Les gens du Plessis-Bertrand sur les vaisseaux du Roi vers les Antilles et le Brésil à la fin du règne de Louis XIV
p. 217-228
Texte intégral
Histoire quantitative et gens de mer
1La constitution d’une base de données concernant les gens de mer est toujours une œuvre de longue haleine. C’est le cas de la base de données relationnelle que porte le projet GEMER pour GEns de MER. Elle regroupe trois territoires dont le Plessis-Bertrand, un territoire regroupant les paroisses de Cancale, Paramé, Saint-Coulomb, Saint-Ideuc et Saint-Méloir, dont l’enregistrement obéit à certaines conditions1. Un premier corpus a été créé à partir des registres de matricules allant de 1697 à 1731, conservés au Service Historique de la Défense de Brest2. En outre, les marins doivent tous avoir navigué entre 1697 et 1702, période de paix très ténue séparant la guerre de la Ligue d’Augsbourg de la guerre de la Succession d’Espagne. Enfin, pour mieux mesurer l’impact des conflits sur cette population, ils doivent tous être vivants au début de l’année 1702, la guerre étant déclarée à l’Angleterre et aux Provinces-Unies au mois d’avril. Ainsi ne sont pas ajoutés à ce groupe ceux qui sont nouvellement intégrés dans la marine du roi à partir de 1702, et dont il n’est pas formellement sûr qu’ils aient réellement été en mer auparavant.
2Les matricules fournissent de précieux renseignements qui se révèlent presque toujours exacts. Simplement, les précisions manquent assez souvent. Il est donc nécessaire de compléter ces plans de carrière par l’étude systématique des rôles d’équipage conservés pour la plupart au SHD de Brest et à celui de Lorient, mais que l’on trouve aussi aux Archives nationales dans les séries du fonds Marine, et aux archives départementales du Morbihan, de la Loire-Atlantique, et de l’Ille-et-Vilaine. Si les rôles concernant la grande pêche, le long cours vers Cadix, ou les ports de la Baltique, sont relativement complets, la chose est beaucoup plus incertaine concernant le cabotage et surtout les armements des vaisseaux du Roi. Pour cette époque, la série C 6 du fonds Marine des Archives nationales n’offre que les rôles de petits bâtiments et de quelques vaisseaux3. Cela ne reflète absolument pas la réalité de ces embarquements. Il faut se contenter des matricules. Les commissaires aux classes vérifient bien les passeports des marins à leur retour de Brest, ou de Lorient voire Toulon, mais ils n’éprouvent pas systématiquement le besoin d’indiquer quels embarquements ont pu se succéder durant une période d’activité au service du roi, d’où la mention absconse « service à Brest ». Au vrai, ces périodes de service, qui n’interviennent pas systématiquement tous les trois ou quatre ans car le marin peut être renvoyé, malade, parti sans qu’on ait de nouvelle de lui sur le moment, dispensé au vu de sa situation familiale, apparaissent comme des interruptions d’une navigation saisonnière qui touche essentiellement Terre-Neuve, spécialement le « Petit Nord » en période de paix, et les embarquements à la course une fois la guerre déclarée. Nonobstant, la « baraka » existe parfois. Des papiers peuvent surgir d’endroits inattendus : papiers privés, papiers mal classés, ou papiers dont la finalité est autre mais qui apportent finalement l’information.
3Cette étude porte sur trois situations ayant toutes en commun un armement mixte à destination de l’Amérique, qu’il s’agisse de vaisseaux du Roi que l’État loue à des particuliers pour une entreprise corsaire – prise de Carthagène en 1697 par le baron de Jean-Bernard de Pointis et les Domingois du gouverneur Jean Du Casse, prise de Rio de Janeiro en 1711 par René Duguay-Trouin – ou qu’il « prête » à la Couronne espagnole pour convoyer la flota de Nouvelle-Espagne en 1707-1708 (deuxième convoi de Du Casse). De quoi montrer certains aspects d’une problématique plus complexe que traitera la base de données, englobée dans un projet plus vaste baptisé Gens de mer des temps modernes : attaches littorales et carrières maritimes, attaches littorales et état sanitaire4.
