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    Plan détaillé Texte intégral Les bâtiments engagés dans les opérations militaires Les équipages engagés dans les opérations militaires Notes de bas de page Auteur

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    Table des matières

    La flotte de guerre antigonide à la fin du ive siècle à travers les récits des sièges de Chypre et de Rhodes

    Isabelle Pimouguet-Pédarros

    p. 161-176

    Texte intégral Les bâtiments engagés dans les opérations militaires Nombre et provenance des bâtiments Typologie des bâtiments Les équipages engagés dans les opérations militaires Les équipages de l’armée régulière Les pirates « alliés » du roi Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Nous savons par Diodore de Sicile qu’Antigone entreprit dès 315 de se constituer une armée navale afin de disputer à Ptolémée la suprématie sur mer1. L’auteur rapporte que Rhodes accepta de construire pour le souverain des navires de guerre avec du bois importé de Syrie2 ; il ajoute qu’à cette date une flotte fit voile, depuis Rhodes, vers Tyr en vue de bloquer l’accès aux ports de la cité ; il ne précise pas si ces navires étaient ceux construits par Rhodes pour Antigone ou s’il s’agissait de navires proprement rhodiens3. Ce qui est certain, en revanche, c’est que ces chantiers de construction navale contribuèrent4, avec ceux de Cilicie et de Phénicie ouverts à peu près à la même période, au développement de la politique maritime antigonide.

    2Le conflit entre Antigone et Ptolémée pour la maîtrise du bassin oriental de la Méditerranée s’inscrivait dans une logique de construction des espaces maritimes au sein de laquelle Rhodes et Chypre constituaient des pièces maîtresses5. Tenant la Syrie et la Phénicie ainsi que la majeure partie de l’Asie Mineure6, Antigone ne pouvait asseoir sa suprématie navale, ni même assurer la stabilité de ses conquêtes sans couper Ptolémée de ses principales têtes de pont dans l’Orient méditerranéen : Chypre, Rhodes et le littoral micrasiatique7. Après avoir remporté une victoire décisive à Chypre contre les forces ptolémaïques en 306, les Antigonides cherchèrent à soumettre Rhodes. Démétrios, le fils d’Antigone, qui venait de mener avec succès les opérations de siège devant Salamine de Chypre, fut envoyé à Rhodes au printemps 305 avec des forces considérables. Diodore de Sicile, qui constitue notre principale source, rapporte que le souverain « disposait de deux cents vaisseaux de ligne de taille variable et de plus de cent soixante-dix vaisseaux auxiliaires. Sur ces derniers étaient transportés près de quarante mille soldats avec des cavaliers et des pirates alliés » (XX, 82, 4). Ce passage pose la question du nombre, de la provenance et du type de vaisseaux engagés dans le conflit mais aussi des effectifs et de la composition de la marine attachée au service du roi.

    Les bâtiments engagés dans les opérations militaires

    Nombre et provenance des bâtiments

    3Concernant le nombre et la provenance des bâtiments, on ne peut émettre aucune hypothèse qui ne soit fondée sur la documentation relative au siège de Chypre, car les deux événements sont, de ce point de vue, étroitement liés. Néanmoins, les sources ne sont pas unanimes sur le nombre de navires avec lesquels le roi livra la bataille navale de Salamine, elles s’accordent seulement sur le nombre de ceux qui servirent à bloquer le port, soit dix navires au total8. Hans Hauben, reprenant l’ensemble du dossier, note que les écarts enregistrés entre les données chiffrées de Diodore et celles de Plutarque proviennent d’une altération et/ou d’une erreur de copie du texte original, qu’il attribue à Hiéronymos de Cardia. Ainsi, selon toute vraisemblance, Démétrios aurait disposé de 190 (180 + 10) ou de 180 (170 + 10) navires9. Ce nombre est approximativement celui que fournit Diodore à propos du siège de Rhodes ce qui donne du crédit au témoignage de l’auteur et appuie indirectement l’hypothèse de Hans Hauben pour Chypre. Il est probable que la plupart des bâtiments engagés à Chypre furent réutilisés l’année suivante à Rhodes car il y eut peu de pertes matérielles. En effet, il est précisé que les 20 navires de guerre endommagés purent être réparés et reprendre leur service10. En ce qui concerne les vaisseaux auxiliaires, il est attesté que le roi en fit usage à Chypre pour le transport de la cavalerie et de l’infanterie, mais leur nombre n’est pas précisé. Sans doute était-il à peu près équivalent à celui qui est donné pour le camp adverse. En effet, nous savons que Ptolémée disposait d’environ 200 navires de ce type11. Aussi n’y a-t-il aucune raison de remettre en question le nombre de 170 avancé par Diodore à propos du siège de Rhodes.

    4Nous ne disposons d’aucune information directe sur la provenance des bâtiments. Toutefois, il est possible de reconstituer la flotte de Démétrios en analysant, une fois de plus, les informations relatives au siège de Chypre. On sait que le roi fit voile depuis la Cilicie avec 163 navires de guerre12. Ce nombre passa à 189 ou 190 juste avant la bataille navale de Salamine. Hans Hauben considère que dans l’intervalle il y eut sans doute la levée de navires (17 ou 27) dans quelques cités chypriotes, comme Karpasia et Ourania – ce qui ne paraît pas contestable au regard du témoignage de Diodore13. De plus, il ressort très clairement des textes que lors de la bataille navale de Salamine, Démétrios prit possession des 60 navires que commandait Ménélaus, frère de Ptolemée14. À l’issue du conflit, il y ajouta ceux dont il s’était rendu maître aux dépens de Ptolémée lors des affrontements sur mer. À ce propos, Diodore rapporte qu’il s’empara de 40 navires de guerre et fit remorquer dans son camp 80 autres bâtiments du même type qu’il venait d’attaquer et d’endommager15. Si ces données chiffrées sont justes, on peut estimer le nombre de navires de guerre pris à l’ennemi à 180 (60 + 40 + 80). Cependant, Plutarque ne fournit pas le même témoignage. Il note que Ptolémée « s’enfuit avec 8 navires seulement (de toute sa flotte, il n’y en eut pas davantage de sauvés) ; parmi les autres, les uns avaient été détruits au cours du combat naval, et soixante-dix furent pris avec leurs équipages16 ». Le nombre de 70 avancé par l’auteur correspond environ à la moitié de la flotte de guerre engagée par Ptolémée à Chypre17. Si l’on y ajoute les 60 navires pris à Ménélaus, on parvient à un total de 130.

    5Il ressort donc des sources que Démétrios s’empara au total de 130 ou 180 navires. Si les 80 navires mentionnés par Diodore pour avoir été remorqués dans le camp ne furent pas réparés, comme semble le suggérer Plutarque, il faut admettre que Démétrios ajouta à sa flotte non pas 180 mais 100 navires – nombre qui tend à se rapprocher de celui mentionné par Plutarque. Si l’on additionne à présent toutes ces données, il apparaît que la flotte de guerre de Démétrios, juste après la victoire de Chypre, comptait entre 280 et 370 bâtiments18. Il y a donc tout lieu de penser que les 200 navires utilisés par le roi dans la guerre contre Rhodes provenaient de Chypre et qu’il s’agissait en partie de bâtiments pris à l’ennemi. On ne saurait toutefois pousser plus loin l’analyse car l’on manque d’informations précises concernant l’expédition d’Égypte qui eut lieu immédiatement après le siège de Salamine. On ne sait pas combien de navires furent mobilisés pour cette expédition, ni quelles furent les pertes éventuelles. De même, on ne sait pas si le roi put bénéficier durant le siège de Rhodes de l’appui d’escadrons en provenance de cités alliées, comme cela avait été le cas pour le siège de Chypre19 – le silence des sources sur cette question ne peut être considéré comme un élément probant.

    Typologie des bâtiments

    6Dans notre documentation, les navires sont désignés sous le vocable générique de « bateaux » [tw’nploivwn,skavfh]20. Diodore, en 82, 4, note que le roi disposait de « grands vaisseaux de toutes sortes » [nau’» makra;» me;npantoiva»]. Cette expression renvoie aux vaisseaux de ligne, qualifiés aussi de « vaisseaux longs » par opposition aux bateaux cargos – c’est-à-dire tout navire de guerre égal ou supérieur à la trière21. Le terme de « uJphretika » est moins précis, car il s’applique à toute une série d’embarcations au service des grands navires. La traduction de « vaisseaux auxiliaires » semble être la plus juste dans la mesure où elle ne renvoie pas à la forme des navires mais au lien fonctionnel qu’ils entretenaient avec les vaisseaux de ligne22. Cependant, on peut aussi les qualifier de « vaisseaux spécialisés » de manière à souligner une utilisation particulière dans le temps et l’espace, distincte de celle des vaisseaux de ligne23. Nous reviendrons plus en détail sur cette définition. Mais d’abord, il nous faut revenir sur la distinction établie par Diodore, en commençant par étudier la première catégorie de navires, celle des vaisseaux de ligne.

    7Il n’est aucunement fait mention de leurs caractéristiques techniques de sorte qu’il est difficile de les apprécier dans le détail. Le seul bâtiment dont le nombre de rangs soit indiqué est une tétrère envoyée par Phila à son époux (93, 4)24. Toutefois la mention de « grands [megavlwn] », voire de « très grands [mevgista] navires » met l’accent sur le nombre de rangs (ou de rameurs ?) et laisse penser que le roi disposait de plusieurs bâtiments de taille supérieure aux tétrères25. Pour Chypre, il est attesté que le roi avait fait usage d’une cinquantaine de grands navires, dont des pentères, des héxères et des heptères, ces dernières, d’origine phénicienne, étant au nombre de 726. On peut supposer que ces polyères furent utilisées à peu près dans les mêmes proportions l’année suivante à Rhodes. J.-J. Droysen, se fondant sur Théophraste, suppose que Démétrios était déjà en possession d’un navire à 11 rangs en 305-30427. On peut invoquer à l’appui de cette hypothèse le témoignage de Plutarque selon lequel la taille de ses navires n’avait cessé de s’accroître : « Il était toujours insatisfait de la grandeur de ses navires […] et ne se lassait pas du plaisir de les examiner […]. Leur grandeur frappait de stupeur même ses amis, et leur beauté charmait même ses ennemis28 […]. »

    8Il est incontestable que cette tendance, déjà significative au temps du siège de Chypre, se poursuivit dans les années suivantes, atteignant à Rhodes, dans le domaine du machinisme militaire, son plus grand développement. Le gigantisme dans la construction navale peut s’expliquer : d’abord par la volonté des grandes puissances hellénistiques de faire des navires les nouveaux attributs de la puissance royale – il est d’ailleurs à noter que les plus grands, difficiles à manier, faisaient seulement figures d’œuvres de prestige29 ; ensuite, par le développement de la pratique de l’assaut qui exigeait de disposer de navires porteurs d’engins susceptibles de servir d’armes d’appui aux opérations de siège.

    9Démétrios commença par mener à Rhodes un siège amphibie, comme l’avait fait Alexandre à Tyr quelques décennies plus tôt. Cependant la comparaison s’arrête là, car des différences importantes sont à noter. Alexandre étant contraint de lancer ses assauts depuis la mer, avait monté des catapultes de moyen calibre sur des trières qu’il avait amarrées deux à deux de manière à pouvoir les utiliser comme plates-formes de tir30. Qu’en fut-il à Rhodes ?

