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  • Chapitre XXVIII. Rio de Janeiro 2016
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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral L’élection de Rio entachée par un emboîtement d’affaires de corruption La relégation de la Russie après la révélation d’un dopage systémique La liquidation de la confédération des FI après un siècle de rivalité avec le CIO L’équipe olympique des réfugiés comme nouvelle frontière Une plaidoirie musicale en faveur de la protection de la nature et du brassage racial Les retours bien tardifs du golf et du rugby dans sa version à VII L’exceptionnelle seconde place de la Grande-Bretagne Une concentration d’athlètes à la longévité remarquable La reprise en mains de l’antidopage par le CIO avec la création de l’ITA Le CIO face aux cas des athlètes intersexes et transgenres Bibliographie

    Les Jeux olympiques de 1892 à 2024

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    Table des matières

    Chapitre XXVIII. Rio de Janeiro 2016

    L’émergence contrariée de la puissance brésilienne

    p. 351-366

    Texte intégral L’élection de Rio entachée par un emboîtement d’affaires de corruption La relégation de la Russie après la révélation d’un dopage systémique La liquidation de la confédération des FI après un siècle de rivalité avec le CIO L’équipe olympique des réfugiés comme nouvelle frontière Une plaidoirie musicale en faveur de la protection de la nature et du brassage racial Les retours bien tardifs du golf et du rugby dans sa version à VII L’exceptionnelle seconde place de la Grande-Bretagne Une concentration d’athlètes à la longévité remarquable La reprise en mains de l’antidopage par le CIO avec la création de l’ITA Le CIO face aux cas des athlètes intersexes et transgenres Bibliographie

    Texte intégral

    1Après avoir esquissé trois candidatures pour accueillir les Jeux de 1936, de 2000 et de 2012, Rio de Janeiro est parvenue en 2009 à surmonter le double handicap des aléas de son économie au xxe siècle, et des réticences du CIO à confier son événement à des pays émergents. À l’heure où l’institution lausannoise est critiquée pour son occidentalo-centrisme, ce qui était un handicap est devenu un atout, à savoir que l’Amérique du Sud n’a jamais accueilli les jeux d’été. Une autre explication du succès de Rio tient au fait que son économie a surmonté sans encombre la crise financière mondiale de 2007-2008, et que sa vie politique et sociale s’est stabilisée depuis l’arrivée à la présidence de la république du socialiste Luis Lula Da Silva en 2003.

    2De fait, la session olympique de Copenhague, au cours de laquelle Rio est choisie, s’est tenue trois mois après le premier sommet des quatre BRIC à Iekaterinbourg de juin 2009. Avec l’Afrique du Sud qui les rejoint en 2011, le Brésil, la Chine, l’Inde et la Russie constituent la nouvelle frontière de l’économie globalisée et les grandes organisations du sport international ne s’y sont pas trompées en y recherchant un gain médiatique et économique. Un autre facteur a pu jouer : la concurrence à laquelle se livrent alors la FIFA et le CIO pour s’affirmer comme l’organisation sportive internationale la plus avancée en matière de mondialisation. Or, la FI de football vient de marquer deux points en désignant coup sur coup l’Afrique du Sud pour 2010, alors même que les Jeux olympiques n’ont jamais eu lieu en Afrique, et le Brésil pour 2014 c’est-à-dire pour la quatrième fois en Amérique latine.

    3S’il est une chose que le CIO ne parvient pas à contrôler à une échéance de sept années, c’est bien l’évolution de la situation économique et politique du pays-hôte mais également du reste de la planète, ainsi que l’éclatement de scandales. Et de ce point de vue, l’avenir a réservé bien des mauvaises surprises puisque, d’une part, la chaîne allemande ARD révèle en décembre 2014 l’existence d’un « système de dopage d’État » en Russie, et d’autre part, le Brésil s’est enfoncé dans la crise économique et politique. Le mandat de la présidente Dilma Rousseff est marqué par un mouvement de contestation contre la vie chère, la corruption et la gabegie que représente l’organisation de la Coupe du monde de football. L’enquête « Lava Jato » du juge Sérgio Moro qui couvre les affaires « Petrobras » et « Odebrecht » éclabousse les principaux partis politiques et aboutit à une crise de régime. La présidente est destituée en 2016 par un vote du Sénat orchestré par le parti conservateur avec le soutien de certains juges et généraux, des principaux médias appartenant aux familles les plus puissantes du pays, et du vice-président Michel Temer. Accusé de corruption à son tour, ce dernier succède temporairement à Rousseff, suspendue le 12 août et finalement destituée le 31.

    L’élection de Rio entachée par un emboîtement d’affaires de corruption

    4Comme à Singapour quatre ans plus tôt, les leaders politiques des quatre villes finalistes ont convergé à Copenhague en 2009 pour défendre les candidatures de leur cité : le président Barack Obama pour Chicago, le roi Juan Carlos pour Madrid, le tout nouveau premier ministre japonais Yukio Hatoyama pour Tokyo, et le président Lula pour Rio. Devant la session plénière des membres du CIO, qui sont alors à l’apogée de leur influence, ce dernier insiste sur le fait que le Brésil et l’Amérique latine n’ont jamais accueilli les Jeux contrairement à leurs concurrents, tout en recourant à des stéréotypes qui parlent à ses interlocuteurs comme l’exubérance joviale et communicative de son peuple, sa mixité raciale et son amour du sport. Alors que la commission d’évaluation du CIO a donné à Rio la note la plus basse (6,4) contre 8,3 à Tokyo, 8,1 à Madrid et 7 à Chicago, la vieille capitale brésilienne l’emporte aisément au troisième tour par 70 voix contre 32 face à sa rivale espagnole. En 2008, le CIO avait déjà éliminé les candidatures de Prague, Bakou et Doha. De fait, les prétentions de l’Azerbaïdjan et du Qatar sont révélatrices des stratégies d’influence par le sport mises en place par un nombre toujours plus grand de puissances émergentes qui n’appartiennent pas au monde démocratique.

    5À peine le résultat connu, le gouverneur de Tokyo Shintaro Ishihara s’est empressé de dénoncer « la logique invisible à l’œuvre pour l’attribution des JO » et « les promesses osées faites aux représentants africains ». L’avenir lui donnera raison puisque l’ancien gouverneur de l’État de Rio de Janeiro Sergio Cabral Filho, lui-même détenu pour avoir reçu des pots-de-vin sur des contrats publics, reconnaîtra en 2019 sa participation dans une opération de corruption visant à obtenir les Jeux. Deux ans auparavant, Carlos Nuzman, le président du comité de candidature de Rio puis de son comité d’organisation, avait été arrêté dans le cadre de l’enquête ouverte par les justices brésilienne et française sur le système de corruption mis en place par Lamine Diack, le président de l’IAAF, pour sécuriser les voix d’un certain nombre de membres du CIO. Cette opération anticorruption dénommée « Unfair Play » aboutira en 2021 à la condamnation à trente ans de prison de Nuzman, qui a été gratifié entre-temps de la citoyenneté russe par le président Poutine, mais l’affaire n’a pas été encore plaidée en appel.

