La perception de la guerre en ex-Yougoslavie en France de 1991 à 1999, et son impact sur la politique internationale de la France
p. 109-116
Texte intégral
1L’effondrement du Mur de Berlin en 1989, puis par extension la disparition de l’ensemble des systèmes communistes en Europe orientale et, enfin, la fin du monde soviétique ont un impact déterminant sur la politique internationale des pays de l’Europe de l’Ouest. Le déclenchement de la guerre en ex-Yougoslavie a tout particulièrement montré le trouble des diplomaties occidentales, y compris à l’intérieur de l’Union Européenne. La France, traditionnelle alliée de la Serbie de par une lointaine amitié culturelle et diplomatique, s’est retrouvée placée dans une situation ambiguë dès les premiers jours du regain des nationalismes dans les Balkans. La question yougoslave est devenue un enjeu important de la politique intérieure. Bien au-delà de la classe politique dirigeante, l’ensemble de l’opinion publique s’empare du sujet et pèse sur les grandes décisions politiques choisies par le président de la République de l’époque, François Mitterrand. Ce dernier s’implique pleinement dans la gestion de la crise, proclamant la nécessité d’une paix négociée dans la ville de Sarajevo, lors d’un déplacement surprise, le 28 juin 1992.
2Cet article1 reviendra brièvement sur le contenu du débat politique français sur la question yougoslave. La position de la classe dirigeante, tant au niveau de la présidence de la République (François Mitterrand puis Jacques Chirac), que des partis politiques (débats parlementaires) sera analysée (condamnation de la guerre, pression diplomatique pour une intervention humanitaire de l’ONU, puis pour un règlement pacifique du conflit), au prisme de la pression exercée par une opinion publique particulièrement impliquée dans le débat.
3Enfin, nous essaierons de mesurer l’impact plus global de la crise yougoslave sur la diplomatie française. Les pouvoirs publics qui ont plaidé tout au long du conflit pour un règlement pacifique et « européen » de la guerre yougoslave, n’ont pu empêcher une intervention américaine. En même temps, les gouvernements français, notamment sous l’impulsion du président Mitterrand, se sont appuyés sur le conflit yougoslave pour relancer le processus de la construction européenne, plaidant pour un élargissement en direction des anciennes démocraties populaires. Reprenant l’esprit des précurseurs de la CEE, François Mitterrand voit dans l’élargissement à l’Est, le moyen d’éviter le retour des rivalités et tensions entre pays européens. Pour lui, cette politique est le seul moyen de garantir la paix en Europe et de créer un équilibre entre l’Europe et les grandes puissances anciennes (États-Unis/Russie), ou les puissances montantes (Chine, Inde, etc.). Si l’opinion publique en France a au départ accepté une telle perception des phénomènes, il semble que depuis l’extension du conflit dans la zone du Kosovo, elle se montre plus sceptique. Il est vrai que la société civile se désintéresse alors de la question yougoslave, considérée comme apaisée par la majorité.
LA DIPLOMATIE FRANÇAISE FACE À LA PREMIÈRE CRISE YOUGOSLAVE (1989-1995)2
François Mitterrand et les débuts de la crise (1989-1991)3
4Le déclenchement des tensions en Yougoslavie en 1989, et plus encore dans les années 1990 et 1991, est particulièrement suivi en France. Pour autant, les réactions diplomatiques de la France ne peuvent alors se comprendre sans être replacées dans un contexte plus global. François Mitterrand a mené vis-à-vis des pays du bloc de l’Est, une politique « de bonne entente » au début des années 1980, et s’évertue depuis 1989 d’accompagner les transitions politiques et économiques de ces pays vers des systèmes libéraux. Sa politique fut surtout déterminée par la chute du mur de Berlin. Si le sujet a été controversé et ses choix soumis à de vives polémiques, les témoignages de ses proches4, comme les récents travaux menés par les historiens5, tendent à montrer que François Mitterrand a facilité la réunification de l’Allemagne et a tout fait pour accélérer la démocratisation de l’Europe de l’Est. Son orientation fut double : respecter les tracés des frontières issus de la Seconde Guerre mondiale ; et placer la Communauté européenne au cœur du processus6. Pour lui, l’intégration à l’ensemble ouest européen de ces pays est naturelle d’un point de vue culturel, l’Europe doit aussi les intégrer politiquement et économiquement7. François Mitterrand oriente alors, avec succès, l’ensemble de la diplomatie française en ce sens, contribuant à la relance de la construction européenne.
