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Les villes et le roi

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David Rivaud

Cinquième partie. Dysfonctionnements et ruptures (milieu XVIe siècle)

Chapitre XV. La perte du sens collectif

Texte intégral

  • 1 En juillet 1562, après le retour de la ville à l'ordre catholique, une liste des gens de pouvoir c (...)
  • 2 L'auteur fait le point des recherches et des hypothèses dans La genèse de la Réforme française. 15 (...)

1Le tableau quelque peu idyllique du gouvernement de la chose publique qui s'affirme dans la première moitié du xvie siècle ne doit pas faire ignorer certains conflits urbains dont, on peut le croire, l'existence traduirait la présence du ver dans le fruit. Si ces oppositions locales montrent les imperfections d'un modèle, elles en sont aussi le produit. Après tout, on l'a vu, la vie des municipalités a été rythmée par ce genre de conflits : à Bourges en 1474, à Tours avant l'installation de la commune, à Poitiers aussi au milieu du xve siècle et encore au début du xvie siècle. À chaque fois, on peut le remarquer, une génération politique laissait sa place à une autre. C'est dans le conflit que certaines évolutions se trouvent ainsi précipitées et que s'est aussi fait accepter localement le gouvernement municipal. À la veille des guerres de religion, de nouvelles traces de discordes apparaissent. Face aux clivages et aux enjeux politiques qui vont marquer l'histoire des villes et des municipalités, la validité du modèle municipal doit être de nouveau questionnée. La tournure que prennent les événements dans l'été 1562 ne laisse pas de doute quant à la survie d'un modèle politique soudainement balayé par des enjeux qui dépassent le cadre urbain. La traque menée en Touraine sur les « suspects »de protestantisme parmi l'élite au pouvoir dans la ville1 ou le sort réservé aux membres des municipalités protestantes installées au début de l'été 1562 à Poitiers ou à Bourges, comme dans beaucoup d'autres villes, témoignent de la reprise en main définitive des municipalités par l'autorité royale et catholique et la mise en place d'un gouvernement urbain dont la nature ne laisse plus guère d'illusions. L'objectif n'est pas ici de s'aventurer dans le débat heuristique sur l'adhésion des bourgeois à la religion nouvelle ou sur l'impact idéologique des idées réformatrices dans les villes et sur le pouvoir urbain, ensemble de questions dont D. Crouzet a montré toute la complexité historique2. De même, il demeure difficile, tant pour des raisons documentaires qu'épistémologiques, de prendre comme objet d'analyse les événements de l'été 1562. Mieux vaut dans une étude linéaire des registres de délibérations et de comptes dégager les mutations discrètes qui concourent à disloquer l'identité collective des municipalités et qui mettent en évidence les éléments d'une crise municipale à laquelle l'autorité royale n'est d'ailleurs pas entièrement étrangère.

Conflits de préséance et confrontations juridictionnelles

2Les premières formes qui montrent une nette déstabilisation de l'autorité municipale sont à rechercher dans la confrontation des pouvoirs de police entre les différentes autorités urbaines. Une certaine concurrence s'affirme, un peu comme celle observée un siècle auparavant lorsqu'il s'agissait pour les municipalités d'affirmer leur autorité sur l'espace urbain. Cette fois, cependant, la concurrence se fait aux dépens des responsabilités collectives.

  • 3 L'absence de délibérations à Bourges avant 1556 ne permet pas d'avoir une vision convenable de ces (...)
  • 4 La « superintendance »est réaffirmée le 25 février 1550 (Poitiers, arch. comm., registre de délibé (...)
  • 5 Id., registre de délibérations n° 32, p. 235-236.
  • 6 Ibidem, p. 312-313, 28 août 1553.
  • 7 Id., registre de délibérations n° 34, p. 49-53, 10 septembre 1556. Pour le corps de ville l'affair (...)
  • 8 Ibidem, p. 107
  • 9 Ibidem, p. 426, 31 mai 1557.

3Si à Bourges, les antagonismes politiques ne peuvent être que subodorés3, vers 1550 à Poitiers ils s'affirment nettement et à plusieurs reprises. À chaque fois il y a remise en cause des droits de police. Ainsi en février 1550, le conseil municipal de Poitiers réagit fermement en réaffirmant le rôle du maire qui détient la « superintendance »de la police, alors que des attentats aux bonnes mœurs se multiplient et que des sergents n'obéissent plus au juge municipal et à ses assesseurs4. Trois en plus tard, c'est encore autour de l'ordre public que des différends s'expriment au sujet des responsabilités municipales. Des bateleurs semblent alors avoir outrepassé les ordres du maire (Nicolas Lebanc) et du lieutenant général (François Doyneau), mais s'en défendent et se prétendent autorisés par René Berthelot, le lieutenant criminel5. Malgré les remontrances faites par le maire, le lieutenant fait savoir au conseil que la police « lui appartiendroit et auroit dit qu'il entendoit exercer et gerer tout ledit estat de pollice en cestedite ville ». Malgré une volonté manifeste de la part du corps de ville de calmer les esprits, deux mois après cette opposition l'affaire resurgit toujours au sujet des mêmes bateleurs qui, passant outre l'interdiction du maire, ont joué le jour où se tiennent des processions pour le roi6. Encore en fois le maire (Jean Berthe, nouvellement élu) réaffirme son droit, se heurte toujours au même lieutenant criminel qui, en plus, a lancé une enquête de police sur certains barbiers, confisquant ainsi une nouvelle fois les droits de la ville. Le corps de ville fait alors bloc derrière Berthe face au refus du lieutenant de rendre obéissance au maire et de laisser devant la justice municipale les causes de première instance. Si le différend est avant tout le résultat de l'activisme d'un seul homme, il ne fait cependant qu'anticiper une évolution plus générale. En 1556, la juridiction municipale est cette fois-ci remise en cause par le roi lui- même. Il semble qu'à la suite de l'édit relatif aux orfèvres et de la réception des maîtres jurés il soit question de créer un office de prévôt qui aurait la juridiction sur les orfèvres. Pour la ville, il s'agit une fois encore de voir supprimer une partie de son droit de première instance. Elle déclare alors que « la division de l'estat de police dans la ville est chose de pernicieuses consequences »et contribue « a faire faire confusion au public7 ». Ces craintes ne tardent pas d'ailleurs à être vérifiées puisqu'en novembre l'abbé de Montierneuf fait « des exploits de police »autour de domaines dont il n'avait pas la charge8, avant que, en mai de l'année suivante, le prévôt de Notre-Dame ne s'empare des clés de la ville, organise des visites de police et empiète ainsi sur la juridiction du maire9.

