Introduction
p. 7-24
Texte intégral
1Fruit d’une rencontre pluridisciplinaire1, cet ouvrage est né d’un questionnement sur les méthodologies à l’œuvre afin de circonscrire un objet insaisissable, éphémère, néanmoins codifié : le carnaval. Il existe une abondante littérature sur le carnaval qui pose les fondements d’une carnavalogie contemporaine, sur le modèle des Carnival Studies anglo-saxonnes. Ne serait-ce que sur un état de l’art en France, la carnavalogie se décline en trois temps. En effet, les premières archives sur le carnaval, nommé Carême Prenant qui désigne une entrée dans le Carême, renvoient à la doxa chrétienne et à des jugements d’ordre moral. Les folkloristes Claude Gaignebet et Odile Ricoux développent ces thématiques dans leur article « Les pères de l’Église contre les fêtes païennes2 ». Les réquisitoires contre le carnaval débutent dès le iiie siècle3 créant un amalgame entre carnaval, Saturnales et fête des Fous. La terminologie employée pour décrire les pratiques carnavalesques abuse « de qualificatifs moraux, tous à peu près équivalents, tels “honteux, déshonorant”, “indécent”, “coupable” ou “luxure”, “licence”, “débauche”4… » Ces réprimandes sont constantes au sein du clergé au fil des siècles. L’évêque et comte d’Agen, Claude Joly, entend ainsi établir au xviie siècle : « La manière de vivre saintement au temps du Carnaval & du Carême5 ». Au début du xviiie siècle, nous trouvons également ces titres éloquents : Entretien sur les abus du temps qui précède le carême, et qu’on appelle dans le monde, le carnaval6, Pieuses considérations d’un théologien sur les abus du carnaval7 et Instruction chrétienne sur la manière dont on se doit de se conduire sur le temps qui précède le carême et sur les désordres du carnaval8. Dans le monde germanique, une célèbre querelle entre spécialistes du folklore a opposé Hans Moser à Dietz-Rüdiger Moser à propos des origines du carnaval, surtout en ce qui concerne l’Allemagne du Sud. Le premier a mis la focale sur les traditions bourgeoises9 alors que le second a presque exclusivement insisté sur le lien avec les pratiques religieuses10.
2Dans un deuxième temps, les archives écrites sur le carnaval s’inscrivent dans un esprit encyclopédique associé aux prémices de l’anthropologie : la rencontre avec l’autre. Les descriptions de carnavals témoignent de voyages ou de rencontres interculturelles ou sociales. À titre d’exemple, Aubin-Louis Millin (1759-1818) offre, dans une lettre destinée à A. M. Langlès imprimée en 1812, une description sur 72 pages avec deux planches de gravures du carnaval de Rome où il a séjourné quelque temps11. Ces descriptions sont similaires aux autres témoignages sur le carnaval de Rome, dont ceux de Goethe (1749-1832) en 178712 ou de l’abbé Cancellieri (1751-1826). Des éléments récurrents y sont décrits : de nombreuses descriptions13 des costumes, des masques et des rituels carnavalesques, ainsi qu’une volonté d’inscrire cette fête dans les pratiques rituelles chrétiennes (Millin assimile le carnaval au cycle de Noël), de rappeler les travaux précédents et en cours qui relient le carnaval aux rites antiques (Saturnales), et un questionnement sur l’objectif, la finalité, la fonction du carnaval (Millin insiste sur l’oubli « des peines de la vie14 » que l’on nommerait sans doute aujourd’hui « pouvoir cathartique »). Rares sont cependant les voyageurs curieux qui consacrent tout un écrit au carnaval. Cette fête apparaît généralement de façon plus ou moins succincte parmi des descriptions de paysages et des us et coutumes locaux. La perception de cette fête et sa description restent dès lors inscrites dans la question de la rencontre avec l’altérité. Ce qui est retenu par les auteurs semble bien souvent lié à l’incongru, à la différence, et s’inscrit parfois dans les préjugés culturels et de classes qui existaient à l’époque.
3Les origines de la carnavalogie sont, de surcroît, étroitement liées aux sciences sociales, à l’histoire et à l’anthropologie en tant que pratiques sociales et rituelles, de « faits sociaux totaux15 », avec des questionnements similaires : réflexion sur l’altérité ou l’« ethnologie du proche16 », l’observation participante, l’enquête de terrain, la posture réflexive de l’observateur, le dépassement des concepts dichotomiques (profane/sacré, fête publique/fête privée, fête subversive/transgression permise). De plus, le carnaval se joue régulièrement de l’autre. Il ne s’agit pas seulement des taquineries sous couvert de l’anonymat, des intrigues politiques et amoureuses lors des bals masqués, mais de la mise en scène de l’autre, de l’étranger, dans une atmosphère tout à la fois rieuse, joyeuse et empreinte de clichés, parfois à caractère xénophobe. La question de l’altérité se manifeste régulièrement et contraint le ou la carnavalogue à réfléchir à sa posture de chercheur, de chercheuse. Quelles sont les limites du terrain et de sa pratique participative ? Doit-on pour la compréhension de l’objet d’étude participer à toutes les manifestations carnavalesques ? Comment rendre compte d’un phénomène social et culturel si les communautés observées refusent de tomber le masque, au propre comme au figuré ? Si le ou la carnavalogue est « démasqué » par les communautés étudiées : se jouera-t-on de lui ou elle ?
