Gérer les « Bâtiments civils » du port et arsenal de Brest au temps de la guerre d’Indépendance américaine
p. 363-376
Texte intégral
1À la fin de l’Ancien Régime, le rôle joué par le « Port et arsenal » de Brest dans la guerre d’Indépendance américaine pour la projection des forces du Roi Très Chrétien l’impose comme premier établissement militaro-industriel du Royaume1. Il ne s’agit pas ici de considérer l’arsenal sous l’angle naval mais plutôt sous celui de la gestion de ses équipements industriels, les « Bâtiments civils ». Honoré Sébastien Vial de Clairbois, académicien de Marine, ingénieur-constructeur et principal auteur des volumes Marine de l’Encyclopédie méthodique Marine, les définit ainsi :
« Dans la marine, l’usage est d’appeler bâtimens civils, par opposition à bâtimens de mer, les édifices qu’elle fait construire par terre, dans les arsenaux, pour des usages relatifs au service : l’école des gardes de la marine, le bagne, le magasin général, les corderies &c. sont des bâtimens civils2. »
2Cette direction de l’arsenal est relativement bien connue après 1800 lorsqu’elle prend le titre de « Travaux maritimes » sous Jean-Bernard Tarbé3. Avant l’arsenal du Premier Empire, peu d’éléments évidents permettent d’appréhender la manière dont est construit et entretenu un arsenal de Marine, et laissent ce service largement méconnu. Comment, et par qui, est gérée la structure industrielle de l’arsenal durant la guerre d’Indépendance américaine ? D’abord, la définition de la politique de construction et d’entretien de ces immeubles et équipements permet d’approcher leur administration. Les personnels qui y œuvrent comme leurs moyens sont un autre volet. Enfin, une typologie de ces travaux rend compte de cette activité.
L’administration des « Bâtiments civils » dans l’arsenal de Brest
Un système extraordinaire
3Ces équipements ont partagé le sort des Fortifications, et les ingénieurs du Roi en ont dirigé les travaux jusqu’à leur séparation d’avec ceux des Bâtiments civils. Suite aux conflits découlant de leur subordination à ceux du Génie, relevant du département de la Guerre depuis la décision de Choiseul en 1761, le duc de Choiseul-Praslin décide leur retour à celui de la Marine au 1er janvier 1769. Cette date peut être retenue comme celle de la naissance de ce service. Le maintien opérationnel dans les ports continue néanmoins à obéir à une forme extraordinaire, échappant aux trois détails de la direction générale de l’arsenal4 confiée à un officier de vaisseau, adjoint au commandant de la Marine. Les Bâtiments civils ne sont pas intégrés dans la nouvelle structure militaire de l’arsenal car ils sont indirectement liés aux opérations de la flotte. Les réformes successives soustraient ce service civil à l’autorité nouvelle des officiers de vaisseau. Pierre-Étienne Bourgeois de Boynes remarquait déjà qu’il ne pouvait l’intégrer à sa réforme. Antoine de Sartine, pourtant novateur dans bien des domaines de son département, maintient de fait le système antérieur.
L’élaboration du travail
4Chaque année l’ingénieur en chef établit un avant-projet des travaux à exécuter et des dépenses à faire au port.
Fig. 1. – Budget annuel reconstitué des Bâtiments civils de l’Arsenal de Brest (1774-1789).

Réalisation de O. Corre.
5Il est ensuite proposé comme projet, comme l’est par exemple celui du 4 octobre 1780. En 1781, il se monte ainsi à 335 809 lt.5. Il comprend six articles. Le premier pour continuer l’établissement d’un hôpital des convalescents à Pontanézen monte à 210 916 lt., pour quatre salles, six latrines, un chemin, le mur de clôture. Le deuxième, pour réunir une source distante de 1 000 toises de la ville à celle du bagne, fait 30 000 lt. Un hangar à faire derrière la boulangerie neuve des Vivres forme le troisième pour 9 892 lt. Le quatrième, pour continuer la réparation des quais, est de 25 000 lt. Alors que le cinquième, l’entretien de tous les bâtiments de l’arsenal, s’élève à 50 000 lt. Le dernier article, pour continuer l’entretien de l’hôpital des convalescents à Landerneau et y mener une conduite d’eau, est estimé à 10 000 lt. Après la guerre d’Indépendance américaine, la distribution des dépenses des Bâtiments civils forme deux chapitres. Le premier, pour les fonds ordinaires, comprend « l’entretien ordinaire et journalier du port comme casernes, corps de garde, bagne, hôpitaux, magasins, ateliers, maison royale (maçonnerie, charpente, entretien des magasins et boulangeries des Vivres de la Marine, batteries de la Rade) ». Le second, pour les fonds extraordinaires, porte sur les nouvelles constructions, établissements de quais, formes, forges, quais et murs, dépenses de fonctionnement et d’investissement, dirions-nous. Reste, enfin, à organiser l’attribution des travaux. Le 5 avril 1777, l’intendant fait connaître par voie d’affiche imprimée le marché des Bâtiments civils pour le 14 juillet,
« en présence du Conseil de Marine à l’adjudication au rabais des divers ouvrages de la maçonnerie, & autres à exécuter pendant le cours de six années, à commencer du premier Janvier 1778, pour l’entretien ordinaire des Bâtimens civils du Port de Brest, conformément aux clauses & conditions énoncées au Devis arrêté par l’ingénieur en chef6 ».
