La France dans la politique étrangère américaine, 1939-1941 : une périphérie à l’heure de la neutralité ?
p. 95-108
Texte intégral
1En septembre 1939, lorsque l’Europe bascule dans la guerre, les États-Unis font le choix de la neutralité. Les Américains ne se désintéressent pas cependant de ce qui se passe outre-Atlantique et notamment en France. Contrairement aux idées reçues, les relations entre les deux pays ont souvent été faites d’incompréhensions réciproques et les tensions ont été fréquentes que cela soit à la fin des années 1790 ou au temps de Napoléon III. La Seconde Guerre mondiale constitue un de ces moments de crise qui ont jalonné l’histoire des relations franco-américaines. Les deux pays évoluent dans des contextes différents. Les Américains vivent dans un pays épargné par les destructions de la guerre tandis que la France connaît les combats, les bombardements et même l’occupation. La relation entre les deux pays est qui plus est asymétrique. Si au xixe siècle la France a été une grande puissance tandis que les États-Unis comptaient peu dans le concert des nations, la Première Guerre mondiale a contribué à affirmer la puissance américaine, notamment économique, au détriment des pays européens.
2Les rôles traditionnels de centre (l’Europe) et de périphérie (les États-Unis) commençant à s’inverser, quel impact cela a-t-il sur les relations franco-américaines pendant la Seconde Guerre mondiale ? La période qui précède l’attaque sur Pearl Harbor est particulièrement intéressante à analyser, non seulement parce qu’elle est moins étudiée que la suivante, mais aussi parce qu’elle pose pour les États-Unis des défis de taille. Comment concilier la neutralité et la sympathie pour les démocraties européennes menacées par l’expansionnisme nazi tout en œuvrant pour l’intérêt national ? Quelle place accorder à la France dans la politique étrangère à l’heure où l’isolationnisme est dominant ? Quelle attitude adopter face à une légitimité disputée entre la France de Vichy et la résistance ?
LE TEMPS DE L’ISOLATIONNISME
3En 1919, les Américains en reviennent à l’isolationnisme des Pères fondateurs et refusent de tenir leur nouveau rôle de grande puissance. Le Congrès ne ratifie par le traité de Versailles et refuse que les États-Unis rejoignent la SDN. L’année suivante, les républicains se font les chantres de l’isolationnisme et reconquièrent la Maison blanche sur le slogan du « retour à la normale ». L’arrivée au pouvoir de Franklin Roosevelt ne modifie pas la situation même si par goût personnel il s’intéresse à la politique étrangère. Selon le rituel en vigueur dans les bonnes familles américaines, il a voyagé pendant plusieurs mois en Europe quand il était jeune homme et il s’est rendu à de nombreuses reprises en Amérique latine. Ses fonctions de secrétaire adjoint à la Marine pendant la Première Guerre mondiale le conduisent à nouveau en Europe. Il est un internationaliste. Durant ses premières années à la tête du pays, le président Roosevelt s’inscrit cependant dans la continuité du président Hoover en matière de politique étrangère. Il consacre l’essentiel de son énergie à sortir le pays de la Grande dépression et se repose beaucoup sur son secrétaire d’État, Cordell Hull, pour les questions internationales. L’Amérique fait le choix du retrait, voire de l’unilatéralisme1. Elle ne réagit pas à l’annonce du réarmement allemand en 1935 pas plus qu’à celui de la remilitarisation de la rive gauche du Rhin en 1936. Le président sait que les États-Unis ne pourront pas rester éternellement à l’écart du conflit qui se profile, mais il sait que l’opinion ne le suivra pas sur la voie de la guerre. Les isolationnistes sont nombreux et ont de puissants relais au Congrès. Or, c’est le Sénat, et non le président, qui détient le droit de déclarer la guerre et de signer les traités. Les législateurs mettent tout en œuvre pour empêcher le président de mener une diplomatie active qui pourrait conduire le pays à la guerre comme en 19172. Cela passe notamment par l’adoption des lois dites de neutralité3. La dégradation du contexte international conduit cependant le président à prendre l’initiative à partir de 1937. Il nomme Sumner Welles, un diplomate expérimenté, au poste de sous-secrétaire d’État. Le 5 octobre 1937, alors que la Chine vient d’être attaquée par le Japon, il prononce à Chicago un discours au fort retentissement dans lequel il propose de mettre en quarantaine internationale les agresseurs. Mais l’opinion ne le suit pas, ce qui l’oblige à mener une politique étrangère prudente et limitée.