4Il faut ensuite attendre les mouvements revivalistes des années 1970 dans un troisième temps, pour qu’en France, apparaissent pléthores d’études sur les carnavals. Alain Faure écrit en 1978 : « Articles, chapitres et livres se multiplient, par lesquels aujourd’hui le cercle des lettrés célèbre à sa façon une des plus belles fêtes populaires du passé17. » Dans de nombreuses communes de France, durant la seconde moitié du xxe siècle, on constate une disparition de pratiques carnavalesques. À l’instar des conventions de l’Unesco pour la sauvegarde des patrimoines culturels en danger à la même époque, la question de la conservation des patrimoines vivants innerve la littérature sur le carnaval ainsi que sa possible « folkorisation » à des fins touristiques. René Nelli constate en 1972 : « Les cérémonies traditionnelles qui jalonnaient autrefois la période Carnaval-Carême sont en régression à peu près partout et en voie de disparition. Quand elles survivent ou renaissent, c’est sous l’effet d’un propos délibéré qui reflète davantage la libre fantaisie des “Jeunes”, ou l’intérêt touristique de la localité, que la volonté, plus ou moins consciente, de maintenir des pratiques venues du Passé18. » Pour Alain Faure, ces écrits sur le carnaval sont comme des « offrandes en papier semblables au Gilles pétrifié qui, dans la ville de Binche, orne l’entrée du musée du carnaval et du masque19 ». Il parle alors de « Mode » : « jamais on ne s’est tant interrogé sur la nature de la fête20 ». Il serait fastidieux de nommer tous les articles, ouvrages, mémoires universitaires qui ont traité l’objet carnaval à cette époque. Toute cette littérature pose les fondements de la carnavalogie française et demeure des références incontournables pour les chercheurs et chercheuses. Mikhaïl Bakhtine, historien et théoricien de la littérature, considéré par certains comme le père de la carnavalogie21, écrit en 1965 L’œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance, traduit en français en 1972 chez Gallimard22. Claude Gaignebet et Marie-Claude Florentin publient en 1974 chez Payot Le carnaval – essais de mythologie populaire23. La même année, Martine Grinberg soutient sa thèse d’histoire, dirigée par Jacques Le Goff à l’EHESS, Le carnaval à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance, xive-xvie siècle, dans la France du Nord et de l’Est24. Daniel Fabre, ethnologue et anthropologue, bien avant son célèbre Carnaval ou la fête à l’envers publié en 199225, ouvre un champ de recherche sur le carnaval du Languedoc en 197726. L’historien Emmanuel Le Roy Ladurie publie en 1979 chez Gallimard Le carnaval de Romans, de la Chandeleur au mercredi des Cendres, 1579-158027. L’historienne Natalie Zemon Davis contribue au développement d’une focale mise sur les rapports de genre dans l’histoire des fêtes populaires dans la France du xvie siècle28. Cette fièvre carnavalesque s’ancre dans un contexte plus large dans les années 1960 et 1970 avec le développement des sciences sociales et humaines : démocratisation des universités, recrutement des enseignants et enseignantes, créations d’instituts et d’organismes favorisant les recherches appliquées29. Il y a une ferveur et une créativité scientifique inhérente à cette époque. Interdisciplinarité et transdisciplinarité s’épanouissent. S’en suivra une recherche universitaire exclusivement consacrée aux carnavals qui se développe jusqu’à aujourd’hui : colloques, monographies, articles, thèses. Les années 1980 sont tout aussi riches. À titre d’exemple, s’organisent en 1984 à Nice les premières rencontres internationales autour du carnaval30. On y retrouve une soixantaine de chercheurs et chercheuses dont Claude Gaignebet, Martine Boiteux, Michel Vovelle, Martine Grinberg, mais aussi Annie Sidro, Maria Isaura Pereira de Queiroz, Marianne Mesnil, Yvonne de Sike. En 1988, apparaît Carnavals et mascarades31 sous la direction de Pier Giovanni d’Ayala et Martine Boiteux dans lequel sont publiés quarante-quatre articles de chercheurs et chercheuses d’horizons différents et portant sur des carnavals dans le monde entier : ceux et celles de la rencontre internationale de 1984, mais aussi Jean Duvignaud, Jean Markale, Roberto Da Matta, Samuel Kinser. Dans la préface, l’anthropologue Marc Augé éclaire cet intérêt pour le carnaval par le caractère multiple de cette fête. Par son caractère protéiforme, le carnaval induit une recherche multiple et variée.
5De ces premières ferveurs en carnavalogie, vont apparaître non pas des courants de pensée, mais plutôt des focalisations, des sensibilités scientifiques, qui souvent interagissent, constituant l’aspect pluridisciplinaire et transdisciplinaire de cette jeune discipline. Avec ses origines liées aux sciences sociales, en particulier l’anthropologie et à l’ethnologie, la carnavalogie est marquée par ce que l’on pourrait appeler « le ritualisme carnavalesque ». À l’instar d’Arnold Van Gennep32, puis de Claude Gaignebet, les chercheurs et chercheuses s’attachent à mettre en évidence la temporalité du carnaval et son caractère cyclique : rituel de passage (entrée en Carême, fin de l’hiver), rituel agraire et de fertilité (début des semences), cycle du calendrier liturgique chrétien, cycle des saisons, cycle lunaire, fête du printemps, du renouveau, du retour vers la lumière, du retour à l’opulence. Le sens du carnaval et de ses pratiques prend alors sens en fonction de cette temporalité. La fête que représente le carnaval « anime le déroulement cyclique du temps. Elle balise le dur enchaînement des travaux, de périodes joyeuses porteuses d’espoir et surtout, elle permet de renouveler la cohésion du groupe33 ». Marc Augé écrit en 1988 : « Carnaval s’inscrit donc légitimement dans la série des fêtes à haute densité rituelle qui dans toutes les cultures et sous toutes les latitudes sanctionnent la nécessité du passage d’un état à un autre […]34. » Le carnaval est alors parfois relié à des rites plus anciens : dionysies chez les Grecs, bacchanales et Saturnales chez les Romains, Fête du Cerf chez les Gaulois, fêtes locales préchrétiennes. Cette sensibilité scientifique permet de comprendre les traditions carnavalesques européennes principalement rurales qui sont mises en évidence par le travail ethnographique et muséographique de Giovanni Kezich35. De nos jours, un frisson carnavalesque sillonne la planète, avec ses esthétiques tantôt hétéroclites, tantôt uniformisées et mondialisées. Cette pratique participative, voire subversive36, s’est transformée