6Pour pouvoir participer, le candidat doit s’inscrire avant le dernier jour de juin au contrôle de la Marine où le devis de l’ingénieur en chef lui est remis. Le participant doit faire connaître sa résidence et sa caution. En pratique, de telles sommes ne peuvent être approuvées par le Conseil de marine qu’avec l’accord a posteriori du ministre7. Le maréchal de Castries observe ainsi à Marc Blondeau, ingénieur en chef des Bâtiments civils au port et arsenal de Brest, le 2 août 1783 : « J’ai remarqué dans le Traité des Entrepreneurs des Bâtimens civils, des différences si frappantes entre les prix qui y sont stipulés et ceux du marché de 1767, que je n’ai pas cru devoir l’approuver avant d’avoir reçu de vous de nouveaux détails8. » Le 29 mars, il demande à Louis-Antoine Langristin, l’ordonnateur, de trouver d’autres entrepreneurs. Le marché est alors renvoyé par Joseph Mercier, un commissaire chargé du détail de l’intendance, pour le diminuer de 10 % à compter du 1er janvier 1784, ce qui permet au secrétaire d’État de l’adopter jusqu’au terme du 31 décembre 17869. Jusqu’en 1784, l’entrepreneur fournissait entièrement les matériaux ou la Marine ne lui payait que la façon si le port les lui fournissait10. D’importants travaux de construction peuvent excéder le projet annuel habituel. Le 15 septembre 1787 était prévu l’établissement des deux ailes projetées pour agrandir la caserne des marins. Celles-ci sont remises à l’année suivante, avec l’accord de l’entrepreneur par lettre du 26 juillet 178811. Le 22 septembre suivant, Blondeau prévoit 292 000 lt. pour la reconstruction des forges de construction à Pontaniou. Des adjudications particulières sont alors possibles pour ces travaux12.
Qui construit et répare les Bâtiments civils ?
La direction du service
L’intendant de Marine
7Le personnel de la Marine chargé de ce site industriel apparaît très peu nombreux. L’intendant de Marine conserve la main sur ce service, en dépit de la militarisation des arsenaux engagée avec les ordonnances de Sartine (1776), et ce essentiellement, semble-t-il, parce qu’il ne s’agit pas d’une fonction militaire et qu’elle échappe donc à l’autorité du commandant de la Marine : « Ce sont les intendans qui ordonnent de tout ce qui a rapport aux travaux à faire aux bâtimens civils, & les travaux qui les concernent sont conduits par des ingénieurs de Marine sous leurs ordres, appelés ingénieurs des bâtimens civils par opposition à ingénieurs constructeurs13. » On est face à un statu quo ante, mais tempéré par la présence d’officiers militaires dans le cadre du Conseil de marine assemblé :
« Il [l’intendant] continuera d’ordonner des dépenses, ouvrages et réparations des quais, cales, formes, batteries du port & de la rade, & bâtimens civils appartenans au roi : entend toutefois sa majesté, que les plans & devis appréciés desdits ouvrages, qui auront été dressés en conséquence de ses ordres, par l’ingénieur de la marine en chef dans cette partie, soient examinés au conseil de marine, qui donnera son avis sur iceu14. »
8Une commission est nommée mensuellement pour inspecter les Bâtiments civils15.
Les ingénieurs des ouvrages des ports et arsenaux de la Marine
9Seuls cadres permanents, les « ingénieurs des ouvrages des ports et arsenaux de la Marine », ne sont pas militaires mais personnels civils de la Marine. À la veille de la guerre, Sartine les assimile aux grades des ingénieurs-constructeurs. Leur petit uniforme, depuis 1775, est un habit de drap gris de fer avec parements et collet de velours noir, veste et culotte de drap écarlate. Leur nombre établit assez leur rareté : deux à Brest et deux à Lorient en 1777 pour la Bretagne16. Le premier, Antoine Choquet de Lindu (1712-1790), est l’architecte du port. La trajectoire de ce Brestois est originale. Second fils d’un commissaire des poudres, il entre d’abord dans l’administration du port, puis en 1743 passe sous-ingénieur, avant de succéder à Joseph Louis Ollivier comme ingénieur en chef, trois ans plus tard, sous Amédée-François Frézier. Ingénieur du roi et capitaine réformé, il est cassé du Génie, puis réintégré comme ingénieur en chef de la Marine17, en octobre 1767, avec le grade de capitaine de brûlot rétroactivement au 1er avril. L’année suivante, il intègre les Bâtiments civils, créés par séparation des Fortifications. Traiter du port de Brest revient largement à évoquer ses plans. Ses travaux forment l’essentiel de l’arsenal, reconstruit après les incendies de 1742 et 1744, les deux tiers des constructions, selon le comte d’Hector, commandant de la Marine. Certaines confinent, écrit-il, au génie. Ses chefs-d’œuvre sont les formes de Pontaniou, qu’il termine à la suite de Blaise Joseph Ollivier (1757), et le bagne (1759) dont il publie également les plans – ce qui est original pour une prison18 ! Membre ordinaire de l’Académie royale de Marine depuis 1769, il en est l’un des plus anciens permanents. Retraité le 12 janvier 1782, après cinquante ans de service, avec 4 000 lt. de pension, il ne parvient pas à quitter son grand œuvre. Il consacre l’année 1783 à l’établissement d’une digue factice au Relecq pour y conserver les mâts, peut-être avec son fils. Aussi, à la suggestion de l’intendant de Marine Arnaud de Laporte, le comte d’Estaing lui remet la croix de Saint-Louis en septembre 1785. Il décède à Brest le 7 octobre 1790.
