Les tentatives de médiations françaises dans les conflits suédo-polonais du xviie siècle : une diplomatie de la périphérie ?
p. 15-29
Texte intégral
1Contraint à chercher de nouveaux alliés par sa rivalité avec Charles Quint, François Ier ouvre des horizons inédits à la diplomatie française. La manifestation la plus fameuse en est l’alliance ottomane conclue en 1536. On ignore généralement qu’avec moins d’efficacité et de retentissement, le roi de France noue également des relations avec les Transylvains et les Hongrois, officiellement vassaux de la Porte, mais également avec les Polonais et les Scandinaves1. Ces différents acteurs font ainsi leur entrée dans le champ de la politique étrangère française. Nous les retrouvons au xviie siècle comme composantes de la « barrière de l’Est », expression qui recouvre les rapports politiques de la France avec les pays du nord et de l’est du continent. Ces puissances bornent l’horizon de la diplomatie française puisque Louis XIV n’entretient guère de relations régulières avec des États situés plus à l’est. En ce sens, elles peuvent être considérées comme périphériques, au sens de l’étymologie grecque « qui porte autour ». La notion de périphérie désigne une portion de l’espace, a priori lointaine, distincte d’une autre qui serait le centre, a priori plus proche. La dimension spatiale n’est cependant qu’un des aspects de la périphérie. Les historiens de l’économie, Fernand Braudel et Immanuel Wallerstein, ont montré notamment à travers l’étude de Venise et d’Anvers au xvie siècle, que le couple centre/périphérie résulte aussi de la mise en confrontation de deux ensembles présentant des inégalités de puissance, de capacité d’influence et de rayonnement2. Pour en rester dans le domaine des affaires étrangères, les uns disposent de moyens diplomatiques, militaires et financiers supérieurs aux seconds. C’est sur cette dimension du rapport centre/périphérie que nous voudrions surtout nous concentrer à travers l’évocation de l’attitude française face à trois conflits suédopolonais qui se déroulent entre les années 1620 et 1706.
LA TRÊVE D’ALTMARK ET L’ENTRÉE DE LA SUÈDE DANS LA GUERRE DE TRENTE ANS
2Au début du xviie siècle, la Pologne est un État incontournable dans l’équilibre géopolitique de l’Europe orientale. Les victoires remportées dans les décennies précédentes sur les Suédois et les Moscovites en font la principale puissance de la région3. Pour le gouvernement français, la Pologne borne l’espace européen dans le nord-est, puisque le roi de France n’a pas de représentation diplomatique permanente en Suède et n’entretient que de très rares relations avec la Russie. L’étendue de sa frontière avec l’Empire et son voisinage avec les états patrimoniaux de la maison d’Autriche, font de la Pologne une puissance recherchée par la France. Malgré le bref règne d’Henri de Valois (1573-1574), l’influence française à Varsovie cède face à celle des Habsbourg. L’un des moyens utilisés pour entretenir des contacts avec les rois de Pologne est de proposer, comme le fait Henri IV, une médiation dans les conflits récurrents opposant les Vasa de Varsovie à ceux de Stockholm4. L’antagonisme polono-suédois est un élément fondamental de la vie du nord-est de l’Europe au cours de la première moitié du xviie siècle. En plus d’une querelle dynastique5, il porte sur des questions territoriales, en particulier la lutte pour la riche province de Livonie. La solidarité catholique et la proximité géographique amènent le roi de Pologne Sigismond III (1587-1632) à se rapprocher des Habsbourg. Il épouse deux archiduchesses et accepte, en 1629, l’envoi par Vienne d’un contingent de 6 000 hommes qui servent en Prusse contre les Suédois6. Le conflit contre Gustave Adolphe promet de se prolonger, alors que le cours de la guerre de Trente Ans devient particulièrement favorable à l’empereur Ferdinand II. Ses troupes envahissent le Jutland danois, pendant qu’en Allemagne ses diplomates parviennent à imposer l’Édit de restitution qui marque, au-delà de la victoire du catholicisme, une nouvelle étape du renforcement de l’autorité de Vienne dans l’Empire7. C’est dans ce contexte que la diplomatie française connaît un singulier regain d’activité dans le Nord avec la mission d’Hercule de Charnacé. Ayant échoué à convaincre Christian IV de Danemark de poursuivre la guerre en Allemagne8, le diplomate arrive en Prusse orientale en juillet 1629 pour tenter une médiation entre Polonais et Suédois. Il organise d’abord une rencontre entre des délégations ennemies, puis effectue près de deux mois d’allers-retours entre les deux camps. Le médiateur parvient finalement à obtenir l’accord des parties pour la conclusion d’une trêve de six ans signée à Altmark le 27 septembre 1629. Elle permet aux Suédois de conserver la Livonie et une demi-douzaine de ports prussiens9. La cessation des hostilités suédo-polonaises n’est pourtant qu’une étape, car il faut encore convaincre le roi de Suède d’entrer en guerre en Allemagne. La question est abordée par Charnacé dès ses premières rencontres avec Gustave Adolphe, mais le diplomate n’obtient pas la moindre certitude à ce sujet, même si le principe d’un soutien financier français est acquis10. Charnacé doit se rendre en Suède pour y négocier une alliance offensive, sur la base d’un projet français prévoyant l’implication en Allemagne de 30 000 fantassins et 8 000 cavaliers contre le versement d’un subside annuel de 600 000 livres11. Les négociations traînent pendant plusieurs mois. Finalement, lorsque Gustave Adolphe débarque en Poméranie, le 26 juin 1630, aucun accord n’est encore trouvé. Ce n’est que six mois plus tard, le 23 janvier 1631, que le traité de Bärwalde scelle l’alliance franco-suédoise12.