en produit de consommation de masse, qu’elle soit cataloguée dans les brochures touristiques sur un temps long (par exemple, avec les carnavals du Nord entre décembre et avril) ou diluée dans de multiples pratiques contemporaines éphémères (Halloween, Gay Pride, Zombie Walk, parade [anti-] touristique, revendications politiques de rue37, etc.). Il s’agit généralement de traditions réinventées, détournées ou fantasmées. Bannies de l’espace public ou affranchies de leur temporalité initiale chrétienne, ces nouvelles formes carnavalesques s’échappent ainsi des cadres rituels initiaux. Il s’agit de comprendre comment englober la complexité des carnavals actuels : carnavals « hors-saison », carnavals urbains, carnavals éphémères, carnavals païens en contexte musulman38, formes carnavalesques hors liturgie malgré leur héritage rituel. L’intérêt de la focalisation sur « le ritualisme carnavalesque » tient aussi dans la considération du carnaval comme phénomène social dont les éléments rituels (jeux, masques, costumes, danses, chants, musiques) sont à comprendre sous une perspective symbolique. Le carnaval chaque année met en scène le groupe qui le produit. Il s’agit d’une représentation au cœur de la cité du collectif et des individus qui le composent. Michel Agier, autre auteur marquant de la carnavalogie, aborde la situation rituelle :
« Je m’intéresserai ici à l’identification rituelle et, avec elle, à une autre notion qui lui est liée, celle de la communauté qui se forme dans le contexte du carnaval – plus précisément dans cet instant rare et tant apprécié des ethnologues, la situation rituelle. Le carnaval est le lieu par excellence du masque, du déguisement, le lieu où l’on peut mettre en scène des images de soi, ou des images d’un “nous”, en utilisant un matériel symbolique disponible et soigneusement choisi : vêtements, couleurs, rythmes musicaux, pas de danse, textes de chansons et poésies, personnages mythiques locaux ou non, esprits et dieux39. »
6Un deuxième aspect de la carnavalogie est l’attachement à son histoire, que l’on pourrait appeler « l’historicité carnavalesque ». Il ne s’agit plus de mettre en avant une temporalité cyclique, un éternel recommencement, mais plutôt une temporalité linéaire, faite d’évolutions, de ruptures. C’est un temps « mesurable, historique, divisible, vectoriel, cumulatif, monochrome et unidirectionnel40 ». Dans les écrits marquants des années 70, les trois historiens que sont Bakhtine, Grinberg et Le Roy Ladurie sont des auteurs incontournables. L’approche historiographique est primordiale en carnavalogie afin de comprendre le sens des jeux carnavalesques dans la société qui les produit. Felipe Ferreira dans son ouvrage sur l’invention du carnaval au xixe siècle41 adopte une manière de comprendre l’historicité des carnavals en créant des ponts, des influences, des connexions. Comparant les esthétiques carnavalesques, introduisant l’histoire de la colonisation, des migrations et du syncrétisme culturel, il crée une histoire commune entre les carnavals de Paris, de Nice et de Rio, se démarquant ainsi des carnavalogues historiens et historiennes qui se focalisent sur l’histoire d’un carnaval en particulier. D’autres chercheurs et chercheuses avant et après lui ont mis en évidence cette particularité : la circulation des esthétiques carnavalesques entre différentes parties du monde. « Dans une perspective plus large, explique Ndagano Biringanine, le carnaval est alors à saisir comme un espace de rencontre entre cultures et identités, leurs heurts, leurs ruptures et leurs convergences42. » De même, l’ouvrage Fêtes, mascarades et carnavals – Circulations, transformations et contemporanéité met en évidence la circulation des formes du grotesque et du carnavalesque qui parcourt le globe. Avec le carnaval, temporalité linéaire et temporalité cyclique se mêlent-elles ? L’histoire des carnavals est faite de ruptures, mais aussi de continuités, de retour aux traditions, de réinventions. C’est un temps qui réactive la mémoire, qui cherche à retourner vers un je-ne-sais-quoi de carnavalesque.
7Troisième aspect de la carnavalogie, initié en majeure partie par Mikhaïl Bakhtine, est la mise en évidence de l’aspect politique du carnaval, le « politisme carnavalesque ». La mise en lumière des enjeux politiques du carnaval tient à sa temporalité chrétienne, dès le combat entre les Pères de l’Église et le carnaval au nom de la morale, dès les premiers jeux, farces et mises en scène des luttes entre Carême et Carnaval. Les soulèvements populaires à l’occasion du carnaval de Romans au xvie siècle qu’Emmanuel Le Roy Ladurie retrace dans son ouvrage illustrent totalement ces enjeux43. Michel Vovelle, avec la collaboration de Martine Grinberg, retrace, dans un article paru en 1988, le lien qu’entretient le carnaval avec la révolte à l’âge classique : « Dans les fureurs de ce début de siècle [xviie], le carnaval est non seulement le support, mais l’expression privilégiée du refus44. » La même polémique est à l’œuvre avec le carnaval durant la Révolution française. Interdit à Paris à partir de 1790, le carnaval soulève des passions. La même année est imprimé un pamphlet attaquant cette décision intitulé Le Carnaval politique de 179045. Un mandement de l’évêque constitutionnel de Paris demande même la suppression de Carême et la propagation du carnaval46. La carnavalogie questionne régulièrement ces aspects politiques du carnaval : dérision, caricature, rabaissement, charivari, aspects carnavalesques des manifestations politiques et revendications sociales, carnavals volontairement engagés, expression identitaire des cultures oppressées, esthétiques postcoloniales et queer. La pensée bakthinienne fait notamment du carnaval un espace où le peuple s’exprime à travers le réalisme grotesque, s’affranchit des points de vue prédominants sur le monde et met en place une pensée ouverte, une pensée de l’ambiguïté où rien n’est fixé, figé, ordonné et où tout est à construire. C’est ce qu’il nomme l’utopisation du monde. Les carnavalogues tentent de dépasser cette pensée pour englober la complexité du carnaval. En effet, tous les carnavals n’enclenchent pas un processus de subversion et certains mettent en place au contraire une affirmation des valeurs et normes sociétales. « Le politisme carnavalesque » influence de nombreux chercheurs et chercheuses : débats, colloques, écrits posent cette question depuis plusieurs décennies. En 2015, un colloque international transatlantique Carnival and