4Comme ses prédécesseurs, il donne la priorité à la Grande-Bretagne. La montée des périls en Europe fait cependant de la France un pays à ne pas négliger. Elle est un allié naturel à une époque où le nombre de démocraties ne cesse de se réduire. C’est une grande puissance qui dispose d’un vaste empire colonial. Tout le monde s’accorde à dire que son armée est la première du monde. La France semble cependant en perte de vitesse. Elle a été affaiblie comme tous les pays européens par la Première Guerre mondiale. Son régime politique est cependant jugé instable. Son système d’alliances est en train de s’effondrer et elle est impuissante face à une Allemagne toujours plus audacieuse. Pour se faire une idée plus précise de la situation, Roosevelt décide en août 1936 de nommer à Paris un nouvel ambassadeur : William Bullitt. Francophile, celui-ci connaît bien la France. Il a fait partie de la délégation américaine lors de la conférence de la paix qui s’est tenue à Paris en 1919. Dès le début de son ambassade, il entretient une correspondance régulière avec le président4. Ses rapports convainquent F. Roosevelt de la nécessité d’aider la France à se réarmer même si cela va à l’encontre de l’esprit des lois de neutralité. Au début de l’année 1938, Roosevelt répond positivement aux Français qui souhaitent mener des négociations afin d’acheter du matériel aéronautique. Connaissant l’état de l’opinion sur la question, il décide de ne pas rendre la chose publique. Le secret est cependant éventé le 23 janvier 1939 lorsqu’un bombardier américain s’écrase en Californie avec à son bord un officier français5. L’opposition accuse le président d’entraîner le pays dans la guerre et de vendre des secrets militaires à une puissance étrangère. Le scandale est tel que la Maison blanche doit démentir toute négociation d’une alliance avec la France. Les tractations franco-américaines continuent malgré tout dans le plus grand secret. La délégation française menée par Jean Monnet passe finalement commande de 600 avions et prend une option sur la livraison de 1 500 appareils supplémentaires. Le président Roosevelt prend le risque de s’attirer les foudres de l’opinion et du Congrès parce qu’il sait que la guerre est inéluctable et que la France ne pourra pas faire face aux Allemands sans l’aide matérielle des États-Unis. Il voit aussi dans cette transaction l’occasion de stimuler une économie américaine qui n’est toujours pas sortie de la crise. Les États-Unis sont devenus un partenaire incontournable pour la France quand cette dernière représente un pays important des relations internationales pour les États-Unis, mais pas le principal. La Grande-Bretagne joue ce rôle. Qui plus est, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, par les menaces qu’ils font peser sur la paix mondiale, constituent des sources de préoccupation bien plus importantes pour le président que la France.
5L’incapacité de la France à négocier ouvertement des achats d’armes tient à la force du mouvement isolationniste mais également à son manque de relais dans l’opinion publique. Les Américains d’origine française sont peu nombreux par rapport aux Irlandais ou aux Italiens et ont par conséquent peu d’influence sur la vie politique. La France souffre en outre d’un problème d’image. Les Américains ont à l’esprit le souvenir de Verdun et de la résistance héroïque des poilus. Mais cette image est contrebalancée par celle d’une France frivole. Celle-ci est déjà présente dans les récits de voyage des Américains du xixe siècle. Le cinéma finit de l’imposer au grand public à travers la figure du serial lover français6. De manière plus grave, vient s’ajouter l’image d’une France malhonnête qui abandonne son allié tchèque au nom de l’apaisement et qui surtout refuse de payer ses dettes. La question des dettes de guerre empoisonne les relations francoaméricaines tout au long de l’entre-deux-guerres. Sur les 10 milliards de dollars (50 milliards de francs or) prêtés à l’Entente, 4,2 (21 milliards) l’ont été à la France7. Celle-ci ne réussit pas à honorer ses remboursements. Un compromis a bien abouti à un rééchelonnement des dettes françaises en 1926 mais la crise de 1929 le rend caduc. En décembre 1932, la France décide de ne plus régler ses dettes. Elle n’est pas la seule. Le Congrès répond en avril 1934 par le Johnson Debt Default Act qui supprime toute possibilité d’emprunt aux pays qui n’ont pas remboursé leurs dettes. Cela pose de sérieux problèmes à la mission Monnet, la France n’ayant pas les moyens de payer cash les avions qu’elle souhaite acquérir aux États-Unis. L’Administration Roosevelt est alors obligée de mettre en place un montage financier complexe pour pouvoir contourner la décision du Congrès. Les négociations sur les dettes françaises, qui reprennent en février 1939, se déroulent elles aussi dans le plus grand secret8. Persuadé qu’il est indispensable d’agir malgré l’isolationnisme dominant dans le pays, le président Roosevelt fait le choix de mener une politique étrangère personnelle. Il va ainsi à l’encontre de son opinion publique et surtout des décisions du Congrès. Sa politique ne peut être par conséquent que secrète. Clandestine, elle est forcément limitée dans son ampleur.