  • 10 Tours, arch. comm., AA 4, lettres du 25 avril 1551.

4À cela s'ajoutent de véritables conflits de préséances dans la ville. Les sources tourangelles comme poitevines concourent sur le fait qu'ils apparaissent autour de 1550. Ils s'expriment à l'occasion des grands événements de la vie urbaine lorsque toute la ville est en représentation, à savoir les accueils officiels. À Tours, la situation est particulièrement nette en 1551, alors qu'Henri II s'annonce pour effectuer sa nouvelle entrée. Si à partir des délibérations (perdues) ou des comptes il est difficile de se faire une idée précise du déroulement des solennités, des lettres patentes du roi éclairent le conflit qui existe entre la ville et les officiers de la monnaie10. Publiées avant l'entrée proprement dite, celles-ci tentent de remettre de l'ordre entre les deux corps afin de préserver, au moins en façade, l'accord qui prévaut autour du gouvernement de la ville alors que les antagonismes sont profonds. Le roi entend obliger les officiers de la monnaie et d'autres jeunes gens à participer, en armes et selon leur compagnie, à l'entrée qu'il doit faire dans la ville malgré leur refus exprimé aux échevins qui organisent les préparations. Il apparaît que les « monnayeurs »veulent défiler séparément du reste de la ville, ce qui n'est pas du goût des autorités municipales. Vexés, leurs officiers désertent alors les préparatifs de la cérémonie.

  • 11 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 32, p. 588, 15 juillet 1555.
  • 12 C'est le cas par exemple en 1542 lorsque se présente Claude de Longwy, cardinal de Givry. Il convi (...)
  • 13 Id., série M, registre n° 18, n° 1.

5En plusieurs occasions à Poitiers de mêmes conflits de préséances trouvent une certaine résonance. Peut-être faut-il en voir la manifestation lorsqu'en 1555 Jean d'Amoncourt, nouvel évêque de la ville, se présente pour effectuer, selon un rite très codifié, sa première entrée dans la cité. Il est clair à cette date dans l'esprit municipal (et dans les délibérations) que le maire se tiendra « a part de la compagnie de messieurs de justice11 ». Même s'il semble traditionnel que les corps politiques de la ville se présentent séparément sous les yeux de l'évêque12, le ton laisse supposer qu'un certain froid existe entre les deux corps et la relation officielle de cette entrée conservée dans les archives municipales ne signale ni la présence ni la révérence des officiers royaux13. Il faut préciser qu'à peine un an auparavant il a fallu toute l'autorité morale et politique du lieutenant général François Doyneau pour écraser les revendications des membres du présidial qui auraient bien voulu voir le maire écarté de la place qu'il tient de coutume dans l'assemblée royale, à droite du lieutenant. L'attaque des conseillers est évidemment symbolique, mais traduit insensiblement une rupture du consensus politico-juridique qui assurait aux affaires urbaines une cohésion globale.

  • 14 Id., registre de délibérations n° 35, p. 215, 23 février 1558.

6« Il faut se tenir ensemble sans se diviser »rappelait un des échevins poitevins au conseil municipal de Poitiers du 23 février 1558 devant l'annonce de l'arrivée du roi de Navarre14. La chose ne semble donc plus tout à fait assurée.

Les traces d'une crise municipale, l'exemple poitevin

7Ce n'est peut-être donc pas par hasard si dans la décennie qui précède la première guerre de religion s'affirment dans les villes de multiples éléments de crise. C'est à Poitiers, ville pour laquelle les délibérations sont conservées régulièrement, que celle-ci peut être mise en évidence à travers la participation quotidienne des élites aux conseils municipaux. À Tours et à Bourges, si les sources délibératives n'en offrent pas une semblable lisibilité, certains tiraillements (aux conséquences parfois bien plus importantes d'ailleurs) demeurent perceptibles autour des mêmes dates. À Poitiers, certains indices révèlent toutefois une situation qui se dégrade régulièrement depuis 1545 au moins.

  • 15 Le nouvel élu est Jean Juynes (Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 34, p. 437, 1er(...)
  • 16 Respectivement, ibid., p. 426 (31 mai 1557), p. 439 (14 juin 1557) et p. 445 (21 juin 1557). Cela (...)
  • 17 Ibid., p. 455-456, 25 juin 1557.