10Le second, à la carrière plus ordinaire, offre à voir la formation savante et technique de ces spécialistes. Il reste aujourd’hui méconnu, confondu avec l’académicien, son homonyme19. Marc Blondeau signe « de Blondeau ». Né à Paris en 1722, il a comme protecteur le duc de Noailles (1678-1766). Il commence en effet une carrière militaire à 20 ans, comme volontaire dans le régiment Noailles-Infanterie. Il est successivement prisonnier, blessé à l’œil et au côté gauche, aide de camp du maréchal duc de Noailles à Lawfeld. En 1748, lieutenant-colonel inspecteur des garde-côtes de l’Aunis, il se rapproche de la mer. Deux ans plus tard, il intègre la Marine comme sous-ingénieur surnuméraire ad honores au port de Rochefort. Il y est breveté en 1750, sous les ordres de l’intendant Sébastien-François Lenormant Demesi et de son chef. Le 24 février 1755, il passe aux Écoles du Génie à Paris, pour faire ses cours de mathématiques. Il « a ensuite fait un cours de physique expérimentale chez l’abbé Nolet20 ». Probablement cet enseignement a-t-il lieu au Collège de Navarre où Jean Antoine Nollet (1700-1770), physicien de premier ordre, assistant de Réaumur, l’avait créé. En 1758, ayant satisfait à ses examens, Blondeau passe ingénieur ordinaire à Rochefort, où il sert jusqu’au 7 mai 1761. Du 1er juillet 1758, il travaille pendant six mois, « jour et nuit » selon lui, pour le duc de Noailles, à faire toutes les cartes des côtes de Bretagne et de Normandie. Il est chargé en chef des Bâtiments civils au Havre de Grâce, le 7 mai 1761. Le 15 avril 1762, il est placé ingénieur ordinaire à la suite du Corps royal du Génie. Le 21 mars 1768, il passe à Brest comme ingénieur ordinaire de la Marine21. Le 12 janvier 1782, une commission le fait ingénieur en chef à la place de Choquet de Lindu à Brest22. Il signe un plan du bagne en 1783 pour proposer de nouveaux aménagements intérieurs, réalise les plans de la serrurerie de l’arsenal – avec façade à pilastres et entablements doriques – et ceux de la nouvelle Madelaine (maison de force des femmes). Pourtant, en dépit de son expérience et de sa formation, il ne parvient pas à s’imposer entre l’omniprésent Choquet de Lindu et l’immense Antoine Groignard, ingénieur général de la Marine, venu à Brest construire le nouveau bassin. Blondeau quitte le service le 1er octobre 1792, se plaignant d’un traitement annuel inférieur de 400 lt. à celui de Choquet de Lindu. Il s’éteint dans ce port en l’an VIII (1799).
11Les fonctions d’ingénieur des ouvrages sont réservées aux familles des titulaires, par survivance autant que par népotisme familial, selon une tradition remontant au maréchal d’Asfeld, directeur général des Fortifications à partir de 1718. Si, dès 1741, ses membres sont admis à l’école de Duhamel du Monceau, à Paris, le « Règlement concernant l’École des Élèves-ingénieurs-constructeurs & les Élèves-ingénieurs des Bâtimens civils de la Marine » leur en fait obligation (1er avril 1748). Suivre le cours général et en réussir les examens est obligatoire pour être employé dans les ports23. L’influence familiale est bornée par les talents24. Sur les états des ingénieurs des Bâtiments civils brestois est porté un des frères Ozanne, employé à Versailles25. Le port joue également le rôle d’école d’application pour quelques jeunes élèves-ingénieurs. Ainsi, en est-il de l’un des neveux de Choquet de Lindu, Bigonnez, fils du trésorier principal de l’Artillerie et du Génie26. Au 1er mai 1778, l’élève Geoffroy cadet, nommé sous-ingénieur des Ouvrages et Bâtiments des Ports et arsenaux, reçoit ordre de servir à Brest27. Tous les deux servent au même grade au début de la Révolution28. Victor-Antoine Choquet de Lindu fils entre quant à lui dans la carrière quand son père y est encore, et d’élève-ingénieur il devient sous-ingénieur des Bâtiments et ouvrages de la Marine le 1er février 177829. Il quitte Brest pour Rochefort le 19 septembre 1784, après la retraite de son père, et décède deux ans plus tard (18 septembre 1786).
12Les Bâtiments civils fonctionnent principalement comme un cabinet d’architecte et un bureau d’études techniques pour le suivi des constructions d’immeubles et de leur réparation. Ses ingénieurs n’ont pas de corps d’exécution sous leurs ordres, seulement quelques subalternes. Ainsi, le service emploie les talents de personnes habiles pour tracer les plans. Choquet prend Jean-Nicolas Trouille, « pour lors soldat de Marine », comme dessinateur à son service pour 1 200 lt. d’appointements, en 177730. En 1781, le Conseil de marine propose d’entretenir à 1 500 lt. un dessinateur au port de Brest « tant pour l’exécution des différens modèles dont on a journellement besoin que pour d’autres objets31. » C’est l’entrée pour Trouille dans une carrière remarquable. Parmi les dépenses de fonctionnement, dans les « sommes accordées aux Bureaux du Port de Brest à compter du 1er janvier 1777 pour fournitures de bureau », le Bureau des ingénieurs des Bâtiments civils (9e état) est doté de 775 lt. en temps de paix comme de guerre (sur 7 856 lt. pour le port en temps de paix au total), soit environ 10 %. « Le bureau de MM. les ingénieurs des bâtimens civils a un gardien attitré comme les autres salles de l’arsenal32. » Chacun des deux ingénieurs, Blondeau, comme Lindu, a un canot à disposition pour ses déplacements entre les rives de La Penfeld (avec deux canotiers par unité)33.
