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    Plan détaillé Texte intégral L’autonomisation de l’espace partisan, miroir de celle des mouvements sociaux Professionnels de la politique et routinisation du traitement des mobilisations sociales Une complexification conjoncturelle des relations entre partis et mouvements Notes de bas de page Auteurs

    Voix de la rue ou voie des urnes ?

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    Table des matières

    2. Analyse configurationnelle des relations entre organisations partisanes et mobilisations : l’exemple du PS et de l’UMP

    Clément Desrumaux et Grégory Hû

    p. 47-63

    Texte intégral L’autonomisation de l’espace partisan, miroir de celle des mouvements sociaux Rétractation des organisations partisanes Un espace des mouvements sociaux en voie d’autonomisation Professionnels de la politique et routinisation du traitement des mobilisations sociales Une complexification conjoncturelle des relations entre partis et mouvements Le rapport à la structure de l’espace politique au principe des prises de position des acteurs partisans Les ressources des mobilisés capables d’influencer les acteurs politiques Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    1En se développant depuis une quarantaine d’années, l’analyse des mouvements sociaux s’est progressivement enrichie de la mise en relation avec leur environnement. La littérature scientifique s’est intéressée aux rapports entre les mobilisations et les détenteurs de mandats politiques, puis aux médias1 et, plus tardivement, aux acteurs des politiques publiques2 et aux forces de l’ordre3. Les liens entre les mobilisations et les partis politiques ont, quant à eux, été abordés principalement à travers des trajectoires militantes marquées par le passage entre différentes organisations4 ou par les transformations des mouvements ouvriers5, écologistes6 et altermondialistes7 en partis politiques.

    2Initialement, les liens entre les mouvements sociaux et leur environnement ont été pensés à travers le concept de structure des opportunités politiques. À l’origine, Peter Eisinger8 compare ainsi les conditions d’émergence des mouvements de défense des droits des minorités noires dans plusieurs villes américaines. Ce concept est ensuite repris par Doug McAdam9, puis développé par Sydney Tarrow10. Ce dernier en propose une définition à partir de plusieurs critères : le degré d’ouverture du système politique, la capacité à développer des politiques publiques, la division des élites, le degré de stabilité des alliances politiques et l’existence de relais politiques ou administratifs occupant des positions stratégiques. Ce sont ces deux derniers critères qui concernent le plus directement les relations entre partis politiques et mobilisations. Le débat s’est, en partie, centré sur le terme « structure » et sur l’intérêt de prendre en compte des éléments conjoncturels. Pour certains une attention exclusive doit être portée sur les facteurs structurels11 ; d’autres plaident pour une conception plus lâche, lui préférant le terme d’opportunité ou de processus12.

    3Ce chapitre propose un double décentrage du regard. Alors que l’analyse en terme de structure des opportunités et les débats afférents se polarisent sur le niveau macrosocial, il s’agit ici, par une analyse ethnographique, de voir comment, au local, se nouent les relations entre partis politiques et mouvements sociaux dans leurs dimensions structurelles et conjoncturelles. De plus, si l’environnement des mouvements est souvent observé à travers le prisme unique des mouvements eux-mêmes, ce sont à leurs interactions avec le système partisan local et à la façon dont ils sont perçus par les acteurs partisans que ce chapitre porte attention. Il ne s’agit pas ici d’offrir une nouvelle contribution à la dilution de l’objet. Au contraire, il convient de confronter la littérature scientifique sur les partis politiques et sur les mouvements sociaux à l’observation empirique. Aussi, les interactions et la réception positive ou négative des mobilisations par les élus sont étudiées dans deux formations politiques occupant, ou en position d’occuper, des responsabilités au niveau local : l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) et le Parti Socialiste (PS). Les cinq mobilisations qui sous-tendent empiriquement ce chapitre diffèrent par leur taille, leur impact et leurs causes ; elles donnent lieu à une prise en compte de situations suffisamment diverses pour observer les relations qui se tissent. L’analyse d’un mouvement social aux prises avec la fluctuation des conjonctures politiques peut s’illustrer à travers les longues mobilisations autour de la prise en charge du saturnisme à Paris ou d’un projet autoroutier dans le Nord. C’est l’influence des cycles électoraux sur les prises de positions partisanes que mettent en avant les trois autres mobilisations, d’envergure plus modeste : l’une a pour objet la pérennité de l’implantation de General Motors (GM) à Strasbourg et les risques de licenciements, une seconde concerne un projet de construction d’une boucle d’essais ferroviaires dans les Flandres et une dernière une grève de la faim en vue d’obtenir un logement à Lille. Ce chapitre explore donc les modalités d’intervention des élus, et compare les modes d’action des mouvements et des partis politiques.

    4Des méthodes de type ethnographique sont privilégiées pour enquêter sur ces cinq terrains. Ainsi, l’étude de la mobilisation contre le projet de Locodrome s’appuie sur des notes issues d’observations et un dépouillement de la presse. Les mobilisations autour du projet d’A24, de la fermeture de General Motors à Strasbourg ou encore de la reconnaissance du saturnisme sont analysées à partir d’archives de journaux et d’entretiens. Enfin, les matériaux rassemblés pour étudier la grève de la faim13 entamée en vue d’obtenir un relogement comprennent principalement des entretiens avec les acteurs concernés.

