Dunkerque et le « Rolle général des bastimens de mer […] de 1686 » : quelques précisions nouvelles
p. 35-48
Texte intégral
1Le manuscrit B 19 de la Chambre de commerce de Dunkerque est maintenant bien connu des historiens, ce qui ne fut pas toujours le cas. Rappelons tout d’abord son titre complet :
« Rolle général des bastimens de mer employez au commerce contenant en dix colonnes, leurs noms, ceux des propriétaires, capitaines, maistres et patrons qui les naviguent. Combien les dits bastimens portent de tonneaux, le nombre de canons ou pierriers dont ils sont armez, le nombre de leurs équipages, le temps auquel ces bastimens ont esté construit et le lieu avec les divers voyages qu’ils ont fait pendant les années 1683, 1684, 1685 et 1686, le tout divisé par départemens suivant l’ordre des classes. »
2C’est le plus magnifique document que l’Ancien Régime nous ait légué sur la marine de commerce du royaume de France sous le règne de Louis XIV. Quelques 3 977 navires y sont soigneusement répertoriés, de Dunkerque à Antibes. Qui plus est, ce travail se présente matériellement sous la forme d’un manuscrit de luxe, d’une part par sa reliure sobre et de qualité, même si son plat supérieur ne porte aucune arme de son ou ses anciens propriétaires, et d’autre part par son écriture. En effet, ses 284 pages sont entièrement calligraphiées sans aucune rature, fournissant les presque 40 000 renseignements demandés. C’est un seul écrivain professionnel qui, à partir d’un tableau préétabli, s’est chargé de transcrire systématiquement les réponses des ports formant les 19 départements maritimes de l’époque, que ce soit sur le Ponant ou le Levant.
L’invention du « Rolle »
3L’inventeur de ce monument est un de nos premiers historiens économistes, Pierre-Jacques Charliat (1900-1984). Il l’utilise en 1927 dans une publication peu accessible au lecteur français que l’on doit à la Société historique de Bergen1, où il mentionne que sept navires de Dunkerque font voile vers la Norvège en 1683, dont la Fortune – commandée par le capitaine Dassoneville – qui fait deux fois la traversée ; consultation trop rapide car le navire effectue en réalité neuf voyages. Pour le reste, tout est vrai : présentation de la frégate et existence de quatre trajets, toujours en Norvège, en 16852. Le manuscrit n’est cependant pas réellement cité puisqu’en note infrapaginale, nous avons simplement la mention « Archives de la Chambre de commerce de Dunkerque » avec le début du titre « Rolle général des bastimens de mer employez au commerce…1683-1686 ».
4Curieusement, dans son œuvre majeure – Trois siècles d’économie maritime française – parue en 1931, Charliat fournit des données chiffrées tirées de ce dénombrement sans jamais le citer3. Ainsi, la flotte du royaume se compose-t-elle de 751 vaisseaux et 3 226 barques. Il fournit le nom des trois plus importants vaisseaux, qui font chacun 600 tonneaux de déplacement, et nous avons retrouvé le Saint-Cyprien et la Grande Pinasse, respectivement attachés aux ports de Toulon et de La Rochelle. La même année, Pierre-Jacques Charliat intervient à l’Académie de Marine sur « La flotte de commerce française sous l’Ancien Régime (1610-1789) » ; titre alléchant pour l’époque mais qui montre en même temps combien les connaissances sur la question étaient alors lacunaires4. L’auteur ne fait que reprendre ce qu’il a publié dans son ouvrage précédent sans citer le manuscrit de 1686. Dans son avertissement introductif, il mentionne simplement les recherches d’Alexandre de Saint-Léger, de Henri Malo, et de Louis Lemaire qui, à cette date, ont publié et viennent de publier de gros ouvrages sur l’histoire maritime de Dunkerque5. Ces historiens chevronnés, comme les chercheurs locaux, nombreux et érudits, n’ont jamais mentionné, entre 1860 et 1940, cet épais registre alors qu’ils ont laissé 100 volumes de travaux, certes inégaux, mais représentant pas moins de 1 736 articles pour environ 50 000 pages. Peut-être, ledit registre, était-il alors soigneusement rangé hors des yeux du grand public ? Ce qui est tout à fait possible, mais entre curieux d’histoire locale, les échanges de bon procédé sont courants, et nous en avons maintes fois la preuve. Personne parmi eux ne signale l’existence de cet insigne monument à la gloire du Roi-Soleil et de feu son grand ministre, Seignelay. La Seconde Guerre mondiale fait ensuite ses ravages. Les collections patrimoniales de la Chambre de commerce sont sauvées de justesse en avril 1940, tout comme la galerie navale du musée maritime – la plus grande de France après celle du musée national de la Marine de Paris – qui part alors se réfugier à Caen6. La bibliothèque a également survécu mais nous ignorons par quel biais et selon quelle destination. Dès l’été 1940, le bâtiment intact de la Chambre de commerce est zone de guerre interdite aux Dunkerquois7 et, à partir de 1942, l’occupant détruit systématiquement l’intérieur en prévision d’un possible débarquement. La carcasse du bâtiment est rasée après les hostilités comme celle du bâtiment des Ponts et Chaussées, de la Poste, ou du Minck, le marché aux poissons de Dunkerque. Quoi qu’il en soit, nous retrouvons notre manuscrit, bien protégé dans sa petite vitrine, et enfin présenté aux yeux de tous, à l’entrée du service de documentation de la nouvelle Chambre de commerce inaugurée en 1963. Signe des temps, la bibliothèque qui l’abrite est en sous-sol alors que celle d’avant 1939 avait été prévue dès l’origine à l’étage noble du bâtiment élevé en 1891. Le transfert du manuscrit aux archives de Dunkerque se fait en 2007 quand la Chambre de commerce ne juge pas bon de conserver son patrimoine historique dans ses murs et ferme le service.