    6Quant à l’ancien maire de Dakar Lamine Diack, il a dû démissionner en novembre 2015 du CIO, et de la présidence de l’IAAF qu’il occupait depuis 1999, à la suite de sa mise en examen pour corruption passive et blanchiment aggravé dans une autre affaire où on lui reproche d’avoir couvert en 2011 des cas de dopage de 23 athlètes russes avec l’aide de son fils Papa Massata Diack. Après avoir reconnu en juin 2020 son rôle dans le retard pris par ces poursuites disciplinaires, il sera condamné au mois de septembre suivant à quatre ans de prison, dont deux fermes, et il fera immédiatement appel. Par ailleurs, Lamine Diack et son fils sont liés, d’après une enquête publiée en 2016 par le journal Le Monde, à une autre affaire de corruption qui concernerait l’attribution en 2011 des championnats du monde d’athlétisme 2019 à Doha. En cette même année 2011, Lamine Diack avait en outre reçu un simple blâme de la commission d’éthique du CIO pour s’être placé dans une situation de conflit d’intérêts en 1993, avec la société de marketing International Sport Leisure détenue par l’ancien patron d’Adidas Horst Dassler.

    7Une autre affaire a entaché la réputation de l’institution lausannoise lorsque la police fédérale brésilienne a procédé, au beau milieu des Jeux, à l’arrestation du membre irlandais du CIO Patrick Hickey qu’elle soupçonne d’être impliqué dans une opération de vente illégale de billets d’accès aux épreuves et à la cérémonie d’ouverture. Libéré de prison moyennant une caution de 410 000 € versée à titre d’avance par l’ACNO alors présidée par le Koweïtien Ahmad Al-Fahad Al-Sabah, Hickey a pu rentrer dans son pays après avoir démissionné de ses deux présidences du comité olympique irlandais et du comité olympique européen. Mais il ne quittera pas le CIO avant décembre 2022. Au moment de la création des Jeux européens, le journal The Guardian lui avait reproché, d’en avoir confié la première édition en 2015 au dictateur azerbaïdjanais Ilham Aliyev, et la deuxième édition au président autocrate biélorusse Alexandre Loukachenko. Par crainte d’être à son tour inquiété par la police brésilienne, le président du CIO Thomas Bach ne se rendra pas à la cérémonie d’inauguration des Jeux paralympiques de Rio.

    8Eduardo Paes, le maire de la ville de Rio de 2009 à 2016, sera également accusé de corruption à plusieurs reprises, ce qui ne l’a pas empêché d’être réélu en 2020. Sa gestion des marchés publics est en cause tout comme ses choix urbanistiques. Le nombre d’habitants expulsés des favelas entre 2009 et 2015 est estimé à 77 000 et leur relogement à plus de cinquante kilomètres à l’ouest a induit des pertes d’emplois et des déscolarisations d’enfants. Établie dans les années 1960 comme une colonie de pêcheurs, la Vila Autódromo est un cas paradigmatique de favela sans criminalité où vingt familles sur 800 ont résisté au délogement et à la construction d’un parking adossé au parc olympique de Barra da Tijuca. Pour ce qui est du village olympique, qu’elles ont fait construire grâce à un prêt de la banque publique Caixa, les firmes Carvalho Hosken et Odebrecht ont obtenu l’autorisation de le transformer en un ensemble de 3 600 logements de standing renommé Ilha Pura et défini par son promoteur immobilier comme « une ville dans la ville destinée à l’élite, de bon goût ». Alors que la ville de Rio bénéficiait déjà de deux clubs de golf, un contrat est passé entre la mairie et l’entreprise de construction de Pasquale Mauro pour établir le nouveau golf olympique dans la réserve naturelle de Marapendi contre la possibilité de construire 140 appartements de luxe qui seront revendus au prix minimum de deux millions de dollars chacun. Ce parcours de golf est depuis à l’abandon, de même que les piscines du stade nautique olympique, le parc olympique de Barra da Tijuca, ou le parc et stade de Deodoro. Pour ce qui est des voies de bus rapides et de la ligne 4 du métro reliant Barra aux plages de Copacabana et Ipanema, elles ne présentaient aucune urgence pour le quotidien des cariocas. Enfin, le maire avait promis que la baie de Guanabara serait dépolluée pour 2016 comme preuve de l’héritage des Jeux, puis il est revenu sur son engagement pour expliquer que cela ne serait pas possible avant 2035.

    La relégation de la Russie après la révélation d’un dopage systémique

    9Les Jeux de Rio sont marqués par une diminution de presque 30 % des effectifs de la délégation russe à la suite de la révélation fin 2014 d’une pratique systémique du dopage dans ses rangs. Alors que l’IAAF a fermé ses épreuves à l’ensemble des 67 membres de la délégation athlétique russe, et que l’IPC a choisi d’exclure la Russie des Jeux paralympiques, le CIO a décidé de priver de compétition 44 athlètes et d’autoriser la participation de 278 autres, et de ne pas inviter les officiels russes aux manifestations olympiques.

    10Même si l’AMA et le CIO avaient été destinataires d’informations pour le moins troublantes depuis plusieurs années, l’affaire est sortie, une fois n’est pas coutume, à la suite d’enquêtes menées par des journalistes sur la base de révélations faites par des lanceurs d’alerte. Le 3 décembre 2014, la chaîne de télévision allemande ARD diffusait, en effet, un documentaire intitulé « Le dopage secret : comment la Russie crée des champions » contenant des témoignages tournés en caméra cachée, notamment ceux de Yuliya Stepanova et de son mari Vitaly Stepanov alors employé de l’Agence russe antidopage (RUSADA). Le journaliste Hajo Seppelt, qui est un spécialiste reconnu de ces sujets, y démontrait l’existence d’un dopage systémique dans les sports russes. Le rapport remis à l’AMA en novembre 2015 par Richard Pound, son ancien président, est venu confirmer l’existence d’un dopage généralisé. Alors que Pound mettait en cause le service de renseignements russe FSB et recommandait que RUSADA soit déclarée non conforme, ce qui revenait à priver les athlètes russes des Jeux de Rio de Janeiro, le CIO a choisi la voie de l’expectative.

    11En revanche, l’AMA a suspendu RUSADA et l’IAAF a interdit à la Russie de participer à des événements athlétiques internationaux. Ces deux organisations sont présidées, à ce moment-là, par des Britanniques, en l’occurrence pour l’AMA Craig Reedie qui est membre du CIO depuis 1994, et pour l’IAAF Sebastian Coe qui a succédé à Lamine Diack un an plus tôt. Dans le rapport qu’il remet à l’AMA le 16 juillet 2016, à trois semaines de l’ouverture des jeux de Rio, l’avocat canadien Richard McLaren donne suite aux nouvelles révélations faites par l’ARD selon Grigory Rodchenkov, le directeur des laboratoires antidopage de Moscou puis de Sotchi qui a fui en janvier 2016 aux États-Unis, les autorités sportives russes et le FSB ont bel et bien dissimulé les résultats positifs de plusieurs centaines d’athlètes russes dopés entre la fin de l’année 2011 et le mois d’août 2015.

    12Alors que la cérémonie d’ouverture a eu lieu deux jours plutôt, le CIO fait savoir que 278 athlètes russes sont autorisés à concourir sur les 389 présentés par leur CNO. Son président Thomas Bach considère alors que les athlètes ne sont pas responsables des politiques menées par les pouvoirs d’État, et il préfère s’en remettre à la décision de chaque FI dans la mesure où ce sont les FI qui ont la responsabilité de la sélection sportive des compétiteurs. Le même jour, l’IPC décide d’interdire toute participation aux parathlètes russes, d’abord parce qu’il est structuré différemment et que ses sélections ne reposent pas sur des FI de sports paralympiques, mais peut-être aussi parce que son président britannique Philip Craven a voulu se rattraper du piège dans lequel il était tombé à Sotchi en 2014.

