De travaux maritimes en tempêtes, Noirmoutier (xviiie-xixe siècles)
p. 341-350
Texte intégral
1À Noirmoutier, sans qu’il soit possible d’en donner la date précise, le premier vimer1 repérable dans les documents manuscrits survient au début de l’année 13522. Pour Jean-Luc Sarrazin, il s’agirait là de l’un des événements les plus intenses et graves du dernier millénaire sur la côte atlantique française. La mer, en balayant les dunes et chaussées de protection, a profondément remodelé les zones basses littorales. À Noirmoutier, la plaine de Barbâtre fut ainsi occupée par l’océan durant près d’un demi-siècle, le temps que la sédimentation fasse son œuvre3. Les événements extrêmes apparaissent récurrents, mais avant les temps modernes, les rares mentions ne concernent que les biens d’Église, les fiefs ou les domaines. La tempête, à plus forte raison avec submersion, avait la faculté de dégrader un espace ordonné, organisé et maîtrisé. Les sinistres les mieux documentés concernent souvent la saliculture. Protégées par des aménagements, les digues et les clapets, toute rupture engendrait une inondation plus ou moins grave des salines. Compte tenu des faibles moyens techniques à disposition, les reconstruire à court terme était impossible. À Noirmoutier, au milieu des années 1360 les marais salants n’étaient pas encore rétablis4. Ces colères du temps étaient plus durement ressenties encore du fait de contextes politiques ou économiques très tendus. Entre la Grande Peste du xive siècle, la guerre de Cent Ans, puis les guerres de Religion, la présence humaine sur le littoral a souvent fléchi, entraînant un manque de main-d’œuvre : les salines ruinées ne pouvaient être rétablies rapidement. Les polders dont les digues étaient endommagées subissaient le même sort. Le « Beau xvie siècle » ne fut souvent qu’une parenthèse dans une litanie de crises prolongées par les tourments du « Petit âge glaciaire » et ceux des guerres de Louis XIV, qui pesèrent sur la vie littorale par suite de l’insécurité et de la gêne pour le commerce du sel.
2A contrario, il faudrait souligner l’extrême vitalité des communautés littorales. « Chaque parcelle du territoire salicole est l’aboutissement d’une gigantesque somme de travail et de gestes obstinément répétés, héritage de générations patientes qui ont opposé une résistance aux attaques de la mer5 ». On serait tenté d’étendre aux polders cette formule que Gildas Buron a ciselé pour les salines. Elle suffit à démontrer la volonté constante de reconstruction qui habitait les sociétés littorales, vulnérables bien sûr, mais résilientes aussi. Sur les littoraux, le xviiie siècle a consacré l’irruption de l’État, de ses administrateurs et de ses ingénieurs, bousculant le tête à tête homme-milieu, dont la seigneurie était jusqu’alors le témoin discret quoique nullement désintéressé. Quant au xixe siècle, il a permis aux ingénieurs de multiplier les expérimentations jusqu’à forger, territoire par territoire, une doctrine adaptée. Dans le contexte noirmoutrin, au-delà de l’exposé des tempêtes et des dégâts qu’elles ont pu occasionner aux xviiie et xixe siècles, cette périodisation est à l’œuvre et c’est en la suivant qu’on peut identifier deux phases d’une recomposition permanente du rapport terre-mer. Il semble bien que la vente au roi de leur fief insulaire par les Condé (1767) ait mis fin à une première phase de coexistence entre la communauté insulaire et son environnement maritime. La période qui s’ouvrit alors se prolongea jusqu’au milieu du xixe siècle. Marquée par l’irruption de l’État, elle correspondit à une ère d’intenses luttes et d’importantes conquêtes face à la mer, mais aussi de conflits entre les habitants et les autorités, les désaccords portant sur le choix des options techniques à adopter pour la défense de l’île face aux vimers.