3La négociation entamée en Prusse à l’été 1629, qui débouche deux ans plus tard sur la mise en action d’une alliance de revers, marque le premier succès d’importance de la diplomatie française dans cette région. Il est remarquable d’abord par l’enchaînement des étapes, une médiation de paix puis une alliance offensive sur un autre théâtre ; ensuite par les conditions de la trêve. Elles sont en effet très favorables aux Suédois qui conservent la Livonie, l’un des enjeux de la guerre, mais en plus procurent à Gustave Adolphe une source importante de revenus puisqu’il bénéficie du droit de lever un péage sur le trafic des ports prussiens. En quelque sorte, Charnacé est parvenu à faire financer par la Pologne une partie du coût de la guerre d’Allemagne13. Ces conditions sont d’autant plus avantageuses qu’en 1629 le roi de Suède n’est pas une situation militaire très confortable. Ses troupes sont en Prusse depuis trois années, les ressources de la province sont épuisées et les problèmes de ravitaillement commencent à apparaître14. Il signe par conséquent une trêve aux conditions flatteuses au regard de la réalité du rapport de forces, grâce au soutien de Charnacé.
4La trêve d’Altmark permet de s’interroger sur la convergence des intérêts qui sous-tend les rapports de la France avec les puissances de la périphérie européenne. Alors que l’alliance française s’offre à lui dès 1629, le roi de Suède émet pourtant des réserves qui tiennent en deux points. Il refuse d’abord de préciser les effectifs qu’il serait disposé à envoyer en Allemagne en échange des subsides français ; ensuite, il assure ne vouloir s’engager dans une guerre que pour la satisfaction des intérêts de sa propre couronne. Ces deux réserves marquent la limite de la convergence franco-suédoise. En d’autres termes, Gustave Adolphe refuse de faire la guerre en Allemagne pour animer une diversion permettant à Louis XIII, alors engagé en Italie du Nord, de parvenir à une paix avantageuse de son côté. Pourtant, le traité de Bärwalde prévoit non seulement le nombre de troupes que les Suédois devront engager, mais aussi un engagement à ne pas conclure de paix séparée. Ce changement s’explique par la vulnérabilité des Suédois aux promesses de subsides français. Lorsqu’ils débarquent en Allemagne, les Suédois réalisent qu’ils sont impliqués dans une guerre qu’ils n’ont pas les moyens de soutenir seuls, comme le reconnaît le chancelier Axel Oxenstierna % « Nous n’avons pas de moyens pour entretenir nos troupes [à part] leur intolérable pillage15. » Les versements de subsides durent toute la guerre et comblent les hiatus initiaux des intérêts suédois et français.
LA MÉDIATION FRANÇAISE DANS LA PREMIÈRE GUERRE DU NORD
5Dans le sillage d’une coopération initiale avec Gustave Adolphe, ce héros que Richelieu dut, selon les mots de l’écrivain Vincent Voiture, « chercher jusque sous le pôle […] dont le bruit a été entendu par tout le monde16 », l’alliance suédoise devient un élément primordial de la politique française en Allemagne. En 1648, les traités de Westphalie font de la Suède une puissance allemande grâce à ses acquisitions, principalement la Poméranie, dans le nord de l’Allemagne. Désormais, les Suédois disposent non seulement du droit de participer aux délibérations de la diète de Ratisbonne mais aussi, comme on le dit alors, « d’un pied en Allemagne » par lequel ils peuvent transporter des troupes pour, le cas échéant, peser directement sur le rapport de forces entre la France et l’empereur. Dès lors, la Suède n’est plus seulement une puissance périphérique, recluse au nord de la Baltique. Ses possessions allemandes lui confèrent les moyens d’exprimer sa puissance en dehors de la périphérie. C’est pourquoi elle est une alliée particulièrement intéressante pour la France. Pour être efficace du point de vue français, la Suède doit encore être libérée des conflits et des tensions l’opposant à ses voisins de l’espace baltique, en particulier la Pologne, autre allié potentiel du Roi Très Chrétien. Il faut également veiller à contenir les ambitions du gouvernement de Stockholm, afin d’équilibrer la puissance suédoise dans le nord-est de l’Europe. C’est pour cette raison, et pour poursuivre sa politique d’isolement de l’empereur, que la diplomatie française se montre particulièrement active à Varsovie à la fin de la guerre de Trente Ans.
6Mazarin, cherche à renforcer les liens avec la Pologne en négociant notamment le mariage du roi Ladislas IV avec Louise Marie de Gonzague-Nevers en 1645. L’objectif est de soustraire la Pologne à l’influence impériale, plus que d’en faire une alliée. Le cardinal fait de l’apaisement des tensions entre les branches de la famille Vasa le pivot de sa politique nordique17. L’objectif se décline en deux temps, d’abord maintenir ou, le cas échéant, rétablir la paix ; ensuite, dans l’idéal, lier entre elles les deux puissances. La réalité contraint le plus souvent à en demeurer à la première étape. Il faut agir en amont des conflits, par exemple lors des conférences de Lübeck de 1651-1653 qui permettent d’éviter une guerre entre la Suède et la Pologne, mais ne règlent rien sur le fond18. Les protestations du roi de Pologne Jean Casimir à la suite de l’avènement de Charles X en 1654, montrent que le dernier représentant de la branche aînée des Vasa n’a pas renoncé à ses prétentions à la couronne de Suède, et laisse présumer qu’il se prépare à passer à l’offensive19. Le nord-est de l’Europe semble alors à la veille d’un nouvel embrasement dont la scène principale risque d’être le territoire polonais. La menace est double, au sud où la révolte des Cosaques est soutenue par les Russes, au nord où les Suédois peuvent attaquer depuis la Poméranie et la Livonie. Le conflit qui s’annonce est directement contraire aux intérêts français, car il menace la Pologne au moment où Paris a besoin de paix dans le nord-est20. Au début de l’année 1655, Mazarin ordonne à l’ambassadeur français en Suède de travailler d’arrache-pied à calmer les humeurs belliqueuses de Charles X21. Mais à Stockholm, la décision d’attaquer est déjà prise. L’offensive suédoise de l’été 1655, couplée avec celle des Russes, constitue le fond dramatique de ce que l’historiographie polonaise nomme le « Déluge ». Dans ces conditions, le souhait de Mazarin de restaurer au plus vite une paix équilibrée en convainquant Charles X de Suède de modérer ses exigences semble bien illusoire22. En mars 1656, l’ambassadeur d’Avaugour reçoit une nouvelle instruction en ce sens avec, en plus, l’ordre de travailler à la conclusion d’une alliance avec Charles X qui serait le prélude à un rapprochement avec la Pologne. La finalité de ces démarches est clairement exposée % « Les deux couronnes [Suède et Pologne], unies et fortifiées des amis et alliés que l’une et l’autre ont dans l’Empire, peuvent faire un juste contrepoids aux desseins de l’empereur, et rompre les mesures qu’il commence de prendre au préjudice de la cause commune, qui en souffrirait beaucoup à la longue si l’on ne s’[y] opposât23. » Dans le même temps un agent français nommé Akakia est envoyé en Pologne pour convaincre son roi de rechercher la paix au plus vite24. La France, alors en guerre contre l’Espagne, a besoin de la vigilance de ses alliés potentiels pour veiller aux affaires allemandes et inquiéter Ferdinand III afin qu’il ne fournisse aucune assistance à son cousin de Madrid. Une nouvelle fois, sous couvert de veiller à la sauvegarde des libertés de l’Empire, il s’agit d’apaiser un conflit oriental pour permettre aux belligérants de tourner leur attention vers l’Allemagne.