    5Ce chapitre s’attachera à démontrer dans quelle mesure la rétractation réticulaire des partis politiques et l’émancipation des acteurs protestataires redéfinissent les lignes complexes des relations entre des organisations partisanes, composées essentiellement de professionnels de la politique, et des mouvements sociaux plus autonomes. Il s’agira aussi de s’interroger sur le poids des situations conjoncturelles ainsi que des ressources dans la redéfinition de ces mêmes relations.

    L’autonomisation de l’espace partisan, miroir de celle des mouvements sociaux

    6Peu de travaux, tant dans la littérature française qu’anglo-saxonne, ont cherché à penser conjointement les dynamiques propres aux mobilisations et aux partis politiques14. Pourtant, on constate, à partir des différents cas étudiés, une distanciation structurelle croissante due à une autonomisation des organisations partisanes d’un côté, et des mouvements sociaux de l’autre.

    Rétractation des organisations partisanes

    7Richard Katz et Peter Mair15 se proposent de redéfinir les dynamiques des relations entre partis politiques et mobilisations sociales. L’évolution des organisations partisanes de masse vers ce qu’ils appellent les partis de cartel se mesure tant au regard des relations que les partis entretiennent avec l’État que de celles qu’ils entretiennent avec « la société civile ». Selon R. Katz et P. Mair, le parti de masse aurait pour fonction principale d’être l’intermédiaire entre les mouvements et l’État. Le parti serait alors ancré dans ces mouvements. Cependant à l’issue d’un processus qui tendrait à faire des partis des agences publiques intégrées à l’État, ceux-ci auraient progressivement rompu leurs liens avec la société civile. Ce modèle ne va pas sans poser un certain nombre de limites16. Afin de se préserver de tout biais évolutionniste, les transformations affectant les partis seront saisies ici sous l’angle de la rétractation des réseaux partisans17.

    8Au cours de ces dernières années, cette rétractation a pu être observée sur les terrains étudiés. La lecture des statuts et des organigrammes donne un aperçu de cette évolution. En ce qui concerne feu le Rassemblement Pour la République et désormais l’UMP, les observations sont difficiles. En effet, les organigrammes locaux ne rendent compte que partiellement de ce qui se joue entre les acteurs : s’il existe bien des délégués fédéraux thématiques à l’immigration, à la famille ou à la société numérique, ces postes ont une fonction interne et honorifique ; ils se comprennent comme autant de rétributions du militantisme18. L’hypothèse d’un détachement des acteurs partisans vis-à-vis des mouvements sociaux semble se vérifier. Au PS, tant au niveau national que dans certaines fédérations comme celle du Nord, l’évolution organisationnelle du parti est plus patente. La majorité des secrétaires fédéraux chargés des relations avec les mouvements sociaux ont disparu au profit de postes toujours plus nombreux dont les priorités sont strictement internes au parti (projet, adhérents, vie militante, ou élections). Si dans la fédération du Bas-Rhin, les dirigeants fédéraux ont quasiment toujours conservé un secrétaire fédéral en charge des relations avec l’extérieur, il n’est néanmoins plus question de liens avec « le mouvement social », mais des « relations sociales » de façon plus large. Cette fonction est surtout maintenue pour intégrer dans l’organigramme un ancien militant syndicaliste, membre du courant fabiusien, sans lui donner de rôle précis ni de responsabilités élevées. Il est à ce titre significatif qu’en prévision de la mobilisation syndicale initiée par le Confédération Générale du Travail (CGT) et la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) contre la fermeture du site industriel de General Motors à Strasbourg à partir d’août 2008, les différents acteurs concernés ignorent son existence. Interrogé sur ses liens avec les syndicats, le secrétaire fédéral aux relations sociales reconnaît des rapports insuffisants avec les acteurs des mouvements sociaux. Les liens s’avèrent si lâches qu’il indique, en entretien, avoir appris les fermetures d’usine dans sa région par la presse.

    9La faiblesse des liens entre le parti et son environnement se remarque également à une autre échelle. En effet, l’analyse des modifications locales de l’organisation partisane montre qu’elles suivent largement le phénomène de rétractation constaté au niveau national. Ainsi, en 1997, Harlem Désir était en charge des relations avec le mouvement social, poste disparu aujourd’hui. On ne saurait cependant se contenter d’une lecture des organigrammes pour conclure à une séparation toujours plus grande des partis politiques et des mouvements sociaux. Il convient également de porter le regard sur la préparation des campagnes électorales nationales depuis 1997. Le 17 novembre 1996, le PS organise à la Bourse du Travail de Saint Denis un « Forum social » intitulé « les propositions économiques et sociales du Parti socialiste en débat ». Réunis autour d’ateliers thématiques, les caciques du parti engagent des discussions autour du chômage, des services publics, ou de l’école. Sous la houlette d’H. Désir, ces ateliers ainsi qu’une table ronde se tiennent tout au long de la journée réunissant les syndicats et confédérations syndicales (CGT, CFDT, CGT-FO, FEN, FSU, SNES, FIDL) mais aussi plusieurs associations (DAL, APEIS, FCPE) et diverses personnalités politiques d’autres partis de gauche. S’il ne faut certainement pas exagérer l’importance de cet événement sur l’évolution des propositions du PS, la réalité d’une arène d’échange et sa visibilité permettent au moins de mesurer la matérialité des relations entre le PS et les organisations dites structurantes du mouvement social. Autres temps, autres lieux : dix ans plus tard se tient, le 3 juin 2006, une réunion à Strasbourg. Selon les documents distribués par le PS cette réunion, sobrement intitulée les « États Généraux du projet », vise à discuter du projet du parti pour l’élection présidentielle à venir. Benoît Hamon, H. Désir, Pierre Moscovici se succèdent à la tribune et présentent une partie du programme socialiste sans qu’aucun acteur extérieur au parti ne soit convié à intervenir. Ainsi rapprochés, ces moments de deux campagnes électorales permettent d’illustrer le processus de distanciation entre partis politiques et mouvement social : invités à participer à un débat en 199719, les « acteurs sociaux » sont relégués au statut de simples spectateurs en 2007.