5L’inventeur réel de notre magnifique document s’avère être en définitive Michel Morineau : enfin une réelle analyse avec toutes les nuances et finesses coutumières de l’auteur8. Par un paradoxe pas si étrange qu’il n’y paraît, nous commençons par cheminer à travers les rias du Léon pour aboutir aux allées royales de Versailles. Le décor est planté en fournissant les tableaux de synthèse des inventaires de 1664 et 1686. Depuis lors, de nombreuses études ont été entreprises à partir du « Rolle », mais toujours dans une optique particulière9. Pour Dunkerque, l’essentiel a été exposé dès 198510 et le dénombrement du département publié intégralement vingt ans après11. La constitution d’un fichier concernant l’ensemble du personnel de cette amirauté12 nous a obligés à feuilleter les 46 registres survivants de ce fonds d’archives13 ; fonds qui subsiste après la grande opération de « désherbage » entrepris en 1869 et après un incendie survenu en 1929.
Les attendus d’une enquête
6Deux documents inédits éclairent les débuts de cette enquête. Il s’agit tout d’abord de la lettre du secrétaire d’État de la Marine, le marquis de Seignelay, que le lieutenant-général de l’amirauté de Dunkerque s’est empressé de faire recopier par le greffe de son institution :
« De par le Roy
Jean Lepottier, escuyer, seigneur de La Hestroy, conseiller du Roy, lieutenant général civil et criminel au siège de l’admirauté de France étably pour la Flandre en la ville de Dunkerque
Sa Majesté voulant estre informé du nombre, nom, age, port, qualité et quantité des vaisseaux qui sont dans l’étendue de cette juridiction, des noms de ceux qu’ils appartiennent, nous ordonnons bien expressement à tous maîtres de navires, barques, bellandres, batteaux de guerre, commerce, pescheur et autres, ensemble aux propriétaires d’iceux d’en raporter dans huit jours de la publication des présentes du greffe du siège d’admirauté un estat contenant le nom, âge, port et quantité de vaisseaux qu’ils ont monté ou montant en leur appartiennent avecq spécification des parts pour chaque propriétaire à en iceux à peine le temps passé que les vaisseaux dont l’estat n’aura esté raporté et qui ne seront compris dans l’estat que nous devons envoyer à sa Majesté dans la fin du présent mois, seront censés appartenir aux estrangers et sujets au payement du droit de l’escud par tonneau, à peine aussy que toutes lettres de mer et de propriété leur seront refusés pendant tout le cours de l’année prochaine qui sera de 1686 afin que personne n’en prêtent cause d’ignorance. Les présentes seront leues, publiées et affichées dans tous les lieux ordinaires et accoutumés de l’estendue de cette juridiction.
Fait et arresté à Dunkerque au parquet royal du juge général de l’Admirauté de France estably pour la Flandre, le 17e du mois de décembre 1685 et signé Seigneulay à Versailles, le 18 décembre.
