gagner Saint-Christophe. Il a à son bord des pères capucins pour Saint-Christophe. Il ne rentrera jamais à Dieppe car il décède alors qu’il est à la Guadeloupe57. Bon nombre de navires quittent Dieppe avec à leur bord les gouverneurs nouvellement nommés avec leur suite. Le nouveau gouverneur de Saint-Christophe, Longvilliers de Poincy, embarque à Dieppe le 12 janvier 1639 sur La Petite Europe avec quelques gentilshommes et des soldats. Il arrive le 11 février à la Martinique58. C’est aussi de Dieppe que part le lieutenant général de la Guadeloupe Aubert en septembre 1640. Il emmène avec lui une double barque en fagot qu’il a fait faire à Dieppe pour 400 livres59. Le dominicain Du Tertre rapporte ainsi son voyage à bord d’un des navires partant de Dieppe en 1640 :

    « Nous fîmes voile le dix-septième janvier mille six cent quarante, dans un vaisseau de cent ou six-vingt tonneaux, si rempli de marchandise, auparavant que sortir du havre de Dieppe qu’à peine pouvait-on trouver place pour se coucher de son long. Il y avait plus de deux cents personnes, tant hommes que femmes, de tous âges, de diverses nations, et de religion différente. Le capitaine qui était un hérétique très obstiné, nous fit beaucoup souffrir pendant le voyage, à l’occasion de quelques huguenots, auxquels nous fîmes abjurer l’hérésie60. »

    21Durant toute la période de la Compagnie (1635-1651), les navires quittant Dieppe ne seront jamais nombreux, ils ne sont que deux ou quatre par an. Certains font le tour des ports français avant d’entreprendre la traversée de l’Atlantique. Sur les trois navires qui quittent Nantes pour les Antilles en 1664, un vient de Dieppe. Il s’agit du David, du port de 250 tx, commandé par le capitaine dieppois Beliard, qui navigue depuis les années quarante61.

    22Dutertre veut croire que la Compagnie « leva beaucoup de monde à Dieppe et au Havre-de-Grâce62 ». Mais cette assertion est impossible à vérifier. C’est aux alentours de Dieppe qu’en 1636, l’un des associés de la Compagnie, Cavelet de Herteley, recrute des chaufourniers pour les îles qu’il envoie à Dieppe auprès de Manichet, le receveur de la Compagnie, pour qu’il les fasse embarquer sur le navire de Fromont. En 1640, Manichet est chargé de chercher des ouvriers « avec lesquels il fera condition raisonnable pour leurs gages à la charge qu’ils ne pourront travailler à faire du pétun et autres marchandises que leur temps ne soit fait savoir deux charpentiers, deux scieurs de long, un menuisier, un armurier, un salpêtrier, un potier de terre » auxquels il « accordera leur passage franc et de leurs femmes s’ils en ont63 ».

    Le développement du trafic dieppois vers les Antilles au milieu du xviie siècle

    Les marchands de Dieppe et les îles

    23La rupture du contrat entre le groupe des marchands de Dieppe et la Compagnie des îles de l’Amérique ne signifie pas la fin de leurs ambitions antillaises, et la vente des îles aux gouverneurs qui en deviennent les seigneurs propriétaires à partir de 1649, n’ébranlent pas leurs certitudes.

    24Ils s’intéressent toujours au trafic mais de façon plus individuelle et plus ponctuelle. Ils continuent à envoyer des marchandises et des navires aux îles, mais ils ne portent plus le projet de colonisation, assurément trop lourd pour eux. Ils préfèrent garder la maîtrise de leur affaire en demandant simplement des licences pour y aller trafiquer. Ils n’en ont pas fini avec la Guadeloupe. Le 10 avril 1654, Jacques Mel figure dans le groupe de marchands qui demande au roi le maintien du trafic et des privilèges commerciaux à Saint-Christophe64. Nous retrouvons aussi Jacques de Guenteville intéressé au commerce du tabac des îles. Il reçoit ainsi en 1662 à Dieppe 13 138 livres de pétun provenant de l’habitation des jésuites de la Martinique. Il fournit aussi de la main-d’œuvre. Il fait signer deux tailleurs et un vigneron le 17 juillet 1663, puis trois autres engagés au mois d’août65. Ils participent aussi au commerce colonial vers d’autres destinations puisque nous retrouvons Jacques Mel comme actionnaire de la Compagnie française de l’Orient en 1642 pour un huitième66.

    25Nous voyons aussi intervenir de nouvelles figures dieppoises. Le capitaine Barbier et ses associés s’engagent eux à faire passer à la Guadeloupe des bêtes et du sel pour le gouverneur Charles Houel67. L’ancien juge de la Martinique Chirat investit dans le commerce du pétun avec son beau-frère. Son pétun arrive à Dieppe68. Les marchands de Dieppe poursuivent leurs implantations dans les îles en acquérant des habitations de jeunes gens qui les ont défrichés et mises en valeur pour y cultiver du tabac. Le cas le plus éloquent est celui du Dieppois Étienne Sauvage. Il est lié aux autres familles de marchands de la ville. Il a épousé Anne de Guenteville. Il ne connaît pas les îles, il ne s’y est jamais rendu, mais possède des plantations à la Martinique et à Saint-Christophe, qu’il revend en 1664. Il a un représentant sur place qui y défend ses intérêts. Sauvage s’associe en 1662 avec un planteur de la Guadeloupe, André Gressier, pour acquérir une nouvelle habitation à la Martinique. L’habitation est gérée sur place par ce dernier. Ils se partagent les bénéfices et les engagés. Ils négocient l’envoi de leur pétun avec le capitaine dieppois Abraham Gosse. Sauvage a des parts dans plusieurs navires. Il avitaille La Paix en 1659 pour la pêche à la Tortue. Il est l’un des propriétaires du Dauphin en 166269. Son activité est importante car son nom apparaît 93 fois dans les actes du tabellionage de Dieppe à propos du trafic vers les îles entre 1655 et 168470. Les modes d’investissement de marchands dieppois aux îles ne changent pas. Ainsi Denis Debleuze s’installe à la Guadeloupe en 1657 en laissant femme et enfants à Dieppe. Il s’associe avec un autre marchand de la ville, Patrice Signot, qui lui avance de l’argent pour acheter de la pacotille. En 1660, Debleuze a une terre à Trois Rivières où il fait du pétun71.