L’entrepreneur des Bâtiments civils
13En pratique, les travaux de Brest sont adjugés par l’État à l’entreprise privée, ce qui est exceptionnel dans les arsenaux de Marine et pour ces montants. La même manière est observée à Toulon34. Depuis 1767, à Brest, ce marché est attribué aux « Sieur Malmanche et ses associés [Dagorne et Noyer] », entrepreneur des Bâtiments civils de l’arsenal35. Homme-orchestre et prête-nom de la société, Pierre Malmanche est né dans le diocèse de Poitiers en 1716 à Saint-Médard de Verteuil. Installé à Brest vers 1743, il y travaille un an, et pour 1 000 lt., comme conducteur d’ouvrages au service du Roi (1er juin 1743-30 mai 1744). En 1749, il établit un devis pour la reconstruction d’un monastère, activité récurrente pour lui, et s’exerce à la réparation d’églises en Basse-Bretagne. Preuve de son intégration à la société locale, il épouse la fille d’un défunt chirurgien entretenu de la Marine. En 1766, sous la direction de Choquet de Lindu, il construit le théâtre de la Marine, son œuvre maîtresse. Qualifié dès lors d’« entrepreneur des Bâtiments civils », il se rend indispensable. Ainsi, la Marine n’ayant pu le payer en 1774, il réclame un acompte sur les 332 501 lt. qu’il dit lui être dû36. Menacé de saisie, il obtient un arrêt de surséance aux poursuites « pendant le terme de six mois » en janvier 177537. Il meurt à Brest, le 15 décembre 1788, à 73 ans38. Quant à ses associés, ils sont depuis plusieurs générations dans la même activité. La famille Dagorne a donné plusieurs entrepreneurs des Bâtiments du roi à Brest – Jacques, Laurent-Lucien et Jacques Vincent – du milieu du siècle jusqu’en 180739. Les Noyer se sont établis à Brest vers 1709, avec Jacques (vers 1695-1756), né à Angers, devenu entrepreneur des ouvrages du roi, adjudicataire des travaux de fortification en 1743-174440. Jacques Michel (1728-1790), son fils, est « entrepreneur des Bâtimens civils en ce port ». Preuve de son élévation aux élites secondes, le 9 avril 1782, en l’église Saint-Louis, sa fille mineure, Marie-Françoise (1759-1824) épouse Louis Branda (1749-1831), négociant, fils de négociant et conseiller communautaire41.
Les corps d’exécution des Bâtiments civils
Les mains-d’œuvre de l’arsenal
14Les bagnards sont une ressource habituelle, comme pour la construction des formes. En octobre 1773, pour l’établissement de 30 cales, 600 forçats sont employés « à prix faits », soit la moitié de l’effectif. L’« ingénieur donne le cubage des masses, l’entrepreneur payant les déblais42. » Ils sont aussi employés à l’excavation de la montagne de Pontaniou en 177543. De même, est « établi un piqueur et une escouade de forçats pour l’entretien du nouveau bassin44. » En 1788, il est fait mention de dix couples de bagnards au pavage du port45. Il a bien existé dans l’arsenal un atelier extraordinaire – non-permanent – dépendant des Bâtiments civils (et exceptionnellement homonyme en août 177646). Il prend différentes dénominations de mars 1774 à octobre 1776. En juin 1774, ses ouvriers sont « employés à l’escarpement du rocher, tant à la montagne de Bordenave qu’à celle du bout des trois formes de Pontaniou47. » Dénommé, en mars 1775, « atelier des fortifications maritimes », il est une conséquence des grands travaux de fortification de Brest. Suite au bastionnement de Quéliverzan et du Bouguen, il est décidé de détruire la Tour noire, à l’arrière-garde du port, et d’établir un quai dans cette partie encore inutilisée de la rive droite de la Penfeld. D’après les noms sur ces « cazernets », cet atelier de l’Excavation ou des Fortifications maritimes emploie des ouvriers payés « à la journée48 ». En mai 1774, ce sont quatre mineurs, trois chaloupiers et un gardien d’outils. Mais également, « les mineurs et chaloupiers qui ont travaillé à la montagne de Pontaniou et à celle de Bordenave », aussi est-il épisodiquement dédoublé en un atelier extraordinaire « des chaloupiers pour Bordenave ». En mai 1776, l’« escarpement de Pontaniou et Bordenave » occupe cinq contres-maîtres et mineurs, et six chaloupiers aux noms bas-bretons, donc locaux. En septembre suivant, il s’étend à « l’arasement de la montagne de la Tour noire et [à] la fondation du mur de clôture », avant « l’excavation de la montagne derrière les hangards de la tonnellerie » en novembre. En 1777, cet atelier est remplacé par une compagnie de mineurs, mise à disposition de l’arsenal par le département de la Guerre, pour les travaux à effectuer à l’emplacement des nouvelles forges49. L’armée affecte ensuite la compagnie de Catelan – des mineurs – pour remplacer les bagnards au creusement de la montagne de Keravel50. Un sondage dans les archives de la fin du règne, révèle que des ateliers extraordinaires apparaissent pour des travaux ponctuels après 1786.