Politics coordonné par Aurélie Godet et Maria Laura Reali à l’université de Paris-Diderot a réuni de nombreux chercheurs et de nombreuses chercheuses des Amériques et des pays européens, mettant la focale sur les revendications politiques dans un contexte de racisation des rapports sociaux47. En 2018, une journée d’études est consacrée à Carnaval, politique et subversion à l’université de Nice Côte d’Azur, dans un contexte de politiques sécuritaires grandissantes. La contestation, voire l’interdiction du carnaval n’est-elle pas une preuve de son caractère éminemment politique ? En 2022 à Charleroi en Belgique un colloque réunit les chercheurs et chercheuses sur la même thématique : C’est carnaval ! Les dimensions politiques du carnaval, suivi par la parution de l’ouvrage Faire carnaval, faire politique ?48. Dans ce dernier, plusieurs perspectives politiques sont explorées : le carnaval en tant que pratique politique et festive qui vise à occuper l’espace public et à enclencher un changement, ce qui correspond à la sémantique du mot anglais politics. Un second axe est consacré aux manières dont les pouvoirs politiques, notamment les municipalités, organisent des fêtes carnavalesques dans le but de créer du lien social ou d’engendrer des bénéfices à travers l’industrie du tourisme, ce qui correspond à la sémantique du mot anglais policy. Enfin, plusieurs contributions posent la question de la récupération politique du carnaval par les pouvoirs politiques, ce qui correspond au passage d’une fête imaginée pour faire politics à un événement instrumentalisé faisant partie d’une policy. Parmi les dernières parutions, citons également la revue Théâtre/public avec un dossier thématique « Carnaval, théâtre, manifestation » (2022) dirigé par Sacha Todorov, et qui inscrit la réflexion sur les aspects politiques du carnaval dans un contexte théâtral et performatif plus large. On notera également les travaux de Monika Salzbrunn et de son équipe ERC-Artivism de l’université de Lausanne qui ont tant étudié les aspects politiques des carnavals officiels que les parades carnavalesques et carnavals indépendants49. Des études ethnographiques multisensorielles ont montré la complexité des zones grises et des interpénétrations de ces différentes expressions du « politisme carnavalesque » qu’on retrouve dans différentes parties de l’Europe, mais aussi à Cayenne : Blodwenn Maufret s’interroge sur la question de la subversion carnavalesque depuis sa thèse sur le carnaval de Cayenne50.
8Le « ritualisme carnavalesque », « l’historicité carnavalesque » et le « politisme carnavalesque » constituent les trois grandes focalisations de la carnavalogie depuis ses origines. Cependant, d’autres polémiques existent quant aux postulats, aux méthodes et aux conclusions que posent les carnavalogues. Le carnaval est constitué de multiples facettes, à la fois ensauvagement et cohésion sociale, renversement et normalisation, ordre et désordre, comique et tragique, grotesque et esthétique, bouffon et sérieux. Il convoque également le rire et la peur. En cela, il échappe à toute taxonomie ou modélisation même si sa fonction ultime est de se soustraire aux contraintes du quotidien et de l’ordinaire. L’analyse des pratiques carnavalesques exige donc une approche pluridisciplinaire afin d’en saisir les différents paramètres. Le carnaval se « conjugue faisant varier les terminaisons afin d’obtenir un éventail de significations51 ». Il prend des formes composites, des aspects multiples et se décline sous des thématiques différentes. La carnavalogie suit-elle les évolutions méthodologiques des disciplines dont elle s’inspire et/ou varie-t-elle aussi en fonction des carnavals étudiés et de l’évolution générale du paysage carnavalesque européen et mondial ? Ces dernières années, un regain d’intérêt pour le carnaval s’observe dans la majeure partie du globe. Non seulement le carnaval est présent dans les pays européens à tradition carnavalesque52 comme en témoigne le travail important de Giovanni Kezich et d’Antonella Mott et du projet européen King of Europe53, mais également dans les pays et territoires ayant connu la colonisation européenne et des hybridations culturelles54, et plus récemment, dans des espaces où le carnaval devient une possibilité d’exprimer une identité culturelle ou une nouvelle forme de cohésion sociale55. De nouvelles études sur les fêtes, carnavals, commémorations ainsi que le carnavalesque dans les manifestations politiques apparaissent dans les recherches actuelles. Il ne s’agit plus de mettre en évidence une fête du passé, mais de comprendre la nouvelle effervescence festive qui parcourt le monde56 et les multiples visages que prend le carnavalesque. Rien que sur les territoires francophones, un grand nombre d’expositions témoignent de cet intérêt grandissant57.
9Si le carnaval est un phénomène festif protéiforme et polymorphe, sa méthodologie d’analyse l’est également. À l’université de Trinidad Tobago, la section Carnival Studies du département Creative and Festival Art58, propose une analyse du phénomène carnavalesque de manière pluridisciplinaire, voire transdisciplinaire (histoire, littérature comparée, ethnologie, ethnomusicologie), tout en mettant aussi l’accent sur la transmission de savoir-faire carnavalesque (entrepreneuriat et création). Les multiples formes du carnaval, ses incarnations et sa symbolique nous contraignent à réinventer nos méthodes. Existerait-il une approche méthodologique du carnaval dont la pluridisciplinarité serait inhérente et cohérente ? Les études présentées sont le fruit d’une rencontre. Les chercheurs et chercheuses qui ont répondu à l’appel offrent ici des études ancrées en socio-anthropologie, ethnoscénologie et études théâtrales (appartenances disciplinaires des éditrices) et ouvrent sur d’autres disciplines comme l’histoire, la littérature, la musicologie, la muséographie, les études hellénistiques et la médecine. De quoi sont constituées ces boîtes à outils méthodologiques ? Le ou la carnavalogue se restreint-il ou elle aux méthodologies propres à sa discipline d’origine ou s’essaie-t-il ou elle aux combinaisons de protocoles, aux outils innovants, aux nouvelles conjugaisons de carnaval ? Ces associations créent-elles de nouvelles méthodologies créatives et sensibles ou sont-elles de simples bricolages ? Comment circonscrire un objet de recherche qui peut parfois paraître insaisissable (son caractère vivant) et sans cesse renouvelé (son côté éphémère), même dans un cadre codifié ?