    26L’activité des Dieppois vers les Antilles est-elle pour autant plus intense ? « L’on fait ordinairement les embarquements des îles » à Dieppe ou au Havre assure le dominicain Du Tertre72. Entre 1654 et 1664, les navires à destination des Antilles partent surtout de Dieppe et de La Rochelle et dans une moindre mesure du Havre et de Honfleur. Durant cette décennie, 114 bateaux quittent Dieppe et La Rochelle, soit 12 par an73. Mais les engagements signés à Dieppe demeurent modestes. L’abbé le Ber a compté plus de 2 000 contrats signés à Dieppe entre 1654 et 1686 dans les papiers de la bibliothèque municipale de Rouen, mais il ne relève que 319 engagés entre 1654 et 166074. Ils viennent principalement de l’arrière-pays dieppois, du pays de Caux, mais aussi des villes. 43,2 % des engagés sont en effet des citadins. Les professions ne sont indiquées que pour 14 d’entre eux. On dénombre 6 chirurgiens, 1 scieur de long, 1 menuisier, et 1 maître de navire pour construire des embarcations75. On est encore loin des chiffres du Havre et de La Rochelle.

    27Il est possible que Dieppe connaisse à ce moment une activité significative et concurrence même Le Havre. Une partie de l’activité a peut-être basculé d’un port vers l’autre. En 1663, le chevalier de Clerville souligne dans son rapport d’inspection des ports de la côte adressé à Colbert que « Dieppe [a] son principal négoce dirigé aux îles du Pérou, au Canada ou à la pêche aux harengs, et que le Havre-de-Grâce [a] tout le sien tourné à la Terre Neuve76 ». Philippe Barrey pense pour sa part que cette réorientation du trafic date en fait de la mort de l’agent de la Compagnie des îles de l’Amérique au Havre, Jean Cavelet du Herteley, en 1638. Il n’hésite pas à parler alors de la « prééminence » de Dieppe pour les armements vers les Antilles77. L’enquête diligentée par Colbert montre que les ports normands dominent très largement en 1664 le trafic antillais. Sur les 18 navires partant aux îles à cette époque, 8 sont de Dieppe78.

    Les échanges avec les îles

    28Si l’intensification du trafic maritime entre les îles et Dieppe semble se dessiner, il demeure difficile de quantifier les échanges en l’absence de relevé des marchandises à bord des navires. Les échanges sont de toute façon inégaux et gérés au profit des marchands qui sont établis à Dieppe et qui réceptionnent les produits des îles. En retour, ils envoient tout ce dont ont besoin les Français, principalement des vêtements (chemises, souliers, chapeaux), des outils pour cultiver (houes), des armes. Les cargaisons sont souvent mal connues, hormis dans quelques cas. Les navires transportent, semble-t-il, entre 4 000 et 5 000 livres de marchandises.

    29Les produits arrivant à Dieppe sont essentiellement le pétun, qui est alors à la base de l’économie des îles françaises. Les habitués des îles y envoient leur pétun, à l’image de Simon Duval en 166179. La canne à sucre quoique soutenue par la Compagnie des îles ne connait pas encore une grande réussite et doit attendre les années 1670 pour voir son grand développement80. Cela n’empêche pas un peu de sucre d’arriver en France. Judith Benoist vend le sucre de son habitation de Saint-Christophe à Dieppe en 166381. Parfois, les marchandises qui arrivent sont plus diverses. En 1672, Le Saint-Louis quitte Saint-Domingue avec 8 000 rôles de pétun, 1 300 cuirs et 14 000 bâtons de bois de Campêche82. Quelques navires affrétés à Dieppe se spécialisent eux dans la pêche à la tortue83.

    30Certains produits rapportés à Dieppe sont utilisés par les artisans locaux. David Asseline parle notamment de reliquaires ornés d’écailles de caret reposant dans les églises de la ville84. Le corail orne les cabinets des curieux, et « la plupart des maisons de Dieppe en sont parées », relève Du Tertre. Il ne semble pas de son propre aveu très facile à travailler et très solide car « quelque soin que j’aie pris, je n’en ai jamais pu apporter qu’en pièces85 ».

    31Plus d’un marchand dieppois se spécialise dans la fourniture de la maind’œuvre. Claude Gire dit Préaux envoie en 1654 Nicolas Dubois pour servir aux îles. En 1660, Jean de Vautry est chargé par Antoine de Noux dit la Fortune, un colon de Saint-Christophe, de lui trouver un homme. Paul de Lamare fournit le gouverneur de la Martinique Jacques du Parquet86. Les marchands de Dieppe servent en fait le plus souvent d’intermédiaires aux habitants des îles. Il y a peu de contrats sans la mention nominale du maître à servir. Il est à noter que les engagés qui partent à la Martinique et à Saint-Christophe entre 1654 et 1664 sont dans une grande proportion dieppois. Ils représentent 21,4 % des effectifs en 1654-1659 mais, 38,7 % en 1660 et même 39,1 % en 166187.

    ***

    32Les marchands de la place de Dieppe participent depuis la fin du xve siècle à l’expansion européenne, et se distinguent particulièrement dans l’Atlantique. S’ils sont très présents au Canada, ils sont cependant attirés par le potentiel des îles. Les investissements réalisés sous les auspices de la Compagnie des îles de l’Amérique dans les années 1630 ne donnent pas les résultats escomptés, car les engagements pris pour le développement de la Guadeloupe étaient finalement trop contraignants et ambitieux. Ils ne délaissent pas les îles pour autant, mais ils préfèrent poursuivre leur activité de façon plus libre. Ils accompagnent la montée en puissance des îles au moment du développement sucrier.

    33En 1664, l’État rachète les îles aux particuliers qui les avaient acquises de la Compagnie alors en difficulté. Le cadre de l’action commerciale et colonial est redéfini. Pour le Contrôleur général des Finances Jean-Baptiste Colbert, Dieppe peut et doit jouer un rôle dans le commerce extérieur. Pour cela il se rend dans la ville en 1672. Les Dieppois disposent ainsi d’une belle opportunité pour s’imposer dans le commerce des îles, qui peut laisser espérer une nouvelle phase des relations entre Dieppe et les Antilles88.