7Les victoires suédoises placent Charles X en position de force. Il exige en effet comme préalable à toute discussion de paix que Jean Casimir de Pologne renonce à ses prétentions à la couronne de Suède ainsi qu’à la Livonie. Les Polonais, excédés par les prétentions des Suédois et les ravages de leur armée, entament des négociations avec les Russes au cours desquelles ils évoquent la possibilité d’élire comme successeur à la couronne de Pologne le tsar Alexis ou son fils. Cette solution bénéficie notamment du soutien de la noblesse de Lituanie et gagne des partisans à mesure des exactions suédoises25. Les chances de réussite de la diplomatie française paraissent dès lors fort minces. Pour faire écho aux efforts qu’il déploie auprès des Polonais, d’Avaugour fait appel à Antoine de Lumbres, jusque-là employé à Berlin26. Il réalise rapidement qu’il est porteur d’une médiation discréditée et peu pertinente, comme en témoigne le secrétaire de la reine de Pologne % « M. de Lumbres a été dans le désespoir à son arrivée ; tout le monde criait sur lui qu’il parlait de la paix et, sans la reine, on l’eût renvoyé sur le champ et refusé la médiation de la France comme trop intéressée dans la partie des Suédois », « il parlait de la paix ; et nos plus pacifiques voulaient la continuation de la guerre27. » La seule médiation envisageable pour les Polonais serait internationale avec des représentants de l’empereur, du roi de Danemark et des Provinces-Unies pour contrebalancer l’influence française28. L’internationalisation du conflit polonais avec l’entrée en guerre contre la Suède de la Russie en 1656 puis, l’année suivante, du Brandebourg, du Danemark et surtout de l’empereur, ruine les espoirs français d’une négociation rapide. Le mal est pourtant moindre qu’il n’y paraît car, d’une part, l’implication impériale est une nouvelle illustration de l’antagonisme commun de la France et de la Suède avec la cour de Vienne ; d’autre part, l’engagement pris par Ferdinand III peu avant sa mort aspire une partie des forces et surtout des finances impériales en Pologne, les détournant ainsi de l’Allemagne au moment où une nouvelle élection se prépare29. Fort de ses nouveaux alliés, Jean Casimir pose comme condition préalable à toute discussion % l’évacuation du territoire polonais par les Suédois. La médiation de paix française semble bel et bien être dans l’impasse. Cependant, la mauvaise volonté du nouvel empereur Léopold Ier, le comportement des troupes autrichiennes, l’hypothèse de voir un prince russe accéder à la couronne polonaise permet à la faction francophile de gagner de nouveaux soutiens30. La reine s’est affirmée pendant ces années difficiles pour la Pologne. La détermination qu’elle a montrée à combattre les Suédois lui vaut une influence grandissante. Elle fait également preuve de finesse diplomatique oscillant entre la médiation française et l’alliance autrichienne, en menaçant Vienne d’accepter les offices de Louis XIV pour obtenir davantage d’aide. Dans le même temps, elle donne des gages de bonne volonté à Lumbres, espérant que la pression française pourra infléchir Charles X. Après cinq années de guerre les deux parties aspirent à la paix. Les Suédois, qui doivent combattre du Danemark jusqu’aux provinces baltes en passant par la Poméranie, n’ont plus les moyens de tenir leurs positions en Pologne, alors que Jean Casimir, déçu par le manque d’entrain de ses alliés autrichiens et brandebourgeois, doit faire face à une nouvelle guerre avec la Russie. À l’automne 1659, des délégations suédoises et polonaises se rencontrent à Thorn. Pour des raisons pratiques le lieu de négociation est déplacé au couvent cistercien d’Oliva, près de Danzig au début de l’année 166031. Les difficultés sont de deux ordres. Les premières viennent de la volonté de Charles X d’acquérir de nouveaux territoires, les secondes de l’influence des alliés de la Pologne qui souhaitent voir perdurer la guerre. La mort du roi de Suède en février 1660 fait basculer le cours des négociations. La régence de Stockholm, désireuse de conclure la paix au plus vite, renonce aux exigences territoriales. Par ailleurs, Mazarin, qui est parvenu l’année précédente à conclure la paix avec l’Espagne, menace le Brandebourg et l’Autriche de déclencher une nouvelle guerre. Leurs attaques sur la Poméranie suédoise légitimeraient une intervention militaire directe, au nom de la garantie des traités de Westphalie. La paix d’Oliva est conclue le 3 mai 1660. Les Suédois n’y gagnent que la confirmation de ce qu’ils possèdent déjà, à savoir le renoncement de Jean Casimir à ses droits sur la couronne de Suède et la cession de la Livonie32. La paix d’Oliva et celle de Copenhague, signée un mois plus tard entre la Suède et le Danemark, sont les dernières grandes réalisations diplomatiques de Mazarin. Elles font de son royal filleul, qui en est le garant, l’arbitre des conflits du Nord-Est européen pour une vingtaine d’années.
