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    Plan détaillé Texte intégral Le Saint Louis de Jacques Le Goff : un événement Le Saint Louis de Jacques Le Goff Le Saint Louis de Jacques Le Goff : et après ? Notes de bas de page

    Saint Louis après Jacques Le Goff

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    Introduction

    p. 11-26

    Texte intégral Le Saint Louis de Jacques Le Goff : un événement Le Saint Louis de Jacques Le Goff Le Saint Louis de Jacques Le Goff : et après ? Notes de bas de page

    Texte intégral

    Le Saint Louis de Jacques Le Goff : un événement

    1Qu’un colloque prenne pour point d’appui non pas tant la commémoration d’un personnage historique, ici Louis IX, que celle d’un livre, le Saint Louis de Jacques Jacques Le Goff1 a peut-être de quoi surprendre. Aussi est-il important de rappeler en quoi cet ouvrage a constitué, dès sa sortie en 1996, un événement.

    2Le Saint Louis de Jacques Le Goff est tout d’abord un événement éditorial, un best-seller, dont la réception a très largement dépassé le public universitaire. Paru dans la prestigieuse collection « Bibliothèque des Histoires » de la NRF Gallimard, dirigée par Pierre Nora, l’ouvrage s’est vendu à plus de 60 000 exemplaires, si bien qu’il est aujourd’hui épuisé. En 2004, il reparaissait avec l’autre biographie de Jacques Le Goff, Saint François, dans la collection Quarto, qui rassemble de manière thématique des ouvrages de référence à prix modique2, et dès 2013, il devenait un classique, puisqu’il fut alors réédité en poche dans la collection « Folio Histoire », où il s’est vendu à 14 000 exemplaires3. De tels chiffres de vente sont rarissimes pour des ouvrages scientifiques. Certes, on est loin à première vue des 300 000 exemplaires écoulés du Montaillou, village occitan (1975) d’Emmanuel Le Roy Ladurie, mais le livre sort au temps des Trente Glorieuses de l’édition en SHS4. Avec ses 58 100 exemplaires tirés en une année, le Saint Louis de Jacques Le Goff exécute donc une performance similaire vingt ans après, dans un autre contexte éditorial et scientifique5. D’ailleurs, il faut noter à titre de comparaison que Le Temps des cathédrales de Georges Duby, paru dans la même collection que les deux titres précédents, et tiré en 1976 à 75 500 exemplaires, n’est toujours pas épuisé sur le site de l’éditeur6.

    3Le succès du Saint Louis tient bien entendu à la double célébrité de son protagoniste principal et de son auteur. Comme Emmanuel Le Roy Ladurie et Georges Duby, Jacques Le Goff fut en effet l’un des chefs de file des Annales7 et de la Nouvelle Histoire, puissants courants scientifiques du second xxe siècle, qui disposaient, qui plus est, d’une belle notoriété auprès du plus grand nombre8. Le Saint Louis de Jacques Le Goff, somme de près d’un millier de pages au final, et qui l’occupa pendant près de quinze années, était au demeurant attendu. Jacques Le Goff en avait annoncé le projet dans des colloques, dans ses séminaires de l’EHESS, dans des revues scientifiques, mais également dans des revues grand public, créant, dans les cercles spécialisés et au-delà, un réel horizon d’attente9. De sa sortie aux hommages rendus à Jacques Le Goff après sa mort en 2014, l’ouvrage fut acclamé par la presse écrite, la radio et la télévision10 et l’historien en personne fut sollicité à plusieurs reprises pour faire la promotion commerciale ou intellectuelle de son ouvrage11. Dans la presse nationale, dans les amphithéâtres et dans la communauté universitaire, c’est donc un livre dont on a au moins entendu parler, voire débattu, et dont on a immédiatement compris qu’il ferait date. Enfin, comme Montaillou et Le Temps des cathédrales, le Saint Louis de Jacques Le Goff reçut une diffusion et une réception internationales démultipliées grâce à de nombreuses traductions : il fut traduit en italien, en allemand, en anglais, en polonais, en portugais (Brésil), en russe et en tchèque, mais aussi, et contrairement aux deux autres titres cités, en chinois et en japonais12.

    4Mais le Saint Louis de Jacques Le Goff ne fut pas seulement une réussite éditoriale, il fut également un événement scientifique. Abondamment recensé dans des revues spécialisées13, il fut l’objet, dès le printemps 1996, d’une table ronde collective donnant lieu à un numéro spécial de la revue Médiévales, offert à Jacques Le Goff comme un second volume de mélanges14. L’ouvrage constituait en effet un tournant épistémologique fort et Jean-Claude Schmitt et Pierre Monnet montreront, plus loin dans l’ouvrage, ce que le Saint Louis a fait au genre biographique. Rappelons toutefois dès à présent que si ce type de production historique avait toujours eu les faveurs du public, donnant même naissance à des collections dédiées, le genre était suspect aux yeux des Annales, qui l’associaient à l’histoire historicisante du xixe siècle, très événementielle, et au goût prononcé des historiens de l’école méthodique pour l’étude des grands acteurs de l’histoire, au détriment de celle de l’écrasante majorité des populations du passé15. Plus tard, autour de Pierre Bourdieu qui dénonçait en 1986 « l’illusion biographique16 », la biographie fut considérée par des sciences sociales alors profondément influencées par le structuralisme, comme un genre artificiel, voire téléologique, car déterminant a posteriori les événements significatifs d’une vie, qui prendrait sens à la mort de l’individu, gommant l’effet du hasard et de la contingence17.

    5Jacques Le Goff entend donc, dans son Saint Louis, revisiter entièrement le genre biographique et faire la démonstration qu’il peut répondre, à certaines conditions, au projet des Annales et de la Nouvelle Histoire18. S’il retient Louis IX, c’est avant tout parce que le nombre de sources conservées et la place centrale occupée par le roi de France dans l’histoire médiévale lui permettront de « poser des problèmes d’une grande ampleur » et de répondre à un objectif resté largement programmatique aux Annales : l’histoire globale. Ici, plutôt que de totaliser les connaissances sur un lieu ou une époque, il s’agit de le faire à partir d’un individu. Pour répondre à de telles ambitions, Jacques Le Goff opte pour un plan totalement inédit pour une biographie, puisqu’il est de nature dialectique : il fait de la vie de Louis IX, non pas un récit linéaire, possiblement téléologique, mais un problème à résoudre, dans la plus pure tradition de l’histoire-problème des Annales. « Saint Louis a-t-il existé ? », voilà la question iconoclaste que l’historien entend ici résoudre en trois temps. La première partie, qui retrace classiquement, car de manière chronologique, l’existence du personnage, montre que Saint Louis a bel et bien vécu et replace plusieurs épisodes de sa vie dans un contexte plus large. La deuxième partie, qui met en lumière l’agenda des différentes sources ayant permis au biographe de construire ce récit, fait basculer le lecteur et l’historien dans le doute : de Saint Louis, il ne reste plus que des modèles, de sainteté ou de royauté, c’est selon. Il y a le saint mendiant des vitae hagiographiques, le roi idéal de Saint-Denis, des miroirs aux princes ou des exempla, mais la personne même Saint Louis se dérobe : a-t-il vraiment existé ? Puis surgit un témoin exceptionnel, Jean de Joinville, un laïc, qui plus est proche compagnon du roi, et dont le récit singulier laisse entrevoir à Le Goff la possibilité d’accéder au « vrai » Saint Louis : un individu qui parle et qui rit, qui souffre et qui s’emporte et que l’on peut même sentir et toucher. La troisième partie est dès lors celle de la synthèse, celle du portrait enfin possible de l’individu Saint Louis, que Le Goff a la conviction d’avoir enfin rencontré. On l’aura compris, en matière d’écriture historienne d’une biographie, le Saint Louis est une révolution.

    Le Saint Louis de Jacques Le Goff

    6Mais il faut également comprendre ce que Jacques Le Goff a fait à Saint Louis et en quoi son livre, qui est aussi une colossale somme de connaissances sur le roi, en dresse un portrait singulier. Le monarque a une particularité forte, celle d’avoir fait l’objet de plusieurs vies dès après sa mort, en vue de sa canonisation ou dans le cadre de celle-ci, parfois par des membres de son entourage direct19, et n’a pas arrêté, depuis, de recevoir les hommages d’une foule de biographes. Dès lors et face au nombre impressionnant de vies consacrées au roi depuis le xiiie siècle20, restituer les Saint Louis qui ont précédé celui de Jacques Le Goff pour en faire ressortir l’originalité est une gageure. Mais on peut donner quelques jalons, comme la consécration et la large diffusion de la Vie de Saint Louis hagiographique du moine de Saint-Denis, Guillaume de Nangis, via son intégration dans l’œuvre à succès que furent les Grandes Chroniques à compter du xive siècle et qui met en exergue un Louis IX un roi dyonisien, « roi-soleil […] aidant à la stabilisation de la Chrétienté par la cohésion de la foi, de la force et de l’ordre21 ». L’accent se déplace ensuite vers un Saint Louis chevalier, croisé et roi-christ22 avec la redécouverte d’une vie demeurée jusque-là confidentielle, celle de Jean Joinville, d’abord à l’occasion de sa transcription modernisée commandée par Antoinette de Bourbon au xvie siècle, puis de son exploitation au Grand Siècle. Sa diffusion exponentielle, elle, attend le xixe siècle et la série de campagnes d’édition scientifiques ou destinées à la jeunesse qu’on y observe23. Enfin, l’édition de l’ensemble des vitae du xiiie siècle dans le panthéon documentaire des Recueils des historiens des Gaules et de la France au second xixe siècle est aussi un jalon important, en ce qu’elle remet aussi sur le devant de la scène plusieurs hagiographies franciscaines et dominicaines, et partant la figure du roi frère mendiant24.

    7Dans ce panorama à gros traits, on peut également identifier deux grandes lignes de partage. Tout d’abord la monumentale Vie de Saint Louis, roi de France, rédigée entre 1679 et 1684 par Lenain de Tillemont, car c’est la première vie « scientifique » du monarque, et non plus seulement édifiante de Saint Louis25. De fait, si l’entreprise est lancée par le précepteur du futur Louis XV dans le but de lui offrir un modèle de roi et de chrétien – un nouveau miroir au prince –, la série de mémoires est aussi rédigée dans un contexte de structuration de la discipline historique autour du fondateur de la diplomatique, Mabillon, et intègre pour la première fois au récit de la vie de Saint Louis des documents autres que narratifs. Conformément à l’adage du temps : « le savant compile, l’historien rédige26 », c’est Nicolas Filleau de la Chaise qui fait connaitre à l’époque moderne une partie des travaux du janséniste dans la vie qu’il livre en 168827, avant l’édition de la Vie de Saint Louis de Lenain de Tillemont entre 1847 et 1851. Autre ligne de partage possible, le premier xixe siècle, qui, dans la lutte opposant monarchistes et républicains, voit fleurir les premières vies de Louis IX clairement antimonarchistes et anticléricales28.