8Les premières manifestations publiques d'un climat politique troublé au sein de la collectivité poitevine se distinguent ouvertement en juin 1557, à la mort de François De Razes, un des bourgeois. Étrangement, aucun prétendant ne se fait connaître pour le remplacer ; les fonctions municipales ne semblent plus attirer les bourgeois et ni les simples marchands de la cité. Finalement un avocat au présidial accepte la place au sein du « Cent15 ». Curieusement il s'agit d'une période de remise en cause pour la municipalité. Celle-ci, fin mai doit s'opposer au chapitre de Notre- Dame-la-Grande dont le prévôt s'est emparé des clefs de la ville, puis en juin, elle subit l'affront des marchands de la ville dont certains ne veulent plus respecter l'ordre de la draperie16. La situation politique est donc tendue depuis plusieurs mois lorsque la crise éclate vraiment, fin juin, lors de l'élection du maire. La majorité des électeurs se tourne vers Jean Estivalle, bourgeois, mais celui-ci se dit malade depuis trois mois et, qui plus est, fort occupé par sa charge d'avocat du roi au siège présidial. Le refus est poli mais net. Comme les délibérations en font état, « il ne s'est trouvé aulcun qui se soit offert audit estat [de maire]17 ». Il faut alors le poids de toute l'assemblée pour que René Dausserre accepte la charge. Pourtant, comme il le précise, il l'a déjà détenue à trois reprises et « vu son age, il est excusable ». Il reçoit alors l'assurance de tous les présents de l'aider « au faict politic ». Les travaux du corps de ville, pour un temps, peuvent reprendre avec une certaine sérénité.

  • 18 Id, registre de délibérations n° 35, p. 36,23 août 1557. À Jean Bouchet, qui se présente tardiveme (...)

9Pour une courte période en fait car dès août de nouveaux problèmes se posent quant à l'élection de nouveaux membres au corps de ville. En pleine mobilisation militaire suite à la défaite de Saint-Quentin, un groupe de bourgeois propose à François Aubert, le lieutenant général, de prendre la place d'un échevin décédé. Le procédé heurte les pratiques et surtout les susceptibilités d'autant plus qu'Aubert n'est même pas membre du corps de ville. Les bourgeois se trouvent alors une nouvelle fois placés devant la faible motivation des candidats potentiels. Ils suggèrent une autre personne (Guy Dausserre, fils du maire, déjà « LXXV ») qui ne tarde pas à refuser la place, se disant résidant principalement à Paris. La place lui est tout de même concédée alors qu'il faut bien permettre à Aubert de faire son entrée au sein du « Cent18 ».

  • 19 Proposition et opposition formulées le 9 décembre 1558. L'opposition est menée par Richard Dalbène (...)
  • 20 Ce dernier rappelle au cours des débats que, pour réaliser les mémoires qui devaient être emportés (...)
  • 21 Il s'agit du décès de Guillaume de Morennes, receveur du roi en Poitou. Celui-ci est annoncé le 29 (...)
  • 22 Maizonnier reçoit quant à lui la charge et prête le serment accoutumé sur l'Évangile placé sur un (...)

10Si globalement l'année suivante, après ce petit coup de semonce, le renouvellement des membres du corps de ville se déroule sans problème, des débats marquent en décembre 1558 l'affirmation de divergences de fond parmi l'élite municipale. En effet, face à l'impossibilité de trouver des commissaires urbains pour plaider à Paris au nom de la ville, et devant la nécessité de compléter le « Cent »à la suite du décès de René Dausserre, le conseil, pour obtenir des volontaires à la députation, propose de céder la place d'échevin vacante à tout « pers et bourgeois »qui voudrait bien se charger de prendre la défense de la ville à Paris. Échange de service qui en lui-même en dit long sur les motivations municipales, et dans lequel s'engouffre Jean Maizonnier qui voit là une opportunité formidable pour devenir échevin et jouir de toutes les prérogatives qui en découlent. L'affaire ne va pas sans susciter le scandale de plusieurs membres du corps de ville qui estiment ainsi bafouées les modalités traditionnelles de l'élection des « XXV »échevins19. Plusieurs conseils tentent alors de régler l'affaire et, devant le « Moys et cent »du 14 décembre, tous les protagonistes viennent exposer leur position avant que les présents ne s'expriment. Maizonnier s'en tient au marché conclu, Richard Dalbène, qui aurait bien voulu la place, refuse de voir les procédures municipales se perdre, Antoine Du Val tente d'apaiser la situation mais dit tout de même que le plaisir d'un individu ne doit pas passer devant l'intérêt de la ville. Seul Rat pose cependant le vrai problème en rappelant que si la République est perturbée c'est en raison du manque de motivation de la majorité de ses membres20. Face aux difficultés du moment, l'affaire est pour quelques mois oubliée mais en aucun cas réglée. Elle ressurgit d'ailleurs à l'annonce d'un nouveau décès, en avril 155921. Maizonnier et Dalbène s'affrontent alors publiquement, mais le second, vexé de voir son concurrent accéder à l'échevinat, quitte la salle, refuse la charge et renonce même à celle de « per et bourgeois22 ».

  • 23 Ibid, p. 206-208, 31 juin 1559.
  • 24 En effet des lettres du roi, datées du 8 avril, montrent que des prêcheurs ont fait scandale dans (...)
  • 25 Il semble en effet que la ville doit encore subvenir aux restes des emprunts de 1548, 1550, 1553 e (...)
  • 26 L'ensemble des mesures qui suivent sont présentées le 31 juin 1559 (ibid., p. 206-211).
  • 27 Nicolas Le Roy est entré au corps de ville avant 1511.
  • 28 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 36, p. 206-213, 31 juin 1559.