Prise de Carthagène des Indes en 1697 : escadre du baron de Pointis
4Les archives privées recèlent de bonnes surprises donnant une consistance à cette « bonne fortune ». Jean-Yves Nerzic, qui a hérité des papiers contenant l’intégralité des rôles d’équipage de l’escadre placée sous le commandement du baron de Pointis, est ainsi en mesure d’offrir un élément de taille dans cette quête, ayant dépouillé l’intégralité desdits papiers5 dans l’un de ses premiers travaux de recherche6. Cette entreprise a tardé à se mettre en place. L’escadre, qui appareille de Bertheaume le 7 janvier 1697, gagne le Cap-Français de Saint-Domingue après 55 jours de traversée. Le 19 mars, après une escale au Petit-Goave, où le baron s’emploie à séduire les flibustiers pour les engager à participer à ses côtés à la prise de la cité espagnole, l’escadre se regroupe sous le cap Tiburon. L’appareillage définitif après la revue intervient le 30 mars. Les Français n’évitent pas la mauvaise saison. Une semaine plus tard, les Espagnols voient apparaître une flotte de 32 voiles regroupant 5 630 hommes. Parmi eux, 50 sont originaires du Plessis-Bertrand. Certes, d’autres sont venus récemment sur ces côtes, à bord des vaisseaux de Renau d’Eliçagaray ou de ceux du chevalier Desaugiers, mais pas autant. Seuls 19 relèvent du corpus. Une des raisons qui peut être avancée sur cette différence est la mortalité qui touche les marins et les soldats de cette escadre. Boccachique, Sainte-Croix, la Poupe ou Saint-Lazare : ce n’est qu’à partir du 21 avril, une fois les positions fortifiées alentour occupées, que l’artillerie est en mesure de battre directement les murailles de la ville basse avant de l’investir. Le 6 mai, le gouverneur de Carthagène quitte la ville à la tête de ses troupes après une capitulation dans l’honneur. Le pillage peut commencer tandis que le vomito negro, ou fièvre jaune, fait sentir ses premiers effets : quelque 800 hommes en sont atteints7. Parmi les marins qui ne reverront pas leur famille et leur pays, deux Cancalais sur les 13 de l’opération. Le sort funeste tombe surtout sur les Méloriens (Pierre Dubois et Nicolas Dutertre), ainsi que ceux de Paramé (Alain Jausseaume, Charles Lemaître, et Julien Mallet) avec un marin de Saint-Ideuc, Jean Perret, mort à l’hôpital de Brest8. À ces 18 % de pertes, il faut ajouter les invalides. Deux dont les blessures ont été reconnues comme valables pour prétendre à la demi-solde sont registrés. Le premier, Jean Dauguet, canonnier de Saint-Ideuc, qui, à 39 ans, revient estropié du pied gauche et « a eu tout le visage brûlé par le feu qui a pris aux poudres de manière qu’il est fort incommodé de la vue9 ». Cet homme sera admis à la demi-solde de 9 lt. Le second, François Geslin, matelot de Cancale, « a la main emportée d’un coup de canon et une plaie à la cuisse10 », et il a rapporté un certificat comme le confirme le commissaire aux classes. Si le premier, embarqué sur le Sceptre, continue de naviguer par la suite, et entre donc dans le corpus pour cette raison, le second sur l’Apollon se retire à Paramé où l’on signale son décès en 170811. Reconnu invalide en octobre 1698, il n’avait plus jamais embarqué.
5S’agissant du peu de Cancalais embarqués sur cette escadre, plusieurs remarques peuvent être faites. Le corpus compte 491 Cancalais pour lesquels la date d’intégration dans les registres des classes n’est pas toujours indiquée. Restent les registres de baptêmes, mariages et sépultures, qui fournissent et rectifient les dates de naissances, et permettent de mieux faire la part des choses. On peut donc estimer qu’en 1697, 313 de ces hommes sont en état de naviguer pour le Roi, y compris des mousses qui apparaissent à ce titre sur les rôles d’équipages des vaisseaux ou sur les matricules. Or, ce sont 147 de ces marins que l’on voit servir le Roi en 1697, soit 47 %. On est très loin d’un tiers, et plus encore du quart, indiqués dans les ordonnances du système des classes. La levée a concerné près de la moitié des Cancalais. Mais pour quelle raison aussi peu de ces Bretons sont-ils partis aux Antilles ? Des difficultés financières ? Bien que le baron de Pointis soit cousin du vice-amiral d’Estrées, moteur de cette expédition, réunir l’argent n’a pas été une partie de plaisir. L’armement, qui a débuté à la fin du mois d’août 1696, peine à s’affranchir de cet obstacle aggravé de surcroît par des conditions météorologiques défavorables qui retardent les convois de ravitaillement attendus à Brest.
6L’escadre de neuf vaisseaux destinés à la prise de Barcelone comprend également très peu de Cancalais (1 homme sur le Content, 2 sur le Trident, sans doute 2 sur les galères). Même chose sur l’escadre de Nesmond, censée ruiner New York (3 sur le Superbe, 8 sur l’Heureux), ou sur la division Dandenne en naviguant en course (1 sur le Mercure, 8 sur l’Oiseau, et 1 sur la Galatée). Reste l’escadre de 12 vaisseaux commandée par Châteaurenault dont l’objectif est de s’emparer de la flota de la Vera Cruz. Celle-ci a bien maintenu sa croisière jusqu’au 20 octobre 1696 conformément aux ordres reçus. Elle atteint donc Brest avant le départ de Pointis12. Mais la grande partie des Cancalais embarqués se trouve sur les vaisseaux qui gagnent Toulon pour y être désarmés : le Conquérant avec 12 hommes ; le Henry avec 11 ; l’Éole avec 9 ; l’Invincible avec 8. Il y a bien encore 15 hommes qui servent le roi, la plupart à Brest, les matricules ne donnant pas plus de précisions. Surtout, la guerre, bien longue, la course bien plus dangereuse encore, ont usé ces gens. Beaucoup ne peuvent plus servir à la mer, et sont « laissés aux forts » pour défendre les batteries de Brest, du Conquet, ou de Saint-Malo. Débarquements, bombardements, quand il ne s’agit pas de machines infernales, ont été légion durant ce conflit. Ce sont 21 Cancalais, entre autres, qui sont affectés à ces défenses parce qu’ils sont malades, estropiés ou trop vieux.
7Et de revenir sur cette expédition de Carthagène. Qui sont ces 13 Cancalais pour ne prendre que cet échantillon ? L’effectif tient à un tour de passe-passe. Le matelot Jean Jagoret n’a séjourné que 17 jours sur l’Apollon, avant d’être admis à l’hôpital de Brest. De son côté, Macé Baudouin, sieur de La Croix, a embarqué sur l’Éclatant. Ce bosseman à 24 lt. n’est pas indiqué sur les rôles. L’interrogation porte plus sur le fait de savoir ce qui est arrivé aux six marins. Pour quelle raison ne figurent-ils pas dans le corpus ?