    8Quelle que soit la visée identifiée, édifiante ou scientifique, et la tonalité générale de chacune de ces vies de Saint Louis, laudative ou acerbe, j’avais identifié en thèse, à partir d’une étude de la convocation des enquêtes de réparation de Louis IX dans l’ensemble des biographies rédigées depuis le xiiie siècle, une constante29. Même après l’édition des enquêtes par Delisle en 1902, et sauf exception30, elles étaient toujours mentionnées par les biographes modernes et contemporains au même moment de la vie de Saint Louis, avant le départ à la croisade égyptienne, et toujours de la même manière, pour mettre en valeur la justice d’un monarque désireux de lutter contre les exactions de ses officiers. À la manière d’une litanie, étaient ainsi répercutées à l’infini, une même narration et une même interprétation d’un événement devenu exemplum sous le calame des hagiographes du xiiie siècle, puis motif narratif sous la plume des historiographes modernes et des historiens contemporains. Or il en va sensiblement de même de Saint Louis lui-même avant Le Goff. Quelle que soit la valeur historique des dizaines de récits de vie du monarque rédigés avant lui – il ne s’agit pas de nier ici qu’il y en eut d’excellents, émanant d’historiens de renom31 –, on observe que le saint roi fut généralement réduit par ses biographes à quelques épisodes, toujours les mêmes (parmi lesquels la pieuse enfance sous la houlette de la dévote Blanche de Castille, la maladie et le vœu de croisade, le départ pour celle-ci, la captivité, le vent de réforme politique et morale au retour – incarné par l’ordonnance de 1254 –, la paix avec les royaumes voisins, la seconde croisade et la mort sur une croix de cendre à Tunis) et à quelques vertus (la justice du bon roi sous son chêne, la charité du monarque lavant les pieds des pauvres, la foi d’un chrétien portant le cilice et celle du croisé affrontant le martyre, la paix de « l’arbitre de l’Occident », etc.).

    9Or ce qu’a fait Jacques Le Goff à Saint Louis, c’est précisément, par la déconstruction systématique des sources narratives médiévales, d’identifier qu’il y avait là des topoï et des modèles projetés sur Louis IX, de son vivant ou a posteriori, et auxquels il put faire, ou non, le choix de se conformer. Il a, selon son intention, retrouvé pour partie l’homme vivant et agissant derrière des sources dont les effets déréalisants étaient enfin clairement mis en évidence. En somme, il a redonné vie et mouvement à la double statue du roi et du saint, d’où son intérêt pour la parole du monarque ou ses habitudes de table, que Joinville donne à voir. L’utilité et la force du plan retenu par Jacques Le Goff apparait ainsi clairement. Conçus comme des exempla par les hagiographes de Saint Louis, les événements qu’ils rapportent ne sauraient être alignés chronologiquement les uns après les autres pour constituer la vie de Saint Louis. Il ne peut y avoir là qu’un premier mouvement, qui est aussi la première partie de son Saint Louis. Ce n’est que passés au crible d’une critique systématique (deuxième partie), qu’on peut en extraire, ou non, un « vrai » fragment de vie (troisième partie). S’affranchir de manière inédite d’une trame purement chronologique permet également à Le Goff de faire revenir plusieurs fois les mêmes événements dans son Saint Louis et de les faire revenir différemment, avec une autre signification, une autre « saveur32 ».

    10Pour creuser autrement l’écart entre le Saint Louis de Le Goff et les autres, on peut aussi s’appesantir sur les biographies que ce dernier a considérées comme « marquantes33 » dans la bibliographie qui clôt son ouvrage : le Lavisse de Charles-Victor Langlois (1901), le Louis IX and the Challenge of the Crusade de William Chester Jordan (1979) et le Saint Louis, roi d’une France féodale, soutien de la Terre sainte de Jean Richard (1983). Notons d’entrée que toutes ont un point commun : s’être principalement intéressées à l’exercice du pouvoir par le monarque34. Mais si les deux chartistes français ont en partage une même ambition, parcourir chronologiquement la vie de Saint Louis pour en retracer la « politique » et, à travers elle, l’affermissement de la monarchie française, leur interprétation générale du roi et du règne diffère. Bien que Louis IX soit une figure proposée comme modèle à la jeunesse par la toute jeune troisième République35, Langlois, derrière un portrait laudatif de circonstance, dévoile sa vision personnelle du monarque, sévère ; il voit dans « la charitable politique de Saint Louis […] le luxe coûteux d’un prince idéaliste », qui « pratiquée deux cents ans plus tôt eut peut-être maintenu la royauté française dans la médiocrité de ses origines36 ». Jean Richard, lui, est plus enthousiaste et voit au contraire dans le règne de Louis IX une forme d’apogée, le « soutien de la Terre sainte » ayant aussi été le « plus grand roi d’Occident37 » de son temps. Enfin, et contrairement à la présentation qu’en donne Jacques Le Goff, la monographie de l’historien américain William Chester Jordan n’est pas une biographie du roi, mais une étude consacrée à son rulership (son gouvernement) et aux dynamiques de celui-ci, intrinsèquement liées, et ce, de manière très neuve, aux deux croisades royales. On y retrouve, là encore, Louis IX en acteur important du « miracle capétien » et du take-off de l’État, figure qui, précisément, n’a que peu intéressé Jacques Le Goff.

    11L’historien ne consacre en effet que 10 pages, dans la deuxième partie de sa biographie, aux traces documentaires laissées par son administration, considérant que celles-ci éclairent davantage les institutions que le roi38, et livre, dans la troisième, une ébauche de réflexion en 30 pages sur la place occupée par le roi dans la genèse de l’État moderne intitulée, « Saint Louis, roi féodal ou moderne39 ». Comme le note à bon escient Patrick Boucheron, « l’État flotte un peu sur la structure du livre, comme un remords ou une ombre40 » et le court chapitre a tout d’un passage obligé, comme le sont ceux consacrés par Charles Victor Langlois et Jean Richard à la dévotion de Saint Louis (respectivement 3 et 10 pages41). De fait et avant tout, si notre interprétation de Saint Louis sort profondément renouvelée de la lecture du Le Goff, c’est que le livre est le lieu d’une inversion forte, inédite, entre le religieux et le politique. La foi de Saint Louis n’est plus un sujet d’éloge ou de raillerie, elle n’est ni une évidence (n’est-il pas saint ?), ni un prétexte, mais elle devient un objet d’étude en soi, une clé capitale pour comprendre non seulement la trajectoire du personnage, mais également celle de son règne. Sous la plume de Jacques Le Goff, la sainteté du monarque n’est dès lors plus la conséquence presque naturelle de ses pieuses actions, elle devient le projet personnel de toute une vie, mais également le projet collectif de toute une dynastie : une dynamique. Le point de bascule de la narration change également, ce n’est plus le premier départ à la croisade du roi, mais un épisode oublié des autres biographes du roi : sa rencontre, au retour de la première croisade, avec le frère millénariste Hugues de Digne. Capitale selon Jacques Le Goff, l’entrevue accélère la marche du chrétien et du roi vers un horizon résolument eschatologique, qu’il pressentait déjà avec les premiers renoncements vestimentaires et les enquêtes de réparation, intervenus avant la première croisade. En réintégrant ce qu’il nomme la « religion de Saint Louis42 » dans l’horizon spirituel de son temps, qui accorde une place nouvelle aux expériences de pauvreté évangélique, à l’introspection et à la pénitence, et en la relisant à l’aune d’une thématique centrale dans son œuvre, l’économie du salut, Jacques Le Goff fait de Saint Louis le roi de la conscience et, plus encore, le « roi souffrant », visage sur lequel il choisit de conclure son ouvrage. Car tel fut, selon lui, le « secret de Saint Louis » : avoir « fait de la souffrance l’instrument d’un salut personnel en même temps que d’une réussite politique43 ». Là encore, il y a une petite révolution.

    12Tant par son approche méthodologique que par celle de son objet, neuve et originale, le Saint Louis de Jacques Le Goff a bel et bien constitué pour l’historiographie sancto-ludovicienne un incontestable tournant. Comprendre comment cette dernière a, depuis, négocié ce dernier nous est donc apparu important, à l’heure où l’ouvrage fêtait son premier quart de siècle. D’où le colloque international « Quoi de neuf sur Saint Louis depuis Jacques Le Goff ? Le gouvernement du roi Louis IX », qui s’est tenu à Paris les 25 et 26 mars 2022, et qui a fourni une large part de la substance de ce livre.

    Le Saint Louis de Jacques Le Goff : et après ?

    13Ledit colloque, de même que le présent ouvrage, procèdent d’une ambition à la fois historique et historiographique. Sur le plan historique, ils ont entendu rassembler, actualiser et faire dialoguer entre eux un certain nombre de travaux scientifiques majeurs, menés récemment, en France et ailleurs, sur le roi et sa manière de gouverner. L’angle d’attaque était donc volontairement resserré : il ne s’agissait ni de rendre compte des avancées scientifiques intervenues en ce dernier quart de siècle sur « le siècle de Saint Louis44 », c’est-à-dire sur l’époque dans laquelle le souverain avait évolué, ni de rendre compte des usages contemporains de cette figure historique, dans une veine médiévaliste45. Sur le plan historiographique, il s’agissait d’entreprendre de repérer les chemins et les sources privilégiés par les chercheurs après le Saint Louis de Jacques Le Goff. Dans cet ordre d’idée, les participants ont notamment accepté d’interroger leur rapport à ce grand livre en pointant notamment ses apports, ses intuitions, ses angles morts ou ses lacunes.