Enregistré au greffe de l’amirauté, à Dunkerque le 26 décembre 168514. »
7L’ordre est rédigé à Versailles le 17 décembre 1685, l’enregistrement à Dunkerque date du 26. Seignelay aurait pu s’adresser à ses propres fonctionnaires – à savoir les commissaires aux classes de chaque port important du royaume – qui se seraient à leur tour retournés vers leurs homologues de l’amirauté correspondante. Il a préféré faire appel directement aux amirautés locales qui tenaient les registres de propriété de navires15. Il pouvait procéder de cette manière d’autant plus facilement que l’amiral de France, le comte de Toulouse (1678-1737), n’a que 8 ans ! La lettre est brève et claire, et les titres des dix colonnes du futur manuscrit final sont déjà définis. Néanmoins, quelques précisions permettent de mieux comprendre la démarche du ministre. Dans quel but lance-t-il cet ambitieux chantier ? Jusqu’à présent, la réponse se trouvait dans les préoccupations militaires de Seignelay, à savoir connaître le nombre exact de matelots et de capitaines dont il disposerait en cas de conflit pour équiper la nouvelle flotte que son père et lui-même ont bâtie pour le roi16. C’est d’autant plus crédible, qu’en 1688, les hostilités reprennent contre l’Europe entière. Le système des classes est à cette époque généralisé à défaut d’être parfait, et savoir le nombre d’hommes aptes à se battre est donc essentiel17. Or, le ministre insiste surtout sur le monde des armateurs, même si le mot n’est pas employé, et il va jusqu’à demander des connaissances très détaillées et des « spécification des parts pour chaque propriétaire ». Il assortit sa demande d’une sanction en cas de non réponse, à savoir que passé un délai de huit jours, l’amirauté ne délivrera plus aucun document officiel, en particulier les lettres de mer, alors que ces documents, typiques des ports de l’Europe du Nord et délivrés par les villes portuaires, sont à la fois un titre de propriété et un permis de circulation valable tant qu’il n’y a aucun changement dans le binôme navire-armateur. Qui plus est, l’amirauté considérera les bâtiments concernés comme navires étrangers devant payer à ce titre l’énorme taxe de 3 lt. par tonneau de déplacement.
8Ce n’est donc pas le nombre d’hommes disponibles qui intéresse Seignelay. C’est d’autant plus vrai que sa lettre est suivie de plusieurs pages où sont répertoriées, comme l’exigeait le secrétaire d’État, les déclarations des armateurs sur chacun du ou des navires qu’ils possèdent dans le courant de la huitaine prévue, soit en théorie du 26 décembre 1685 au 2 janvier 1686. En réalité, le dénombrement est clos le 31 décembre et il est enregistré au greffe le 5 janvier suivant (voir annexe I). Celui-ci représente donc le brouillon préparatoire à notre manuscrit B 19. Il n’en constitue pas pour autant la simple copie et, de ce fait, il est diablement intéressant par ses différences comme par ses lacunes.
Quel bilan ?
9En effet, les déclarations ne portent que sur la moitié de la flotte examinée ultérieurement. Malgré la mauvaise saison, il semblerait que l’autre moitié des bâtiments soit encore en mer. Leurs capitaines-propriétaires sont donc dans l’incapacité de procéder aux démarches exigées par Versailles.
Tableau 1. – Différences dans les dénombrements de navires entre le brouillon préparatoire et le « Rolle ».
Type de navire | Le brouillon | Le manuscrit |
Frégates | 11 | 31 |
Flûtes | 10 | 15 |
Pinasses | 1 | 3 |
Buisses | 3 | 9 |
Smacks | 3 | 9 |
Dogres | 4 | 6 |
Caiches | 2 | 2 |
Barques | 5 | 6 |
Scutes | 1 | 2 |
Bélandres | 3 | 13 |
Total | 43 | 96 |
10Mais le greffier s’est contenté trente fois d’écrire « navire » et donne seize fois le type de navire. En revanche, peut-être dans le doute, il signale en fin de liste les navires naufragés pendant l’année, ce qui n’apparaîtra pour aucun des départements dans le manuscrit. Sa conscience professionnelle va le pousser à retranscrire les noms des 87 bélandriers de rivière (voir annexe II) ; en revanche pas celui de leur bélandre, ni leur âge, leur déplacement et leur lieu de construction sur les fleuves et canaux locaux. Encore une fois, il est évident que ce sont les propriétaires qui sont visés par l’enquête. Le fait est encore confirmé par la description de la flotte de pêche côtière : 15 barques décrites de la même manière que ci-dessus mais toujours accompagnées du nom de l’armateur. Dans le « Rolle », le lecteur doit se contenter de deux lignes résumant les choses en les déformant quelque peu. Néanmoins, le manuscrit se révèle précieux car il fournit aussi des indications que le greffier de Dunkerque avait omis. Concernant, les catégories de bâtiments, nous devions nous contenter de 28 « navires » sur les 43 déclarés ; 28 cas qui ont retrouvé leur type, preuve qu’il y a bien eu plusieurs vérifications des premières données. Au sujet des noms de navires, la correspondance