Le cas de François Geslin a été traité ;
Jean Cadiou est déjà âgé – il a 55 ans – lorsqu’il monte sur l’Apollon. Avec son jeune frère François, qui est quant à lui compris dans le corpus, ils ont partagé plusieurs campagnes de pêche au « Petit Nord » ensemble, sur le René en 1684 et sur le François en 1687. Mais blessé à la main sur le Soleil-Royal en 1692, François a été « laissé pour les forts » en 1697. Ils ne se reverront pas car Jean Cadiou est déclaré mort (dans les matricules seulement) le 7 septembre 1697. Il est donc décédé en mer : l’Apollon et l’Avenant, après avoir relâché à Plaisance ont été quelque temps retenus par le marquis André de Nesmond et n’ont regagné Brest que le 20 septembre ;
De Malo-François Lefèvre, on ne sait rien : l’homme n’est pas inscrit dans les matricules. Il a 23 ans et il est le frère de Noël (22 ans). Tous deux sont embarqués sur le Saint-Michel. Le premier est à 14 lt., le second à 12, mais atteint les 14 lt. à la fin de la campagne. On ne sait ce que devient Malo-François. En revanche, Noël s’est marié à la fin de l’année 1695 à Catherine Mathurin. Au moment de l’entreprise de Pointis, sans doute le seul de ses cinq frères qui a survécu au passage de la « faucheuse des enfants », Pierre Mathurin, est parti à Dunkerque pour embarquer sur le Solide commandé par Dandenne. Les noces de Pierre Mathurin et Françoise Lefèvre ont eu lieu le même jour – 26 novembre 1695 – que celles de Noël Lefèvre et Catherine Mathurin. Sans surprise, Françoise Lefèvre est la sœur de Noël. Un autre frère de Noël et Malo-François, Thomas se trouve sur le Saint-Esprit pour une dernière campagne de course ;
De Pierre Lemarchand, on ne sait rien d’autre que son décès en juin 1698 ;
Thomas Lerasle, sur l’Apollon, est mort le 20 juillet 1697, devant Terre-Neuve. Nonobstant que les matricules indiquent qu’il est mort à Brest, rien n’apparaît dans les décomptes qui accompagnent les rôles d’équipages. Son aîné, Jean, apprendra bien la nouvelle de Toulon où il est allé désarmer le Conquérant (Coëtlogon) ;
De Jacques Mesnier, nous ne savons presque rien. Il a épousé Thomasse Ledien, la sœur de Louis, alors à Toulon sur l’Heureux-Retour, et de Guillaume, alors en course sur le Comte de Toulouse. Jacques Mesnier part au « Petit Nord » en 1699 et y meurt. Les six hommes sont donc tous décédés avant que n’éclate la guerre de Succession d’Espagne. Pour lors, la page est tournée pour quelques petites années. Tous ces acteurs de l’entreprise de Carthagène, ceux du moins qui ont survécu, et sont en état de faire la campagne, partent en 1698 à la Grande pêche.
8Pour qui a travaillé sur les Antilles, il est de petites phrases qui mettent du baume au cœur. Thomas Lereculoux, embarqué sur l’Apollon, n’est pas revenu de Carthagène. Le motif invoqué pour cette désertion est qu’il a tourné flibustier (enfin un !). L’homme a 26 ans, et il a navigué sur le Saint-Michel au service du roi en 1695, avant d’aller en course sur le Sérieux. Son père est mort depuis longtemps, tué par les sauvages à Terre-Neuve – les Béothuks –, son frère unique également. Il disparaît donc des archives parce que rayé des matricules en 1706. Sa mère décède en 1707.
Deuxième convoi de Du Casse en 1707 et 1708 à destination de l’Amérique espagnole
9La situation de l’Espagne en 1706 est compliquée tant le besoin en métal précieux se fait sentir pour prétendre poursuivre la guerre aux côtés de la France, elle-même bien mal en point. Les Anglo-hollandais bénéficient de la proximité de Lisbonne et sont maîtres de la Méditerranée depuis peu, accédant sans problème à Barcelone, aux Baléares, et aux côtes italiennes. C’est dire si les atterrages à proximité de Cadix sont sous haute surveillance. Le 10 mars, contre toute attente, flota, galions, capitane de Barlovento, et navires de registre, mettent à la voile, réussissant à passer à proximité de l’escadre de chevalier Leake, avec ses 28 vaisseaux, sans être repérés. Cet exploit permet aux galions d’atteindre Carthagène et à la flota de toucher la Vera Cruz au terme d’une navigation heureuse. Pour autant, le difficile problème du retour de ces bâtiments et du métal précieux reste à résoudre, notamment parce que le 27 juin, les troupes anglo-portugaises font leur entrée à Madrid. Les Espagnols sont obligés de demander l’aide de la France et un projet de trois escadres voit le jour. Chabert est désigné pour quérir l’argent péruvien à Lima et assurer la protection des marchands français présents en mer du Sud. Abraham Duquesne-Guitton pourrait commander en second une escadre bien plus puissante pour les Antilles et faire route avec partie de celle-ci sur Carthagène. Après quelques hésitations du roi et de Jérôme de Pontchartrain sur le nom de celui qui commanderait en chef et irait à la Vera Cruz (choix qui se résume à Pointis ou Du Casse), le Gascon est choisi malgré son état de santé très dégradé et « l’opinion que les Espagnols ont qu’il fasse commerce à leur préjudice13. » Les galions sont désarmés et en piteux état à Carthagène. Il faut renoncer à cette partie du projet. En revanche, la foire qui a eu lieu à la Vera Cruz laisse espérer un riche retour.