    10Diodore fait explicitement référence à l’usage de navires porteurs d’engins ou « mécanophores » par l’emploi des vocables « ta ;» mhcana;» ploivoi» », « ta;» mhcana;» komivzonta » (85, 2 ; 88, 4). Cependant, le dispositif mit en place diffère radicalement de celui d’Alexandre. En effet, Démétrios monta sur les vaisseaux de ligne uniquement les catapultes de petit calibre ; pour les engins de jet de gros calibre, il utilisa des bateaux de transport (ploivwnforthgw’n) arrimés l’un à l’autre31. Monter des catapultes à bord comportait un certain nombre d’inconvénients que le roi semble avoir habilement contournés. En effet, la charge pouvait gêner le maniement des avirons mais aussi alourdir considérablement l’embarcation, rompant ainsi son équilibre ; dans les deux cas, elle lui enlevait une bonne part de sa capacité manœuvrière32. Pour ne perdre aucun avantage tactique, le roi installa sur la proue, des engins de jet très légers de manière à ne pas avoir à lester la poupe et remplaça les navires de guerre par des navires cargos qui, étant d’un tonnage supérieur, pouvaient supporter davantage de poids33. Ainsi, il est probable que Démétrios tira les leçons des opérations navales menées par Alexandre à Tyr, mais aussi de celles que lui-même avait menées à Chypre deux années auparavant34.

    11Concernant l’aménagement des navires de guerre, nous savons qu’ils étaient équipés de plusieurs éperons ou ejmbola (DS, 88, 6). En 87, 2, au lieu de ce terme, Diodore emploie celui de « ajkrostovlia » qui renvoie à l’extrémité avant d’un navire et plus particulièrement au bord supérieur de la poupe qui pouvait présenter des ornements en bronze, sculptés en ronde-bosse et scellés à la carène35. Ces navires, comme ceux que le roi avait engagés contre Ptolémée à Chypre, étaient également équipés de plates-formes de combat ainsi que de plates-formes de tir sur lesquelles pouvaient prendre place des catapultes36. En effet, il est fait mention en 83, 1 de « grands navires » avec à leur proue des oxybèles de trois spithames, les seules probablement à ne pas amoindrir la fonctionnalité des vaisseaux de ligne. Plutarque insiste d’ailleurs sur ce point, notant que la taille de ces navires « ne les empêchait pas d’être propres au combat […], le perfectionnement de leur aménagement ne retranchait rien de leur utilité ; leur vitesse et leur efficacité étaient encore plus spectaculaires que leur grandeur37 ».

    12En ce qui concerne les vaisseaux auxiliaires (uJphretika ;), nous savons par Diodore qu’ils furent utilisés pour transporter les troupes jusqu’à Rhodes (82, 4)38. Ce terme n’apparaît plus dans la suite du récit. Il est toutefois question en 83, 1 de « navires servant au transport des soldats et des chevaux que remorquaient des bateaux à rames39 [tai’» eijresivai»] ». Ces navires peuvent être identifiés à des vaisseaux auxiliaires. On peut également inclure dans cette catégorie les navires porteurs d’engins dont il est question en 85, 1. Même s’il est vrai que les vaisseaux auxiliaires étaient le plus souvent des bâtiments légers, il n’en reste pas moins qu’il pouvait s’agir de bâtiments lourds, tels que les cargos (ploivwnforthgwn), notamment lorsque ceux-ci devaient servir les besoins d’une guerre, comme c’est le cas ici. C’est la raison pour laquelle Y. Garlan préfère traduire le terme d’« uJphretika » par celui de « vaisseaux spécialisés », notant que parmi eux, les uns servaient au transport sans distinction, les autres aux opérations navales40. Laissons de côté les premiers qui n’apportent rien à notre propos, pour nous intéresser aux seconds.

    13Dans le récit du siège de Rhodes par Diodore, il est question d’abord de « robustes chaloupes » [tou;» aJdrotavtou» tw’nlevmbwn] (85, 3) équipées à leur proue de petites oxybèles. Le mot lembos, dans la documentation hellénistique, renvoie à toute une série d’embarcations à rames, inférieures à la trière, et dépourvues d’éperons – sortes de chaloupes, suivant ou précédant un navire de guerre. En grec moderne, il désigne aussi le canot, notamment le canot de sauvetage, ce qui laisse penser que ce type de bateau pouvait aussi servir au transport des hommes. Il s’agissait le plus souvent de petites unités utilisées en formations tactiques. Dans les opérations navales du iiie et du iie siècles, ces navires sont présentés comme rapides, légers et bons manœuvriers, avec pour fonction d’attaquer les polyères41. À la fin du ive siècle, il en était certainement déjà de même. En effet, il ressort du passage 85, 3 que les chaloupes furent utilisées par Démétrios comme force d’appui des bâtiments lourds : de la même manière que les fantassins légers étaient chargés de harceler l’adversaire (bataille rangée) ou de couvrir les assauts des fantassins lourds (siège ordinaire), les hommes à bord des lemboi (archers crétois et artilleurs) étaient projetés sur mer avec pour mission d’attaquer les polyères de la flotte adverse.

    14Ces bateaux furent transformés pour répondre aux besoins du siège. Le roi les « renforça au moyen de planches massives et les dota d’embrasures de tir qui pouvaient être fermées [katafravxa» sanivsikai;qurivda» kleista;»]. Cela signifie que la hauteur des fargues fut augmentée par des bardages en bois, peut-être recouverts de plaques de métal, formant un bandeau continu au-dessus de la coque42. Ces bardages furent percés à intervalles réguliers de fenêtres pourvues de protections43, probablement des pièces de cuir rembourrées dont la présence est bien attestée pour l’hélépole, tour de siège mobile44. Ce dispositif n’est pas sans rappeler les parapets de type mur-écran (épalxis) dont les premiers exemples dans l’architecture militaire grecque remontent au début de la période hellénistique45. Ainsi, les lemboi pouvaient résister aux chocs des tirs adverses, tout en étant elles-mêmes le support d’une artillerie offensive.

    15Il est question aussi de « navires aphraktes [a[frakta] » appartenant aux pirates alliés du roi (DS 97, 5). Ce terme désigne une série d’embarcations qui, par leur forme et leur destination, s’opposent aux vaisseaux de ligne dits kataphractes. Simon Hornblower, dans son commentaire de Thucydide, note que le mot « kataphraktos » signifie « clos » (fenced in) et précise qu’il renvoie à des navires pourvus d’un pont et d’éléments latéraux de protection (en cuir ou autres matériaux46). Cela paraît donc indiquer que les vaisseaux de ligne disposaient non seulement de ponts mais également de plats-bords (ceinture entourant les ponts et limitant le bardage en bois) et de fargues (parties supérieures du bardage entaillée par les dames des avirons). Faut-il en déduire a contrario que les navires aphraktes étaient dépourvus de ponts et d’éléments latéraux de protection ? Le mot aphraktos qui veut dire « ouvert » ou « sans clôture » donne une première indication sur la forme de ces embarcations. Pour Augustin Cartault, il s’agissait de vaisseaux pontés mais non protégés par des fargues, c’est-à-dire qu’ils n’étaient ni fermés, ni protégés latéralement47. Jean Taillardat note également qu’il s’agissait de navires dépourvus de fargues, mais ne précise pas la présence ou non de ponts48. Jean Pagès, plus récemment, définit le terme d’aphraktos comme l’identique du latin aperta qui signifie non fargué, non ponté49. Il rejoint ainsi Lionel Casson et Vincent Gabrielsen pour lesquels les navires aphraktes étaient une catégorie de navires légers non pontés50. Cependant, les travaux publiés en 1997 sous la direction de Patrice Pomey montrent, d’une part que des navires légers pouvaient être partiellement pontés, comme le bateau coulé au large de Kyrenia, à Chypre, à la fin du ive siècle (sorte de caboteur ?), d’autre part que les premières trières n’étaient ni farguées ni pontées mais n’en possédaient pas moins un gaillard d’avant et un gaillard d’arrière reliés par une passerelle51. Il apparaît donc que ce terme ne saurait se réduire à une seule définition. Il renvoie certainement à une réalité plus complexe. Ce qui semble assuré, c’est que les navires aphraktes étaient des navires dépourvus de fargues, légers, rapides et maniables, à usage militaire. Ils étaient différents des lemboi mais aussi des akatia – petites embarcations à rames, de taille variable, s’apparentant à des brigantins, pouvant contenir plusieurs dizaines de rameurs52. Mais en tout état de cause, il ressort du témoignage de Diodore que sur les navires aphraktes se trouvaient uniquement les pirates alliés de Démétrios. Il pourrait s’agir dans ce contexte d’hémiolies, navires légers, non pontés, généralement utilisés par les pirates53.

    Les équipages engagés dans les opérations militaires

    16La diversité des bâtiments que nous venons de mettre en évidence – diversité de forme, de fonction et d’utilisation – pose la question de la composition des équipages. En effet, à côté des troupes de marine, dont il convient de déterminer le nombre, l’origine et la nature, se trouvaient des pirates, en tout cas au moment du siège de Rhodes. Ceux-ci avaient-ils réellement un statut d’alliés comme l’indique Diodore en 82, 4 ou faut-il y voir des mercenaires engagés pour leur expérience dans les coups de main et les attaques surprises ?

    Les équipages de l’armée régulière

    17Diodore, dans son récit du siège de Rhodes, établit une nette distinction entre l’armée de terre (meta;dunavmew», th;nduvnamin) et la flotte (to;nejpivploun)54. Les 40 000 soldats qui se trouvaient à bord des 170 vaisseaux auxiliaires étaient des fantassins lourds, légers et semi-légers (82, 1). Les officiers de marine et leurs équipages se trouvaient sur les 200 navires de guerre que le roi avait regroupés dans le port de Lôryma en vue du siège55 (voir figure 1). Le nombre et la taille très variable des bâtiments suggèrent des effectifs importants. En effet, sachant que les 160 à 180 navires de guerre dont disposait Alexandre en 334 représentaient un total de 32 000 à 37 000 hommes d’équipage56 (rameurs et techniciens compris), on peut estimer un nombre largement supérieur pour la flotte de Démétrios – celui-ci disposant de 20 à 40 bâtiments de plus, dont plusieurs de taille supérieure. William Woodthorpe Tarn a montré qu’un navire de guerre à 13 rangs de rameurs nécessitait environ 1 800 hommes d’équipages57. Plus récemment, Jean Pagès a reconsidéré la question des rangs de rameurs, notamment pour les grosses unités, de la pentère à l’octère, voire davantage. Il s’est demandé s’il ne convenait pas de prendre en compte le nombre de rameurs par côté plutôt que le nombre de rangs – sachant que plusieurs rameurs pouvaient manœuvrer la même rame. De cette manière, pour une heptère, il y aurait eu trois rangs de rameurs avec deux rameurs au 1er et au 2e rang, sur chaque rame, et trois sur le 3e ou, autre dispositif envisageable, deux rangs de rameurs avec un système 3-458. Si l’on accepte cette hypothèse, il faut revoir à la baisse le nombre de rameurs présents sur les grosses unités qui, en définitive, n’était peut-être pas aussi élevé qu’on pourrait le penser, en tout cas aucunement proportionnel à la taille des bâtiments.

