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  • Chapitre XX. Los Angeles 1984
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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Une élection gagnée d’avance et un banc d’essai pour le sponsoring du CIO Le boycott soviétique provoqué par les néoconservateurs américains Un show hollywoodien en guise de soft power La poursuite, non sans préjugés, de la féminisation des épreuves et l’essai du windsurf Natation synchronisée made in USA et gymnastique rythmique et sportive d’URSS L’hégémonie des États-Unis entachée a posteriori par des cas de dopage Le deuxième rang exceptionnel de la Roumanie Le plongeur Louganis, le triple sauteur Al Joyner et le sprinteur Carl Lewis En marge du surgissement chinois, des boxeurs de la Dominique, d’Algérie et de Zambie La « révolution Dassler » du CIO Bibliographie

    Les Jeux olympiques de 1892 à 2024

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    Table des matières

    Chapitre XX. Los Angeles 1984

    La deuxième vague du capitalisme californien

    p. 241-252

    Texte intégral Une élection gagnée d’avance et un banc d’essai pour le sponsoring du CIO Le boycott soviétique provoqué par les néoconservateurs américains Un show hollywoodien en guise de soft power La poursuite, non sans préjugés, de la féminisation des épreuves et l’essai du windsurf Natation synchronisée made in USA et gymnastique rythmique et sportive d’URSS L’hégémonie des États-Unis entachée a posteriori par des cas de dopage Le deuxième rang exceptionnel de la Roumanie Le plongeur Louganis, le triple sauteur Al Joyner et le sprinteur Carl Lewis En marge du surgissement chinois, des boxeurs de la Dominique, d’Algérie et de Zambie La « révolution Dassler » du CIO Bibliographie

    Texte intégral

    1Quatre ans après le boycott massif des Jeux de Moscou, ceux de Los Angeles sont privés de la présence de l’URSS et de ses alliés alors même que le camp communiste tenait absolument à venir triompher sportivement aux États-Unis. Au final, l’URSS s’est retrouvée prise au piège de l’apolitisme du sport avec des coûts stratégiques élevés dans la mesure où le camp communiste est apparu divisé du fait de la présence de la Roumanie, de la Yougoslavie et de la Chine. En outre, sa réputation s’est affaiblie au sein des organisations sportives internationales dont les dirigeants sont davantage sensibles à l’accusation de politisation des Jeux formulée par les États-Unis.

    2Quant aux États-Unis, ils ont finalement attendu un demi-siècle et la fin de la présidence de leur compatriote Avery Brundage pour obtenir une troisième fois les Jeux olympiques d’été après Saint-Louis en 1904 et Los Angeles en 1932. En ayant à l’esprit que Los Angeles obtiendra en 2017 encore une fois les Jeux pour 2028, on identifie un tropisme californien qui s’explique aisément par l’attrait économique et la stabilité politique de cette région du monde alors même que le CIO vient de basculer dans l’ère télévisuelle et commerciale.

    3Avec ces boycotts répétés, l’institution lausannoise est confrontée à une crise plus grave encore que les interruptions dues aux deux guerres mondiales car son univers parallèle se fragmente sous les coups portés par les deux Grands. Le risque et la crainte de la disparition ne quitteront plus dorénavant l’institution lausannoise qui multipliera dès lors les initiatives pour éviter le retour des boycotts.

    Une élection gagnée d’avance et un banc d’essai pour le sponsoring du CIO

    4Lors de la session olympique d’Athènes en mai 1978, c’est la première fois qu’une ville est élue sans concurrence depuis la fin du second conflit mondial. Assurément, le CIO nourrit une relation particulière avec la capitale de la Californie qu’il avait déjà choisie pour les Jeux de 1932. Il est vrai que Los Angeles présente toutes les garanties pour réussir un tel événement global : un comité d’organisation extrêmement mobilisé pour assurer le rayonnement économique et touristique de sa cité, un réseau d’entreprises dynamiques et inventives d’envergure mondiale, la proximité d’Hollywood et des relais médiatiques puissants, des universités riches et célèbres pour leurs athlètes de haut niveau ainsi que des clubs fameux insérés dans les ligues professionnelles, une présence visuelle des pratiquants sportifs dans la ville.

    5Pour le CIO, choisir Los Angeles après Moscou pour les Jeux d’été, comme d’ailleurs Sarajevo (Yougoslavie) après Lake Placid (État de New York) pour les Jeux d’hiver 1980 et 1984, c’est pratiquer une politique du balancier visant à satisfaire les deux superpuissances tout en les neutralisant. La malchance de l’institution lausannoise tient au fait que ces deux choix ont été réalisés juste avant le regel des relations internationales qui a transformé les JO de Moscou puis de Los Angeles en nouveaux points chauds de la guerre froide.