5C’est dans ce contexte relativement bien établi qu’intervient la crise yougoslave au début de l’année 19918, après plusieurs mois de troubles. Le chef de l’État français a une lecture de la crise qui s’oriente selon trois axes. Le premier est d’essayer de maintenir l’unité de la fédération yougoslave, craignant que la dislocation du pays se reproduise dans l’ensemble de l’Europe de l’Est, et en ex-URSS. Ayant vécu sa jeunesse dans les années 1930, il craint comme beaucoup le retour aux spectres des nationalismes exacerbés. Aussi, dans un second temps, il soutient le pouvoir central yougoslave à Belgrade, mais avec modération. Il est en ce sens certainement sous l’influence du milieu diplomatique français, qui plaide traditionnellement l’existence de liens politiques et culturels entre la France et la Serbie. Son principal conseiller Jacques Attali le confirme, écrivant dans un récent ouvrage : « Il nourrissait une réticence instinctive envers les Croates et une sympathie naturelle pour les Serbes9. » Pour autant, soumis aux influences de son opinion publique, et surtout soucieux de préserver la cohésion européenne (notamment sur les affaires monétaires), il incite immédiatement les Européens à se placer en « arbitres » de la crise.
Du parapluie européen au parapluie onusien : la France au cœur des initiatives de paix (1991-juin 1992)
6En effet, les premières images de la crise yougoslave durant l’été 1991, alertent l’opinion publique française. La révélation par les médias de « charniers » qui confirmeraient l’existence d’un « nettoyage ethnique » mené par les Serbes contre les Bosniaques, choque les Français. La classe politique s’empare alors du débat, tout particulièrement les intellectuels, très véhéments. Le président Mitterrand se réfugie alors volontiers derrière une position commune européenne plaidant pour une solution négociée à la crise10, mais il s’oppose aux diplomaties allemande et autrichienne favorables à la partition du pays. François Mitterrand obtient que son ami intime et ancien ministre de la Justice, l’avocat Robert Badinter, soit nommé à la tête de la « Commission d’arbitrage du conflit », aux côtés du Britannique Lord Carrington qui préside la « conférence pour la paix en ex-Yougoslavie » (7 septembre 1991). Consciente des limites de l’action européenne, la France demande au Conseil de sécurité de l’ONU l’envoi d’une force d’intervention d’urgence, ce qui lui est refusé le 25 septembre 1991. Paris multipliera alors les actions. Mais, face à une crise qui se prolonge, la diplomatie française est prise de cours par l’Allemagne, qui reconnaît unilatéralement la Croatie et la Slovénie, le 23 décembre 1991. La stratégie mitterrandienne est en échec, l’alliance franco-allemande, moteur de l’action européenne est battue en brèche. Paris cédera cependant et l’ensemble de la communauté européenne rallie la position allemande le 15 janvier 1992. Le processus de décomposition de l’ex-Yougoslavie est en marche, mais une brèche est ouverte entre Paris et Berlin.