    Fig. 1. – Carte de l’Asie Mineure occidentale à la fin du ive siècle.

    Isabelle Pimouguet-Pédarros.

    18Aucune indication n’est donnée sur la provenance des équipages. Cependant, comme il est probable que Démétrios fit usage à Rhodes des navires construits dans les chantiers navals de Phénicie et de Cilicie, on peut penser que les équipages étaient constitués en grande partie d’hommes originaires de ces régions59. On doit aussi rappeler que Démétrios, avant de mener son expédition contre Chypre, avait fait une halte en Cilicie de manière à rassembler des navires et des hommes supplémentaires60. À ces Ciliciens s’ajoutaient certainement de nombreux Cariens et Ioniens. En effet, il est attesté que les équipages des navires mis en chantier à Rhodes en 314 étaient d’origine carienne. Il n’y a aucune raison de penser que cela prit fin en 305-30461. De plus, considérant la présence dans la flotte de guerre antigonide de nombreux officiers originaires de Carie et d’Ionie, on peut supposer que les équipages servant à leurs côtés étaient également constitués d’hommes provenant de ces régions.

    19La mention d’équipages ou, de manière plus générale, d’hommes servant dans la marine, apparaît uniquement à propos des navires mis à l’ancre par Démétrios hors de la zone de conflit, à Carpathos et à Patara62. Cependant, quelle que soit l’imprécision de notre documentation, se trouvaient à bord des navires de guerre les traditionnels membres d’équipages (officiers navals, épibates, rameurs, maîtres de nage et techniciens63). Ils furent probablement associés dès le début du siège aux artilleurs, qui présentaient l’avantage d’élargir le champ d’utilisation tactique de la marine. La présence d’hommes capables de manipuler des catapultes sur mer est en effet attestée par Diodore (85, 3).

    20En ce qui concerne les officiers navals, il n’en est pas fait mention. Il est cependant question en 82, 2, d’un commandant d’Antigone (tw’nstrathgw’n) chargé de porter atteinte sur mer aux intérêts de Rhodes, mais l’épisode semble être antérieur au regroupement de la flotte de guerre dans le port de Lôryma. En revanche, plusieurs officiers navals sont connus pour avoir participé aux côtés de Démétrios au siège de Chypre.

    21Il apparaît ainsi qu’à Chypre, au-dessous du commandement suprême exercé par Démétrios, se trouvait Médeios, fils d’Oxythémis de Larissa, remplissant les fonctions d’amiral (navarchos) aux côtés de Pleistas de Cos et d’Hégesippos d’Halicarnasse qui servaient en qualité de chef pilote (archikebernetai64). Nous savons que Médeios fut régulièrement nommé navarque dans les années 313-30465. Hans Hauben a montré qu’au cours de cette période celui-ci avait officié à plusieurs reprises en qualité d’amiral en chef, avec Pleistas comme second dans la chaîne de commandement66. Aussi, rien ne s’oppose à l’idée que ces officiers navals de haut rang aient été présents à Rhodes, remplissant ici les mêmes fonctions que celles qu’ils avaient remplies à Chypre deux années auparavant. D’autres officiers navals dont la présence est attestée à Chypre peuvent également avoir joué un rôle dans les opérations maritimes contre Rhodes, notamment Marsyas de Pella (fils de Périandros), mais aussi Antisthène, Bourrichos, Néon ou encore Thémison de Samos67. Ce dernier commandait à Chypre des navires légers aux côtés de Marsyas de Pella. En fut-il de même à Rhodes ? Faut-il établir un lien entre les lemboi mentionnés en 85, 3 et ces officiers ? Autant de questions auxquelles on ne peut apporter de réponse définitive.

    22Enfin, il est à noter aussi le silence des sources concernant la présence de triérarques à Rhodes dans le camp de Démétrios. Ceux-ci sont mentionnés par Diodore à propos de la bataille navale de Salamine de Chypre68. On peut supposer qu’à cette date le système de la triérarchie constituait un élément important de la flotte antigonide – et d’ailleurs aussi lagide69. Il est probable que le réseau d’alliances développé par les souverains à partir de 315 en Grèce, dans les Cyclades et en Asie Mineure, fut activé au moment du siège de Rhodes afin de pourvoir au fonctionnement et à l’entretien des navires de guerre – comme ils l’avaient fait dans la guerre contre Chypre.

    Les pirates « alliés » du roi

    23En relation avec les forces navales de Démétrios, il faut aborder la question des pirates qui, si l’on se réfère à Diodore, ne formaient pas un groupe homogène. En effet, seuls certains d’entre eux sont cités en qualité d’alliés [summacou’si] ou de compagnons d’armes [sustrateuovntwn] (XX 82, 4 ; 97, 5). On doit par conséquent s’interroger sur leur statut et déterminer s’il convient de les différencier des autres pirates, notamment de ceux qui sont mentionnés sans autre précision.

    24Plusieurs recherches tendent à établir un lien entre le mercenariat et la piraterie. En effet, les pirates qui apparaissent dans la littérature et l’épigraphie grecques en relation avec les rois sont souvent identifiés à des mercenaires : pirates employés au titre de mercenaires ou mercenaires désengagés pratiquant la piraterie entre deux campagnes militaires70. Janice J. Gabbert, dans un article consacré à la piraterie hellénistique, montre qu’à cette époque le rôle du pirate et du mercenaire était interchangeable ; un homme qualifié de pirate pouvait, par son action sur le théâtre des opérations militaires, n’être guère différent du soldat mobilisé ou recruté par une armée royale, la qualité de pirate s’expliquant par les activités antérieures exercées par cet homme. Toutefois, cela ne veut pas dire que tous les mercenaires hellénistiques aient été, à un moment ou à un autre de leur existence, des pirates, ni même que tous les pirates aient été des mercenaires potentiels. Ce qui est certain c’est qu’il existait, en parallèle, de véritables pirates, selon le sens commun donné à ce terme, exerçant leur activité en marge de tout pouvoir étatique71.

    25Par ailleurs, que ces pirates soient désignés comme « alliés » ou « compagnons d’armes » ne signifie pas qu’il existait une alliance formelle et officielle avec Démétrios. Ces appellations indiquent simplement qu’ils furent recrutés par le roi pour faire campagne avec lui contre Rhodes. Cela ressort clairement du passage 82, 4 dans lequel il est question des vaisseaux auxiliaires avec à leur bord les soldats, les cavaliers et « les pirates alliés72 » [toi’» summacou’sipeiratai’»]. Avaient-ils le statut de mercenaires ? Si tel fut le cas, pourquoi ne pas les avoir qualifiés de stratiotai ? L’explication est peut-être à rechercher dans la fonction tactique qui leur fut assignée plus que dans le mode de rémunération susceptible de justifier leur statut. En effet, l’expérience d’une partie d’entre eux dans les coups de mains et les attaques surprises pourrait avoir conduit le roi à les différencier des autres mercenaires. Si, en revanche, il ne s’agissait pas de soldats stipendiés, mais de véritables pirates73, il faut considérer que leur rémunération se fit sur le butin, constitué à partir du pillage du territoire rhodien et des attaques lancées sur les navires de commerce faisant voile vers l’île. L’imprécision de notre documentation ne permet pas de trancher. Une chose est sûre, c’est que ces pirates formaient un groupe à part, spécialement recruté par le roi pour remplir une mission particulière. S’agissait-il d’une piraterie locale ou exportée ? Rien ne permet de trancher.

    26En revanche leur action ressort assez clairement du récit de Diodore. En 83, 3, l’auteur fait mention des pirates sans autre précision, cependant le contexte nous conduit à les identifier aux pirates alliés : d’abord parce que les opérations de pillage auxquelles ils sont associés sont ordonnées directement par Démétrios, ensuite parce que ces opérations ne s’effectuent pas en marge des forces royales, mais avec elles : « il envoya ceux qui parmi les pirates et les autres avaient des dispositions particulières [tw’npeiratw’nkai; tw’n a[llwntou;» eujqevtou»] pour piller l’île par mer et par terre74 ». On apprend que ces pirates se trouvaient sur les vaisseaux auxiliaires avec les soldats et les cavaliers. Est-ce à dire qu’ils furent recrutés sans leurs embarcations ? Cela semble probable s’il s’agit de mercenaires.

    27En revanche, pour les pirates dont il est fait mention en 97, 5, on ne peut émettre aucune hypothèse sans revenir sur la définition des navires aphraktes. Diodore note qu’ils avaient « trois navires aphraktes » et que de « tous les pirates alliés du roi, ils étaient considérés comme étant les plus redoutables [kravtistoi]. On a vu que les navires aphraktes étaient légers, rapides et maniables, dépourvus de fargues et généralement non pontés. Dans ces conditions, il est possible que le roi ait recruté ces pirates avec leurs propres embarcations (hémioles ?). Si, au contraire, les aphraktes étaient des navires pontés, comme le note Lionel Cartault75, leur appartenance aux pirates peut difficilement être envisagée, ceux-ci étant toujours associés à des navires non pontés.

    28Diodore met l’accent dans ce passage d’une part sur la supériorité de ces pirates par rapport aux autres, d’autre part sur l’existence d’autres groupes ayant également le statut d’alliés. Aucune indication n’est donnée sur leur mission. Il est simplement précisé qu’il s’agissait de pirates que le roi avait déployés à proximité de la Pérée (voir figure 1). Considérant l’importance stratégique du canal rhodien, on peut supposer qu’ils jouaient le rôle de « chasseurs », repoussant les contre-offensives maritimes et empêchant l’arrivée de secours extérieurs. À la tête de ce groupe se trouvait « l’archipirate Timoclès [Timoklh’» oJajrcipeirathv»] » (97, 6)76. Selon Philip de Souza le terme d’« archipirate » indique que Timocrate était « the leading pirate, and does not have any spécial connotation of expertise or influence77 ». Il est probable qu’il exerçait sur les autres pirates un commandement militaire dont la justification pourrait reposer sur des entreprises antérieures de piraterie. Rien ne s’oppose à l’idée qu’il ait été nommé ainsi par Démétrios au moment du siège. Avait-il le statut de chef de mercenaires ou s’agissait-il d’un pirate hors du commun gardant sa liberté d’action tout en défendant les intérêts du roi ? Cette question renvoie au débat exposé plus haut. L’exemple du pirate Andron recruté par Démétrios quelques années plus tard montre la difficulté à définir précisément ce type d’individu78.