    Notes de bas de page

    1Haudrère Philippe, L’empire des rois, Paris, Denoel, 1997, p. 19 ; Vergé-Franceschi Michel, Chroniques de la France maritime, Paris, SEDES, p. 99.

    2Les capitaines Guerard et Roussel s’en vont au Maragnan en 1524. L’expédition commandée par Villegagnon au Brésil en 1555 part de Dieppe. Le capitaine dieppois Jean Ribault tente un établissement en Floride en 1562. Voir Mémoires chronologiques pour servir à l’histoire de Dieppe et à celle de la navigation française, Paris/Rouen/Dieppe, Desauges/Racine/Dubuc, 1785, t. 1, p. 291 ; Haudrère Philippe, op. cit., p. 19, 28-30 ; Vergé-Franceschi Michel, op. cit., p. 191. Sur le rôle des Normands aux xve et xvie siècles, voir Mollat du Jourdin Michel, « Les ports normands à la fin du xve siècle », in Philippe Masson et Michel Vergé-Franceschi (dir.), La France et la mer au siècle des grandes découvertes, Paris, Tallandier, 1993, p. 83-90.

    3Les Normands mettent leur expérience de navigation au service de la cartographie au xvie siècle, et l’école dieppoise est une des plus fameuses, voir Anthiaume Albert, Cartes marines, constructions navales, voyages de découverte chez les Normands, 1500-1650, Paris, Ernest Dumont, 1916, t. 1, p. 29 et suivantes ; Toulouse Sarah, « Les hydrographes normands, xvie et xviie siècles », [http://expositions.bnf.fr/marine/arret/10-4.htm] ; Sauret Martine, Voyages dans l’école cartographique de Dieppe au xvie siècle. Espaces, altérités et influences, Peter Lang, 2015. Ils livrent aussi de nombreux récits de leurs aventures aux Amériques et des témoignages souvent capitaux sur les Indiens qu’ils ont rencontrés, Bouteiller Marcelle, « La contribution des Normands des xvie et xviie siècles à la connaissance des Indiens d’Amérique », Annales de Normandie, 6e année, no 2, 1956, p. 135-149.

    4Moreau Jean-Pierre, Les Petites Antilles de Christophe Colomb à Richelieu, Paris, Khartala, 1992, p. 88 ; Butel Paul, Les Caraïbes au temps des flibustiers (xvie-xviie siècles), Paris, Aubier, 1982, p. 33 ; Marcel Gabriel, Les corsaires français au xvie siècle dans les Antilles, Paris, Ernest Leroux, 1902.

    5Vitet Ludovic, Histoire de Dieppe, Paris, Charles Gosselin, 1844, p. 292-293. L’auteur dresse une liste de ces flibustiers dieppois : Dupré, Bartant, Thomas Langlois et Pierre Legrand. Ce dernier est évoqué par Exquemelin Alexandre-Olivier, Histoire des aventuriers flibustiers [1686-1699], Réal. Ouellet et Patrick Villiers (éd.), Québec/Paris, Presses de l’université de Laval/Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2005, p. 172-175. Il dit qu’il navigue dans les eaux de Saint-Domingue en 1602. Pour Patrick Villers, ce Pierre Legrand n’a jamais existé.

    6Moreau Jean-Pierre, Les pirates, Paris, Tallandier, 2006, p. 57.

    7Un flibustier français dans la mer des Antilles (1618-1620). Introduction et notes de Jean-Pierre Moreau, Paris, Payot, 2002.

    8Voir notamment : Mémoires chronologiques pour servir à l’histoire de Dieppe et à celle de la navigation française, Paris/Rouen/Dieppe, Desauges/Racine/Dubuc, 1785 ; Asseline David, Les antiquités et chroniques de la ville de Dieppe [1682], Édition de Michel Hardy, Guérillon et de l’abbé Sauvage, Paris, Le livre d’histoire, 2008.

    9AD Seine-Maritime, Tabellionnage du Havre, reg. 159, Charte-partie, 1er mai 1623. Publié dans Barrey Philippe, Les origines de la colonisation française aux Antilles : la Compagnie des Indes occidentales, Le Havre, Imprimerie H. Micaux, 1918, p. 85-88.

    10Du Tertre Jean-Baptiste, Histoire générale des Antilles habitées par les François, Paris, chez Thomas Jolly, 1667-1671, t. 1, p. 3.

    11En 1627, Dieppe envoie 15 navires pêcher au large de Terre-Neuve, 10 au Canada, et 6 au long cours (Cap Nord, Guinée, Sénégal). Voir Collins James B., « La flotte normande au commencement du xviie siècle : Le Mémoire de Nicolas Langlois (1627) », Annales de Normandie, 34e année, no 4, 1984, p. 379-380.

    12Mémoires chronologiques pour servir à l’histoire de Dieppe…, op. cit., t. 1, p. 363.

    13Barrey Philippe, Les origines de la colonisation…, op. cit, p. 162 ; Petitjean Roget Jacques, « Saint Christophe, première des isles françaises d’Amérique », Annales des Antilles, 1982, p. 29.

    14Mémoires chronologiques pour servir à l’histoire de Dieppe…, op. cit., t. 1, p. 363.

    15Tanguy Jean, « Les premiers engagés partis de Nantes pour les Antilles (1636-1660) », Acte du 97e congrès des sociétés savantes, Nantes, 1972, Histoire moderne et contemporaine, Paris, Bibliothèque nationale de France, 1977, t. 2, p. 69.

    16ANOM, F2A 13, p. 328-329, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, Paris, 2 juin 1638.

    17Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 177 ; Germain Jean-Christophe, « Qui a tué le gouverneur William Watts au combat de la Pointe de Sable (St-Christophe, 1666) », Généalogie et Histoire de la Caraïbe, no 145, 2002, p. 3398.

    18AD Seine-Maritime, Tabellionnage du Havre, reg. 159, Charte-partie, 1er mai 1623. Publié dans Barrey Philippe, Les origines de la colonisation…, op. cit, p. 85-88. Acte de prise de possession de la Martinique, 15 septembre 1635. Publié dans Margry Pierre, Belain d’Esnambuc et les Normands aux Antilles, Paris, Achille Faure, 1863, p. 7-8. Dans la charte-partie de 1623, Baillardel apparaît comme havrais.