    6Tirant les leçons du gouffre financier de Montréal, le maire Tom Bradley a amendé la loi municipale pour que l’aide publique soit limitée à 5 millions de dollars et il s’en est remis au comité privé d’organisation mis sur pied par le chef d’entreprise Peter Ueberroth. Diplômé de commerce à San José State University, il a créé en 1963 First Travel Corporation qui est devenue la deuxième plus grande entreprise de transport américaine pour hommes d’affaires qu’il a revendue au moment de prendre la direction du Comité d’organisation des Jeux de Los Angeles. Entre son recrutement comme sixième commissionnaire de la ligue professionnelle de baseball de 1984 à 1989 et sa présidence du CNO américain de 2004 à 2008, il occupera des postes de direction ou prendra des participations dans diverses entreprises : Coca-Cola, golfs de la communauté résidentielle administrativement autonome de Pebble Beach en Californie, hôtels Hilton, société d’intérim Adecco, Hawaiian Airlines.

    7Si les Jeux de Los Angeles sont les premiers à permettre aux organisateurs de réaliser des bénéfices, ce fut grâce au modèle économique mis en place par Ueberroth qui repose sur une mobilisation des investisseurs privés, mais aussi sur une conception néolibérale des partenariats public-privé qui consiste à faire payer aux contribuables le coût des transports publics, de la sécurité et de nombreux autres services administratifs. Pour payer la police de Los Angeles, le fonctionnement du village des athlètes et les transports de la famille olympique, il a ainsi obtenu de recourir à la taxe locale sur les hôtels et la billetterie. Il a par ailleurs contenu les dépenses au-dessous de cinq cents millions de dollars en faisant financer la rénovation du Coliseum et la construction de la piscine et du vélodrome par des partenaires privés comme Atlantic Richfield Company, McDonald’s et la société-mère des commerces 7-Eleven.

    8Outre un contrat très avantageux avec la chaîne de télévision American Broadcasting Company (ABC) pour un montant record de 225 millions de dollars, il a mis en place un système de sponsoring à trois étages, qui sera peu ou prou repris dans le futur programme The Olympic Programme (TOP) du CIO en 1985 : 35 sponsors officiels avec un niveau d’entrée à 4 millions de dollars en argent ou en nature (American Express, Anheuser-Busch, AT&T, Attari, General Motors, Coca-Cola, Converse, Levi Strauss, McDonald’s, Mars, Motorola, Sanyo, United Airlines, Westinghouse, Xerox…), 64 fournisseurs officiels comme Adidas, Panasonic ou Toshiba, ainsi que 65 autres compagnies autorisées à utiliser le logo aux cinq anneaux pour leurs campagnes de publicité. Grâce au soutien qu’il a obtenu de la part des douanes américaines, qui ont refoulé les produits qui n’étaient pas sous licence, il a pu ainsi dégager 215 millions de dollars répartis entre l’USOC (40 %), les organes dirigeant du sport américain (20 %), et l’Amateur Athletic Foundation of Los Angeles en charge de la promotion du sport local (40 %).

    Le boycott soviétique provoqué par les néoconservateurs américains

    9Ces Jeux entrent dans l’histoire olympique au titre des boycotts d’ampleur mondiale à compter de l’annonce du retrait soviétique le 8 mai 1984 par le secrétaire général du parti communiste de l’URSS Constantin Tchernenko au pouvoir depuis trois mois. La géographie et le rythme auquel les pays annoncent leur retrait dessinent une carte parlante des alliés les plus fidèles de Moscou : Bulgarie et RDA le 10 mai, Mongolie et Vietnam le 11, Laos et Tchécoslovaquie le 13, Afghanistan, Hongrie le 16, Pologne le 17, Cuba le 23, Yémen du Sud le 27, Corée du Nord le 3 juin, Éthiopie et Angola le 27 juin, la Haute-Volta (qui change son nom durant les Jeux en Burkina Faso) de Thomas Sankara le 13 juillet, l’Iran le 2 août, puis la Libye, et enfin l’Albanie.

    10L’URSS avait pourtant attendu le dernier moment pour annoncer officiellement sa « non-participation », une formulation qui vise à se distinguer du boycott idéologique orchestré par les Américains quatre ans plus tôt, et ainsi à rester en conformité formelle avec le principe olympique de stricte séparation entre sport et politique.

    11La plupart des commentateurs de l’époque, et aussi des analystes ultérieurs, ont vu dans ces absences une simple réplique au boycott des Jeux de Moscou par les États-Unis et leurs alliés quatre ans plus tôt. Or, les dirigeants soviétiques nourrissaient l’espoir de l’emporter sportivement sur le sol américain comme le laissaient suggérer les triomphes de Munich en 1972 et surtout de Montréal en 1976 où sept pays communistes figuraient parmi les dix premiers du tableau des médailles. Les fonds d’archives du comité californien d’organisation, qui a conduit en direct les négociations avec l’URSS et ses dix-sept alliés, montrent que l’explication des représailles soviétiques, comme celle de la peur d’enregistrer une défaite sportive, n’ont aucun fondement.