    13Alors que le Royaume-Uni, les États-Unis et la France avaient décidé de ne pas être représentés à la cérémonie d’ouverture, il avait déclaré : « Notre première priorité est la sécurité et le bien-être des athlètes… Être en Russie, 34 ans plus tard, constitue une immense réussite en soi et c’est la preuve que les choses, ici, sont en train de changer pour le meilleur. » Alors, même que ses troupes organisaient la conquête de la Crimée, et que le FSB trafiquait les éprouvettes des athlètes russes dopés, Vladimir Poutine lui avait répondu : « Je tiens à vous remercier pour avoir laissé les Jeux paralympiques en dehors de la politique et des circonstances compliquées, dont nous avons tous connaissance, et qui n’ont eu aucun impact sur le déroulement des Jeux, et je veux vous assurer que la Russie n’en est pas à l’origine et qu’elle n’en est pas l’instigatrice. »

    14Il faudra attendre décembre 2017, pour que la commission exécutive du CIO suspende le comité olympique russe dont les athlètes seront tout de même autorisés à participer aux jeux d’hiver de Pyeongchang en 2018, sous l’appellation « Athlètes olympiques de Russie » au lieu de « Russie », et sans hymne national. Le CIO lèvera d’ailleurs la suspension du CNO russe trois jours après la fin de ces jeux d’hiver, et l’AMA décidera de rétablir RUSADA au mois de septembre suivant, tandis que l’IAAF maintiendra sa position. Alors que ses équipes ont eu un accès complet au laboratoire de Moscou en janvier 2019, et que de nouveaux tests ont été effectués puisque les données ramenées de Russie auraient été manipulées et altérées, l’AMA décide le 9 décembre suivant d’exclure la Russie des Jeux d’été de 2020 et d’hiver de 2022. Mais, en décembre 2020, le TAS, réputé proche du CIO, réduira la sanction infligée par l’AMA à deux ans et autorisera les athlètes et les équipes russes à concourir en utilisant les couleurs de leur drapeau dans leur uniforme ainsi que le mot « Russie » si sa taille n’est pas supérieure aux expressions « athlète neutre » ou « équipe neutre ».

    15Si les atermoiements de Thomas Bach ont pu être attribués à des liens supposés de proximité avec Vladimir Poutine, on y verra surtout la volonté du président du CIO de maintenir l’autonomie de l’organisation lausannoise par rapport aux États-Unis et à leurs alliés. La position d’intransigeance vis-à-vis de la Russie de Travis Tygart, le directeur de l’USADA, montre en effet à quel point Washington s’est saisi de cette affaire pour discréditer la Russie auprès de l’opinion publique mondiale selon des modalités somme toute similaires à celles qui avaient été employées à l’époque des boycotts de 1980 et de 1984. En promulguant en décembre 2020, avec le soutien des sénateurs républicains et démocrates, le Rodchenkov Act qui permet à la justice américaine de poursuivre hors de ses frontières toute personne impliquée dans une affaire de dopage à l’échelle internationale, Donald Trump ira jusqu’à mettre en péril l’édifice conçu par le CIO qui a installé à la fin de l’année 2017 l’Agence de contrôles internationale (ITA) aux côtés de l’AMA.

    La liquidation de la confédération des FI après un siècle de rivalité avec le CIO

    16Plus généralement, l’affaire du dopage systémique russe est révélatrice du choix opéré par le président Vladimir Poutine d’investir le champ du sport international à des fins de puissance. Cela passe par la conquête de titres internationaux à tout prix, l’organisation et le sponsoring de grands événements sportifs, la présence d’oligarques russes dans plus d’une dizaine de Comités exécutifs de FI, et cela jusqu’au point de déstabiliser le CIO. De ce point de vue, les réformes de SportAccord imaginées en 2013 par Marius Vizer sont vécues par Thomas Bach comme une menace existentielle pour l’institution lausannoise au point que le président du CIO parviendra à obtenir la démission de ce dernier en 2015.

    17Tout s’est joué le 20 avril 2015, lors de la convention de SportAccord à Sotchi, où Vizer a critiqué avec virulence le CIO pour son aristocratisme, les maigres résultats de l’Agenda 2020, la gabegie que représente la création de la chaîne de télévision olympique, et les obstacles mis par Bach sur sa route. Le lendemain, 27 FI de sports olympiques ainsi que l’IPC suspendent leur adhésion à SportAccord. Poussé à la démission, Vizer est remplacé au printemps 2016 par Patrick Baumann, le secrétaire général de la FIBA. Membre suisse du CIO et proche de Thomas Bach, ce dernier l’a emporté sur la Russe Anna Arzhanova qui préside la Confédération mondiale des activités subaquatiques fondée à Monaco en 1959 par Jacques-Yves Cousteau.

    18La fronde de Marius Vizer est d’une tout autre nature que les contestations qui s’étaient levées contre le CIO dans les années 1960 puis 1980 où les FI réclamaient une représentation de droit au sein du CIO, et un meilleur partage du calendrier sportif international. Elle retrouve plutôt les accents d’un Paul Rousseau qui, à la tête de l’UCI, réclamait en 1920 la disparition de l’institution lausannoise qu’il jugeait insuffisamment démocratique. Le projet de Vizer, qui préside la FIJ depuis 2007, repose sur la création de compétitions mondiales multisportives sous le nom de United World Championships appartenant à SportAccord et qui s’intercaleraient entre les Jeux olympiques. Cet ancien cadet de l’armée de Ceaucescu, qui est propriétaire de casinos sur le lac Balaton, a aussi pour idée de créer une Banque internationale du sport à laquelle seraient adossés une Loterie sportive internationale et un Système d’assurance pour les licenciés du monde entier dans tous les sports, qui garantiraient à Sport Accord de pouvoir disposer d’une importante trésorerie. Les compétitions qu’il imaginait auraient dû rassembler tous les sports olympiques et non olympiques présentant une même signature, par exemple les sports de combat, de danse, de plage, ou d’esprit.

    19Le CIO a tenté d’empêcher ces initiatives sans toujours y parvenir : World Combat Games à Saint-Pétersbourg, World Mind Games à Pékin avec le soutien de Renault-Nissan, World Beach Games à Sotchi. Le danger est d’autant plus grand pour le CIO que Vizer s’est affiché à Sotchi en avril 2015 avec le Sheikh Ahmad Al-Fahad Al-Sabah, qui préside le Comité olympique d’Asie et surtout l’ACNO, et qu’il a obtenu le soutien financier de la société russe Gazprom. L’alliance triangulaire qui se dessine ainsi de la Russie à la Chine et au Koweït explique la rapidité et la violence de la contre-offensive déclenchée par Thomas Bach.

    20Après le décès inattendu de Patrick Baumann à l’âge de 51 ans en octobre 2018, c’est Raffaele Chiuli, le président de l’Union internationale motonautique depuis 2007, qui prendra la tête de SportAccord renommée entre-temps Global Association of International Sport Federations (GAISF). Il reviendra à son successeur et compatriote Ivo Ferriani, à la tête de la FI de bobsleigh et de tobogganing depuis 2010, de prononcer en 2023 l’autodissolution de cette confédération des FI qui, sous des noms divers, s’était toujours érigée en opposante et en contre-pouvoir du CIO depuis les années 1920.