Les ouvriers de l’entrepreneur
15Il ne subsiste plus a priori aucun « cazernet » pour un atelier à l’entreprise, ce qui ne signifie pas qu’ils n’aient pas existé. L’effectif des ouvriers concernés est sans doute faible, puisque le commandant observe qu’il est souvent demandé aux charpentiers du port de tenir la main aux réparations. Les entrepreneurs n’en veulent pas car ce n’est pas « fixe » – pas prévu dans le marché – et que les soldes des ouvriers pour les occasions extraordinaires et imprévues les gêneraient51. Ainsi, des menuisiers de l’arsenal sont employés « à l’entretien » des salles des gardes, de l’hôpital de Recouvrance, des Vivres de la Marine, et de l’hôtel du commandant52. Six maçons, payés « à la journée », travaillant dans l’atelier du magasin général en juillet 1778, attirent l’attention53. Il faut avancer la coexistence de deux statuts ; des ouvriers d’autres ateliers prêtés par l’arsenal en plus de ceux employés par l’entrepreneur. Ces derniers paraissent néanmoins bénéficier du système de pension des ouvriers classés sur les Invalides de la Marine. Sartine répond à Laporte :
« Sur le compte que vous m’avéz rendû, Monsieur, que le nommé Nedellec qui travaille depuis 30 ans de son métier de couvreur aux Ouvrages des Bâtimens civils, est tombé le 22 janvier dernier du toit de la manufacture des toiles à voiles et qu’il est estropié de façon qu’il ne peut plus gagner sa vie, je luy ai procûré une demi-solde de 8 [lt.] par mois54. »
16Pour l’essentiel, ces derniers doivent appartenir à des professions non-classées : maçons, couvreurs, mineurs, plombiers, vitriers. À la demande de l’intendant Guillot, par sa lettre du 25 mars, sur la « nécessité de réunir le plus tôt possible une centaine de bons maçons à Brest pour y être employés tant aux ouvrages du Bassin de Brest, qu’à ceux qui [s’] exécutent à l’hôpital de Pontanézen », il est demandé 36 maçons aux trois intendants normands, à 6 sols de conduite par jour55. Un règlement sur la lutte contre les incendies dans l’arsenal permet de découvrir d’autres métiers : un contremaître des Bâtiments civils, un fontainier chargé de la gestion des conduites des canalisations d’eau, un maître-couvreur et ses ouvriers, ou encore des ramoneurs56.
De quels matériels disposent les Bâtiments civils ?
17Ils disposent d’un feu de forge à leur usage, près de la grille du bagne (ce qui explique qu’ils aient une autorisation à entretenir un feu dans l’arsenal)57. Pour le reste, il s’agit de petit outillage, le déroctage même s’effectuant manuellement sans recours à des explosifs. Pour l’essentiel, ces outils sont semblables à ceux pouvant être trouvés dans le magasin général. Ils consistent pour le plus spécifique en « barres à mine, pesant 26 livres », payées « 35 livres les 100 » et utilisées « pour les excavations », en « pics à rocs à 2 livres 10 sous chaque » « pour les déblais », en « des pics à hoyaux à 3 livres chaque », les deux tirés « de Brest ». « Des paniers de verre, à 49 livres chaque », de Rouen, sont également utilisés « pour les fenêtres de tous les bâtimens & magasins du port ». De manière moins exclusive, on trouve aussi les « manches d’outils en bûches de buis ou de houx » « des environs de Brest », des « pelles de bois ordinaire ou en bois ferré, à 16 sous ou à 1 livre 16 sous […] se font dans le port […] pour divers usages », et enfin des « ramasses à 7 livres chaque » servent comme « outil pour mortier58 ». Deux échelles au moins existent dans chaque atelier pour atteindre les toits. Des chaloupes, encore, sont utilisées pour le transport. Des importations sont spécifiques. En plus des nombreux fours à chaux de la rade59, les maçonneries au contact de l’eau nécessitent l’importation de pouzzolane italienne en barriques60. Des marchés existent pour des briques, des ardoises ou des vitres61. D’autres, y compris internes, sont passés pour la fourniture de pièces particulières comme le dévoile le ministre, au sujet du maître-serrurier du port : « Le S[ieu]r Bruslé m’a informé de son arrivée à Brest ; vous savez qu’il désire l’entreprise des serrures pour les partie[s] des Bâtiments civils62. » En 1774, un marché spécifique est passé pour l’entreprise des demi-formes ou cales couvertes63. Dans le rapport des marchés présentés le 28 avril 1783 au Conseil de marine du port figure, au titre des Bâtiments civils, le bail d’une maison à Landerneau64.
Fig. 2. – Planning reconstitué des travaux des Bâtiments civils de l’arsenal de Brest (1775-1783).

Réalisation de O. Corre.
Pour quels travaux ?
18Une publication ultérieure sera nécessaire pour analyser les fastidieuses opérations de Génie civil dans le port, et les opérations immobilières de la période. Ici, un premier bilan peut être avancé à partir d’une typologie.
19Il en ressort que la guerre permet peu de modifications dans l’espace base, les opérations navales sollicitant intensément les infrastructures du port. Surtout, l’arsenal y est largement adapté : construit pour cela, il est neuf en grande partie. On peut distinguer deux types d’opérations des Bâtiments civils.
Les réparations
20C’est un travail modeste et quotidien, en rien spectaculaire. Apparemment secondaires, elles sont continuelles. Ainsi, la réparation des toitures est récurrente tout comme celle des planchers à l’image de ceux du bagne. En 1781, les poudrières vidées permettent la réparation des lambourdes. Leur importance ne tient pas à leur nature mais au format de l’arsenal, premier site industriel français (4,5 km de façades, quatre bassins de radoubs, des cales de construction, de nombreux feux de forges, des grues, etc.). S’y ajoute une fonction d’entrepôt (artillerie, matériels, vivres, navals stores comme les bois de construction ou les mâts). Avec leur usage intensif, l’usure des équipements devient évidente : quais menaçant d’effondrement au passage des tombereaux ou sous le poids des canons entreposés par exemple.