    19ANOM, F2A 13, p. 164, Instruction au sieur de Saint-André, 1641. Au cours de cette année, les jésuites demandent à échanger leur habitation avec celle de Baillardel.

    20Güet Isidore, Le colonel François Collart et la Martinique de son temps, Vannes, Éditions Lafolye, 1893, p. 65, 68, 80 ; Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 467 ; Le Ber, « Les Dieppois à la Martinique », La vigie de Dieppe, 28 février 1936, p. 4.

    21Güet Isidore, op. cit., p. 132.

    22Moreau Jean-Pierre, Les Petites Antilles…, op. cit., p. 191. Jean Gosselin, un maître de navire établi à Dieppe, est en relation d’affaires avec le gouverneur anglais de Saint-Christophe, Thomas Warner. Il lui sert d’intermédiaire pour remettre 1 000 livres aux héritiers de Jean Scye, qui est décédé à Saint-Christophe, il lui remet 8 rouleaux de pétun et une corbeille de pétun.

    23Petitjean Roget Jacques, art. cité, p. 19.

    24AD Seine-Maritime, Tabellionnage du Havre, reg. 159, Contrat d’engagement, 13 janvier 1627. Publié dans Barrey Philippe, Les origines de la colonisation…, op. cit., p. 137.

    25Charlevoix Pierre-François-Xavier, Histoire de l’île espagnole ou de Saint-Domingue, Paris, J. Guérin, 1730, vol. 2, p. 9. Sur la question des engagés à Saint-Domingue, voir Hroděj Philippe, « Les premiers colons de l’ancienne Haïti et leurs attaches en métropole, à l’aube des premiers établissements (1650-1700) », Les Cahiers de Framespa [en ligne], 9 | 2012, mis en ligne le 8 mars 2012, consulté le 6 juin 2017, [http://framespa.revues.org/1050] ; DOI : 10.4000/framespa. 1050 ; Haudrère Philippe, « Les premiers colons de Léogane 1666-1735 », Commerce et Plantation dans la Caraïbe, xviiie et xixe siècles, Maison des Pays ibériques, Bordeaux, 1992, p. 71-79.

    26Debien Gabriel, « Les femmes des premiers colons aux Antilles (1635-1680) », La Porte océane, no 89 et 90, novembre et décembre 1952, Notes d’Histoire coloniale, no 24, p. 17.

    27AD Seine-Maritime, Tabellionnage du Havre, reg. 206, Charte-partie, Le Havre, 4 août 1635. Publié dans Anthiaume Albert, op. cit., t. 1, p. 552-555.

    28Ils sont parfois de petites localités, aussi pour leur donner davantage de lisibilité, les auteurs n’hésitent pas à les rapprocher d’une grande agglomération. Le capitaine Baillardel est dit dieppois, parfois havrais. D’Esnambuc lui-même est parfois dit dieppois alors qu’il est né à Allouville. La terre d’Esnambuc relève du vicomte de Caudebec.

    29ANOM, F2A 13, p. 30, Procuration, Dieppe, 14 avril 1635 ; p. 26, Traité avec les marchands de Dieppe pour la Guadeloupe, Paris, 18 avril 1635 ; p. 34, Procuration, Dieppe, 18 juin 1635.

    30AD Seine-Maritime, 2E 1/1106, Protêt, 10 mai 1632. Cité dans Germain Jean-Christophe, « La belle-famille du flibustier Charles Fleury : les Loyson d’Amsterdam et de Rouen et leurs alliés », Généalogie et Histoire de la Caraïbe, 2013, p. 10-23. [www.ghcaraibe.org/articles/2013-art09.pdf].

    31ANOM, F2A 13, p. 258, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, Paris, 5 mars 1636.

    32Collins James B., art. cité, p. 377.

    33Carpin Gervais, Le réseau du Canada : Étude du mode migratoire de la France vers la Nouvelle-France, 1628-1662, Québec/Paris, Septentrion/Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2001, p. 142.

    34ANOM, F2A 13, p. 26-29, Traité avec les marchands de Dieppe pour la Guadeloupe, Paris, 18 avril 1635.

    35ANOM, F2A 13, p. 32-34, Traité avec les marchands de Dieppe, Paris, 24 juin 1635.

    36ANOM, F2A 13, p. 254-255, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique. Les deux contrats du 18 avril et du 24 juin sont lus et approuvés lors de l’assemblée générale de la Compagnie le 5 décembre 1635.

    37Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 75 et 96-97.

    38Ibid., t. 1, p. 81-82.

    39ANOM, F2A 13, p. 258, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 5 mars 1636.

    40ANOM, F2A 13, p. 290, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 4 février 1637. Il doit s’agir des pères Mariam et Polycarpe de Vire. Ils arrivent le 11 juin 1637 dans l’île, voir Breton Raymond, « Relation française », in Raymond Breton, Relations de l’île de la Guadeloupe, Basse-Terre, Société d’histoire de la Guadeloupe, 1978, p. 99.

    41ANOM, F2A 13, p. 333, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 7 juillet 1638 ; p. 341, 6 octobre 1638.

    42Breton Raymond, art. cité, p. 107. Breton est repris par les chroniqueurs Dupuis et Du Tertre. Pour ce dernier, les marchands de Dieppe sont de bien peu de secours pour les habitants qui meurent de faim. Dupuis pense pour sa part que les marchands ne veulent tout simplement plus investir dans l’entreprise de la Guadeloupe. Voir Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 81 ; Dupuis Mathias, Relation de l’establissement d’une colonie française dans la Guadeloupe, isle de l’Amérique, et des mœurs des Sauvages, Caen, chez Marin Yvon, 1652, p. 37. Mais le contentieux avec la Compagnie demeure. Les marchands de Dieppe doivent aussi rendre des comptes à L’Olive. Sa veuve leur intente finalement à son tour un procès, Breton Raymond, art. cité, p. 114.

    43ANOM, F2A 13, p. 390, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 4 avril 1640.

    44Le Ber, « La Guadeloupe, colonie dieppoise : Les marchands dieppois », La vigie de Dieppe, 22 mai 1936, p 3. Une charte-partie de Dieppe du 14 mars 1638 montre qu’il possède un quart et demi du Saint-Rémy, le reste appartenant à un autre dieppois, Zacharie Canehen et à un rouennais, Louis le Masson.