    29À côté de ces pirates qui constituaient une force d’appui tactique dans l’armée de Démétrios, il y avait des pirates dont l’action se faisait en marge de celle du roi. Ils se confondent non plus avec les soldats mais avec les commerçants et les marchands. Cela ressort très clairement du passage 83, 1 où il est question « des bâtiments des pirates [ta;tw’npeiratw’npovria] » suivant ceux des marchands et des commerçants. Aucune indication n’est donnée sur leurs embarcations (hémiolies ?). Ils sont en revanche très étroitement associés aux navires de commerce et clairement différenciés des vaisseaux de ligne et des vaisseaux auxiliaires. Il ne fait aucun doute qu’ils ne faisaient pas partie des forces navales du roi ; ils accompagnaient le train de l’armée uniquement dans la perspective de faire du profit. Diodore y fait allusion en 82, 5 lorsqu’il évoque les profiteurs de guerre et note qu’à la suite de la flotte du roi se trouvait « près d’un millier de navires de commerce appartenant à des particuliers » [ijdiwtika;povria]. Ce terme renvoie à des bateaux privés, en l’occurrence ici à des bâtiments appartenant à des marchands ainsi probablement qu’à des pirates. On voit bien ici la difficulté à différencier les uns des autres79. Tous servaient indirectement la cause de Démétrios dans la mesure où, s’enrichissant à bon compte, ils contribuaient à affaiblir la puissance de Rhodes80. Mais par-delà cet aspect purement stratégique, il est probable qu’ils jouaient un rôle logistique non négligeable en fournissant à l’armée assiégeante un marché dont malheureusement on ignore tout concernant les modalités de fonctionnement.

    30Ainsi, au moment du siège de Rhodes et après avoir conquis Chypre, les Antigonides disposaient d’une flotte de guerre composée de plusieurs centaines de bâtiments, probablement autour de 400, en comptant les vaisseaux auxiliaires. Les vaisseaux de ligne, au nombre de 200, n’étaient pas seulement composés de trières et de tétrères, ils comptaient aussi pour une bonne part, sans doute pour plus d’un tiers, des bâtiments de taille supérieure, les plus grands pouvant déjà atteindre onze rangs. Ces bâtiments furent armés, aménagés et équipés avec le plus grand soin, les uns afin d’être utilisés dans les batailles navales traditionnelles, les autres dans les assauts amphibies. Les vaisseaux auxiliaires, pour lesquels Diodore avance le nombre de 170, étaient pour la plupart des navires servant au transport des troupes et du matériel. Certains furent toutefois utilisés dans des opérations sur mer, tels les lemboi, petites chaloupes dont le roi fit rehausser les fargues afin de permettre aux artilleurs de ne pas être exposés aux tirs adverses. Étaient-ce les seuls navires légers, rapides et bons manœuvriers dont disposait Démétrios ? Il n’est en tout cas fait référence à aucun autre navire de ce type, à l’exception cependant des embarcations aphraktes à partir desquelles opéraient les « pirates alliés », sans doute des hémiolies.

    31Les équipages peuvent difficilement être comptabilisés ; leur nombre dépend du nombre total de bâtiments, et surtout de la disposition des rames dans les polyères, qui n’est pas encore établie avec certitude. On peut cependant supposer des effectifs de l’ordre de trente à quarante mille hommes, provenant pour beaucoup d’entre eux, de Cilicie, de Carie et d’Ionie. À côté de l’armée navale régulière, dont il est en définitive difficile de dresser la composition, se trouvaient de nombreux pirates, les uns engagés ou alliés, les autres opportunistes.

    Notes de bas de page

    1Cet article est une version abrégée et remaniée de la 3e section du chapitre iv de mon ouvrage publié en 2011 aux PUR sous le titre La cité à l’épreuve des rois. Le siège de rhodes par Démétrios Poliorcète (305-304 av. J.-C.). Cf. DS. XIX, 58, 1. Ptolémée, à la mort d’Alexandre, avait pris possession de l’armée navale du roi, constituée de 240 unités et avait ainsi pu développer une suprématie maritime. Voir Casson Lionel, The Ancient Mariners. Seafarers and Seafighters of the Mediterranean in Ancient Times, Princeton, Princeton University Press, 2nde édition, 1991, p. 129.

    2DS. XIX, 57, 4. Sur les matières premières nécessaires à la constitution des flottes de guerre, Meiggs Russell, Trees and Timber in the Ancient Mediterranean World, New York, Clarendon Press of Oxford University Press, 1982.

    3DS. XIX, 58, 5. Sur le siège de Tyr, DS. XIX, 61, 5. Commentaire dans Merker Irwin Loeb, Studies in Sea-Power in the Eastern Mediterranean in the Century following the Death of Alexander, Princeton, Princeton University Press, 1958, p. 10-12 ; Hauben Hans, « Rhodes, Alexander and the Diadochi from 333-332 B. C. », Historia, 26, 1977, p. 322-327. L’auteur a repris l’ensemble des textes relatifs aux opérations maritimes menées par Antigone entre 315 et 314 dans le bassin oriental de la Méditerranée. Il a considéré que Rhodes ne s’était pas seulement contentée d’ouvrir des chantiers de construction navale, mais qu’elle avait aussi participé activement au siège de Tyr contre Ptolémée, envoyant à deux reprises des contingents navals afin de soutenir l’action d’Antigone ; l’un de ces contingents était constitué par les navires qu’elle venait de construire pour Antigone, l’autre de navires proprement rhodiens sur lesquels avaient pris place une partie de ses marins. Les analyses de l’auteur n’emportent pas la conviction car le témoignage de Diodore est équivoque et ne permet aucunement d’identifier des navires proprement rhodiens dans le camp antigonide.

    4DS. XIX, 55, 3 ; 58, 5. Sur les vestiges de chantiers navals datés de la période hellénistique mis au jour sur le site de Rhodes, Gabrielsen Vincent, The Naval Aristocracy of Hellenistic Rhodes, Londres, Aarhus University Press, coll. « Studies in Hellenistic Civilization », no 6, 1997, p. 38-39.

    5Sur Rhodes et Chypre à la période moderne, Brummett Palmira, « The Overrated Adversary: Rhodes and ottoman Naval Power », The Historical Journal, 36, no 3, 1993, p. 517-541.

    6La Syrie-Phénicie avait déjà été enlevée à Ptolémée entre 316 et 311. Sur la politique syrienne de Ptolémée à partir de 319, Seibert Jacob, « Ptolemaios I und Milet », Chiron, I, 1971, p. 159-166 ; sur Antigone et sa mainmise sur l’Asie entre 316 et 311, Capdetrey Laurent, L’Asie Mineure après Alexandre (vers 323-vers 270 av. J.-C.). L’invention du monde hellénistique, PUR, 2022, p. 112-113.

    7Sur la compétition entre Lagides et Antigonides dans le domaine de la construction navale, Tarn William Woodthorpe, Hellenistic Military and Naval Developments, Cambridge, Cambridge University Press, 1930, 2010, p. 122-175 (ici p. 152) ; Casson Lionel, Ships and Seamanship in the Ancient World, Princeton, Princeton University Press, 1971, 1986, p. 97-140 ; Meirat Jean, Marines antiques de la Méditerranée, Paris, Fayard, 1964, p. 106 ; Rougé Jean, La marine dans l’Antiquité, Paris, PUF, coll. « L’historien », 1975, p. 104-106.

    8DS. XIX, 49-52 ; Plut., Dém., 16, 1-4.

    9Hauben Hans, « Fleet Strenght at the Battle of Salamis (306 B. C.) », Chiron, 6, 1976, p. 1-5.

    10DS. XIX, 52, 6. En 52, 3, on apprend que Ptolémée avait enfoncé sur l’aile gauche les navires de Démétrios.

    11DS. XIX, 49, 1-2.

    12DS. XIX, 49, 1. Démétrios partit d’Athènes en vue d’assiéger Chypre avec une flotte constituée certainement des navires qu’Antigone en 314 avait fait construire dans les chantiers navals de Phénicie (Sidon, Byblos, Tripolis) et de Cilicie. S’y ajoutaient peut-être aussi ceux construits à Rhodes à la même époque et qu’il avait ensuite utilisés pour le siège de Tyr. Cf. DS. XIX, 58, 1-5 ; 61, 5 ; 62, 7 ; XX, 50, 3 ; 52, 1. En tout cas, la Cilicie restait pourvoyeuse de bâtiments et d’équipages car nous savons que juste avant d’attaquer Chypre, Démétrios avait fait voile vers la Cilicie, y regroupant des navires et des hommes supplémentaires. Cf. DS. 47, 1. Sur ces chantiers de construction et l’utilisation de la flotte dans les années suivantes, Hauben Hans, op. cit., 1977, p. 322-327 ; Berthold Richard M., Rhodes in the hellenistic Age, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 1984, p. 61 ; Billows Richard A., Antigonos the One-Eyed and the Creation of the Hellenistic States, Berkeley/Londres, University of California Press, 1997, p. 358-359.

    13DS. XIX, 49, 2.

    14DS. XIX, 49, 2-3 ; 52, 5 ; Plut., Dém. 16, 1 et 7.

    15DS. XIX, 52, 6.

    16Plut., Dém., 16, 1.

    17En ce qui concerne les forces lagides à Chypre, Plut., Dém., 16, 1, fait mention de 150 bâtiments, sans autre précision. Mais compte tenu du contexte, il y a tout lieu de penser que ce nombre n’incluait pas les vaisseaux auxiliaires. DS. 49, 1-2 fait état quant à lui de 140 navires de guerre.

    18Selon la source que l’on retient, on peut estimer la flotte à 310-320 bâtiments (180 ou 190 + 130 selon Plutarque) ou à 360-370 (180 ou 190 + 180 selon Diodore) – voire à 280-290 si l’on retranche à ce décompte les 80 navires remorqués vers le camp (180 ou 190 + 100). Mais quoi qu’il en soit, il ressort des textes que la flotte antigonide entre 314 et 301 était l’une des plus importantes du monde hellénistique avec des effectifs variant entre 250 et 500 unités. Cf. Plut., Dém., 16, 1 ; 27, 4 ; 33, 7-8 ; 43, 1 ; 44, 1 ; DS. XIX, 49, 1-2 ; 20, 84, 2.

    19Pour Chypre, Démétrios bénéficia de l’appui d’escadrons athéniens composés de 30 unités. Cf. DS. 50, 3. Selon Billows Richard A., op. cit., p. 359-360. Ce témoignage doit être mis en relation avec une inscription dans laquelle on apprend que Démétrios fit alliance avec Athènes en 307, s’engageant à ce que son père fournît du bois pour la construction de 100 navires de guerre ; une partie des navires construits à l’hiver 307-306 fut certainement en mesure de rejoindre ceux de Démétrios à Chypre. Cf. IG II2 1492 b. l. 118-124. L’auteur note qu’il est possible que le roi ait aussi bénéficié de l’appui d’escadrons en provenance de l’Ionie et des îles car beaucoup d’officiers de marine originaires de ces régions sont mentionnés pour avoir été au service des Antigonides ce qui peut laisser penser qu’il y eut également la fourniture de navires et d’équipages. Déjà, en 313, lors du siège de Tyr, les Antigonides avaient reçu des escadrons de l’Hellespont, et plus précisément des cités alliées de Propontide et de mer Noire – 40 ou 80 unités placées sous l’amiralat de Thémison de Samos. Cf. DS. 62, 7.

    20DS. XX, 82, 3 ; 87, 4 ; 88, 1 et 7 ; 93, 2 ; 95, 3 ; 96, 2. Plut., Dém., 22, 1.