10Cette nouvelle étude sur le carnaval explore ainsi les limites, les taxonomies, les définitions afférentes à une ou des méthodologies de la recherche sur les pratiques festives et carnavalesques. Elle offre un espace d’échanges et de discussions autour des pratiques de recherche et de leurs innovations. Comment établir des convergences entre une diversité de pratiques et d’esthétiques ? Comment confronter les approches ou élargir une réflexion ? Quels parallèles, différences, analogies pouvons-nous établir ? Pour réfléchir aux liens entre analyse de la pensée symbolique59, pratiques sociales60 et études littéraires, historiques, scéniques ou musicologiques, les éditrices ont fait le choix de diviser cet ouvrage en trois parties distinctes et thématiques : « Enquêter en Carnaval : méthodologies créatives et sensibles », « Carnaval au prisme de l’histoire, des rites et des mythes », « Les territoires de carnaval : témoignages et retours d’expériences ». La cartographie des pratiques carnavalesques étant tellement large, cet ouvrage ne peut traiter de tous les carnavals du monde, même les plus emblématiques comme ceux du Brésil, ni établir un inventaire des pratiques. Il prétend néanmoins renouveler la pensée sur des questions de méthodologies croisées grâce à ces nombreuses contributions, études de cas et témoignages.
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Notes de bas de page
1Enquêter en carnaval – Méthodologies créatives autour d’un plaisir partagé rassemble les communications présentées lors du colloque international de 2019 à la Maison des Cultures du Monde à Vitré : Méthodologie(s) de recherche sur les pratiques festives et carnavalesques. Les contributeurs et contributrices viennent de disciplines diverses : études théâtrales, ethnomusicologie, ethnoscénologie, langue et littératures grecques, langue et littératures françaises, anthropologie, sociologie, civilisation américaine, communication interculturelle, histoire moderne.
2Gaignebet Claude et Ricoux Odile, « Les pères de l’Église contre les fêtes païennes – Fous du Christ et Ânes saturniens », in Ayala Pier Giovanni d’ et Boiteux Martine (dir.), Carnavals et mascarades, Paris, Bordas, coll. « Spectacles », 1988, p. 43-50.
3« Astère d’Amasée, Jean Chrysostome, Tertullien, Cyprien, Pacien, Ambroise, Augustin, Maxime de Turin et autres sermonnaires condamnent unanimement les mascarades » de fin d’année (Gaignebet Claude et Ricoux Odile, op. cit., p. 43.)
4Gaignebet Claude et Ricoux Odile, op. cit., p. 43.
5Joly Claude (1610-1675), Œuvres mêlées de messire Claude Joli, évêque et comte d’Agen, sur Les devoirs des peuples envers Dieu, & envers les Rois. Les cérémonies de l’Église au jour de la Purification. La Dédicace d’une Église. L’obligation d’entendre souvent la messe. La manière de l’entendre dévotement. La première communion des enfans. La manière de vivre saintement au temps du Carnaval & du Carême. Les réflexions qu’on doit faire sur les douleurs de J. C. souffrant. La Résurrection des corps. L’Éducation des Enfans. L’obligation de rapporter toutes ses actions à la gloire de Dieu. La Dignité de l’âme, & le soin qu’on doit prendre de son salut, Paris, chez Couterot Edme, 1696.
6Rouzeau Pierre, Orléans, Chez Rouzeau Pierre, 1700.
7Caillou Charles, Paris, Chez Caillou Charles, 1713.
8Anonyme, Paris, P. N. Lottin, 1722.
9Moser Hans, « Die Geschichte der Fasnacht im Spiegel von Archivforschungen », Fasnacht. Beiträge des Tübinger Arbeitskreises für Fasnachtsforschung (= Volksleben. Untersuchungen des Ludwig-Uhland-Instituts der Universität Tübingen 6), Tübingen, 1964, p. 15-41.
10Moser Dietz-Rüdiger, Bräuche und Feste im christlichen Jahreslauf. Brauchformen der Gegenwart in kulturgeschichtlichen Zusammenhängen. Graz, Kaleidoskop, 1993.
11Millin Aubin-Louis, Lettre de M. Millin, membre de l’Institut impérial de France et de la Légion d’Honneur, à M. Langlès, membre de l’Institut, sur le carnaval de Rome, Paris, Imprimerie de J. B. Sajou, 1812.
12Goethe Johann Wolfgang von dans son Voyage en Italie (1786-1787), paru en 1816, évoque le carnaval de Rome. D’autres écrits antérieurs sur le même sujet pourraient aussi être nommés comme ceux de Montaigne Michel de (1533-1592) en 1581, Journal du voyage de Michel de Montaigne en Italie par la Suisse et l’Allemagne, où l’auteur raconte le carnaval de Rome après un voyage fait en Italie.
13On observe que le fort caractère descriptif de ces témoignages, principalement du xixe siècle, souligne une volonté de rendre compte du carnaval par l’image. De nombreuses gravures peuvent accompagner ces récits sur le carnaval ou être publiées seules. Pour le carnaval de Paris par exemple, Gavarni publie un recueil de gravures décrivant les costumes et masques du carnaval. Gavarni, Le carnaval à Paris, Paris, Au Bureau du Charivari, 1841.
14« Il semble qu’à cette époque d’un délire général tous les sentiments soient suspendus, que tous les souvenirs dorment ; personne ne se rappelle ses chagrins domestiques, les embarras de son ménage, les peines inévitables de la vie ; le pauvre ne se souvient point de sa misère, et le malade même oublierait ses souffrances », Millin Aubin-Louis, op. cit., p. 36-37.
15Gauthard Nathalie, « Les avatars du carnaval », in Gauthard Nathalie (dir.), Fêtes, mascarades et carnavals – Circulations, transformations et contemporanéité, Lavérune, L’Entretemps, coll. « Les anthropophages », 2014, p. 16.
