Une mère et ses enfants : Blanche de Castille et les dynamiques internes de la famille royale
p. 105-118
Texte intégral
1Femme de pouvoir et d’influence de premier plan dans la France du xiiie siècle, mais également dans toute l’Europe de l’époque, Blanche de Castille, la mère de Louis IX, n’avait étonnamment – et contrairement à ce dernier – que peu attiré l’attention des biographes. Lorsque j’ai commencé à travailler sur elle, la dernière biographie importante en date était celle d’Élie Berger, de 18951. C’est d’autant plus surprenant que l’étude des reines médiévales, de la royauté et du gouvernement au féminin a connu un grand essor depuis la fin du xxe siècle, en particulier dans les milieux universitaires anglophones, et qu’il y avait des études importantes sur le mécénat artistique de Blanche et sur son gouvernement par rapport à d’autres souveraines de la péninsule ibérique2. Cet état de fait tient sans doute, en France, au poids de l’école des Annales qui eut tendance à rejeter la biographie comme genre historique légitime, ce qui n’est pas vrai pour les historiens anglophones, en particulier britanniques, qui continuent de considérer la biographie comme un précieux outil pour comprendre d’une part, ceux qui ont exercé le pouvoir et une influence dans le passé, et, de l’autre, éclairer la société et la culture dans lesquelles ils ont évolué3. Le Saint Louis de Jacques Le Goff, bien qu’incontestablement magistral, n’est pas vraiment une biographie4. On pourrait même dire qu’il nous en dit plus sur ce dernier et sur la société et la culture intellectuelle dans lesquelles il a lui-même vécu, que sur Saint Louis. Le Goff ne s’est pas engagé dans trois domaines interdépendants, qui ont tous une place beaucoup plus importante dans l’historiographie et les études biographiques anglosaxonnes : la narration – et ce, à une époque où la politique, tant en France qu’à l’étranger, était souvent si tumultueuse et foisonnante ; les affaires du gouvernement, toujours centrales pour les historiens de l’Angleterre, qui disposent de preuves documentaires si riches de l’activité gouvernementale depuis un stade si précoce ; et la personnalité de ceux qui gouvernent. C’est peut-être pour cette raison que Le Goff s’est peu intéressé à Blanche de Castille : sa présentation d’elle ne va pas au-delà de l’image de la reine esquissée par Joinville et les hagiographes de Louis. Dans cet article, je souhaiterais la remettre au centre, en mettant ici plus particulièrement à l’honneur sa cardinalité au sein de la famille dont Louis IX était issu.
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2Dans sa déposition pour obtenir la canonisation de son frère Louis IX, Charles d’Anjou décrit leur mère, Blanche de Castille, comme la sainte racine – la Sancta Radix – de la famille royale capétienne5. C’était à Blanche, selon Charles, que l’on devait la fondation d’une famille si pieuse. Et de fait, la piété de Louis IX, candidat à la canonisation, était évidente. Celle de la fille unique de la famille aussi, la princesse Isabelle, qui s’était retirée dans le couvent de religieuses franciscaines qu’elle avait fondé. Elle aussi avait été considérée comme une candidate à la canonisation. L’une de ses compagnes, Agnès d’Harcourt, écrivit une vie hagiographique de la princesse, en réponse à une demande de Charles d’Anjou6. Avec les dépositions pour la canonisation de Louis IX, et les vies hagiographiques de Louis, elle constitue une source précieuse pour les historiens, car elle donne une vision intime d’une famille au xiiie siècle – même s’il faut toujours être conscient qu’il s’agit d’écrits à visée hagiographique. Jacques Le Goff, dans son magistral Saint Louis, insiste sur le fait que l’image que nous avons du roi n’est qu’un mirage, construit par ses hagiographes, en particulier son confesseur, le dominicain Geoffroi de Beaulieu, le dominicain Guillaume de Chartres et le franciscain et confesseur de la reine Marguerite de Provence, Guillaume de Saint-Pathus7.
3Dans toutes les vies hagiographiques de Saint Louis, Blanche est dépeinte comme ayant une piété à toute épreuve et un sens de la moralité rigide. Selon Geoffroi de Beaulieu, Blanche aurait préféré savoir son fils mort plutôt qu’ayant commis le péché mortel d’adultère8. Au xive siècle, les images illustrant la vie ou les liturgies de Saint Louis montrent en effet Blanche comme une mère stricte, veillant à l’éducation de son fils, et même satisfaite de le voir battu9. Dans la Vie de Saint Louis de Joinville, la réputation de Blanche est en revanche ambiguë. Joinville a sans doute admiré la virago, la femme forte, la reine régente qui a su gouverner le royaume et protéger le jeune roi. Néanmoins, il dresse aussi le portrait saisissant d’une femme qui fut une belle-mère jalouse, cherchant toujours à brouiller les cartes entre Louis IX et son épouse, Marguerite de Provence. Elle aurait par exemple éloigné Louis du chevet de Marguerite alors que la jeune reine accouchait si difficilement que l’on crut qu’elle allait y perdre la vie. Joinville nous dit aussi que Pontoise était le château préféré de Louis et de Marguerite, car là, leurs chambres étaient reliées par un escalier, dans lequel leurs étreintes amoureuses pouvaient s’attarder jusqu’à ce que les serviteurs les avertissent que Blanche était en route : à ce moment-là, le jeune roi et sa femme couraient rejoindre leurs lits chacun dans leur chambre10. En 1252, la nouvelle de la mort de Blanche parvint Outre-Mer à l’entourage royal. Joinville demanda alors à Marguerite pourquoi elle pleurait, puisque la femme qu’elle détestait le plus était morte. Marguerite répondit qu’elle pleurait parce qu’elle savait combien Louis serait dévasté par la perte de sa mère11. En lisant le récit de Joinville sur la relation entre Blanche, Louis et Marguerite de Provence, il est presque impossible d’oublier l’analyse freudienne… D’autres sources, nous le verrons, offrent enfin des éclairages différents sur les relations entretenues entre Blanche et ses enfants, notamment les fragments de comptabilité de la maison royale et de la maison de la reine elle-même12.