11Cette opposition personnelle aurait gardé un aspect anecdotique si elle n'apparaissait pas comme un prélude (voire un élément) à de plus graves dysfonctionnements de l'activité municipale. Les problèmes ressurgissent en juin 1559 pour l'élection du maire suivant. Tous ces débats ont caché l'état déplorable de la police urbaine et il est clair désormais que la « République est mal policee et offensee23 ». Sans doute les troubles religieux qui se sont manifestés dans la ville quelques mois auparavant24, comme les reliquats financiers que les collecteurs des impôts n'arrivent pas à obtenir25, contribuent à perturber la sérénité politique du corps de ville. L'expérience et le savoir-faire semblent manquer alors à ceux qui détiennent le pouvoir dans la ville. Sans qu'il y ait d'apparentes oppositions ni de pilotage politique de la part de certains échevins, une certaine réforme des pratiques politiques s'impose. La quête d'une police sereine passe par la prise en main des affaires publiques par les plus anciens de la ville, seuls capables de « savoir administrer une bonne police26 ». La mairie revient au plus ancien des échevins qui n'a pas encore détenu la fonction (alors que le maire auparavant était autant que possible choisi parmi les soixante-quinze bourgeois), même si celui-ci, comme c'est le cas en 1559 (avec Nicolas Le Roy), se déclare septuagénaire et incapable de se tenir à cheval27. Une certaine réforme de l'administration municipale est engagée, car pour le soulager il est nécessaire que chacun des six quartiers de la ville soit pris en charge par deux échevins et deux bourgeois. Un véritable tournant de rigueur est imposé : les banquets qui accompagnent les élections sont supprimés ; tous les « pers et conseillers »devront désormais assister aux « Moys et Cent », les assemblées plénières28.

  • 29 Il s'agit de Maixent Poitevin qui a déjà effectué plusieurs voyages à Paris pour porter des missiv (...)
  • 30 Les procès entre les deux sont mentionnés dès février 1560 et ponctuent régulièrement les conseils (...)

12Il n'est guère possible par la suite de voir une quelconque amélioration de la vie municipale. La désaffection vis-à-vis du pouvoir urbain s'accentue. Lorsque Michel Chausse blanche en septembre 1559 renonce à la place qu'il détient parmi les cent membres du corps de ville, il ne suggère, chose rare, aucun nouveau candidat. C'est alors un ancien serviteur de la ville, « de bonne réputation », qui est proposé29. À la même date, les oppositions entre le maire et le lieutenant criminel reprennent de plus belle30 ; quant à l'assiduité des échevins aux réunions du conseil, les injonctions répétées des maires montrent que le sujet constitue toujours un sérieux problème.

  • 31 Id., registre de délibérations n° 32, p. 567, 20 juin 1557 et p. 610, 19 août.
  • 32 Une comparaison peut être menée avec les années 1511-1513. Sur ces deux ans, en moyenne, onze pers (...)
  • 33 Nous ne développerons pas plus ici l'analyse statistique de toutes ces données qui doivent être in (...)

13Celle-ci est en effet un indice significatif de la crise des institutions municipales. L'absence chronique des échevins est une préoccupation qui se présente depuis longtemps au corps de ville, mais qui à partir de 1555 revient avec une récurrence de plus en plus insistante. En juin 1555, les défaillants aux assemblées plénières sont soumis à une amende de 20 sous et en août sont exposés les cas des échevins qui ne se présentent plus jamais aux assemblées du conseil31. Certes ces menaces ne sont pas nouvelles, mais il faut dire que cette année-là le nombre des présents aux réunions du conseil a largement chuté. Moins de six personnes y assistent en moyenne régulièrement, c'est-à-dire moitié moins qu'au début du xvie siècle32. Incontestablement, en 1555 la non-participation des échevins atteint des records, mais il ne s'agit que du résultat d'une lente désaffection du fait politique qui s'ébauche dès 1545. Le décompte des présents aux assemblées du Conseil montre en effet qu'avant cette date les moyennes se maintenaient autour de dix personnes par réunion. En 1546,1547 et 1548, le chiffre a déjà largement chuté et atteint à peine sept personnes. Seule la crise de la gabelle mobilise l'attention échevinale et assure en 1548 et 1549 une remontée des taux de participation autour de dix personnes, avant de les voir redescendre progressivement jusqu'en 155533.

  • 34 Respectivement : Bourges, arch. comm., BB 6, f° 51 r° et f° 59, assemblées des 19 et 23 juillet 15 (...)
  • 35 Ibid., f° 66, 10 mars 1559.

14Cette crise municipale latente dont les multiples éléments peuvent être mis en exergue à Poitiers est également discernable à Bourges autour des mêmes dates. Au milieu du mois de juillet 1558, il est fait rapport devant le conseil de la ville d'un édit du 10 juillet qui réglemente l'élection des maires. Sans doute s'agit-il, comme il est signalé le 23 juillet, d'élire des hommes de « robe courte »à la tête de la ville34. Il est difficile de connaître la nature des débats et des oppositions qui émergent alors, mais là aussi en mars 1559 une véritable crise éclate et remet en cause la nature même des statuts municipaux. Sans que l'on puisse véritablement saisir les éléments qui justifient la teneur de leurs propos, les délibérations rapportent qu'il y a tous les ans pour chaque élection « monopoles de certaines personnes35 ». La situation est assez grave pour que de nouveaux règlements soient rédigés par les responsables urbains eux-mêmes, proposant de fixer le mandat du maire à trois ans et de remplacer les 32 conseillers issus des quartiers de la ville par un collège de 24 échevins. Cette réforme n'aboutira jamais, mais révèle là aussi un corps municipal secoué par de sérieux problèmes. Ils ont d'autant plus d'impact que se présentent aux villes de nouveaux problèmes militaires.