8Durant cette période, Louis XIV conserve l’alliance suédoise, tout en soutenant un puissant parti français à Varsovie qui doit cependant s’incliner le plus souvent face à celui soutenu par l’empereur. Pourtant, à l’occasion de la guerre de Hollande (1672-1678), les principes de la barrière du nord-est semblent proches de se transformer en actes. Selon les termes de l’alliance conclue avec la France, les troupes suédoises pénètrent dans le nord de l’Allemagne en 1674 et attaquent le Brandebourg. L’année suivante, le traité secret de Jaworów conclu avec Jean III Sobieski, engage le roi de Pologne à entrer en guerre contre le Brandebourg. Stockholm et Varsovie ont le même ennemi désigné. Pour la première fois, la stratégie de l’alliance de revers suédo-polonaise paraît devenir une réalité. Mais le roi de Pologne a habilement conditionné sa déclaration de guerre au Brandebourg à la conclusion préalable de la paix avec les Ottomans. Le front méridional reste la priorité des Polonais. Ils y consacrent les moyens financiers et humains dont ils disposent tout en se ménageant les bonnes volontés de la cour de Vienne qui est, sur ce front, leur alliée naturelle33. Louis XIV doit se contenter de l’alliance suédoise qui, en l’occurrence, est plus un fardeau qu’un soutien. Les Suédois ont perdu leurs provinces d’Allemagne et dû repousser une offensive danoise sur leur propre sol. En 1679, les troupes françaises envahissent les possessions rhénanes de l’électeur de Brandebourg et le duché d’Oldenbourg, appartenant à Christian V de Danemark. Louis XIV contraint les deux princes à signer une paix quasiment blanche avec la Suède34. En l’occurrence, ce ne sont pas les démarches diplomatiques, mais la puissance militaire française qui impose un équilibre en Baltique plus conforme aux besoins de Louis XIV qu’à la réalité du rapport de forces entre pays de la région.
LES VAINES TENTATIVES DU DÉBUT DE LA GRANDE GUERRE DU NORD
9Le Nord connaît ensuite une vingtaine d’années de paix interrompue en février 1700, par l’attaque des troupes d’Auguste II, roi de Pologne, sur la Livonie suédoise. L’attaque est le signal d’une vaste offensive menée par une coalition constituée du roi de Danemark, du tsar de Russie et du roi de Pologne. Une nouvelle guerre éclate dans le Nord, alors que les puissances occidentales ont leur attention tournée vers Madrid où Charles II vit ses derniers mois. La révélation de son testament en novembre 1700 qui fait du duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, son héritier universel rend inévitable la guerre contre l’empereur. Il est temps, écrit le roi, de « faire des alliances capables de donner de justes inquiétudes à ce prince s’il fait quelque entreprise contraire à la paix35 ». Or, les possibilités sont singulièrement réduites car les Ottomans, en difficulté, viennent de signer la paix avec Léopold Ier à Carlowitz (1699). Ils sont d’autant moins disposés à reprendre les armes qu’ils mettent un terme l’année suivante à leur guerre contre la Russie.
10Reste donc pour la France, l’alliance de la Suède ou de la Pologne. Pour espérer disposer d’une alliance de revers efficace, Louis XIV reprend son rôle de médiateur-pacificateur dans les conflits périphériques de l’espace politique européen36. Toute la gageure consiste à rétablir la paix, et à la faire perdurer, entre des puissances qui ont des intérêts et des ambitions profondément antagonistes. Pour parachever l’édifice diplomatique, il faudra amener les rois de Suède et de Pologne à intervenir en Allemagne, espace qui, de leurs points de vue, constitue un champ d’action secondaire.
11Bien qu’acceptée formellement par les Suédois et les Polonais, la médiation française est absolument inopérante. Le roi de Suède Charles XII ne veut négocier avec son ennemi qu’une fois qu’il l’aura vaincu. De son côté, Auguste II a une attitude pour le moins ambiguë. Alors qu’il assure l’ambassadeur de Louis XIV de sa volonté de faire la paix, il négocie parallèlement une nouvelle alliance avec le tsar et se rapproche de l’empereur. Les bons offices sont inopérants. Les princes du Nord, susceptibles d’être des alliés de revers pour la France, consacrent leurs efforts à des enjeux purement baltiques qui sont insignifiants vus de Versailles. Par ailleurs, la conviction que Charles XII et Auguste II sont favorables à l’Angleterre et à l’empereur amène Louis XIV à reconsidérer complètement sa position vis-à-vis du conflit nordique à partir de 1701. La grande guerre du Nord occupe, dans des espaces périphériques, des troupes susceptibles de rejoindre le camp ennemi. La politique française dans le Nord à partir de cette époque, et pour plusieurs années, se trouve conditionnée par cette conviction. Il ne s’agit plus de tirer des avantages ni de Charles XII, ni d’Auguste II mais d’éviter que l’ennemi n’en profite. Comme précédemment au cours du xviie siècle, il faut bloquer des alliés potentiels de l’adversaire viennois en organisant une diversion sur ses arrières37. Les Français profitent de la guerre du Nord sans pouvoir véritablement influer sur son cours. L’évolution du conflit leur est d’ailleurs favorable, puisque Charles XII choisit d’entrer en Pologne, et non en Russie38. Or, l’essentiel des ressources permettant à Auguste II de soutenir son effort de guerre vient de son électorat saxon. Louis XIV est convaincu qu’après une courte campagne en Pologne, les troupes suédoises entreront en Allemagne. Ses diplomates doivent y travailler39, alors que le roi n’exclut pas de verser des subsides pour aider Charles XII à soutenir sa guerre polonaise et contrebalancer l’influence de la diplomatie anglaise. L’entrée des Suédois en Saxe constituerait une formidable diversion. La guerre du Nord, conflit périphérique, déborderait de son cadre géographique initial, pour venir créer un foyer de troubles au cœur même de l’Empire en mettant aux prises sur le sol allemand les armées suédoises et saxonnes. Il pourrait en résulter un conflit de grande ampleur impliquant l’empereur et les princes allemands. Ceux-ci, nécessairement vigilants, immobilisent déjà chez eux près de 30 000 soldats40. Ce sont autant de troupes qui ne combattent pas sur le front occidental contre l’armée de Louis XIV. La guerre du Nord affaiblit l’empereur « de l’intérieur » par la crainte de l’ouverture d’un conflit en Allemagne. Elle permet à la France de bénéficier des profits d’une alliance de revers sans en supporter les charges41. Le 22 août 1706 les troupes suédoises passent la frontière silésienne. Six jours plus tard, elles entrent en Saxe et permettent à Charles XII de dicter les conditions du traité d’Altranstädt (24 septembre 1706) qui scelle la défaite d’Auguste II42. Après une année de séjour en Saxe, l’armée suédoise sort de l’Empire, traverse la Pologne et entre en Russie. À mesure de sa progression vers Moscou puis vers l’Ukraine, elle sort de la périphérie et disparaît peu à peu de l’horizon diplomatique de Louis XIV.