    L’équipe olympique des réfugiés comme nouvelle frontière

    21Les Jeux de Rio sont les plus universaux de toute l’histoire olympique jusqu’aux Jeux de Paris 2024 inclus, car ils ont accueilli 207 délégations. Avec les délégations du Kosovo et du Sud-Soudan, et la constitution d’une équipe d’un nouveau genre dénommée « équipe olympique des réfugiés » (EOR), le CIO teste les limites d’un monde devenu mouvant.

    22Le Kosovo bénéficie d’une reconnaissance olympique depuis décembre 2014 alors même qu’il n’est pas reconnu par l’Union européenne ni par l’ONU. Fondé en 1992, son CNO a rejoint le mouvement olympique après l’accord de Bruxelles survenu en avril 2013 entre les gouvernements serbe et kosovar. Comme le régime de Belgrade ne reconnaît pas le Kosovo comme un État souverain, mais le considère comme l’une de ses provinces autonomes, les athlètes d’origine serbe qui sont majoritaires dans le nord de ce pays concourent aux JO dans l’équipe olympique de Serbie. Certaines organisations sportives internationales ont néanmoins reconnu le Kosovo avant 2014 dans le but de se présenter comme particulièrement accueillantes et universelles : Jeux olympiques spéciaux pour personnes souffrant d’un handicap mental dès l’année 2002, et les FI de tennis de table en 2003, softball, haltérophilie et lutte en 2008, tir à l’arc en 2011, judo et voile en 2012, pentathlon moderne en 2013, gymnastique en octobre 2014.

    23Le cas du Sud-Soudan est différent car il est devenu un État indépendant et un membre de l’ONU en juillet 2011 après deux guerres civiles. Mais sa reconnaissance olympique n’est survenue qu’en 2015 car, selon la charte olympique, il était nécessaire que cinq FI aient auparavant reconnu son existence. Cela explique que le marathonien Guor Marial, qui vivait alors aux États-Unis, et qui avait refusé de faire partie de l’équipe du Soudan, participe aux Jeux de Londres comme « athlète olympique indépendant ». En revanche, cinq de ses compatriotes avaient participé aux Jeux de Rio dans l’équipe olympique des réfugiés car ils vivaient alors dans le camp de réfugiés de Kakuma établi au Kenya en 1992 par le HCR. Parmi les 43 candidats éligibles au sein de cette équipe constituée en mars 2016, le CIO a sélectionné en outre deux compétiteurs qui ont fui la République démocratique du Congo et se sont établis au Brésil, deux Syriens vivant l’un en Belgique et l’autre en Allemagne, et un Éthiopien domicilié au Luxembourg.

    24L’EOR est la réponse du CIO à la crise migratoire qui a affecté principalement l’Europe en 2015 du fait de la répression de la population syrienne décidée par le président Bachar el-Assad, mais également d’autres drames déclenchés par des régimes autoritaires au Moyen-Orient depuis 2011. Le CIO est ainsi parvenu à apporter une réponse, certes partielle mais hautement symbolique, à un problème auquel il est confronté depuis plus d’un siècle. De son côté, la Société des Nations avait mis en place, entre 1922 et 1945, le fameux « passeport Nansen » pour permettre aux réfugiés apatrides de voyager. Aussi, des Russes blancs ont réclamé en 1924 de pouvoir participer aux Jeux de Paris sous leur propre drapeau, et après eux des athlètes ayant fui les pays de l’Est à l’époque de la guerre froide, ou bien plus tard des compétiteurs du Timor oriental que le CIO a invité à participer aux Jeux de Sydney en 2000 sans avoir auparavant reconnu leur comité olympique. La décision prise par le président Thomas Bach de créer cette EOR s’inscrit dans le rapprochement opéré par le CIO avec le HCR de l’ONU depuis la fin des années 1990.

    25Pour financer l’entraînement de ces athlètes, leur transport et leur hébergement, le CIO puise dans les fonds de ladite Solidarité olympique. Mais il fait aussi appel à des donateurs qui ne sont pas particulièrement connus pour leur intégrité financière et qui ont pu être accusés de pratiquer le sportswashing comme la société VISA qui a intégré les dix athlètes de l’EOR dans sa Team Visa à Rio, ou bien le CNO du Qatar et le gouvernement du Liechtenstein qui ont financé en 2017 le lancement par le CIO de la Olympic Refuge Foundation. Le principal problème auquel est confronté le CIO est le recensement des athlètes de haut niveau ayant le statut de réfugié. En passant par la Solidarité olympique, il se retrouve face à des CNO de départ qui n’ont pas forcément intérêt à communiquer les noms d’éventuels candidats ayant quitté leur territoire, et face à d’autres situés à l’arrivée mais qui méconnaissent l’existence de compétiteurs réfugiés dans leurs frontières. Et le HCR n’est pas toujours d’un grand secours car cette organisation n’est pas particulièrement compétente en matière de sport. L’autre difficulté consiste à opérer des choix entre les nations de provenance des athlètes, ce qui revient indirectement à stigmatiser certains pays africains ou du Proche et Moyen-Orient. De fait, le CIO n’a jamais sélectionné dans son EOR des athlètes ayant fui la Russie et ses périphéries ou bien la Chine. Malgré tout, le CIO a maintenu par la suite ce principe d’une équipe de réfugiés et le nombre des athlètes concernés n’a cessé de croître : 29 à Tokyo en 2021 et 37 à Paris en 2024. Le premier médaillé d’une EOR est la boxeuse camerounaise Cindy Ngamba qui finira à la troisième place de sa catégorie en 2024.

    Une plaidoirie musicale en faveur de la protection de la nature et du brassage racial

    26Comme toutes celles qui l’ont précédée, la cérémonie d’ouverture de Rio fonctionne comme un double plan de communication à destination des Brésiliens pour les remplir de fierté, et à destination des étrangers à des fins de séduction culturelle. Elle a pris place dans le stade Maracanã inauguré en 1950 pour la Coupe du monde de football avec une capacité de 200 000 places, qui en faisait alors le plus grand stade du monde. Réduit par la suite à 78 000 places, il symbolise néanmoins le peuple brésilien du football. C’est sous les huées que le président temporaire Michel Temer déclare l’ouverture des Jeux de Rio.

    27Deux ans plus tôt, pour la Coupe du monde de football, le Brésil s’était présenté comme une république fédérale parfaite, inclusive au point de vue social et suffisamment stable pour attirer les touristes et les investisseurs dans un cadre naturel et architectural tout à fait singulier. Placé sous la devise « A New World », le spectacle musical et dansé de 2016 est certes tourné vers l’avenir, mais il n’élude ni les drames passés de la colonisation et de l’esclavage ni les difficultés sociales du présent.

    28Certes, il promeut un Brésil imaginaire tout entier construit autour du mélange de la nature et de la modernité, de la fusion des races dans la nation, et de l’intégration dans la globalisation de ses régions pourtant si inégales au plan socio-économique. L’émergence du Brésil et son entrée dans le groupe des nations qui dominent le monde est un thème central qui reprend un cliché récurrent dans l’histoire du pays depuis la fin du xixe siècle. De fait, les espoirs d’égalité du peuple brésilien et les discours de communication de ses élites politiques ont toujours été démentis par les inégalités structurelles de la société, et par la dépendance technologique et économique du pays par rapport aux États-Unis notamment.