    21Sur les vaisseaux de ligne à l’époque hellénistique : Morrison John Sinclair, Williams Roderick Trevor, Greek Oared Ships 900-322 BC, Cambridge, Cambridge University Press, 1968 ; Rice Rob S., « The Rhodian Navy in the Hellenistic Age », in William R. Roberts et Jack Sweetman, New Interpretations of Naval History: Selected Papers from the Ninth Naval History Symposium, 18-20 october 1989, Annapolis, Naval Institute Press, 1991, p. 20-50 ; Casson Lionel, Ships and Seafearing in Ancient Times, Londres, British Museum Press, 1994.

    22Rice Rob S., op. cit., p. 29-50.

    23Garlan Yvon, La guerre dans l’Antiquité, Paris, Nathan, 1972, 1990, p. 145.

    24Cet épisode apparaît aussi en ces termes dans le papyrus de Berlin. Cf. P. Berol. 11632 l. 1-2. Plut., Dém., 22, 1, en fait également mention mais sans donner de précision sur le type de bâtiment.

    25Sur les trétrères, Garlan Yvon, op. cit., p. 43. À Chypre, elles formaient, avec les trières, la majorité de la flotte antigonide. Cf. DS. XIX, 50, 1. Voir aussi Hauben Hans, op. cit., 1976. La flotte de Ptolémée comptait 140 navires de guerre, principalement des tétrères et des pentères.

    26DS. XIX, 47, 1 ; 49, 12 ; 50, 1-3 ; 52, 1. Selon Billows Richard A., op. cit., p. 359, les meilleurs navires de la flotte de Démétrios en 306 étaient les hexeres phéniciennes. Ce fut à bord d’un navire de ce type que le roi se battit contre Ptolémée.

    27Droysen Johann Gustav, Geschichte des Hellenismus, I-II, Gotha, F. A. Perthes, 1877-1878, II, p. 453. Cf. Théophraste, De Plant., V. 5.1.

    28Plut., Dém., 20, 1, 6, 9. En 20, 8-9, il note que « ses vaisseaux à 16 ou 15 rangs faisaient l’admiration de ses adversaires ». Voir aussi 31, 1-4 et 43, 4, où il rend compte de l’existence en 301 d’un navire à 13 rangs, à 15 et à 16 en 288, le plus grand atteignant les 18 rangs entre 276 et 239. La présence de Néarque à ses côtés, lorsqu’il avait pour mission de protéger la Syrie d’une attaque lagide, peut expliquer son goût pour la marine, et en particulier pour les vaisseaux de ligne. Cf. DS. XIX, 59 ; 69, 1. Berve 1926, II, no 79 (Néarque, amiral de la flotte d’Alexandre). L’optimum fut atteint sous Ptolémée IV qui fit construire un navire à 40 rangs dont Callixène nous a fourni une description détaillée (Cf. Ath., Deipn., V, 203 d).

    29Plut., Dém., 43, 5-6 ; 53, 2-4. À propos du navire à 40 rangs de Philopator, l’auteur note qu’il était « fait pour la montre, et non pour l’usage, tant il était pénible et dangereux de le mouvoir ! » ; de même, en 53, 2-4, il rapporte qu’à la mort de Démétrios, l’urne d’or dans laquelle se trouvaient les cendres de Démétrios, fut placée par son fils Gonatas à la poupe du plus grand des navires de commandement, parée de la pourpre et du diadème royaux. Voir aussi 20, 7-8, où l’auteur affirme que les vaisseaux à 15 ou 16 rangs de Démétrios faisaient « l’admiration de ses adversaires, de l’endroit où ils se tenaient, ils les voyaient longer les côtes de leur pays ».

    30DS. XVII, 43, 4, 46.

    31DS. XX, 83, 1 ; 85, 1.

    32Tarn William Woodthorpe, op. cit., p. 120-121.

    33Philon, 98, 20-25 (21), préconisait précisément d’installer des machines sur des bateaux de transport afin de mener des opérations navalo-terrestres : « si tu fais ton approche par mer, fais-la après avoir dressé des ouvrages de charpente sur les cargos et les barques. »

    34DS. XIX, 49, 4 ; 51, 2.

    35Geer (trad. Loeb Classical Library) : « the Rhodians (…) after stripping off the beaks, threw dry pitchy wood into the ships and burned them ».

    36Sur l’aménagement des vaisseaux de ligne à Chypre, voir DS. XIX, 51, 24.

    37Plut., Dém., 43, 7.

    38DS. XIX, 52, 6 emploie aussi ce terme pour désigner les navires qui, à Chypre, transportaient les troupes de Ptolémée.

    39Bancs de rameurs d’où bateaux à rames. Hoeffer : barque à rameurs. On retrouve la mention de navires remorqueurs en 86, 3 (tai’» rJumoulkouvsai» nausi;n).

    40Garlan Yvon, op. cit., p. 145. Sur les navires légers utilisés pour les opérations navales, Casson Lionel, Ships and Seamanship, op. cit., p. 125-126 ; Pritchett William Kendrick, Ancient Greek Military Practices, Berkeley, University of California Press, 1971, p. 323-324 ; Gabrielsen Vincent, op. cit., p. 89-92 ; id., « Economic Activity, Maritime Trade, and Piracy in the hellenistic Aegean », Revue des Études Anciennes, 103 (1), 2001, p. 219-240.

    41Casson Lionel, op. cit., 1971, p. 125-126 et 162.

    42Dans le texte katafravxa». Katafravssw : cuirasser, couvrir d’une armure. Thuc. I, 10, fait mention d’un navire cuirassé, c’est-à-dire « un navire garni de planches massives qui, exhaussant le bord, protégeaient latéralement les rameurs ». Nous avons affaire ici à un même dispositif. Dans la traduction française de Hoeffer on peut lire que les petites embarcations (lemboi) « furent jointes ensemble et recouvertes de planches solides ».

    43qurivda» kleista;» : embrasures pouvant être fermées. La mention d’embrasures de tir n’apparaît pas dans la traduction de Hoeffer. Sur ce type d’ouvertures, voir aussi Plut., Marc., 273d.

    44Voir Pimouguet-Pédarros Isabelle, op. cit., p. 164.

    45Voir le devis descriptif relatif à la reconstruction des remparts d’Athènes. Cf. IG II 2 463 = Maier1959, I, no 11. Garlan Yvon, Recherches de poliorcétique grecque, Athènes, École française d’Athènes, 1974, p. 263-264.

    46Hornblower Simon, Commentary on Thucydides, Oxford, 1991. Voir aussi Romilly Jacqueline de, CUF à propos du passage 1.10.4 de Thucydide. À propos des navires kataphraktes, Vincent Gabrielsen cite les trières et d’une façon générale toutes les polyrèmes, vaisseaux lourds par opposition aux petits navires dont la structure les range dans une autre catégorie, celle des navires légers ou aphraktes : Gabrielsen Vincent, « Naval Warfare: its Economic and Social Impact on Greek Cities », in Tønnes Bekker-Nielsen et Lise Hannestad (ed.), War as a cultural and social force: essays on warfare in antiquity, Compenhague, Det kongelige danske videnskabernes selskab, 2001, p. 82.

    47Cartault Augustin, La trière athénienne, étude d’archéologie navale, Paris, E. Thorin, 1881, Claude Tchou pour la bibliothèque des introuvables, 2001, p. 195.

    48Taillardat Jean, « La trière athénienne sur mer aux ve et vie siècles », in Jean-Pierre Vernant (dir.), Problèmes de la guerre en Grèce ancienne, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1968, rééd. 1993, p. 183-206 (ici p. 198-199).

    49Pagès Jean, Recherches sur la guerre navale dans l’Antiquité, Paris, Institut de stratégie comparée, Economica, 2000.

    50Casson Lionel, op. cit., 1971, p. 88 et 116 ; Gabrielsen Vincent, op. cit., 1997, p. 89-92 ; Voir aussi dans le même sens Pritchett William Kendrick, op. cit., p. 323-324 ; De Souza Philip, Piracy in the Graeco-Roman World, Cambridge, Cambridge University Press, 1999, p. 43-44. Geer Russel Mortimer 1954 dans sa traduction anglaise du passage 97, 5 de Diodore considère également les aphraktes comme des navires légers non pontés (decklessships ou undeckedships). Philip de Souza note que la différence entre navires pontés et non pontés est que les premiers étaient des vaisseaux destinés à la guerre, les seconds des navires marchands, plus petits, pourvus d’avirons, dont les pirates faisaient grand usage. Cette distinction n’est pas pleinement convaincante car les navires légers non pontés pouvaient également être utilisés dans des opérations militaires distinctes d’actes de piraterie. Ce fut le cas des lemboi de Démétrios dont nous venons de faire état mais aussi de presque tous les navires légers non pontés utilisés par les Rhodiens pendant le siège : De Souza Philip, op. cit., p. 46.

    51Pomey Patrice, La navigation dans l’Antiquité, Aix-en-Provence, Edisud, 1997, p. 33-39 et 168-169. Le navire retrouvé au large de Kyrénia transportait plus de 400 amphores provenant de Rhodes et de Samos. Sur ce navire, probablement coulé par des pirates, de nombreuses pointes de lances ont été retrouvées. Voir Swiny Helena Wylde et Katzev Michael L., « The Kyrenia Shipwreck: A Fourth Century B. C. Greek Merchant Ship », in David John Blackman, Marine archaeology, proceedings of the twenty-third symposium of the Colston Research Society held in the university of Bristol, 4 au 8 avril 1971, Londres, Butterworths, 1973, p. 339-359.

    52Ils furent utilisés par les Rhodiens en 305-305. Cf. DS 86, 3 ; 87, 2. Pour une mention de ces navires dans les textes anciens voir Thuc. VII, 75, 6. ; Pol., I, 73, 2 ; Polyen, Strat., 8, 46. Certains brigantins pouvaient être occupés par un seul rameur mais jamais par plus de 50. Sur les akatia et leur évolution en navires légers de guerre, Morrison John Sinclair et Williams Roderick Trevor, op. cit., p. 245 ; Casson Lionel, op. cit., 1971, p. 159-160.

    53On restitue ce terme de différentes façons : hémiole/triémiole (Blinkenberg) ou hémiole/trihémiole (Bresson). Sur les hémioles, Morrison John Sinclair, The Ship. Long Ship and round Ships. Warfare and Trade in the Mediterranean, 3000-500 A. D., Londres, National Maritime Museum, 1980, p. 34 ; Casson Lionel, op. cit., 1971, p. 99 ; Rice E. E., op. cit., p. 31-32.

    54DS. XX, 82, 3 et 4 ; 83, 3 ; 92, 1.

    55DS. XX, 82, 4.

    56Brunt Peter Astbury, « Alexander’s Macedonian Cavalry », The Journal of Hellenic Studies, 83, 1963, p. 27-47 ; Hammond Nicholas G., Alexander the Great, King, Commander and Statesman, Londres, 1981 ; Casson Lionel, op. cit., 1991, p. 129.

    57Tarn William Woodthorpe, op. cit., p. 122. Voir aussi Meirat Jean, op. cit., p. 106.

    58Pagès Jean, op. cit., p. 38-39.

    59Billows Richard A., op. cit., p. 266-266 et 358.