est presque parfaite : deux précisions sont tirées du manuscrit, le Tigre devient le Tigre d’or, et la pinasse le François, le Saint-François. Demeurent deux cas de non-coïncidence. Le premier avec le Souwanbourg qui se transforme en Diligente dans le manuscrit, mais nous avons toujours affaire à une frégate de 100 tonneaux construite en Zélande vers 1670-1672. Elle effectue un voyage de traite en 168518. Peut-être au retour est-elle vendue et change de nom. L’autre cas est celui du Saint-Jacques – barque de 10 tonneaux – devenant le Saint-Joseph de 16 tonneaux, chaque fois commandé par le sieur Laurent Meyne, et construite en Espagne, plus précisément aux Canaries comme l’indique le brouillon. Les tonnages restent parfaitement les mêmes à quelques légères exceptions : la Notre-Dame de Lombardie passe dans le « Rolle » de 90 à 80 tonneaux, tandis que la flûte le Saint-André monte de 130 à 150 tonneaux. Les lieux de constructions sont les mêmes, mais parfois les déclarations sont plus précises : le Marchand de Dunkerque est d’origine amstellodamoise, et non plus vaguement hollandaise ; la flûte le Saint-Louis se retrouve ostendaise ; la pinasse le Saint-François, anglaise. Par ce biais, réapparaît la Flandre avec le chantier de Gand pour le Marchand de Lille, et celui de Roesbrugge, perdu sur les rives de l’Yser. Notons aussi que le greffe dunkerquois transcrit les navires hors-service, en particulier la grosse flûte la Concorde de 300 tonneaux qui appartient à l’éminente famille scabinale Faulconnier, chef du camp français au Magistrat – l’institution municipale de Dunkerque – dont l’un de ces membres, Pierre Faulconnier, a reçu la charge héréditaire de grand bailli de la ville.
11Si les déclarations de décembre 1685 ne fournissent ni le nombre d’hommes d’équipage, ni le nombre de pièces d’artillerie19, alors que le « Rolle » les donne, c’est bien la preuve que le lieutenant-général à Dunkerque a réitéré ses ordres pour répondre aux désirs de Seignelay. Ce dernier, répétons-le, avait avant tout en tête des préoccupations mercantilistes quand il désire connaître le nom des propriétaires et leur nationalité. Ici, la comparaison entre les deux documents est fort parlante et, curieusement, le « Rolle » est beaucoup moins-disant. Tout d’abord, il rassemble en une seule rubrique les noms des propriétaires et des capitaines, ce qui diminue l’intérêt du document, nombre de capitaines n’ayant aucune part dans le navire qu’ils commandent. Quoi qu’il en soit, le « Rolle » fournit 101 patronymes, et le relevé préparatoire qui ne porte que sur une petite moitié de la flotte locale en répertorie 130, dont 87 d’armateurs, auxquels s’ajoutent 6 autres liés à des navires naufragés au cours de l’année. Il faudrait donc doubler ce chiffre – 136 individus – pour avoir une idée approximative de l’effectif réel, et ajouter le nom des 102 propriétaires de bélandres de rivière et de bateaux de pêche au poisson frais. Nous atteignons ainsi un total théorique de 374 capitaines et armateurs. Notre manuscrit a donc subi une sorte de lissage puisqu’il compte presque quatre fois moins de noms que dans le brouillon, ce qui explique pourquoi les historiens n’avaient pas vu jusqu’à présent le but réel de l’opération. S’il est possible de comprendre parfois la logique de choix qui préside dans le « Rolle » à nommer une fois le capitaine, comme Pierre Delattre sur la frégate Le duc de Bourgogne dont il est apparemment aussi l’unique propriétaire, les choses se compliquent en revanche avec le Marchand de Dunkerque, le « Rolle » indiquant Jean Brussin, qui n’est que le capitaine, alors que le brouillon fournit le nom du propriétaire, Eustache Tanel de Lille. Il en est de même pour le flibot le Saint-Jean, commandé par Jean Stassaert et appartenant à Joseph Marchand de Lille aussi. Ce sont les deux uniques cas où l’origine géographique est précisément donnée, ce qui livre au passage le seul exemple que nous ayons jusqu’à présent d’investissement de la bourgeoisie lilloise dans l’armement dunkerquois.
12Telles sont les quelques pistes que ces documents permettent d’emprunter. Il serait très intéressant de voir si la cinquantaine d’autres amirautés du littoral français ont reçu la même missive en décembre 1685, et surtout si chaque greffier a dressé immédiatement la liste des navires exigée. Sauf accident (notamment Brest et Cherbourg), les registres de ces amirautés existent, et même si la correspondance de l’époque se trouve encore dispersée dans des volumes intitulés Édits, arrêts et ordonnances, de belles découvertes sont parfaitement envisageables. Comme Michel Morineau l’avait envisagé jadis, soulignons la remarquable réussite administrative de ce grand projet. Les officiers se sont acquittés de leur obligation avec ponctualité et zèle20. Et comme lui, je terminerai cet hommage de l’amitié en produisant les documents découverts.