    29Si le relais de la flamme a parcouru toutes les régions qui composent le Brésil, il s’est concentré en revanche dans les trois États du Sud les plus peuplés et les plus riches, ceux de Sao Paulo, Rio de Janeiro et Belo Horizonte. Le favori du public, comme de la presse, pour être le dernier porteur de la flamme, n’est autre que le footballeur Pelé qui incarne la brasilianité et la réussite pour avoir remporté à trois reprises la Coupe du monde de football. Parfois contesté pour son silence durant les années de la dictature militaire qui a utilisé son image, il renonce pour des raisons de santé à jouer ce rôle et cède sa place au marathonien Vanderlei Cordeiro de Lima qui était devenu célèbre en 2004 pour avoir été victime d’une agression et n’avoir obtenu que le bronze alors qu’il menait la course au 35e km.

    30Outre ce modèle de fair-play, les organisateurs ont également voulu communiquer en direction du public étranger sur le thème de la nature et de la Bossa Nova avec les deux mascottes Tom et Vinicius. Empruntant leurs noms aux fameux musiciens Tom Jobim et Vinicius de Morais, elles sont censées représenter les animaux et les arbres typiques du Brésil. Alors que le Brésil est souvent critiqué par les défenseurs de l’environnement pour la destruction irraisonnée de sa forêt amazonienne, les organisateurs ont offert à chacun des 11 000 athlètes une graine d’arbre et un peu de terre à des fins de reforestation mais la forêt prévue n’a jamais été plantée.

    31Environ trois milliards de personnes auraient visionné ce spectacle conçu par 5 000 volontaires, 300 concepteurs, 200 danseurs professionnels et 500 percussionnistes pour inspirer la joie et célébrer la protection de l’environnement. Pour cela, le directeur artistique Fernando Mereilles a recours à plusieurs symboles comme le logo « Peace and Love » dessiné en 1958 par l’artiste britannique Gerald Holtom dans le cadre de la campagne pour le désarmement nucléaire, ou bien la top model transgenre Leandra Medeiros Cerezo. En ouvrant la délégation brésilienne, cette dernière est à l’unisson avec la décision du CIO d’ouvrir les compétitions aux athlètes transgenres sans obligation de procéder à une intervention chirurgicale.

    32Plusieurs tableaux se sont succédé qui proposent une lecture environnementaliste de l’histoire brésilienne tout en lançant un appel à l’humanité entière pour réduire les émissions de gaz carbonique. Sur le modèle de Sydney 2000, les organisateurs n’ont pas oublié de donner le premier rôle aux peuples premiers, ici les Amérindiens, en les représentant comme vivant en harmonie avec la nature. Ils n’ont pas davantage omis d’évoquer la souffrance de la déportation pour les esclaves africains arrivés à bord des caravelles portugaises, puis leur asservissement dans le but de transformer l’immense forêt en étendues de canne à sucre. Dans certains médias et dans les cercles intellectuels, des débats ont pu porter sur l’omission des actes de résistance des esclaves, ou sur l’euphémisation des discriminations raciales. Le choix délibéré de mettre au premier plan les « Turco-Syriens » et les Japonais comme représentatifs de l’immigration de masse des années 1880-1930, alors qu’ils n’en constituent que des groupes minoritaires, s’explique par le contexte de la guerre civile en Syrie qui a jeté en novembre 2015 hors du pays plusieurs millions de migrants, et par la programmation des Jeux olympiques suivants à Tokyo.

    33La deuxième partie du spectacle intitulée « Métropolis » s’ouvre par le surgissement d’une ville composée d’éléments géométriques que traversent des danseurs adeptes du Parkour, une pratique sportive urbaine que le CIO songe à intégrer à ce moment-là dans son programme olympique. Plusieurs éléments sont ensuite mobilisés pour évoquer la marche du Brésil vers la modernité : l’avion biplan 14-bis sur lequel l’aéronaute brésilien Alberto Santos-Dumont réalise à Bagatelle, le 23 octobre 1906, le premier vol public au monde, la Bossa Nova de Tom Jobim avec son succès international Garota de Ipanema (1962), les courbes de béton de l’architecte Oscar Niemeyer, le standard Rap da Felicidade issu du genre musical funk carioca pour dénoncer la violence qui meurtrit les habitants des favelas. Suivent un mélange de rap et de capoeira, cette danse de combat clandestine des esclaves qui a connu un nouvel essor durant les années de la dictature militaire, et pour finir le titre País Tropical (1969) de Jorge Ben Jor qui n’a cessé de diffuser dans le monde entier l’image d’un Brésil accueillant et tolérant.

    Les retours bien tardifs du golf et du rugby dans sa version à VII

    34Avec le retour du golf et du rugby, sortis du programme olympique respectivement en 1908 et 1928 du fait de leur professionnalisation, le CIO n’a pas exactement souhaité réparer une injustice mais plutôt intégrer des sports prisés dans les pays du Commonwealth et au-delà depuis que leur mondialisation s’est enclenchée dans les années 1980. La médiatisation croissante du rugby et l’accès des classes moyennes au golf dans les pays riches génèrent des revenus et une visibilité auxquels l’institution lausannoise ne pouvait pas rester insensible.

    35De son côté, l’International Rugby Board (IRB) qui s’est engagé dans une double démarche de mondialisation de son sport, avec la création de la Coupe du monde en 1987, et de professionnalisation délibérée de ses joueurs en proclamant la fin de la règle de l’amateurisme en 1995, comptait bien profiter de l’universalité des Jeux olympiques. Quoique le président belge du CIO Jacques Rogge soit un ancien international de jeu à XV, et même s’il a obtenu la reconnaissance du CIO en 1994, l’IRB échoue à faire entrer le rugby à XV au programme des Jeux de Pékin 2008 puis de Londres 2012. Pour répondre aux critiques portant sur le trop grand nombre de joueurs mobilisés, la complexité des règles, le haut niveau de violence physique, la faible féminisation de la pratique, le président français de l’IRB Bernard Lapasset (2008-2016) va s’appuyer sur l’agence britannique de relations publiques Vero Consulting, qui est réputée avoir joué un rôle décisif dans l’obtention des Jeux de 2012 par Londres. L’idée est de vanter auprès de chacun des membres du CIO la modernité du rugby à VII qui a émergé dans le cadre des Jeux du Commonwealth dans les années 1970. Avec son moindre nombre de joueurs, la substitution de la course et de l’évitement aux phases de contacts et de corps à corps et la forte diminution de son temps de jeu à deux mi-temps de sept minutes, le jeu à VII présente comme autres avantages d’être ouvert à davantage de pratiquantes et au public féminin, et de donner leurs chances d’intégrer le tableau final à de nouvelles nations comme les îles Fidji, les Samoa, le Kenya ou bien encore le Portugal et les États-Unis. La réussite médiatique des Coupes du monde de rugby à VII masculin et féminin finit de convaincre le CIO qui adopte en 2009 l’introduction à Rio de ce nouveau sport par 81 votes favorables sur 90.