10Après bien des péripéties, Du Casse se rend à Brest pour diriger un armement considérable tandis que la frégate la Nymphe quitte Brest le 14 septembre 1707 pour avertir les autorités espagnoles au Mexique et faire que la flota se prépare pour le retour depuis la Vera Cruz14. Du Casse négocie âprement canons et hommes supplémentaires. Pour le Magnanime, il réclame 550 hommes. Pontchartrain écrit à l’intendant Robert de lui en donner le moins possible. Robert négocie à 530 puis accepte 54015. Les autres commandants reçoivent 20 soldats en sus par vaisseau à titre compensatoire. La Thétis, comme bâtiment de charge, fait l’objet d’un armement particulier au cinquième. Le 19 octobre, en compagnie des vaisseaux de Duguay-Trouin et de Forbin, l’escadre de Du Casse lève l’ancre. Un manuscrit conservé à Brest renseigne sur la composition de l’équipage du bâtiment amiral16, le Magnanime : 32 mousses, 316 matelots, dont 26 valets, 76 officiers mariniers, 148 soldats, parmi lesquels on compte 37 sergents et caporaux, prévôts, tambours, capitaines d’armes et gardes de la Marine, soit un total de 540 hommes sans les mousses. Le Grand commandé par Serquigny porte 500 hommes, l’Élizabeth de Champmeslin 420, le Glorieux de Poudenx 400, et l’Hercule de Chavagnac 350. On ne connaît pas les chiffres exacts des frégates, mais l’armement normal de ces navires va à 625 hommes pour la Diane, l’Atalante, et la Nymphe. L’escadre compte un nombre total de 2 835 hommes au lieu de 2 755 normalement prévus17.
11Il se trouve que les équipages ont perçu une avance. Une somme supplémentaire leur sera versée selon toute vraisemblance à bord. Lempereur, commissaire-ordonnateur de Saint-Malo, procède par la suite à un complément pour les quartiers maritimes dont il est responsable. En 1718, soit dix ans après cette opération, un parfait paiement intervient pour clore les comptes. C’est grâce à cette régularisation tardive que des extraits de rôles d’équipages concernant les marins des quartiers de Dinan, Saint-Malo, et Saint-Brieuc, ont été trouvés. Ceux du Plessis-Bertrand nous informent que 30 hommes étaient embarqués au sein de cette escadre : 16 de Cancale ; 7 de Saint-Coulomb ; 5 de Paramé ; 2 de Saint-Méloir. 21 de ces marins relèvent du corpus. Le document se veut avant tout administratif, aucune indication du type de grade, de la provenance des marins, ou autres – père, mère, épouse, couleur du poil, taille – ne figure sur les feuillets18. Les matricules viennent pallier ce défaut, de quoi reconstituer à-peu-près complètement l’embarquement de ces hommes à partir des informations générales dont on dispose. Ajoutons que le rôle comprend 195 noms, les gens du Plessis Bertrand représentant donc 15,3 % des gens de ces trois quartiers, proportion qui se retrouve peu ou prou dans les embarquements pour la Grande pêche.
12Quel a d’abord été le périple réalisé ? Sans entrer dans le détail des négociations compliquées avec les autorités espagnoles, ainsi qu’avec les commandants de la flota, disons que la majeure partie de l’escadre française, après s’être arrêtée brièvement à la Martinique, puis à Saint-Louis au sud de Saint-Domingue, a gagné La Havane (4 janvier 1708) où elle a attendu très longtemps l’arrivée de cette flota dont on retardait toujours le départ depuis la Vera Cruz. Des croisières ont été menées pour patienter dont on ne connaît pas le résultat. Plusieurs frégates sont entrées dans le golfe du Mexique, comme bâtiments d’avis ou comme bâtiments d’escorte : la Diane, le Triomphant (frégate de la Compagnie de Saint-Domingue) y joignent la Nymphe, rejoints ensuite par la Thétis. L’attente commence, la maladie se répand, épargnant miraculeusement les équipages français. On parle de 2 000 victimes. Le 28 mai, la flotte paraît devant La Havane. Du Casse sait avoir dépassé de deux mois les limites fixées au moment de l’armement. Il fait embarquer l’argent « appartenant » aux Français à bord de ses vaisseaux par précaution, sans oublier ce qui est dû pour les dépenses de l’escadre. Le 27 juin, l’ensemble de la flotte – 25 ou 26 voiles – et son escorte française mettent à la voile pour une traversée de 57 jours. Le Lüdlow est parti de Rochefort en hâte avertir de la menace d’une flotte ennemie aux atterrages celui qui, par la même occasion, vient d’être nommé lieutenant-général. Le débarquement en Écosse déjoue ce piège. À la hauteur du Passage, Du Casse ne conserve que la Nymphe, l’Atalante, la Renommée et la Diane, renvoyant le reste de l’escadre avec les vaisseaux sous le commandement du chef d’escadre Serquigny. Le coût de l’armement avec ses suppléments voisine les 600 000 lt. Le 5 septembre, lesdits vaisseaux arrivent à Brest après avoir mouillé devant Belle-Île. On tarde à perquisitionner. Le détournement de la part des officiers dépasse les 200 000 piastres. Un jeu de barques remontant nuitamment l’Élorn jusqu’à Landerneau permet d’écouler une partie du produit de la fraude.