    12L’absence soviétique doit, en fait, être portée au crédit des néoconservateurs américains issus de l’entourage de Ronald Reagan, le gouverneur de Californie de 1966 à 1974 qui sera élu président des États-Unis en novembre 1980. Ces derniers avaient claironné dans tous les médias, y compris sur Radio Free Europe à destination des pays de l’Est, longtemps en amont des Jeux, qu’en cas de venue de sportifs communistes en Californie, ils s’efforceraient de les faire passer le plus vite possible à l’Ouest. En ne se présentant pas, les dirigeants des pays communistes auraient voulu porter atteinte à la réussite annoncée de cet événement qu’ils dénoncent comme capitaliste par essence puisque financé intégralement par des intérêts privés. D’ailleurs, afin de démontrer l’échec du capitalisme californien, la propagande soviétique avait porté, dès les années 1970, sur l’incapacité juridique à agir du comité d’organisation et sur son financement souterrain par le gouvernement américain.

    13Un autre argument circulera en 2016 selon lequel l’URSS aurait renoncé à participer car elle craignait que les nouveaux contrôles antidopage ne lui soient défavorables. En pleine crise du dopage russe à l’occasion des Jeux de Rio, le New York Times a mis en effet en circulation un document daté du 24 novembre 1983 qui attesterait de la volonté de l’encadrement sportif russe de pratiquer de manière systématique des injections de stéroïdes anabolisants afin de s’assurer la victoire à Los Angeles. Ce document de 1983 permet d’établir en outre un lien entre le dopage des années 1980 et celui des années 2010 puisqu’il était signé par le docteur Sergei Portugalov, celui-là même que l’Agence mondiale antidopage considère en 2016 comme l’acteur-clé du dopage des années Poutine.

    Un show hollywoodien en guise de soft power

    14Alors que le programme moscovite s’offrait encore comme un spectacle de masse, la cérémonie d’ouverture de Los Angeles est développée comme un grandiose spectacle télévisuel qui participe à la rentabilité de l’événement olympique intégralement privatisé. Pour la première fois, la chaîne choisie par le pays hôte doit acheter le droit de filmer les Jeux, en l’occurrence ABC qui a été fondée en 1943 sous la forme d’un réseau radiophonique. Si on y ajoute les droits payés par les diffuseurs nationaux de par le monde, on comprend mieux l’envol des prix en quatre années de 87 à 287 millions de dollars. L’audience globale est estimée à 2,5 milliards de téléspectateurs contre 0,8 à Munich en 1972. C’est aussi en 1984 qu’apparaissent dans le stade des écrans géants en couleur retransmettant en direct les images des compétitions, ainsi que des tableaux électroniques indiquant le nom des séquences et des acteurs du spectacle d’ouverture des JO.

    15Comme à Moscou, mais sans en avoir été informés à l’avance, les spectateurs sont mobilisés par le speaker pour lever une plaque de couleur posée sous leur siège et former collectivement les drapeaux des 140 nations participant aux Jeux. Pour le reste, le cérémonial olympique est d’autant plus réduit à la portion congrue que le boycott soviétique rend impossible la passation du drapeau entre les autorités des deux villes. Apporté dans le stade par deux athlètes américaines médaillées des Jeux de 1920, Alice Lord Landon et Aileen Riggin Soule, il est rapidement remis au maire Tom Bradley par le président du CIO Juan Antonio Samaranch et immédiatement emmené hors de la tribune. Équipé d’une rocketbelt, initialement conçue pour l’armée puis devenue un accessoire de sport extrême, l’homme-fusée Bill Suitor décolle alors du haut du péristyle pour se poser au centre du stade sous les vivats de la foule. L’idée est de rappeler d’entrée de jeu que, dans le cadre de la course à l’espace, les États-Unis tiennent le premier rang depuis le pas posé sur la Lune par Neil Armstrong le 21 juillet 1969.

    16Connu pour avoir dirigé et produit le documentaire The Making of the President 1960 (1963), le film Willy Wonka & the Chocolate Factory (1971) ou la mini-série Roots pour ABC (1977), David Wolper a imaginé cinq tableaux musicaux en forme de plateaux de cinéma, à l’opposé donc des chorégraphies de masse soviétiques. Tout est pourtant à grande échelle depuis les décors installés et démontés par les danseurs jusqu’aux musiques jouées par la fanfare Olympic Marching Band constituée de 800 musiciens, en passant par la chorale des mille étudiants venus des universités du sud de la Californie, un corps de ballet de 300 danseurs, et la « drill team » composée de 1 200 majors et majorettes.

    17Totalisant seulement trente minutes, le spectacle Music of America est composé de six tableaux : les fanfares patriotiques du temps de la guerre d’Indépendance, des danses de style « country » pour évoquer la conquête de l’Ouest, les origines du jazz à la Nouvelle Orléans et le chant gospel avec When the Saints Go Marching In, la création à New York en 1924 de Rhapsody in Blue de Georges Gershwin qui est joué par 85 pianos, les comédies musicales sur des airs de swing, enfin des standards internationaux venus d’Amérique comme West Side Story ou Beat It de Michael Jackson. Pour le final America is Beautiful, tous les participants sont réunis pour composer une carte humaine des États-Unis, assurément en réponse à la mappemonde communiste qui avait clos le spectacle moscovite. Si, comme à Montréal, les Amérindiens sont les grands oubliés de ce roman olympique hollywoodien, la communauté afro-américaine est en revanche bien représentée avec ses jazzmen mais aussi avec certaines de ses gloires sportives.