    36Lors de cette session de Copenhague, le CIO a également acté la réintégration du golf au sein des Jeux olympiques pour 2016 en imposant à ce sport des contraintes somme toute similaires au cas du rugby comme la structuration en une fédération internationale, sa présence sur tous les continents et la modification de ses règles du jeu selon un format court dit stroke-play (plus petit nombre de coups joués par parcours) sur 72 trous en quatre jours consécutifs. La difficulté la plus grande pour le milieu du golf international aura été de dépasser les clivages historiques entre le Royal & Ancient Golf Club of St Andrews (R&A) en Écosse qui régule le jeu depuis 1754, la United States Golf Association (USGA) qui règne sur les États-Unis et le Mexique depuis 1894, et l’Association européenne de golf qui réglemente la pratique sur le continent européen depuis 1937, ainsi que le passage précoce de ce sport à l’ère professionnelle dès l’entre-deux-guerres avec des tournois prestigieux qui n’ont rien à envier aux Jeux olympiques. Si les continentaux prennent l’initiative de constituer en 1989 la World Golf Association, ils doivent s’en remettre au World Amateur Golf Council (WAGC) constitué en 1958 par l’USGA et par le R&A pour véritablement lancer le processus d’intégration olympique à l’approche des JO d’Atlanta 1996. La transformation en 2003 du WAGC en une International Golf Federation d’ambition planétaire et conforme aux attentes du CIO en matière de lutte contre le dopage et contre les discriminations, aura constitué une étape décisive, de même que la garantie obtenue de la participation des meilleurs joueurs et joueuses professionnels au tournoi olympique.

    37Rénover le programme olympique en faisant entrer de nouveaux sports sans augmenter le nombre d’athlètes est une gageure pour le CIO qui cherche par ailleurs à se séparer de certains sports jugés peu rentables du point de vue de l’audimat et aussi difficilement gouvernables du fait d’affaires de corruption ou de dopage. En février 2013, à la suite d’une décision de la commission exécutive du CIO, la lutte est préalablement retirée du programme et mise en concurrence avec des sports sur lesquels le CIO a des visées pour des raisons géopolitiques (wushu chinois ou karaté japonais) ou bien pour rajeunir son public (escalade, roller, baseball-softball, squash, wakeboard). Pour contrer cette offensive, la FILA organise dans la gare centrale de New York, en mai 2013, une compétition spectaculaire entre les meilleurs lutteurs des États-Unis, de Russie et d’Iran. Ce « Rumble on the Rails » défie d’autant plus la géopolitique du moment que Vladimir Poutine et Barack Obama ont pris la défense de la lutte qui sera finalement sauvée lors de la session du CIO du mois de septembre suivant par 49 voix contre 24 pour le baseball et 22 pour le squash. Sur cette lancée, sous la présidence de l’hommes d’affaires serbe Nenad Lelovic qui a fait fortune dans le tourisme sur la côte dalmate et dans l’industrie du bâtiment en Russie, la FILA a adopté en 2014 le nouveau nom de United World Wrestling. Quoique les cas de dopage avérés y soient considérables, la lutte et l’haltérophilie, qui lui est historiquement apparentée, devraient échapper à une éventuelle sortie du programme olympique grâce au succès mondial des fitness centers et à la diffusion d’une culture globale de l’hyper-virilité.

    L’exceptionnelle seconde place de la Grande-Bretagne

    38Les États-Unis écrasent la compétition avec 46 titres et un total de 121 médailles dont la moitié en natation (33 sur les 104 attribuées, et 16 en or contre seulement 3 pour l’Australie) et en athlétisme (32 sur les 141 podiums possibles, et 13 en or contre 6 pour le Kenya et la Jamaïque). Avec quatre médailles d’or en gymnastique pour un total de 12 podiums, les États-Unis sont talonnés de très près par la Russie, mais repoussent au loin la Grande-Bretagne (7 médailles), et surtout le Japon et l’Ukraine (3 podiums chacun). Malgré un léger retrait par rapport à Londres (56 %), les sportives américaines confirment la tendance amorcée à Pékin d’un plus grand nombre de médailles (50,4 %) que leurs camarades (46,3 %). Cette différence, qui consacre cinq décennies de rattrapage en matière de haut niveau sportif féminin, sera portée à 58 % contre 36 % pour les hommes à Tokyo, puis à 54 % contre 41 % à Paris.

    39Mais, la grande nouveauté est l’arrivée du Royaume-Uni sur la deuxième marche du podium, avec 67 médailles et 27 titres, dans le droit fil des excellents résultats réalisés en 2008 et 2012. En dehors des 2 médailles d’or inédites de Max Whitlock en gymnastique, il s’agit de 6 titres en cyclisme avec notamment Bradley Wiggins, 3 en aviron, 2 en athlétisme, canoë, équitation et voile. On y ajoutera les victoires de Mo Farah sur 5 000 et 10 000 m qui réédite donc son exploit de Londres, de Justin Rose en golf, de l’équipe féminine de hockey sur gazon, et d’Andy Murray en tennis. En regard, la France conserve un profil multisportif avec 42 médailles réparties entre 15 sports avec un effacement de l’escrime (3 podiums et un seul titre en épée par équipes) devant la boxe (6 dont les 2 or d’Estelle Mossely et de Tony Yoka) et le judo (5 dont les titres d’Émilie Andéol et Teddy Riner).

    40Avec une médaille d’or en moins que le Royaume-Uni, la Chine parvient tout de même au second rang au nombre total de médailles (70). Plus de la moitié des victoires chinoises tiennent dans trois disciplines : le plongeon où sa domination est écrasante avec 7 médailles d’or sur les 8 attribuées, l’haltérophilie avec 5 titres sur 14, et le tennis de table pour les 4 titres mis en jeu. Du fait du resserrement des contrôles antidopage, la natation chinoise n’arrive plus à émerger qu’avec une seule victoire et six podiums. Plus encore, la Chine peine à s’éveiller en athlétisme avec seulement deux victoires sur le 20 km marche hommes et femmes. Sur un modèle assez similaire à celui de l’URSS des années de guerre froide, la progression chinoise s’explique avant tout par les performances de ses sportives qui lui rapportent 60 % du total de ses 70 médailles et 14 titres sur 26.

    41L’interdiction de participer opposée aux athlètes russes en athlétisme n’a pas entraîné une dégringolade au classement de la nation qui est la plus titrée au Jeux olympiques après les États-Unis. Son quatrième rang reste honorable mais il révèle un resserrement de ses 19 médailles d’or sur 9 sports, ce qui n’augure rien de bon pour l’avenir. La centration des victoires sur la lutte, l’escrime et la gymnastique éloigne ainsi la Russie de Vladimir Poutine de la polyvalence sportive de l’ère soviétique. L’absence de médailles d’or en canoë, cyclisme, haltérophilie et natation est, elle aussi, tout à fait inédite.

    42Alors que les nations occidentales dominent outrageusement le tableau des médailles, on voit poindre tout de même le Brésil (13e) et Cuba (18e) grâce aux sports de combat et de ballon, ainsi que le Kenya (15e) et la Jamaïque (16e) portés uniquement par l’athlétisme. À leur opposé, les îles Fidji, la Jordanie et le Kosovo se glissent pour la première fois parmi les 87 délégations honorées d’au moins une médaille sur les 207 engagées. Sans conteste la meilleure équipe de rugby à VII au monde depuis le lancement de cette discipline, les Fidjiens ont aisément remporté leur finale face à la Grande-Bretagne par 43 à 7, et ils renouvelleront cette performance à Tokyo face à la Nouvelle-Zélande par 27 à 12. D’une famille palestinienne autrefois déplacée en Jordanie, le taekwondoïste Ahmad Abu-Ghaush a apporté la médaille d’or à son pays qui l’attendait en vain depuis 1980. Quant à la judokate kosovare Majlinda Kelmendi, qui a rang de colonel dans l’armée albanaise du fait de sa double nationalité, elle a d’abord concouru pour Tirana en 2012, puis elle est devenue la première athlète du Kosovo à remporter une médaille et un titre.