    10Ce bref aperçu des tendances nationales et locales des deux partis politiques étudiés permet de saisir certaines facettes de l’autonomisation des partis politiques à l’égard des mouvements sociaux. À cette autonomisation de l’espace partisan répond également celle de l’espace des mouvements sociaux.

    Un espace des mouvements sociaux en voie d’autonomisation

    11Lilian Mathieu a déjà pu constater que « les mobilisations et les organisations qui les mènent se déploient dans un univers relativement autonome, traversé par des logiques propres et dont les différents éléments sont unis par des relations de dépendance mutuelle20 ». Cet univers se manifeste d’abord par la volonté de certains de ses acteurs de prendre leurs distances avec les partis politiques de gauche. Le délégué syndical CGT de GM considère que l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 a suscité beaucoup de désillusions et a contribué à rendre vigilants les membres syndicalistes des partis de gauche. Il ne nous appartient pas, à partir de son témoignage, de décrire une évolution21, mais de souligner le degré d’intériorisation de ces représentations par les acteurs du mouvement social. Ce constat peut se faire dans d’autres lieux. L’Association des Familles Victimes du Saturnisme (AFVS) créée en 1998 s’empare alors du problème, afin d’obtenir l’éradication de la maladie en luttant contre sa cause majeure : le logement insalubre. Le dirigeant de l’association souhaite ne pas renouveler les erreurs commises en 1981, lorsque les acteurs associatifs et syndicaux s’en étaient, selon lui, trop remis aux partis de gauche.

    « Moi, je pense que c’est important que le mouvement associatif garde sa capacité critique et y compris fasse pression pour obliger une gauche qui est au pouvoir à remplir ses engagements et à aller jusqu’au bout en s’appuyant sur le mouvement social. C’est ce qu’on a loupé moi je pense en 81 et après. Parce qu’à partir du moment où le mouvement associatif et syndical se dit : “bon ben maintenant on est au pouvoir, on accepte donc tous les compromis qu’ils nous demandent parce que c’est eux qui sont nos porte-parole”, je pense qu’on se plante. Complètement. Et c’est là qu’on s’est planté en 81. »
    Entretien avec le président de l’AFVS, 5 janvier 2009, Paris.

    12Les collectifs de la mobilisation contre l’implantation d’un « locodrome » dans les Flandres répondent au même principe. Suite à la publication, en mars 2007, dans la Voix du Nord, des projets possibles d’implantation d’une boucle d’essais ferroviaires, des collectifs se manifestent mêlant intérêts environnementaux et préoccupations immobilières. Ces collectifs coalisent des riverains, des agriculteurs ou des associations tout en excluant les élus qui ne sont que des interlocuteurs. Ce refus de la tutelle des partis par les organisations menant les mobilisations sociales les conduit à rencontrer un personnel politique tout autant de gauche que de droite. En outre, afin d’éviter d’apparaître trop proches d’une organisation partisane, les collectifs, comme l’indique le président de l’AFVS, évitent de mettre trop en avant les partis soutenant leur mobilisation.

    « J’ai toujours fait très attention, y compris quand il y a des collectifs qui se constituent, à ce que les partis politiques ne soient pas membres du collectif en tant que tels mais apparaissent en soutien. Ils nous soutiennent, ça les regarde. Mais ils ne sont pas membres à part entière du collectif. »
    Entretien avec le président de l’AFVS, 5 janvier 2009, Paris.

    13Cette configuration se retrouve aussi dans les mobilisations contre le projet d’autoroute A24 traversant le département du Nord qui démarre en juin 2004. La mobilisation court jusqu’en octobre 2007 lorsque des décisions de principe prises lors du « Grenelle de l’Environnement » enterrent le projet. Les membres des Verts, engagés dans cette mobilisation à titre individuel, maintiennent, au moins formellement, une séparation entre leur engagement et leur position partisane. On constate donc une propension à l’autonomisation, tant discursive qu’effective, de la part des acteurs des mobilisations sociales, par rapport au champ politique.