    18Gina Hemphill représente, en effet, son grand-père Jesse Owens, le quadruple champion en 1936. Médaillé d’or en 1960, incarnation par excellence à l’écran du sauvage africain adversaire de Tarzan, le décathlonien Rafer Johnson a été choisi pour allumer la vasque de laquelle il se rapproche par un escalier mécanique sortant du sol. Il est aussi connu pour avoir maîtrisé en juin 1968 l’assassin de Robert Kennedy et pour avoir joué un rôle déterminant dans le lancement des Special Olympics, ces concours nationaux et internationaux réservés aux personnes atteintes de déficience intellectuelle. Et c’est le hurdler Edwin Moses, médaillé d’or en 1976 et resté invaincu sur 400 m haies, qui prête le serment olympique. Une telle reconnaissance permet aux organisateurs de répondre à la propagande soviétique qui dénonce les discriminations dont sont victimes les Afro-Américains aux États-Unis. Il reste que ces champions n’ont pas été choisis par hasard. Tandis que Owens est dénoncé comme un « white negro » par la nouvelle génération militante du Black Power, Moses a été coopté en 1982 par Samaranch au sein de la première Commission olympique des athlètes où il a rédigé la motion rejetant toute intrusion de la politique dans le mouvement olympique.

    La poursuite, non sans préjugés, de la féminisation des épreuves et l’essai du windsurf

    19Après le tournant des Jeux de Munich en 1972, Los Angeles constitue une nouvelle étape dans l’égalisation des genres en athlétisme avec l’institution du 400 m haies, du 3 000 m, et surtout du marathon. Quant à la transformation du pentathlon en heptathlon, elle représente une demi-victoire pour les femmes dans la mesure où le décathlon féminin ne figurera toujours pas au programme des Jeux de Paris quarante ans plus tard. L’heptathlon comprend trois courses, deux sauts et deux lancers, soit dans l’ordre des épreuves : 100 m haies (80 m avant 1969 et 110 m pour les hommes), saut en hauteur, lancer du poids (4 kg pour les femmes contre 7,257 kg pour les hommes), 200 m (400 m pour les hommes), saut en longueur, et les deux nouveautés que constituent le lancer du javelot et le 800 m (1 500 m pour les hommes). Mais il lui manque encore le 100 m, le saut à la perche et le lancer du disque pour retrouver les standards masculins.

    20Si une troisième épreuve, le 500 m K4, apparaît en canoë-kayak féminin, le cyclisme et le tir sportif sont parmi les sports les plus en retard en matière d’ouverture aux compétitrices. Il a fallu attendre 1984 pour que soit instaurée une première épreuve femmes sur route alors que les hommes ont droit, comme par compensation, à la nouvelle course dite « aux points ». En tir sportif, les sportives ont donc attendu quatre-vingt-dix ans pour accéder aux trois épreuves olympiques de tir, à la carabine à air comprimé à 10 m, au pistolet petit calibre et à la carabine trois positions. Pour autant, les épreuves avec armes lourdes et à plus grande distance leur sont toujours fermées.

    21De même, la planche à voile (windsurf) devient un sport de démonstration pour les hommes quand les femmes devront attendre les Jeux de Barcelone en 1992. Même si plusieurs tentatives ont eu lieu dans les années 1960 de créer une manière de naviguer debout sur une planche de bois équipée d’un gréement, le dépôt en 1968 du brevet Windsurfer devant le Bureau américain des marques va permettre le développement commercial de cet équipement et de la planche à voile. Le surfeur Hoyle Schweitzer et l’ingénieur aéronautique Jim Drake innovent de deux manières grâce au diabolo qui permet d’orienter le gréement en tous sens à la façon d’un cardan automobile, et au double arceau en forme d’os (wishbone) qui permet de tenir la voile. La suite est une histoire de concurrence entre marques entre lesquelles le CIO et la fédération internationale de voile (International Yacht Racing Union de 1907 à 1996, International Sailing Federation de 1996 à 2015, puis World Sailing) devront arbitrer : la Winglider de la société sarroise Osterman en 1984 au détriment de la Windsurfer américaine, et, à la surprise générale, la Lechner d’une petite société autrichienne en 1988 aux dépens de la planche suédoise Davidson pourtant consacrée dans le monde entier.

    Natation synchronisée made in USA et gymnastique rythmique et sportive d’URSS

    22La gymnastique rythmique et sportive (GRS) et la natation synchronisée (NS) ne renvoient pas seulement à une même lecture masculine et dominatrice du corps féminin, elles sont le produit de deux systèmes politiques concurrents, soviétique pour le premier et américain pour le second. En les introduisant aux Jeux de Los Angeles, sans savoir nécessairement que les pays de l’Est les boycotteraient, le CIO pratique une politique d’équilibre entre Est et Ouest.