    45Le Ber, « La Guadeloupe, colonie dieppoise. Les marchands dieppois », La vigie de Dieppe, 1er mai 1936, p. 3.

    46ANOM, F2A 13, p. 249, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 7 mars 1635.

    47ANOM, F2A 13, p. 253, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 5 septembre 1635.

    48ANOM, F2A 13, p. 260, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 2 avril 1636.

    49ANOM, F2A 13, p. 323, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 3 mars 1638.

    50ANOM, F2A 13, p. 301-302, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 16 juillet 1637.

    51ANOM, F2A 13, p. 303, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 5 août 1637 ; p. 114-115, Commission de commis général à Morin, Paris, 2 septembre 1637.

    52Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 147 ; ANOM, F2A 13, p. 322-323, Délibération de la Compagnie des îles, 3 mars 1638 ; p. 353, 2 mars 1639.

    53ANOM, F2A 13, p. 350, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 5 janvier 1639.

    54ANOM, F2A 13, p. 430, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 26 juin 1642.

    55ANOM, F2A 13, p. 281, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 3 septembre 1636 ; p. 307, 2 septembre 1637.

    56ANOM, F2A 13, p. 481-482, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 3 mars 1645.

    57ANOM, F2A 13, p. 356, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 6 avril 1639 ; Breton Raymond, art. cité, p. 101 et 110.

    58Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 143.

    59Ibid., t. 1, p. 202.

    60Ibid., t. 2, p. 44.

    61Maître Léon, « Situation de la marine marchande du comté nantais d’après l’enquête de 1664 », Annales de Bretagne, t. 18, no 3, 1902, p. 327 et 329-330.

    62Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 58.

    63ANOM, F2A 13, p. 276, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 6 août 1636 ; p. 396, 5 mai 1640.

    64Le Ber, « La Guadeloupe, colonie dieppoise. Les marchands dieppois », La vigie de Dieppe, 1er mai 1936, p. 3.

    65Ibid., 19 mai 1936, p 3.

    66Germain Jean-Christophe, « La belle-famille du flibustier Charles Fleury… », art. cité.

    67ANOM, F2A 13, p. 492, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 7 juillet 1645.

    68ANOM, F2A 13, p. 411, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 6 juin 1641.

    69Petitjean-roget Jacques, La société d’habitation à la Martinique. Un demi-siècle de formation, 1635-1685, Lille, Atelier de reproduction des thèses, Librairie Champion, 1980, t. 2, p. 1061-1062.

    70Lomenède Jacques, Le Port de Dieppe et les îles d’Amérique : marchands et commerce de 1654 à 1685, maîtrise d’histoire, dactyl., université de Rouen, 1972, p. 75. Cité par Petitjean-Roget Jacques, La société d’habitation…, op. cit., t. 2, p. 1062.

    71Debien Gabriel et Delafosse Marcel, « Marchands et colons des îles, quelques lettres du xviie siècle », Revue française d’histoire d’outre-mer, t. 48, no 170, premier trimestre 1961, p. 113-114.

    72Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 554. Dieppe est aussi le premier port qui est cité dans un autre extrait : « Nos navires français de Dieppe, du Havre, de Saint-Malo, de La Rochelle, et de quelques autres ports, y ont aussi passé ; mais le secours qu’ils y ont apporté par leurs marchandises a été très peu considérable. » Ibid., t. 2, p. 464.

    73Meyer Jean, Histoire du sucre, Paris, Desjonquères, 1989, p. 118.

    74Chouquette Leslie, Frenchmen into Peasants, Cambridge, Ma, Havard University Press, 1997, p. 352 ; Tanguy Jean, art. cité, p. 53 et 60.

    75Tanguy Jean, art. cité, p. 60.

    76Le chevalier de Clerville à Colbert, Rouen, 18 mai 1663, dans Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV, Paris, Imprimerie nationale, t. 3, 1852, p. 336.

    77Barrey Philippe, Le Havre maritime du xvie au xviiie siècle, Paris, Hachette, 1917, p. 220.

    78Morineau Michel, « La vraie nature des choses et leur enchaînement entre la France, les Antilles et l’Europe (xviie-xixe siècle) », Revue française d’histoire d’outre-mer, t. 84, no 314, 1997, p. 5.

    79Petitjean-Roget Jacques, La société d’habitation…, op. cit., t. 2, p. 1056.

    80AD Seine-Maritime, Tabellionnage de Dieppe, Procuration, 1659-1660, Lettre de Vautry, Dieppe, 4 août 1660. Cité dans Debien Gabriel et Delafosse Marcel, « Marchands et colons des îles… », art. cité, p. 112.

    81Petitjean-Roget Jacques, La société d’habitation…, op. cit., t. 2, p. 1057.

    82Asseline David, op. cit., t. 2, p. 358 et 362.

    83Petitjean-Roget Jacques, La société d’habitation…, op. cit., t. 2, p. 1076.

    84Asseline David, op. cit., t. 2, p. 346.

    85Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 2, p. 194.

    86Petitjean-Roget Jacques, La société d’habitation…, op. cit., t. 2, p. 1103 et 1110.

    87Ibid., t. 2, p. 1117.

    88Les travaux de Lomenède Jacques, op. cit., et de Franconville Tristan, Le commerce maritime à Dieppe dans la seconde moitié du xviie siècle, thèse d’histoire en cours, dir. Michèle Virol, université de Rouen, permettent d’envisager sereinement cette question.

    Auteur

    • Éric Roulet

      Professeur d’histoire moderne à l’université du Littoral-Côte d’Opale, membre du Centre de recherche en histoire atlantique et littorale – Unité de recherche sur l’histoire, les langues, les littératures et l’interculturel (CRHAEL-HLLI-EA 4030). Il est spécialiste de la genèse des sociétés coloniales en Amérique moyenne et caraïbe. Il a notamment publié La Compagnie des îles de l’Amérique 1635-1651. Une entreprise coloniale au xviie siècle, aux Presses universitaires de Rennes (2017).

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    1Haudrère Philippe, L’empire des rois, Paris, Denoel, 1997, p. 19 ; Vergé-Franceschi Michel, Chroniques de la France maritime, Paris, SEDES, p. 99.