    14Cette volonté d’autonomisation se remarque également à travers le refus du trésorier et semi-permanent de l’AFVS de renoncer à l’action collective pour obtenir des financements publics :

    « On n’est pas contre les financements publics. Mais bon, on veut garder une liberté totale de parole et d’action donc si ça doit nous coûter des subventions publiques : eh bien tant pis ! On cherche ailleurs. Voilà c’est le principe. »
    Entretien avec le trésorier de l’AFVS, 5 janvier 2009, Paris.

    15Cette association s’est d’ailleurs opposée à la Mairie de Paris, qu’elle soit menée par Jean Tiberi entre 1998 et 2001, ou par Bertrand Delanoë depuis 2001. Ses demandes de financement ou de locaux n’ont jamais été satisfaites. Ses ressources proviennent à 80 % de subventions octroyées par d’autres associations, à 10 % du conseil régional d’Ile de France à travers le financement d’un emploi tremplin et à 10 % de fonds propres. C’est donc à travers des relations entretenues avec les autres acteurs des mouvements associatifs que cette association parvient à se financer.

    16Souvent, du point de vue organisationnel, les acteurs des mouvements sociaux cherchent à se regrouper pour s’entraider et publiciser leur mobilisation. Le président de l’AFVS rappelle ainsi l’adhésion de son association à divers collectifs :

    « Ce que je voulais dire c’est que pour faire connaître aussi le problème et pour que l’association, qui est très petite, puisse avoir un peu plus d’audience, on est rentré à la Fédération DAL dont on est membre. On est membre de l’Observatoire de la Santé des Étrangers qui regroupe 17 associations de défense des étrangers, alors de Médecins du Monde au MRAP, GISTI. Et puis on est membre aussi depuis mars d’un gros collectif qui s’est constitué au moment de la Loi Kouchner sur le droit des malades qui s’appelle le collectif inter-associatif sur la santé. »
    Entretien avec le président de l’AFVS, 5 janvier 2009, Paris.

    17L’autonomisation des mouvements sociaux semble donc répondre au mouvement de rétractation des partis politiques. Par ailleurs, la professionnalisation constitue un autre facteur conduisant à une séparation croissante entre les partis et les catégories qu’ils considèrent représenter22, ce qui tend à modifier les relations qu’ils entretiennent.

    Professionnels de la politique et routinisation du traitement des mobilisations sociales

    18L’autonomie relative du champ politique tend à homogénéiser les trajectoires du personnel politique tant au PS qu’à l’UMP, marquées par une professionnalisation politique précoce et durable. La vigueur de cette professionnalisation, associée à une position structurellement dominante vis-à-vis des acteurs des mobilisations sociales, ont pour conséquence de routiniser leurs relations, c’est-à-dire de les rendre plus impersonnelles voire quasi administratives. Sans être rompues, les relations sont redéfinies dans un cadre dominé par des considérations techniques contribuant à leur dépolitisation.

    19Avec les lois de décentralisation, l’accroissement du nombre de postes d’auxiliaires d’élus a eu pour effet une professionnalisation accrue du personnel politique local23. Dès lors, les modalités de recrutement et de sélection de ce personnel tendent à s’homogénéiser au sein des partis gouvernementaux par-delà le clivage droite-gauche. En cela, les trajectoires d’une élue UMP et d’un auxiliaire d’élu socialiste sont exemplaires. Tous deux sont âgés de près de 35 ans et en charge des questions de logement au sein des institutions politiques parisiennes. La première, UMP, est membre, en tant qu’élue parisienne, de la commission Urbanisme ainsi que du conseil d’administration de l’OPAC. Le second, PS, est chef de cabinet de l’adjoint en charge du Logement à la mairie de Paris. Tous deux se sont engagés en politique à l’âge de 17 ans ; ils ont occupé des responsabilités au sein des organisations de jeunesse de leur parti respectif en menant, en parallèle, des études d’histoire à La Sorbonne. En 1995, l’actuelle élue UMP est devenue chef de cabinet d’un adjoint à la mairie de Paris ; lorsque la droite perd la mairie de Paris, elle reste conseillère de Paris avant d’intégrer comme consultante une société de communication. En 1997, l’actuel auxiliaire d’élu PS devient conseiller économique et fiscal auprès de François Hollande, alors Premier secrétaire du PS, détaché auprès du secrétaire national chargé des Questions économiques. Puis, en 2008 après le départ de F. Hollande, il occupe la fonction de chef du cabinet de l’adjoint en charge du Logement à la mairie de Paris. Parallèlement, il est élu en 2008, conseiller municipal dans une ville de la banlieue parisienne de 45 000 habitants. À la lumière de leur trajectoire, ces deux acteurs peuvent effectivement être considérés comme des professionnels de la politique. Dès lors, les rapports qu’ils entretiennent avec la problématique du mal-logement, dont ils ont la charge, se donnent à voir, moins sous l’angle de l’entretien de relations interpersonnelles, que cadrés par des impératifs techniques. Ainsi, le directeur de cabinet de l’adjoint socialiste au Logement à la mairie de Paris explique être contraint d’entretenir des rapports strictement administratifs avec les acteurs des mouvements sociaux :

    « – Et les associations de mal-logés, vous les voyez souvent ?
    – Ben pas le choix ! Voilà parce qu’ils s’intéressent à certaines adresses et il se trouve que ce sont des adresses que l’on suit. […] Donc oui, il m’arrive de temps en temps d’avoir des échanges de courriers, de courriers électroniques, téléphone. »
    Entretien avec le chef de cabinet de l’adjoint socialiste à la mairie de Paris, 15 juin 2009, Paris.