L’ACTION DIPLOMATIQUE ET LA NOTION DE PÉRIPHÉRIE
12L’attitude de la diplomatie française dans les trois conflits polono-suédois que nous venons d’évoquer permet de dégager des pistes de réflexions autour de la notion de périphérie. Elle s’inscrit dans un territoire, celui au sein duquel chaque diplomatie projette son action. La périphérie est donc relative à la politique étrangère de chaque pays. On peut en saisir les délimitations en se penchant sur l’intensité des relations politiques particulières des États. Pour la France, une nette césure apparaît entre les pays dans lesquels le Roi Très Chrétien entretient une représentation diplomatique régulière et les autres. Ainsi, au cours du xviie siècle, alors des ambassadeurs sont régulièrement nommés à Stockholm ou à Varsovie, il n’y en a pas à Moscou43. À aucun moment du règne de Louis XIV n’est envisagée l’hypothèse d’une alliance de revers russe. Dans ces conditions, l’empire des tsars ne saurait être considéré comme une périphérie de la diplomatie française. En revanche, au siècle suivant Louis XV comme Louis XVI ont des ambassadeurs à Saint-Pétersbourg, montrant que la Russie a intégré l’horizon diplomatique de Versailles. La notion de périphérie est donc une notion dynamique. Si elle ne peut se définir uniquement par des critères spatiaux, elle comprend en tout cas les espaces les plus éloignés avec lesquels des relations régulières sont entretenues. Eu égard aux conditions techniques d’échanges, de communications et de transports propres à l’époque moderne, la distance séparant Versailles des puissances de la périphérie européenne est une donnée importante. Elle empêche, a priori, la France d’entrer en confrontation directe avec ces pays, et invite, en revanche, à un rapprochement contre un voisin commun, selon un principe énoncé par le diplomate Charles François d’Iberville % « Il convient toujours aux puissances qui occupent les deux extrémités, qui ne peuvent avoir aucun démêlé, de s’unir pour s’entre-secourir contre les puissances qui tiennent le milieu44. »
13À ce titre, l’espace est signifiant, car il introduit des dénivellations dans les objectifs de la politique extérieure qui permettent d’appréhender les finalités particulières d’une relation entre deux États.
14La notion de périphérie ne saurait toutefois être réduite à sa simple considération spatiale, car la nature des relations entre les puissances qui s’y trouvent et la France peut également être interprétée à partir du postulat d’une hiérarchie des priorités diplomatiques. En 1634, à la veille de l’entrée de la France dans la guerre de Trente Ans, Henri II de Rohan écrit % « Il faut poser pour fondement, qu’il y a deux puissances dans la Chrétienté, qui sont comme deux pôles, desquels descendent les influences de paix et de guerre sur les autres États, à savoir les maisons de France et d’Espagne45. » Au xviie siècle en effet, la politique étrangère française pivote autour de l’antagonisme avec la maison d’Autriche qui conditionne les relations avec les autres puissances européennes. C’est particulièrement vrai pour celles de la périphérie qui font fonction d’alliées de revers. Le profit de leur alliance se mesure à l’aune de leur capacité de nuisance, c’est-àdire de leur aptitude à peser sur le rapport de forces entre la France et sa rivale. Considérées depuis Versailles, les puissances de la périphérie doivent être instrumentalisées pour agir sur les arrières de l’empereur, afin d’entretenir des diversions au nord et à l’est alors que les armées françaises agissent à l’ouest. Il y a une subordination des rapports avec ces pays à l’état des relations avec la maison d’Autriche. En ce sens, les pays de la périphérie sont seconds, ce qui ne signifie pas qu’ils soient secondaires, et encore moins insignifiants.
15La posture de la diplomatie française dans cette région de l’Europe paraît peu évidente à tenir, car il faut concilier plusieurs paramètres % veiller à maintenir le potentiel militaire des puissances locales tout en s’assurant, autant que possible, qu’il ne servira ni à la maison d’Autriche, ni à combattre un voisin allié, et que, dans l’idéal, les troupes interviendront dans l’Empire. La première préoccupation est de conserver la paix dans l’espace périphérique. Du point de vue français, les guerres orientales sont le plus souvent des éléments perturbateurs, car ils détournent les alliés de revers du rôle qu’on aimerait leur faire tenir. Elles produisent plus rarement des diversions fortuites qui peuvent avoir une utilité. Nous avons vu qu’avec la trêve de 1629 ou la paix de 1660, il fallait libérer les Suédois de leur conflit oriental pour leur permettre de se consacrer aux affaires allemandes, et qu’entre 1701 et 1706, il fallait espérer que le centre de gravité de la guerre entre Charles XII et Auguste II se déplace vers l’Empire. Dans les deux cas, ce qui compte finalement ce n’est pas la localisation des belligérants mais leur aptitude à agir hors de l’espace périphérique. Dans tous les cas, les relations diplomatiques de la France avec les États de la barrière de l’Est sont toujours conditionnées par des enjeux qui ne se localisent pas dans l’espace périphérique. Pour la Suède, la Pologne, et l’on pourrait y ajouter l’Empire ottoman, leur territoire, leur population, les fondements de leur puissance se trouvent dans des régions qui n’ont pas d’enjeu pour la diplomatie française, mais qui sont primordiales pour les pays en question. Le défi de la politique française consiste à créer une compatibilité entre des puissances voisines de la périphérie européenne qui sont en rivalité, puis à les amener à s’impliquer en dehors de cet espace.