4Pour autant, notre connaissance de la famille dans laquelle Louis IX a été élevé présente de nombreuses lacunes puisque nous ne connaissons pas, par exemple, le nombre exact de ses frères et sœurs13. Notre vision de la famille est de plus déformée par le fait que Louis et sa sœur Isabelle attirèrent l’attention des hagiographes. Voulant montrer leur piété et leur dévotion au quotidien, ils dressent dès lors des portraits intimes, domestiques, bien qu’hagiographiques de ces derniers. Or, nous n’avons rien de semblable pour leurs frères.
5On sait que cinq enfants nés de Blanche et de son mari, Louis VIII, ont survécu jusqu’à l’âge adulte : le roi Louis IX, Robert, comte d’Artois, Alphonse, comte de Poitiers et de Toulouse, Charles, comte d’Anjou et de Provence, puis roi de Sicile, et une unique fille, Isabelle. Pourtant, Blanche et Louis VIII eurent de nombreux enfants, probablement douze ou treize en tout. Le premier enfant à survivre au-delà de la naissance fut Philippe, né en 1209. La naissance d’un éventuel héritier au trône de France fut célébrée dans un poème qui fut copié dans les registres de Philippe Auguste. Il prophétisait que le nouveau prince unirait les trônes de France et d’Angleterre14, mais l’enfant mourut en 1218. En 1213, Blanche eut des jumeaux, dont l’un disparut assez vite après la naissance15. Lorsque Louis VIII fit son testament en 1225, il prit des dispositions minutieuses pour ses enfants : l’aîné deviendrait roi de France, les trois fils suivants deviendraient respectivement comte d’Artois, comte d’Anjou et du Mans, et enfin comte de Poitiers et d’Auvergne, les autres fils entreraient en religion. Le seul enfant nommé est l’unique fille, Isabelle, à qui on laisse une importante somme d’argent16.
6Les noms de la plupart des enfants sont évidents. Philippe, l’héritier, a été nommé d’après son grand-père, Philippe Auguste. Louis, qui devient l’héritier à l’âge de 4 ans, est nommé d’après son père. Isabelle porte le nom de sa grand-mère maternelle, Isabelle de Hainaut. Alphonse porte le nom de son grand-père maternel, Alphonse VIII de Castille, qui était devenu l’un des grands héros de la chrétienté après avoir vaincu les Almohades à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212. Mais Blanche n’attendit pas 1220 et son huitième enfant pour utiliser le nom de son père : l’un des jumeaux nés en 1213 s’appelait déjà Alphonse17. Robert était quant à lui un prénom traditionnel dans la famille capétienne et Jean a probablement été nommé d’après saint Jean Baptiste, auquel Blanche et son mari vouaient une dévotion particulière, plutôt que d’après l’oncle malchanceux et tyrannique de Blanche, le roi Jean d’Angleterre18.
7Deux des noms donnés aux enfants suggèrent pour leur part un attachement fort à l’histoire et à la dynastie. Un deuxième Philippe, né en 1222, est appelé Dagobert, du nom du roi mérovingien considéré comme le fondateur de l’abbaye de Saint-Denis. Dagobert était son surnom familial, celui utilisé par les clercs royaux dans les comptes de la maison19. Le nom peut ainsi refléter des relations devenues plus étroites avec l’abbaye de Saint-Denis peu avant la mort de Philippe Auguste, qui n’entretint pas toujours de bonnes relations avec l’abbaye. Le plus jeune enfant était Charles, le futur comte d’Anjou et roi de Sicile. Charles est probablement né en 1226, après la mort de son père, ce qui suggère que c’est Blanche qui le nomma de la sorte. Le nom porte le souvenir des rois et empereurs carolingiens, de Charlemagne lui-même, ou de Charles le Chauve. Blanche donna à son fils cadet un nom qui faisait penser aux chansons de geste et à l’histoire glorieuse du royaume de France. Il reflète l’intense intérêt pour Charlemagne perceptible dans l’entourage de Philippe Auguste et de Louis VIII20.
8Si les historiens eurent l’habitude d’affirmer que les parents ne prenaient pas la peine de nouer des relations affectives avec leurs enfants au Moyen Âge – car ils étaient nombreux à mourir en bas âge – des études récentes ont remis en cause cette affirmation21. Il est évident que Blanche se souciait de ses enfants et qu’elle se comportait comme une mère investie. On la voit notamment profondément soucieuse lorsque ces derniers étaient malades. En 1244, Louis était si souffrant qu’on pensa qu’il allait mourir. Lorsqu’il se rétablit, il jura de partir en croisade. Joinville et le chroniqueur anglais Matthieu Paris, bavard mais bien informé, ont tous deux décrit le désespoir de Blanche au chevet de son fils malade22. Agnès d’Harcourt raconte elle-aussi un épisode où la princesse Isabelle tomba malade au palais de Saint-Germain-en-Laye vers 1241. Blanche vint en toute hâte au chevet de sa fille, et consulta une sainte femme des lointains Pays-Bas pour savoir comment sa fille pourrait se rétablir23. Les comptes de la maison royale de 1239 montrent également Blanche se précipiter de Melun à Vincennes pour être auprès du jeune Charles d’Anjou, alors alité, et distribuer en chemin des aumônes pour son rétablissement24. Matthieu Paris nous dit enfin que la grave maladie d’Alphonse de Poitiers en 1251-1252 – il était paralysé et risquait de perdre la vue – fut une grande source de tristesse pour sa mère, la reine25.