Des insulaires face à la mer : Noirmoutier avant sa vente au roi (1767)
3Évoluant dans un milieu fortement menacé par les grands vents et la mer, les habitants de l’île de Noirmoutier sont restés sensibles aux aléas extrêmes. Ces insulaires ne sont cependant pas restés inactifs. Le chemin menant au développement de leur territoire sans accroître leur vulnérabilité, c’est-à-dire sans l’exposer plus que de raison aux risques naturels venus de la mer, était des plus étroits. L’île de Noirmoutier, au sud de l’embouchure de la Loire, est formée autour d’un socle granitique. Au début du xviiie siècle, le géographe du roi Claude Masse a bien représenté ce territoire, avant même qu’il n’ait subi d’aménagements importants6. Autour de ce socle, les sables accumulés avaient produit, sur les côtes nord et nord-est, de petites plages et des dunes basses alternant avec les affleurements rocheux et des falaises. Face à l’océan, suivant une ligne nord-ouest/sud-est, l’île était ourlée d’un long et très mobile cordon de dunes qui s’étendait – et s’étend encore de nos jours – jusqu’au goulet de Fromentine. Enfin, à l’abri du massif rocheux et des dunes, les eaux limoneuses de la baie de Bourgneuf déposaient de vastes alluvions, dont la conquête sur la mer au moyen de digues avait entamé la transformation, soit en marais salants, soit en terres labourables, et ce dès le Moyen Âge. À l’égard de ces éléments, Noirmoutier était – et reste – affectée d’une double dynamique, d’érosion face à l’océan d’une part, et de colmatage face au continent d’autre part. Une telle organisation a contribué à modifier la ligne de rivage au cours de la période historique et l’action humaine y a pris sa part. À l’égard de ces différents paysages et de leurs dynamiques, les Noirmoutrins ont dû composer avec des risques et des aléas distincts. Sur la côte est, en baie de Bourgneuf, le risque principal venait de la marée, au moment des pleines mers de marées de vives-eaux, où tout phénomène de surcote pouvait entraîner la submersion des digues protégeant les salines et les polders (les toponymes de « clous », « cloudis » ou « clouseaux » signalant les plus anciens7). La surcote de marée haute pouvait aussi affecter les rivages océaniques, où les dunes amaigries et agressées par la houle menaçaient de céder, à l’instar des digues, avec le même résultat : la submersion de l’île utile (champs et salines). Enfin, les massifs de dunes en bon état, peu susceptibles de rompre face à la mer, favorisaient les « volements de sables », et l’ensevelissement de champs, de vignes, et de villages. Historiquement, le front pionnier des gains de terre sur la mer est parti du nord de l’île, s’accrochant aux rochers granitiques de Noirmoutier en l’île, pour glisser ensuite vers le sud jusqu’à La Fosse. Les toponymes « retraite » ou « îlot », dans la vaste zone de marais située à l’ouest du port de Noirmoutier, renvoient à la technique des pionniers, qui dressaient des digues – les retraites – afin de souder les îlots à la terre ferme. Ils sont mentionnés dans un acte daté de 14518. C’est donc parcelle par parcelle que l’île a gagné sur la baie, aujourd’hui convertie en marais ostréicole quadrillé de levées de terre formant chemin (qu’on appelle localement « charraut »), héritières des anciennes digues de protection contre la mer, dont le réseau est d’autant plus serré que l’on s’enfonce davantage dans les terres.
4Alors même que l’estran ainsi soustrait au flot de marée ressortissait de la domanialité publique, c’est d’abord la seigneurie qui a présidé à la concession de ces atterrissements, sartières, lais, ou relais de mer, que des générations de tenanciers ont arrachés à la mer en les endiguant9. Chronologiquement, l’abbaye de La Blanche, les La Trémoïlle, le duc de Bourbon en 1720, et enfin le prince de Condé de 1748 à 1767, date de la cession de l’île au roi10, ont concédé des places à endiguer pour aménager des salines, de modestes « clouseaux », avant que ne s’enclenche au xviiie siècle la ruée vers les véritables polders de plusieurs dizaines d’hectares. Alors les dessèchements changèrent de caractère. De vastes terrains que la mer couvrait à intervalles réguliers, faits de vases encore molles, furent disputés aux flots, tandis que les vieilles salines étaient restructurées sous l’effet d’un transfert de technologie venu de Guérande11. Dès les années 1710, Josse Herstfeldt, gouverneur de l’île favorisa cette modernisation des salines. Par ailleurs, il prit des lais de mer à la pointe de la Fosse et fit sortir de la vase l’Enclos Vieux, l’Enclos Second, et l’Enclos Neuf (30 hectares). En 1745, l’adjudication par le prince de Condé des sartières de la Lide, à Barbâtre, fut remportée par le Flamand Cornil-Ghislain Jacobs. Il lança, par l’exemple de sa réussite, un engouement général pour les dessèchements12. Cette colonisation du xviiie siècle, menée par d’audacieux spéculateurs, ceintura bientôt vers l’est les anciennes générations de salines et de polders. Après une interruption sous la Révolution, le mouvement reprit en 1810. Concessionnaire depuis 1787 de vastes relais de mer, J.