16Pour mener une politique efficace dans ces régions lointaines du nord et de l’est, les gouvernements français successifs ont dû développer une structure leur permettant de connaître et de comprendre les enjeux locaux. Il n’est pas surprenant de constater qu’au xviie siècle la France est le pays qui a le réseau diplomatique le plus important d’Europe46. Il faut aussi des moyens d’action et de pression dont le plus efficace, et par conséquent le plus fréquemment utilisé par la France auprès des gouvernements suédois et polonais, est la promesse, dans un premier temps, et le versement, ensuite, de subsides. Ils procurent les moyens de soutenir l’effort de guerre à des pays engagés dans des conflits contre des ennemis au poids démographique et à la puissance économique et militaire plus importante. Le versement de subsides est par exemple au cœur de la relation entre la France et la Suède au xviie et au xviiie siècle47. La coopération entre les deux pays s’ouvre avec le traité de Bärwalde en 1631, qui porte pour l’essentiel sur le versement de subsides. Tout au long de la guerre de Trente Ans, l’effort de guerre suédois est soutenu par l’argent français. En 1636, alors que Louis XIII est entré dans le conflit, le chancelier Oxenstierna, sous la menace de conclure une paix séparée, obtient un nouveau traité de subsides48. Considéré sur le long terme, la France trouve un double intérêt à l’existence d’un lien financier qui double une relation diplomatique comme l’indique sans détours Leibniz % « Il importe à la France que la Suède reste pauvre, cela lui est indispensable49. » Le premier intérêt est de permettre à l’allié d’entretenir et de mobiliser son armée, le second, qui n’est pas moindre, est de disposer d’un moyen de pression efficace. Le marquis de Pomponne, au retour de son ambassade en Suède, insiste sur la vulnérabilité de la diplomatie de Stockholm % « Les subsides font toujours de la part des Suédois le fondement de leurs alliances avec les puissances étrangères50. » Effectivement, en 1674, la régence de Suède dominée par le parti francophile s’engage dans la guerre contre le Brandebourg pour obtenir les subsides de Louis XIV51. De manière générale, les subsides sont un des instruments de la politique étrangère française. Leur efficacité est variable auprès des puissances périphériques. Importante en Suède, elle l’est moins en Pologne, que ce soit pour peser sur la vie politique intérieure en achetant le soutien des grands magnats et en finançant leur parti au moment des élections, ou que ce soit, ensuite, en promettant des subsides au roi pour lui donner davantage de liberté d’action, comme c’est le cas avec Auguste II52.
17La relation de la France avec les États du Nord-Est européen se caractérise par des flux financiers qui circulent toujours dans le même sens. Ils reflètent une différence de puissance qui se traduit en termes de capacités d’influence économique, militaire et diplomatique. Elle induit un rapport de forces inégal souligné par une autre acception de la notion de périphérie. Le modèle « centrepériphérie » est un concept qui postule l’ascendance, d’un sous-ensemble spatial sur un ou plusieurs autres. Il sert à caractériser l’existence d’un couple dissymétrique, d’une hiérarchie des territoires résultant d’une relation entre des pôles qui entretiennent des flux déséquilibrés53.
18C’est pour cette raison que la notion de périphérie semble plus riche que celle de marge, qui a un sens plus étroitement spatial et sous-entend une situation d’extériorité. L’étude des périphéries doit porter sur l’organisation territoriale, au moins autant que sur la distribution spatiale des acteurs et, en ce sens, elle est une des clés de la compréhension de l’histoire européenne.
Annexe. Périphérie et marge de la politique étrangère au début du xviiie siècle % l’illustration archivistique

* Nombre de volumes de la série Correspondance politique conservés aux archives du ministère des Affaires étrangères.
Notes de bas de page
1 Maciej. Serwanski, « La Pologne dans la rivalité entre la maison d’Autriche et la France (XVIe-XVIIIe siècles). Essai de synthèse », dans Marie-Louise Pelus-kaplan et Daniel Tollet, La Pologne et l’Europe occidentale du Moyen-Âge à nos jours, Poznan-Paris, Publications de l’Université Adam-Mickiewicz de Poznan, 2004, p. 44 ; Paul Douglas Lockhart, Denmark, 1513-1660. The Rise and Decline of a Renaissance Monarchy, Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 119 ; Sven Lundkvist, Gustav Vasa och Europa. Svensk handels och utrikespolitik (1534-1557), Uppsala, Studia Historica, Uppsaliensia II 1960, p. 203-206.
2 C’est aussi l’approche privilégiée par les géographes, voir Roger Brunet (dir.), articles « Centre », « Centre-périphérie » et « Périphérie », dans Les mots de la Géographie. Dictionnaire critique, Paris, Reclus - La Documentation française, 1992, p. 88-89 et p. 343.
3 Robert Frost, The Northern Wars. War, State and Society in Northeastern Europe (1558-1721), Harlow, 2000, p. 53-73.
4 Maciej Serwanski, « La place de la Pologne en Europe sur l’échiquier français au XVII e siècle », XVII e siècle, 1996, n° 190, p. 117.
5 Sigismond Vasa accède au trône de Suède à la mort de son père Jean III en 1592. Mais Sigismond, fils d’une Jagellon, est déjà roi de Pologne depuis 1587 et pratique ouvertement le catholicisme.