ÊTRE NEUTRE EN TEMPS DE GUERRE
6L’invasion de la Pologne le 1er septembre marque clairement les limites de l’influence de Franklin Roosevelt sur la scène internationale. Ses appels en faveur de la paix n’ont eu aucun effet. Il n’a pas réussi non plus à faire reculer significativement l’isolationnisme aux États-Unis. Le Congrès a refusé d’assouplir les lois de neutralité pendant l’été. La sympathie des Américains va à la Grande-Bretagne et à la France mais à peine 2,5 % d’entre eux se disent prêts à entrer en guerre à leurs côtés9. Le président ne peut donc que déclarer la neutralité des États-Unis le 5 septembre. Désormais, l’embargo sur les armes et les munitions s’appliquent à la France et à la Grande-Bretagne. Le président s’en inquiète. Le 16 septembre, il reçoit de son ambassadeur à Paris un câble l’informant qu’en cas d’attaque l’Armée de l’air française ne pourra tenir que deux ou trois mois faute d’avions. La France en raison de sa frontière commune avec l’Allemagne est devenue une priorité pour le président. Il espère que la session spéciale du Congrès qu’il a convoqué pour le 21 septembre permettra d’apporter enfin une aide substantielle aux Français et aux Anglais. Le 4 novembre, le Congrès le suit en partie en adoptant la quatrième loi de neutralité. Elle supprime l’embargo sur les armes et les munitions et applique à ces marchandises la clause cash and carry. Désormais, Français et Anglais peuvent passer publiquement des commandes d’armement auprès des entreprises américaines. Par souci d’efficacité, ils mettent sur pied une commission mixte d’achats que préside Jean Monnet. Elle espère acheter 8 400 avions, 13 650 moteurs et 14 000 hélices pour la seule période allant du 1er octobre 1940 au 30 septembre 1941. René Pleven, l’adjoint de Monnet, est cependant prudent. Il écrit dans un rapport du 25 janvier 1940 : « Pour éviter toutes déceptions, il faut cependant se souvenir que les États-Unis sont entrés en 1940 dans une année d’élection présidentielle et, quelle que soit la bonne volonté du Président, du secrétaire de la Trésorerie et de leurs collaborateurs, ils sont obligés en cette période de faire preuve d’une extrême prudence pour éviter de faire le jeu de la propagande isolationniste10. » De plus, l’industrie américaine n’a pas la capacité suffisante pour répondre à la demande étrangère. L’essentiel de sa production va à l’effort de réarmement américain débuté après la conférence de Munich et qui s’est amplifié avec le déclenchement de la guerre en Europe.
7Les ventes d’armes aux Français et aux Anglais n’empêchent pas les Américains de tenter de sauver la paix en Europe. Cette mission est confiée au numéro deux du département d’État, Sumner Welles. Il fait le tour des capitales européennes entre le 9 février et le 25 mars 1940, rencontre Benito Mussolini, le comte Ciano, Adolf Hitler, Joachim von Ribbentrop, Goering, Rudolph Hess, le Premier ministre Chamberlain et le roi George VI. En France il a des discussions avec Édouard Daladier, Édouard Herriot et Léon Blum. Welles considère la France comme un des acteurs clefs de la crise mais il a bien conscience que le sort de l’Europe est avant tout entre les mains d’une Allemagne qui est prête à passer à l’offensive sur le front occidental. Sa mission n’aura aucun impact. Le 10 mai, l’Allemagne attaque la Belgique, les Pays-Bas et la France. Dès le 13, les rapports américains mettent en évidence la situation critique des forces françaises11. Elles manquent notamment cruellement d’avions. Le rythme de livraison des Américains est trop lent par rapport à leurs besoins. L’urgence est telle que le 19 et le 22 mai, le président du Conseil Paul Reynaud demande au président Roosevelt que les Américains fournissent plus d’avions à la France12. L’ambassadeur de France à Washington, le comte René de Saint-Quentin, fait de même. Le 5 juin, Paul Reynaud envoie un nouvel appel au secours au président Roosevelt :
« Au milieu de notre lutte à mort, une force irrésistible me pousse à vous parler personnellement, d’homme à homme, parce que j’ai senti à travers l’océan, l’immense pouvoir de votre influence personnelle et de votre appui. […] Pouvez-vous nous tendre la main à travers l’océan pour nous aider à sauver la civilisation ? Pouvez-vous, d’une façon ou d’une autre, soit directement, soit indirectement nous céder des avions complètement équipés, prêts pour la bataille ? […] Tout cela nous fortifierait beaucoup. Cela pourrait être décisif. Cela peut renverser le cours de l’histoire13. »
8Dès le lendemain, un télégramme de Saint-Quentin à Reynaud annonce que les États-Unis mettent 50 bombardiers à la disposition de la France14 ; une décision qui doit rester secrète car elle susciterait l’opposition du Congrès.