    14À l’heure où la pandémie de Covid isolait chacun et chacune d’entre nous, l’entreprise procédait également d’une envie de créer du lien et du collectif. Réunir l’ensemble des chercheurs ayant renouvelé notre approche du saint roi et de son règne ces vingt-cinq dernières années étant malheureusement utopique46, il a donc fallu procéder à des choix. Ont tout d’abord été privilégiées des recherches doctorales47, qui démontrèrent, au moment où l’on célébrait les 800 ans de la naissance de Louis IX (1214) et qu’une page de l’histoire du monarque se tournait avec la mort de Gérard Sivéry (2012) et de Jacques Le Goff (2014), qu’une autre s’ouvrait. Outre la thèse de Pierre-Anne Forcadet sur les recours formulés au Parlement au « siècle de Saint Louis » et la mienne sur les « enquêtes de réparation » du monarque, soutenues en 201248, on peut citer, en 2014, celles de Vincent Martin et de Liêm Tuttle, portant sur la paix du roi et la justice pénale, et qui firent la part belle à ce règne49. Gaël Chenard achevait quant à lui en 2014 un doctorat portant sur l’administration d’Alphonse de Poitiers, frère de Louis IX50, tandis qu’après une thèse de l’École des chartes sur le personnel de l’hôtel sancto-ludovicien achevée en 2007, Jean-François Moufflet s’inscrivait en 2015 en doctorat sur les actes émanés de sa chancellerie51. Amicie Pélissié du Rausas, elle, se lançait en 2016 sur la diplomatie franco-anglaise entre 1242 et 125952. Hors des frontières hexagonales, il faut également évoquer le PhD de l’université de Swansea de Tom Horler Underwood, sur les enquêtes normandes de Louis IX, défendu en 201353, et celui de Rowan Dorin, soutenu à Harvard en 2015, sur l’expulsion des usuriers juifs et chrétiens aux xiiie-xve siècles, et qui consacrait d’importants développements à la politique de Saint Louis en la matière54. Le colloque souhaitait revenir sur ces travaux novateurs et en montrer les développements actuels. Ont également été mises à l’honneur plusieurs monographies consacrées, depuis la somme de Jacques Le Goff, au gouvernement ou à l’entourage du monarque, par des auteurs ayant par ailleurs beaucoup écrit sur ces thèmes. William Chester Jordan, après son remarqué Louis IX and the Challenge of the Crusade55, avait par exemple poursuivi sa revisite du règne, et, depuis le Saint Louis de Jacques Le Goff, s’était notamment focalisé dans plusieurs livres sur son entourage de gouvernement56 et sur son entreprise d’installation en France de convertis de l’islam57. Xavier Hélary, lui, avait éclairé notre connaissance de sa dernière croisade et de son dernier chambellan, Pierre de la Broce58. Cecilia Gaposchkin avait quant à elle consacré d’importants livres au culte de saint Louis et à la liturgie royale59 et avait entrepris, avec Sean et Larry Field, l’édition critique et la traduction en anglais de certaines Vies de Saint Louis60. Il y avait enfin les biographies et études consacrées par Lindy Grant, Sean Field et Jacques Dalarun à plusieurs femmes essentielles à la compréhension du roi : Blanche de Castille, sa mère, et Isabelle de France, sa sœur61. Chacun et chacune ont accepté de partager, de reprendre, de poursuivre et d’actualiser leurs découvertes lors du colloque, puis dans le présent volume.

    15Soucieux de ne pas mettre à l’honneur une tradition historiographique purement hexagonale, le colloque et le livre ont souhaité accorder une place importante aux Capetian Studies américaines, qui ont renouvelé en profondeur notre connaissance du gouvernement du roi saint et de son entourage. Un gros effort de traduction en français des contributions a été engagé pour achever de faire connaître en France ce courant d’étude dynamique62. Une autre manière de décentrer notre regard aurait été de mettre davantage l’accent sur l’horizon méditerranéen, européen, voire eurasiatique63 d’un monarque élégamment désigné par Patrick Boucheron comme un « homme-monde64 ». Jacques Le Goff, qui reconnaissait que l’insertion européenne du monarque était l’un des angles morts de son Saint Louis65, avait d’ores et déjà œuvré, pour sa part et en marge de celui-ci, à mettre sur le devant de la scène la Méditerranée de Louis IX, et avant lui bien entendu, Claude Cahen et Jean Richard avaient mis en valeur la politique orientale du monarque66. Suggérée par l’étude très neuve d’Amicie Pélissié du Rausas sur le traité de Paris avec l’Angleterre et les contributions de William Chester Jordan et de Xavier Hélary sur les mobiles des deux croisades de Louis IX, l’insertion de Saint Louis dans le jeu européen et oriental aurait pu être davantage développée, voire le regard inversé pour mettre à l’honneur la figure du Sanluwîs des sources non latines, qui manque à la galerie des portraits du roi dressée par Jacques Le Goff à partir des sources narratives latines67. Le fait d’avoir privilégié le renouveau apporté par des monographies strictement articulées autour de Louis IX et de son règne a malheureusement fait disparaitre une série d’entreprises menées en ce sens dans le cadre d’articles, scientifiques ou grand public68.

    16Le volume a également tenté d’amorcer un dialogue interdisciplinaire. Les historiens du droit et de l’art s’étant tout particulièrement attaché à revisiter le règne et l’image de Louis IX, des spécialistes des deux disciplines ont été conviés, et on ne peut que regretter ici que Pierre-Yves Le Pogam n’ait pas été en mesure de rendre, contre son gré, le texte de la splendide communication qu’il donna à la Sainte-Chapelle le 25 mars 2022, sur les représentations médiévales et modernes de Saint Louis69. Il aurait bien entendu fallu aller plus loin et évoquer les renouvellements intervenus sur la politique architecturale du monarque70, ou encore convier des collègues spécialistes de littérature médiévale, même si ces derniers se sont moins attachés ces vingt-cinq dernières années à la figure du roi qu’à celle de ses biographes71. D’autres recherches n’étant enfin à l’heure actuelle qu’à l’état de pistes, on ne pourra que les évoquer : nous pensons ici aux découvertes archéologiques rassemblées autour de l’éruption volcanique du Samalas en 1257, qui attendent d’être mises en rapport avec la politique du monarque72, ou aux recherches de médecine légale sur l’état sanitaire du monarque, menées à partir des restes de sa dépouille73. On l’aura compris, le volume ne présente que l’un des parcours possibles au travers de la production parue sur Saint Louis depuis la monumentale biographie de Jacques Le Goff. Voici le chemin auquel il convie le lecteur.

    ⁂

    17La première partie de l’ouvrage (« Après le Saint Louis. Impact et angles morts de la somme de Jacques Le Goff ») cherche à évaluer les effets du Saint Louis de Jacques Le Goff sur l’historiographie postérieure. D’abord l’influence sur le genre biographique de ce portrait du roi saint, si novateur dans sa forme et sa méthode (Pierre Monnet et Jean-Claude Schmitt), puis sur la production « sancto ludovicienne » du dernier quart de siècle. Pour mesurer stricto sensu ce potentiel impact, une approche quantitative de celle-ci, telle qu’on peut la saisir grâce à plusieurs bases bibliographiques de référence, est tout d’abord tentée (Marie Dejoux). Viennent ensuite deux exemples d’angles morts de la somme de Jacques Le Goff, investis depuis par les spécialistes du règne. D’abord des sources et, partant, des sujets d’étude largement évacués par ce dernier et privilégiés depuis : les documents de la pratique du règne et le gouvernement du monarque, auxquels l’historien avait préféré les sources narratives et l’approche de l’individu Saint Louis (Marie Dejoux, Gaël Chenard). Puis un champ de recherche resté largement inexploité par le chef de file de la Nouvelle Histoire, le culte de saint Louis, aujourd’hui mieux connu grâce à une série d’études novatrices (Cecilia Gaposchkin).

    18Les parties qui suivent essaient de proposer un autre bilan, davantage historique, en présentant plusieurs avancées récentes, particulièrement marquantes sur le règne du roi saint. La deuxième partie (« Après Jacques Le Goff, nouvelles approches de Saint Louis ») entend montrer d’autres visages de Louis IX que celui dévoilé par Jacques Le Goff. D’abord en décentrant le regard du roi vers son entourage familial, mais pour mieux le relire à son aune. Plusieurs membres de la famille royale, plus ou moins mis en exergue dans le Saint Louis de 1996, ont en effet reçu dernièrement une attention privilégiée : sa mère, Blanche de Castille (Lindy Grant), l’un des frères, Alphonse de Poitiers (Gaël Chenard) et son unique sœur, Isabelle (Jacques Dalarun et Sean Field). L’approche de la spiritualité du roi saint, qui avait tant retenu l’attention de Jacques Le Goff, a elle-aussi été renouvelée grâce à une source, qu’il n’avait pas véritablement prise à bras-le-corps : les enquêtes de réparation, qui mettent en acte une exigence sotériologique en cours de formalisation, la restitution des male ablata (Marie Dejoux). D’autres historiens, suivant davantage en la matière Jean Richard, ont quant à eux continué d’enrichir notre compréhension du croisé. Xavier Hélary rappelle ici, en spécialiste de la guerre et des armées médiévales – domaines relativement négligés par Jacques Le Goff – que le saint fut aussi un chef de guerre.

    19La troisième partie (« Après Jacques Le Goff, nouveaux regards sur le gouvernement de Louis IX »), enfin, s’intéresse aux pratiques de gouvernement de Louis IX, intensément retravaillées après le Saint Louis. Elle commence par l’exercice effectif de la justice de celui qui fut immortalisé en justicier pantocrator sous son chêne de Vincennes, profondément rénové ces dernières années74. Les contributions rassemblées ici démontrent à quel point le règne du monarque est, en la matière, un laboratoire de premier plan : Pierre-Anne Forcadet retrace ainsi la naissance d’une institution promise à un long avenir, le Parlement, et Liêm Tuttle, la première formalisation de ce que l’on appelle aujourd’hui la justice « pénale ». Vincent Martin et Amicie Pélissié du Rausas démontrent quant à eux, en exploitant respectivement et à nouveaux frais les sources judiciaires et diplomatiques du règne (qui ont peu intéressé Jacques Le Goff), que la paix est bel et bien un enjeu central du règne. Le roi eut l’ambition d’imposer « sa » paix aux habitants de son royaume et de réussir celle signée avec ses voisins, notamment par le traité de Paris de 1259, qui impliqua de lourds renoncements. Deux communications se concentrent enfin sur des mesures significatives, qui incarnent ce que William Chester Jordan a appelé le gouvernement rédempteur (redemptive governance) du monarque : l’expulsion des usuriers juifs, agitée plutôt qu’actée, le roi attendant de ces derniers une conversion économique autant que religieuse (Rowan Dorin) ; l’installation en France de convertis de l’islam ramenés de croisade, démontrant que la guerre sainte était avant tout pour le monarque une entreprise de conversion (William Chester Jordan).

    20Juge soucieux de la faute, promoteur de la « paix du roi », chef de guerre autoritaire, fils d’une reine dévote aimant passionnément le pouvoir et la vie de cour, frère aîné jaloux de son autorité royale, cadet admiratif d’une femme sainte oubliée, chrétien obsédé par la conversion des infidèles, par ses erreurs et par son salut, voici quelques facettes kaléidoscopiques de ce Saint Louis après Jacques Le Goff, qui fait la part belle au roi et à sa manière de gouverner, mais qui n’oublie pas non plus, celui qui devint, après sa mort, saint Louis. Qu’ils aient ou non marché dans ses pas, Jacques Le Goff n’est pas resté sans continuateurs.