Le lancinant problème de la sécurité du pays

  • 36 En décembre 1465, le conseil dédommage les hôteliers qui ont hébergé 100 lances. En mai, il est qu (...)
  • 37 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 13, p. 10-11, 27 novembre 1513.
  • 38 En 1521, à Bourges, la ville ravitaille la compagnie du baron de Montmoreau, suivant les lettres o (...)
  • 39 À cette date la ville de Bourges est une nouvelle fois déchargée de l'entretien des troupes lorsqu (...)

15Que ce soit à Bourges, à Tours ou à Poitiers, les documents municipaux s'accordent tous pour souligner la multiplication des maux autour de 1540. Certes, les troubles liés aux passages des compagnies armées constituent une difficulté récurrente depuis la fin de la guerre de Cent Ans et ont permis aux municipalités de prendre une responsabilité militaire plus importante. Ils n'ont pas cessé avec la fin du conflit anglo-français. Encore en 1466, les troupes de la compagnie de La Trémoïlle avaient bien du mal à rester calmes en l'absence de leur commandement et le corps de ville de Tours avait dû prendre des mesures particulières36. Les premières crises militaires du xvie siècle ont également suscité une certaine agitation armée dans le royaume. En 1513, il s'agit certainement de soldats désarmés qui soumettent la région poitevine à d'incessants pillages37. On connaît également l'origine des aventuriers qui traversèrent le pays à partir de 1523, signalés autour de Tours, de Bourges comme de Poitiers. Les villes à la même date doivent également supporter le coût des compagnies chargées officiellement de missions royales38. Toutefois leur impact reste limité dans le temps et encore en 1540 les corps de ville arrivent à obtenir des avantages de la part du roi39.

  • 40 J. Glaumeau. journal,..., op. cit., p. 5. Ils entrent par la porte d'Auron et ressortent par Saint (...)
  • 41 Le Conseil de la ville dépense alors 15 livres 18 sous pour les frais de vin et de nourriture de l (...)
  • 42 J. Glaumeau, journal..., op. cit., p. 39. Ces soldats, tous habillés de rouge, d'après Glaumeau au (...)
  • 43 À savoir l'auberge de l'Etoile, de Saint-Sébastien et de Cloche-Perse (Bourges arch. comm., CC 325 (...)
  • 44 Id., CC 326, p. 79. Plus de 33 livres sont distribuées en vin et poisson à plusieurs aventuriers e (...)
  • 45 Id., CC 328, p. 89 et p. 109-109 ; J. Glaumeau Journal..., op. cit., p. 63.
  • 46 J. glaumeau, journal..., op. cit., p. 90.
  • 47 Bourges, arch. comm., CC 334, p. 67.

16Après cette date, le sujet trouve une certaine acuité avec l'ouverture des fronts dans le nord du royaume et la multiplication des passages de troupes gasconnes. La capitale berrichonne permet sur ce point de mener une étude particulière en croisant les renseignements consignés dans les registres de comptes et ceux que fournit le prêtre berruyer Jean Glaumeau dans son journal au début des années 1540. Ces deux sources documentaires s'accordent sur le fait que les problèmes liés aux passages de gens d'armes émergent dans les premières années de la décennie 1540. Dès janvier 1542, d'après Jean Glaumeau, des bandes armées passent dans Bourges40 et par la suite les rumeurs militaires et le passage de garnisons s'égrènent régulièrement. Bien que les conflits avec l'empereur durant l'année 1544 ne s'accompagnent pas de passages armés, les comptes révèlent en revanche l'arrivée en juillet 1545 de plus de 600 pionniers de l'élection du Poitou qui s'installent sur commandement royal41. Si l'on en croit J. Glaumeau, huit cents prisonniers anglais passent encore en octobre 154942. En mars 1552, les pièces fiscales comptabilisent soigneusement les frais engagés pour l'accueil de 600 aventuriers et pour assurer leur logement parmi les habitants ou dans certaines auberges43. « De tout coustez de France passoit tant de monde que chacun s'an emerveilloit », précise Glaumeau qui estime alors que le roi entretient des guerres sans précédent avec l'empereur. L'année suivante, les comptes, sans aucun doute plus rigoureux, mentionnent de nouveaux passages au cours desquels, à chaque fois, des vivres sont payés par la ville44. En 1554, les mêmes documents rapportent la dépense de près de 460 livres pour l'entretien de quatre compagnies de Gascons (onze ou douze cents gens d'armes précise Glaumeau), nourris et logés dans les faubourgs pendant quelques jours, somme à laquelle il convient encore d'ajouter 78 livres données aux capitaines des quartiers et à leurs hommes qui ont tenu les portes de la ville et encore 35 autres payées aux sergents et officiers de la ville45. Si l'agitation militaire autour de la capitale berruyère se réduit ensuite, en 1556 le bruit court que des « boutefeux »ont été envoyés par la reine de Hongrie46, en avril 1558 se présentent les derniers gens de pied avant l'ouverture des conflits religieux. Il s'agit là encore de Gascons pour lesquels la ville débourse plus de 50 livres pour assurer leur logement et le ravitaillement en vin de leurs capitaines47.