Annexe
Annexe I. Composition de la flotte de commerce dunkerquoise en décembre 1685
(Les navires sont classés comme dans le manuscrit B 19 et les informations complémentaires tirées aussi du manuscrit sont en italique).
État des navires qui appartiennent aux bourgeois et marchands de Dunkerque et qui naviguent de la dite ville pendant l’année 1685 | ||||||
Type | Nom | Tonnage | Ans | Origine | Capitaine | Propriétaire |
Vaisseau | La Terre Promise | 150 | 9 | Hollande | Cattendick Jean | Voorbrughe Nicolas Veuve Vandervorde Cornélissen Nicaise Scametee J-B Taverne Nicolas |
Vaisseau | L’Espérance | 60 | 13 | Hollande | Roger Mathieu | Bommelaer Cornil Roger Mathieu Morage Jacques |
Vaisseau | Le Saint-Pierre | 120 | 11 | Hollande | Wackrenier François | Leroy François |
Vaisseau | L’Union | 350 | 16 | Hollande | Chaunet Jean | Scottey Jean |
Type | Nom | Tonnage | Ans | Origine | Capitaine | Propriétaire |
Frégate | Le Saint-Joseph | 150 | 9 | Angleterre | Bommelaert F | Veuve Herrefort Debrier Denis Joires François Herrefort Roger |
Frégate | Le Marchand de Dunkerque | 100 6 canons | neuf | Amsterdam | Brussin Jean | Tannel Eustache de Lille |
Frégate | La Notre-Dame de Lombardie | 90 | 10 | Dunkerque | Soetenay Jean | Denis Judocus Cornélissen Nicaise |
Frégate | Le Tigre d’or | 200 | 15 | Ostende | Delacroix Jacques | Pletz Jacques |
Frégate | Le Duc de Bourgogne | 200 | 3 | Dunkerque | Delattre Pierre | Delattre Pierre |
Frégate | La Subtile | 60 | 2 | Dunkerque | Claisen Mathieu | Deguilon André Vionot Urbain Taverne Guillaume Debant Pierre |
Frégate | Le Souwambourg ou Diligente | 100 | 13 | Zélande | Scheper Jean | Géraldin Jacques Desonnet Isabelle |
Frégate | Les Trois fleurs de lys | 200 | 11 | Zélande | Bommelaer Jaspart | Denis Pierre |
Flute | Le Saint-Bernard | 300 | 11 | Suède | Maisvre Samuel | Géraldin Jacques Roux Léonard |
Flute | Le Saint-François de Paul | 200 | 16 | Hollande | Bart Pierre | Pletz Jacques |
Flute | La Concorde | 300 | 16 | Hors d’état de naviguer | Faulconnier | |
Flute | Le Saint-Louis | 110 | 9 | Ostende | Dervelant Louis | Leroy François |
Flute | Le Nom de Jésus | 180 | 9 | Hollande | Frerard Pierre | Voorbrughe Nicolas Clarebout J.-B. Virou Robert Scottey Jean |
Flute | Le Saint-André | 130 | 5 | Norvège | Jansen Jean | Coppens Everaerd |
Flibot | Le Saint-Jean | 80 | 8 | Angleterre | Stassart Jean | Marchand Joseph, bourgeois de Lille |
Type | Nom | Tonnage | Ans | Origine | Capitaine | Propriétaire |
Flibot | La Grappe dorée | 120 | 10 | Norvège | Bart Cornille | Cornélissen Nicaise Taverne Guillaume Scadart Olivier Bommelaer Cornil |
Flibot | La Concorde | 80 | 4 | Hollande | Coffin Pierre | Debrier Pierre Denis Morincq Jean […] Nicolas |
Pinasse | Le Saint-François | 80 | 11 | Angleterre | Bommelaer Louis | Delpesche Pierre Dufour Pierre Taverne Guillaume Veraghe Daniel |
Buisse | L’Estoile du Nord | 50 | 15 | Hollande | Herpin Charles | Meulebecq Nicolas |
Buisse | La Saint-Nicolas | 60 | 9 | Hollande | Dekin Pierre | Vandervalle meule Josse Leroy François Saus Mathieu Taverne Nicolas |
Buisse | Sainte-Anne | 80 | 4 | Hollande | Testart Cornille | Testard Cornille |
Galiote | Le Saint-Jacques | 90 | 12 | Hollande | Battery Jacob | Géraldin Jacques Vionot Urbain |