Rechercher la paix : une préoccupation constante, mais une action « temporisatrice »11
7L’axe du conflit s’est alors déplacé en Bosnie, pays qui est au centre des préoccupations nationales françaises. Le blocus de Sarajevo, très médiatisé en France, fait la une des journaux télévisés tous les soirs12. Les intellectuels dénoncent l’incapacité des occidentaux de régler un conflit aux portes de l’Europe13. La classe politique réagit avec force. Paris pousse les Nations Unies à demander aux Serbes d’accepter l’acheminement de l’aide humanitaire pour les populations civiles. François Mitterrand, hostile à toute intervention militaire américaine ou de l’OTAN, paie de sa personne. Lors du sommet européen de Lisbonne, le 26 juin, il arrache au terme d’une longue négociation, une déclaration qui envisage l’usage de la force militaire pour une intervention humanitaire dans la capitale bosniaque. Le 28 juin, à la surprise de la communauté internationale, le chef de l’État se rend à Sarajevo où il reste six heures14. La visite éclair du président français fait le tour des télévisions du monde. Répondant aux journalistes lors d’une conférence de presse, il est sur place pour « voir, témoigner, observer, écouter ». Il exhorte depuis la ville en guerre ses homologues à une « action forte […] j’espère saisir la conscience universelle pour venir au secours d’une population en danger15 ». Le lendemain, 29 juin, l’ONU vote la résolution 761 qui autorise le déploiement de Casques bleus sur place. Trois jours après, un pont aérien humanitaire est mis en place sous l’égide de la CEE. « Le droit d’ingérence humanitaire » devient une réalité juridique et politique. Une semaine plus tard, au sommet du G7 à Munich, François Mitterrand convainc les pays les plus riches du monde de réunir une conférence internationale sur l’ex-Yougoslavie sous l’égide de l’ONU, ce qui sera suivi d’effets quelques semaines plus tard. Désormais, le conflit sera géré par l’intermédiaire des Nations Unies. Le leader de la diplomatie française voit sa position se conforter, la paix sera mondiale ou ne sera pas. François Mitterrand ne transigera plus, n’impliquant les forces françaises que dans un cadre international. Son ministre des Affaires étrangères, Roland Dumas le répétera volontiers. Le but de la France est désormais triple : poursuivre des négociations de paix en maintenant sur le terrain la présence des soldats de l’ONU ; faire appliquer, y compris par la force, les décisions des Nations unies, notamment en matière humanitaire ; et enfin créer un « Tribunal international » pour juger les « crimes contre l’humanité » perpétrés en ex-Yougoslavie16, ce que la France obtiendra.
8Mais derrière la volonté affirmée du président Mitterrand de régler la situation propre à la Yougoslavie, sa grande préoccupation est de ressouder les Européens. Il le dit lors de son voyage à Sarajevo, sur place, le principal danger qu’il veut exprimer, est celui de l’explosion de l’Europe des 12. Pour lui, le drame bosniaque est révélateur de « l’impuissance » politique et diplomatique de l’Europe. Son but sera d’éviter la main mise des États-Unis sur le conflit. Pour cela, le chef de l’État français n’aura plus qu’un objectif : déplacer la question du règlement des Balkans à l’échelle des Nations unies, et réaffirmer en parallèle les liens entre Européens, en renouant en priorité le dialogue franco-allemand, écorné par l’affaire croate. Le président français, sceptique sur le règlement de la question des Balkans, n’a qu’une idée en tête, renouer les liens entre pays de l’UE. Cette position est alors vivement critiquée. On reproche au chef de l’État français de retarder le règlement de la crise. La communauté internationale temporise…
9La diplomatie française se dégage de ce qu’elle considère comme un terrain miné. Le 8 juin 1995, alors que la guerre a repris en Bosnie, il n’y a selon Le Monde que 15 députés français pour assister au débat sur le sujet au parlement. La reprise des hostilités lors de l’été 1995 autour de la poche de Srebrenica, impose à la diplomatie française de se replacer sur les devants de la scène. La pression de l’opinion publique est extrêmement forte. À la fin de l’année 1994, la France ne compte pas moins de 300 collectifs, associations ou comités de lutte contre « la purification en ex-Yougoslavie17 ». Le nouveau président de la République, Jacques Chirac, profite de l’occasion pour s’affirmer sur la scène internationale, en appelant à une intervention militaire pour régler le problème, en vain18. Ce n’est qu’après le bombardement d’un marché le 28 août par les Serbes à Sarajevo, qu’il reçoit le président bosniaque Izetbegovic et lui confirme qu’il souhaite soutenir militairement la Bosnie. Il approuve alors une intervention militaire de l’OTAN « ferme mais limitée », qu’il avait appelée de ses vœux dès le 13 juillet. La diplomatie française se glisse cependant dans le sillage américain, et l’essentiel des initiatives appartient désormais au président Clinton. Le 21 novembre 1995, les accords de Dayton mettent fin conflit, les États-Unis sont devenus les principaux acteurs de la paix.