    20À cette professionnalisation, s’adjoignent des relations asymétriques entre des acteurs politiques et des mouvements sociaux qui conduisent ces derniers à s’ajuster aux prescriptions des acteurs politiques. Cela se traduit par le caractère parfois purement symbolique de la relation que les élus cherchent à entretenir avec les acteurs des mouvements sociaux. Selon le trésorier de l’AFVS, la seule présence de la presse décide les parlementaires parisiens à convier différentes associations à leur compte-rendu de mandat annuel :

    « Le PS nous a invité l’année dernière à son compte-rendu de mandat des parlementaires. Ils avaient voulu ouvrir ça au monde associatif et ils ont invité, je ne sais plus, une trentaine, une quarantaine d’associations à y assister et on y est allé pour voir un petit peu à quoi ça pouvait ressembler. Moi j’ai été très déçu du truc parce que ce n’était pas une volonté d’échange avec des associations, c’était une volonté de mettre les associations au premier rang afin qu’elles soient dans le champ des caméras. Nous avons assisté ensuite à 4 heures d’autocongratulation des parlementaires qui venaient dire tout ce qu’ils avaient fait l’année passée. On n’était pas dans une vraie dynamique de réflexion avec le monde associatif. On était là comme des faire-valoir d’une ouverture vers le monde associatif. »
    Entretien avec le trésorier de l’AFVS, 5 janvier 2009, Paris.

    21L’asymétrie des relations entre acteurs politiques et des mouvements sociaux peut se manifester, symboliquement, mais aussi matériellement à travers l’entretien de relations de type clientélaire. Ainsi cette élue UMP à Paris insiste sur la capacité des gouvernants locaux à établir et entretenir un rapport de subordination avec les acteurs des mobilisations par le jeu des subventions publiques :

    « Une mairie c’est une vraie machine de guerre électorale. Enfin le maire a un poids incroyable. Il peut faire plein, plein de choses. […] Le problème c’est que les associations, c’est bien quand elles sont sur la base du bénévolat, mais quand elles sont avec des salariés, elles dépendent de la municipalité ou du conseil régional pour exister. C’est plus proche entre guillemets du clientélisme. Malheureusement quoi. »
    Entretien avec la vice-présidente UMP de la commission urbanisme et logement au conseil de Paris, 3 janvier 2009, Paris.

    22Ces relations particulières se retrouvent également sur un dossier similaire dans la métropole lilloise. En avril 2004, suite à une grève de la faim menée par une quarantaine de femmes pour revendiquer un logement décent et pour certaines des papiers, une adjointe au maire, chargée de l’Action sociale liée au logement, expose la maîtrise par la mairie des relations qu’elle entretient avec les associations liées à la problématique du logement.

    « – Vous avez beaucoup de contacts avec le DAL sur ces questions de logement ?
    – Avec le DAL en général, et oui sur les questions de logement depuis longtemps. Ce sont des rapports étroits puisqu’ils nous ont souvent interpellés sur des problèmes de relogement. On les connaît depuis longtemps. […] Ils sont financés par la ville, dans le cadre d’un accompagnement individuel, on leur demande de faire un accompagnement pour les personnes en difficulté, donc ils ont un financement pour ça. »
    Entretien avec l’adjointe au maire de Lille, 13 avril 2006, Lille.

    23La question du financement associatif est un élément des relations partis-mobilisations. Lorsqu’ils exercent le pouvoir local, les partis politiques ont cette possibilité de soutenir et ainsi, de sélectionner certaines associations comme interlocutrices légitimes. Ces rapports privilégiés sont d’autant plus facilités que les acteurs des associations sont multipositionnés. Les liens personnels tissés à l’époque entre le DAL et le PS lillois ont ainsi pu faciliter ces relations. Du reste, dans les deux extraits d’entretien précédents, il est possible de noter que les professionnels de la politique accordent une plus grande importance à l’occupation de positions institutionnelles qu’à leur appartenance partisane. Ils deviennent davantage les porte-parole des institutions qu’ils incarnent, plutôt que du parti politique dont ils sont membres. Ce registre se retrouve également dans une forme de routinisation des relations interorganisationnelles :

    « – Le 16 avril 2004, une délégation est venue en mairie ; il y avait les porte-parole du collectif qui s’était formé, Monseigneur Gaillot, le Professeur Albert Jacquard, et des gens du DAL. Je suppose que c’était pour vous rencontrer. Pouvez-vous me décrire ce qu’il s’est passé ?
    – Globalement, ils venaient voir la ville pour dire : “que faites-vous ?”, “vous ne faites pas, vous devriez faire”. On va dire c’était leur introduction. Et moi je leur ai dit : “attention, la ville ce n’est pas un propriétaire bailleur, on n’a pas de logements” […] (Pour) le contingent communautaire, il faut que les personnes aient des papiers. On ne les loge pas dans un logement social s’ils n’avaient pas de papiers. Nous ne sommes pas propriétaires de logements, ce n’est pas nous qui délivrons les papiers. Donc au collectif qui nous disait “vous ne faites rien”, j’ai rappelé que le logement c’était une compétence de l’État et que les papiers c’était une compétence de l’État. Et qu’à partir de là, la préfecture elle est tout à fait en droit de décider des papiers et de mobiliser le contingent […] donc j’ai rappelé les principes de base. […] Ils m’ont demandé de les accompagner à la préfecture. Ce que j’ai accepté parce qu’on était en accompagnement avec le DAL sur ces dossiers. »
    Entretien avec l’adjointe au maire de Lille, 13 avril 2006, Lille.