9La situation de la France se dégrade un peu plus lorsque l’Italie lui déclare la guerre le 10 juin. Le président Roosevelt répond par une ferme condamnation morale et manifeste sa volonté de faire profiter l’Angleterre et la France des « ressources matérielles » de l’Amérique (discours de Charlottesville). Les États-Unis passent de la neutralité à la non-belligérance, un soutien ouvert aux Alliés sans entrer en guerre. Ils ne font pas pour autant de promesses fermes aux Français. La situation est cependant de plus en plus critique. Le 11 juin, alors que le gouvernement a dû quitter Paris la veille, le président du Conseil envoie une nouvelle demande d’aide à Roosevelt. Il réclame une aide matérielle sans limite, « à l’exception de l’envoi d’un corps expéditionnaire » et promet en contrepartie que la France continuera la lutte hors de métropole. Une réponse vague arrive deux jours plus tard : « Le gouvernement des États-Unis fait actuellement tout ce qui est en son pouvoir pour mettre à la disposition des gouvernements alliés le matériel dont ils ont un besoin si urgent et nous redoublons d’efforts pour faire encore mieux15. » Soutenu par Churchill, Reynaud réitère sa demande le soir même :
« Je sais que la déclaration de guerre ne dépend pas de vous seul. Mais je viens vous dire, à cette heure grave dans notre histoire comme dans la vôtre que, si vous ne pouvez pas donner à la France dans les heures qui viennent, la certitude que les États-Unis entreront en guerre à très brève échéance, le destin du monde va changer16. »
10Paris est occupée par les Allemands le 14. Ce même jour, le gouvernement, profondément divisé sur la question de l’armistice, se replie à Bordeaux. La réponse de Roosevelt est lue pendant le Conseil des ministres du 16 juin :
« En ces heures si déchirantes pour le peuple français et pour vous-même, je vous envoie l’assurance de mon extrême sympathie ; je puis vous certifier qu’aussi longtemps que le peuple français continuera la défense de sa liberté qui est aussi celle des institutions démocratiques à travers le monde, il peut être assuré que matériel et approvisionnement lui seront envoyés des États-Unis en quantité et variété toujours croissantes. Je sais que vous comprendrez que ces déclarations n’entraînent aucun engagement d’ordre militaire. Seul le Congrès peut prendre de tels engagements17. »
11Ce message met un terme aux dernières illusions. Paul Reynaud démissionne dans la soirée. Philippe Pétain lui succède et sans surprise demande l’armistice aux Allemands.
12L’Angleterre ne bénéficie pas d’un traitement différent des Américains. Le 14 juin, Roosevelt précise à Churchill que son message du 13 juin « ne visait en aucun cas à engager son gouvernement […] à participer militairement pour soutenir les gouvernements alliés »18. Paul Reynaud, lui-même, reconnaît au lendemain de sa démission que Franklin Roosevelt est allé « jusqu’à la limite extrême que lui permettaient les circonstances »19. Il était impossible pour lui d’engager les forces américaines. Cela aurait nécessité de passer outre le Congrès, ce qui aurait pu lui valoir une procédure de destitution. Et il était inenvisageable d’aller à l’encontre de l’opinion publique une année d’élection. Cela lui aurait coûté sa réélection et aurait favorisé l’élection d’un isolationniste ; ce qui aurait été encore plus contre-productif pour les démocraties européennes.
13Aux États-Unis, l’annonce de l’armistice constitue un choc pour l’opinion publique et de nombreux responsables politiques. Comment imaginer que la première armée du monde s’écroule ainsi ? Même le président Roosevelt était persuadé qu’elle résisterait plus longtemps. La défaite change radicalement l’image de la France. Les Américains passent de l’admiration pour la résistance des poilus à la pitié. L’idée prévaut que la France ne se relèvera jamais d’un tel désastre. Robert Murphy, le chargé d’affaires américain à Paris, se souvient qu’à son retour aux États-Unis durant l’été 1940 il « eu [t] beaucoup de peine à éveiller quelque intérêt pour les Français. Beaucoup d’Américains s’exprimaient brutalement sur la France vaincue »20. Certains parlent de lâcheté. On va jusqu’à reprocher à la France d’avoir mis en péril la sécurité des États-Unis qui n’est désormais protégée de l’Allemagne nazie que par une île (la Grande-Bretagne) et l’Atlantique ; une défense bien fragile à l’heure de la guerre aérienne. Surtout si on songe que les États-Unis ne peuvent compter que sur 80 000 hommes en état de combattre, ce qui les place au 17e rang des armées du monde.
14La déroute militaire de la France contraint les États-Unis à accélérer leur préparation militaire. Le 20 juin, le président nomme Henry Stimson au secrétariat à la Guerre et Frank Knox, au secrétariat à la Marine. Ce sont deux partisans de la fermeté à l’égard des puissances de l’Axe. Même le Congrès se résout à un réarmement accéléré du pays. En juin 1940, il lui consacre 1,7 milliard de dollars. À la fin de l’année, le budget de la défense atteint les 12,8 milliards. Les législateurs adoptent également les premières mesures de conscription en septembre 1940. La défaite de la France a affaibli le camp des isolationnistes même si les opposants à une intervention directe des États-Unis dans le conflit demeurent majoritaires. La France, toute périphérie qu’elle est pour les Américains, les a finalement influencés, même si c’est à son corps défendant. Mais une fois vaincue, quelle peut être la place de la France dans la stratégie internationale des États-Unis ?
LES ÉTATS-UNIS ENTRE LE RÉGIME DE VICHY ET LA FRANCE LIBRE
15La France a été mise hors combat, mais les Américains se préoccupent cependant de son devenir. Pour eux, la question de la légitimité de Pétain ne se pose pas21. Non seulement, il bénéficie de sa réputation de vainqueur de Verdun mais il est arrivé légalement au pouvoir. Qui plus est, les États-Unis sont neutres et n’ont pas de casus belli avec la France. Le président et le Congrès s’accordent par conséquent pour maintenir les relations diplomatiques avec le nouveau régime. Le président espère ainsi pouvoir recueillir des renseignements utiles aux Anglais. Surtout, il pense pouvoir faire pression sur Pétain pour que ce dernier respecte l’armistice et limite les concessions à l’Allemagne. Roosevelt veut contrebalancer l’influence allemande sur la France.