    23L’intégration de la NS dans ses versions solo et duo, qui sera renommée natation artistique en 2017, est d’abord le résultat d’un bras de fer entre la FINA présidée par le Mexicain Javier Ostos (1968-1972 et 1976-1980) et le CIO qui a supprimé le 200 m quatre nages hommes et femmes et le relais 4 × 100 m nage libre hommes du programme des Jeux de Montréal et de Moscou. Aussi, en 1977, Ostos menace-t-il le CIO d’un retrait de la natation du programme olympique s’il n’est pas décidé de réintégrer les trois épreuves et d’y ajouter la NS. Alors que cette discipline n’est pas pratiquée dans vingt-cinq pays répartis sur au moins deux continents comme l’exige depuis 1972 la charte olympique, et que les polémiques dans les sports évalués par un jury n’ont cessé de croître du fait de la confrontation entre Est et Ouest, le CIO donne droit aux requêtes de la FINA au cours de sa session de Moscou en juillet 1980. On peut certes l’expliquer par la volonté de l’institution lausannoise de féminiser les JO en intégrant une discipline qui présente un caractère nettement « féminin » au sens où l’entendent les membres du CIO qui sont tous des hommes à ce moment-là. Mais il faut également prendre en compte les pressions exercées par le comité californien d’organisation qui a annoncé depuis le début qu’il présenterait une telle épreuve.

    24Cela s’explique par la popularité dans les années 1950 de la NS aux États-Unis qui puise ses racines dans les ballets aquatiques conçus par la nageuse australienne Annette Kellermann dès 1908, puis par la championne américaine de natation Esther Williams. Ce sont d’ailleurs les États-Unis et le Canada qui proposent en 1947 un premier règlement à la FINA, laquelle reconnaît cette discipline cinq ans plus tard à l’issue d’une démonstration organisée lors des Jeux d’Helsinki. Deux décennies seront encore nécessaires pour que la FI organise un premier championnat du monde à Belgrade en 1973 où la dimension acrobatique et sportive occupe dorénavant une place aussi importante que la dimension chorégraphique davantage inspirée de la danse classique avec ses tenues de ballet et ses gestes arrondis et ralentis. Au moment de leur décision en 1980, les membres du CIO ne pouvaient pas ignorer qu’ils favorisaient le camp occidental en lui permettant de gagner six médailles supplémentaires. De fait, les États-Unis, le Canada et le Japon se sont toujours partagé le podium de 1984 à 1996.

    25Pour ce qui est de la GRS, du fait du boycott de l’URSS, les deux premières médailles d’or sont revenues à la Canadienne d’ascendance sino-japonaise Lori Fung qui surclasse ses deux concurrentes roumaine et ouest-allemande, et c’est l’équipe espagnole qui devancera en 1996 la Bulgarie et la Russie. Les Russes l’emporteront ensuite systématiquement par équipes jusqu’au triomphe des gymnastes bulgares à Tokyo en 2020, et aussi en individuel à l’exception d’Atlanta où l’Ukrainienne Ekaterina Serebrianskaya monte sur la première marche du podium. À Los Angeles, contrairement aux éditions ultérieures, la composition du jury est davantage favorable à l’esthétique de la chorégraphie des gymnastes occidentales qu’à la prouesse acrobatique dont font preuve les championnes venues des pays de l’Est. La GRS connaît donc les mêmes débats que la natation synchronisée. Développée en URSS dans les années 1940 et reconnue en 1949 comme une nouvelle discipline par la FIG, cette compétition avec cinq engins (corde, cerceau, ballon, massues et ruban) sanctionne encore d’un point de pénalité les « acrobaties » dans son règlement de 1975, ce qui est favorable aussi aux Bulgares dont les compositions sont très chorégraphiées. Ayant conquis en 1976 la présidence de la FIG pour deux décennies, le gymnaste russe Yuri Titov n’a pas simplement obtenu en 1979 l’inclusion de la GRS au programme olympique, il en a fait évoluer les règles dans un sens beaucoup plus sportif au point qu’elle sera renommée tout simplement gymnastique rythmique en 1998 sous la présidence de son successeur, le professeur d’éducation physique italien Bruno Grandi.

    L’hégémonie des États-Unis entachée a posteriori par des cas de dopage

    26Si on excepte la participation de la Roumanie (2e), de la Chine (4e) et de la Yougoslavie (9e), et l’arrivée du Mexique, du Maroc, du Brésil, du Kenya et du Pakistan entre la 17e et la 25e place, le tableau des médailles de Los Angeles permet, cette-fois, de mesurer la puissance sportive relative des pays membres de l’OTAN. Comme l’URSS quatre ans plus tôt, les États-Unis écrasent la compétition avec un total de 174 médailles dont 83 en or.

    27Les deux tiers de leurs médailles reposent sur les mêmes 5 sports qui depuis plusieurs décennies constituent ses spécialités olympiques : la natation (34 dont 21 or), l’athlétisme (40 dont 16 or) et la gymnastique (16 dont 5 or), mais aussi la lutte très développée dans les universités (13 dont 9 or) et la boxe amateure qui constitue un tremplin vers la boxe professionnelle (11 dont 9 or). Preuve d’une meilleure coordination de la préparation olympique de ses athlètes, les États-Unis remportent des médailles dans 22 sports contre seulement 14, quatre ans plus tôt. Surtout, le nombre de sportives médaillées d’or s’est considérablement accru : 28 contre 3 en 1976, mais ce sera 12 en 1988. Il aura fallu une dizaine d’années pour que l’amendement « Title IX » de 1972 sur l’interdiction des discriminations dans l’enseignement universitaire donne des résultats dans le domaine du sport de performance.