9L’enterrement des enfants est un autre signe d’attention. Louis VIII et Blanche enterrèrent ensemble leurs enfants décédés en bas âge, dont Philippe, le futur héritier du trône, qui meurt en 1218. Blanche se chargea seule de l’enterrement de Jean, mort en 1232, et de Philippe Dagobert, mort deux ans plus tard. L’héritier, Philippe, fut enterré dans le chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, car la mère de Louis, Isabelle de Hainaut, avait demandé à y être enterrée à sa mort en 1190, aux côtés des jumeaux décédés lors de l’accouchement qui causa son propre trépas. En 1225, Blanche et Louis VIII établirent une chapelle dédiée aux saints Jean-Baptiste et Thomas Becket dans le bas-côté sud de la nef de la cathédrale, avec des chapelains chargés de prier pour l’âme du jeune Philippe26. Deux enfants furent ensuite enterrés dans la collégiale de Poissy : le nécrologe de l’église fait état de la commémoration des anniversaires de la mort de deux fils de Blanche et de Louis VIII, Alphonse et Jean27. Jean, le jeune comte d’Anjou, décéda en 1232 ; Alphonse doit être l’un des jumeaux nés en 1213, qui mourut avant que le nom du père de Blanche ne soit utilisé pour Alphonse, un jour comte de Poitiers, né vers 1220. Il est probable que Jean et Alphonse furent enterrés à Poissy parce qu’ils moururent dans ce palais royal qui était l’une des résidences préférées de Blanche et de son mari avant qu’il ne devienne roi.
10Deux ans après la mort de Jean, Blanche souffrit la perte de Philippe Dagobert. Dagobert fut le premier membre de la famille royale à être enterré dans la nouvelle abbaye cistercienne de Royaumont, fondée en 1228 par Blanche et Louis IX en mémoire de Louis VIII28. À la mort de Jean, en 1232, le chœur devait encore être en chantier, mais on peut supposer qu’il était suffisamment avancé en 1234 pour que Dagobert puisse y être enseveli. Désormais, les jeunes membres de la famille capétienne qui décèderaient seraient enterrés à Royaumont, parmi lesquels deux enfants en bas âge de Louis IX, Blanche et Jean, qui moururent respectivement en 1243 et 124829. L’abbaye devint le mausolée des enfants de la famille capétienne, tandis que Saint-Denis était considéré comme le mausolée des rois de la dynastie. Enfin, deux ans avant sa propre mort, Blanche apprit la terrible nouvelle de la mort de Robert d’Artois à la bataille de Mansourah en Égypte. Mais son corps disparut dans les eaux du Nil : il n’y avait plus rien à enterrer pour la famille.
11La tombe des princes Jean et Alphonse d’une part, et celle de Philippe Dagobert de l’autre, sont très différentes, alors même que Jean et Dagobert moururent à deux ans d’intervalle. Blanche commanda-t-elle les deux ensembles funéraires ? Celui de Poissy était en cuivre jaune, avec une certaine ressemblance avec les célèbres tombeaux en cuivre émaillé des deux enfants de Saint Louis, enterrés à Royaumont en 1243 et 1248, bien qu’il ne soit pas clair si le tombeau de Poissy était émaillé. Le tombeau de Dagobert, en pierre, fut réalisé avec un soin particulier. L’effigie est d’un réalisme saisissant, il s’agit presque d’un portrait d’un jeune adolescent de 12 ou 13 ans, aux cheveux bouclés, délicatement rehaussé par la peinture. Autour du sarcophage, des statues d’anges et d’ecclésiastiques pleurent la mort du prince – l’un des tout premiers exemples de « pleureurs ». Les effigies de la tombe en cuivre plate, moins élaborée, de Jean et Alphonse montrent également les deux princes enfants. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit sans doute des premières tombes en France à montrer les morts comme des jeunes gens, à peu près à l’âge de leur mort. Auparavant, les effigies représentaient le défunt à l’âge idéal, celui de la mort du Christ. Blanche ou Louis IX choisirent d’utiliser cette nouvelle figuration, soulignant le jeune âge de la mort, pour les tombes des deux enfants de Louis IX, Blanche et Jean, qui moururent en 1243 et 1248.
12J’ai commencé par la mort et la commémoration. Mais que savons-nous de la vie de ces enfants ? Jeune prince, Louis VIII fut éduqué par de grands maîtres issus des écoles parisiennes, Amaury de Bène et Étienne de Tournai30. Mais nous ne savons pas qui a instruit ses enfants. De toute évidence, Louis VIII et Blanche ont veillé à ce que leurs enfants soient bien éduqués, y compris leur fille, Isabelle : elle et Charles étaient tous deux suffisamment bons latinistes pour corriger le latin de leurs clercs31. La tradition familiale veut que Blanche elle-même ait appris à lire à Saint Louis. Au début du xive siècle, un psautier qui avait appartenu à Blanche et que possédait alors Agnès de France, fille de Saint Louis, portait l’inscription suivante : « Cist psautiers fuit mon seigneur saint Loys qui fut Roys de France Ou quel il aprist en lenfance » (ce psautier a appartenu à mon seigneur Saint Louis roi de France, dans lequel il a appris dans son enfance)32. Charles d’Anjou, dans sa déposition pour la canonisation de son frère, insiste quant à lui sur le rôle important joué par Blanche dans l’éducation morale et religieuse de ses enfants. À la fin du xive siècle, alors que se construit le portrait du roi saint et de sa stricte et pieuse mère, on oublie donc Louis VIII et sa possible influence sur sa famille : la famille et son entourage construisent l’image d’une famille sans père véritable, d’une famille protégée par une mère forte et dévouée – une famille dont la structure est semblable à celle de Jésus-Christ lui-même.