    24Le genre et les doléances sont ici renvoyées à l’infrapolitique24. En professionnelle de la politique, cette adjointe règle alors les relations avec la mobilisation sous une forme de relation quasi administrative, évitant une montée en généralité et la politisation que l’on retrouve lorsque les partis sont en situation d’opposition. À cet égard, Fabienne Keller, (UMP) ancienne maire de Strasbourg, peut, plus facilement que l’équipe municipale socialiste en place, fustiger, lors de l’annonce de la vente de l’usine GM, « ces Américains, ces multinationales25 ! »

    25Par ailleurs, plus les élus cumulent de positions institutionnelles et moins ils sont réceptifs aux demandes des groupes mobilisés, privilégiant la logique administrative de traitement du problème social. Ainsi, la même adjointe lilloise interrogée sur le mode d’action qu’est la grève de la faim offre par sa réponse une illustration de cet aspect :

    « Je ne pense pas que ce soit un bon mode d’action. Parce que d’abord ça met les personnes en danger et ça je trouve que ce n’est jamais une bonne idée. Et que de toute façon, la méthode est toujours la même : on doit traiter le dossier individuel, et il faut du temps. Ce n’est pas parce que vous allez faire une grève de la faim, vous n’avez pas le papier, vous n’avez pas d’argent… et bien il faut du temps […] ce n’est pas parce qu’il y a une grève de la faim que l’administration tombe. Les démarches sont les mêmes. »
    Entretien avec l’adjointe au maire de Lille, 13 avril 2006, Lille.

    26De même, le directeur de cabinet de l’adjoint au Logement s’appuie essentiellement sur ses services pour traiter du problème des mal-logés.

    « À la maire de Paris, c’est-à-dire qu’on n’a pas envie d’avoir un partenariat avec une association lambda. Nous, on a des services techniques, en l’occurrence le service technique de l’Habitat qui est le côté ville, qu’on paie à plus que temps plein pour pratiquer un recensement et un suivi très, très opérationnel des adresses. »
    Entretien avec le chef de cabinet de l’adjoint socialiste à la mairie de Paris, 15 juin 2009, Paris.

    27L’autonomisation des espaces politiques partisans et des mouvements sociaux a rendu plus complexes leurs relations. On constate moins une absence de relations entre ces deux espaces qu’une routinisation de leurs rapports dans un cadre dominé par des acteurs politiques (PS ou UMP) pris, eux-mêmes dans des rôles prescrits par les institutions politiques locales et nationales. Ce cadre est cependant plus ou moins ouvert en fonction de la conjoncture politique et des ressources des acteurs.

    Une complexification conjoncturelle des relations entre partis et mouvements

    28L’asymétrie des relations entre les acteurs politiques et ceux des mobilisations sociales est forte car routinière. Néanmoins, les acteurs des mobilisations peuvent tirer parti de certaines configurations temporaires propres à l’espace politique partisan et à l’état des ressources dont ils disposent.

    Le rapport à la structure de l’espace politique au principe des prises de position des acteurs partisans

    29Les décisions politiques apparaissent comme enserrées dans divers systèmes de contraintes propres au champ politique, comme le cycle électoral et le niveau de détention des ressources institutionnelles. Les prises de position des acteurs partisans sont d’autant plus perméables aux revendications des mobilisations sociales que les échéances électorales sont proches. En 1995, une des têtes de liste socialistes dans un arrondissement populaire parisien s’est saisi de la lutte contre le saturnisme lors de la campagne municipale :

    « Robert [Maire d’arrondissement en 2008, prénom modifié] ne s’intéresse qu’aux dossiers politiquement payants, dans lequel il y a un bénéfice à tirer immédiat. Au début, quand on a commencé à s’occuper du saturnisme, il en avait rien à foutre. Il disait : “Tu nous emmerdes avec tes taudis.” Quand il a compris que c’était un sujet politique éminent et que ça risquait d’être au cœur des problématiques municipales, il s’en est emparé et l’a mis sur ses affiches électorales. »
    Entretien avec l’adjoint d’arrondissement à la Santé 1995-2001 et conseiller d’arrondissement de 2001 à 2008, 16 janvier 2008, Paris.