Smack | Le Saint-Jean | 30 | 10 | Hollande | Venant Pierre | Venant Pierre |
Smack | Le Saint-Pierre | 40 | 9 | Zélande | Vanbosthoud Ferdinand | Buis Pierre |
Dogre | La Sainte-Catherine | 60 | 15 | Angleterre | De Sonneville Jaspart | Taverne Guillaume Verlisse Jean Dour François De Sonneville Jaspart Liéven Nicolas |
Dogre | Les Deux Frères | 60 | 10 | Angleterre | Jean Mahon | Meade et Lincoln |
Dogre | Le Saint-André | 80 | 15 | Hollande | Croeninberghe Georges | Viorot Urbain |
Dogre | Le Saint-Pierre | 50 | 10 | Irlande | Jean Winock | Blankart Jacques Secq Jean |
Caiche | Le Dauphin | 48 | 12 | Angleterre | Bounée Pierre | Taverne Nicolas Leroy François |
Type | Nom | Tonnage | Ans | Origine | Capitaine | Propriétaire |
Caiche | La Sainte-Marie | 50 | 11 | Norvège | Snouck Josse | Bauwens Willem |
Barque | Le Chasseur | 20 | 10 | Dunkerque | Morette | |
Barque | Le Saint-Joseph | 50 | 12 | Angleterre | Decroix Jacques | Verhage Daniel Michel Simounette dit Du Fesne |
Barque | Le Soleil | 70 | 6 | France | Decroix Guillaume | Debrier Pierre-Denis Leroy François Veuve Vandenvallemeule |
Barque | L’Innocence | 16 | 9 | Hollande | Hanschotte Charles | Hanschotte Charles |
Barque | Le Saint-Jacques | 10 | 8 | Espagne | Meyne Laurent | Géraldin Jacques |
Scute | Le Marchand de Lille | 70 | 8 | Gand | Dewin Arnaut | De la Granée, marchand de Lille |
Bélandre | Le Saint-François | 80 | neuf | Roesbrugge | Vevanaert | Bommelaer François Vemart Chrétien |
Bélandre | Le Saint-Michel | 36 | 6 | Hollande | Vanele Nicolas | Lembrouck Pierre |
Bélandre | La Sainte-Anne | 36 | 11 | Ostende | Mandris | Mandris |
Navire | Le Saint-Nicolas | 115 | 10 | Hollande | Brouwer Laurens | Omaer Jacques |
Navire | La Fortune | 80 | 14 | Danemark | Hors d’état de naviguer | Depuidt Simon |
Navire | Le Greslin | 70 | 3 | Hollande | Nissen Antoine | Hendrycksen Pierre |
Navire | L’Eindian | 50 | 15 | Angleterre | Hors d’état de naviguer | |
Navire | Le Saint-Sauveur | 40 | 10 | Norvège | Boumont Jean | Taverne Nicolas |
Navires péris | ||||||
Type | Nom | Tonnage | Ans | Origine | Capitaine | Propriétaire |
Navire | Le Saint-François | 120 | Leroy François Morette Martin | |||
Navire | Le Saint-Charles Borromée | 105 | Voorbrughe Nicolas et Daniel | |||
Navire | Le Saint-Georges | 80 | Leroy François Stecker Ingelbert Tristram Taverne Guillaume Dufour Pierre |
Annexe II. La partie du dénombrement non reprise dans le Rolle
Bélandres de rivière | |||
Nom du maître | Tonnage | Âge (ans) | Chantier |
Coots Jean | 12 | 20 | Saint-Omer |
Cattaert Jean | 12 | 14 | Saint-Omer |
Coffin Lucas | 12 | 5 | Saint-Omer |
Coopman Frans | 14 | 14 | Stendam |
Dankart Gorde | 13 | Roesbrugge | |
Clinckaert André | 12 | 12 | Saint-Omer |
Assecan Jean | 12 | 20 | Saint-Omer |
Kicken Jean | 12 | 10 | Syntelle |
Romont Noël | 14 | 9 | Roesbrugge |
Veuve Clinkaert Roger | 14 | 6 | Roesbrugge |
Lieux Maximilien | 13 | 9 | Syntelle |
Osten Pierre | 12 | 3 | Roesbrugge |
Stelle Jacques | 11 | 14 | Stanel |
Veuve Pierre Deroo | 13 | 23 | Saint-Omer |
Lievens Antoine | 14 | 6 | Roesbrugge |
Debier Jacques | 11 | 18 | Furnes |
Ost Lucas | 12 | 20 | Loo |
Coffin Mathieu | 13 | 4 | Roesbrugge |
Nom du maître | Tonnage | Âge (ans) | Chantier |
Waterloot Charles | 12 | 6 | Roesbrugge |
Blankenquer Jean | 12 | 20 | Saint-Omer |