13Dans les faits, le noyau familial fut souvent grossi par d’autres enfants et d’autres jeunes gens. En 1234, Blanche organisa le mariage de Louis IX avec Marguerite de Provence, qui n’avait que 13 ans. En 1238, les dépenses de la jeune reine et des « autres enfants » sont inscrites ensemble sur les comptes de la maison royale33. L’autre jeune fille de la cour fut Jeanne de Toulouse, fille du comte Raymond VII de Toulouse, fiancée au prince Alphonse par le traité de Paris de 1229. Jeanne resta dans la famille capétienne à partir de ce moment-là, probablement en tant que compagne de la princesse Isabelle, comme le suggèrent les entrées pour leurs robes dans les comptes de la maison34. Les relations tendues entre Blanche et Marguerite de Provence étaient notoires, mais Jeanne de Toulouse était la nièce de Blanche, et peut-être leurs relations furent-elles meilleures.
14Blanche élargit également le cercle familial de ses neveux et nièces ibériques. Son neveu, Alphonse de Portugal, fut élevé à la cour aux côtés de ses cousins. Les comptes de la maison royale distinguent « Alphonse le neveu » du fils de Blanche, Alphonse35. Le neveu fut gâté par sa tante, qui lui fournit de magnifiques robes, bijoux et chevaux36. Blanche arrangea son mariage avec l’une des plus riches héritières de France, la comtesse Mathilde de Boulogne, et organisa une splendide cérémonie pour son adoubement dans son château de Melun en 1239, peu avant le mariage37. Blanche fournit également un foyer sûr pour les enfants de sa nièce, Bérengère de Castille, reine de Jérusalem. Dans les comptes de la maison royale, les trois fils de Bérengère, Jean, Alphonse et Louis, sont appelés « les enfants d’Acre38 », auxquels Blanche parait particulièrement dévouée. Elle arrangea de bons mariages pour les garçons, en particulier pour Alphonse d’Acre avec l’héritière du comté d’Eu, et Blanche fut particulièrement proche de Marie, impératrice de Constantinople39. Ainsi, la famille dans laquelle grandit Saint Louis fut-elle une famille de frères et sœur, mais également de cousins et de cousines.
15Nous connaissons quelques aspects des relations affectives nouées au sein de cette famille, tant nucléaire qu’élargie. Louis IX et la princesse Isabelle semblent avoir été très proches. Tous deux étaient intensément pieux et attirés par le mode de vie franciscain. Tous deux évitaient la bonne chair, essayaient de s’habiller simplement et se consacraient aux pauvres et aux malades. En un mot, tous deux trouvaient la vie de cour détestable40. Les hagiographes affirment que Blanche elle-même avait une affection particulière pour Louis et pour Isabelle41. Quant à Joinville, nous avons vu comment il présentait Blanche comme une femme surprotectrice vis-à-vis de son fils aîné, et jalouse de sa belle-fille42. Agnès d’Harcourt nous fait part de son côté de son désir de voir sa fille parée de beaux atours et de son désespoir quand cette dernière ne voulait plus manger que de la soupe de pois43. Les relations entre Blanche et ses autres enfants, bien qu’affectueuses, étaient-elles moins intenses, moins manipulatrices peut-être de part et d’autre ? La mère aima-t-elle vraiment moins ses autres enfants ? C’est impossible à savoir. Mais Agnès d’Harcourt a sans doute raison de souligner qu’étant donné qu’Isabelle était la seule et unique fille de Blanche, elle était particulièrement précieuse. Quant à Louis, héritier du trône à quatre ans, puis roi, il était entre tous la personne à qui Blanche devait son pouvoir et son influence politiques.
16Les autres membres de la famille se distinguent de Louis et Isabelle en ce qu’ils semblent avoir apprécié la vie de cour. Ils portaient par exemple des vêtements magnifiques. Robert, Alphonse, Charles et leur cousin, Alphonse de Portugal, soutenaient les ménestrels et la poésie, la musique et les chansons profanes quand Louis n’aimait que la musique religieuse. Selon Guillaume de Saint-Pathus, il aurait même obligé un malheureux jeune écuyer de la cour à ne chanter que des chansons à la Vierge44 ! Robert est décrit comme « vallans et courtois45 » par Philippe Mousket et Jean de Joinville montre Alphonse et Charles jouer aux dés et aux échecs pendant le voyage de la croisade. Selon Joinville, Alphonse jouait avec « tant de courtoisie… en donnant des poignées d’argent46 » à ses compagnons de jeu que Louis, qui détestait les jeux de hasard, jeta rageusement les dés de Charles d’Anjou par-dessus bord47. Quant à Robert d’Artois, et à son cousin Alphonse d’Acre, comte d’Eu, ils avaient en partage un sens de l’humour robuste, voire scatologique. Lors de la croisade, Alphonse d’Acre hurla de rire lorsque son ours de compagnie dévora les poulets de Joinville, tandis que Robert taquinait les Anglais en leur disant qu’ils avaient la queue entre les jambes, ce qui ne les amusait guère48… Robert aurait même fait couvrir le comte Thibault de Champagne, selon un chroniqueur d’entrailles et d’excréments de bœuf et, selon un autre, de fromage coulant rance, pour punir le comte d’avoir trop flirté avec Blanche. La plaisanterie ne fut pas du goût de Blanche, qui appréciait la compagnie d’hommes raffinés, son cousin Thibault étant un poète distingué49. Cela n’empêchait pas Robert, d’après Joinville, d’être le frère préféré de Saint Louis qui pleura intensément sa mort avec Blanche50.