-C. Jacobsen (fils) dessécha, à l’entrée du port, les 22 hectares du Petit (1810) et les 37 hectares au Grand Mullenbourg (1815). En 1830, son fils, Auguste, renferma le dessèchement de la Nouvelle Brille (64 hectares) et les 144 hectares de la Tresson en 183313. À côté de ces grandes réalisations, permises par la puissance financière de leurs promoteurs, combien de concessions plus modestes ont-elles été vainement tentées en ce même xviiie siècle ? Par sondage, les archives livrent quelques éléments : quatre petits terrains, lais, vases, et sables, accordés à Jean Barraud (10 mars 1772) ; cinq arpents « délaissés par la mer dans les cantons de La Guérinière, L’Épine et Bressuire » obtenus par le sieur Corbrejeaud (10 mars 1772) ; neuf à dix arpents de terrains sableux nommés les Bas-Isleaux, « difficiles à gagner à la mer, qui couvre le dit terrain tous les huit jours », demandés par un nommé Massé, en dépit des difficultés ; les deux ou trois pieds d’eau qui couvrent dans le même intervalle « les huit ou neuf arpents peu herbus sis vis-a-vis les sartières de la Lide » ne découragent pas non plus le nommé Doré (5 et 26 janvier 1773)14. Il semble bien que la succession des vimers du xviiie siècle (1705, 1712, 1724, 1735, 1762, 1763, 1781, 1791)15 ait balayé nombre de ces modestes tentatives, réservant la réussite aux seuls entrepreneurs d’envergure, souvent venus d’ailleurs. En atteste la géographie des digues qui courent aujourd’hui de Noirmoutier en l’île jusqu’à La Fosse, rectilignes et enfermant de vastes parcelles. Sous la coupe de leurs seigneurs, les Noirmoutrins s’investissaient plus directement dans les travaux et les actions d’urgence que dans les spéculations. Tous les villages allongés au pied des dunes, sous le vent du large, Bressuire, l’Épine, les Éloux, la Guérinière, Barbâtre, la Frandière, la Fosse devaient lutter contre les sables. À l’entrée du bourg de Barbâtre, le moulin du Bois Viault16, presque toujours ensablé, avait dû être abandonné et les pièces en état de servir retirées. Les cultivateurs qui se hasardaient à prendre à cens des terrains sur les dunes faisaient insérer des clauses spéciales dans leur contrat, tellement le résultat leur semblait douteux. À Bois Gaudin, Julien Palvadeau se fit concéder cinq boisselées sur les dunes et garennes « à charge de faire bâtir plusieurs chambres pour s’y loger et d’y planter une vigne. Mais dans le cas ou, malgré les travaux, les vents viendraient à agiter les sables et à ruiner les maisons, vignes et dépendances, il lui sera permis de retirer tous ses matériaux sans avoir à payer le cens convenu17 ». En 1702, Claude Masse disait que les sables couvraient Barbâtre insensiblement. Il semble bien que la progression des sables se soit faite alors par à-coups, profitant des grands désordres amenés par les tempêtes. En 1735, on note des « volements » importants et en 1763, l’année où la mer s’ouvrait une large brèche dans la dune de Devin, dix maisons étaient submergées par le sable18. Forts de l’expérience de Noirmoutier en l’île, protégé des dunes du Sableau fixées par le bois de La Chaise, les officiers seigneuriaux tentèrent d’inciter les insulaires à planter la dune. En 1722, l’un d’eux écrivait que « pour empescher le sable de voller dans les terres labourables, il faut obliger tous les particuliers de l’isle de planter autour des costes et ailleurs dans les endroits qu’on leur désignera des arbres qui croissent et soient bien venants dans l’isle, tels que le sont le tamarin, l’ormeau, le saule, etc.19 ». En 1758 un fermier général, M. de Noux fit une proposition analogue mais rien ne fut entrepris20. Ancrés dans leurs certitudes et la routine de leurs travaux agricoles, les Noirmoutrins ne surent pas mieux réagir que les Oléronais à Saint-Trojan ou les Médocains à Soulac21, et le sable continua d’envahir leurs terres.