13Là, intervient ce qui restera probablement insoluble. Les hommes d’équipage ont pu profiter de l’aubaine à bien plus petite échelle. Avaient-ils pris leur précaution en embarquant quelques marchandises avant l’appareillage ? Savaient-ils exactement la teneur de cette mission ? Le montant des avances est assez faible et ne correspond pas aux deux mois que l’on trouve dans la course. Ces avances s’échelonnent de 10 à 40 lt. sauf pour deux canonniers qui reçoivent étrangement 75 et 90 lt. Trois hommes n’ont rien perçu. Mais les matricules montrent que Robert Philippe, matelot à 11 lt., avait déserté en 170619. Étienne Dugué est beaucoup trop jeune (s’il s’agit bien de lui), n’étant augmenté qu’en 1712 et habituellement engagé comme soldat. Jacques Garnier existe assurément, mais embarqué sur la Nymphe, ses compétences et son grade font qu’il n’est pas registré sur les rôles ; il perçoit en tout et pour tout quelques 912 lt., de loin la somme la plus élevée. François Dugué, pourtant maître-canonnier à 30 lt. par mois depuis son voyage à la Chine sur le Murinais, ne perçoit que 243 lt. Tous ces hommes sont partis pour la plupart dix mois et demi, les cinq hommes sur la Nymphe plus d’un an.
14Une première réflexion consiste à vérifier la fiabilité des rôles des classes sur lesquels s’appuie la base. Étienne Dugué et Jacques Garnier ne sont pas registrés comme sept autres marins. François Lefèvre, de Saint-Coulomb, n’est augmenté qu’en 1706 à 18 ans, mais manifestement, il a embarqué comme mousse et a dû participer à la bataille de Velez-Màlaga. Revenant de Toulon et ayant embarqué sur le Saint-Esprit pour Nantes et Cadix, c’est en juillet 1707 qu’il est appelé à Brest. Il se trouve sur la Nymphe et obtient son congé de Rochefort le 8 octobre 1708, soit une absence de plus d’un an si l’on compte la route à pied jusque chez lui. Jean Lancelin, de Cancale, connaît une situation identique, augmenté en 1707 à 18 ans. Étienne Carré, de Saint-Coulomb, entre dans la même catégorie, intégré en 1705 à 18 ans, il n’a navigué que sur un corsaire auparavant, tout comme Pierre Duchesne, de Paramé. Ce dernier est parti sur le Glorieux à 13 lt. 10 s., et il est revenu sur l’Élizabeth à 14 lt. tout en en « méritant » 1520. Les trois hommes restants sont inconnus des registres.
15Une autre remarque vise l’effort qui a été réalisé durant la longue paix allant de 1678 à 1688. Sept de ces hommes sont canonniers. Cette formation a permis de procurer à la marine du Roi des spécialistes de l’artillerie qui servent encore durant ce conflit21. François Dugué, de Cancale, a été formé en 1685 à l’école du canon de Brest, comme Jean Lebon, de Saint-Méloir, en 1683, tout en embarquant sur le Fort. Robert Jagoret a suivi ce parcours à cette époque, apparaissant comme aide-canonnier à 12 lt. sur le Formidable en 1692. Les autres ont manifestement été initiés plus récemment, conservant souvent des soldes de matelots. À tous, cette aventure américaine est plutôt favorable dans la mesure où aucune perte ne semble devoir être déplorée. Pierre Fontaine, de Saint-Coulomb, est parti comme canonnier à 15 lt. Il revient comme aide-charpentier à 16 livres22. En 1722, il embarque comme charpentier sur les Deux Frères pour la Louisiane au service de la Compagnie des Indes à 24 lt. ! Même chose pour Michel Portier – bien que Colombanais – qui a vu sa solde augmenter régulièrement : 12 lt. sur le Bizarre en 1697 ; 13 sur le Volontaire en 1700 ; 14 sur le Saint-Michel en 1701 ; 15 sur le Glorieux en 1707 ; revenant ensuite canonnier à 16 lt., puis à 20 en 1720, au service de la Compagnie. Louis Renard, soldé à 9 lt., est l’un des plus jeunes officiers mariniers ayant désarmé le Conquérant en 1697. Après deux séjours dans les geôles britanniques, il ne revient au service qu’en 1706 avec 12 lt. mensuelles. Le Cancalais, François Dugué, sans pouvoir en connaître la raison, sauf à subodorer que ses aptitudes ont été reconnues, se trouve sur le Magnanime en 1707 à 21 lt., étant également signalé comme quartier-maître. Il continue à naviguer jusqu’en 1737 après au moins trente ans à la mer, devenant maître-canonnier sans pour autant servir le roi23. Semblable opportunité s’offre également aux matelots. Sur les 14 dûment identifiés, 6 sont promus, Pierre Leroux, de Saint-Coulomb, partant à 12 lt. et revenant à 14. Certains ont été augmentés au départ : Charles Bouchard qui navigue depuis 1700, et qui se trouve encore en 1748 sur l’Achille au service de la Compagnie des Indes orientales, n’était soldé qu’à 8 lt. en 1706, passant directement à 10 lorsqu’il embarque sur l’Hercule en 1707. Ce travail sur les augmentations décidées en mer, voire à l’appareillage, par le commandant ou les membres de l’état-major est un domaine que la base de GEMER sera capable de mesurer plus finement. Reste à remarquer qu’une partie desdites augmentations était à la charge des Espagnols, expliquant peut-être une certaine générosité. Un dernier point touche l’environnement lié à ces embarquements. Ces 30 hommes sont numériquement trop peu nombreux pour prétendre conserver les repères qui peuvent être analysés sur d’autres types de navigation. Pas d’esprit grégaire, pas de phratrie : le vaisseau est ici un lieu où l’anonymat est poussé assez loin. Le vaisseau le Grand est celui qui porte le plus de monde du Plessis-Bertrand, soit 10 hommes. Rien ne permet, même en regardant les fiches individuelles, de conclure à un quelconque lien de parenté. Tout au plus une proximité géographique émerge, très vague : François Dugué et Laurent Chevalier ont vécu tous deux à La Broustière, mais le premier est localisé par la suite aux Valades, le second à La Verrie. Les deux Méloriens, Jean Lebon et Jacques Neveu, se « reconnaissent » sans plus.