    Notes de bas de page

    1Évoquant principalement dans ce volume le roi Louis IX, connu sous le surnom de Saint Louis, nous avons fait le choix d’écrire, comme Jacques Le Goff et selon l’usage en la matière, Saint Louis avec deux majuscules. Quand ce ne sera pas le cas, c’est que nous nous référerons spécifiquement au saint. Le Goff Jacques, Saint Louis, Paris, Gallimard, 1996.

    2Le Goff Jacques, Héros du Moyen Âge, le Saint et le Roi, Paris, Gallimard Quarto, 2004.

    3Chiffres donnés en septembre 2022 par l’éditeur. On regrette que celui-ci n’ait pas été en mesure de donner les ventes des ouvrages en format numérique ou kindle, ni le nombre de consultations sur des plateformes telles que Cairn.

    4Chiffres donnés dans Goetschel Pascale et Loyer Emmanuelle, Histoire culturelle et intellectuelle de la France au xxe siècle, Paris, Armand Colin, 1995, p. 161. Sur le contexte général, Carrard Philippe, Poétique de la Nouvelle Histoire. Le discours historique en France de Braudel à Chartier, Lausanne, Payot, 1998. Pour une comparaison plus contemporaine, l’Histoire mondiale de la France s’était écoulée fin 2024 à 177 000 exemplaires (Boucheron Patrick [dir.], Histoire mondiale de la France, Paris, Le Seuil, 2017), chiffres de vente aimablement communiqués par l’un de ses coordinateurs, Florian Mazel.

    5Sur le contexte éditorial, Auerbach Bruno, « Publish and perish. La définition légitime des sciences sociales au prisme du débat sur la crise de l’édition SHS », Actes de la recherche en sciences sociales, no 164-4, 2006, p. 75-92. Le contexte scientifique est marqué par une période de doutes connue sous le nom de « crise de l’histoire ».

    6Prost Antoine, Douze leçons sur l’histoire, Paris, Le Seuil, 1996, p. 15. Parmi les meilleures ventes actuelles en histoire du Moyen Âge, citons la collection Histoire de France chez Belin, dont plusieurs tomes rédigés par des médiévistes se sont vendus à plus de 30 000 exemplaires. La Nouvelle Histoire du Moyen Âge, parue en octobre 2021 approche déjà ce chiffre avec 28 000 exemplaires vendus fin 2024 (Mazel Florian [dir.], Nouvelle Histoire du Moyen Âge, Paris, 2021, Le Seuil). Je remercie à nouveau Florian Mazel de m’avoir communiqué ces chiffres.

    7Jacques Le Goff peut être presque considéré comme l’inventeur du terme « école des Annales » : Anheim Étienne, « Jacques Le Goff et les Annales », in Étienne Anheim, Massimo Miglio et Catherine Virlouvet (dir.), Jacques Le Goff: l’Italia e la storia, Rome, École française de Rome, 2017, p. 97-108 et Les Annales, « Entre revue et “école”. Les Annales en situation », Annales. HSS, no 75-3, 2020, p. 519-535.

    8Emmanuel Le Roy Ladurie, Georges Duby et Jacques Le Goff eurent par exemple tous les trois les honneurs de la célèbre émission Apostrophes de Bernard Pivot en 1979.

    9L’entretien donné à la revue L’Histoire en 1981 montre que quinze ans avant sa sortie, Le Goff était déjà en mesure de communiquer publiquement, et de manière précise, le plan et la problématique de l’ouvrage à venir, comme le titre de l’interview, « Saint Louis a-t-il existé ? », l’indique (Le Goff Jacques, « Saint Louis a-t-il existé ? », L’Histoire, 1981, no 40, consulté en ligne). Voir aussi Le Goff Jacques, « Les gestes de Saint Louis : approche d’un modèle et d’une personnalité », in Clio et son regard. Mélanges Jacques Stiennon, Liège, P. Mardaga, 1982, p. 445-459 et « The Whys and Ways of Writing a Biography: The Case of Saint-Louis », Exemplaria, 1989, no 1, p. 207-225. À ce titre et en incluant les entretiens donnés par Le Goff après la parution de son Saint Louis, peu d’ouvrages peuvent se targuer d’avoir une rédaction aussi bien éclairée.

    10Par exemple, Pierre Lepape le recense dans Le Monde des livres du 19 janvier 1996 sous le titre « Louis IX a-t-il existé » et l’épisode no 1141 de l’émission Un livre, un jour de France 3, daté du 8 avril 1996 y est consacré. Sa sortie en poche est à son tour recensée dans Le Monde des livres par Étienne Anheim, « Histoire d’un livre. Transfiguration de “Saint Louis” » Le Monde des livres, 26 avril 2013, p. 6. Lors des hommages suivant le décès de l’historien, c’est souvent son Saint Louis qui est convoqué : Jean Lebrun y consacre le numéro du 14 janvier 2014 du « Vif de l’histoire », tandis que le Figaro Magazine le retient pour honorer sa mémoire (« La société de Saint Louis par Jacques Le Goff », 1er avril 2014).

    11L’Humanité interroge l’historien le 2 juillet 1996, de même que L’Express le 11 janvier 1996. Le Télégramme du 7 septembre 1996 atteste de conférences grand public données dans le cadre de la promotion de l’ouvrage (« Jacques Le Goff et Saint Louis : 500 auditeurs ! »). Pour une promotion davantage scientifique, voir Le Goff Jacques, « Saint Louis », Revue des sciences religieuses, no 71, 1997, p. 338-344.

    12Jean-Claude Schmitt revient plus précisément, dans sa contribution au présent volume, sur plusieurs de ces traductions.

    13Idem, pour une recension exhaustive des recensions scientifiques.

    14Moulinier Laurence et Boucheron Patrick (dir.), Médiévales, no 34, « Hommes de pouvoir : individu et politique au temps de Saint Louis », 1998. L’autre volume de mélanges est Revel Jacques et Schmitt Jean-Claude, L’ogre historien : autour de Jacques Le Goff, Paris, Gallimard, 1998.

    15Offenstadt Nicolas (dir.), Les mots de l’historien, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2006, p. 17.

    16Bourdieu Pierre, « L’illusion biographique », Actes de la recherche en sciences sociales, no 62-63, 1986, p. 69-72.

    17Offenstadt Nicolas (dir.), Les mots de l’historien, op. cit., p. 17.

    18Pour une vision synthétique de la genèse intellectuelle du Saint Louis, Anheim Étienne, « Histoire d’un livre », art. cité.

    19Geoffroi de Beaulieu, Jean de Joinville et Guillaume de Chartes ont évolué aux côtés du monarque tout ou partie de sa vie, ce qui n’est pas le cas de Guillaume de Nangis ou de Guillaume de Saint-Pathus.

    20Pour ma thèse de doctorat, j’avais recensé et consulté près de 80 biographies de Louis IX rédigées entre la fin du xvie siècle et nos jours (Dejoux Marie, Gouverner par l’enquête au xiiie siècle : les restitutions de Louis IX, 1247-1270, thèse d’histoire, dir. Laurent Feller, université Paris 1, 2012, p. 45-102).

    21Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 360.

    22Sur le roi-christ de Joinville, voir Lucken Christopher, « L’Évangile du roi : Joinville, témoin et auteur de la Vie de Saint Louis », Annales. HSS, no 56-2, 2001, p. 445-467.

    23Sur la redécouverte et les rééditions successives de la Vie de Saint Louis de Joinville, voir Dejoux Marie, « Le chêne de Vincennes. Retour sur une image emblématique de la justice de Louis IX », Revue historique de droit français et étranger, no 98, 2020, p. 315-328.

    24RHGF, t. XX.

    25Le Nain de Tillemont Louis-Sébastien, Vie de Saint Louis roi de France, éd. Julien-Philippe de Gaulle, Paris, Renouard, 1847-1851. C’est d’ailleurs cette vie que Le Goff place en premier dans la bibliographie qui clôt sa biographie, car elle est « fondamentale par l’utilisation de sources aujourd’hui disparues et par l’ampleur de la conception », Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 915.

    26Neveu Bruno, « Lenain de Tillemont et la vie de Saint Louis », in Septième centenaire de la mort de Saint Louis. Actes des colloques de Royaumont et de Paris (21-27 mai 1970), Paris, Les Belles Lettres, 1976, p. 323. Sur Lenain de Tillemont, voir aussi Neveu Bruno, Un historien à l’école de Port-Royal : Sébastien Le Nain de Tillemont, 1637-1698, La Haye, M. Nijhoff, 1966.

    27Filleau de la Chaise Nicolas, Histoire de Saint Louis, Paris, J.-B. Coignard, 1688.

    28Par exemple Pigault-Lebrun Charles Antoine Guillaume, L’histoire de Louis IX, Paris, Barba, 1827.

    29Dejoux Marie, Gouverner par l’enquête, op. cit., p. 45-102.

    30Nous pensons ici à Gérard Sivéry qui fait figure d’exception en ce qu’il a véritablement exploité lesdites enquêtes dans son Saint Louis et son siècle, Paris, Tallandier, 1983.

    31Parmi les chercheurs qui ont ainsi rédigé d’importantes biographies de Louis IX à l’époque contemporaine, on peut citer Henri-Alexandre Wallon, Charles-Victor Langlois, Régine Pernoud, Gérard Sivéry, Jean Richard et, après Le Goff, Sophie Delmas.

    32Boucheron Patrick, « Saint Louis, comédien et martyr : l’écriture d’une vie », Médiévales, no 34, 1998, p. 69-77, ici p. 73.

    33Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 915.

    34Langlois Charles Victor, Saint Louis, Philippe le Bel : les derniers Capétiens directs (1226-1328), t. III/2 de Lavisse Ernest, Histoire de France depuis les origines jusqu’à nos jours jusqu’à la Révolution, Paris, Hachette, 1891 ; Richard Jean, Saint Louis : roi d’un France féodale, soutien de la Terre sainte, Paris, Fayard, 1983 ; Jordan William Chester, Louis IX and the challenge of the crusade : a study in rulership, Princeton, Princeton University Press, 1979. On note que le Saint Louis de Gérard Sivéry (Saint Louis et son siècle, Paris, Tallandier, 1983) n’est pas présent parmi les « biographies marquantes ». Est-ce parce que l’historien s’y livre à une étude du royaume plutôt que du roi ?