17Quant à Blanche elle-même, les comptes de la maison royale et les siens suggèrent qu’elle ressemblait davantage à Robert, Alphonse et, peut-être surtout, à Charles, qu’à Louis et Isabelle. Elle aimait le luxe, les mets délicats, les fêtes de cour, la musique et les chants profanes, la chasse et le pouvoir51. Elle payait très cher un bon saumon et faisait venir en quantité ses grenades de Castille52 ; elle avait des coffres et des armoires débordant de soiries et de tissus fins et aimait offrir de la soie et des bijoux en cadeau53. Elle organisa de grandes fêtes de cour, pour le mariage de Louis et Marguerite en 1234, et pour l’adoubement d’Alphonse de Portugal en 1239, on l’a dit54. Cet aspect du tempérament de Blanche est absent des vies hagiographiques de Saint Louis, même si dans la vie de la princesse Isabelle par Agnès d’Harcourt, Blanche fait porter à sa fille « de très beaux et riches ornements » à son corps défendant55. Mais si Blanche aimait la vie de cour, elle était aussi profondément pieuse, son attachement allant particulièrment aux ordres de Cîteaux, de Fontevraud, de Saint-Victor et aux Dominicains. Elle fut une grande protectrice des hôpitaux pour les malades pauvres ainsi qu’une généreuse donatrice d’aumônes56.
18Si la plupart des études sur Charles d’Anjou et Alphonse de Poitiers se concentrèrent, pour de bonnes raisons, sur leurs carrières politiques ou leurs administrations57, la réalité et la profondeur de leur piété ne doivent pas être sous-estimées, même si la piété des frères de Saint Louis était certes plus conventionnelle, et moins extrême, que celle de Louis et d’Isabelle. La famille de Saint Louis démontre en effet qu’il y avait plus d’une façon d’être dévot dans l’entourage capétien au xiiie siècle. La dévotion sérieuse et profonde de Blanche ne l’empêchait pas de savourer les choses de ce monde et le pouvoir politique. Saint Louis et Isabelle furent attirés par l’extrême dévotion ascétique des Franciscains, bien que tous les confesseurs de Saint Louis soient issus de l’ordre dominicain, plus institutionnalisé. Leurs frères et cousins soutenaient également les Mendiants, tant Franciscains que Dominicains, mais sans verser personnellement dans un ascétisme outrancier. Si les Mendiants devinrent de plus en plus influents à la cour capétienne, comme ailleurs au demeurant, la famille n’oublia pas pour autant les Cisterciens, comme le montrent les nouvelles fondations de Charles d’Anjou à Vittoria et à Realvalle dans le royaume de Sicile58. Robert d’Artois était quant à lui et comme ses parents, très attaché à l’ordre de Saint-Victor, qui le prit dans sa fraternité59.
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19Pour conclure, je souhaiterais finir sur l’idée de la famille comme nouvelle représentation du pouvoir – la famille par opposition à la dynastie, car les deux ne sont pas identiques. En Grande-Bretagne, le concept et l’image de la « famille royale » ont été inventés par la reine Victoria au xixe siècle et par la reine Elizabeth II à l’ère de la télévision : on pourrait noter qu’il s’agit de reines dans les deux cas. Je voudrais suggérer que Blanche aussi, mutatis mutandis, a forgé l’image d’une famille royale idéale et qu’elle en a fait une représentation, et même un outil, de pouvoir. Blanche était consciente de la différence entre famille et dynastie. Elle fit de Royaumont un mausolée pour les enfants de la famille royale, tandis que Saint-Denis demeura le panthéon dynastique. Blanche et Louis VIII firent le choix de se présenter comme un couple solide et solidaire – ce qu’ils furent sans doute –, un mariage totalement différent de ceux de Philippe Auguste ou du grand-père et des oncles angevins de Blanche. Ces derniers fournirent un terrible avertissement sur les dangers politiques des querelles familiales : si dans son testament, Louis VIII précisa ce dont chaque fils devait hériter, c’était précisément pour éviter la discorde entre eux60. Après la mort inattendue de Louis VIII, Blanche s’attacha à donner l’image d’une mère protectrice, solidement entourée par ses enfants, ce qui n’échappa pas aux commentateurs contemporains. Philippe Mousquet montre par exemple Blanche ameuter autour d’elle ses enfants en bas âge autour de la dépouille de son défunt mari. Le chroniqueur anglais Matthieu Paris, décrivant la rencontre de la famille capétienne avec Edmond, archevêque de Canterbury en France en 1240, note que la reine arriva entourée de ses enfants – bien que la plupart d’entre eux soient maintenant adultes61. Comme Gaël Chenard l’a montré, il y eut une tension considérable entre Louis IX et ses frères, Alphonse et Charles, après la mort de Blanche, notamment parce que leurs intérêts en tant que comtes de Poitiers et de Toulouse, d’une part, et comte d’Anjou, de l’autre, ne s’alignaient pas toujours sur ceux de Louis comme roi de France62. Mais le sens de la solidarité familiale inculqué par Blanche de Castille l’emporta sur les tensions : Louis et ses frères veillèrent à ne pas commettre les erreurs de leurs oncles angevins.
Notes de bas de page
1Berger Élie, Histoire de Blanche de Castille, reine de France, Paris, Thorin et fils, 1895.
2Voir en particulier Gajewski Alexandra, « The Patronage Question under Review: Queen Blanche of Castile (1188-1252) and the Architecture of the Cistercian Abbeys at Royaumont, Maubuisson and Le Lys », in Thérèse Martin (dir.), Reassessing the Roles of Women as “Makers” of Medieval Art and Architecture, Leyde/Boston Brill, 2012, p. 197-244 et « Recherches sur l’architecture cistercienne et le pouvoir royal : Blanche de Castille et la construction de l’Abbaye du Lys », in Yves Gallet, Art et architecture à Melun au Moyen Âge, Paris, Picard, 2000, p. 223-254. Voir aussi Kinder Terryl, « Blanche of Castile and the Cistercians: An Architectural Re-evaluation of Maubuisson Abbey », Cîteaux : commentarii cistercienses, no 27, 1976, p. 161-188, ainsi que Shadis Miriam, « Piety, Politics and Power: The Patronage of Leonor of England and her Daughters. Berenguela of Leon and Blanche of Castile », in June Hall McCash (dir.), The Cultural Patronage of Medieval Women, Athens (GA), University of Georgia Press, 1996, p. 202-227 ; « Blanche of Castile and Facinger’s “Medieval Queenship”: Reassessing the Argument », in Kathleen Nolan (dir.), Capetian Women, New York, Palgrave Macmillan, 2003, p. 137-161, et Berenguela of Castile and Political Women in the High Middle Ages, New York, Palgrave Macmillan, 2009.