16Desdouits Anne-Marie et Roberge Martine, « L’ethnologie du proche », Ethnologies, vol. 26, no 2, 2004, p. 5-19.
17Faure Alain, Paris Carême-prenant – Du Carnaval à Paris au xixe siècle, Paris, Hachette, 1978, p. 7.
18Nelli René, « Avant-propos », Folklore – Revue d’Ethnographie Méridionale, t. XXV, 35e année, no 2, été 1972, Carcassonne, Groupe Audois d’Études Folkloriques, 1972, numéro consacré au carnaval de Limoux.
19Faure Alain, op. cit., p. 7.
20Ibid.
21Pour Biringanine Ndagano, nous devons à Bakhtine « le discours fondateur sur le carnaval en sciences humaines et général, et en littérature en particulier », Ndagano Biringanine, « Avant-Propos », in Ndagano Biringanine (dir.), Penser le carnaval – Variations, discours et représentations, Paris, Karthala, p. 9.
22Bakhtine Mikhaïl, L’œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance, Paris, Gallimard, 1972.
23Gaignebet Claude et Florentin Marie-Claude, Le carnaval – essais de mythologie populaire, Paris, Payot, 1974.
24Grinberg Martine, Le carnaval à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance, xive-xvie siècle, dans la France du Nord et de l’Est, mémoire de thèse, EHESS, 1974. On notera que Martine Grinberg a signé d’autres écrits sur l’histoire du carnaval en France : « Carnaval et société urbaine xive-xvie siècles : le royaume dans la ville », Paris, PUF, revue Ethnologie Française, t. 4, no 3, 1974, p. 215-244 ; « Charivaris au Moyen Âge et à la Renaissance – Condamnation des remariages ou rites d’inversion du temps ? », in Le Goff Jacques et Schmitt Jean-Claude (dir.), Le Charivari – Actes de la table ronde organisée à Paris (25-27 avril 1977) par l’EHESS et le CNRS, De Gruyter Mouton, coll. « Civilisations et sociétés », vol. 67, 1981, p. 141-147, « Les combats de Carnaval et de Carême. Trajets d’une métaphore », signé avec Kinser Sam, Annales – Économies, Sociétés, Civilisations, 1983, p. 65-98, « Hommes sauvages et travestis : absence de femmes ? », in Le carnaval, la fête et la communication – Actes des premières rencontres internationales, Nice, 8 au 10 mars 1984, Nice, éditions Serre, 1985, p. 275-287, « Carnavals du Moyen Âge et de la Renaissance » in Ayala Pier Giovanni d’et Boiteux Martine (dir.), Carnavals et mascarades, Paris, Bordas, coll. « Spectacles », 1988, p. 50-58, Carnavals et fêtes d’hiver, Paris, Chez Éditions du Centre Pompidou, 1992.
25Fabre Daniel, Carnaval ou la fête à l’envers, Paris, Gallimard, 1992.
26Fabre Daniel, Fête en Languedoc – Regards sur le carnaval aujourd’hui, Toulouse, Éditions Privat, 1977.
27Le Roy Ladurie Emmanuel, Le carnaval de Romans, de la chandeleur au mercredi des Cendres, 1579-1580, Paris, Gallimard, 1979.
28Davis Natalie Zemon, « The Reasons of Misrule – Youth Groups and Charivaris in Sixteenth-Century France », in Past and Present, no 50, Oxford, Oxford University Press, 1971, p. 41-75.
29Lisle Edmond, Les sciences sociales en France : développement et turbulences dans les années 70, entretien entre Lisle Edmond et Martin Olivier, 27 juin 2001, La Revue pour l’histoire du CNRS, no 7, 2002, [https://doi.org/10.4000/histoire-cnrs.543], consulté le 18-04-2023.
30Le carnaval, la fête et la communication – Actes des premières rencontres internationales, Nice, 8 au 10 mars 1984, Nice, éditions Serre, 1985.
31Ayala Pier Giovanni d’ et Boiteux Martine (dir.), Carnavals et mascarades, Paris, Bordas, coll. « Spectacles », 1988.
32Arnold Van Gennep (1873-1957), ethnologue et folkloriste français, a beaucoup écrit sur les rites de passage. L’ouvrage de référence des carnavalogues est : soit Les rites de passage, [1909], Paris, Picard, 1981, soit plus souvent une édition posthume, réunissant les travaux de Van Gennep Arnold : Le Folklore français, t. 1 : Du berceau à la tombe, cycles de carnaval-carême et de Pâques, Paris, Robert Laffont, 1998.
33Condominas Georges, « La fête comme nécessité » in Le Carnaval, la fête et la communication, op. cit., p. xxiv.
34Augé Marc, « Préface », in Ayala Pier Giovanni d’ et Boiteux Martine (dir.), Carnavals et mascarades, Paris, Bordas, coll. « Spectacles », 1988, p. 7.
35Kezich Giovanni, Carnevale Re d’Europa – Viaggio anthropologico nelle mascherate d’inverno, Torino, Priuli e Verlucca editori, 2015.
36Salzbrunn Monika, « Les carnavals Euro-Méditerranéens : entre expression subversive et folklorisation », in Mallé Marie-Pascale (dir.), Le Monde à l’Envers – Carnavals et Mascarades d’Europe et Méditerranée, Paris, Flammarion/MuCEM, 2014, p. 243-246.
37Salzbrunn Monika, « Une ressource de résistance ? Réflexions sur le carnavalesque à partir des carnavals anti-touristiques de Gênes et de Florence », Close Caroline, Istasse Manon, Maskens Maïté et Verlinden Élodie (dir.), Faire carnaval, faire politique ?, Charleroi, Éditions de l’UO, 2023, p. 37-55.
38Voir à titre d’exemple le rite des Boujlouds (homme à la peau) célébré à Sousse au Maroc, durant le Ramadan, [https://lemarocquejadore.com/2021/07/26/le-traditionnel-festival-boujloud-a-agadir/], consulté le 03-10-2023.