    35Amalvi Christian, Les héros français. Controverses autour de la mémoire nationale, Paris, Larousse, 2011, p. 228 sq.

    36Langlois Charles Victor, Saint Louis, op. cit., p. 40.

    37C’est le titre de la troisième partie de l’ouvrage, Richard Jean, Saint Louis, op. cit., p. 277-437.

    38Voir infra, « “Une voie royale” peu empruntée par Jacques Le Goff, les écrits de gouvernement ».

    39Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 674-704.

    40Boucheron Patrick, « Saint Louis, comédien et martyr », art. cité, p. 75.

    41Langlois Charles Victor, Saint Louis, op. cit., p. 22-24 ; Richard Jean, Saint Louis, op. cit., p. 418-428. Si la dévotion de Louis IX couronne le Louis IX and the Challenge of the Crusade dans un ultime chapitre intitulé « The Most Christian King », elle est étroitement mise en relation avec la croisade et n’est dès lors pas envisagée pour elle-même (Jordan William Chester, Louis IX and the Challenge, op. cit., p. 182-213).

    42Titre d’un chapitre de la troisième partie (Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 744-780), cette religion de Saint Louis est partout dans l’ouvrage.

    43Ibid., p. 886. Patrick Boucheron met à raison en exergue ce secret dans « Saint Louis, comédien et martyr », art. cité, p. 76.

    44Il s’agit en somme de s’écarter sciemment de la direction prise par plusieurs publications ayant entouré les commémorations de 1970 : le présent ouvrage n’est ni Le siècle de Saint Louis, Paris, Hachette, 1970, ni Saint Louis et son temps, Paris, Larousse, 1971. Il ne souhaite pas totaliser les connaissances sur Saint Louis et son époque à un temps T comme le fit le grand colloque organisé à Royaumont et à Paris entre les 21 et 27 mai 1970 (Septième centenaire de la mort, op. cit.).

    45Pour une esquisse d’étude de la sorte voir Dejoux Marie, « Saint Louis », in Anne Besson, Vincent Ferré et William Blanc (dir.), Dictionnaire du Moyen Âge imaginaire, Paris, Vendémiaire, 2022, p. 389-390. Les mémoires parfois antagonistes de Saint Louis, mériteraient un colloque à elles seules.

    46D’après la base bibliographique constituée pour ma tentative d’approche quantitative de la production scientifique sur Saint Louis et son règne depuis 1996, 278 chercheurs ont livré au moins une production sur ces thèmes, ce qui ne peut être qu’une estimation basse étant donné la constitution de la base (voir infra).

    47On regrette ici de n’avoir pas connu au moment de l’organisation du colloque les travaux doctoraux de Sindy Schmiegel sur la sacralité juridique comparée de Louis IX et Frédéric II, d’Amel Teboulbi sur le monnayage de Louis IX et d’Andrew Jeffrey Collings sur le gouvernement local de Louis IX. D’autres travaux doctoraux ont dû nous échapper et nous prions leurs auteurs de bien vouloir nous en excuser.

    48Forcadet Pierre-Anne, Conquestus fuit Domino regi. Étude sur le recours au roi de France d’après les arrêts du Parlement (1223-1285), thèse d’histoire du droit, dir. Corinne Leveleux, université d’Orléans, 2012, publiée sous le titre Conquestus fuit Domino regi : le recours au roi de France d’après les arrêts du Parlement, Paris, De Boccard, 2018 ; Dejoux Marie, Gouverner par l’enquête, op. cit. ; Les Enquêtes de Saint Louis, gouverner et sauver son âme, Paris, Presses universitaires de France, 2014.

    49Martin Vincent, La paix du roi : paix publique, idéologie, législation et pratique judiciaire de la royauté capétienne de Philippe Auguste à Charles le Bel, thèse d’histoire du droit, dir. Christian Lauranson-Rosaz, université Lyon 3, 2014, publiée sous le titre La paix du roi (1180-1328), Paris, Institut universitaire Varenne, 2015 ; Tuttle Liêm, La justice pénale devant la Cour de Parlement, de Saint Louis à Charles IV (vers 1230-1328), thèse d’histoire du droit, dir. Guillaume Leyte et Jean-Marie Carbasse, université Paris 2, 2014.

    50Chenard Gaël, L’administration d’Alphonse de Poitiers en Poitou et en Saintonge (1241-1271), thèse d’histoire, dir. Martin Aurell, université de Poitiers, 2014, parue sous le titre L’administration d’Alphonse de Poitiers, Paris, Classiques Garnier, 2017.

    51Moufflet Jean-François, Autour de l’Hôtel de Saint Louis (1226-1270), thèse de l’École nationale des chartes, dir. Olivier Guyotjeannin, ENC, 2007 ; Le gouvernement de Saint Louis au quotidien : le pouvoir au miroir des actes, thèse d’histoire, dir. Olivier Mattéoni, université Paris 1, 2024. On regrette que Jean-François Moufflet, présent au colloque, n’ait pu rendre ses communications écrites : sa campagne d’édition des actes de Louis IX et sa fine reconstitution des itinéraires du roi sont fort heureusement abordés dans ce volume.

    52Pelissié du Rausas Amicie, De guerre, de trêve, de paix : les relations franco-anglaises de la bataille de Taillebourg au traité de Paris (années 1240-années 1260), thèse d’histoire, dir. Martin Aurell et David Carpenter, université de Poitiers, 2020.

    53Horler-Underwood Tom, The Querimoniae normannorum (1247): Land, Politics and Society in 13th Century Normandy, thèse d’histoire, dir. Daniel Power, université de Swansea, 2013. Après sa thèse, Tom Underwood a décidé d’embrasser une autre carrière que celle de chercheur.

    54Dorin Rowan, Banishing Usury: The Expulsion of Foreign Moneylenders in Medieval Europe, 1200-1450, thèse d’histoire, dir. Daniel Lord Smail, université d’Harvard, 2015, parue sous le titre No Return: Jews, Christian Usurers, and the Spread of Mass Expulsion in Medieval Europe, Princeton, Princeton University Press, 2023. Outre les travaux passés de William Chester Jordan sur Saint Louis et les juifs, citons, depuis Le Goff, Salmona Paul et Sibon Juliette (dir.), Saint Louis et les juifs : politique et idéologie sous le règne de Louis IX, Paris, Éditions du patrimoine, 2015, Sibon Juliette, Les juifs au temps de Saint Louis, Paris, Albin Michel ou encore la lettre de Meïr ben Siméon, Lettre à Louis IX sur la condition des juifs du royaume de France, éd. et trad. Pierre Savy et Judith Kogel, Paris, Éditions de l’Éclat, 2017.

    55Jordan William Chester, Louis IX and the Challenge, op. cit.

    56Id., Men at the Center: Redemptive Governance under Louis IX, Budapest/New York, Central European University Press, 2012 ; Servant of the Crown and Steward of the Church: The Career of Philippe of Cahors, Toronto, University of Toronto Press, 2019.

    57Jordan William Chester, The Apple of His Eye. Converts from Islam in the Reign of Louis IX, Princeton, Princeton University Press, 2019 traduit en français par Jacques Dalarun sous le titre La prunelle de ses yeux. Convertis de l’islam sous le règne de Louis IX, Paris, Éditions de l’EHESS, 2020.

    58Hélary Xavier, La dernière croisade, Paris, Perrin, 2016 ; L’ascension et la chute de Pierre de La Broce, Paris, Honoré Champion, 2021. Sur la croisade de Tunis, il faut également citer Lower Michael, The Tunis Crusade of 1270: A Mediterranean History, Oxford, Oxford University Press, 2018.

    59Gaposchkin M. Cecilia, The Making of Saint Louis. Kingship, Sanctity and Crusade in the Later Middle Ages, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 2008 ; Blessed Louis. The Most Glorious of Kings. Texts Relating to the Cult of Saint Louis of France, Notre-Dame (Indiana), University of Notre Dame Press, 2013.

    60Field Larry F., Field Sean L. et Gaposchkin M. Cecilia, The Sanctity of Louis IX. Early Lives of Saint Louis by Geoffrey of Beaulieu and William of Chartres, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 2014.

    61Sur Blanche de Castille : Grant Lindy, Blanche of Castille. Queen of France, New Haven/Londres, Yale University Press, 2016. Sur Isabelle de France : Field Sean L., The Writings of Agnes of Harcourt: The Life of Isabelle of France and the Letter on Louis IX and Longchamp, Notre-Dame (Indiana), University of Notre Dame Press, 2003 ; Isabelle of France: Capetian Sanctity and Franciscan Identity in the Thirteenth Century, Notre-Dame (Indiana), University of Notre Dame Press, 2003 ; The Rules of Isabelle of France: An English Translation with Introductory Study, New York, Franciscan Institute Publications, 2013 ; Dalarun Jacques, Field Sean L., Lebigue Jean-Baptiste et Leurquin-Labie Anne-Françoise, Isabelle de France, sœur de Saint Louis. Une princesse mineure, Paris, Éditions franciscaines, 2014. Isabelle fait partie des saintes femmes liées aux Capétiens dans Field Sean L., Courting Sanctity: Holy Women and the Capetians, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 2019 (traduit en français par Jacques Dalarun sous le titre Sainteté de cour : les Capétiens et leurs saintes femmes, Paris, Éditions de l’EHESS, 2022). Sur les filles de Saint Louis : Allirot Anne-Hélène, Filles de roy de France : Princesses royales, mémoire de Saint Louis et conscience dynastique (de 1270 à la fin du xive siècle), Louvain, Brepols, 2010. Sur Marguerite de Provence : la thèse de Duchatel Audrey, Marguerite de Provence, recherches sur l’impact de l’héritage catalano-provençal dans le rôle et la perception d’une reine de France au xiiie siècle, thèse d’histoire, dir. Philippe Jansen, université Côte d’Azur, 2023, et Cassagnes-Brouquet Sophie, Marguerite et Éléonore de Provence, Paris, Perrin, 2023.

    62Jacques Dalarun a en la matière ouvert la voie, puisqu’il a traduit en français The Apple of His Eye, op. cit., de William Chester Jordan, et Courting sanctity, op. cit., de Sean Field.

    63Nous pensons ici aux études consacrées à Saint Louis et les Mongols. À titre d’exemples : Ruotsala Antti, « The Crusaders and the Mongols. The Case of the First Crusade of Louis IX (1248-1254) », in Tuomas Lehtonen (dir.), Medieval History Writing and Crusading Ideology, Helsinki, Finnish Literature Society, 2005, p. 302-309 ; Wu Sophie Schaller « “Et sachiez qu’il se repenti fort quant yl y envoia”. Par-delà la désillusion mongole. Mœurs et légendes “tartares” au temps du roi Saint Louis », Al-Masāq: Islam and the Medieval Mediterranean, no 23-3, 2011, p. 237-255 ; Uzelac Aleksandar, « Saint Louis and the Jochids », Golden Horde Review, no 8-4, 2020, p. 662-674.