5Ces insulaires, si rétifs au changement, étaient-ils conscients de la nécessité de laisser les dunes gagner côté champs, sous l’effet du vent, le terrain perdu face à la mer côté plage, sous l’effet de la houle ? Comme partout sur le littoral, les règlements destinés à protéger le couvert végétal des dunes contre la divagation des herbivores restèrent vains22. Sous le joug seigneurial, les Noirmoutrins furent mobilisés pour défendre les dunes face à la mer. Il était vital d’éviter toute brèche dans le cordon littoral, sous peine de submersion des terres. Des travaux de défense affectèrent le village du Vieil (nord de l’île) dès 1720. On trouve trace de digues de pierres de plusieurs centaines de mètres de long, parfaitement établies et même soumises à des règles d’alignements23. Une visite faite par un officier de la sénéchaussée, le 5 février 1716, à la suite de détériorations, montre un mur protégeant les maisons en bordure de la mer qui, « si l’on ne se hâte de remédier promptement et d’opposer une digue à la mer pour l’empêcher d’y repasser, […] détruira tout le village du Vieil composé de trois cents maisons et inondera plus de 400 arpents de terres ensemencées24 ». La côte ouest était encore plus exposée aux coups de boutoir de l’océan. À la hauteur de la Guérinière, là où l’île s’amincit pour former l’isthme entre Barbâtre et Noirmoutier, la dune fut rompue le 30 décembre 1705, offrant un passage à la mer. Au « tenement de Pullant » les « pueu et quaranne de la coste25 » furent traversés et coupés par la mer qui inonda et submergea les sillons ainsi que la maison du fermier26. Cette brèche fut peut-être comblée par la digue dite chaussée du Pulan (1766)27. Ces travaux semblent avoir été lancés spontanément par les communautés, dûment encouragées par leur seigneur. La fragilisation de la pointe de Devin fit abandonner ce dispositif. Sur ce point le plus à l’ouest de l’île, vers 1760, l’état de la dune était devenu préoccupant. En 1762, la mer s’ouvrit pour la première fois un passage si bien que les principaux habitants de Noirmoutier se transportèrent à la pointe, « à l’effet de constater de la réparation nécessaire d’être faite aux dunes de sable qui sont fort endommagées […] où il y a déjà des ouvertures capables d’introduire la mer dans les terres et marais des environs et par suite causer une inondation générale ». Ils comptèrent jusqu’à 4 brèches cumulant plus de 400 m d’ouverture qu’ils s’efforcèrent de boucher à l’aide de pierres, de sable et de goëmon. Malheureusement, ce raccommodage fut balayé le 1er février 1763. Dans la nuit, un vimer qui causa de nombreux dégâts aux digues du côté de la baie28 ravagea aussi les dunes de Devin. Quatre ans plus tard, le 1er février 1767, une grande marée causa les plus fortes appréhensions : « La mer, écrivait le gouverneur, par une nouvelle invasion a menacé l’isle du plus grand danger, s’étant gonflée et élevée au niveau des dunes, singulièrement dans la partie de la pointe du Devin29. » Le Conseil particulier du prince de Condé apprécia la gravité de l’événement. Il ne s’agissait plus de faire supporter les travaux aux plus proches voisins. Considérant « le peu d’intelligence de partie de ces habitans dans leurs assemblées30 », le Conseil du prince décida de travaux par adjudication, financés par une taxe de 2 sols par boisselée sur tous les domaines y compris les siens (12 mars 1767). Quelques mois plus tard, le prince de Condé se débarrassant de l’île la vendait au roi pour la somme de 1 200 000 lt. Les destinées de Noirmoutier passaient en d’autres mains. L’irruption de l’autorité supérieure, dans un rôle de coordination et de direction des travaux, faisait basculer l’île vers un modèle de cohabitation homme-milieu qui promettait aux sciences de l’ingénieur le primat sur l’expérience de terrain. Les acquis de générations de Noirmoutrins furent dès lors confinées aux limites que les faibles moyens et la méconnaissance des sciences expérimentales des gens du cru leur imposaient.
L’État en surplomb (1767-1850) : le cas de la pointe de Devin
6En dépit du caractère dérisoire des mesures qu’ils étaient susceptibles de mettre en œuvre et sur lesquelles nous ne sommes pas ou peu renseignés, les Noirmoutrins avaient intégré le risque et la vulnérabilité dans leurs modes de vie et élaboré des stratégies dans l’optique de réguler des situations de danger. L’irruption de l’administration royale dans ce territoire, au moment précis où l’île menaçait d’être coupée en deux, fut déterminante. Outre les grands moyens employés, à travers la masse documentaire des services de l’État, c’est aussi une écriture de l’histoire, avec ses acteurs et des spectateurs, qui a débuté vers 1770 et qu’il est possible de nuancer, en se prêtant à une lecture attentive des sources.