LA GUERRE EN EX-YOUGOSLAVIE, ACTE II : LA FRANCE FACE À LA CRISE DU KOSOVO
1024 mars 1999, la seconde crise yougoslave de la fin du siècle atteint un nouveau paroxysme, les forces militaires de l’OTAN sont autorisées à mener des frappes aériennes contre l’armée serbe afin de défendre les populations civiles du Kosovo19. Action de « police internationale » ? Le débat diplomatique sur l’usage de la force militaire dans cette seconde phase du conflit yougoslave reste un sujet discuté. Une fois encore, la position de la France se trouve à la croisée des chemins.
La recherche de la paix
11Les configurations sont cependant ici quelque peu différentes de celles de la première guerre, l’Europe est souvent devancée par la diplomatie américaine. Pour autant, dès 1997, les ministres français et allemand des Affaires étrangères saisissent plusieurs fois le gouvernement yougoslave concernant sa politique au Kosovo20. La France interviendra régulièrement aux Nations Unies pour obtenir un règlement « pacifique et négocié » de la question du Kosovo. Ainsi, Paris obtient le vote d’une résolution, le 23 septembre 1998 (N° 1199), qui demande le retrait des forces serbes du Kosovo, et place la diplomatie internationale au cœur des négociations dans le but d’éviter une intervention militaire directe de l’OTAN. Le président Chirac s’appuie sur la solidarité des diplomaties européennes et obtient du « Groupe de contact pour la paix en ex-Yougoslavie », la réunion d’une conférence de Paix, à Rambouillet en février 1999. Paris, avec l’appui des Européens, et en accord avec Moscou, cherche à maintenir les frontières existantes, tout en laissant la possibilité de laisser au Kosovo l’obtention d’un statut plus autonome. L’accord, bancal, est impossible. L’OTAN s’impose à la volonté diplomatique.
Pression de l’opinion et frappes militaires françaises
12La France participe alors aux frappes aériennes de l’OTAN et s’implique donc à nouveau dans le conflit militarisé. Le président Chirac ne trouve d’ailleurs aucune opposition réelle dans le pays. Parmi les forces politiques, l’unanimité est une réalité, les plus pacifistes, les « Verts » (écologistes), acceptant l’intervention dans le but d’éviter « la continuation de l’épuration ethnique21 ». L’ingérence humanitaire fait consensus.
13Rares sont les groupes politiques qui s’opposent à la diplomatie française. Des groupuscules d’extrême gauche vilipendent la participation de la France à des actions militaires aux côtés des Américains, mais ils ne représentent pas plus de 5 % de l’opinion. L’extrême droite, fidèle à l’alliance serbe, dénonce aussi ces frappes, mais là encore elle demeure marginale. Parmi les opposants, seul le ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement22, affiche un discours critique sur « l’opportunité des frappes » qui obtient une certaine audience. Mais sa critique porte plus sur l’impréparation de l’intervention militaire, et les objectifs des frappes, que sur le fond.
14En mai 1999, plusieurs sondages affirment que 75 % des Français soutiennent le chef de l’État dans sa politique d’intervention au Kosovo, contre seulement 59 % un mois plus tôt. Les Français sont d’ailleurs très impliqués dans ce conflit, puisque 46 % d’entre eux, en avril 1999, concèdent avoir participé à une action de soutien humanitaire pour le Kosovo. L’opinion publique pèse sur les décisions politiques. Les réactions des Français s’expliquent incontestablement par les souvenirs de la première guerre, l’opinion ne veut pas redécouvrir « les atrocités de la Bosnie ». Les intellectuels y ont d’ailleurs joué un grand rôle, notamment le « Comité Kosovo », actif depuis 199223. Dans ce contexte, on voit mal comment Paris aurait pu rester en dehors du conflit.