3À titre d’exemple récent et emblématique, on pourrait citer la biographie d’Henri III par Carpenter David, Henry III, the Rise to Power and Personal Rule (1207-1258), New Haven/Londres, Yale University Press, 2020 ; Henry III: Reform, Rebellion, Civil War, Settlement (1258-1272), New Haven/Londres, Yale University Press, 2023.
4Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit.
5Riant Paul Édouard Didier, « Déposition de Charles d’Anjou pour la canonisation de Saint Louis », Notices et documents publiés pour la Société d’histoire de France à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa fondation, Paris, 1884, p. 155-176, ici p. 175.
6Field Sean L., The Writing of Agnes of Harcourt, op. cit., p. 9-17 et 53. Voir aussi Field Sean L., Isabelle of France, op. cit., p. 147-149.
7Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 333-344. Beaulieu Geoffroi de, Vita Ludovici noni, RHGF, t. XX, p. 1-27 ; Chartres Guillaume de, De vita et actibus inclytae recordationis regis francorum ludovici et de miraculis, ibid., p. 28-44 ; Saint-Pathus Guillaume de, Vie monseigneur saint Loys, ibid., p. 58-121 ; Nangis Guillaume de, Gesta sanctae memoria Ludovici regis Franciae, ibid., p. 309-462 ; Joinville Jean de, Vie de Saint Louis, op. cit. Sur les vies et leurs auteurs, Gaposchkin M. Cecilia, The Making of Saint Louis, op. cit., p. 33-36 et 38-40 ; « Introduction », in Cecilia M. Gaposchkin et Sean et Larry Field (dir.), The Sanctity of Louis IX, op. cit., p. 18-57.
8Beaulieu Geoffroi de, Vita ludovici, op. cit., p. 4.
9Livre d’heures de Jeanne de Navarre, BnF, ms. nal 3145, f. 85 vo. Voir aussi Saint-Pathus Guillaume de, Vie monseigneur saint Loys, BnF, ms. fr. 5716, f. 15 vo.
10Joinville Jean de, Vie de Saint Louis, op. cit., p. 302-3, § 608, p. 300-302, § 606-607.
11Ibid., p. 300-1, § 605.
12Pour la maisonnée royale, voir en particulier, RHGF, t. XXI, p. 226-251, 251-260 et 260-284 ; RHGF, t. XXII, p. 565-578, 579-583, 583-615 et 615-622. Pour la maisonnée de Louis VIII, voir Fawtier Robert, « Un fragment du compte de l’hôtel du Prince Louis de France pour le terme de la Purification 1213 », Le Moyen Âge, no XLIII, 1933, p. 225-50 ; Petit-Dutaillis Charles, Étude sur la vie et le règne de Louis VIII, Paris, E. Bouillon, 1894, pièces justificatives no XIII, p. 522-525. Les comptes de la maisonnée de Blanche ont survécu pour les années 1241-1242 : Londres, BL ms add. 4129 et Paris BnF, ms. lat. 9017, f. 69, le dernier étant édité dans Bougenot Étienne, « Comptes de dépenses de Blanche de Castille », Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques. Section d’histoire et de philologie, 1889, p. 86-91. Voir leur analyse dans Grant Lindy, Blanche of Castile, op. cit., p. 22-23.
13Pour de plus amples développements sur la constitution de la famille, ibid., p. 149-169. Les enfants connus de Blanche et de Louis VIII sont une fille née en 1205 ; Philippe, 1209-1218 ; jumeaux, nés en 1213, Alphonse mort en 1220 et inconnu ; Louis IX, 1214-1270 ; Robert comte d’Artois, 1216-1250 ; Jean comte d’Anjou, 1219-1232 ; Alphonse comte de Poitiers, 1220-1271 ; Philippe Dagobert, 1221-1234 ; Étienne né au début des années 1220 ; Isabelle, 1225-1270 ; Charles d’Anjou, roi de Sicile, 1226-1285.
14Baldwin John et alii (éd.), Les registres de Philippe Auguste, op. cit., p. 545 ; Grant Lindy, Blanche of Castile, op. cit., p. 44-45 ; Baldwin John, The Government of Philip Augustus: Foundations of French Royal Power in the Middle Ages, Berkeley, University of California Press, 1986, p. 361.
15Grant Lindy, Blanche, op. cit., p. 47 ; Fawtier Robert, « Un fragment de compte », art. cité, p. 245.
16Layettes, t. II, no 1710.
17Voir plus bas.
18Ils dédièrent à Jean-Baptiste l’autel commémoratif de l’héritier Philippe à Notre-Dame de Paris, et le saint fut l’un des dédicataires de la fondation de l’église abbatiale de Blanche à Maubuisson : Obituaires de la Province de Sens, éd. Auguste Molinier et A. Longnon, Paris, Imprimerie nationale, 1902-1923, t. I, p. 204 ; Dutilleux Alphonse et Depoin Joseph (éd.), L’abbaye de Maubuisson (Notre-Dame-la-Royale). Histoire et cartulaire, Pontoise, Typographie Amédée Paris, 1882, p. 7.
19RHGF, t. XXI, p. 240.