    64Boucheron Patrick, « L’homme-monde », L’Histoire, no 478, décembre 2020, p. 54-55.

    65Moulinier Laurence et Redon Odile, « Entretien avec Jacques Le Goff. Propos recueillis », Médiévales, 1998, no 34, p. 91-100, ici p. 91.

    66Le Goff Jacques, « Saint Louis et la Méditerranée », in Irad Malkin, La France et la Méditerranée : Vingt-sept siècles d’interdépendance, Leyde, Brill, 1990, p. 98-120 ; id., « Saint Louis and the Mediterranean », Mediterranean Historical Review, no 5-1, 1990, p. 21-43 ; Dédéyan Gérard et Le Goff Jacques (dir.), La Méditerranée au temps de Saint Louis. Actes du colloque d’Aigues-Mortes, Aigues-Mortes, SIVOM d’Aigues-Mortes, 2001. Jean Richard avait quant à lui beaucoup œuvré dans son propre Saint Louis (op. cit.) à mettre en lumière la politique orientale de Louis IX. Voir aussi Richard Jean, « La politique orientale de Saint Louis. La croisade de 1248 », in Septième centenaire, op. cit., p. 197-207, et avant lui, Claude Cahen, notamment « Saint Louis et l’islam », in Cahen, Turcobyzantina et Oriens Christianus, Londres, Variorum Reprints, 1974, p. 3-12, et Orient et Occident au temps des croisades, Paris, Aubier, 1983.

    67Le Raydafrans d’Ibn Wasil, le Al-Fransis de Qaratay al-Izzi, le Sanluwîs ibn Luwîs d’Ibn Khaldûn par exemple.

    68Conformément à notre sujet, nous ne citons ici que les productions parues après le Saint Louis de Le Goff. Par exemple, Eddé Anne-Marie, « Saint Louis et la septième croisade vus par les auteurs arabes », Cahiers de recherches médiévales, 1996, p. 65-92 ; Potin Yann, « Saint Louis l’Africain. Histoire d’une mémoire inversée », Afrique et histoire, no 1, 2003, p. 23-74 ; id., « 1270. Saint Louis naît à Carthage », Histoire mondiale de la France, op. cit., p. 179-183 ; McCannon Afrodesia, « The King’s Two Lives: The Tunisian Legend of Saint Louis », Journal of Folklore Research, no 43-1, 2006, p. 53-74. Du côté des Mongols, Favereau Marie, « Le grand projet d’alliance mongole », L’Histoire, no 478, décembre 2020, p. 44-47. Madeline Caviness a quant à elle exploré la thématique du racisme à la cour de Saint Louis dans « From the Self-Invention of the Whiteman in the Thirteenth Century to The Good, The Bad, and the Ugly », Different Visions, no 1, 2008, p. 1-33.

    69Se reporter dès lors à ses articles Le Pogam Pierre-Yves, « The Features of Saint Louis », Journal of Art Historiography, no 17, décembre 2017 et « De l’image des rois à l’image du roi », in id., Saint Louis. Exposition, Paris, Conciergerie, 8 octobre 2014-11 janvier 2015, Paris, Éditions du patrimoine, 2014, p. 46-57, même si beaucoup d’éléments neufs avaient été apportés pour le colloque.

    70Nous n’avions pas connaissance à la date d’organisation du colloque, des travaux sur la politique architecturale de Louis IX en Terre sainte (Faucherre Nicolas [dir.], « L’architecture en Terre sainte au temps de Saint Louis », Bulletin monumental, no 164-1, 2006) ou de ceux d’Yves Christe, Peter Kurmann et Meredith Cohen sur la Sainte-Chapelle (Hediger Christine [éd.], La Sainte-Chapelle de Paris, royaume de France ou Jérusalem céleste ?, Turnhout, Brepols, 2007 ; Cohen Meredith, The Sainte-Chapelle and the Construction of Sacral Monarchy, Cambridge, Cambridge University Press, 2014).

    71Comme le montre plus loin mon étude quantitative de la production scientifique « ludovicienne ». C’est d’ailleurs en ce sens que nous avions invité Michel Zink à présider la première session du colloque.

    72Voir les travaux de Franck Lavigne tels qu’exposés par exemple dans « Source of the Great AD 1257 Mystery Eruption Unveiled, Samalas Volcano, Rinjani Volcanic Complex, Indonesia », Proceedings of the National Academy of Sciences, no 110-42, p. 16742-16747. Des famines en lien possible avec l’éruption volcanique ont été étudiées pour l’Angleterre au travers des fosses communes de Saint Mary Spital (Thomas C. et alii, Excavations at the priory and hospital of St Mary Spital, London, Londres, Museum of London Archaeology Service, 1997).

    73Charlier Philippe et alii, « The Mandible of Saint Louis (1270 AD): Retrospective Diagnosis and Circumstances of Death », Journal of Stomatology, Oral and Maxillofacial Surgery, no 121-2, 2020, p. 172-174.

    74Pour une vision synthétique, voir Dejoux Marie, Forcadet Pierre-Anne, Martin Vincent et Tuttle Liêm, La justice de Saint Louis. Dans l’ombre du chêne, Paris, Presses universitaires de France, 2024.

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    1Évoquant principalement dans ce volume le roi Louis IX, connu sous le surnom de Saint Louis, nous avons fait le choix d’écrire, comme Jacques Le Goff et selon l’usage en la matière, Saint Louis avec deux majuscules. Quand ce ne sera pas le cas, c’est que nous nous référerons spécifiquement au saint. Le Goff Jacques, Saint Louis, Paris, Gallimard, 1996.

    2Le Goff Jacques, Héros du Moyen Âge, le Saint et le Roi, Paris, Gallimard Quarto, 2004.

    3Chiffres donnés en septembre 2022 par l’éditeur. On regrette que celui-ci n’ait pas été en mesure de donner les ventes des ouvrages en format numérique ou kindle, ni le nombre de consultations sur des plateformes telles que Cairn.

    4Chiffres donnés dans Goetschel Pascale et Loyer Emmanuelle, Histoire culturelle et intellectuelle de la France au xxe siècle, Paris, Armand Colin, 1995, p. 161. Sur le contexte général, Carrard Philippe, Poétique de la Nouvelle Histoire. Le discours historique en France de Braudel à Chartier, Lausanne, Payot, 1998. Pour une comparaison plus contemporaine, l’Histoire mondiale de la France s’était écoulée fin 2024 à 177 000 exemplaires (Boucheron Patrick [dir.], Histoire mondiale de la France, Paris, Le Seuil, 2017), chiffres de vente aimablement communiqués par l’un de ses coordinateurs, Florian Mazel.

    5Sur le contexte éditorial, Auerbach Bruno, « Publish and perish. La définition légitime des sciences sociales au prisme du débat sur la crise de l’édition SHS », Actes de la recherche en sciences sociales, no 164-4, 2006, p. 75-92. Le contexte scientifique est marqué par une période de doutes connue sous le nom de « crise de l’histoire ».

    6Prost Antoine, Douze leçons sur l’histoire, Paris, Le Seuil, 1996, p. 15. Parmi les meilleures ventes actuelles en histoire du Moyen Âge, citons la collection Histoire de France chez Belin, dont plusieurs tomes rédigés par des médiévistes se sont vendus à plus de 30 000 exemplaires. La Nouvelle Histoire du Moyen Âge, parue en octobre 2021 approche déjà ce chiffre avec 28 000 exemplaires vendus fin 2024 (Mazel Florian [dir.], Nouvelle Histoire du Moyen Âge, Paris, 2021, Le Seuil). Je remercie à nouveau Florian Mazel de m’avoir communiqué ces chiffres.

    7Jacques Le Goff peut être presque considéré comme l’inventeur du terme « école des Annales » : Anheim Étienne, « Jacques Le Goff et les Annales », in Étienne Anheim, Massimo Miglio et Catherine Virlouvet (dir.), Jacques Le Goff: l’Italia e la storia, Rome, École française de Rome, 2017, p. 97-108 et Les Annales, « Entre revue et “école”. Les Annales en situation », Annales. HSS, no 75-3, 2020, p. 519-535.

    8Emmanuel Le Roy Ladurie, Georges Duby et Jacques Le Goff eurent par exemple tous les trois les honneurs de la célèbre émission Apostrophes de Bernard Pivot en 1979.

    9L’entretien donné à la revue L’Histoire en 1981 montre que quinze ans avant sa sortie, Le Goff était déjà en mesure de communiquer publiquement, et de manière précise, le plan et la problématique de l’ouvrage à venir, comme le titre de l’interview, « Saint Louis a-t-il existé ? », l’indique (Le Goff Jacques, « Saint Louis a-t-il existé ? », L’Histoire, 1981, no 40, consulté en ligne). Voir aussi Le Goff Jacques, « Les gestes de Saint Louis : approche d’un modèle et d’une personnalité », in Clio et son regard. Mélanges Jacques Stiennon, Liège, P. Mardaga, 1982, p. 445-459 et « The Whys and Ways of Writing a Biography: The Case of Saint-Louis », Exemplaria, 1989, no 1, p. 207-225. À ce titre et en incluant les entretiens donnés par Le Goff après la parution de son Saint Louis, peu d’ouvrages peuvent se targuer d’avoir une rédaction aussi bien éclairée.

    10Par exemple, Pierre Lepape le recense dans Le Monde des livres du 19 janvier 1996 sous le titre « Louis IX a-t-il existé » et l’épisode no 1141 de l’émission Un livre, un jour de France 3, daté du 8 avril 1996 y est consacré. Sa sortie en poche est à son tour recensée dans Le Monde des livres par Étienne Anheim, « Histoire d’un livre. Transfiguration de “Saint Louis” » Le Monde des livres, 26 avril 2013, p. 6. Lors des hommages suivant le décès de l’historien, c’est souvent son Saint Louis qui est convoqué : Jean Lebrun y consacre le numéro du 14 janvier 2014 du « Vif de l’histoire », tandis que le Figaro Magazine le retient pour honorer sa mémoire (« La société de Saint Louis par Jacques Le Goff », 1er avril 2014).