La modération française
15Une fois le feu des armes déclenché, la position de la diplomatie française recouvre une position qui reste originale. Paris, toujours soucieux de limiter le rôle des armes, demande à ses alliés de modérer ses frappes : Jacques Chirac refuse d’élargir les bombardements au Monténégro, et de déclarer le blocus maritime en mer Adriatique, etc. Paris joue la carte de la modération, tout en affichant une fermeté pour faire céder le gouvernement de Slobodan Milosevic. Il est vrai qu’à Paris, dans les sphères médiatiques et politiques, les débats font rage sur l’impact de l’intervention. Un mois après le déclenchement des premières frappes, 49 % des Français se montrent interrogatifs sur leurs effets. Quelques intellectuels sont particulièrement véhéments, notamment Régis Debray, auteur d’une lettre ouverte au président de la République publiée dans le quotidien Le Monde, le 13 mai 1999. Le rôle des médias, accusés de « manipuler l’information », est dénoncé par un autre intellectuel très médiatique, Pierre Bourdieu (L’Humanité, 18 mai 1999). Ces opposants à l’intervention justifient leur position autour de trois motifs : éviter la main mise américaine sur la diplomatie européenne ; faire subir à la société serbe des violences qui pourraient l’amener à soutenir Milosevic ; et enfin, ils dénoncent les risques d’un prolongement des tensions interethniques, que la guerre ne peut résoudre.
16Est-ce en raison de cette levée de bouclier que la diplomatie française a fait preuve de modération à la fin du conflit ? Paris a surtout vu dans la crise kosovarde, comme dans la précédente en Bosnie, une menace pour les équilibres européens. L’impuissance des diplomaties européennes à régler un conflit sur leur continent par la voie pacifique a confirmé le malaise des années antérieures et renforcé l’idée que seule la poursuite de la construction européenne, dans un sens politique, pouvait permettre d’éviter de tomber dans les pièges posés par l’éternelle question des Balkans. C’est en ce sens, que la marche à l’intégration dans l’UE des nouveaux États a été depuis largement soutenue par la diplomatie française.
CONCLUSION
17Les années 1989-1999 sont bien des années de transition dans la politique internationale française. La volonté de favoriser la construction européenne devient la grande préoccupation des gouvernements, au-delà des clivages politiques. Largement induite par l’effondrement du bloc de l’est et la guerre en ex-Yougoslavie, cette position a été soutenue par une opinion publique choquée, traumatisée par les images d’une guerre à quelques heures des frontières françaises. Comme la chute du mur de Berlin, la guerre en ex-Yougoslavie, tant dans sa phase bosniaque, que dans l’affaire du Kosovo, a incontestablement renforcé l’idée que seule la construction d’une Europe unie et solidaire, intégrant de nouveaux États, pouvait permettre de créer des équilibres à l’intérieur du vieux continent. La récente intégration de la Slovénie à l’UE, puis celle de la Croatie abondent dans le sens d’un compromis entre une diplomatie allemande qui plaidait pour une partition des Balkans, et une diplomatie française qui cherchait à intégrer les États nés de la Seconde Guerre mondiale pour aplanir les tensions. L’Europe voulue par François Mitterrand, puis Jacques Chirac, s’élargit mais n’est pourtant pas arrivée à définir une diplomatie commune et une capacité d’intervention militaire en dehors de l’influence américaine dans un espace géopolitique de sa périphérie immédiate.
Notes de bas de page
1 Version d’une communication orale d’un colloque non publié ayant eu lieu à Moscou en avril 2006, à l’université RGGU.
2 Rappelons que la constitution française de 1958 donne au chef de l’État, l’essentiel des pouvoirs en matière de diplomatie et de défense. Le général De Gaulle, initiateur de la constitution de la Ve République en avait fait son « domaine réservé », ce que personne n’a depuis remis en question.