Prise de Rio de Janeiro en 1711 : escadre de Duguay-Trouin
16Quelques années plus tard, une des dernières expéditions montées durant la guerre de Succession d’Espagne permet de retrouver nos gens du Plessis-Bertrand. L’objectif – Rio de Janeiro – mêle tout à la fois la volonté d’une entreprise lucrative pour l’État et pour les armateurs, celle d’une vengeance intervenant à la suite de l’échec de l’escadre de Duclerc l’année précédente et du sort réservé aux prisonniers24, et, en cette année 1711, où après le « terrible hiver » la guerre s’éternise, celle de peser sur le Portugal, royaume parmi les plus obstinés à poursuivre la guerre. L’escadre est essentiellement armée à Brest, mais pour mieux tromper l’ennemi, le Mars l’est à Dunkerque tandis que le Fidèle et l’Aigle sont apprêtés à La Rochelle25. Comme tous les équipages des vaisseaux, personne n’est informé de la destination. Les 2 500 soldats qui embarquent doivent cependant laisser à penser que l’affaire sera sérieuse. Ce n’est que le 22 juin que les états-majors sont informés de la nature véritable de l’entreprise. Après avoir échappé à une flotte anglaise en quittant la rade de Brest le 3 juin, Duguay-Trouin réunit son escadre au complet devant La Rochelle, et appareille le 9 pour faire voile sur l’archipel du Cap-Vert. C’est sur l’île de Saint-Vincent que sont formées les brigades. Des matelots doivent les compléter. Le 11 septembre, les Français doublent le cap Frio et, après avoir essuyé le feu des forts en passant le goulet, 2 800 hommes sont débarqués au nord de la ville, ainsi que 500 scorbutiques le 14. Au moins 500 canonniers et matelots des vaisseaux sont prêts à servir sur les pièces (canons et mortiers), débarquées à l’île aux Chèvres. À noter également une compagnie formée de 30 volontaires issus de frégates malouines armées au Port-Louis (Chancelier et Glorieuse). Le gouverneur Dom Francisco de Castro Morais accepte définitivement le principe d’une contribution le 10 octobre ; un mois de combat à quoi s’ajoute un mois pour charger le butin. Les 12 et 13 novembre, l’escadre est hors du goulet.
17Voilà pour les faits. Aucun rôle d’équipage ne vient éclairer a priori cette glorieuse campagne. L’échantillon ne portera par définition que sur le corpus. Deux navires sont partis pour la mer du Sud, deux autres ont relâché aux Antilles, le reste de l’escadre a fait sa route sur Brest et Port-Louis, traversant plusieurs fortes tempêtes. Le Fidèle et le Magnanime ont sombré corps et biens. Chacun, Duguay-Trouin en tête, peut mesurer le terrible vide qui se crée. Aux 500 morts dénombrés au cours du siège s’ajoutent les 1 100 hommes des équipages et soldats de ces deux vaisseaux. Qu’en est-il pour ceux du Plessis-Bertrand ? Il paraît bien des défaillances dans l’enregistrement de cette campagne au sein des matricules. Les mentions de « service à Brest » sont légion et ne permettent pas de différencier les affectations durant la campagne. Il faut donc se résoudre à se contenter de celles qui indiquent nommément le vaisseau. René Pelchien, de Saint-Ideuc, devait quitter le service et « a été payé pour y retourner », en 1711, pour servir sur le Glorieux à 15 lt., en méritant 16. Avec lui, François Croslard, de Paramé, vient de débarquer de l’Amazone, et lui aussi sert pour 15 lt. et en mérite 16. De bons compagnons désormais ? Ils embarquent tous deux sur l’Entreprenant en 1712 pour Plaisance. Sur l’Achille se trouvent deux Cancalais : Jacques Lhomme a quitté le Jason en 1711 à 15 lt. et Richard Poirier qui était déjà sur l’Achille en 1710 à 14 lt. (il reste sur ce vaisseau mais à 15 lt.). Sur l’Amazone, on dénombre quatre hommes – Louis Audouart, de Cancale, estropié de la main gauche et du bras, était déjà sur cette frégate, tout comme Thomas Baslé et Pierre Poirier, de Saint-Méloir, ou encore Jean Visel, de Paramé, « payés pour y retourner » – prolongés, quitte à leur donner une livre mensuelle supplémentaire. Sur la Bellone, Philippe Amice était malade en 1710, gabier auparavant à 16 livres, il sert comme quartier-maître à 18. On ne peut rien affirmer de Guillaume Bruslé, n’ayant pas d’information sur son activité en 1709 et 1710. Sur l’Astrée, Michel Gilbert est également maintenu. Il perdra l’œil gauche et le pouce droit lors de la prise de la cité brésilienne. Enfin, sur le Magnanime où huit marins du Plessis-Bertrand sont embarqués, Philippe Lignel et Joseph Mathurin, tous deux de Cancale, et l’Idocéen Pierre Demiaux – pilote à 50 lt. – sont dans le cas d’une prolongation du service.