20Baldwin John, The Goverment, op. cit., p. 364-367 et 371 ; Brown Elizabeth A. R., « La notion de la légitimité et la prophétie à la cour de Philippe Auguste », in Robert-Henri Bautier (dir.), La France de Philippe Auguste. Le temps des mutations, Paris, CNRS Éditions, 1982, p. 77-111 ; Grant Lindy, Blanche de Castile, op. cit., p. 232-233 et 312-313.
21Huneycutt Lois L., « Public Lives, Private Ties: Royal Mothers in England and Scotland, 1070-1204 », in John Carmi Parsons et Bonnie Wheeler (dir.), Medieval Mothering, New York, Garland, 1996, p. 295-311, ici p. 295-296.
22Joinville Jean de, Vie de Saint Louis, p. 54-55, § 106-107 ; Paris Matthieu, Chronica Majora, éd. H. R. Luard, Londres, Rolls Series, 1872-85, t. IV, p. 397-398.
23Field Sean L., The Life of Isabelle, op. cit., p. 56-57 ; Courting Sanctity, op. cit., p. 1-2 et p. 4 qui note que la mention longtemps lue comme « Nanterre » doit l’être comme « Avauterre ».
24RHGF, t. XXII, p. 600.
25Paris Matthieu, Chronica Majora, op. cit., t. V, p. 311-312. Boutaric Edgar, Saint Louis et Alphonse de Poitiers. Études sur la réunion des provinces du Midi et de l’Ouest à la couronne, Paris, H. Plon, 1870, p. 86-87.
26Petit-Dutaillis Charles, Étude sur la vie, op. cit., annexe VI, catalogue des Actes, no 258, p. 484 ; Obituaires de la Province de Sens, op. cit., t. I, p. 204 ; Aubert Marcel, Notre-Dame de Paris, Paris, Laurens, 1929, p. 139, n. 1 ; Nolan Kathleen, Queens in Stone and Silver: The Creation of a Visual Imagery of Queenship in Capetian France, New York, Palgrave Macmillan, 2009, p. 115.
27Obituaires de la Province de Sens, op. cit., t. II, p. 343. Pour une image des tombes, Adhémar Jean, « Les tombeaux de la collection Gaignières : dessins d’archéologie du xviie siècle », Gazette des Beaux-Arts, no 84, 1974, p. 11-191, ici p. 53 no 258. Le dessin de Gaignières le décrit comme le tombeau des princes Jean et Philippe ; sur le tombeau lui-même, les enfants sont juste décrits comme fils de Blanche et Louis (VIII) ; la copie du xviie siècle du nécrologe de Poissy dans Obituaires de la Province de Sens, op. cit., t. II, p. 343 enregistre des messes pour Alphonse et Jean.
28Adhémar Jean, « Les tombeaux de la collection Gaignières », art. cité, p. 28, no 104 ; Sauerlander Willibald, Gothic Sculpture in France, 1140-1270, trad. Janet Sondheimer, Londres, Thames and Hudson, 1972, p. 159.
29Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 282 ; pour leurs tombes, Adhémar Jean, « Les tombeaux de la collection Gaignières », art. cité, p. 42, nos 189 et 190. Le Pogam Pierre-Yves, « Le tombeau de Philippe-Dagobert : un monument royal chez les moines blancs », Bulletin Monumental, no 168-2, 2010, p. 133-148.
30Petit-Dutaillis Charles, Étude sur la vie, op. cit., p. 4-5. Pour Amaury de Bène et le futur Louis VIII, voir Ex chronico anonymii Laudunensis Canonici, RHGF, t. XVIII, p. 715.
31Dunbabin Jean, Charles I of Anjou: Power, Kingship and State-Making in Thirteenth-Century Europe, Harlow, Longman, 1998, p. 11 ; Field Sean L., The Life of Isabelle, op. cit., p. 60-61. Sur l’éducation de Saint Louis, Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 36 et 589-590 ; pour Charles, Dunbabin Jean, Charles of Anjou, op. cit., p. 10-12 ; pour Isabelle, Field Sean, Isabelle of France, op. cit., p. 21.
32Leyde, Universiteit Leiden, Bibliotheken ms lat. 76a, f. 30 vo. Omont Henri, Le Psautier de Saint Louis de la Bibliothèque de Leyde, Leyde, A. W. Sijthoff, 1902, p. vii ; Le Pogam Pierre-Yves (dir.), Saint Louis, op. cit., no 40, p. 217 et planche 110, p. 144.
33RHGF, t. XXI, p. 259.
34Layettes, t. II, nos 1991 et 1992, nos 2008 et 2009 ; pour le traité, RHGF, t. XXII, p. 582 ; RHGF, t. XXII, p. 593, 594, 604, 608, 610.
35RHGF, t. XXI, p. 235 et p. 236 ; RHGF, t. XXII, p. 588 et p. 591.
36RHGF, t. XXI, p. 235-237, 241, 247, 248.
37RHGF, t. XXII, p. 586, 588, 591, 609.
38Ibid. p. 591, 604, 612.
39Sur Marie et Blanche, voir Récits d’un ménestrel de Reims au treizième siècle, éd. Natalis de Wailly, Paris, Société de l’histoire de France-Renouard, 1876, p. 226, et les lettres de Marie à « sa douce tante », Layettes, t. III, no 3737, nos 3740 et 3741, no 3745.
40Field Sean, Isabelle of France, op. cit., particulièrement p. 37-59 ; Jordan William Chester, « Isabelle of France and Religious Devotion at the Court of Louis IX », in Kathleen Nolan, Capetian Women, op. cit., p. 209-223 ; Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 746-750 et 757-760.
41Field Sean L., The Life of Isabelle, op. cit., p. 52-53 ; Beaulieu Geoffroi de, Vita ludovici noni, op. cit., p. 4 ; Saint-Pathus Guillaume de, Vie monseigneur saint Loys, p. 64.