    28Même si elle arrive sur la troisième marche du podium avec 59 médailles dont 17 en or, la RFA est très loin des sommets atteints par la RDA qui talonnait l’URSS en 1980. Et hormis le nageur Michael Gross sur 200 m nage libre et 100 m papillon, et le cavalier Reiner Klimke, on peine à discerner des champions marquants. Profitant de son aura de médaillé olympique davantage que de son titre de docteur en philologie acquis en 1994, « l’Albatros » Gross bifurquera ensuite vers le conseil en coaching et management, comme bien des athlètes européens de sa génération, jusqu’à devenir en 2019 vice-président de la chambre de commerce et d’industrie de Francfort-sur-le-Main.

    29Parmi les douze cas de dopage recensés à Los Angeles, onze l’ont été pour des stéroïdes ou de la testostérone, avec une prévalence pour l’haltérophilie (cinq cas) et l’athlétisme (quatre cas). Neuf pays sont concernés avec deux Grecs, deux Japonais, deux Suédois, un Islandais et un Finlandais, un Italien et un Autrichien, un Algérien et un Libanais. Les États-Unis n’en sont exempts qu’en apparence. Un premier scandale éclatera, en effet, le 8 janvier 1985, avec la révélation que sept membres de l’équipe américaine de cyclisme ont bénéficié de transfusions sanguines pour accroître leur endurance, une technique inventée par un physiologiste suédois en 1972 au point de mettre en doute les deux doublés du Finlandais Lasse Viren sur 5 000 et 10 000 m à Munich et à Montréal. Ce jour-là, le comité olympique américain contre-attaquait en se félicitant qu’aucun athlète de son équipe n’a été pris pour dopage. Et le CIO est resté sans réaction alors même qu’un des cyclistes avait déclaré que ce type d’aide médicale n’était pas interdit. L’on apprendra bien plus tard qu’un certain nombre d’échantillons potentiellement positifs n’ont jamais été testés pour ne pas ternir l’image des Jeux et le prince de Mérode, à la tête de la Commission médicale du CIO, sera accusé d’avoir détruit les preuves après avoir affirmé à la presse que la documentation avait été perdue accidentellement par le Comité d’organisation.

    Le deuxième rang exceptionnel de la Roumanie

    30Avec vingt premières places pour cinquante-trois médailles au total, la seconde place de la Roumanie repose essentiellement sur les performances de ses sportives médaillées d’or en gymnastique (cinq), en aviron (cinq) et en athlétisme (trois), accessoirement par celles de ses lutteurs et de ses haltérophiles. Cette réussite exceptionnelle ne s’explique pas seulement par l’absence des concurrentes issues des pays de l’Est, mais surtout par l’impressionnant quadrillage de la jeunesse roumaine par les entraîneurs et la police du régime du conducator Ceausescu comme l’avait déjà illustré la trajectoire de Nadia Comaneci à Montréal. Issu de la communauté hongroise de Transylvanie, Katalin Ecaterina Szabo, qui lui a succédé avec quatre trophées, est vaincue pour cinq centièmes dans le concours général par l’Américaine Mary Lou Retton.

    31Les deux athlètes ont eu les mêmes entraîneurs, Béla et Marta Karolyi, qui avaient formé Comaneci mais qui sont passés à l’Ouest en 1981. En 1992, Szabo s’établira en France, à Chamalières, où elle enseigne la gymnastique. Quant à Retton, elle est devenue une gloire américaine car elle est la première gymnaste de son pays à remporter ce concours qui était la chasse gardée des pays socialistes. Immédiatement félicitée par le président Reagan, elle le soutiendra un mois plus tard dans le cadre de la campagne pour sa réélection.

    32Au vu des boycotts, la 12e place de la France est très médiocre avec sept médailles apportées par l’escrime sur un total de vingt-huit, et seulement cinq titres : Jean-François Lamour au sabre, qui deviendra le ministre des Sports gaulliste du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, le médecin radiologue Philippe Boisse à l’épée, Pierre Quinon avec 5,75 m au saut à la perche, Philippe Héberlé au tir à la carabine, et l’équipe de football du sélectionneur Henri Michel qui met fin à quatre décennies de victoires des pays communistes grâce à leur absence.

    Le plongeur Louganis, le triple sauteur Al Joyner et le sprinteur Carl Lewis

    33Du côté masculin, le plongeur Greg Louganis (deux or), les athlètes Carl Lewis (quatre médailles d’or dont un record du monde en relais), Edwin Moses sur 400 m haies huit ans après son triomphe de Montréal, et Al Joyner au triple saut sont des champions de prestige.