  • 48 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 26, p. 51, 1er septembre. À la fin du mois d'a (...)
  • 49 Tours, arch. comm., CC 73, f° 79.
  • 50 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 31, p. 35, 3 septembre 1549.
  • 51 Plus de 140 livres sont ainsi dépensées à Tours en avril 1548 pour prendre en charge les frais de (...)
  • 52 Id., CC 74, f° 27 v° et f° 108, CC 75 fos 32 à 35, CC 76, f° 73, f° 74 et f° 79 (246 livres sont d (...)
  • 53 Id., CC 77, f° 75 v° (suite à une délibération du début du mois de janvier 1559).
  • 54 Id., registre de délibérations n° 32, p. 59, 63, 65-66, février 1552.
  • 55 Notamment en avril 1554, pendant huit à dix jours des Gascons sont mentionnés (id., registre de dé (...)
  • 56 Id, registre de délibérations n° 34, p. 410, 413, 425 et 430 (17, 24 et 31 mai). Il s'agit (d'aprè (...)

17De la même manière, les délibérations poitevines ou les comptes tourangeaux laissent entrevoir la lourdeur d'une telle charge. C'est sans doute devant la menace de bandes armées qu'à Poitiers les habitants de Saint-Saturnin demandent en 1544 la fortification de leur faubourg48. Dès 1545 à Tours, on s'inquiète également de ces gens d'armes qui parcourent les champs autour de la ville49. Cependant, dans ces deux cités, le problème émerge véritablement autour de 1548 et les conseils essaient le plus possible de mener un travail en amont. Ainsi, lorsqu'une compagnie s'annonce officiellement, des délégations sont envoyées vers ses capitaines pour leur recommander de se détourner de la ville50. Comme à Bourges, des sommes conséquentes sont parfois engagées pour assurer généreusement leurs frais51. La ville de Tours voit ainsi passer des compagnies en 1549, 1550 (il faut alors assurer le ravitaillement), 1552 (300 soldats qui se dirigent vers l'Écosse), 1557 et encore en mai 155852. L'année suivante lorsque de nouveaux « gascons et gens de guerre »se présentent, pendant plus de huit jours, plusieurs délégués urbains sont envoyés pour dresser les différentes étapes de leur voyage en Touraine53. Plusieurs fois échaudé par des troupes importantes et peu scrupuleuses, le corps de ville de Poitiers prend en 1552 des décisions drastiques. Lorsqu'en février la compagnie du seigneur de Chastillon (en route vers la Champagne) s'annonce, les échevins entendent encore remplir leur devoir militaire et organisent le logement des 200 hommes dans le faubourg sud de la cité. Mais, en mars suivant, l'arrivée des 600 hommes d'Estissac, le gouverneur du pays, suscite un véritable émoi. Il n'est plus question de réaliser un nouvel accueil, la ville ayant « esté grandement oppressee »par la précédente compagnie54. Plusieurs autres passeront dans les environs les années suivantes. Toutes ne causeront pas de gros dommages55, mais lorsque s'annonce l'arrivée de 18 enseignes en mai 1557, la seule solution envisagée est de fermer les portes de la ville56. Les faubourgs et la châtellenie sont, eux, laissés à leur triste sort. Ces dernières mesures cachent avec difficulté l'attitude désabusée des corps de ville face à un problème qui les dépasse largement et contre lequel, contrairement aux années 1430-1450, ils ne peuvent plus véritablement lutter. Les nouvelles conditions de la guerre royale rendent la mission traditionnelle des villes difficile, lourde et peu engageante.

  • 57 La question mériterait d'être posée mais la diffusion des idées réformées dans l'élite politique u (...)

18À travers tous ces exemples il est clair que la cohésion au sein des conseils municipaux apparaît de plus en plus fragilisée sans que pour autant l'épineux problème confessionnel ne se soit affirmé comme un élément supplémentaire de dissociation57. La police de la ville en tant que telle semble cependant affectée. La direction des affaires communes ne présente plus l'idéal d'universitas qui la caractérisait au début du siècle expliquant ainsi le fort investissement des élites. À ce constat il faut encore trouver les causes. Elles sont à chercher, entre autres, dans la mutation au milieu du xvie siècle du lien politique qui unit les villes et le roi.

Notes

1 En juillet 1562, après le retour de la ville à l'ordre catholique, une liste des gens de pouvoir circule (du président du présidial au simple sergent royal en passant par les bourgeois du corps de ville de Tours), liste qui pointe méthodiquement tous les protestants (Tours, arch. comm., EE 4, pièce n° 9). À cette date, tardive il est vrai, ils ne sont pas moins de 36 parmi les cent membres du corps de ville, mais on y trouve aussi le contrôleur du grenier à sel, huit sergents du bailliage, des greffiers, l'avocat et le procureur du roi (Jean Falaiseau et Jean Houdry) et trois des neuf conseillers du présidial (Jean Gaudette, Étienne Parent et Étienne Lepeletier). Certains auront sérieusement à se défendre au cours des mois de septembre et octobre 1562, notamment contre les requêtes du corps de ville de Tours expurgé de ses réformés, car malgré l'édit du roi on les empêche de reprendre leurs fonctions (ibid., pièces n° 9 et 17). Ils se plaignent de plus que les concessions accordées par le roi aux protestants tourangeaux (à savoir l'autorisation de se regrouper dans le faubourg de Saint-Symphorien) ne semblent pas respectées.