    60DS. XIX, 47, 1.

    61DS. XIX, 58, 1-5 ; 61, 5 ; 62, 7.

    62DS. XX, 93, 2-4.

    63Sur la composition des équipages dans les flottes de guerre de l’époque hellénistique, Casson Lionel, op. cit., 1991, p. 134.

    64DS. XIX, 50, 3-4.

    65DS. XIX, 69, 3 ; 75, 3-8 ; 77, 2-5 ; 20, 50, 3 ; Justin XII, 13, 7. Voir Billows Richard A., op. cit., no 68.

    66Hauben Hans, Het vlootbevelhebberschap in de vroege diadochentijd (323-301). Ein Prosopografisch en institutioneelonderzoek, Bruxelles, Paleis der Academien, 1975, p. 106. Dans le même sens, Billows Richard A., op. cit, p. 267.

    67Antisthène (DS, XIX, 50, 1 ; 52, 5 ; Plut., Dém., 16, 1) ; Bourichos (DS, 52, 4) ; Néon (DS, XIX, 52, 4) ; Thémison de Samos (DS, XIX, 50, 4). Cf. Billows Richard A., op. cit., no 11, 26, 78, 112. On peut aussi ajouter à la liste les officiers ayant servi dans la flotte entre 304 et 301, comme Apollonios, fils de Dionysos d’Antigonéia et ses deux frères, Glaukippos et Hippodamos. Cf. IG XII, 9, 210 ; Billows Richard A., op. cit., no 13, 45 et 53.

    68DS. XIX, 51, 24.

    69Sur les triérarques dans les flottes antigonide et lagide, Casson Lionel, op. cit., 1991, p. 134-135 ; Hauben Hans, « Triérarques et triérarchie dans la marine des Ptolémée », Ancient Society, vol. 21, 1990, p. 119-139. Cf. Zénon Papyri, no 100, 2 ; letter d’Apollodote, Select Papyri, 2, no 410.

    70Rostovtzeff Mihail, The Social and Economical History of the Hellenistic World, Oxford, Clarendon Press, 1941, index s. v. mercenaires et pirates ; Griffith Guy Thompson, The Mercenaries of the Hellenistic World, Cambridge, Cambridge University Press, 1935 ; Miller Harvey F., « The practical and economic Background to the Greek Mercenary Explosion », Greece and Rome, vol. 31, no 2, 1984, p. 153-160 ; Garlan Yvon, Guerre et économie en Grèce ancienne, Paris, Éditions La Découverte, 1989, p. 195.

    71Gabbert Janice J., « Piracy in the Early Hellenistic Period: a career open to talents », Greece and Rome, vol. 33, no 2, 1986, p. 156-157.

    72Notons cependant qu’en 83, 1, seuls les soldats et les cavaliers sont mentionnés sur les navires auxiliaires. Les pirates alliés qui étaient cités à leurs côtés en 82, 4 sont ici absents. En revanche, il est question dans ce même passage des bâtiments des pirates et de ceux des commerçants. Nous pensons qu’il s’agit d’une omission de la part de Diodore (ou de sa source) et qu’il convient, conformément au passage 82, 4, de restituer aux côtés des soldats et des cavaliers, les pirates alliés ou, pour le moins, de différencier ces derniers des pirates associés aux marchands et aux commerçants.

    73De Souza Philip, op. cit., p. 44-45, rejette l’identification des pirates alliés à des mercenaires. Selon lui, il s’agit « d’irréguliers », de pirates qui ne furent ni recrutés, ni payés par le roi, qui s’attachèrent d’eux-mêmes aux forces de Démétrios pour tenter de tirer profit du siège aux dépens de Rhodes. Si cela est probable pour les autres pirates, comme nous le verrons plus loin, cela semble peu envisageable pour ceux qualifiés de summacou’si ou sustrateuovntwn.

    74C’est-à-dire ceux qui étaient les plus expérimentés dans les coups de main et les attaques surprise. Autre trad. « des hommes de bonne composition parmi les pirates et les autres ».

    75Cartault Lionel, op. cit., p. 195.

    76Timoclès n’est pas connu par ailleurs. Cf. K. Ziegler RE, s. v. no 2. Voir aussi Hauben Hans, op. cit., 1975, p. 106 ; Billows Richard A., op. cit., no 11. Fait prisonnier par les Rhodiens, il fut peut-être mis à mort, vendu comme esclave ou libéré contre rançon après le siège.

    77De Souza Philip, op. cit., p. 45 no 8 et p. 46. Voir aussi Ormerod Henry Arderne, Piracy in the Ancient World, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1924, 1997, p. 123.

    78Polyen, 5, 19. Dans ce passage, on apprend que Démétrios fit usage à Ephèse de pirates qui se trouvaient sous le commandement d’un ajrcipeirathv» nommé Andron qui servait sous le commandement général d’Ainétos. Soudoyé par Lykos, il passa ensuite au service de Lysimaque. On pense que ce pirate est l’homme du même nom connu pour avoir été un amiral d’Antigone le Borgne. Cf. DS. XIX, 73, 6. Voir Tarn William Woodthorpe, Antigonos Gonatas, Oxford, Clarendon Press, 1913, 1969, p. 70 no 92 ; Gabbert Janice J., op. cit., p. 157.

    79Sur la piraterie hellénistique, Brulé Pierre, La piraterie crétoise hellénistique, Annales littéraires de l’université de Besançon, Paris, Les Belles Lettres, 1978 ; Garlan Yvon, « Signification historique de la piraterie grecque », Dialogues d’histoire ancienne, 4, 1978, p. 1-16 ; Ducrey Pierre, « Les Cyclades à l’époque hellénistique. La piraterie, symptôme d’un malaise économique et social », Les Cyclades. Matériaux pour une étude de géographie historique. Table-Ronde, université de Dijon, 11-13 mars 1982, Paris, Éditions du CNRS, 1983, p. 143-148 ; Ferone Claudio, Leisteia. Forme di predazionenell’Egeo in etàclassica, Cultura, Collana di Studi « Dall’Antico al Moderna », Naples, G. Procaccini, 1995 ; Gabrielsen Vincent, op. cit., 2001, p. 82 ; Sur la présence de pirates dans la région de Rhodes et plus généralement en Asie Mineure méridionale (Carie, Lycie, Pamphylie, Cilicie), DS. XIX, 5 XXVII, 3 ; Pol. IV, 8 ; VI, 46 ; Plut., Dém., XV, 1 ; XVI, 7.

    80DS. 110, 4, montre que lorsque Démétrios envahit la Thessalie en 302, il fut suivi par un groupe de pirates et de marchands dont les activités allaient dans le sens des intérêts du roi.

    Auteur

    • Isabelle Pimouguet-Pédarros

      Nantes Université.

      Isabelle Pimouguet-Pédarros est professeure d’histoire ancienne à Nantes Université et membre du Centre de recherches en histoire internationale et atlantique (CRHIA, UR 1163). Elle a mené pendant plusieurs années des enquêtes de terrain en Turquie et dirigé la mission archéologique française de Myra-Andriakè de 2011 à 2018. Elle a publié Archéologie de la défense. Histoire des fortifications antiques de Carie, Presses universitaires Franc-Comtoises, 2000, puis, en 2011, La cité à l’épreuve des rois. Le siège de Rhodes par Démétrios poliorcète (305-304 av. J.-C.) aux Presses universitaires de Rennes. Outre ses travaux sur les fortifications et la guerre de siège dans les mondes grec et hellénisé (histoire militaire, pouvoirs et représentations), elle mène des recherches depuis 2017 sur les conflits armés et les violences extrêmes à l’époque hellénistique dans une perspective historique et anthropologique.

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    1Cet article est une version abrégée et remaniée de la 3e section du chapitre iv de mon ouvrage publié en 2011 aux PUR sous le titre La cité à l’épreuve des rois. Le siège de rhodes par Démétrios Poliorcète (305-304 av. J.-C.). Cf. DS. XIX, 58, 1. Ptolémée, à la mort d’Alexandre, avait pris possession de l’armée navale du roi, constituée de 240 unités et avait ainsi pu développer une suprématie maritime. Voir Casson Lionel, The Ancient Mariners. Seafarers and Seafighters of the Mediterranean in Ancient Times, Princeton, Princeton University Press, 2nde édition, 1991, p. 129.

    2DS. XIX, 57, 4. Sur les matières premières nécessaires à la constitution des flottes de guerre, Meiggs Russell, Trees and Timber in the Ancient Mediterranean World, New York, Clarendon Press of Oxford University Press, 1982.

    3DS. XIX, 58, 5. Sur le siège de Tyr, DS. XIX, 61, 5. Commentaire dans Merker Irwin Loeb, Studies in Sea-Power in the Eastern Mediterranean in the Century following the Death of Alexander, Princeton, Princeton University Press, 1958, p. 10-12 ; Hauben Hans, « Rhodes, Alexander and the Diadochi from 333-332 B. C. », Historia, 26, 1977, p. 322-327. L’auteur a repris l’ensemble des textes relatifs aux opérations maritimes menées par Antigone entre 315 et 314 dans le bassin oriental de la Méditerranée. Il a considéré que Rhodes ne s’était pas seulement contentée d’ouvrir des chantiers de construction navale, mais qu’elle avait aussi participé activement au siège de Tyr contre Ptolémée, envoyant à deux reprises des contingents navals afin de soutenir l’action d’Antigone ; l’un de ces contingents était constitué par les navires qu’elle venait de construire pour Antigone, l’autre de navires proprement rhodiens sur lesquels avaient pris place une partie de ses marins. Les analyses de l’auteur n’emportent pas la conviction car le témoignage de Diodore est équivoque et ne permet aucunement d’identifier des navires proprement rhodiens dans le camp antigonide.

    4DS. XIX, 55, 3 ; 58, 5. Sur les vestiges de chantiers navals datés de la période hellénistique mis au jour sur le site de Rhodes, Gabrielsen Vincent, The Naval Aristocracy of Hellenistic Rhodes, Londres, Aarhus University Press, coll. « Studies in Hellenistic Civilization », no 6, 1997, p. 38-39.

    5Sur Rhodes et Chypre à la période moderne, Brummett Palmira, « The Overrated Adversary: Rhodes and ottoman Naval Power », The Historical Journal, 36, no 3, 1993, p. 517-541.

    6La Syrie-Phénicie avait déjà été enlevée à Ptolémée entre 316 et 311. Sur la politique syrienne de Ptolémée à partir de 319, Seibert Jacob, « Ptolemaios I und Milet », Chiron, I, 1971, p. 159-166 ; sur Antigone et sa mainmise sur l’Asie entre 316 et 311, Capdetrey Laurent, L’Asie Mineure après Alexandre (vers 323-vers 270 av. J.-C.). L’invention du monde hellénistique, PUR, 2022, p. 112-113.

    7Sur la compétition entre Lagides et Antigonides dans le domaine de la construction navale, Tarn William Woodthorpe, Hellenistic Military and Naval Developments, Cambridge, Cambridge University Press, 1930, 2010, p. 122-175 (ici p. 152) ; Casson Lionel, Ships and Seamanship in the Ancient World, Princeton, Princeton University Press, 1971, 1986, p. 97-140 ; Meirat Jean, Marines antiques de la Méditerranée, Paris, Fayard, 1964, p. 106 ; Rougé Jean, La marine dans l’Antiquité, Paris, PUF, coll. « L’historien », 1975, p. 104-106.