    2Les capitaines Guerard et Roussel s’en vont au Maragnan en 1524. L’expédition commandée par Villegagnon au Brésil en 1555 part de Dieppe. Le capitaine dieppois Jean Ribault tente un établissement en Floride en 1562. Voir Mémoires chronologiques pour servir à l’histoire de Dieppe et à celle de la navigation française, Paris/Rouen/Dieppe, Desauges/Racine/Dubuc, 1785, t. 1, p. 291 ; Haudrère Philippe, op. cit., p. 19, 28-30 ; Vergé-Franceschi Michel, op. cit., p. 191. Sur le rôle des Normands aux xve et xvie siècles, voir Mollat du Jourdin Michel, « Les ports normands à la fin du xve siècle », in Philippe Masson et Michel Vergé-Franceschi (dir.), La France et la mer au siècle des grandes découvertes, Paris, Tallandier, 1993, p. 83-90.

    3Les Normands mettent leur expérience de navigation au service de la cartographie au xvie siècle, et l’école dieppoise est une des plus fameuses, voir Anthiaume Albert, Cartes marines, constructions navales, voyages de découverte chez les Normands, 1500-1650, Paris, Ernest Dumont, 1916, t. 1, p. 29 et suivantes ; Toulouse Sarah, « Les hydrographes normands, xvie et xviie siècles », [http://expositions.bnf.fr/marine/arret/10-4.htm] ; Sauret Martine, Voyages dans l’école cartographique de Dieppe au xvie siècle. Espaces, altérités et influences, Peter Lang, 2015. Ils livrent aussi de nombreux récits de leurs aventures aux Amériques et des témoignages souvent capitaux sur les Indiens qu’ils ont rencontrés, Bouteiller Marcelle, « La contribution des Normands des xvie et xviie siècles à la connaissance des Indiens d’Amérique », Annales de Normandie, 6e année, no 2, 1956, p. 135-149.

    4Moreau Jean-Pierre, Les Petites Antilles de Christophe Colomb à Richelieu, Paris, Khartala, 1992, p. 88 ; Butel Paul, Les Caraïbes au temps des flibustiers (xvie-xviie siècles), Paris, Aubier, 1982, p. 33 ; Marcel Gabriel, Les corsaires français au xvie siècle dans les Antilles, Paris, Ernest Leroux, 1902.

    5Vitet Ludovic, Histoire de Dieppe, Paris, Charles Gosselin, 1844, p. 292-293. L’auteur dresse une liste de ces flibustiers dieppois : Dupré, Bartant, Thomas Langlois et Pierre Legrand. Ce dernier est évoqué par Exquemelin Alexandre-Olivier, Histoire des aventuriers flibustiers [1686-1699], Réal. Ouellet et Patrick Villiers (éd.), Québec/Paris, Presses de l’université de Laval/Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2005, p. 172-175. Il dit qu’il navigue dans les eaux de Saint-Domingue en 1602. Pour Patrick Villers, ce Pierre Legrand n’a jamais existé.

    6Moreau Jean-Pierre, Les pirates, Paris, Tallandier, 2006, p. 57.

    7Un flibustier français dans la mer des Antilles (1618-1620). Introduction et notes de Jean-Pierre Moreau, Paris, Payot, 2002.

    8Voir notamment : Mémoires chronologiques pour servir à l’histoire de Dieppe et à celle de la navigation française, Paris/Rouen/Dieppe, Desauges/Racine/Dubuc, 1785 ; Asseline David, Les antiquités et chroniques de la ville de Dieppe [1682], Édition de Michel Hardy, Guérillon et de l’abbé Sauvage, Paris, Le livre d’histoire, 2008.

    9AD Seine-Maritime, Tabellionnage du Havre, reg. 159, Charte-partie, 1er mai 1623. Publié dans Barrey Philippe, Les origines de la colonisation française aux Antilles : la Compagnie des Indes occidentales, Le Havre, Imprimerie H. Micaux, 1918, p. 85-88.

    10Du Tertre Jean-Baptiste, Histoire générale des Antilles habitées par les François, Paris, chez Thomas Jolly, 1667-1671, t. 1, p. 3.

    11En 1627, Dieppe envoie 15 navires pêcher au large de Terre-Neuve, 10 au Canada, et 6 au long cours (Cap Nord, Guinée, Sénégal). Voir Collins James B., « La flotte normande au commencement du xviie siècle : Le Mémoire de Nicolas Langlois (1627) », Annales de Normandie, 34e année, no 4, 1984, p. 379-380.

    12Mémoires chronologiques pour servir à l’histoire de Dieppe…, op. cit., t. 1, p. 363.

    13Barrey Philippe, Les origines de la colonisation…, op. cit, p. 162 ; Petitjean Roget Jacques, « Saint Christophe, première des isles françaises d’Amérique », Annales des Antilles, 1982, p. 29.

    14Mémoires chronologiques pour servir à l’histoire de Dieppe…, op. cit., t. 1, p. 363.

    15Tanguy Jean, « Les premiers engagés partis de Nantes pour les Antilles (1636-1660) », Acte du 97e congrès des sociétés savantes, Nantes, 1972, Histoire moderne et contemporaine, Paris, Bibliothèque nationale de France, 1977, t. 2, p. 69.

    16ANOM, F2A 13, p. 328-329, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, Paris, 2 juin 1638.

    17Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 177 ; Germain Jean-Christophe, « Qui a tué le gouverneur William Watts au combat de la Pointe de Sable (St-Christophe, 1666) », Généalogie et Histoire de la Caraïbe, no 145, 2002, p. 3398.

    18AD Seine-Maritime, Tabellionnage du Havre, reg. 159, Charte-partie, 1er mai 1623. Publié dans Barrey Philippe, Les origines de la colonisation…, op. cit, p. 85-88. Acte de prise de possession de la Martinique, 15 septembre 1635. Publié dans Margry Pierre, Belain d’Esnambuc et les Normands aux Antilles, Paris, Achille Faure, 1863, p. 7-8. Dans la charte-partie de 1623, Baillardel apparaît comme havrais.

    19ANOM, F2A 13, p. 164, Instruction au sieur de Saint-André, 1641. Au cours de cette année, les jésuites demandent à échanger leur habitation avec celle de Baillardel.