    34Médaillé d’argent aux Jeux de Montréal à l’âge de 16 ans et champion du monde de plongeon deux ans plus tard, Louganis a eu une longue et exceptionnelle carrière olympique avec deux médailles d’or en 1984 et deux autres en 1988. Né d’un père samoan et d’une mère suédoise, il est adopté à l’âge de 8 mois et se produit publiquement dans des spectacles de danse acrobatique et de gymnastique dès ses 3 ans. S’exerçant également au trampoline, il découvre le plongeon à l’âge de 9 ans dans la piscine de la maison familiale sise dans les environs de San Diego en Californie. Repéré par Sammy Lee, médaillé d’or à Londres en 1948, il poursuit en parallèle ses études en art dramatique à l’université de Miami, puis à Irvine, bénéficiant notamment d’un contrat de sponsoring avec la marque australienne de maillots de bain Speedo qu’il conservera durant deux décennies. Il multipliera ensuite les apparitions comme acteur, au cinéma et à la télévision, tout en militant en faveur de la cause LGBT et de la lutte contre le sida qu’il a contracté peu avant les Jeux de Séoul.

    35Représentant l’université de l’État d’Arkansas, Al Joyner est le premier médaillé américain au triple saut depuis 1904. Frère de Jacky Joyner-Kersee, qui sera médaillée d’or en 1988 et 1992 à la longueur et en heptathlon, il a épousé en 1987 Florence Griffiths au sulfureux record du monde sur 100 m qui demeure à ce jour inaccessible, trois fois médaillée d’or à Séoul, puis décédée à 38 ans et dont il honorera la mémoire dans le cadre d’une fondation pour la jeunesse.

    36Mais la grande attraction des Jeux de Los Angeles est le sprinter Carl Lewis avec quatre titres sur 100 m, 200 m, 4 × 100 m et au saut en longueur, auxquels il ajoutera cinq médailles d’or entre 1988 et 1996. D’abord formé dans le club d’athlétisme tenu à Birmingham (Alabama) par son père et par sa mère, il est très vite recruté par le club de l’université de Houston pour ses performances au saut en longueur. Plus tardivement détectées, ses qualités en sprint lui ont permis d’être sélectionné dans l’équipe américaine pour les Jeux de Moscou 1980. Sa participation aux premiers championnats du monde d’athlétisme en 1983 va lui servir d’expérience pour s’imposer à Los Angeles dans des épreuves dont les records remontent aux Jeux de Mexico en 1968. Se jouant des médias lorsqu’il proclame qu’il va égaler le record de médailles d’or de Jesse Owens, mais également victime de rumeurs sur son homosexualité présumée, Lewis connaît quelques déboires avec ses sponsors Coca-Cola et Nike. Alors qu’il est censé être un athlète amateur, il finit par signer un contrat avec la marque japonaise de chaussures Mizuno fondée à Osaka en 1906 et qui cherche à pénétrer le marché américain depuis 1961. Le CIO a fermé les yeux car, depuis sa Session de Baden-Baden en 1981, il a demandé aux FI de réfléchir à ouvrir leurs compétitions aux athlètes professionnels.

    En marge du surgissement chinois, des boxeurs de la Dominique, d’Algérie et de Zambie

    37Si on excepte sa présence fugace aux Jeux d’Helsinki en 1952, la Chine communiste surprend les journalistes pour sa première participation olympique avec une répartition de ses médailles entre dix sports, ce qui laisse penser à une imitation du modèle soviétique : gymnastique (6 or), haltérophilie (3 or), tir (3 or), puis une médaille en plongeon, escrime, volley-ball, tir à l’arc, athlétisme, basket-ball, handball. Elle tient même son héros national avec le gymnaste Li Ning, médaillé à six reprises dont trois fois en or au sol, au cheval d’arçons et aux anneaux. En fondant cinq ans plus tard sa société éponyme Li-Ning d’appareils et de chaussures de sport, il est devenu milliardaire au point d’incarner la génération des nouveaux riches chinois qui a émergé à la suite du programme de « Réforme et d’ouverture » lancé en 1978 par Deng Xiaoping. Du fait de cette double réussite, il n’est pas étonnant que le régime chinois lui confiera en 2008 l’honneur d’allumer la vasque dans le stade olympique. Au cinquième rang avec 32 médailles dont 14 en or, l’Italie peut compter une nouvelle fois sur ses escrimeurs et sur ses athlètes.

    38La République dominicaine, l’Algérie et la Zambie en boxe, la Syrie en lutte, et la Côte d’Ivoire en athlétisme obtiennent leurs premières médailles olympiques. En misant sur des disciplines qui nécessitent peu de technologie et essentiellement de la force ou de l’endurance, ces cinq nations entrent dans le tiers des pays récompensés par un podium (47 sur 140). Le boxeur dominicain Pedro Nolasco a probablement opté trop tôt pour une carrière professionnelle car il a remporté peu de combats, et il sera assassiné à l’âge de 33 ans à l’occasion d’une tentative de vol à son domicile. Tous deux médaillés de bronze et nés juste avant l’indépendance, Mustapha Moussa et Mohamed Zaoui ont connu des jeunesses très distinctes à l’image de l’histoire postcoloniale de l’Algérie, le premier à Oran et le second dans la ville minière d’Évin-Malmaison dans le nord de la France. Monté sur la troisième marche du podium un an après avoir été champion d’Afrique de boxe amateur, le Zambien Keith Mwila ne parviendra pas non plus à faire décoller sa carrière professionnelle après une tentative en Tanzanie.