    8DS. XIX, 49-52 ; Plut., Dém., 16, 1-4.

    9Hauben Hans, « Fleet Strenght at the Battle of Salamis (306 B. C.) », Chiron, 6, 1976, p. 1-5.

    10DS. XIX, 52, 6. En 52, 3, on apprend que Ptolémée avait enfoncé sur l’aile gauche les navires de Démétrios.

    11DS. XIX, 49, 1-2.

    12DS. XIX, 49, 1. Démétrios partit d’Athènes en vue d’assiéger Chypre avec une flotte constituée certainement des navires qu’Antigone en 314 avait fait construire dans les chantiers navals de Phénicie (Sidon, Byblos, Tripolis) et de Cilicie. S’y ajoutaient peut-être aussi ceux construits à Rhodes à la même époque et qu’il avait ensuite utilisés pour le siège de Tyr. Cf. DS. XIX, 58, 1-5 ; 61, 5 ; 62, 7 ; XX, 50, 3 ; 52, 1. En tout cas, la Cilicie restait pourvoyeuse de bâtiments et d’équipages car nous savons que juste avant d’attaquer Chypre, Démétrios avait fait voile vers la Cilicie, y regroupant des navires et des hommes supplémentaires. Cf. DS. 47, 1. Sur ces chantiers de construction et l’utilisation de la flotte dans les années suivantes, Hauben Hans, op. cit., 1977, p. 322-327 ; Berthold Richard M., Rhodes in the hellenistic Age, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 1984, p. 61 ; Billows Richard A., Antigonos the One-Eyed and the Creation of the Hellenistic States, Berkeley/Londres, University of California Press, 1997, p. 358-359.

    13DS. XIX, 49, 2.

    14DS. XIX, 49, 2-3 ; 52, 5 ; Plut., Dém. 16, 1 et 7.

    15DS. XIX, 52, 6.

    16Plut., Dém., 16, 1.

    17En ce qui concerne les forces lagides à Chypre, Plut., Dém., 16, 1, fait mention de 150 bâtiments, sans autre précision. Mais compte tenu du contexte, il y a tout lieu de penser que ce nombre n’incluait pas les vaisseaux auxiliaires. DS. 49, 1-2 fait état quant à lui de 140 navires de guerre.

    18Selon la source que l’on retient, on peut estimer la flotte à 310-320 bâtiments (180 ou 190 + 130 selon Plutarque) ou à 360-370 (180 ou 190 + 180 selon Diodore) – voire à 280-290 si l’on retranche à ce décompte les 80 navires remorqués vers le camp (180 ou 190 + 100). Mais quoi qu’il en soit, il ressort des textes que la flotte antigonide entre 314 et 301 était l’une des plus importantes du monde hellénistique avec des effectifs variant entre 250 et 500 unités. Cf. Plut., Dém., 16, 1 ; 27, 4 ; 33, 7-8 ; 43, 1 ; 44, 1 ; DS. XIX, 49, 1-2 ; 20, 84, 2.

    19Pour Chypre, Démétrios bénéficia de l’appui d’escadrons athéniens composés de 30 unités. Cf. DS. 50, 3. Selon Billows Richard A., op. cit., p. 359-360. Ce témoignage doit être mis en relation avec une inscription dans laquelle on apprend que Démétrios fit alliance avec Athènes en 307, s’engageant à ce que son père fournît du bois pour la construction de 100 navires de guerre ; une partie des navires construits à l’hiver 307-306 fut certainement en mesure de rejoindre ceux de Démétrios à Chypre. Cf. IG II2 1492 b. l. 118-124. L’auteur note qu’il est possible que le roi ait aussi bénéficié de l’appui d’escadrons en provenance de l’Ionie et des îles car beaucoup d’officiers de marine originaires de ces régions sont mentionnés pour avoir été au service des Antigonides ce qui peut laisser penser qu’il y eut également la fourniture de navires et d’équipages. Déjà, en 313, lors du siège de Tyr, les Antigonides avaient reçu des escadrons de l’Hellespont, et plus précisément des cités alliées de Propontide et de mer Noire – 40 ou 80 unités placées sous l’amiralat de Thémison de Samos. Cf. DS. 62, 7.

    20DS. XX, 82, 3 ; 87, 4 ; 88, 1 et 7 ; 93, 2 ; 95, 3 ; 96, 2. Plut., Dém., 22, 1.

    21Sur les vaisseaux de ligne à l’époque hellénistique : Morrison John Sinclair, Williams Roderick Trevor, Greek Oared Ships 900-322 BC, Cambridge, Cambridge University Press, 1968 ; Rice Rob S., « The Rhodian Navy in the Hellenistic Age », in William R. Roberts et Jack Sweetman, New Interpretations of Naval History: Selected Papers from the Ninth Naval History Symposium, 18-20 october 1989, Annapolis, Naval Institute Press, 1991, p. 20-50 ; Casson Lionel, Ships and Seafearing in Ancient Times, Londres, British Museum Press, 1994.

    22Rice Rob S., op. cit., p. 29-50.

    23Garlan Yvon, La guerre dans l’Antiquité, Paris, Nathan, 1972, 1990, p. 145.

    24Cet épisode apparaît aussi en ces termes dans le papyrus de Berlin. Cf. P. Berol. 11632 l. 1-2. Plut., Dém., 22, 1, en fait également mention mais sans donner de précision sur le type de bâtiment.

    25Sur les trétrères, Garlan Yvon, op. cit., p. 43. À Chypre, elles formaient, avec les trières, la majorité de la flotte antigonide. Cf. DS. XIX, 50, 1. Voir aussi Hauben Hans, op. cit., 1976. La flotte de Ptolémée comptait 140 navires de guerre, principalement des tétrères et des pentères.

    26DS. XIX, 47, 1 ; 49, 12 ; 50, 1-3 ; 52, 1. Selon Billows Richard A., op. cit., p. 359, les meilleurs navires de la flotte de Démétrios en 306 étaient les hexeres phéniciennes. Ce fut à bord d’un navire de ce type que le roi se battit contre Ptolémée.

    27Droysen Johann Gustav, Geschichte des Hellenismus, I-II, Gotha, F. A. Perthes, 1877-1878, II, p. 453. Cf. Théophraste, De Plant., V. 5.1.

    28Plut., Dém., 20, 1, 6, 9. En 20, 8-9, il note que « ses vaisseaux à 16 ou 15 rangs faisaient l’admiration de ses adversaires ». Voir aussi 31, 1-4 et 43, 4, où il rend compte de l’existence en 301 d’un navire à 13 rangs, à 15 et à 16 en 288, le plus grand atteignant les 18 rangs entre 276 et 239. La présence de Néarque à ses côtés, lorsqu’il avait pour mission de protéger la Syrie d’une attaque lagide, peut expliquer son goût pour la marine, et en particulier pour les vaisseaux de ligne. Cf. DS. XIX, 59 ; 69, 1. Berve 1926, II, no 79 (Néarque, amiral de la flotte d’Alexandre). L’optimum fut atteint sous Ptolémée IV qui fit construire un navire à 40 rangs dont Callixène nous a fourni une description détaillée (Cf. Ath., Deipn., V, 203 d).

    29Plut., Dém., 43, 5-6 ; 53, 2-4. À propos du navire à 40 rangs de Philopator, l’auteur note qu’il était « fait pour la montre, et non pour l’usage, tant il était pénible et dangereux de le mouvoir ! » ; de même, en 53, 2-4, il rapporte qu’à la mort de Démétrios, l’urne d’or dans laquelle se trouvaient les cendres de Démétrios, fut placée par son fils Gonatas à la poupe du plus grand des navires de commandement, parée de la pourpre et du diadème royaux. Voir aussi 20, 7-8, où l’auteur affirme que les vaisseaux à 15 ou 16 rangs de Démétrios faisaient « l’admiration de ses adversaires, de l’endroit où ils se tenaient, ils les voyaient longer les côtes de leur pays ».

    30DS. XVII, 43, 4, 46.

    31DS. XX, 83, 1 ; 85, 1.

    32Tarn William Woodthorpe, op. cit., p. 120-121.

    33Philon, 98, 20-25 (21), préconisait précisément d’installer des machines sur des bateaux de transport afin de mener des opérations navalo-terrestres : « si tu fais ton approche par mer, fais-la après avoir dressé des ouvrages de charpente sur les cargos et les barques. »

    34DS. XIX, 49, 4 ; 51, 2.

    35Geer (trad. Loeb Classical Library) : « the Rhodians (…) after stripping off the beaks, threw dry pitchy wood into the ships and burned them ».

    36Sur l’aménagement des vaisseaux de ligne à Chypre, voir DS. XIX, 51, 24.

    37Plut., Dém., 43, 7.

    38DS. XIX, 52, 6 emploie aussi ce terme pour désigner les navires qui, à Chypre, transportaient les troupes de Ptolémée.

    39Bancs de rameurs d’où bateaux à rames. Hoeffer : barque à rameurs. On retrouve la mention de navires remorqueurs en 86, 3 (tai’» rJumoulkouvsai» nausi;n).

    40Garlan Yvon, op. cit., p. 145. Sur les navires légers utilisés pour les opérations navales, Casson Lionel, Ships and Seamanship, op. cit., p. 125-126 ; Pritchett William Kendrick, Ancient Greek Military Practices, Berkeley, University of California Press, 1971, p. 323-324 ; Gabrielsen Vincent, op. cit., p. 89-92 ; id., « Economic Activity, Maritime Trade, and Piracy in the hellenistic Aegean », Revue des Études Anciennes, 103 (1), 2001, p. 219-240.

    41Casson Lionel, op. cit., 1971, p. 125-126 et 162.

    42Dans le texte katafravxa». Katafravssw : cuirasser, couvrir d’une armure. Thuc. I, 10, fait mention d’un navire cuirassé, c’est-à-dire « un navire garni de planches massives qui, exhaussant le bord, protégeaient latéralement les rameurs ». Nous avons affaire ici à un même dispositif. Dans la traduction française de Hoeffer on peut lire que les petites embarcations (lemboi) « furent jointes ensemble et recouvertes de planches solides ».

    43qurivda» kleista;» : embrasures pouvant être fermées. La mention d’embrasures de tir n’apparaît pas dans la traduction de Hoeffer. Sur ce type d’ouvertures, voir aussi Plut., Marc., 273d.

    44Voir Pimouguet-Pédarros Isabelle, op. cit., p. 164.

    45Voir le devis descriptif relatif à la reconstruction des remparts d’Athènes. Cf. IG II 2 463 = Maier1959, I, no 11. Garlan Yvon, Recherches de poliorcétique grecque, Athènes, École française d’Athènes, 1974, p. 263-264.