    30Sur le dossier de l’A24 dans le Nord, Marc-Philippe Daubresse présente une stratégie similaire. Sa position ministérielle au sein du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, puis sa fonction de leader régional du parti au gouvernement l’incitent dans un premier temps à soutenir le projet d’autoroute. Il reprend alors les arguments en terme d’emploi et de désengorgement des axes routiers énoncés par Gilles de Robien et repris par le président départemental de la Chambre de Commerce et de l’Industrie. Mais deux évènements viennent modifier les modalités de son positionnement. Candidat déclaré à la succession de Pierre Mauroy pour la présidence de la Communauté urbaine de Lille, il s’efforce de tenir un rôle plus consensuel conforme à l’institution26 et de reprendre à son compte les positions défendues jusqu’alors par son président27. Du reste l’abandon du projet suite au Grenelle de l’environnement correspond bien au cadre de sa campagne intercommunale axée sur le développement durable.

    31Plus les échéances électorales sont proches, plus les acteurs partisans vont chercher à relayer des problèmes sociaux construits par les mobilisés. Néanmoins, une fois ces échéances passées, les prises de position publiques de chaque agent politique dépendent surtout de leur niveau de ressources institutionnelles et des positions défendues par leurs concurrents. Ainsi, comme le souligne ce délégué CGT de GM, F. Keller adopte un discours plus proche de celui des mobilisés à l’opposé des dirigeants socialistes Roland Ries ou Jacques Bigot. Ce discours s’explique par sa position de challenger dans le champ politique :

    « [Fabienne Keller] était remontée contre la GM parce qu’en fin de compte les autres socialistes, ils avaient encore un discours plus mou qu’elle ! Plus mou qu’elle !!! »
    Entretien avec le délégué CGT Général Motors, 10 juin 2009, Strasbourg.

    32Pareillement, cette conseillère UMP de Paris relie ses prises de position contre les décisions de la municipalité socialiste à sa position de challenger dans le champ politique :

    « Moi je suis dans l’opposition et être dans l’opposition c’est quelque chose de très frustrant parce que je peux juste intervenir lors des débats en conseil de Paris ou faire des tribunes. […] Voilà donc j’ai fait plusieurs fois une tribune, des vœux et quand il y a des questions budgétaires, je vais intervenir en disant : “on n’en fait pas assez”. »
    Entretien avec la vice-présidente UMP de la commission urbanisme et logement au conseil de Paris, 3 janvier 2009, Paris.

    33La position dans les institutions et les contraintes temporelles constituent donc des éléments clés pour comprendre la fluctuation conjoncturelle des opportunités politiques. Le projet d’autoroute A24 donne par exemple lieu à une cacophonie au sein de l’UMP et du PS. Les acteurs partisans prennent position non pas en fonction de leur parti politique mais de leurs mandats et des positions institutionnelles qu’ils occupent. Le candidat UMP d’une circonscription traversée par le projet mène, en effet, la fronde des maires contre le projet sans concertation aucune avec l’appareil fédéral, plutôt en faveur du projet à l’époque. Contrairement aux positions du PS du Pas-de-Calais et de Picardie, les membres socialistes du conseil général du Nord s’opposent également au projet qu’ils ne veulent pas financer, s’alignant ainsi sur les positions de leurs alliés dans l’institution. Plusieurs membres du groupe des Verts sont en effet partie prenante des collectifs mobilisés contre le projet. Enfin, concernant le « locodrome », si un élu socialiste du conseil général endosse le rôle de l’interlocuteur c’est pour accroître ainsi sa légitimité d’élu dans son canton.

    34En dehors du contexte électoral, les contraintes institutionnelles pèsent sur les acteurs partisans. Si on constate un désintérêt actuel, de la part des responsables socialistes en charge du Logement à la mairie de Paris, à l’égard des associations de mal-logés comme le DAL, cette situation a évolué à travers le temps. En effet, Jean-Yves Mano, actuel adjoint socialiste en charge de ces problématiques, entretenait lors de la campagne électorale en 2001 des liens réguliers avec certaines de ces associations de mal-logés comme le DAL28.

    35L’autonomisation des espaces partisan et des mouvements sociaux tend donc à aligner les prises de position des acteurs politiques sur la structure de l’espace politique partisan. Par conséquent, on peut être tenté de ne prendre en compte que les seules contraintes propres au jeu politique afin de restituer les logiques des prises de position des acteurs politiques. Cependant c’est oublier que, conjoncturellement, les acteurs des mobilisations sociales sont aussi en mesure de contraindre directement ou indirectement les prises de position ou les décisions des acteurs partisans.

    Les ressources des mobilisés capables d’influencer les acteurs politiques

    36La disjonction de l’espace partisan et de l’espace des mouvements sociaux contribue à l’autonomisation des prises de position des acteurs politiques. Pour influencer les acteurs partisans, les individus mobilisés disposent d’un certain nombre de moyens d’action directs (lobbying, négociation, action conflictuelle, action juridique) et indirects (actions symboliques, prises de position publique).

    37Au cours des actions conflictuelles ou des manifestations, les participants aux mouvements sociaux trouvent l’occasion de peser sur les prises de position des hommes politiques. R. Ries, maire socialiste de Strasbourg, se rend à la manifestation du 1er mai 2009. La rencontre rapide et informelle avec les syndicalistes est l’occasion d’une reprise de contact ultérieure entre les mobilisés et les élus socialistes strasbourgeois.