    20Güet Isidore, Le colonel François Collart et la Martinique de son temps, Vannes, Éditions Lafolye, 1893, p. 65, 68, 80 ; Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 467 ; Le Ber, « Les Dieppois à la Martinique », La vigie de Dieppe, 28 février 1936, p. 4.

    21Güet Isidore, op. cit., p. 132.

    22Moreau Jean-Pierre, Les Petites Antilles…, op. cit., p. 191. Jean Gosselin, un maître de navire établi à Dieppe, est en relation d’affaires avec le gouverneur anglais de Saint-Christophe, Thomas Warner. Il lui sert d’intermédiaire pour remettre 1 000 livres aux héritiers de Jean Scye, qui est décédé à Saint-Christophe, il lui remet 8 rouleaux de pétun et une corbeille de pétun.

    23Petitjean Roget Jacques, art. cité, p. 19.

    24AD Seine-Maritime, Tabellionnage du Havre, reg. 159, Contrat d’engagement, 13 janvier 1627. Publié dans Barrey Philippe, Les origines de la colonisation…, op. cit., p. 137.

    25Charlevoix Pierre-François-Xavier, Histoire de l’île espagnole ou de Saint-Domingue, Paris, J. Guérin, 1730, vol. 2, p. 9. Sur la question des engagés à Saint-Domingue, voir Hroděj Philippe, « Les premiers colons de l’ancienne Haïti et leurs attaches en métropole, à l’aube des premiers établissements (1650-1700) », Les Cahiers de Framespa [en ligne], 9 | 2012, mis en ligne le 8 mars 2012, consulté le 6 juin 2017, [http://framespa.revues.org/1050] ; DOI : 10.4000/framespa. 1050 ; Haudrère Philippe, « Les premiers colons de Léogane 1666-1735 », Commerce et Plantation dans la Caraïbe, xviiie et xixe siècles, Maison des Pays ibériques, Bordeaux, 1992, p. 71-79.

    26Debien Gabriel, « Les femmes des premiers colons aux Antilles (1635-1680) », La Porte océane, no 89 et 90, novembre et décembre 1952, Notes d’Histoire coloniale, no 24, p. 17.

    27AD Seine-Maritime, Tabellionnage du Havre, reg. 206, Charte-partie, Le Havre, 4 août 1635. Publié dans Anthiaume Albert, op. cit., t. 1, p. 552-555.

    28Ils sont parfois de petites localités, aussi pour leur donner davantage de lisibilité, les auteurs n’hésitent pas à les rapprocher d’une grande agglomération. Le capitaine Baillardel est dit dieppois, parfois havrais. D’Esnambuc lui-même est parfois dit dieppois alors qu’il est né à Allouville. La terre d’Esnambuc relève du vicomte de Caudebec.

    29ANOM, F2A 13, p. 30, Procuration, Dieppe, 14 avril 1635 ; p. 26, Traité avec les marchands de Dieppe pour la Guadeloupe, Paris, 18 avril 1635 ; p. 34, Procuration, Dieppe, 18 juin 1635.

    30AD Seine-Maritime, 2E 1/1106, Protêt, 10 mai 1632. Cité dans Germain Jean-Christophe, « La belle-famille du flibustier Charles Fleury : les Loyson d’Amsterdam et de Rouen et leurs alliés », Généalogie et Histoire de la Caraïbe, 2013, p. 10-23. [www.ghcaraibe.org/articles/2013-art09.pdf].

    31ANOM, F2A 13, p. 258, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, Paris, 5 mars 1636.

    32Collins James B., art. cité, p. 377.

    33Carpin Gervais, Le réseau du Canada : Étude du mode migratoire de la France vers la Nouvelle-France, 1628-1662, Québec/Paris, Septentrion/Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2001, p. 142.

    34ANOM, F2A 13, p. 26-29, Traité avec les marchands de Dieppe pour la Guadeloupe, Paris, 18 avril 1635.

    35ANOM, F2A 13, p. 32-34, Traité avec les marchands de Dieppe, Paris, 24 juin 1635.

    36ANOM, F2A 13, p. 254-255, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique. Les deux contrats du 18 avril et du 24 juin sont lus et approuvés lors de l’assemblée générale de la Compagnie le 5 décembre 1635.

    37Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 75 et 96-97.

    38Ibid., t. 1, p. 81-82.

    39ANOM, F2A 13, p. 258, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 5 mars 1636.

    40ANOM, F2A 13, p. 290, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 4 février 1637. Il doit s’agir des pères Mariam et Polycarpe de Vire. Ils arrivent le 11 juin 1637 dans l’île, voir Breton Raymond, « Relation française », in Raymond Breton, Relations de l’île de la Guadeloupe, Basse-Terre, Société d’histoire de la Guadeloupe, 1978, p. 99.

    41ANOM, F2A 13, p. 333, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 7 juillet 1638 ; p. 341, 6 octobre 1638.

    42Breton Raymond, art. cité, p. 107. Breton est repris par les chroniqueurs Dupuis et Du Tertre. Pour ce dernier, les marchands de Dieppe sont de bien peu de secours pour les habitants qui meurent de faim. Dupuis pense pour sa part que les marchands ne veulent tout simplement plus investir dans l’entreprise de la Guadeloupe. Voir Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 81 ; Dupuis Mathias, Relation de l’establissement d’une colonie française dans la Guadeloupe, isle de l’Amérique, et des mœurs des Sauvages, Caen, chez Marin Yvon, 1652, p. 37. Mais le contentieux avec la Compagnie demeure. Les marchands de Dieppe doivent aussi rendre des comptes à L’Olive. Sa veuve leur intente finalement à son tour un procès, Breton Raymond, art. cité, p. 114.

    43ANOM, F2A 13, p. 390, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 4 avril 1640.

    44Le Ber, « La Guadeloupe, colonie dieppoise : Les marchands dieppois », La vigie de Dieppe, 22 mai 1936, p 3. Une charte-partie de Dieppe du 14 mars 1638 montre qu’il possède un quart et demi du Saint-Rémy, le reste appartenant à un autre dieppois, Zacharie Canehen et à un rouennais, Louis le Masson.

    45Le Ber, « La Guadeloupe, colonie dieppoise. Les marchands dieppois », La vigie de Dieppe, 1er mai 1936, p. 3.

    46ANOM, F2A 13, p. 249, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 7 mars 1635.

    47ANOM, F2A 13, p. 253, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 5 septembre 1635.