39Agier Michel, « En ouverture – La relation à l’autre dans le rite carnavalesque », in Ndagano Biringanine (dir.), Penser le carnaval – Variations, discours et représentations, Paris, Karthala, p. 16.
40Guiekwa Mathieu, « Temps cyclique temps linéaire », Aspects sociologiques, vol. 3, no 1, mars 1995, p. 5.
41Ferreira Felipe, L’invention du carnaval au xixe siècle – Paris, Nice, Rio de Janeiro, Paris, L’Harmattan, 2013.
42Ndagano Biringanine, « Avant-Propos », op. cit., p. 9.
43Le Roy Ladurie Emmanuel, Le carnaval de Romans, de la chandeleur au mercredi des Cendres, 1579-1580, Paris, Gallimard, 1979.
44Vovelle Michel, avec la collaboration de Grinberg Martine, « Carnaval et révolte à l’âge classique », in Ayala Pier Giovanni d’ et Boiteux Martine (dir.), Carnavals et mascarades, Paris, Bordas, coll. « Spectacles », 1988, p. 58.
45Anonyme, Le carnaval politique de 1790, ou exil de Mardi gras à l’Assemblée nationale, aux tuileries, au Châtelet et à la commune, Paris, Imprimerie des soixante mascarades parisiennes et des quatre privilégies, 1790.
46Gobel Jean-Baptiste-Joseph, Mandement de Mr l’Évêque de Paris, portant l’abolition du Caresme et la propagation du carnaval, Paris, éditeur sans nom, 1791, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k45150t/f5.item], consulté le 20-04-2023.
47Certains chercheurs et certaines chercheuses s’engagèrent par la suite dans la création d’une nouvelle revue anglophone : Journal of Festive Studies, [https://journals.h-net.org/jfs/], consulté le 09-06-2023.
48Close Caroline, Istasse Manon, Maskens Maïté et Verlinden Élodie (dir.), Faire carnaval, faire politique ?, Charleroi, Éditions de l’UO, 2023.
49Salzbrunn Monika, « Approaching the (alternative) Economies of Festive Events: Insights from official and independent carnivals in Nice and Viareggio », in Guerra Paula et Campos Ricardo (dir.), Combart: Arte, artivismo e cidadania. Utopias e futuros imaginados. Porto, Faculdade de Letras da Universidade do Porto, Porto University Press, 2023, [https://ler.letras.up.pt/uploads/ficheiros/19647.pdf], consulté le 09-06-2023 ; Salzbrunn Monika et Moretti Federica, « Il Carnevale tra limiti, trasgressioni, rinnovamenti e rivendicazioni. Resistenza festiva a Nizza, Marsiglia e Viareggio », LEA – Lingue e letterature d’Oriente e d’Occidente, 9, Florence, Firenze University Press, 2020, p. 399-414, [https://oajournals.fupress.net/index.php/bsfm-lea/article/view/12445], consulté le 09-06-2023 ; Salzbrunn Monika, « The Twenty-First-Century Reinvention of Carnival Rituals in Paris and Cherbourg: Extending the Boundaries of Belonging via Politicized Ritual », in Journal of Festive Studies, 2 (1), 2020, p. 105-127, [https://journals.h-net.org/jfs/article/view/50/24], consulté le 09-06-2023, et Salzbrunn Monika, « Un carnaval masqué ou la parodie de la parodie : Le carnaval alternatif de Cologne », in Todorov Alexandre (dir.), Théâtre/Public, dossier « Théâtre, carnaval, manifestation », juillet 2022, p. 66-73.
50Mauffret Blodwenn, Le carnaval de Cayenne : esthétique et subversion – Histoire d’un phénomène festif issu du fait colonial, Binche, Éditions du MuM, 2019, Mauffret Blodwenn, « Genres et carnavals : affirmation et transgression », in Gueyes-Troh Léontine, Adjoumani A. Mia Élise et Dah Perpétue Blandine (dir.), La traversée culturelle du genre, Paris, L’Harmattan, 2021.
51Matta Roberto da, « Conjuguer carnaval », in Le Carnaval, la fête et la communication, Actes des rencontres internationales de Nice du 8 au 10 mars 1984, Nice, Éditions Serre/Ville de Nice/Unesco, 1984, p. 509-517.
52Pologne, Allemagne, Autriche, Bulgarie, Roumanie, Slovénie, Espagne, Portugal, Italie, France, Belgique, Suisse, Grèce, etc.
53Kezich Giovanni, Carnevale Re d’Europa – Viaggio anthropologico nelle mascherate d’inverno, Torino, Priuli e Verlucca editori, 2015.
54Brésil, Trinidad-Tobago, Antilles-Guyane, Haïti, Colombie, Louisiane, etc.
55Finlande, Londres, New York, Maroc, Tahiti, Burkina Faso, etc.
56Sur les masques au Burkina Faso, voir Marc Coulibaly, Des masques cultuels au masque muséifié : leurs usages et représentations à travers l’itinéraire d’un chercheur, Binche, musée du Masque et du Carnaval, 2008. Sur les rapports postcoloniaux dans le carnaval à Trinidad, voir Milla Cozart Riggio, « Playing and Praying. The Politics of Race, Religion, and Respectability in Trinidad Carnival », Journal of Festive Studies, vol. 2, no 1, Fall 2020, p. 203-235, [https://doi.org/10.33823/jfs.2020.2.1.42], consulté le 03-10-2023.
57Mascarades et Carnavals au Musée Dapper en 2011-2012, Le Monde à l’Envers – Carnavals et Mascarades d’Europe et Méditerranée au MUCEM en 2014, L’Appel du Lötschental par la médiathèque du Valais à Martigny en Suisse en 2021-2022, Le Carnaval de Rio au Centre national du costume de scène à Moulins en Auvergne 2021-2022, l’exposition Masques d’Europe – Savoir-faire et imaginaire en 2021 dans le cadre du 24e Festival de l’Imaginaire à la Maison des cultures du monde-Centre français du patrimoine culturel immatériel à Vitré en Bretagne, l’exposition Carnavals du Musée d’art moderne Richard Anacréon de Granville en Normandie en 2021 (faisant écho à l’inscription du carnaval de Grandville sur les listes du Patrimoine Culturel immatériel [PCI] par l’Unesco en 2016), exposition dont prendra le relais le musée de Bretagne à Rennes en 2025, les nombreuses expositions au musée international du Carnaval et du Masque de Binche en Belgique, et enfin en 2022-2023 la dernière exposition du musée du Quai Branly, Blacks Indians dédiée aux costumes de Mardi gras à la Nouvelle-Orléans des Africains-Américains de Louisiane.