    11L’Humanité interroge l’historien le 2 juillet 1996, de même que L’Express le 11 janvier 1996. Le Télégramme du 7 septembre 1996 atteste de conférences grand public données dans le cadre de la promotion de l’ouvrage (« Jacques Le Goff et Saint Louis : 500 auditeurs ! »). Pour une promotion davantage scientifique, voir Le Goff Jacques, « Saint Louis », Revue des sciences religieuses, no 71, 1997, p. 338-344.

    12Jean-Claude Schmitt revient plus précisément, dans sa contribution au présent volume, sur plusieurs de ces traductions.

    13Idem, pour une recension exhaustive des recensions scientifiques.

    14Moulinier Laurence et Boucheron Patrick (dir.), Médiévales, no 34, « Hommes de pouvoir : individu et politique au temps de Saint Louis », 1998. L’autre volume de mélanges est Revel Jacques et Schmitt Jean-Claude, L’ogre historien : autour de Jacques Le Goff, Paris, Gallimard, 1998.

    15Offenstadt Nicolas (dir.), Les mots de l’historien, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2006, p. 17.

    16Bourdieu Pierre, « L’illusion biographique », Actes de la recherche en sciences sociales, no 62-63, 1986, p. 69-72.

    17Offenstadt Nicolas (dir.), Les mots de l’historien, op. cit., p. 17.

    18Pour une vision synthétique de la genèse intellectuelle du Saint Louis, Anheim Étienne, « Histoire d’un livre », art. cité.

    19Geoffroi de Beaulieu, Jean de Joinville et Guillaume de Chartes ont évolué aux côtés du monarque tout ou partie de sa vie, ce qui n’est pas le cas de Guillaume de Nangis ou de Guillaume de Saint-Pathus.

    20Pour ma thèse de doctorat, j’avais recensé et consulté près de 80 biographies de Louis IX rédigées entre la fin du xvie siècle et nos jours (Dejoux Marie, Gouverner par l’enquête au xiiie siècle : les restitutions de Louis IX, 1247-1270, thèse d’histoire, dir. Laurent Feller, université Paris 1, 2012, p. 45-102).

    21Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 360.

    22Sur le roi-christ de Joinville, voir Lucken Christopher, « L’Évangile du roi : Joinville, témoin et auteur de la Vie de Saint Louis », Annales. HSS, no 56-2, 2001, p. 445-467.

    23Sur la redécouverte et les rééditions successives de la Vie de Saint Louis de Joinville, voir Dejoux Marie, « Le chêne de Vincennes. Retour sur une image emblématique de la justice de Louis IX », Revue historique de droit français et étranger, no 98, 2020, p. 315-328.

    24RHGF, t. XX.

    25Le Nain de Tillemont Louis-Sébastien, Vie de Saint Louis roi de France, éd. Julien-Philippe de Gaulle, Paris, Renouard, 1847-1851. C’est d’ailleurs cette vie que Le Goff place en premier dans la bibliographie qui clôt sa biographie, car elle est « fondamentale par l’utilisation de sources aujourd’hui disparues et par l’ampleur de la conception », Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 915.

    26Neveu Bruno, « Lenain de Tillemont et la vie de Saint Louis », in Septième centenaire de la mort de Saint Louis. Actes des colloques de Royaumont et de Paris (21-27 mai 1970), Paris, Les Belles Lettres, 1976, p. 323. Sur Lenain de Tillemont, voir aussi Neveu Bruno, Un historien à l’école de Port-Royal : Sébastien Le Nain de Tillemont, 1637-1698, La Haye, M. Nijhoff, 1966.

    27Filleau de la Chaise Nicolas, Histoire de Saint Louis, Paris, J.-B. Coignard, 1688.

    28Par exemple Pigault-Lebrun Charles Antoine Guillaume, L’histoire de Louis IX, Paris, Barba, 1827.

    29Dejoux Marie, Gouverner par l’enquête, op. cit., p. 45-102.

    30Nous pensons ici à Gérard Sivéry qui fait figure d’exception en ce qu’il a véritablement exploité lesdites enquêtes dans son Saint Louis et son siècle, Paris, Tallandier, 1983.

    31Parmi les chercheurs qui ont ainsi rédigé d’importantes biographies de Louis IX à l’époque contemporaine, on peut citer Henri-Alexandre Wallon, Charles-Victor Langlois, Régine Pernoud, Gérard Sivéry, Jean Richard et, après Le Goff, Sophie Delmas.

    32Boucheron Patrick, « Saint Louis, comédien et martyr : l’écriture d’une vie », Médiévales, no 34, 1998, p. 69-77, ici p. 73.

    33Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 915.

    34Langlois Charles Victor, Saint Louis, Philippe le Bel : les derniers Capétiens directs (1226-1328), t. III/2 de Lavisse Ernest, Histoire de France depuis les origines jusqu’à nos jours jusqu’à la Révolution, Paris, Hachette, 1891 ; Richard Jean, Saint Louis : roi d’un France féodale, soutien de la Terre sainte, Paris, Fayard, 1983 ; Jordan William Chester, Louis IX and the challenge of the crusade : a study in rulership, Princeton, Princeton University Press, 1979. On note que le Saint Louis de Gérard Sivéry (Saint Louis et son siècle, Paris, Tallandier, 1983) n’est pas présent parmi les « biographies marquantes ». Est-ce parce que l’historien s’y livre à une étude du royaume plutôt que du roi ?

    35Amalvi Christian, Les héros français. Controverses autour de la mémoire nationale, Paris, Larousse, 2011, p. 228 sq.

    36Langlois Charles Victor, Saint Louis, op. cit., p. 40.

    37C’est le titre de la troisième partie de l’ouvrage, Richard Jean, Saint Louis, op. cit., p. 277-437.

    38Voir infra, « “Une voie royale” peu empruntée par Jacques Le Goff, les écrits de gouvernement ».

    39Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 674-704.

    40Boucheron Patrick, « Saint Louis, comédien et martyr », art. cité, p. 75.

    41Langlois Charles Victor, Saint Louis, op. cit., p. 22-24 ; Richard Jean, Saint Louis, op. cit., p. 418-428. Si la dévotion de Louis IX couronne le Louis IX and the Challenge of the Crusade dans un ultime chapitre intitulé « The Most Christian King », elle est étroitement mise en relation avec la croisade et n’est dès lors pas envisagée pour elle-même (Jordan William Chester, Louis IX and the Challenge, op. cit., p. 182-213).

    42Titre d’un chapitre de la troisième partie (Le Goff Jacques, Saint Louis, op. cit., p. 744-780), cette religion de Saint Louis est partout dans l’ouvrage.

    43Ibid., p. 886. Patrick Boucheron met à raison en exergue ce secret dans « Saint Louis, comédien et martyr », art. cité, p. 76.

    44Il s’agit en somme de s’écarter sciemment de la direction prise par plusieurs publications ayant entouré les commémorations de 1970 : le présent ouvrage n’est ni Le siècle de Saint Louis, Paris, Hachette, 1970, ni Saint Louis et son temps, Paris, Larousse, 1971. Il ne souhaite pas totaliser les connaissances sur Saint Louis et son époque à un temps T comme le fit le grand colloque organisé à Royaumont et à Paris entre les 21 et 27 mai 1970 (Septième centenaire de la mort, op. cit.).

    45Pour une esquisse d’étude de la sorte voir Dejoux Marie, « Saint Louis », in Anne Besson, Vincent Ferré et William Blanc (dir.), Dictionnaire du Moyen Âge imaginaire, Paris, Vendémiaire, 2022, p. 389-390. Les mémoires parfois antagonistes de Saint Louis, mériteraient un colloque à elles seules.

    46D’après la base bibliographique constituée pour ma tentative d’approche quantitative de la production scientifique sur Saint Louis et son règne depuis 1996, 278 chercheurs ont livré au moins une production sur ces thèmes, ce qui ne peut être qu’une estimation basse étant donné la constitution de la base (voir infra).

    47On regrette ici de n’avoir pas connu au moment de l’organisation du colloque les travaux doctoraux de Sindy Schmiegel sur la sacralité juridique comparée de Louis IX et Frédéric II, d’Amel Teboulbi sur le monnayage de Louis IX et d’Andrew Jeffrey Collings sur le gouvernement local de Louis IX. D’autres travaux doctoraux ont dû nous échapper et nous prions leurs auteurs de bien vouloir nous en excuser.

    48Forcadet Pierre-Anne, Conquestus fuit Domino regi. Étude sur le recours au roi de France d’après les arrêts du Parlement (1223-1285), thèse d’histoire du droit, dir. Corinne Leveleux, université d’Orléans, 2012, publiée sous le titre Conquestus fuit Domino regi : le recours au roi de France d’après les arrêts du Parlement, Paris, De Boccard, 2018 ; Dejoux Marie, Gouverner par l’enquête, op. cit. ; Les Enquêtes de Saint Louis, gouverner et sauver son âme, Paris, Presses universitaires de France, 2014.

    49Martin Vincent, La paix du roi : paix publique, idéologie, législation et pratique judiciaire de la royauté capétienne de Philippe Auguste à Charles le Bel, thèse d’histoire du droit, dir. Christian Lauranson-Rosaz, université Lyon 3, 2014, publiée sous le titre La paix du roi (1180-1328), Paris, Institut universitaire Varenne, 2015 ; Tuttle Liêm, La justice pénale devant la Cour de Parlement, de Saint Louis à Charles IV (vers 1230-1328), thèse d’histoire du droit, dir. Guillaume Leyte et Jean-Marie Carbasse, université Paris 2, 2014.

    50Chenard Gaël, L’administration d’Alphonse de Poitiers en Poitou et en Saintonge (1241-1271), thèse d’histoire, dir. Martin Aurell, université de Poitiers, 2014, parue sous le titre L’administration d’Alphonse de Poitiers, Paris, Classiques Garnier, 2017.

    51Moufflet Jean-François, Autour de l’Hôtel de Saint Louis (1226-1270), thèse de l’École nationale des chartes, dir. Olivier Guyotjeannin, ENC, 2007 ; Le gouvernement de Saint Louis au quotidien : le pouvoir au miroir des actes, thèse d’histoire, dir. Olivier Mattéoni, université Paris 1, 2024. On regrette que Jean-François Moufflet, présent au colloque, n’ait pu rendre ses communications écrites : sa campagne d’édition des actes de Louis IX et sa fine reconstitution des itinéraires du roi sont fort heureusement abordés dans ce volume.

    52Pelissié du Rausas Amicie, De guerre, de trêve, de paix : les relations franco-anglaises de la bataille de Taillebourg au traité de Paris (années 1240-années 1260), thèse d’histoire, dir. Martin Aurell et David Carpenter, université de Poitiers, 2020.