42Joinville Jean de, Vie de Saint Louis, op. cit., p. 302-3, § 608 ; p. 300-2, § 606-7 ; p. 300-1, § 605.
43Field Sean L., The Life of Isabelle, op. cit., p. 54-59.
44Robert paya des ménestrels en 1234, Recepta et expensa, op. cit., p. 245. Sur les ménestrels lors de l’adoubement d’Alphonse de Portugal, Itinera, dona et hernesia, op. cit., p. 589, p. 595. Sur le soutien de Charles à la musique séculière et comme trouvère lui-même, Dunbabin Jean, Charles of Anjou, op. cit., p. 11, p. 203-208 ; Dunbabin Jean, The French in the Kingdom of Sicily, 1266-1305, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 269-273. Sur la vie de cour d’Alphonse de Poitiers, Boutaric Edgard, Saint Louis et Alphonse de Poitiers, op. cit., p. 338-341. Sur Saint Louis et le jeune écuyer, Saint-Pathus Guillaume de, Vie monseigneur saint Loys, op. cit., p. 112 ; sur le dédain de Louis pour la musique séculière, Chartres Guillaume de, De Vita et actibus, op. cit., p. 29. Voir aussi Jordan William Chester, Men at the Center, op. cit., p. 23-29.
45Mousket Philippe, Chronique rimée, éd. Frédéric de Reiffenberg, Bruxelles, M. Hayez, 1838, t. II, p. 690.
46Joinville Jean de, Vie de Saint Louis, op. cit., p. 206-7, § 418.
47Ibid., p. 200-1, § 405. Pour une analyse subtile du désaccord croissant entre Louis et Alphonse de Poitiers après la mort de Blanche, voir Chenard Gaël, L’administration d’Alphonse de Poitiers, op. cit., p. 72-124.
48Joinville Jean de, Vie de Saint Louis, op. cit., p. 288-91, § 583. Paris Matthieu, Chronica Majora, op. cit., t. V, p. 133-134.
49Mousket Philippe, Chronique rimée, op. cit., p. 618, v. 29160-29175 ; Récits d’un ménestrel de Reims, op. cit., p. 185. Sur les réseaux amicaux de Blanche, Grant Lindy, Blanche of Castile, op. cit., p. 175-177.
50Joinville Jean de, Vie de Saint Louis, op. cit., p. 120-121, p. 198-199, § 244, 404. Paris Matthieu, Chronica Majora, op. cit., p. 311 sur le chagrin de Blanche.
51Pour de plus amples développements Grant Lindy, Blanche of Castile, op. cit., p. 179-181.
52RHGF, t. XXI, p. 238 ; RHGF, t. XXII, p. 605 ; BnF, ms. lat. 9017, f. 69, ligne 9.
53Sur sa collection d’habits luxueux, RHGF, t. XXII, p. 590 ; Bougenot Étienne, « Comptes des dépenses », art. cité, p. 91, BnF, ms. lat. 9017, f. 69 ; sur ses dons voir par exemple RHGF, t. XXI, p. 246 et 247 ; RHGF, t. XXII, p. 609 et 619 ; BnF, ms. lat. 9017, f. 69.
54Sur le mariage de 1234 et le couronnement, RHGF, t. XXI, p. 241 et 243-248 ; sur l’adoubement d’Alphonse de Portugal, RHGF, t. XXII, p. 586, 588, 591, 609.
55Field Sean L., The Life of Isabelle, op. cit., p. 54-55.
56Grant Lindy, Blanche of Castile, op. cit., p. 220-222.
57Dunbabin Jean, Charles of Anjou, op. cit. ; Boutaric Edgard, Saint Louis et Alphonse, op. cit., bien qu’il inclut un développement utile sur les aumônes distribuées par Alphonse de Poitiers, p. 458-469 ; Chenard Gaël, L’Administration d’Alphonse de Poitiers, op. cit., p. 66-69 sur le patronage religieux d’Alphonse.
58Dimier Marie-Anselme, Saint Louis et Cîteaux, Paris, Letouzey et Ané, 1954, p. 124-126.
59Obituaires de la Province de Sens, op. cit., p. 603, p. 598 et 540, sur les confraternités et les anniversaires de Blanche, Louis VIII et Robert d’Artois à Saint-Victor.
60Ne posset inter eos discordia suboriri, Layettes, t. II, no 1710.
61Mousket Philippe, Chronique rimée, op. cit., t. II, p. 548, soulignant l’affection mutuelle entre Blanche, Louis VIII et leurs enfants ; Paris Matthieu, Vita S. Edmundi, in Clifford Hugh Lawrence, St Edmund of Abingdon: A Study of Hagiography and History, Oxford, Clarendon Press, 1960, p. 262-263, « Domina Blanchia […] adducens filios suos in praesentia sua. »
62Chenard Gaël, L’Administration d’Alphonse de Poitiers, op. cit., p. 72-124. Voir aussi un affrontement entre Louis et Charles relaté par Guillaume de Saint-Pathus, Vie monseigneur saint Loys, op. cit., p. 115-116.
Auteur
-
Lindy Grant
Université de Reading ; Courtauld Institute of Art.
Lindy Grant, née en 1952, est professeur émérite à l’université de Reading et chercheuse honoraire au Courtauld Institute of Art. Dans la France capétienne des xie-xiiie siècles, elle s’intéresse aux questions d’identité culturelle, au mécénat, à la représentation du pouvoir et de la domination, ainsi qu’à l’impact culturel de la réforme ecclésiastique. Elle est l’autrice de Abbot Suger of Saint-Denis. Church and State in Early Twelfth-Century France, Londres, Longman’s Medieval World Series, 1998 ; Architecture and Society in Normandy, c. 1120-c.1270, Londres/New Haven, Yale University Press, 2005 et, chez le même éditeur en 2016, de la biographie de référence sur la mère de Louis IX : Blanche of Castile, Queen of France.

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