7Après la tempête du 1er février 1763, un cycle de travaux débuta. Des rapports produits par les Ponts et Chaussées en 1812, 1824, et 1845, présentent les principaux aménagements réalisés entre la fin de l’Ancien Régime et le milieu du xixe siècle. Entre 1769 et 1773, l’ingénieur Lamandé établit un devis et fit édifier une digue en pierres sèches de 869 toises de long, soit plus de 1 651 m. L’ouvrage était de moindre proportion qu’initialement prévu, Lamandé ayant été « obligé de régler ses projets sur les sommes mises à sa disposition. » Trois années plus tard, les flots en emportèrent 120 toises. Chargé d’effectuer une estimation du montant des réparations, l’ingénieur proposa alors de bâtir un éperon avancé pour renforcer la pointe de Devin. Faute de moyen, l’administration, la surveillance et la direction du chantier, échurent aux insulaires, dans un souci d’économie. Ceux-ci, « persuadés qu’on ne pouvait défendre la côte de Devin qu’en abandonnant à la mer la pointe qu’elle s’efforce de détruire et en établissant une digue intérieure », ne purent se résoudre à accepter le projet. Lamandé fit tout de même sortir de terre un perré à très forte inclinaison (40 %). Il était fait de pierres sèches fichées sur un lit de terre glaise, autant de matériaux empruntés à la côte elle-même. S’il avait fallu se servir d’autres pierres que de celles de la côte, on aurait dépensé plus de 600 000 lt, soit neuf à dix fois la facture acquittée en 1773. Le coût environnemental de ce chantier n’était pas pris en compte par l’administration, mais peut-être était-il apparu évident aux insulaires qui s’y étaient opposés ? De tels prélèvements massifs de matériaux à la côte, conjugués à la pente du perré, ne firent qu’accroître la fragilité de l’édifice. Du 6 au 9 décembre 1771, un coup de mer affouilla la digue alors en chantier, au-dessous de ses fondations, et détruisit la base et environ trois pieds de hauteur. Lamandé notait le 24 juin 1771 que « la mer trouvant un obstacle par l’élévation de cette digue a porté tout son effort sur les sables qui en garantissaient le pied. » Il conclut de protéger toute la digue par une suite de pieux battus. Aucune mention n’est alors faite du projet alternatif défendu par les Noirmoutrins. S’il était mis en œuvre aujourd’hui, on le classerait parmi les outils de repli stratégique. Il consistait à abandonner du terrain face à la mer, en positionnant la digue en retrait, le terrain abandonné étant converti en « avant-terre », un estran abrasif destiné à réduire l’énergie des houles du large31. En 1778, l’intendant du Poitou, Monsieur de Blossac, ordonna à l’ingénieur Dorotte de se rendre sur l’île afin de trancher la discussion qui s’était envenimée entre Lamandé et les Noirmoutrins. Convaincu « par des exemples du même genre et notamment la jetée Saint-Nicolas devant le port des Sables32 », Dorotte décida de lancer les travaux l’année suivante. Si les insulaires durent un temps baisser pavillon face à la puissance et à l’autorité des hommes du roi, administrateurs et ingénieurs, ils n’en pensaient pas moins. Les jugements peu amènes des administrateurs33, et de ceux qui ont reproduit leurs écrits34, laissent peu de doute sur l’ambiance délétère qui devait régner alors entre les hommes du Roi et, selon l’expression consacrée, les « principaux habitants ». Sous Dorotte, on chercha « à remédier à l’abaissement de la plage, par la construction de quatre éperons perpendiculaires à la côte, grands encoffrements de pieux jointifs remplis d’enrochements ». Destinés à piéger le sable transporté par la dérive littorale, ils furent construits de 1778 à 1780 mais « une tempête qui dura du 10 au 13 février 1781 détruisit la totalité des anciens perrés et la mer pénétra dans l’île par deux ouvertures. » C’est alors qu’on se résolut à ériger une digue de retraite, adoptant ce même projet que les communautés locales avaient porté en vain et que Lamandé avait refusé en 1770. Ralentis en 1784, puis stoppés en 1789, les travaux sur la pointe de Devin ne reprirent qu’à partir de 180635. Cette interruption par la Révolution française laissa la pointe dans l’état de défense souhaité par les Noirmoutrins : une digue de première ligne en ruine laissait passer la houle dont la force était brisée avant de s’affronter à la digue « de retraite », devenue par le fait même, digue à la mer. Les vimers survenus en 1791 et 1802 ne paraissent pas avoir pris en défaut cette défense très imparfaite aux dires de l’administration, mais finalement pas si inefficace. Au printemps 1807, on présenta un projet qui fut approuvé le 23 octobre de la même année et d’après lequel on devait abandonner les éperons mais rétablir la digue de première ligne dans son emplacement primitif, la reconstruisant avec des perrés maçonnés, défendus par des crèches de pieux. C’était toujours le système des projets de 1776, 1781 et 1784. Plus d’une centaine de milliers de francs furent dépensés pour l’exécution d’une partie de ce projet jusqu’au 19 octobre 1812. Alors, une marée très forte et agitée par une tempête détruisit