16Si les Américains manifestent tant d’intérêt pour la France vaincue c’est qu’elle possède encore des atouts, et notamment sa flotte. Aux mains des Allemands, celle-ci constituerait une menace formidable. Le président s’en inquiète avant même la défaite de la France. Le 26 mai, alors que commence l’évacuation des troupes alliées à Dunkerque, il insiste auprès du président du Conseil Paul Reynaud et du ministre de la Guerre Édouard Daladier sur la nécessité de sauver la flotte à tout prix. Si Hitler arrivait à en prendre le contrôle, non seulement il disposerait d’une arme considérable pour dominer la Grande-Bretagne, mais il pourrait aussi conquérir l’Afrique du Nord et l’Afrique occidentale et de là attaquer le continent américain. La question devient encore plus d’actualité lorsque la France opte pour l’armistice. Entre le 16 et le 18 juin, le président envoie trois messages d’avertissement aux autorités françaises. Le dernier dit : « Si le gouvernement français permet la livraison de la flotte à l’Allemagne, le gouvernement français perdra définitivement l’amitié et les bonnes dispositions envers lui du gouvernement des États-Unis22. » La convention d’armistice du 22 juin est loin de le rassurer. Son article 8 prévoit qu’une partie de la flotte resterait à la disposition du gouvernement français pour assurer la sauvegarde de l’Empire, l’autre serait « démobilisée et désarmée sous le contrôle de l’Allemagne et de l’Italie ». Craignant que la flotte française ne tombe entre les mains des puissances de l’Axe, l’Angleterre décide de prendre les devants et de mener une attaque sur Mers-el-Kébir. La France qui a rompu en réponse ses relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne attend un soutien de la part des États-Unis, mais ses espoirs sont déçus. Le président Roosevelt explique à l’ambassadeur de France : « Même s’il n’y avait qu’une possibilité extrêmement éloignée de voir votre flotte passer aux mains de l’Allemagne, le gouvernement britannique a eu raison d’agir comme il l’a fait. Je n’aurais pas agi autrement. Je suis réaliste23. »
17Le sort de l’empire constitue la seconde préoccupation des Américains. Pendant les combats, ils y voient une position de repli puis de reconquête pour les autorités françaises. Une fois la France vaincue, l’empire passe du statut de dernier recours à celui de menace. S’il tombe entre les mains des puissances de l’Axe, la Méditerranée passera sous le contrôle des Allemands et des Italiens qui contrôleront également la corne de l’Afrique grâce à Djibouti. Quant aux positions stratégiques de Dakar et des Antilles, elles pourront servir de point de départ pour une attaque vers les États-Unis. Les Antilles, en raison de leur proximité géographique, inquiètent particulièrement les Américains. Les Caraïbes constituent en quelque sorte leur troisième frontière. Le fait que l’or de la Banque de France conservé dans les Antilles françaises puisse tomber entre les mains des Allemands constitue une source d’inquiétude supplémentaire. Des négociations permettent finalement d’aboutir en août à la neutralisation de la flotte française stationnée dans les Antilles et des îles24. Les Américains se préoccupent également du sort des colonies françaises en Asie. Profitant de l’affaiblissement de la France, les Japonais s’installent au Tonkin en septembre 1940. De manière encore plus inquiétante, ils se rapprochent de l’Allemagne et l’Italie avec lesquelles ils signent le pacte tripartite le 27 septembre. Cet expansionnisme menace à terme la présence des Américains dans le Pacifique et les conduit à soutenir la présence française en Indochine en dépit de leur anti-colonialisme.
18Roosevelt est pragmatique. Quoi qu’il pense du régime de Vichy, il estime qu’il est indispensable de soigner les relations franco-américaines. Dans la tourmente qui frappe la France, les Américains ont toujours le même interlocuteur à Washington, le comte de Saint-Quentin. Comme la très grande majorité des membres du corps diplomatique, il est demeuré à son poste. L’ambassadeur a peu d’influence à Vichy. Pour faire valoir ses vues auprès des Français, Roosevelt compte surtout sur son ami personnel, l’amiral Leahy. Il l’a choisi pour occuper la fonction d’ambassadeur en France, en remplacement de Bullitt, trop identifié à la ligne dure hostile à l’Allemagne. Le fait qu’il soit un militaire de haut rang n’est pas anodin. Il s’agit de montrer au maréchal Pétain toute l’importance que le président accorde aux relations franco-américaines. Son premier choix s’était porté sur le général Pershing, un ancien compagnon d’armes du maréchal, mais le projet n’a pas abouti en raison de sa santé défaillante. En choisissant un amiral, Roosevelt espère qui plus est faciliter le contact avec l’amiral Darlan. Le sort de la flotte française, on l’a vu, est une de ses grandes préoccupations. Il cherche également à s’assurer que l’empire ne tombe pas entre les mains des Allemands et à y placer des pions dans l’optique d’une reprise des combats. Pour cela, il compte sur Robert Murphy qu’il nomme représentant personnel du président en Afrique du Nord. Murphy est à l’origine des accords Weygand-Murphy du 26 février 1941. Les États-Unis apportent une aide économique à l’Afrique du Nord étranglée par le blocus25. En retour, Maxime Weygand, le délégué général de Vichy en Afrique du Nord, promet de « s’opposer par tous les moyens dont il dispose à une attaque contre l’Afrique du Nord, venant d’où ce que fût »26. Avec le régime de Vichy, le président mène une politique personnelle, comme il l’a fait avec la France de la IIIe République.