Noêl Adrien | 13 | 6 | Furnes |
Coinecque Jean | 13 | 16 | Furnes |
Blanqueman Nicolas | 13 | 12 | Syntelle |
Lievens Jacques | 14 | 2 | Syntelle |
Coot Maertens | 12 | 23 | Saint-Omer |
Blanqueman Gérard | 12 | 13 | Roesbrugge |
Osten Jean | 11 | 2 | Roesbrugge |
Cernois André | 12 | 3 | Furnes |
Bouxen Antoine | 14 | Stanel | |
Coots Jaspart | 14 | 16 | Syntelle |
Coots André | 13 | 6 | Stendam |
Baert Nicolas | 13 | 6 | Stendam |
Coffin Charles | 12 | 7 | Roesbrugge |
Hosten Cornélis | 13 | 11 | Hondschoote |
Danery Mathieu | 11 | 12 | Syntelle |
Kicken Mathieu | 13 | 16 | Furnes |
Tienpont Silvester | 12 | 6 | Furnes |
Leroy Frans | 12 | Saint-Omer | |
Devoos Jacques | 14 | 9 | Hondschoote |
Blankeman Jean | 13 | 6 | Roesbrugge |
Clinkaert Gilles | 14 | 13 | Syntelle |
Coffin Jean | 12 | 8 | Roesbrugge |
Vanstanel Pierre | 14 | 8 | Stendam |
Bateman Pierre | 15 | 5 | Syntelle |
Lievens Michel | 12 | 5 | Stendam |
Waterloot André | 11 | 8 | Stanel |
Vanortrycq Charles | 14 | 4 | Stendam |
Blanqueman Pierre | 13 | 6 | Roesbrugge |
De Romondt Jean | 15 | 15 | Saint-Omer |
Boifese Jean | 14 | 5 | Saint-Omer |
Clinkaert Antoine | 12 | 15 | Stendam |
Donkaert Jacques | 13 | 6 | Roesbrugge |
Vandenbusse Jean | 11 | 5 | Syntelle |
Nom du maître | Tonnage | Âge (ans) | Chantier |
Hosten Jacques | 14 | 11 | Stendam |
Weskanwer Mathieu | 12 | 14 | Syntelle |
Clinckaert Roger | 13 | 11 | Syntelle |
Coffin Jacob | 12 | 6 | Furnes |
Dankaert Pierre | 6 | 12 | Roesbrugge |
Wiskauwer Pierre | 14 | 12 | Roesbrugge |
Kaiser Karel | 12 | 8 | Stanel |
Clinckaert Adrien | 15 | 23 | Saint-Omer |
Delacot Jean | 11 | 6 | Syntelle |
Coffin Jean | 12 | 22 | Saint-Omer |
Bateman Carel | 12 | 16 | Saint-Omer |
Coots Jean | 13 | 18 | Syntelle |
Depotter Thomas | 11 | 2 | Syntelle |
Kiecken Antoine | 12 | 6 | Stanel |
Lieven Jacques | 14 | 14 | Roesbrugge |
Battement Eustache | 15 | 14 | Hondschoote |
Wicke Frans | 12 | 5 | Stendam |
Linghe Lyndrick | 14 | Stendam | |
Dup Jean-Pierre | 13 | 6 | Roesbrugge |
Dup jean-Pître | 12 | 17 | Saint-Omer |
Coffin Charles | 14 | 17 | Syntelle |
Gortlgenel Michel | 13 | 8 | Loo |
Dankaert Adrien | 15 | 6 | Furnes |
Coffin Jean | 12 | 20 | Stendam |
Rombout Jean | 13 | 13 | Syntelle |
Baes Pierre | 12 | 12 | Saint-Omer |
Coffin Carel | 12 | 15 | Saint-Omer |
Elle J-B | 11 | 14 | Stendam |
Blankenque Pierre | 13 | 13 | Saint-Omer |
Lavallée Frans | 13 | 13 | Saint-Omer |
Vandalle Pierre | 12 | 7 | Stanel |
Bassimon Jacob | 14 | 8 | Syntelle |
Cornois Frans | 12 | 9 | Furnes |
Clinkaert Joseph | 16 | 14 | Syntelle |
Jansen Jean | 13 | 5 | Hondschoote |
Nom du maître | Tonnage | Âge (ans) | Chantier |
Blankeman Lucas | 14 | 3 | Roesbrugge |
Devos Jean | 12 | 16 | Saint-Omer |
Lieven Jacques | 15 | 14 | Saint-Omer |
Vervlienne Jean | 16 | 6 | Stanel |
Caester Jean | 12 | 10 | Stendam |
Claestier Jacques | 13 | 12 | Saint-Omer |
Barques de pêche au poisson frais | |||
Armateurs | Nombre | Tonnage | Chantier |
Clinckaert Guillaume | 3 | 14 | Dunkerque |
Smith Jean | 4 | 10 | Dunkerque |
Bommelaer Cornil | 6 | 8 | Dunkerque |
Bart Mathieu | 2 | 2 | Dunkerque |
Notes de bas de page
1Charliat Pierre-Jacques, « Mémoires inédits de Thor Möhlen à la cour de France (1699) », Bergens Historiske Forenings Skrifter, no 33, 1927, p. 286-358.