presque entièrement tous les ouvrages de la digue de première ligne. Elle rompit la digue de retraite et menaça de submerger la plaine des marais salants jusqu’à Noirmoutier en l’Île sur la côte opposée. On mit en réquisition les canonniers garde-côte, toute la Garde nationale, et une grande partie des habitants de l’île, et on fit à la hâte les ouvrages nécessaires pour arrêter l’irruption de la mer36. Plaidée depuis l’origine par les insulaires, la nécessité de disposer d’une « avant-terre » destinée à opposer un profil abrasif aux houles du large, à l’avant d’une digue de retraite, ne s’imposait toujours pas. Entre-temps, le 24 décembre 1813, le directeur général des Ponts et Chaussées avait approuvé un nouveau projet, rédigé par l’ingénieur Le Roi. Il comprenait l’abandon de la digue de 1770, la construction d’une grande digue intérieure, la réparation et l’achèvement de la vieille digue de retraite, devenu celle de 1re ligne. Un enrochement de 96 m de longueur formant une traverse entre les deux digues et la construction d’un hangar pour loger 80 ouvriers et 15 chevaux. Ce projet fut mis en adjudication le 6 mars 1815, les fonds débloqués en 1817. La réception de la nouvelle digue n’eut lieu que le 31 décembre 1819. La mer continua de détruire jusqu’aux fondations de la digue de 1770 et d’attaquer la digue suivante37. C’est au milieu des années 1820 que le dispositif actuel de la digue de Devin fut mis au point. Le transfert de technologie vint de Hollande, et sa mise en œuvre, confiée à une équipe d’ouvriers belges38. Le 28 juin 1824, l’ingénieur en chef Dan de la Vauterie, présentait un projet de défense « dans le système hollandais ». Il s’agissait que « la plus forte action de la mer soit anéantie avant qu’elle ne frappe la digue ». Pour ce faire, le projet proposait d’adoucir tous les talus, d’arrondir toutes les saillies, de dissimuler la résistance opposée aux efforts des lames pour rendre cette résistance plus facile et plus sûre. « L’action de la mer étant liée à la hauteur des vagues qui viennent frapper la digue, diminuer cette hauteur permettrait de fortifier la digue même. Enfin, une digue précédée d’avant-terres n’étant baignée que par les hautes mers de vives-eaux aurait l’avantage de n’être frappée que par des lames de peu de hauteur et de n’être baignée que quelques jours par mois ». De la Vauterie concluait que « si la mer y fait des dégradations, ces dégradations ne sont jamais aussi considérables que celle des parties basses des digues lorsqu’elles sont constamment baignées39 ». Achevé en 1830, ce système permit, au prix de travaux d’entretien, de faire face à la submersion de 1838.
8Le vimer du 20 février 1838 frappa ailleurs, plus au sud, où il emporta à la fois la vieille digue de Pulan (1766)40, les dunes qui la prolongeaient, renversa un moulin à vent et envahit le village de La Guérinière41. On s’efforça en vain de fermer la brèche. Le 27 février, un Noirmoutrin écrivait à son fils :
« La grande mer de la côte du sud a inondé tout le village dimanche dernier et s’est répandue dans toute la partie de la Guérinière ; plus de 1 300 boisselées (150 hectares) sont submergés et le village est sous l’eau ; plusieurs maisons et granges se sont écroulées et les habitants ont été obligés de déguerpir leurs bestiaux et leurs effets ; la mer passe encore aujourd’hui parce qu’il n’y a rien à lui résister ; les eaux ne peuvent pas s’écouler à la marée basse, parce que le coëf des écours ne peut suffire pour l’écoulement42. »
9Deux semaines après, la même personne écrivait :
« On travaille toujours à faire une digue provisoire pour nous préserver d’une nouvelle submersion […] on prend toutes les pierres des écluses de la Guérinière que l’on charroie tous les jours, on fait une digue de sable en avant de ces pierres et l’on prend de la terre glaise à la mer que l’on met entre le sable et les pierres43. »
10Cette digue provisoire fut finalement remplacée par un revêtement de 500 m de long dans lequel on enracina quatre épis, suivi d’une digue de retraite de 630 m et de perrés en pierres sèches dont 330 m à la suite se prolongeant à l’est. Cet ensemble a été complété en 1882-1883 par des perrés maçonnés à 25 % de pente44. On ne peut que remarquer l’adaptation du modèle mis en œuvre avec succès à la pointe de Devin. En matière de défense à la mer, à la fin du xviiie siècle, les habitants de Noirmoutier possédaient sans doute un legs de pratiques dictées par un souci d’économies de moyens et conseillées par les retours d’expérience des générations passées. La confrontation avec les méthodes importées par des spéculateurs et des ingénieurs aux moyens importants fut source de conflits. La coconstruction de la décision en matière de travaux maritimes, inévitable au temps où la seigneurie régnait sur le territoire, a alors connu un recul. Néanmoins, la lecture des archives suggère une lente convergence des solutions techniques, les options défendues sur le terrain dès la fin du xviiie siècle étant adaptées, sinon adoptées, par les ingénieurs dans le courant du xixe siècle.