19Cette politique est loin de faire l’unanimité. Le 13 mars 1941, Churchill lui écrit : « Traiter avec Darlan revient à traiter avec Hitler ». Aux États-Unis même, le président ne reçoit pas le soutien de la presse et de l’opinion publique qui trouvent ce choix moralement choquant. Les premières tensions sont palpables en août 1940 lorsqu’on apprend que le comte de Saint-Quentin est remplacé par Gaston Henry-Haye, un pétainiste convaincu. Un chroniqueur du New York Times écrit : « Le comte René Doynel de Saint-Quentin qui est reparti pour la France27 […] est plus qu’un voyageur qui rentre dans son pays, plus qu’un Français charmant et cultivé. Il a été le dernier ambassadeur de la vieille France que nous aimions28. » Son successeur est accueilli à Washington le 7 septembre par des manifestants hostiles qui crient « Heil Haye !29. » Dans les mois qui suivent, le département d’État reçoit de nombreux messages d’Américains qui déplorent qu’on puisse ménager un régime méprisable qui va à l’encontre des valeurs américaines en pratiquant la censure et en persécutant les juifs et les étrangers. Ils trouvent une telle politique condamnable et même hypocrite de la part d’un président qui a signé la charte de l’Atlantique en août 1941. Roosevelt n’est pas dupe de la vraie nature du régime de Vichy. Il dénonce même à plusieurs reprises les choix faits par les autorités françaises. Le 15 mai 1941, il lance un appel public au peuple français pour qu’il refuse la collaboration. Le 2 août, alors que les Français ont passé un accord avec les Japonais qui viennent de se rendre maîtres de l’Indochine, Sumner Welles envoie un avertissement à Vichy. Cela paraît cependant bien insuffisant aux yeux des opposants du président.
20On peut d’ailleurs se poser la question de l’efficacité de la politique de Roosevelt. Une des raisons données pour justifier son attitude à l’égard du régime de Vichy était de s’assurer que la flotte ne tombe pas entre les mains des Allemands. Mais tout laisse à penser que Vichy n’aurait pas cédé sa flotte. Quant aux renseignements collectés dans les colonies, ils sont minimes30. Surtout, la politique américaine n’a pas empêché la France de s’engager dans la voie de la collaboration. Persuadé que les Allemands vaincront, l’amiral Darlan signe avec eux en mai trois protocoles permettant à leurs avions de se ravitailler en Syrie et à leurs sous-marins de faire relâche à Dakar. Roosevelt se voit contraint de demander à Pétain de défendre les colonies contre l’Axe. Finalement, si le maréchal recule c’est plus dû à l’hostilité de Weygand à la politique de Darlan qu’à l’intervention de Roosevelt31. De même, la décision américaine de suspendre les accords Murphy-Weygand après que les Allemands ont obtenu le rappel de Weygand à Vichy, le 12 novembre 1941, n’entraîne pas le retour aux affaires de ce dernier. L’influence des États-Unis sur la politique de la France de Vichy est quasiment nulle.
21L’inverse est également vrai. Il ne faut pas d’ailleurs perdre de vue que si le sort de la flotte et de l’empire français préoccupe les Américains, c’est parce qu’il conditionne la sécurité de la Grande-Bretagne et de leur propre territoire. C’est toujours la Grande-Bretagne qui demeure leur priorité sur la scène internationale. L’effort d’armement en sa faveur s’intensifie après la défaite de la France, sur fond de la bataille d’Angleterre et du Blitz. L’Administration, soutenue par des groupes comme le comité pour la « neutralité bienveillante » du journaliste William Allen White32, défend l’idée qu’il faut vendre des armes aux pays qui résistent à l’Allemagne, ce qui permettra de mettre en échec Hitler et évitera l’intervention militaire directe des États-Unis à laquelle la majorité des Américains demeure hostile. C’est ainsi que les États-Unis annoncent le 3 septembre la livraison de 50 destroyers à la Grande-Bretagne contre un bail de 99 ans sur des bases anglaises. Conscients des risques que fait courir aux États-Unis une Allemagne qui semble militairement invincible, un nombre croissant d’Américains soutient le président. À la question « quel est notre principal devoir : rester en dehors de la guerre ou aider l’Angleterre, même si cela comporte un risque sérieux de guerre ? », le nombre de sondés favorables à la seconde option passe de 36 % à 60 % entre le 23 mai 1940 et le 11 décembre 194033. Les isolationnistes demeurent cependant nombreux. L’annonce de l’octroi des destroyers à la Grande-Bretagne provoque la création le 4 septembre du comité America First. Il compte jusqu’à 850 000 membres, soit plus que le comité White. Les Américains sont tellement hostiles à l’idée de faire la guerre que le président doit tout au long de ses meetings de campagne répéter qu’il n’enverra pas les forces américaines combattre à l’étranger sauf en cas d’attaque. Une fois réélu le 5 novembre, il peut se permettre d’être plus interventionniste. Le 17 décembre, il annonce la création du prêt-bail qui permet aux ennemis des puissances de l’Axe de différer le paiement de leurs commandes d’armement. Le 29 décembre, il affirme que son pays doit devenir « le grand arsenal de la démocratie », une expression que lui a inspirée Jean Monnet qui s’est réfugié aux États-Unis. Le président explique à ses concitoyens : « Il y a bien moins de risques pour les États-Unis d’entrer en guerre si nous faisons maintenant tout ce que nous pouvons pour aider les nations qui se défendent elles-mêmes contre les attaques de l’Axe que si nous acceptons leur défaite34. » À cette époque, Roosevelt se préoccupe de l’Europe, mais également de plus en plus de l’Asie. L’expansionnisme japonais dans le Pacifique devient un sujet d’inquiétude croissant. Dans ce contexte, la France de Vichy est loin d’être au cœur de la politique étrangère américaine.