    Une concentration d’athlètes à la longévité remarquable

    43Les succès à retardement de la lutte antidopage, le recul de la Russie et la stagnation des résultats chinois expliquent largement que plusieurs athlètes, aussi exceptionnels soient-ils, cumulent plusieurs médailles lors des mêmes Jeux olympiques et sur plusieurs éditions successives : le sprinter jamaïcain Usain Bolt avec un troisième triplé totalement inédit sur 100 m, 200 m et relais 4 × 100 m, le nageur américain Michael Phelps qui totalise treize titres individuels et 28 podiums, ses deux compatriotes Katie Ledecky et Simone Biles, le coureur de demi-fond britannique Mo Farah, la lutteuse Japonaise Kaori Icho avec un 4e titre de suite. Parmi les multimédaillés sur plusieurs éditions, on pourrait citer également Isabell Werth, qui devient la cavalière la plus titrée de l’histoire olympique, ou Kimberly Rhode en tir sportif qui est montée chaque fois sur le podium en six participations.

    44En remportant quatre titres à Rio de Janeiro, la gymnaste Simone Biles incarne le nouvel élan du haut niveau sportif américain. Élevée dès sa plus tendre enfance dans un foyer d’accueil, puis par ses grands-parents maternels, Biles est inscrite à l’enseignement à distance à l’âge de 15 ans pour pouvoir se consacrer à sa trentaine d’heures d’entraînement hebdomadaire. Devenue professionnelle à 18 ans, elle passe contrat avec la société de marketing sportif Octogon, une ancienne filiale de l’agence ProServ bien connue dans le tennis pro. Dans un pays qui plébiscite les salles de gymnastique et de danse, les concours de mini-miss et la chirurgie esthétique, les sponsors n’ont pas manqué : Nike, Kellogg’s, Procter & Gamble, United Airlines. Après une seule médaille de bronze à Tokyo du fait d’une dépression, Biles renouera avec le succès olympique à Paris en 2024, cette fois pour la marque californienne de vêtements Gap alors mise en difficulté par la vente en ligne.

    45Âgée seulement de 15 ans pour son premier titre olympique à Londres, Ledecky deviendra l’athlète féminine la plus récompensée de l’histoire des JO, à égalité avec Larissa Latinyna, grâce à ses neuf médailles d’or (quatre à Rio, deux autres à Tokyo et à Paris), auxquelles il faut ajouter vingt et un titres aux mondiaux et seize records du monde. D’origine tchèque, askhénaze et irlandaise, née dans la riche banlieue de Washington, elle s’est entraînée au lycée catholique du Sacré-Cœur de Bethesda, puis au Nation’s Capital Swim Club qui est le club d’excellence des États-Unis, enfin à Stanford University où elle obtiendra une licence de psychologie et sciences politiques en 2021.

    46La vie de Mo Farah, quant à elle, est révélatrice du destin des migrants d’origine africaine qui ont réussi à s’insérer par le sport dans une société britannique très inégalitaire. Des Jeux de Londres à ceux de Rio de Janeiro, les tabloïds et les magazines télévisés ont accumulé ses récits de vie en forme de success story et de plaidoyer pour le modèle britannique d’intégration des migrants. Or, dans un documentaire de 2022 sorti par la BBC et par les Red Bull Studios qui sont liés à son sponsor, Mo Farah révélera qu’il n’est pas né dans une famille somalienne habitant en Angleterre, mais qu’il y est arrivé sous un faux nom, à l’âge de 9 ans, dans le cadre d’un trafic d’enfants exploités comme domestiques. Par ailleurs, son appartenance entre 2011 et 2017 au Nike Oregon Project a fait naître des doutes sur ses performances dans la mesure où l’USADA a banni en 2019 pour quatre ans son coach Alberto Salazar pour trafic de testostérone. La célèbre marque américaine de chaussures de sport ayant immédiatement mis fin à ce programme, Farah n’a jamais été convaincu de dopage.

    La reprise en mains de l’antidopage par le CIO avec la création de l’ITA

    47La révélation en 2015 d’une culture systémique du dopage en Russie et la décision prise par Sebastian Coe d’interdire la participation des athlètes russes aux Jeux de Rio ont considérablement diminué les cas de disqualification par rapport à Londres en 2012. On recense seulement neuf athlètes qualifiés mais empêchés de participer, dont un cavalier français, auquel il faut ajouter les 111 athlètes retirés par le CIO de la liste des 389 compétiteurs présentée par la Russie. Neuf autres sont disqualifiés au cours des Jeux ou bien a posteriori : quatre haltérophiles (Kazakhstan, Kirghizistan, Mongolie, Roumanie), un boxeur russe, un céiste moldave, un cycliste brésilien, une nageuse chinoise et une sprinteuse kazakhe.

    48L’affaire de Sotchi n’a pas seulement poussé le CIO à pratiquer le retesting à grande échelle, elle a également mis en évidence les limites de la double délégation du contrôle antidopage à des agences nationales et à des FI qui dysfonctionnent du fait de conflits d’intérêts. Aussi, lors de son sommet olympique en 2015, le CIO a-t-il proposé de créer une organisation indépendante qui serait chargé d’effectuer elle-même les contrôles pendant et en dehors des Jeux olympiques, et de la financer dans un premier temps, ce qui est une manière de reprendre la main sur ce dossier au détriment de l’AMA.

    49En mai 2017, le Conseil de fondation de l’AMA finalement a donné son accord pour que cette agence de contrôles internationale (ITA) soit constituée en 2018 sous la forme d’une fondation de droit suisse à but non lucratif installée à Lausanne, et qu’elle absorbe l’organisme antidopage de la GAISF dont le CIO venait de reprendre le contrôle. L’ITA est constituée sur la base du volontariat, ce qui explique que les FI d’athlétisme, de cyclisme, de football et de tennis n’ont pas souhaité en faire partie à sa création. Pour les autres FI, ou pour les organisateurs d’événements sportifs, l’ITA fonctionne comme un prestataire de services sur la base d’un paiement à l’utilisation.

    50Devenue pleinement opérationnelle en juillet 2018 avec le soutien financier du CIO, agissant pour le compte de 41 FI en 2019 (et de l’UCI à compter de 2021), elle est en charge des contrôles antidopage avant et pendant les jeux de Tokyo 2021, et du réexamen des échantillons prélevés durant les compétitions olympiques qui ont précédé sa création. C’est dans ce cadre-là qu’elle a mis à jour quatre-vingt-huit cas de violation des règles antidopage lors des jeux de Pékin 2008 et cent quatre-vingts autres pour Londres 2012 grâce au retesting effectué après la révélation du scandale de dopage de Sotchi en 2015. Son conseil de surveillance de cinq membres est présidé depuis sa création par la médecin française Valérie Fourneyron, qui est l’ancienne ministre socialiste des sports du gouvernement de Jean-Marc Ayrault (2012-2014). L’ITA a pu être paradoxalement critiquée pour son manque d’indépendance puisque les gouvernements n’y sont pas représentés. Ils le sont en fait indirectement car l’AMA dispose d’un représentant d’office, sans droit de vote, au sein du Conseil d’administration de l’ITA.