11Sur les îles de l’ouest français, les matériaux et les moyens disponibles pour bâtir ont longtemps fait défaut, si bien que le premier réflexe des insulaires face aux colères océanes fut de reculer et de s’adapter plutôt que de résister en bâtissant des murs ou des digues. À Noirmoutier, le régime seigneurial qui prévalut jusqu’en 1767 semble s’être en quelque sorte fondu dans cette réalité, en laissant les communautés s’organiser pour les travaux d’urgence et en ne prenant, pour le reste, que très mollement l’initiative de punir, ordonner et contraindre ainsi que son statut l’y autorisait. Il fallut attendre la grande frayeur causée par le risque de rupture des dunes de la pointe de Devin (1762-1767), pour voir le Conseil du prince de Condé délibérer autour d’une décision préventive : la levée d’une taxe générale sur le foncier dont le produit serait affecté aux travaux maritimes. Il y avait, dans les limites d’une telle organisation, une forme de coconstruction de la décision d’effectuer des travaux et du choix des solutions qu’on allait appliquer. L’irruption de l’administration royale et du corps des ingénieurs du roi, après 1767, vint radicalement modifier ces équilibres. L’affaire de la mise en défense de la pointe du Devin, dont l’étude historique n’est pas inédite, présente tous les indices d’un conflit de doctrine de sécurité face aux risques maritimes. Dans les archives produites par les organismes d’État, on retrouve ainsi les principaux habitants, aussi installés dans leurs routines que perturbés dans leurs petits systèmes, qui s’opposent aux décisions éclairées portées par les ingénieurs des Ponts et Chaussées. Finalement, les solutions techniques et coûteuses d’abord mises en œuvre n’empêchèrent pas de remettre maintes fois l’ouvrage sur le métier, jusqu’à adopter, dans les années 1840, des solutions empruntées aux Hollandais, mais relativement proches de celles que réclamaient les Noirmoutrins. Une forme de savoir hybride, résultat d’une longue convergence de vues, dictée par le terrain, guidée par l’expérience et limitée par les moyens, mit finalement presque un siècle à s’imposer.
Notes de bas de page
1Le terme de vimer désigne dans les archives modernes les événements météorologiques extrêmes marins. Sous Louis XIV, on le retrouve par exemple sous le plume de Claude Masse, ingénieur géographe du roi, ou de Bouthillier, commissaire pour l’inspection des salines.
2Bouhier Claude, « Les possessions de l’abbaye Blanche à Barbâtre », Lettres aux amis de Noirmoutier, 2e série, no 1, 1970, p. 3-10.
3Archives nationales (désormais AN), 1 AP 1974 et 1976 ; Sarrazin Jean-Luc, « “Vimers de mer” et sociétés littorales entre Loire et Gironde (xive-xvie siècle) », Norois, no 222, 2012, p. 91-102.
4Mollat Michel, La vie quotidienne des gens de mer en Atlantique, ixe-xvie siècle, Paris, Hachette, 1983.
5Buron Gildas, Bretagne des marais salants, Morlaix, Éditions Skol Vreizh, 1999, p. 78.
6Suire Yannis, La côte et le marais du Bas-Poitou vers 1700, La Roche-sur-Yon, Centre de recherches historiques de la Vendée, 2011.
7Clouzot Étienne, « Les modifications littorales de l’île de Noirmoutier », La Géographie, t. XXVII, no 1, janvier 1913, p. 1-32.
8AN, Q1 15881, fo 39, titres domaniaux de l’abbaye de La Blanche.
9Sauzeau Thierry, « De l’amirauté à l’inscription maritime, l’estran compliqué de la Saintonge maritime (1760-1865) », Revue d’Histoire Maritime, no 19, 2014, p. 301-320.
10Guillemet Dominique, Les îles de l’Ouest de Bréhat à Oléron, du Moyen Âge à la Révolution, La Crèche, Geste éditions, 2000.
11Bouhier Claude, « Le transfert de technologie saunière de Guérande à Noirmoutier au début du xviiie siècle », in Jean-Claude Hocquet et Jean-Luc Sarrazin (dir.), Le sel de la Baie. Histoire, archéologie, ethnologie des sels atlantiques, Rennes, PUR, 2006, p. 149-156.
12Musée Condé, Chantilly, FA 15, délibération du 18 février 1745.
13Verger Fernand, Zones humides du littoral français, Paris, Belin, 2009, p. 221-247.
14Archives départementales de Vendée (désormais ADV), administration provinciale, C 12.
15Liste extraite de l’article de Jean-Louis Eugène et croisée avec celle publiée par Emmanuel Garnier, Eugène Jean-Louis, « Principales catastrophes et cataclysmes dans l’Île de Noirmoutier », Association Vivre l’île 12/12, 2010, et Garnier Emmanuel, « La tempête comme indicateur du changement climatique », in Emmanuel Garnier et Frédéric Surville (dir.), La tempête Xynthia face à l’histoire. Submersions et tsunami sur les littoraux français du Moyen Âge à nos jours, Saintes, Le Croît Vif, 2010, p. 13-34.