2 L'auteur fait le point des recherches et des hypothèses dans La genèse de la Réforme française. 1520-1562, Paris, Sedes, 1996, en particulier p. 465-592.

3 L'absence de délibérations à Bourges avant 1556 ne permet pas d'avoir une vision convenable de ces conflits de juridiction. On peut s'interroger tout de même sur la justification d'un procès-verbal réalisé par les procureurs et avocats de la ville en 1550 qui laisse soupçonner l'existence d'un conflit entre la ville et les officiers royaux au sujet de la juridiction de la municipalité (Bourges, arch. comm., AA 5, 30 juin 1550).

4 La « superintendance »est réaffirmée le 25 février 1550 (Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 31, p. 116), dans le Conseil qui suit l'annonce de ces quelques troubles urbains (ibidem, p. 113, 20 février).

5 Id., registre de délibérations n° 32, p. 235-236.

6 Ibidem, p. 312-313, 28 août 1553.

7 Id., registre de délibérations n° 34, p. 49-53, 10 septembre 1556. Pour le corps de ville l'affaire est d'autant plus surprenante qu'avant l'arrivée des commissaires chargés d'annoncer les réformes relatives à leur justice, aucune information ne leur a été communiquée sur ce point. Les bourgeois se plaignent alors de ne pas avoir pu effectuer des remontrances.

8 Ibidem, p. 107

9 Ibidem, p. 426, 31 mai 1557.

10 Tours, arch. comm., AA 4, lettres du 25 avril 1551.

11 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 32, p. 588, 15 juillet 1555.

12 C'est le cas par exemple en 1542 lorsque se présente Claude de Longwy, cardinal de Givry. Il convient de remarquer cependant que le défilé décalé des deux autorités politiques résulte d'un accord entre le maire et le lieutenant général (François Doyneau), accord dont les termes sont présentés devant le Conseil municipal et qui ne laissent aucune divergence (« lieutenant a fait responce [aux avis du maire] que l'entree dont est question n'est point entree de prince, ne de roy, ne de royne et que de sa part il y veult et entend aller en toute humillité, et qu'il s'en rapporte a monseigneur le mayre de aller a part ou ensemblement », id., registre de délibérations n° 24, p. 117, 20 mars 1542).

13 Id., série M, registre n° 18, n° 1.

14 Id., registre de délibérations n° 35, p. 215, 23 février 1558.

15 Le nouvel élu est Jean Juynes (Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 34, p. 437, 1er juin 1557).

16 Respectivement, ibid., p. 426 (31 mai 1557), p. 439 (14 juin 1557) et p. 445 (21 juin 1557). Cela en plus des difficultés traditionnelles, notamment celles liées à la gestion des pauvres de la cité, charge qui se complique d'autant plus que les habitants ne font pas leurs aumônes.

17 Ibid., p. 455-456, 25 juin 1557.

18 Id, registre de délibérations n° 35, p. 36,23 août 1557. À Jean Bouchet, qui se présente tardivement et sollicite la place pour son fils Antoine, le Conseil promet la prochaine place rendue vacante par décès (ibid., p. 55).

19 Proposition et opposition formulées le 9 décembre 1558. L'opposition est menée par Richard Dalbène (id., registre de délibérations n° 36, p. 34-38).

20 Ce dernier rappelle au cours des débats que, pour réaliser les mémoires qui devaient être emportés vers Paris, il n'a trouvé personne pour l'aider. Pourtant il s'agissait d'obtenir des avantages fiscaux pour la ville, face aux appels formulés par d'autres villes du Poitou (ibid., p. 50-69).

21 Il s'agit du décès de Guillaume de Morennes, receveur du roi en Poitou. Celui-ci est annoncé le 29 avril 1559, il y a alors deux places d'échevins à pourvoir car celle de Dausserre n'a jamais été officiellement cédée à Maizonnier (ibid., p. 149-154).

22 Maizonnier reçoit quant à lui la charge et prête le serment accoutumé sur l'Évangile placé sur un tableau accroché à la chaire du maire (ibid., p. 156). Plusieurs autres bourgeois iront cependant raisonner Dalbène qui reçoit tout de même l'autre place d'échevin le 8 mai suivant (ibid, p. 165).

23 Ibid, p. 206-208, 31 juin 1559.

24 En effet des lettres du roi, datées du 8 avril, montrent que des prêcheurs ont fait scandale dans le couvent des Jacobins de la ville (B. Ledain, Lettres..., op. cit., p. 323). Si les délibérations ne font pas état de ces troubles, elles rapportent cependant l'ensemble des mesures de police prises par la suite et des réparations effectuées dans le couvent (Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 36, p. 170, 175, 178, 182- 186, 189).

25 Il semble en effet que la ville doit encore subvenir aux restes des emprunts de 1548, 1550, 1553 et 1554 (ibid., p. 199-200, 24 juin 1559).

26 L'ensemble des mesures qui suivent sont présentées le 31 juin 1559 (ibid., p. 206-211).

27 Nicolas Le Roy est entré au corps de ville avant 1511.

28 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 36, p. 206-213, 31 juin 1559.

29 Il s'agit de Maixent Poitevin qui a déjà effectué plusieurs voyages à Paris pour porter des missives de la ville (id., registre de délibérations n° 37, p. 27-29).