6 Michael Roberts, Gustavus Adolphus, Londres, Longman, 1992, p. 65.
7 Geoffrey Parker, La guerre de Trente Ans, Paris, Aubier, 1987, p. 167-169.
8 Paul Douglas Lockhart, Denmark in the Thirty Year’s War 1618-1648. King Christian IV and the Decline of the Oldenburg State, Susquehanna University Press, 1996, p. 204.
9 Ulf Sundberg, Svenska Freder och Stillestand, 1249-1814, Kristianstad, Arete, 1997, p. 235-237.
10 Lars Ericson « Det trettioårige kriget, Sverige och forskningen », dans Lars Ericson (éd.), Vägen till westfaliska freden. Sverige och trettioårige kriget, Falun, Historiska Media, 1998, p. 15.
11 Le diplomate dispose d’une marge de manœuvre étroite, il peut augmenter le subside à 700 000 livres et réduire le nombre de cavaliers à 6 000, Olivier Vigier, « L’influence politique du père Joseph. Négociations avec les princes d’Allemagne et la Suède », Revue des Questions Historiques, t. 6, 1891, p. 440.
12 Des extraits de ce traité se trouvent dans Jean BERENGER, Philippe LOUPÈS et Jean-Pierre KINTZ,
Guerre et paix dans l’Europe du XVIIe siècle, Paris, SEDES, 1991, p. 13-15
13 La taxe de 3,5 % sur le commerce des ports prussiens représente dans les meilleures années environ 13 % du coût d’entretien de l’armée suédoise d’Allemagne. En 1630, un accord de même nature est conclu avec Danzig. Wilhelm Tham, Den Svenska Utrikes Politikens Historia, I % 2, 1560-1648, Norstedts, Stockholm, 1960, p. 170, et David Kirby, The Baltic World, 1492-1772, New York, Longman, 1990, p. 176.
14 R. I. Frost, The Northern Wars. War, op. cit., p. 113.
15 Cité dans Eli Heckscher, An Economic History of Sweden, Havard University Press, 1963, p. 80.
16 « Lettre à Monsieur*** » 24 novembre 1636, dans Abdolonyme UBICINI (éd.), OEuvres de Voiture.
Lettres et poésie, t. 1, Paris, 1855, p. 274.
Marie LAURAIN-PORTEMER «Questions européennes et diplomatie mazarine », XVIIe siècle, janviermars
1990, n° 166, p. 23.
18 Daniel TOLLET «La Pologne au XVIIe siècle, une puissance en cours de marginalisation », XVIIe siècle,
janvier-mars 1990, n° 166, p. 78.
19 Anders Floren, Kungar och Krigare. Tre essäer om Karl X Gustav, Karl XI och Karl XII, Atlantis, Stockholm, 1992, p. 57.
20 Pour une étude générale de la diplomatie française dans ce conflit voir Maciej. Serwanski, « La politique de la France à l’égard de la Pologne pendant la seconde guerre du Nord (1655-1660) », dans Guerres et paix en Europe centrale aux époques moderne et contemporaine. Mélanges d’histoire des relations internationales offerts à Jean Bérenger, Daniel Tollet (dir.), Paris, Pups, 2003, p. 545-561.
21 « Appliquez-vous de toute la force de votre esprit à faire établir une bonne ligue entre la Pologne et la Suède, et de bien faire comprendre aux deux parties que personne se saurait intervenir en cette négociation avec un zèle plus sincère que le roi, ni plus désireux de leur commune satisfaction » Mazarin à d’Avaugour, le 15 janvier 1655, dans Lettres du cardinal Mazarin pendant son ministère, t. 6, Adolphe Cheruel (éd.), Paris, 1890, p. 424.
22 . «Travaillez de toutes vos forces pour l’ajustement des deux rois, dont l’un est victorieux et triomphant, à ce qu’on nous mande de tous côtés, et l’autre est malheureux […] Ne laissez pas de témoigner au roi de Suède que le roi prend toute la part à ses glorieux succès qu’il doit attendre d’un bon allié et parfait ami, qu’il lui en souhaite la sûreté et cet affermissement se trouverait bien mieux dans certaines bornes où il pourra se restreindre que dans le cours étendu des entreprises forts vastes, qui excitent des jalousies et font naître des traverses qui les interrompent quelquefois», Mazarin à d’Avaugour, 29 octobre 1655, cité dans Auguste Geffroy, Recueil des instructions aux ambassadeurs, Suède, Paris, Felix Alcan, 1885, p. XLVII.
23 Ibid., p. 16, Instructions au baron d’Avaugour, 17 mars 1656.
24 Instructions à Akakia, 18 mai 1656, Louis Farges, Recueil des instructions aux ambassadeurs, Pologne, Paris, Felix Alcan, 1888, p. 16-20.
25 D. Tollet, « La Pologne au XVII e siècle, une puissance en cours de marginalisation », art. cité, p. 79.
26 Lumbres ne reçoit pas d’instructions au sens propre mais une simple lettre en avril 1657 par laquelle Mazarin lui prescrit d’employer tous ses efforts en direction de reine de Pologne pour « la piquer de la gloire de donner la paix à tout le Nord qui sera peut-être suivie de celle de toute la Chrétienté », L. FARGES, Recueil des instructions…, Pologne, op. cit., p. 22. Sur l’ensemble de sa mission en Pologne, voir A.A.E., M.D., Pologne, vol. 3, «Relation de ce qui s’est passé durant l’ambassade du sieur de Lumbres, en Pologne, depuis le mois de juillet 1656, jusqu’au mois de juin 1665», et Relations de Lumbres Antoine ambassadeur en Pologne et en Allemagne touchant ses négociations et ambassades, Georges de Lhomel (éd.), Paris, Plon, 1912.
27 Lettres de Pierre des Noyers, secrétaire de la reine de Pologne pour servir à l’histoire de Pologne et de Suède de 1655 à 1659, E. Rykaczewski (éd.), Berlin, 1850, lettre LXX, 17 juillet 1656, p. 208, et lettre LXXI, 27 juillet 1656, p. 210.