Les constructions nouvelles
21Les rares constructions neuves doivent répondre à des besoins incontournables de la base navale, à des fonctions manquantes, ou à la correction de défauts dans les établissements existants. L’insuffisance des fonds ne permet pas la réalisation des autres projets. Pour étendre l’arsenal, le creusement des montagnes alentour est entrepris autour des cales de Bordenave, des bassins de Pontaniou, et une cour derrière le magasin général est gagnée sur la montagne de Keravel. La montée en charge liée à la guerre d’Indépendance américaine nécessite d’étendre la surface des ateliers, illustrant le manque de place dans la fonction d’entrepôt. Ainsi, le 5 octobre 1780, Blondeau établit les « Projets estimatifs d’un hangard fermé pour contenir 24 métiers de supplément à la manufacture des toiles à voiles » pour 4 555 lt. 12 s.65. Avant-guerre, le mur de clôture de l’arsenal est reconnu utile par le comte de Langeron, commandant la place, essentiellement pour des raisons de protection contre le vol de matières mais également pour contrôler les accès. En 1776, Choquet de Lindu en dresse le plan à la demande de Sartine66. Son édification se poursuit sur plusieurs années pour des sommes considérables (55 109 lt. en 1777). Une autre nécessité incontournable, la question sanitaire, est rendue plus accrue par l’incendie de l’hôpital de la Marine, le 23 novembre 1776, puis par l’épidémie de 1779. Cela impose des aménagements comme la transformation d’une partie de l’étage de la manufacture des toiles pour les gardes de la Marine évacués du séminaire nouvellement dévolu à une fonction hospitalière. Cinq longues baraques de bois sont établies dans le jardin de l’ancien séminaire pour abriter les malades. Retour de flottes, épidémie, stationnement d’une force de couverture, nécessitent un réseau d’hôpitaux extérieurs avec leur distribution d’eau et leurs chemins : « Tous ces différens établissements d’hôpitaux ont pour le moins coûté autant que la dépense qu’on auroit fait en faisant un hôpital voûté67. » La carence principale de l’établissement brestois est toujours la fonderie de canons. Si les forges sont nombreuses, elles sont vieillissantes et nécessitent un important entretien. Le port se contente de faire détruire la vieille forge, mais ne relève la clouterie et les grandes forges qu’après la guerre. Blondeau établit une serrurerie en 1783. Ces réponses ne permettent pas de doter l’arsenal d’une fonderie de canons et il reste dépendant de l’extérieur. Tout au mieux, à la veille du conflit américain, les innovations dans cette partie consistent en établissements extérieurs à l’arsenal à La Villeneuve et à Indret. Les bassins font quant à eux l’objet d’une mise à niveau importante : creusement pour des vaisseaux de fort tonnage, nouvelle porte étanche, couverture de formes, et extension de la zone de manutention alentour68. En 1783, le « bassin toutes marées » de Brest est réalisé par Groignard qui fait creuser l’ancien de cinq pieds, et installer puisards et pompes à chapelet en galeries souterraines. L’étanchéité en est assurée par un bateau-porte décrit dans l’Encyclopédie méthodique Marine69. À cette occasion, et surtout à l’épreuve de la guerre, la gestion des Bâtiments civils est remise en cause. Si la correspondance laisse transparaître le caractère borné d’un Choquet de Lindu, vieillissant et qui voit l’arsenal comme l’œuvre de sa vie, elle illustre surtout l’absence d’autorité du militaire sur ce service civil. Le comte d’Hector s’en plaint au ministre :
« J’ai enfin obtenu que M. L’Indu travailleroit aux réparations des quays. J’ai eu besoin de toute l’autorité de M. de Laporte pour y parvenir. Il est indispensable de mettre l’ingénieur des Bâtimens civils sous l’autorité du commandant. Il est un mur le long du Bassin de Brest qui finira par y tomber, quoique depuis trois mois je ne cesse de demander qu’on y travaille70. »
22Un an plus tard, d’Hector s’exaspère toujours d’une telle situation : « Il faudra charger M. Groignard de cette besogne. M. Lindu est un homme d’un grand mérite, mais qui tient fort à ses opinions, et travaille sans plaisir celles des autres71 » !
⁂
23La gestion des Bâtiments civils de l’arsenal Brest, pour évidente et nécessaire qu’elle soit, n’offre pas une vision simple. L’origine complexe du service des ingénieurs en charge de cette fonction, leur recrutement népotique, leur assimilation à un corps d’officiers non-militaires, concourt à leur statut extraordinaire. Leur travail est défini par le Conseil de marine, et singulièrement par l’intendant en fonction des besoins et des fonds arrêtés. Les ingénieurs ne disposent pas de corps d’exécution, mesurent projets et cubages. Pour les réalisations, ils font appel à la chiourme, à des ouvriers de l’arsenal, et surtout à l’entrepreneur des Bâtiments civils. Sa main-d’œuvre est payée par la Marine qui lui fournit généralement les matériaux. C’est une délégation assez rare du travail d’un arsenal d’État à l’entreprise privée. Si ingénieurs, entrepreneurs même, équipement et outillage des Bâtiments civils, sont connus, il n’en est pas de même de sa main-d’œuvre. Qui sont ses ouvriers ? Enfin, les chapitres des projets laissent apparaître l’insuffisance de leur financement face à un outil industriel neuf mais rapidement en tension. La situation révèle en creux le manque d’espace (excavations), l’usure de certains équipements (les bassins), ou la grande dépendance métallurgique brestoise (forges). Sous le Consulat, la création des Travaux maritimes, placés sous l’autorité du préfet maritime, répond en partie aux problèmes de gestion des infrastructures des arsenaux exacerbés durant la guerre d’Indépendance américaine, en assumant le caractère hors normes de ce service.