3 Nous ne revenons pas ici sur la chronologie d’un conflit complexe. Pour le déclenchement, voir Paul Garde, Vie et mort de la Yougoslavie, Paris, Fayard, 1992 ; sur l’ensemble, Renéo Lukic, L’agonie yougoslave (1986-2003), Sainte-Foy (Québec), PUL, 2003 ; et enfin Jean-Arnaud Derens, et Catherine Samary, Les conflits yougoslaves de A à Z, Éditions de l’Atelier, 2000.
4 Ses conseillers, Jacques Attali (C’était François Mitterrand, Paris, Fayard, 2005) ; Hubert Védrine (Les mondes de François Mitterrand, Paris, Fayard, 1996) ; et l’un de ses ministres, vieux compagnon politique Pierre Joxe (Pourquoi Mitterrand ?, Philippe Rey éditeur, 2006).
5 Tout particulièrement les travaux de Frédéric Bozo, François Mitterrand, la fin de la guerre froide, l’unification allemande, Odile Jacob, 2005. Voir aussi Tilo Schabert, Mitterrand et la réunification allemande, Grasset, 2005. Sur le point de vue de François Mitterrand lui-même, voir ses mémoires, De l’Allemagne, De la France, Odile Jacob, 1996. Son Premier ministre d’alors, Michel Rocard a une approche polémique, Michel Rocard, Entretiens, Flammarion, coll. Mémoire vivante, 2001.
6 Volonté traditionnelle de la diplomatie française qui plaide « le règlement des questions européennes par les Européens ».
7 Vision qui est ancienne chez lui, puisqu’elle est présente dès les années 1950, cf. Éric Duhamel, François Mitterrand, l’unité d’un homme, Flammarion, 1998 et notre ouvrage, Les socialistes et l’Europe (1958-2008), L’Encyclopédie du socialisme/Bruno Leprince, 2008.
8 La crise est progressive, les 20 et 21 février, les parlements slovène et croate proposent la dissociation de la Fédération yougoslave en États souverains. Les premiers incidents mortels sont datés de mars 1991. Les premiers combats militaires sont en général datés des 27-30 juin 1991.
9 Jacques ATTALI, C’était François Mitterrand, Fayard, 2005, p. 356.
10 Position du 23 juin 1991 de non-reconnaissance des républiques croate et slovène ; embargo du 5 juillet, etc.
11 Le terme est repris au diplomate Michel Boulmer, auteur d’une virulente critique de la diplomatie française dans le journal Le Monde, le 27 mars 1993.
12 Nous renvoyons ici aux archives audiovisuelles disponibles à l’INA, sur lesquelles des travaux seraient à développer.
13 Les comités fleurissent à Paris. Ces aspects ne sont pas développés ici, mais on retrouve particulièrement les figures les plus médiatiques, Alain Finkielkraut, André Glucksmann, Bernard Henry Lévy ; ou plus sobres, comme Edgar Morin, ou Gilles Martinet.
14 La date est symbolique, le 28 juin 1914 est mort à Sarajevo l’archiduc François-Ferdinand entraînant le monde dans le premier conflit mondial.
15 Pour l’anecdote, François Mitterrand quitte la ville dans un hélicoptère, son avion présidentiel est endommagé par des miliciens.
16 Voir l’émission radiophonique du ministre sur RTL, le 10 janvier 1993.
17 Des intellectuels ont même créé une liste électorale aux élections européennes, intitulée « L’Europe commence à Sarajevo » en 1994, qui cherche à replacer la question au premier plan.
18 Les Pays-Bas s’opposeront à une intervention militaire, montrant à nouveau les désaccords européens (Le Monde, 13 juillet 1995).
19 Sur le Kosovo, voir les remarquables travaux de Michel Roux, Le Kosovo dix clefs pour comprendre, La Découverte, 1999 et surtout, Les Albanais en Yougoslavie, minorité nationale territoire et développement, MSH, 1995.
20 Paul Quilès et alii, Kosovo, une guerre d’exceptions, Assemblée nationale, 1999.
21 Le Monde, 9 juin 1999.
22 La France connaît alors sa troisième cohabitation, le gouvernement est dirigé par Lionel Jospin pour le parti socialiste.
23 Bien relayés par les médias de façon continue. Ces points ne sont pas repris ici.
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