16Musée Condé, Chantilly, FA 11, délibération du 30 décembre 1745.
17Ibid., délibération du 23 août 1766.
18Piet François, Recherches topographiques, statistiques et historiques sur l’île de Noirmoutier, Nantes, Mellinet, 1863.
19Chantilly, musée Condé, FA11, 1722.
20Ibid.
21Caillosse Pierre, La paroisse de Soulac de la fin du xvie au milieu du xixe siècle. Les transformations d’un territoire littoral entre la Gironde et l’Atlantique, thèse d’histoire, dir. Mathias Tranchant, université de La Rochelle, 2015.
22Ainsi au xvie siècle, le fait d’arracher le « dureame de l’arée » (la durasme, une herbe des dunes) impliquait une amende : AN, Q1 15881, fo 114, titres domaniaux des La Trémoïlle.
23ADV, 3 E 95/39, Noirmoutier, minutes du notaire Friou, dénonciation du 17 avril 1720.
24AN, F14 171, dossier de la généralité de Poitiers, île de Noirmoutier, 1716.
25Localement, les plus hautes dunes sont appelées « peux ». Quant à la « quaranne », c’est la garenne des chartes.
26ADV, 3 E 95/33, Noirmoutier, minutes du notaire Friou, procès-verbal du 12 janvier 1706.
27Musée Condé, Chantilly, FA11, délibération du 16 septembre 1766.
28Musée Condé, Chantilly, FA11, délibérations des 11 août, 24 novembre et 22 décembre 1763.
29Ibid.
30Ibid.
31ADV, fonds des Ponts et Chaussées, 18 S 528, Mémoire relatif à la côte et pointe de Devin (1812).
32Ibid.
33ADV, fonds des Ponts et chaussées, 18 S 529, Mémoire à l’appui du projet des ouvrages proposés pour la défense de la pointe de Devin, 1824. Le document évoque ces « ouvrages dont l’exécution était toujours retardée soit par la constante disposition des habitants de l’île à s’opposer au projet des ingénieurs, soit par l’incapacité des entrepreneurs que l’administration de l’île de Noirmoutier chargeait de cette exécution ».
34À propos de l’éperon projeté par Lamandé et réalisé sous Dorotte, Étienne Clouzot évoque « Ce procédé bien connu dans les services des Ponts et Chaussées, mais nouveau pour les Noirmoutrins [qui] fut accueilli avec le scepticisme que l’on pense », Clouzot Étienne, « Les modifications littorales de l’île de Noirmoutier », art. cité, p. 27.
35ADV, fonds des Ponts et Chaussées, 18 S 529, p. 4.
36Ibid., p. 5-6.
37Ibid., p. 6-7.
38ADV, fonds des Ponts et Chaussées, 18 S 529/2, Marché passé avec les ouvriers belges à employer à la digue du Devin pendant la campagne, 1826.
39ADV, fonds des Ponts et Chaussées, 18 S 532, Observations et avis de l’ingénieur en chef de la Vendée sur les travaux à entreprendre à la pointe de Devin dans l’isle de Noirmoutier par suite des avaries survenues aux anciens ouvrages, 1845 (ici p. 4).
40Appelée aussi chaussée de Pulan, bâtie sous les Condé par les habitants de la Guérinière en 1766.
41Viaud Grand Marais Ambroise, Petite histoire de l’île de Noirmoutier, Cressé, Éditions des Régionalismes, 2015.
42Témoignages collectés et cités par Clouzot Étienne, « Les modifications littorales de l’île de Noirmoutier », art. cité, p. 21-22.
43Ibid.
44Dingler Michel, « Ports de Noirmoutier, de l’Herbaudière et de l’Îlot du Pilier », in Ports maritimes de la France, ministère des Travaux publics, Paris, Imprimerie nationale, 1883, t. V, p. 457-490.
Auteur
-
Thierry Sauzeau
Université de Poitiers.
Thierry Sauzeau est professeur d’histoire moderne à l’université de Poitiers et membre du Centre de recherche interdisciplinaire en histoire, histoire de l’art, anthropologie et musicologie (Criham, UR 15507). Il a d’abord étudié l’histoire sociale des gens de mer avant d’orienter ses recherches vers l’histoire de l’économie et des écosystèmes littoraux ruraux. Il préside le conseil scientifique du Groupement d’intérêt scientifique Histoire et sciences de la mer (InSHS/CNRS) et siège au Conseil scientifique du GDR Océans et Mers (MiTi/CNRS).

Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008