22La montée en puissance de la résistance française ne fait qu’accentuer le phénomène. Même si les responsables américains considèrent de Gaulle comme un aventurier, un dictateur en puissance auquel il manque la légitimité donnée par l’élection, la justesse de sa cause, la lutte contre un ennemi commun et la dégradation des relations avec Vichy les incitent à assouplir leur position vis-à-vis de la France libre au fil des mois. En mai 1941, le général de Gaulle charge René Pleven de nouer des contacts avec l’administration Roosevelt. Celle-ci donne suite. Sumner Welles le reçoit au département d’État le 1er octobre. Puis, le 11 novembre, le président décide que les territoires ralliés à la France libre pourront bénéficier du prêt-bail. L’aide transitera par la Grande-Bretagne35. Étant donné les relations difficiles entre les deux parties, les Américains préfèrent que les Anglais se chargent de gérer la résistance française. Qui plus est, une aide directe est incompatible avec le maintien de relations diplomatiques avec la France. Gaston Henry-Haye émet d’ailleurs une protestation officielle à l’annonce de l’octroi du prêt-bail36. Elle reste sans effet. Le 4 décembre, une délégation de la France Libre est du reste créée aux États-Unis. À la fin de l’année 1941, la France de Vichy est marginalisée aux États-Unis. Non seulement elle a contre elle l’opinion publique qui soutient la cause de la résistance depuis 1940, mais les responsables politiques croient de moins en moins à la possibilité des États-Unis de limiter l’influence allemande en France. Quant à la résistance, elle n’a aucune influence sur la définition de la politique étrangère américaine.
23L’attaque japonaise sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941 change radicalement la donne diplomatique. Les États-Unis déclarent la guerre au Japon le lendemain. Puis, c’est au tour de l’Allemagne et de l’Italie de faire de même à l’égard des États-Unis le 11 décembre. La France restant neutre, les relations franco-américaines n’en sont pas affectées. La situation ne se détériore qu’en avril 1942 lorsque Laval est appelé à former un nouveau gouvernement. Cela réduit à néant les derniers espoirs américains d’une possibilité pour la France de mener une politique indépendante de celle de l’Allemagne. Roosevelt rappelle son ambassadeur et ne laisse en France qu’un chargé d’affaires. Il s’en explique devant ses compatriotes le 28 avril : « Nous ne pouvons permettre que la réputation et le prestige de notre pays soient utilisés comme écran par un traître français37. » C’est le signe flagrant de l’échec d’une politique qu’il a choisi de mener sans le soutien de l’opinion publique et d’une grande partie des hommes politiques. Il faut cependant attendre le débarquement allié en Afrique du Nord pour que Vichy rompe les relations diplomatiques avec les États-Unis le 9 novembre 1942. Pour les officiels américains, la France de Vichy est associée désormais aux puissances de l’Axe, même s’il n’y a pas d’état de guerre et si elle paraît un acteur bien secondaire. Les Américains portent toute leur attention sur l’Allemagne qu’ils considèrent comme leur ennemi principal, avant même le Japon. Quant aux relations avec la résistance française, elles demeurent mauvaises. Roosevelt ne croit pas à la représentativité de De Gaulle. Il ne se décide à reconnaître le GPRF de jure qu’en octobre 1944. Alors que le général se bat pour que la France retrouve son rang de grande puissance, Roosevelt estime que la France ne se relèvera pas du fiasco de 1940 et ne lui accorde qu’une place périphérique dans sa vision du monde de l’après-guerre ; un point de vue que partagent de nombreux Américains. L’image de la France défaite en 1940 a si profondément marqué les représentations collectives américaines qu’elle a pu être récupérée par les mouvements anti-français lors du déclenchement de la guerre en Irak en 2003. La Seconde Guerre mondiale a condamné la France à une position de périphérie aux yeux de nombreux Américains.
Notes de bas de page
1 Roosevelt condamne la conférence économique de Londres de 1933 à l’échec en abandonnant l’étalon or au profit des changes flottants plus propices au financement de la reconstruction américaine.