    46Hornblower Simon, Commentary on Thucydides, Oxford, 1991. Voir aussi Romilly Jacqueline de, CUF à propos du passage 1.10.4 de Thucydide. À propos des navires kataphraktes, Vincent Gabrielsen cite les trières et d’une façon générale toutes les polyrèmes, vaisseaux lourds par opposition aux petits navires dont la structure les range dans une autre catégorie, celle des navires légers ou aphraktes : Gabrielsen Vincent, « Naval Warfare: its Economic and Social Impact on Greek Cities », in Tønnes Bekker-Nielsen et Lise Hannestad (ed.), War as a cultural and social force: essays on warfare in antiquity, Compenhague, Det kongelige danske videnskabernes selskab, 2001, p. 82.

    47Cartault Augustin, La trière athénienne, étude d’archéologie navale, Paris, E. Thorin, 1881, Claude Tchou pour la bibliothèque des introuvables, 2001, p. 195.

    48Taillardat Jean, « La trière athénienne sur mer aux ve et vie siècles », in Jean-Pierre Vernant (dir.), Problèmes de la guerre en Grèce ancienne, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1968, rééd. 1993, p. 183-206 (ici p. 198-199).

    49Pagès Jean, Recherches sur la guerre navale dans l’Antiquité, Paris, Institut de stratégie comparée, Economica, 2000.

    50Casson Lionel, op. cit., 1971, p. 88 et 116 ; Gabrielsen Vincent, op. cit., 1997, p. 89-92 ; Voir aussi dans le même sens Pritchett William Kendrick, op. cit., p. 323-324 ; De Souza Philip, Piracy in the Graeco-Roman World, Cambridge, Cambridge University Press, 1999, p. 43-44. Geer Russel Mortimer 1954 dans sa traduction anglaise du passage 97, 5 de Diodore considère également les aphraktes comme des navires légers non pontés (decklessships ou undeckedships). Philip de Souza note que la différence entre navires pontés et non pontés est que les premiers étaient des vaisseaux destinés à la guerre, les seconds des navires marchands, plus petits, pourvus d’avirons, dont les pirates faisaient grand usage. Cette distinction n’est pas pleinement convaincante car les navires légers non pontés pouvaient également être utilisés dans des opérations militaires distinctes d’actes de piraterie. Ce fut le cas des lemboi de Démétrios dont nous venons de faire état mais aussi de presque tous les navires légers non pontés utilisés par les Rhodiens pendant le siège : De Souza Philip, op. cit., p. 46.

    51Pomey Patrice, La navigation dans l’Antiquité, Aix-en-Provence, Edisud, 1997, p. 33-39 et 168-169. Le navire retrouvé au large de Kyrénia transportait plus de 400 amphores provenant de Rhodes et de Samos. Sur ce navire, probablement coulé par des pirates, de nombreuses pointes de lances ont été retrouvées. Voir Swiny Helena Wylde et Katzev Michael L., « The Kyrenia Shipwreck: A Fourth Century B. C. Greek Merchant Ship », in David John Blackman, Marine archaeology, proceedings of the twenty-third symposium of the Colston Research Society held in the university of Bristol, 4 au 8 avril 1971, Londres, Butterworths, 1973, p. 339-359.

    52Ils furent utilisés par les Rhodiens en 305-305. Cf. DS 86, 3 ; 87, 2. Pour une mention de ces navires dans les textes anciens voir Thuc. VII, 75, 6. ; Pol., I, 73, 2 ; Polyen, Strat., 8, 46. Certains brigantins pouvaient être occupés par un seul rameur mais jamais par plus de 50. Sur les akatia et leur évolution en navires légers de guerre, Morrison John Sinclair et Williams Roderick Trevor, op. cit., p. 245 ; Casson Lionel, op. cit., 1971, p. 159-160.

    53On restitue ce terme de différentes façons : hémiole/triémiole (Blinkenberg) ou hémiole/trihémiole (Bresson). Sur les hémioles, Morrison John Sinclair, The Ship. Long Ship and round Ships. Warfare and Trade in the Mediterranean, 3000-500 A. D., Londres, National Maritime Museum, 1980, p. 34 ; Casson Lionel, op. cit., 1971, p. 99 ; Rice E. E., op. cit., p. 31-32.

    54DS. XX, 82, 3 et 4 ; 83, 3 ; 92, 1.

    55DS. XX, 82, 4.

    56Brunt Peter Astbury, « Alexander’s Macedonian Cavalry », The Journal of Hellenic Studies, 83, 1963, p. 27-47 ; Hammond Nicholas G., Alexander the Great, King, Commander and Statesman, Londres, 1981 ; Casson Lionel, op. cit., 1991, p. 129.

    57Tarn William Woodthorpe, op. cit., p. 122. Voir aussi Meirat Jean, op. cit., p. 106.

    58Pagès Jean, op. cit., p. 38-39.

    59Billows Richard A., op. cit., p. 266-266 et 358.

    60DS. XIX, 47, 1.

    61DS. XIX, 58, 1-5 ; 61, 5 ; 62, 7.

    62DS. XX, 93, 2-4.

    63Sur la composition des équipages dans les flottes de guerre de l’époque hellénistique, Casson Lionel, op. cit., 1991, p. 134.

    64DS. XIX, 50, 3-4.

    65DS. XIX, 69, 3 ; 75, 3-8 ; 77, 2-5 ; 20, 50, 3 ; Justin XII, 13, 7. Voir Billows Richard A., op. cit., no 68.

    66Hauben Hans, Het vlootbevelhebberschap in de vroege diadochentijd (323-301). Ein Prosopografisch en institutioneelonderzoek, Bruxelles, Paleis der Academien, 1975, p. 106. Dans le même sens, Billows Richard A., op. cit, p. 267.

    67Antisthène (DS, XIX, 50, 1 ; 52, 5 ; Plut., Dém., 16, 1) ; Bourichos (DS, 52, 4) ; Néon (DS, XIX, 52, 4) ; Thémison de Samos (DS, XIX, 50, 4). Cf. Billows Richard A., op. cit., no 11, 26, 78, 112. On peut aussi ajouter à la liste les officiers ayant servi dans la flotte entre 304 et 301, comme Apollonios, fils de Dionysos d’Antigonéia et ses deux frères, Glaukippos et Hippodamos. Cf. IG XII, 9, 210 ; Billows Richard A., op. cit., no 13, 45 et 53.

    68DS. XIX, 51, 24.

    69Sur les triérarques dans les flottes antigonide et lagide, Casson Lionel, op. cit., 1991, p. 134-135 ; Hauben Hans, « Triérarques et triérarchie dans la marine des Ptolémée », Ancient Society, vol. 21, 1990, p. 119-139. Cf. Zénon Papyri, no 100, 2 ; letter d’Apollodote, Select Papyri, 2, no 410.

    70Rostovtzeff Mihail, The Social and Economical History of the Hellenistic World, Oxford, Clarendon Press, 1941, index s. v. mercenaires et pirates ; Griffith Guy Thompson, The Mercenaries of the Hellenistic World, Cambridge, Cambridge University Press, 1935 ; Miller Harvey F., « The practical and economic Background to the Greek Mercenary Explosion », Greece and Rome, vol. 31, no 2, 1984, p. 153-160 ; Garlan Yvon, Guerre et économie en Grèce ancienne, Paris, Éditions La Découverte, 1989, p. 195.

    71Gabbert Janice J., « Piracy in the Early Hellenistic Period: a career open to talents », Greece and Rome, vol. 33, no 2, 1986, p. 156-157.

    72Notons cependant qu’en 83, 1, seuls les soldats et les cavaliers sont mentionnés sur les navires auxiliaires. Les pirates alliés qui étaient cités à leurs côtés en 82, 4 sont ici absents. En revanche, il est question dans ce même passage des bâtiments des pirates et de ceux des commerçants. Nous pensons qu’il s’agit d’une omission de la part de Diodore (ou de sa source) et qu’il convient, conformément au passage 82, 4, de restituer aux côtés des soldats et des cavaliers, les pirates alliés ou, pour le moins, de différencier ces derniers des pirates associés aux marchands et aux commerçants.

    73De Souza Philip, op. cit., p. 44-45, rejette l’identification des pirates alliés à des mercenaires. Selon lui, il s’agit « d’irréguliers », de pirates qui ne furent ni recrutés, ni payés par le roi, qui s’attachèrent d’eux-mêmes aux forces de Démétrios pour tenter de tirer profit du siège aux dépens de Rhodes. Si cela est probable pour les autres pirates, comme nous le verrons plus loin, cela semble peu envisageable pour ceux qualifiés de summacou’si ou sustrateuovntwn.

    74C’est-à-dire ceux qui étaient les plus expérimentés dans les coups de main et les attaques surprise. Autre trad. « des hommes de bonne composition parmi les pirates et les autres ».

    75Cartault Lionel, op. cit., p. 195.

    76Timoclès n’est pas connu par ailleurs. Cf. K. Ziegler RE, s. v. no 2. Voir aussi Hauben Hans, op. cit., 1975, p. 106 ; Billows Richard A., op. cit., no 11. Fait prisonnier par les Rhodiens, il fut peut-être mis à mort, vendu comme esclave ou libéré contre rançon après le siège.

    77De Souza Philip, op. cit., p. 45 no 8 et p. 46. Voir aussi Ormerod Henry Arderne, Piracy in the Ancient World, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1924, 1997, p. 123.

    78Polyen, 5, 19. Dans ce passage, on apprend que Démétrios fit usage à Ephèse de pirates qui se trouvaient sous le commandement d’un ajrcipeirathv» nommé Andron qui servait sous le commandement général d’Ainétos. Soudoyé par Lykos, il passa ensuite au service de Lysimaque. On pense que ce pirate est l’homme du même nom connu pour avoir été un amiral d’Antigone le Borgne. Cf. DS. XIX, 73, 6. Voir Tarn William Woodthorpe, Antigonos Gonatas, Oxford, Clarendon Press, 1913, 1969, p. 70 no 92 ; Gabbert Janice J., op. cit., p. 157.

    79Sur la piraterie hellénistique, Brulé Pierre, La piraterie crétoise hellénistique, Annales littéraires de l’université de Besançon, Paris, Les Belles Lettres, 1978 ; Garlan Yvon, « Signification historique de la piraterie grecque », Dialogues d’histoire ancienne, 4, 1978, p. 1-16 ; Ducrey Pierre, « Les Cyclades à l’époque hellénistique. La piraterie, symptôme d’un malaise économique et social », Les Cyclades. Matériaux pour une étude de géographie historique. Table-Ronde, université de Dijon, 11-13 mars 1982, Paris, Éditions du CNRS, 1983, p. 143-148 ; Ferone Claudio, Leisteia. Forme di predazionenell’Egeo in etàclassica, Cultura, Collana di Studi « Dall’Antico al Moderna », Naples, G. Procaccini, 1995 ; Gabrielsen Vincent, op. cit., 2001, p. 82 ; Sur la présence de pirates dans la région de Rhodes et plus généralement en Asie Mineure méridionale (Carie, Lycie, Pamphylie, Cilicie), DS. XIX, 5 XXVII, 3 ; Pol. IV, 8 ; VI, 46 ; Plut., Dém., XV, 1 ; XVI, 7.

    80DS. 110, 4, montre que lorsque Démétrios envahit la Thessalie en 302, il fut suivi par un groupe de pirates et de marchands dont les activités allaient dans le sens des intérêts du roi.

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