18En comptant Jean Baudouin et Gilles Lanjulienne, de Cancale, les seuls hommes du corpus à monter sur le Lys, commandé par Duguay-Trouin, ce sont 21 marins qui embarquent sur les vaisseaux du Roi. Cette escadre est-elle armée en raclant les fonds de tiroir, ou est-ce la solution jugée la plus pratique pour conserver des équipages habitués à leur navire ? La première hypothèse serait étayée par la forte létalité et l’usure du temps. Bien des marins du corpus ont disparu, souvent du fait de la course. Bien d’autres ne sont plus en état de servir. L’arrivée au cours de la guerre d’une nouvelle génération – non comptabilisée ici – ne comble pas le vide. Mais pour une compréhension optimum de la problématique, il faut bien se résoudre à incriminer la tenue des rôles des matricules. La thèse de Jérôme Sublime sur les commissaires des classes de la marine est ici incontournable26. Les reproches qui se font à l’égard de ce personnel ne touchent certes pas l’ensemble des commissaires mais une simple observation des registres de Saint-Malo est éclairante27. Plutôt que d’entamer un nouveau registre, les nouveaux inscrits ont été ajoutés en bas de page, là où il restait de la place. Cette décision fait que les mentions sont réduites à leur plus simple expression. Que la charge de commissaire aux classes soit devenue vénale en 1704 n’a pas arrangé les choses. Depuis le début du conflit, trois commissaires se sont succédés pour s’occuper du quartier de Saint-Malo : Charles Verret de Saint-Sulpice (1699-1703/1705) ; Jacques Pelsaire (1703-1706) ; François Guillaume Le Gagneux (1706-1727). Cela ne signifie pas pour autant qu’on ne puisse déceler chez eux une certaine empathie pour les marins, les misérables, les chargés de famille, les handicapés. Mais il faut modérer ce propos quant à ce qui transparaît des apostilles apposées sur les matricules. Jacques Pelsaire a par exemple été accusé en 1711 du détournement de l’argent devant revenir aux matelots de son nouveau quartier d’Isigny, soit 4 400 lt.28.
19Pour les marins du Roi du Plessis-Bertrand, Rio de Janeiro reste d’évidence la plus tragique des expéditions, suite à la disparition du Magnanime. Le taux de mortalité au sein du corpus est de 38 % ; un chiffre qui est néanmoins à diluer quelque peu. En cette année 1711, la dernière véritable année de guerre avant que timidement la trêve négociée avec l’Angleterre ne produise ses premiers effets, la course demeure une activité de premier plan. Les marins disponibles ne s’aventurent qu’avec prudence dans les eaux terre-neuviennes. Les corsaires en cueillent encore une majorité. Justement, les deux grosses frégates qui accompagnent Duguay-Trouin, le Chancelier et le Glorieux, en comptent respectivement 14 et 4. Encore une fois, il s’agit d’hommes relevant du corpus, et tous sont indemnes sauf le Cancalais Jean Basière. En incorporant l’ensemble de ces gens, le taux de mortalité reste au niveau très élevé de 23 %. Il faut ajouter ceux dont l’invalidité est reconnue à l’arrivée : Jean Cormier, Pierre Étienne, Georges Hélevent et Georges Lechanteux, tous de Cancale29. Cette fois, la paix revenue, bien plus de marins s’embarquent vers l’Amérique, la mer du Sud, et l’océan Indien. Les voyages triangulaires se font plus nombreux.
20Le croisement des rôles d’équipage et des matricules ne peut malheureusement pas toujours se faire. Pour les commissaires des classes, la nécessité de suivre les matelots joue bien plus pour les embarquements privés, quels qu’ils soient, que ceux qui concernent le Roi. Les vaisseaux de guerre sont un lieu d’éclatement pour les marins, où il faut recréer un tissu social, apprendre à vivre avec une multitude « d’étrangers ». En revanche, les treize Cancalais embarqués sur le Chancelier se connaissent. La base de GEMER permettra d’établir l’ensemble des liens pouvant les relier. Mais des questions restent en attendant que de vieux greniers ne fassent remonter de nouvelles sources. Ainsi, si le convoiement de Du Casse a pu favoriser un petit interlope parmi les matelots, le pillage a-t-il pu aussi contribuer à un certain enrichissement à Carthagène et à Rio ? On sait que la cité brésilienne a été mise à sac durant le temps où son gouverneur réunissait de quoi verser la rançon. Est-ce que des retours avec un peu plus que le triste quotidien ont pu donner le goût des longs voyages ? Le quantitatif, la statistique, ne peuvent pas toujours révéler les raisons profondes, du moins autorisent-ils un questionnement.
Notes de bas de page
1Cette base n’aurait pu être créée sans la participation d’érudits locaux, de généreux chercheurs, en l’occurrence le regretté Rolland Delépine, particulièrement dans le cadre de ce travail, Aristide Delarose qui nous a fourni ses précieuses fiches généalogiques, fruits de nombreuses années de compilations, tirées des registres dits « BMS » de Cancale (baptêmes, mariages et sépultures), et Thierry Huck pour le dépouillements des matricules du Plessis-Bertrand.