    48ANOM, F2A 13, p. 260, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 2 avril 1636.

    49ANOM, F2A 13, p. 323, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 3 mars 1638.

    50ANOM, F2A 13, p. 301-302, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 16 juillet 1637.

    51ANOM, F2A 13, p. 303, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 5 août 1637 ; p. 114-115, Commission de commis général à Morin, Paris, 2 septembre 1637.

    52Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 147 ; ANOM, F2A 13, p. 322-323, Délibération de la Compagnie des îles, 3 mars 1638 ; p. 353, 2 mars 1639.

    53ANOM, F2A 13, p. 350, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 5 janvier 1639.

    54ANOM, F2A 13, p. 430, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 26 juin 1642.

    55ANOM, F2A 13, p. 281, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 3 septembre 1636 ; p. 307, 2 septembre 1637.

    56ANOM, F2A 13, p. 481-482, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 3 mars 1645.

    57ANOM, F2A 13, p. 356, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 6 avril 1639 ; Breton Raymond, art. cité, p. 101 et 110.

    58Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 143.

    59Ibid., t. 1, p. 202.

    60Ibid., t. 2, p. 44.

    61Maître Léon, « Situation de la marine marchande du comté nantais d’après l’enquête de 1664 », Annales de Bretagne, t. 18, no 3, 1902, p. 327 et 329-330.

    62Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 58.

    63ANOM, F2A 13, p. 276, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 6 août 1636 ; p. 396, 5 mai 1640.

    64Le Ber, « La Guadeloupe, colonie dieppoise. Les marchands dieppois », La vigie de Dieppe, 1er mai 1936, p. 3.

    65Ibid., 19 mai 1936, p 3.

    66Germain Jean-Christophe, « La belle-famille du flibustier Charles Fleury… », art. cité.

    67ANOM, F2A 13, p. 492, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 7 juillet 1645.

    68ANOM, F2A 13, p. 411, Délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique, 6 juin 1641.

    69Petitjean-roget Jacques, La société d’habitation à la Martinique. Un demi-siècle de formation, 1635-1685, Lille, Atelier de reproduction des thèses, Librairie Champion, 1980, t. 2, p. 1061-1062.

    70Lomenède Jacques, Le Port de Dieppe et les îles d’Amérique : marchands et commerce de 1654 à 1685, maîtrise d’histoire, dactyl., université de Rouen, 1972, p. 75. Cité par Petitjean-Roget Jacques, La société d’habitation…, op. cit., t. 2, p. 1062.

    71Debien Gabriel et Delafosse Marcel, « Marchands et colons des îles, quelques lettres du xviie siècle », Revue française d’histoire d’outre-mer, t. 48, no 170, premier trimestre 1961, p. 113-114.

    72Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 1, p. 554. Dieppe est aussi le premier port qui est cité dans un autre extrait : « Nos navires français de Dieppe, du Havre, de Saint-Malo, de La Rochelle, et de quelques autres ports, y ont aussi passé ; mais le secours qu’ils y ont apporté par leurs marchandises a été très peu considérable. » Ibid., t. 2, p. 464.

    73Meyer Jean, Histoire du sucre, Paris, Desjonquères, 1989, p. 118.

    74Chouquette Leslie, Frenchmen into Peasants, Cambridge, Ma, Havard University Press, 1997, p. 352 ; Tanguy Jean, art. cité, p. 53 et 60.

    75Tanguy Jean, art. cité, p. 60.

    76Le chevalier de Clerville à Colbert, Rouen, 18 mai 1663, dans Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV, Paris, Imprimerie nationale, t. 3, 1852, p. 336.

    77Barrey Philippe, Le Havre maritime du xvie au xviiie siècle, Paris, Hachette, 1917, p. 220.

    78Morineau Michel, « La vraie nature des choses et leur enchaînement entre la France, les Antilles et l’Europe (xviie-xixe siècle) », Revue française d’histoire d’outre-mer, t. 84, no 314, 1997, p. 5.

    79Petitjean-Roget Jacques, La société d’habitation…, op. cit., t. 2, p. 1056.

    80AD Seine-Maritime, Tabellionnage de Dieppe, Procuration, 1659-1660, Lettre de Vautry, Dieppe, 4 août 1660. Cité dans Debien Gabriel et Delafosse Marcel, « Marchands et colons des îles… », art. cité, p. 112.

    81Petitjean-Roget Jacques, La société d’habitation…, op. cit., t. 2, p. 1057.

    82Asseline David, op. cit., t. 2, p. 358 et 362.

    83Petitjean-Roget Jacques, La société d’habitation…, op. cit., t. 2, p. 1076.

    84Asseline David, op. cit., t. 2, p. 346.

    85Du Tertre Jean-Baptiste, op. cit., t. 2, p. 194.

    86Petitjean-Roget Jacques, La société d’habitation…, op. cit., t. 2, p. 1103 et 1110.

    87Ibid., t. 2, p. 1117.

    88Les travaux de Lomenède Jacques, op. cit., et de Franconville Tristan, Le commerce maritime à Dieppe dans la seconde moitié du xviie siècle, thèse d’histoire en cours, dir. Michèle Virol, université de Rouen, permettent d’envisager sereinement cette question.

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    Roulet, Éric. (2019). Les investissements des marchands dieppois aux Antilles dans la première moitié du xviie siècle (1625-1664). In B. Michon (éd.), Les Européens et les Antilles (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/13s8z
    Roulet, Éric. « Les investissements des marchands dieppois aux Antilles dans la première moitié du xviie siècle (1625-1664) ». In Les Européens et les Antilles, édité par Bernard Michon. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2019. https://doi.org/10.4000/13s8z.
    Roulet, Éric. « Les investissements des marchands dieppois aux Antilles dans la première moitié du xviie siècle (1625-1664) ». Les Européens et les Antilles, édité par Bernard Michon, Presses universitaires de Rennes, 2019, https://doi.org/10.4000/13s8z.

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    Michon, B. (éd.). (2019). Les Européens et les Antilles (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/13sjm
    Michon, Bernard, éd. Les Européens et les Antilles. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2019. https://doi.org/10.4000/13sjm.
    Michon, Bernard, éditeur. Les Européens et les Antilles. Presses universitaires de Rennes, 2019, https://doi.org/10.4000/13sjm.
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