2 Le continent américain échappe à cette logique en vertu de la doctrine Monroe (1823) qui en fait la chasse gardée des États-Unis. Le président initie à cette époque une politique dite du « bon voisinage » vis-à-vis de l’Amérique latine.
3 Une première loi de neutralité est adoptée le 31 août 1935. Elle instaure un embargo sur les armes, les munitions et le matériel de guerre destinés aux pays en guerre. Le 29 février 1936, une deuxième loi prolonge la validité de la précédente et interdit le prêt d’argent aux États belligérants. Une troisième loi est prise le 1er mai 1937. Elle rend permanente les deux précédentes et décide que les marchandises non soumises à embargo seront vendues aux belligérants selon le principe du cash and carry. Elles seront payées comptant pour éviter les dettes de guerre et leur transport devra être assuré par les acheteurs qui en prendront livraison aux États-Unis pour éviter le torpillage de bâtiments américains dans l’Atlantique.
4 Orville H. Bullit ed., For the President, Personal and Secret : Correspondence between Franklin D. Roosevelt and William C. Bullitt, Boston, Houghton Mifflin, 1972.
5 Ministère des Relations extérieures, Commission de publication des documents relatifs aux origines de la guerre 1939-1945, Documents diplomatiques français 1932-1939, deuxième série 1936-1939 [désormais DDF 1936-1939], 1979, vol. XIII, 1er décembre 1938-31 janvier 1939, document 457, n° 2.
6 Cf. Yves-Marie Péréon, L’image de la France dans la presse américaine, 1936-1947, thèse dirigée par Robert Frank et soutenue à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne le 24 novembre 2008.
7 Jean-Baptiste Duroselle, La France et les États-Unis : des origines à nos jours, Paris, Le Seuil, 1976, p. 132-133.
8 DDF 1936-1939, t. XVI, 1er mai-24 juin 1939, p. 462-465. DDF 1936-1939, t. XVII, 25 juin-12 août 1939, p. 584.
9 André Kaspi, Franklin Roosevelt, Paris, Fayard, 1988, p. 390.
10 Ministère des Affaires étrangères, Commission de publication des documents diplomatiques français, Documents diplomatiques français, 1940 [désormais DDF 1940], 2004, t. I, 1er janvier-10 juillet 1940, p. 92-93 et p. 103.
11 André Béziat, Franklin Roosevelt et la France (1939-1945) : la diplomatie de l’entêtement, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 56.
12 DDF 1940, p. 653 et p. 668-669.
13 DDF 1940, p. 766-767.
14 Ibid.
15 Jean-Baptiste Duroselle (avec le concours d’André Kaspi), Histoire des relations internationales, de 1919 à 1945, Paris, Armand Colin, 2001, p. 273.
16 J.B. Duroselle, La France, op. cit., p. 158.
17 J.B. Duroselle, Histoire des relations, op. cit., p. 274.
18 Warren F. Kimball, Churchill and Roosevelt, Princeton, Princeton University Press, 1984, vol. 1, p. 47-49.
19 André Kaspi, La Deuxième Guerre mondiale : chronologie commentée, Bruxelles, Éditions Complexe, nouvelle édition 1995, p. 86.
20 Robert D. Murphy, Diplomat Among Warriors, Garden City, N. Y., Doubleday, 1964, p. 71.
21 Ibid, p. 72.
22 A. Béziat, Franklin Roosevelt, op. cit., p. 71.
23 Ministère des Affaires étrangères, Papiers Charles-Roux, carton 34, t. 1320-1322, Saint-Quentin, 14 juillet 1940.
24 U. S. Department of State, Foreign Relations of the United States [désormais FRUS] 1940, 1957, vol. 2, p. 505-531.
25 Entre mai et août 1941, ils envoient notamment 28 000 tonnes de pétrole, 4 000 tonnes de charbon, 300 tonnes de lait.
26 J.B. Duroselle, Histoire des relations, op. cit., p. 292.
27 Saint-Quentin est nommé ambassadeur de France à Rio. Il démissionne de ses fonctions en janvier 1943 et se rallie à Giraud puis au général de Gaulle. Cf. Bruno Dusaussoy, Le comte de Saint-Quentin : ambassadeur de France à Washington (février 1938-septembre 1940), mémoire de master 2 en histoire contemporaine, dirigé par Hélène Harter et soutenu à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne en septembre 2007.
28 Raoul de Roussy de Sales, L’Amérique en guerre : journal d’un Français aux États-Unis, Paris, La Jeune Parque, 1948, p. 134.
29 Ibid, p. 125.
30 Les difficultés rencontrées par les Américains lors du débarquement en Afrique du Nord en novembre 1942 en témoignent.
31 André Kaspi, Franklin Roosevelt, op. cit., p. 506.
32 Il est créé le 17 mai 1940 alors que la France rencontre de graves difficultés militaires.
33 J. -B. Duroselle, La France, op. cit., p. 159-160.
34 http ://fordham. edu/halsall/mod/roosevelt-arsenal. html ; référence du 3 février 2009.
35 FRUS, 1941, vol. 2, p. 573.
36 Ibid., p. 583.
37 A. Béziat, Franklin Roosevelt, op. cit., p. 219.
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