    51De fait, le contrôle de l’antidopage mondial est passé sous l’influence du CIO puisque deux membres sur cinq du Conseil de fondation de l’ITA lui sont liés : le président turc de la FI de tir à l’arc Ugur Erdener, qui est vice-président du CIO depuis 2016, et Kirsty Coventry élue à la tête de la Commission olympique des athlètes. Devenue ministre des sports du Zimbabwe en 2018 et membre de la Commission exécutive du CIO en 2023, cette dernière s’est déclarée en 2024 candidate à la succession du président Thomas Bach. Le représentant des FI au sein de l’ITA est l’Italien Ricci Bitti, l’ancien président de 1999 à 2015 de la FI de tennis (une fédération d’ailleurs restée en dehors de l’ITA), qui sera élu par la suite président de l’Association des FI de sports olympiques d’été. Que le seul membre indépendant, outre la présidente Fourneyron, soit Peije Chen, le président de l’Institut d’éducation physique de Shanghai, explique vraisemblablement pourquoi deux administrateurs indépendants supplémentaires ont été nommés depuis lors.

    Le CIO face aux cas des athlètes intersexes et transgenres

    52Double médaillée d’or sur 800 m à Londres en 2012 et à Rio de Janeiro, la coureuse sud-africaine du 800 m Caster Semenya a manqué ne pas pouvoir participer à ces deux éditions des JO. En revanche, elle devra renoncer aux Mondiaux d’athlétisme à Doha en 2019 et aux Jeux de Tokyo en 2021. En effet, alors qu’elle a été assignée de sexe féminin à la naissance, les instances internationales de l’athlétisme lui reprochent son hyperandroginie. Quant au cas des athlètes transgenres, le CIO a assoupli en 2015 ses règles, de manière pionnière par rapport à toutes les FI, mais aucun n’a participé aux Jeux de Rio.

    53Concernant Semenya, quelques heures avant la finale des championnats du monde 2019 de Berlin, l’IAAF avait décidé de la soumettre à des tests de féminité sur la base de son apparence physique et de sa voix jugées masculines. Les médecins avaient alors conclu à son intersexuation avec un génotype masculin XY, des testicules internes, un vagin mais ni utérus ni trompes de Fallope, et une production inhabituelle de testostérone. En juillet 2010, l’IAAF l’autorise toutefois à participer à ses compétitions mais sous réserve qu’elle abaisse son taux de testostérone sous la limite de la normale pour une femme. Cette décision est aussitôt contestée par ses avocats et par son CNO comme discriminante puisque cette athlète est née ainsi, que la barrière de cinq nanomoles de testostérone par litre est une pure convention, que les frontières génétiques entre hommes et femmes sont complexes et mouvantes, et que de fortes différences de production de testostérone existent aussi entre les hommes sans que ces derniers ne soient testés.

    54L’affaire est relancée en 2018 lorsque l’IAAF prend un règlement sur cette question qui impose aux sportives en excès d’hormones masculines de prendre un traitement antiandrogène. Soutenue par le gouvernement sud-africain, qui interprète cette décision comme typiquement « misogynoire », c’est-à-dire à la fois sexiste et raciste, ainsi que par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, elle dépose un recours pour atteinte à la vie privée, discrimination, et souffrances causées par une médication qui l’a traitée en cobaye, auprès du TAS qui donne raison à l’IAAF en mai 2019 par deux voix contre une. Après la décision ultime de la Cour suprême suisse qui est défavorable à Semenya au motif qu’elle est libre ou non de prendre les médicaments concernés, ses conseils décident de sortir du cadre contraint du droit du sport pour porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme. Cette autre instance finit par lui donner raison en novembre 2023 même si un nouveau jugement est attendu de la part de la Grande chambre de cette même cour.

    55Cette question de la stricte égalité entre les concurrents est commune dans les sports paralympiques où l’on redéfinit sans cesse les catégories et sous-catégories au point qu’il en existera plus de cinq cents aux Jeux de Paris en 2024. Elle ne l’est pas du tout dans l’univers des athlètes valides puisque la construction même des Jeux olympiques repose sur une stricte séparation entre valides et non valides, femmes et hommes, jeunes et seniors, voire entre humains et animaux sauf dans le cas de l’équitation. Ainsi la skieuse américaine Lindsey Vonn n’est pas parvenue à concourir chez les hommes malgré ses demandes répétées auprès de la FI de ski entre 2012 et 2018 au motif allégué qu’il existe deux coupes du monde de ski, l’une pour les hommes, l’autre pour les femmes.

    56La question se pose également pour les athlètes ayant changé de sexe, à propos desquels le CIO a émis une première recommandation dès 2003. Trois conditions étaient alors suggérées pour leur participation aux compétitions internationales : avoir subi une opération de changement de sexe, y compris des modifications des organes génitaux externes et une gonadectomie, prouver que leur sexe est légalement reconnu, et avoir suivi une thérapie hormonale pendant deux années avant leur participation. Critiqué pour discrimination, et reconnaissant que la transition n’est pas reconnue par de nombreux États et qu’on ne saurait infliger une opération à des athlètes en bonne santé, le CIO a révisé sa position en 2015. Les athlètes passés du sexe féminin au sexe masculin sont autorisés à concourir sans restriction tandis que les athlètes transgenres initialement masculins sont soumis à une déclaration de sexe d’une ancienneté d’au moins quatre ans, et à la démonstration d’un niveau de testostérone inférieur à dix nanomoles par litre pendant au moins un an avant la compétition et tout au long de la période d’éligibilité.

    57C’est dans ce contexte que le décathlonien américain Bruce Jenner, médaillé d’or à Montréal, a annoncé en juin 2015 sa transition de genre et adopté le prénom Caitlyn comme nouvelle identité. Les deux premiers athlètes ouvertement transgenres à participer aux Jeux seront l’haltérophile néo-zélandaise Laurel Hubbard et la footballeuse canadienne non binaire Quinn à Tokyo en 2021.

    Bibliographie

    Neri Marcelo, Evaluating the Local Impacts of the Rio Olympics, Abigdon, Taylor & Francis, 2020.

    De Souza Malanski Daniel, Narratives of Brazil. Brazilian Identity Representations in International Mega-Events–The Cases of the 2014 FIFA World Cup and the 2016 Summer Olympics, PhD in Cultural History and Audiovisual Communication, université Sorbonne Nouvelle/Universitat Autònoma de Barcelona, 2019.

    Zimbalist Andrew, Rio 2016. Olympic Myths, Hard Realities, Washington, Brookings Institution Press, 2017.

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    Clastres, Patrick. « Chapitre XXVIII. Rio de Janeiro 2016 ». In Les Jeux olympiques de 1892 à 2024. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2025. https://doi.org/10.4000/13j2j.
    Clastres, Patrick. « Chapitre XXVIII. Rio de Janeiro 2016 ». Les Jeux olympiques de 1892 à 2024, Presses universitaires de Rennes, 2025, https://doi.org/10.4000/13j2j.

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    Clastres, P. (2025). Les Jeux olympiques de 1892 à 2024 (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/13j3u
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    Clastres, Patrick. Les Jeux olympiques de 1892 à 2024. Presses universitaires de Rennes, 2025, https://doi.org/10.4000/13j3u.
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