Notes de bas de page
1Corre Olivier, Brest, base du Ponant, structure, organisation et montée en puissance pour la guerre d’Amérique (1774-1783), thèse d’histoire (dir. André Lespagnol), université Rennes 2 – Haute Bretagne, 2003.
2V[ial du Clairbois], « Bâtimens civils », Encyclopédie méthodique Marine (désormais EMM), t. I, Paris, Panckoucke, 1783, p. 113-114.
3Jean-Bernard Tarbé – de Vauxclairs à partir de 1817 – est directeur des Travaux maritimes à Brest de 1802 à 1808.
4Les détails sont les directions militaires du Port et arsenal (Port, constructions et artillerie) sous l’autorité d’un directeur général. Seule autre exception, l’atelier de la cadrannerie ou des boussoles, coiffé par l’Académie royale de Marine et dépendant de fait du commandant : Corre Olivier, « Le rôle industriel de l’Académie royale de Marine : l’atelier de la cadrannerie », Les Cahiers de l’Iroise, no 192, Brest, Société d’études de Brest et du Léon, janvier 2002, p. 79-87.
5Service historique de la Défense (désormais SHD), Marine, Brest, 1K7 1, Travaux hydrauliques, Travaux maritimes.
6Archives municipales de Brest (désormais AMB), 2S 10/1, Fonds Langeron, Brest, Port militaire, Affiche, 1777.
7Ordonnance du roi concernant la régie et administration générale et particulière des Ports et arsenaux de Marine du 27 septembre 1776, Paris, Imprimerie nationale, titre 18, art. 398.
8SHD, Marine, Brest, 1K1 2, Castries à Blondeau, 2 août 1783.
9SHD, Marine, Brest, 1K1 3, Castries à Langristin, 18 octobre 1783.
10SHD, Marine, Brest, 1K1 7.
11SHD, Marine, Brest, 1K7 4.
12Ibid.
13Article « Bâtimens civils », in EMM, art. cité, p. 113-114.
14Article « Fonction », in EMM, t. II, p. 379.
15SHD, Marine, Brest, 3A 94, no 41, 1er avril 1786, no 59, 6 mai 1786, no 61, 3 juin 1786.
16Même système à Toulon où cette fonction est marquée par Jean-Joseph Verguin, ingénieur en chef pour les Bâtiments civils de 1747 à sa mort en 1777. Pierre Toufaire, ingénieur des Bâtiments civils de la Marine à Rochefort est également célèbre pour la création de l’établissement d’Indret. Voir Charpy Jacques, Un Ingénieur de la marine au temps des Lumières. Les carnets de Pierre Toufaire (1777-1794), Rennes, PUR, 2011.
17L’affaire est connue. Par suite d’une incompatibilité, il est cassé du Génie pour insubordination, puis avec la séparation des départements de la Guerre et de la Marine, réintégré et promu dans celui-ci.
18Description des trois formes du port de Brest, bâties, dessinées et gravées en 1757 par M. Choquet de Lindu, ingénieur ordinaire de la marine, Brest, Imprimerie de Romain Malassis, 1757 ; Description du bagne pour loger à terre, les galériens ou forçats de l’arcenal de Brest, projetté, bâti, dessiné et gravé par M. Choquet de Lindu, ingénieur ordinaire de la marine, Brest, Imprimerie de Romain Malassis, 1759.
19Étienne-Nicolas Blondeau, mort à Brest le 11 octobre 1783, second maître de mathématique des gardes (1764) et maître d’hydrographie.
20Archives nationales (désormais AN), Marine, C7 32, État général des services de Marc Blondeau, 1792.
21SHD, Marine, Brest, 1L 8, fo 235 vo.
22AN, Marine, C7 32, loc. cit.
23Cros Bernard, « Les Travaux maritimes et les ports de guerre, plus de trois siècles d’histoire de la marine », in « Pour mémoire » Revue du ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer, no 8, été 2010, p. 8-45.
24Acerra Martine, Rochefort et la Construction navale française 1661-1815, Paris, Librairie de l’Inde, 1993, t. III, p. 464-479.
25Nicolas Ozanne (1728-1811), dessinateur de la Marine à Paris en 1757, obtient son brevet d’ingénieur des Bâtiments civils en 1769 et participe à l’instruction maritime des enfants de France.
26Au décès de celui qui était élève-ingénieur depuis 1775, son frère le remplace au 1er août 1776, preuve du népotisme dans ces fonctions.
27SHD, Marine, Brest, 1L 40, fo 134 et 159.
28Annuaire de la Marine pour 1790 [s. l. n. d.], p. 205.
29SHD, Marine, Brest, 1L 40, fo 28.
30Jean-Nicolas Trouille (1752-1825) servit lui aussi dans le régiment de Noailles-Cavalerie. Engagé dans l’artillerie de Marine, à Brest (1776), il est dessinateur en chef de la Marine (1781), ingénieur, puis ingénieur-chef à Brest de 1791 à 1796, et enfin directeur des Travaux maritimes à partir de 1808, selon Levot Prosper, « Notice biographique sur M. Trouille », Revue bretonne de botanique pure et appliquée, vol. 3, Brest, Au Bureau de la Revue bretonne, 1844, p. 15-30.