30 Les procès entre les deux sont mentionnés dès février 1560 et ponctuent régulièrement les conseils par la suite (ibid, p. 87, p. 124, p. 129 et p. 134).

31 Id., registre de délibérations n° 32, p. 567, 20 juin 1557 et p. 610, 19 août.

32 Une comparaison peut être menée avec les années 1511-1513. Sur ces deux ans, en moyenne, onze personnes se présentaient aux assemblées du conseil.

33 Nous ne développerons pas plus ici l'analyse statistique de toutes ces données qui doivent être interprétées avec prudence à la lumière des événements extérieurs, des pratiques politiques de chaque maire et des équipes gouvernementales qui se mettent en place.

34 Respectivement : Bourges, arch. comm., BB 6, f° 51 r° et f° 59, assemblées des 19 et 23 juillet 1558.

35 Ibid., f° 66, 10 mars 1559.

36 En décembre 1465, le conseil dédommage les hôteliers qui ont hébergé 100 lances. En mai, il est question également de régler le salaire des sergents royaux et du trompette de la compagnie qui sont allés déloger les hommes de cette compagnie logés dans les alentours (Tours, arch. comm., EE 3, 10 décembre 1465 et 2 mai 1466).

37 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 13, p. 10-11, 27 novembre 1513.

38 En 1521, à Bourges, la ville ravitaille la compagnie du baron de Montmoreau, suivant les lettres obtenues du roi. D'après les documents municipaux celle-ci se compose de 1 000 hommes (Bourges, arch. comm., EE 11 7 mai 1521).

39 À cette date la ville de Bourges est une nouvelle fois déchargée de l'entretien des troupes lorsque le lieutenant général tente de répartir sur le Berry la garnison du comte de Hainaut (Bourges, arch. comm., EE 10 (1540)).

40 J. Glaumeau. journal,..., op. cit., p. 5. Ils entrent par la porte d'Auron et ressortent par Saint-Privé.

41 Le Conseil de la ville dépense alors 15 livres 18 sous pour les frais de vin et de nourriture de leurs capitaines (Bourges, arch. comm., CC 312, p. 50).

42 J. Glaumeau, journal..., op. cit., p. 39. Ces soldats, tous habillés de rouge, d'après Glaumeau auraient été faits prisonniers à Boulogne et passent par Bourges pour rejoindre Marseille.

43 À savoir l'auberge de l'Etoile, de Saint-Sébastien et de Cloche-Perse (Bourges arch. comm., CC 325, p. 45-47). Plus de 60 livres sont dépensées alors. Des sergents royaux sont même rétribués pour les conduire jusqu'à dix lieues de la cité.

44 Id., CC 326, p. 79. Plus de 33 livres sont distribuées en vin et poisson à plusieurs aventuriers et à des capitaines de troupes gasconnes.

45 Id., CC 328, p. 89 et p. 109-109 ; J. Glaumeau Journal..., op. cit., p. 63.

46 J. glaumeau, journal..., op. cit., p. 90.

47 Bourges, arch. comm., CC 334, p. 67.

48 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 26, p. 51, 1er septembre. À la fin du mois d'août, déjà, le corps de ville avait envoyé des archers pour secourir les sergents royaux et le prévôt des maréchaux afin de lutter contre les pillages (ibid., p. 16, 5 août).

49 Tours, arch. comm., CC 73, f° 79.

50 Poitiers, arch. comm., registre de délibérations n° 31, p. 35, 3 septembre 1549.

51 Plus de 140 livres sont ainsi dépensées à Tours en avril 1548 pour prendre en charge les frais de la compagnie du capitaine Warty qui descend la Loire (Tours, arch. comm., CC 73, f° 195).

52 Id., CC 74, f° 27 v° et f° 108, CC 75 fos 32 à 35, CC 76, f° 73, f° 74 et f° 79 (246 livres sont dépensées pour faire détourner de la ville la compagnie du capitaine de Grandmont) et CC 77 f° 28 et 28 v° (compagnies de Grandmont et de Salles de passage en mai 1558).

53 Id., CC 77, f° 75 v° (suite à une délibération du début du mois de janvier 1559).

54 Id., registre de délibérations n° 32, p. 59, 63, 65-66, février 1552.

55 Notamment en avril 1554, pendant huit à dix jours des Gascons sont mentionnés (id., registre de délibérations n° 32, p. 437).

56 Id, registre de délibérations n° 34, p. 410, 413, 425 et 430 (17, 24 et 31 mai). Il s'agit (d'après ce que rapportent les registres) de 400 hommes qui viennent du sud et veulent rejoindre Paris. Leur passage n'est pas indiqué par la suite dans les registres de délibérations.

57 La question mériterait d'être posée mais la diffusion des idées réformées dans l'élite politique urbaine est un problème complexe en raison d'un dossier documentaire éclaté et délicat à manier. Cependant au long des dépouillements, il n'est pas apparu que, avant 1562, la dimension religieuse détermine les relations politiques ni l'attitude des bourgeois. Le cas est remarquable à Tours où aucune contestation ne semble accompagner l'arrivée des divers commissaires royaux chargés du problème religieux. Il en est de même à Poitiers alors que les registres de délibérations, depuis 1555, laissent apparaître les traces d'une certaine agitation religieuse dans un conflit autour des collèges de la ville et de leurs régents. Les autorités municipales, dont un certain nombre de leurs membres adopteront ouvertement la religion réformée et accueilleront en 1562 les troupes protestantes, agissent dans tous ces exemples avec le souci constant du bien commun et du respect de l'ordre public avant tout.

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