    53Horler-Underwood Tom, The Querimoniae normannorum (1247): Land, Politics and Society in 13th Century Normandy, thèse d’histoire, dir. Daniel Power, université de Swansea, 2013. Après sa thèse, Tom Underwood a décidé d’embrasser une autre carrière que celle de chercheur.

    54Dorin Rowan, Banishing Usury: The Expulsion of Foreign Moneylenders in Medieval Europe, 1200-1450, thèse d’histoire, dir. Daniel Lord Smail, université d’Harvard, 2015, parue sous le titre No Return: Jews, Christian Usurers, and the Spread of Mass Expulsion in Medieval Europe, Princeton, Princeton University Press, 2023. Outre les travaux passés de William Chester Jordan sur Saint Louis et les juifs, citons, depuis Le Goff, Salmona Paul et Sibon Juliette (dir.), Saint Louis et les juifs : politique et idéologie sous le règne de Louis IX, Paris, Éditions du patrimoine, 2015, Sibon Juliette, Les juifs au temps de Saint Louis, Paris, Albin Michel ou encore la lettre de Meïr ben Siméon, Lettre à Louis IX sur la condition des juifs du royaume de France, éd. et trad. Pierre Savy et Judith Kogel, Paris, Éditions de l’Éclat, 2017.

    55Jordan William Chester, Louis IX and the Challenge, op. cit.

    56Id., Men at the Center: Redemptive Governance under Louis IX, Budapest/New York, Central European University Press, 2012 ; Servant of the Crown and Steward of the Church: The Career of Philippe of Cahors, Toronto, University of Toronto Press, 2019.

    57Jordan William Chester, The Apple of His Eye. Converts from Islam in the Reign of Louis IX, Princeton, Princeton University Press, 2019 traduit en français par Jacques Dalarun sous le titre La prunelle de ses yeux. Convertis de l’islam sous le règne de Louis IX, Paris, Éditions de l’EHESS, 2020.

    58Hélary Xavier, La dernière croisade, Paris, Perrin, 2016 ; L’ascension et la chute de Pierre de La Broce, Paris, Honoré Champion, 2021. Sur la croisade de Tunis, il faut également citer Lower Michael, The Tunis Crusade of 1270: A Mediterranean History, Oxford, Oxford University Press, 2018.

    59Gaposchkin M. Cecilia, The Making of Saint Louis. Kingship, Sanctity and Crusade in the Later Middle Ages, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 2008 ; Blessed Louis. The Most Glorious of Kings. Texts Relating to the Cult of Saint Louis of France, Notre-Dame (Indiana), University of Notre Dame Press, 2013.

    60Field Larry F., Field Sean L. et Gaposchkin M. Cecilia, The Sanctity of Louis IX. Early Lives of Saint Louis by Geoffrey of Beaulieu and William of Chartres, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 2014.

    61Sur Blanche de Castille : Grant Lindy, Blanche of Castille. Queen of France, New Haven/Londres, Yale University Press, 2016. Sur Isabelle de France : Field Sean L., The Writings of Agnes of Harcourt: The Life of Isabelle of France and the Letter on Louis IX and Longchamp, Notre-Dame (Indiana), University of Notre Dame Press, 2003 ; Isabelle of France: Capetian Sanctity and Franciscan Identity in the Thirteenth Century, Notre-Dame (Indiana), University of Notre Dame Press, 2003 ; The Rules of Isabelle of France: An English Translation with Introductory Study, New York, Franciscan Institute Publications, 2013 ; Dalarun Jacques, Field Sean L., Lebigue Jean-Baptiste et Leurquin-Labie Anne-Françoise, Isabelle de France, sœur de Saint Louis. Une princesse mineure, Paris, Éditions franciscaines, 2014. Isabelle fait partie des saintes femmes liées aux Capétiens dans Field Sean L., Courting Sanctity: Holy Women and the Capetians, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 2019 (traduit en français par Jacques Dalarun sous le titre Sainteté de cour : les Capétiens et leurs saintes femmes, Paris, Éditions de l’EHESS, 2022). Sur les filles de Saint Louis : Allirot Anne-Hélène, Filles de roy de France : Princesses royales, mémoire de Saint Louis et conscience dynastique (de 1270 à la fin du xive siècle), Louvain, Brepols, 2010. Sur Marguerite de Provence : la thèse de Duchatel Audrey, Marguerite de Provence, recherches sur l’impact de l’héritage catalano-provençal dans le rôle et la perception d’une reine de France au xiiie siècle, thèse d’histoire, dir. Philippe Jansen, université Côte d’Azur, 2023, et Cassagnes-Brouquet Sophie, Marguerite et Éléonore de Provence, Paris, Perrin, 2023.

    62Jacques Dalarun a en la matière ouvert la voie, puisqu’il a traduit en français The Apple of His Eye, op. cit., de William Chester Jordan, et Courting sanctity, op. cit., de Sean Field.

    63Nous pensons ici aux études consacrées à Saint Louis et les Mongols. À titre d’exemples : Ruotsala Antti, « The Crusaders and the Mongols. The Case of the First Crusade of Louis IX (1248-1254) », in Tuomas Lehtonen (dir.), Medieval History Writing and Crusading Ideology, Helsinki, Finnish Literature Society, 2005, p. 302-309 ; Wu Sophie Schaller « “Et sachiez qu’il se repenti fort quant yl y envoia”. Par-delà la désillusion mongole. Mœurs et légendes “tartares” au temps du roi Saint Louis », Al-Masāq: Islam and the Medieval Mediterranean, no 23-3, 2011, p. 237-255 ; Uzelac Aleksandar, « Saint Louis and the Jochids », Golden Horde Review, no 8-4, 2020, p. 662-674.

    64Boucheron Patrick, « L’homme-monde », L’Histoire, no 478, décembre 2020, p. 54-55.

    65Moulinier Laurence et Redon Odile, « Entretien avec Jacques Le Goff. Propos recueillis », Médiévales, 1998, no 34, p. 91-100, ici p. 91.

    66Le Goff Jacques, « Saint Louis et la Méditerranée », in Irad Malkin, La France et la Méditerranée : Vingt-sept siècles d’interdépendance, Leyde, Brill, 1990, p. 98-120 ; id., « Saint Louis and the Mediterranean », Mediterranean Historical Review, no 5-1, 1990, p. 21-43 ; Dédéyan Gérard et Le Goff Jacques (dir.), La Méditerranée au temps de Saint Louis. Actes du colloque d’Aigues-Mortes, Aigues-Mortes, SIVOM d’Aigues-Mortes, 2001. Jean Richard avait quant à lui beaucoup œuvré dans son propre Saint Louis (op. cit.) à mettre en lumière la politique orientale de Louis IX. Voir aussi Richard Jean, « La politique orientale de Saint Louis. La croisade de 1248 », in Septième centenaire, op. cit., p. 197-207, et avant lui, Claude Cahen, notamment « Saint Louis et l’islam », in Cahen, Turcobyzantina et Oriens Christianus, Londres, Variorum Reprints, 1974, p. 3-12, et Orient et Occident au temps des croisades, Paris, Aubier, 1983.

    67Le Raydafrans d’Ibn Wasil, le Al-Fransis de Qaratay al-Izzi, le Sanluwîs ibn Luwîs d’Ibn Khaldûn par exemple.

    68Conformément à notre sujet, nous ne citons ici que les productions parues après le Saint Louis de Le Goff. Par exemple, Eddé Anne-Marie, « Saint Louis et la septième croisade vus par les auteurs arabes », Cahiers de recherches médiévales, 1996, p. 65-92 ; Potin Yann, « Saint Louis l’Africain. Histoire d’une mémoire inversée », Afrique et histoire, no 1, 2003, p. 23-74 ; id., « 1270. Saint Louis naît à Carthage », Histoire mondiale de la France, op. cit., p. 179-183 ; McCannon Afrodesia, « The King’s Two Lives: The Tunisian Legend of Saint Louis », Journal of Folklore Research, no 43-1, 2006, p. 53-74. Du côté des Mongols, Favereau Marie, « Le grand projet d’alliance mongole », L’Histoire, no 478, décembre 2020, p. 44-47. Madeline Caviness a quant à elle exploré la thématique du racisme à la cour de Saint Louis dans « From the Self-Invention of the Whiteman in the Thirteenth Century to The Good, The Bad, and the Ugly », Different Visions, no 1, 2008, p. 1-33.

    69Se reporter dès lors à ses articles Le Pogam Pierre-Yves, « The Features of Saint Louis », Journal of Art Historiography, no 17, décembre 2017 et « De l’image des rois à l’image du roi », in id., Saint Louis. Exposition, Paris, Conciergerie, 8 octobre 2014-11 janvier 2015, Paris, Éditions du patrimoine, 2014, p. 46-57, même si beaucoup d’éléments neufs avaient été apportés pour le colloque.

    70Nous n’avions pas connaissance à la date d’organisation du colloque, des travaux sur la politique architecturale de Louis IX en Terre sainte (Faucherre Nicolas [dir.], « L’architecture en Terre sainte au temps de Saint Louis », Bulletin monumental, no 164-1, 2006) ou de ceux d’Yves Christe, Peter Kurmann et Meredith Cohen sur la Sainte-Chapelle (Hediger Christine [éd.], La Sainte-Chapelle de Paris, royaume de France ou Jérusalem céleste ?, Turnhout, Brepols, 2007 ; Cohen Meredith, The Sainte-Chapelle and the Construction of Sacral Monarchy, Cambridge, Cambridge University Press, 2014).

    71Comme le montre plus loin mon étude quantitative de la production scientifique « ludovicienne ». C’est d’ailleurs en ce sens que nous avions invité Michel Zink à présider la première session du colloque.

    72Voir les travaux de Franck Lavigne tels qu’exposés par exemple dans « Source of the Great AD 1257 Mystery Eruption Unveiled, Samalas Volcano, Rinjani Volcanic Complex, Indonesia », Proceedings of the National Academy of Sciences, no 110-42, p. 16742-16747. Des famines en lien possible avec l’éruption volcanique ont été étudiées pour l’Angleterre au travers des fosses communes de Saint Mary Spital (Thomas C. et alii, Excavations at the priory and hospital of St Mary Spital, London, Londres, Museum of London Archaeology Service, 1997).

    73Charlier Philippe et alii, « The Mandible of Saint Louis (1270 AD): Retrospective Diagnosis and Circumstances of Death », Journal of Stomatology, Oral and Maxillofacial Surgery, no 121-2, 2020, p. 172-174.

    74Pour une vision synthétique, voir Dejoux Marie, Forcadet Pierre-Anne, Martin Vincent et Tuttle Liêm, La justice de Saint Louis. Dans l’ombre du chêne, Paris, Presses universitaires de France, 2024.

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