2Ibid., p. 22.
3Charliat Pierre-Jacques, Trois siècles d’économie maritime française, Paris, Librairie des sciences politiques, Chez Marcel Rivière, 1931, p. 36.
4Communications et mémoires de l’Académie de Marine, Paris, Société d’éditions géographiques, maritimes et coloniales, t. X, 1931, p. 197-219.
5Charliat Pierre-Jacques, Trois siècle d’économie maritime, op. cit., p. 6.
6L’histoire de cette collection est retracée dans Pfister Christian, Guide des maquettes de bateaux, Dunkerque, musée des Beaux-arts de Dunkerque, 1980.
7Voir Vermersch Olivier, « La petite pêche à Dunkerque sous l’occupation allemande », Revue de la Société dunkerquoise d’histoire et d’archéologie, no 28, 1994, p. 177-196.
8Morineau Michel, « Morlaix, la chevauchée du sénéchal de Lesneven et celle du sénéchal de Brest. 1664 », in Jean-Christophe Cassard, Bretagne, art, négoce et société de l’Antiquité à nos jours. Mélanges offerts au professeur Jean Tanguy, Brest, Association des Amis de Jean Tanguy-université de Bretagne occidentale, 1996, p. 275-287.
9Voir Buti Gilbert, Les chemins de la mer. Un petit port méditerranéen : Saint-Tropez (xviie-xviiie siècles), Rennes, PUR, 2010, p. 95. Remarquons que Gilbert Buti évoque le manuscrit B 19 comme une copie d’époque. Étant le seul exemplaire connu et de plus son caractère incontestable de luxe en fait l’œuvre de référence, nous le considérons donc comme l’œuvre originale dont les brouillons préparatoires ont disparu.
10Pfister-Langanay Christian, Ports, navires et négociants à Dunkerque (1662-1792), Dunkerque, Société dunkerquoise d’histoire et d’archéologie, 1985, p. 508-509 et 522.
11Goris Jean-Marie et Pfister-Langanay Christian, « La flotte de commerce dunkerquoise en 1686 », Revue historique de Dunkerque et du littoral, no 37, 2004, p. 413-429.
12Pfister-Langanay Christian, « L’amirauté de Dunkerque : personnel, comptes et archives », Revue du Nord, no 415, avril-juin 2016, p. 277-306.
13Archives nationales, Marine (désormais AN, Marine), C4 244 à C4 289.
14AN, Marine, C4 250, Demande de Seignelay, secrétaire d’État de la Marine d’établir un recensement de la flotte de commerce de Dunkerque, 17 décembre 1685.
15À Dunkerque, la série incendiée comprenait 32 registres couvrant la période allant de 1671 à 1791.
16À l’exception des travaux de T.-J. Le Goff, mais qui portent sur le xviie siècle, il faut se reporter au travail de John Bromley. Pour quelques réflexions sur le fonctionnement des classes maritimes en France entre 1689-1713, voir Les cahiers de Montpellier, t. 6, 1982, p. 17-18. Notons aussi Henry Jean-François, Des marins au siècle du Roi-soleil. L’Île d’Yeu sous le règne de Louis XIV, Paris, Yves Salmon éditeur, 1982.
17Dessert Daniel, La Royale. Vaisseaux et marins du Roi-Soleil, Paris, Fayard, 1996, p. 201-218. Voir pour une approche plus large : Barré Éric et Zysberg André (dir.), L’équipage, du navire antique aux marines d’aujourd’hui, Actes du colloque sur l’île de Tatihou tenu en mai 1999, Saint-Vaast-la-Hougue, musée maritime de l’île Tatihou, 2001.
18Pfister-Langanay Christian, « La traite négrière des ports du Nord : quelques nouveaux documents », Revue du Nord, no 407, 2014, p. 811-827.
19À l’exception du dernier né, le Marchand de Dunkerque, provenant d’Amsterdam, et qui porte six canons.
20Morineau Michel, op. cit., p. 282.
Auteur
-
Christian Pfister-Langanay
Université du Littoral-Côte d’Opale.
Christian Pfister a été maître de conférences en histoire moderne à l’université du Littoral-Côte d’Opale. Ses travaux sont consacrés à Dunkerque et son commerce sous l’Ancien Régime français et à l’histoire de sa construction navale entre 1600 et 1914. Ses recherches actuelles portent sur le fonctionnement de l’Amirauté de France, sa comptabilité et ses grandes enquêtes, de Colbert à Castries.

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