31SHD, Marine, Brest, 3A 92, 27 janvier 1781.
32SHD, Marine, Brest, 3E1 152, fo 209 sq.
33Ibid., fo 217 sq., septembre 1783.
34Peter Jean, Vauban et Toulon : histoire de la construction d’un port-arsenal sous Louis XIV, Paris, Economica, 1994, et Brun Vincent-Félix, Les Guerres maritimes de la France, port de Toulon, ses armements, son administration des origines jusqu’à nos jours, Paris, Henri Plon, 1861, vol. 2, p. 106.
35SHD, Marine, Brest, 1A 67, 17 août 1783, et AMB, dossier biographique, 13 BIO 88. Il a épousé Françoise Jeanne Desfontaines, fille d’un chirurgien entretenu de la Marine. Castel Yves-Pascal, Daniel Tanguy, Thomas Georges-Michel, Artistes en Bretagne, dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouille et en Léon sous l’Ancien Régime, Quimper, Société Archéologique du Finistère, 1987, p. 253-254. Le Cor prend la continuation des ouvrages dont feu sieur Dagorne était adjudicataire au port de Lorient, SHD, Marine, Brest, 3A 6, 20 mai et 3 juin 1780.
36SHD, Marine, Brest, 1 E 187, fo 413, 20 novembre 1774.
37SHD, Marine, Brest, 1 E 188, fo 69, 14 janvier 1775.
38Archives départementales du Finistère, B 1729, Scellés, ventes, etc., 1787-89, inventaire de Pierre Malmanche.
39Castel Yves-Pascal, Daniel Tanguy, Thomas Georges-Michel, op. cit., p. 87.
40Ibid., p. 272.
41AMB, GG 179, et Registre de Baptêmes, mariages et sépultures, Brest, paroisse de Saint-Louis, 9 avril 1782.
42Joannic-Seta Frédérique, Le Bagne de Brest 1749-1800 L’émergence d’une institution carcérale au siècle des Lumières, Rennes, PUR, 2000, p. 260.
43SHD, Marine, Brest, 1E 189, fo 469, 6 octobre 1775.
44SHD, Marine, Brest, 1A 67, p. 178. Un piqueur est un contre-maître surveillant des ouvriers.
45SHD, Marine, Brest, 3E1 206, Entretien du port, 1788.
46SHD, Marine, Brest, 3E1 98, fo 440, 1776.
47SHD, Marine, Brest, 3E1 86, fo 321, juin 1774.
48Les « cazernets » sont les cahiers d’atelier sur lesquels les commis notent la durée de travail des ouvriers de Marine dans le mois. En multipliant celle-ci par la « taxe » correspondant à leur grade, ils obtiennent leur paye « à la journée » du roi.
49SHD, Marine, Brest, 3A 4, octobre 1777.
50SHD, Marine, Brest, 3A, 24 octobre 1777.
51SHD, Marine, Brest, 1A 116, p. 234, 21 mai 1783.
52SHD, Marine, Brest, 3E1 101, février 1777.
53SHD, Marine, Brest, 3E1 110, fo 288 sq.
54SHD, Marine, Brest, 1E 194, fo 29, 5 juillet 1777.
55SHD, Marine, Brest, 1E 212, p. 85, 9 mai 1782.
56AMB, 2 S10/10, imprimé, [Louis-Anne] Prévost de Langristin, Règlement concernant les feux entretenus dans l’intérieur des ports et arsenaux, novembre 1784, 9 p.
57Ibid., p. 7.
58Article « Magasin général », in EMM, t. II, p. 631 sq.
59Chauris Louis, « Calcaires et fours à chaux des abords de la rade de Brest », Avel Gornog, no 7, Crozon, juin 1999, p. 44-57.
60SHD, Marine, Brest, 3A, 1er août 1778.
61Ibid., 20 novembre 1779, 21 janvier 1780, 29 janvier 1780.
62SHD, Marine, Brest, 1E 212, p. 241, 1er juin 1782.
63SHD, Marine, Brest, 3A 4, 1er mars 1774.
64SHD, Marine, Brest, 3A 92, 1783.
65SHD, Marine, Brest, 3A 92, 5 octobre 1780.
66SHD, Marine, Brest, 1E 191, fo 289, 10 août 1776.
67AMB, 2 S 10/4.
68SHD, Marine, Brest, 1E 541, 2 août 1775.
69Article « Forme », in EMM, t. II, p. 254-255 et fig. 639 (planche 90).
70SHD, Marine, Brest, 1A 114, fo 136 vo et 137 ro, 2 juin 1780.
71SHD, Marine, Brest, 1A 114, fo 419 vo, 24 octobre 1781.
Auteur
-
Olivier Corre
Groupement d'intérêt scientifique histoire et sciences de la mer, Institut français de mer Brest-Bretagne occidentale.
Olivier Corre est docteur en histoire et professeur d’histoire-géographie dans l’enseignement secondaire à Brest. Il est membre du Groupement d’intérêt scientifique histoire et sciences de la mer ainsi que de l’Institut français de mer Brest-Bretagne occidentale. Il a soutenu une thèse à l’université de Rennes 2 en 2003 sous la direction d’André Lespagnol dont le titre est Brest, base du Ponant, structure, organisation et montée en puissance pour la guerre d’Amérique (1774-1783) et depuis il poursuit ses recherches sur ce conflit, l’organisation du travail dans l’arsenal brestois, les réseaux économiques de la Marine d’Ancien Régime et la course en Bretagne au xviiie siècle.

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