    39Arrivé second en finale du 400 m, le sprinter ivoirien Gabriel Tiacoh est le fils d’un médecin gynécologue qui figure parmi les fondateurs en 1946 du parti du président Houphouët-Boigny. Il rejoindra l’année suivante l’équipe d’athlétisme de la Washington State University mais il décédera à 29 ans d’une méningite tuberculeuse. Quant au champion syrien et médaillé d’argent Joseph Atiyeh, il a découvert la lutte dans un collège de Pennsylvanie où ses parents ont émigré avant sa naissance, et perfectionné son art au sein de la Louisiana State University (LSU) car les compétitions NCAA des collèges universitaires sont le passage obligé de bien des champions aux États-Unis. Même si le gouvernement syrien lui a proposé un poste élevé dans l’armée, il a préféré ensuite intégrer l’équipe professionnelle de football américain des LSU Tigers de Baton Rouge (Louisiane).

    La « révolution Dassler » du CIO

    40Avec l’aide du patron d’Adidas, Horst Dassler, et du consultant Patrick Nally souvent qualifié de « père fondateur du marketing sportif », Samaranch ne va pas se contenter de supprimer la règle de l’amateurisme de la Charte olympique. Il va opérer la mue commerciale du CIO en déposant en 1981 la marque olympique auprès de l’Organisation mondiale de la protection intellectuelle et en faisant adopter en 1985 le programme de parrainage dénommé alors « The Olympic Programme » et conclu essentiellement avec des multinationales américaines. Deux longues années de négociations ont été nécessaires pour que l’USOC accepte d’abandonner ses propres contrats contre l’obtention de 20 % des droits obtenus par le CIO. Au lieu de développer son département de marketing, le CIO a fait alors le choix de confier sa gestion commerciale à la société International Sport Leisure, que venait de fonder Horst Dassler pour gérer les droits de la FIFA, et qui sera mise en faillite en 2001 au point de déclencher une enquête de la justice suisse pour fraude et détournement de fonds.

    41Samaranch saura très vite s’appuyer sur les très fortunés entrepreneurs de presse et négociants mexicains Mario et Olegario Vázquez Raña qui président, pour le premier, l’Association des CNO (ACNO) depuis 1979, et pour le second, la FI de tir sportif. Ses autres principaux soutiens seront l’avocat et homme d’affaires brésilien João Havelange pour la FIFA (1974-1998) et Primo Nebiolo qui dirige à la fois la FI du sport universitaire (1961-1999) et celle d’athlétisme (1981-1999).

    42Dans les toutes premières années de son mandat, Samaranch va rendre visite à presque tous les 199 CNO que le CIO affilie, et, bien souvent, il y est reçu avec les honneurs dévolus à un chef d’État. Au cours de ses douze premières années de présidence, les seuls droits de télévision perçus par le CIO passeront de 23,6 à 224,5 millions de dollars tandis que le nombre d’employés au siège grimpera de 27 à 94 collaborateurs. En 1985, il poussera à la démission la directrice des services Monique Berlioux qui était très réservée sur ces évolutions, et qui refusera toujours par la suite de les commenter.

    43C’est au même moment qu’il devient la figure de proue de l’économie catalane en prenant la présidence en 1987 de la puissante Caisse de pensions et d’épargne de Catalogne (Caixa), et en 1994 de la société de biens patrimoniaux Immobiliara Colonial. Premier président du CIO à résider à Lausanne depuis Coubertin, en l’occurrence dans la suite d’un palace du centre-ville, il va s’employer à tisser des liens privilégiés avec les élus de la ville, du canton et de la confédération, quel que soit leur bord politique, et il obtient de pouvoir installer le siège du CIO dans le cadre plus prestigieux du château de Vidy sur les bords du lac Léman. C’est aussi vers Lausanne et ses abords qu’il va s’employer à faire converger les sièges de la plupart des FI qui passent alors sous la coupe financière du CIO.

    Bibliographie

    Agati Philip d’, The Cold War and the 1984 Olympic Games. A Soviet-American Surrogate War, New-York, Palgrave Macmillan, 2013.

    Gleaves John, Llewellyn Matthew et Wilson Wayne, The 1984 Los Angeles Olympic Games. Assessing the 30-Year Legacy, Abingdon, Taylor & Francis, 2017.

    Kassens Noor Eva, Los Angeles and the Summer Olympic Games. Planning Legacies, op. cit.

    Reich Kenneth, Making it Happen. Peter Ueberroth and the 1984 Olympics, Santa Barbara, Capra Press, 1986.

    Sanders Barry, The Los Angeles 1984 Olympic Games, Mount Pleasant, Arcadia Publishing, 2013.

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