58Programme du Master of Arts in Carnival Studies: [https://sta.uwi.edu/fhe/dcfa/carnivalstudies.asp], consulté le 03-01-2023.
59Fabre Daniel, La fête en Languedoc, Toulouse, Éditions Privat, 1977, et Carnaval ou la fête à l’envers, Paris, Hachette, 1992 ; Toffin Gérard, « Chemins du rire et des morts. Carnaval, burlesque et satire au Népal », in Gauthard Nathalie (dir.) Fêtes, mascarades et carnavals. Circulations, transformations et contemporanéité, Lavérune, L’Entretemps, coll. « Les anthropopages », 2014, p. 105-134 et « L’imaginaire du carnaval : symbolique, expressivité, narrativité », in Adell Nicolas, Fine Agnès et Vassas Claudine (dir.), Daniel Fabre, l’arpenteur des écarts, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2021, p. 221-239.
60Agier Michel, Anthropologie du carnaval. La ville, la fête et l’Afrique à Bahia, Bondy, Marseille, Éditions Parenthèses/IRD, 2000.
Auteurs
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Nathalie Gauthard
Université d’Artois ; Société française d’ethnoscénologie.
Nathalie Gauthard est ethnoscénologue, professeure des Universités en Arts du spectacle à l’université d’Artois, laboratoire Textes et cultures, UR 4028, fondatrice et présidente de la Société française d’ethnoscénologie – SOFETH, agréée ONG pour le PCI par l’Unesco. Elle a poursuivi ses recherches sur la mise en spectacle des traditions à l’échelle locale, nationale ou transnationale, les processus de patrimonialisation (PCI), les apprentissages et techniques du corps de l’acteur, les esthétiques scéniques contemporaines sur des terrains européens et asiatiques (Tibet, Népal, Taïwan). Lauréate de plusieurs projets de recherche dans les Hauts-de-France, elle y poursuit actuellement une recherche sur « les patrimoines invisibles » (géants, carnaval, fêtes). Elle est également directrice de publication de la revue L’Ethnographie. Création, Pratiques, Publics (MSH-PN-USR3258) depuis 2017 et a publié Fêtes, mascarades, carnavals. Circulations, transformations et contemporanéité (dir.) aux Éditions L’Entretemps en 2014.
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Blodwenn Mauffret
SeFeA (IRET/Sorbonne-Nouvelle) ; SOFETH ; musée de Bretagne ; université de Rennes 2.
Blodwenn Mauffret est docteure en études théâtrales, membre associée au laboratoire SeFeA (IRET/Sorbonne-Nouvelle) et à la SOFETH, chercheuse associée PCI pour la patrimonialisation du carnaval de Pornic (2022), conseillère scientifique pour l’exposition sur le carnaval au musée de Bretagne (Rennes 2022-2025), chargée de cours à l’université de Rennes 2 en arts du spectacle (études théâtrales), autrice d’ouvrages, articles, communications et conférences sur le carnaval. Dernière monographie : Le Carnaval de Cayenne : esthétique et subversion – Histoire d’un phénomène festif issu du fait colonial (MuM, 2019). Derniers articles importants sur le carnaval : « Éros et carnaval : du Bas-corporel au sentiment esthétique » (revue Rilune – Revue des littératures européennes, no « Éros : représentations et métamorphoses », 2019), « Carnaval et matière » (revue Agôn, no 8 « Matières », 2019), « La récupération du jazz au sein du carnaval rennais de l’entre-deux-guerres : émancipation sociale et stéréotypes raciaux » (in Sylvie Chalaye et Pierre Letessier [dir.], Agir Jazz, Paris, Éditions Passage(s), 2020), « Costume, carnaval et métamorphose de soi » (in Delphine Pinasa et Felipe Ferreria [dir.], Carnaval de Rio, catalogue d’exposition, Centre national du costume de scène, Milan, Silvana Editoriale, 2021).
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Monika Salzbrunn
ERC.
Monika Salzbrunn est professeure ordinaire de religions, migration, arts à l’université de Lausanne, lauréate du Conseil européen de la recherche (ERC) pour son projet ARTIVISM – Art and Activism. Creativity and Performance as Subversive Forms of Political Expression in Super-Diverse Cities. Auteure de nombreux articles sur les carnavals de Cologne, Paris, Cherbourg, Gênes, Viareggio, Payerne, Lausanne, Nice et Marseille et l’occupation de l’espace public à travers les événements festifs à New York, Florence et Lausanne, elle a récemment coédité Danse, musique et (trans)nationalismes (Dossier de la REMi, vol. 35, 3-4, 2019) et tourné plusieurs films documentaires. Ses nombreuses publications sur le carnaval, les performances carnavalesques et la mise en scène d’appartenances multiples ont paru en français, anglais, italien, allemand, portugais, brésilien et japonais. Directrice de l’Institut des sciences sociales des religions entre 2011 et 2015 et professeure invitée à l’Università degli studi di Genova, à la Japan Women’s University et à la Kwansei Gakuin University au Japon, elle est actuellement en train de travailler sur un renouveau des carnival studies par des méthodes basées sur les arts.

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Shakespeare au XXe siècle
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2007
Eugène Scribe
Un maître de la scène théâtrale et lyrique au XIXe siècle
Olivier Bara et Jean-Claude Yon (dir.)
2016
Galions engloutis
Anne Ubersfeld
Anne Ubersfeld Pierre Frantz, Isabelle Moindrot et Florence Naugrette (dir.)
2011