28 Robert Frost, After the Deluge. Poland-Lithuania and the Second Northern War, 1655-1660, Cambridge, Cambridge University Press, 1993, p. 75.
29 Jean Berenger, Léopold I er (1640-1705). Fondateur de la puissance autrichienne, Paris, PUF, 2004, p. 221.
30 R. Frost, After the Deluge…, op. cit., p. 107 et 160.
31 Claes-Göran Isacson, Karl X Gustavs Krig. Fälttågen i Polen, Tyskland, Baltikum, Danmark och Sverige, 1655-1660, Lund, Historiska Media, 2002, p. 93-97.
32 U. Sundberg, Svenska Freder och Stillestand, op. cit., p. 279-282.
33 M. Serwanski, « La place de la Pologne en Europe sur l’échiquier français au XVIIe siècle », art. cité, p. 127, et Zbignew Woójcik, « From the Peace of Oliwa to the Truce of Bakhchusarai. International Relations in Eastern Europe, 1660-1681 », Acta Polonia Historica, n° 34, 1976, p. 270-271.
34 U. Sundberg, Svenska Freder och Stillestand, 1249-1814, op. cit., p. 294-297.
35 A. A. E., C. P., Suède, vol. 89, fol. 158, Louis XIV à Guiscard, 23 septembre 1700.
36 On trouve dans de nombreuses dépêches royales l’affirmation d’une volonté bien marquée de rétablir la paix. Par exemple, lorsque le roi écrit à son ambassadeur auprès de Charles XII % « Il est de mon service que la guerre avec le roi de Pologne soit au plus tôt terminée, et vous y donnerez tous vos soins. » Il insiste ensuite pour que la pacification ait pour base le traité d’Oliva. A. A. E., C. P., Suède, vol. 92, fol. 15, Louis XIV à Guiscard, 3 mars 1701.
37 C’est par exemple en jouant de la menace ottomane que Versailles bloquait la Pologne lorsque celle-ci se montrait trop favorable aux intérêts des Habsbourg. M. Serwanski, « La place de la Pologne en Europe sur l’échiquier français au XVII e siècle », art. cité, p. 121.
38 Göran Rystad, « Ryssland eller Polen ? Karl XII % s planer efter Dünaövergagen. Nagra Synpunkter », Scandia, 1961, p. 298-334.
39 « Vous ne pouvez dans la conjoncture présente me rendre de service plus utile que de suivre et d’exécuter les vues que vous avez d’engager le roi de Suède à porter ses armes en Saxe », A. A. E., C. P., Pologne, vol. 111, fol. 82, Louis XIV à du Héron, 5 juillet 1702.
40 A. A. E., C. P., Pologne, vol. 111, fol. 73, du Héron à Louis XIV, 9 juin 1702. En outre, Charles XII devrait fournir des troupes en sa qualité de duc de Poméranie.
41 « Si le roi de Suède persiste dans son dessein de continuer la guerre pour se venger du roi de Pologne, il produira le même effet qu’on pourrait attendre d’un traité. […] Les mouvements des troupes suédoises embarrasseront fort l’électeur de Brandebourg et les alliés de l’empereur en Allemagne », A. A. E., C. P., Suède, vol. 93, fol. 313, Louis XIV à Bonnac, 18 mai 1702.
42 H. Kretzschmar, « Der Friedensschluß von Altranstädt, 1706 », dans Um die polnische Krone, Sachsen und Polen während des Nordischen Krieges (1700-1721), Gierowski, J. (dir.), Berlin, Rütter & Loening, 1962, p. 161-183.
43 Voir annexe. Le diagramme est construit à partir de la numérotation des volumes de la série Correspondance Politique des archives du ministère des Affaires étrangères. Il permet d’établir une comparaison quantitative de la correspondance échangée aux XVIe et XVIIe siècles entre le gouvernement français et ses représentants français en Suède, en Pologne et en Russie.
44 A. A. E., C. P., Angleterre, vol. 291, fol. 119, Iberville à Huxelles, 1 er février 1717.
45 Henri de Rohan « De l’intérêt des princes et États de la chrétienté », Christian Lazzeri (éd.), Paris, PUF, 1995, p. 161-162.
46 Olivier Chaline, Le règne de Louis XIV, Paris, Flammarion, 2005, p. 216-217.
47 À la fin du XVIIIe siècle, considérant deux siècles de rapports franco-suédois, Jean Pellet de la Lozère, membre du comité de salut public écrit : « On a toujours regardé comme une suite du véritable système politique de la France, l’utilité et même la nécessité d’avoir une alliée dans le Nord, et cette alliée a presque toujours été la Suède, mais l’inégalité des ressources et des richesses des deux pays ne leur permettent pas de traiter également. La France est venue au secours de la Suède et celle-ci en a reçu des subsides presque jusqu’à nos jours », «Considérations sur le traité à conclure entre la France et la Suède », 1794, A.A.E., Acquisitions extraordinaires, vol. 169, fol. 34.
48 Il s’agit du traité de Wismar signé le 30 mars 1636. Michael Roberts, « Oxenstierna in Germany, 1633-1636 » dans Michael Roberts From Oxenstierna to Charles XII. Four Studies, Cambridge, Cambridge University Press, 1991, p. 46.
49 Gottfried Wilhelm von Leibniz, Projet de l’expédition d’Égypte, Paris, 1864, p. 232.
50 « Extrait du discours de M. de Pomponne de 1668 sur les intérêts politiques de la Suède », A. A. E., M. D., Suède, vol. 4, fol. 343.
51 Ulf Sundberg, Svenska Krig, 1521-1814, Lund, Hjalmarson & Högberg Bokförlag, 1998, p. 257.
52 Sur le rôle de l’argent dans la diplomatie française en Suède et en Pologne, voir Camille Georges Picavet, La diplomatie française au temps de Louis XIV, 1661-1715, Paris, Felix Alcan, 1930, p. 201-206.
53 Jean-Jacques Bavoux (dir.), Introduction à l’analyse spatiale, Paris, Armand Colin, 1998, p. 32.
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