2Pour une présentation détaillée de la construction de la base de données et les sources exploitées : Hess Aurélie et Hrodej Philippe, « Les marins du Plessis-Bertrand à l’époque de Louis XIV : les opportunités d’une base de données », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 126-1, 2019, p. 53-73.
3Archives nationales, Marine, C6 1-1347, rôles d’équipage.
4Le projet est inséré au pôle de compétences en recherche et innovation « Homme, Mer et Littoral » de l’université de Bretagne-Sud.
5Fonds privé Nerzic-Ousset.
6Nerzic Jean-Yves, Armement en course du baron de Pointis, 1696-1697, mémoire de maîtrise, dir. Philippe Hrodej, université de Bretagne-Sud, 2002.
7Hrodej Philippe, L’amiral Du Casse, l’élévation d’un Gascon sous Louis XIV, Paris, Librairie de l’Inde, 1999, vol. 2, chap. iv.
8Service historique de la Défense (désormais SHD), Marine, Brest, 1 P3 11 et 1 P3 15.
9SHD, Marine, Brest, 1 P3 11.
10Ibid.
11SHD, Marine, Brest, 1 P8 85.
12Calmon-Maison A., Le maréchal de Châteaurenault 1637-1716, Paris, Calmann-Lévy, 1903, p. 176 avec l’appendice xiii.
13Archives des Affaires étrangères (AAE), Correspondance Politique Espagne, vol. 156, Pontchartrain à Amelot, Marly le 25 juillet 1706.
14Pour l’ensemble des opérations, voir Hrodej Philippe, L’amiral Du Casse, op. cit., chap. vii.
15SHD, Marine, Brest, Ms 161.
16Ibid.
17Ibid.
18SHD, Marine, Brest, 1 P8 17 à 20.
19SHD, Marine, Brest, 1 P3 11. Une explication peut être avancée. De ses trois frères, Jean était mort en mer en 1687, Julien était mort l’année précédente dans les prisons anglaises après que le corsaire la Harpie ait été capturée, et Michel, qui avait participé à la bataille de Velez-Màlaga, se trouvait alors à Toulon d’où il finit par embarquer pour la mer du Sud. Ses quatre sœurs ainsi qu’un autre frère étant sans doute décédés jeunes. Robert restait le seul à pouvoir veiller sur sa mère. Son frère Michel ne se marie qu’en 1709 à son retour.
20SHD, Marine, Brest, 1 P3 15. Ce signalement entraîne généralement un réajustement lors de la campagne suivante. Ici, celui-ci intervient sur l’Argonaute en octobre 1710.
21SHD, Marine, Brest, 1 P3 1.
22Du fait de la nécessité de défendre une plus large portion de côtes par des batteries, on est plus volontiers canonnier à Cancale et charpentier à Saint-Coulomb.
23SHD, Marine, Brest, 1 P3 34 et 38.
24Duguay-Trouin en écrivant dans ses mémoires son intention de s’en prendre à Salvador de Bahia de todos os Santos, ne serait-ce que pour y récupérer les prisonniers restants de cette malheureuse expédition, montre qu’il y allait de l’honneur de la France et de ses marins : « Je ramenais avec moi un officier, quatre gardes de la marine et près de 500 soldats qui restaient de la défaite de M. Duclerc ; tous les autres officiers avaient été envoyés à la baie de Tous-les-Saints. J’étais résolu d’aller les y délivrer […] », Duguay-Trouin René, Mémoires, Saint-Malo, Spézet, Ancre de Marine éditions, 2000, p. 196.
25Nerzic Jean-Yves, Duguay-Trouin armateur malouin, corsaire brestois, Milon-la-Chapelle, Éditions H&D, 2012, chapitre ix.
26Sublime Jérôme, Les commissaires des classes de la marine en France (xviie-xviiie siècles), thèse d’histoire, dir. Alain Cabantous, université Panthéon-Sorbonne, 2014.
27Il n’appartient pas à l’auteur de distribuer de bonnes ou mauvaises notes sans plus de certitude, mais les quartiers de Dinan et de Saint-Brieuc relevant eux-aussi du département de Saint-Malo, ainsi que celui de Lannion, sont souvent plus avantageusement servis. Des listes séparées et récapitulatives des gens du quartier sont insérées dans les rôles d’équipages par exemple.
28Sublime Jérôme, op. cit., p. 103-104 et 263.
29Ce qui ne veut pas dire qu’ils n’étaient pas invalides au départ. Il s’agit ici d’embarquements sur des corsaires privés où il faut bien compléter les équipages.
Auteur
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Philippe Hroděj
Université Bretagne-Sud (Lorient).
Philippe Hrodej est maître de conférences en histoire moderne à l’université Bretagne-Sud (Lorient), membre du laboratoire TEMOS (UMR 9016 CNRS) et du Groupement d’intérêt scientifique histoire et sciences de la mer. Il est porteur du projet GEMER – Gens de Mer – un programme destiné à l’étude des marins et de leurs familles à Cancale, Marennes et Martigues au xviiie siècle. Ses recherches portent sur monde colonial sous Louis XIV, le commerce et les plantations à Saint-Domingue, la course, la flibuste et la piraterie ainsi que la Grande Pêche à Terre-Neuve.

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