    « Bon on a fait pas mal de mobilisations donc les politiques qui se trouvaient dans ces manifestations ont été interpellés par les travailleurs. C’est pour ça qu’ils nous ont convoqués à un moment donné. Par exemple Roland Ries, on l’avait vu au 1 er mai. Les travailleurs de la GM ont dit : “ah c’est Roland Ries !” Donc ils ont été le voir et puis ils lui ont dit : “eh oh ! Qu’est ce que vous faites pour les travailleurs de Général Motors ?” […] On a aussi croisé Catherine Trautmann, Armand Jung. »
    Entretien avec le délégué CGT Général Motors, 10 juin 2009, Strasbourg.

    38Cette interpellation publique a permis de contraindre l’élu à organiser, par la suite, une entrevue au siège de la Communauté urbaine de Strasbourg.

    39Outre ces modes d’action mêlant grève, manifestation et interpellation directe des élus, les mobilisés peuvent également contraindre directement les décisions publiques des acteurs politiques à la tête de collectivités territoriales en intentant des actions judiciaires. C’est le procédé employé par l’AFVS qui a recours aux services d’un cabinet d’avocats. À la suite de plusieurs décisions judiciaires29, l’AFVS a alors pu obtenir des pouvoirs publics le relogement ainsi que l’indemnisation des familles habitant dans des immeubles dont l’insalubrité provoquait des cas de saturnisme.

    40À côté de ces moyens d’actions directs, les acteurs des mobilisations peuvent également contraindre indirectement les élus à s’emparer du problème soulevé en cherchant à susciter l’intérêt des médias par des actions symboliques ou des prises de position publique. En effet, les acteurs politiques partisans tentent de maîtriser à travers leur communication les cadrages journalistiques sur le sujet dont ils ont la charge. Ainsi, le directeur de cabinet de l’adjoint parisien au Logement ne communique pas en fonction des résultats obtenus ou des problèmes rencontrés par les acteurs publics pour lutter contre le logement insalubre, mais de sa représentation des réactions de l’opinion du public touché par le mal-logement :

    « Moi, je trouve que la ville de Paris communique pas mal sur ce sujet. On est au bon niveau. Si on en fait plus, les gens vont se dire : “ah oui, mais moi je suis pas dans l’habitat insalubre et je n’y ai pas le droit bien que j’en prenne plein la gueule tous les jours”. C’est faux, ils y ont le droit comme les autres. Si on en fait moins, on nous dira qu’on baisse les bras. Ce qui est faux. On met tout l’argent et l’énergie qu’il y faut. Donc on est un peu près au niveau de communication médian et c’est ce qu’il faut. »
    Entretien avec le chef de cabinet de l’adjoint socialiste à la mairie de Paris, 15 juin 2009, Paris.

    41L’équilibre recherché par ce collaborateur dans sa communication peut être alors bouleversé par l’apparition d’une mobilisation relayée par les médias. Ainsi l’adjointe à la mairie de Lille déplore la médiatisation soudaine de la grève de la faim menée par une quarantaine de femmes lors de la venue des personnalités comme Mgr Gaillot ou A. Jacquard. La gestion de la mobilisation échappe au terrain feutré de l’administration pour devenir un dossier plus politique. Pour autant, si l’écho médiatique contribue à rendre visibles les mouvements sociaux auprès des acteurs publics, la mise en forme journalistique peut favoriser ou desservir les mobilisations. Certaines d’entre elles mettant en jeu un fort contenu émotionnel seront traitées plus facilement par les médias, comme le remarque le rapport d’activité 2007 de l’AFVS :

    « Le saturnisme infantile et a fortiori l’AFVS suscitent l’attention de la presse, surtout à l’occasion des dépôts de plaintes et des décisions de justice, mais la demande d’information est régulière, même hors des événements particuliers. »

    42Ainsi, en 2007, toujours selon ce rapport,

    « L’AFVS a pris part à une conférence de presse organisée à la sous-préfecture de Saint Denis, à propos d’un immeuble situé au 33 rue Albert-Walter, dont l’évacuation a finalement eu lieu. »

    43À l’inverse, des mobilisations mettant en jeu des acteurs engagés à l’extrême gauche dont le discours est peu consensuel bénéficient d’un intérêt moindre de la part des médias notamment locaux30. Les mobilisations à GM à partir du mois d’octobre-novembre 2008 sont le fait de la CGT dont le délégué avait également été tête de liste Lutte Ouvrière en 1995 et 2001 lors des élections municipales à Strasbourg. Selon ce syndicaliste, le quotidien Dernières Nouvelles D’Alsace avait préféré interviewer le délégué CFDT, plus proche de la direction et non engagé politiquement.

    « C’est vrai qu’après, il n’y a pas beaucoup de médias qui retransmettent ce qu’on a voulu passer comme message et surtout pas les DNA. Ça, c’est clair. Les DNA de toute façon, ils ont eu tendance à censurer beaucoup la CGT. Ils interviewent plus le secrétaire du CE qui est CFDT qui lui est pour l’accompagnement des licenciements. Il a même déclaré une fois dans le journal que si on sauve 1000 emplois c’est mieux que rien ! »
    Entretien avec le délégué CGT Général Motors, 10 juin 2009, Strasbourg.

    44Les mobilisations ne bénéficient donc pas toutes du même traitement dans la presse, et ce en fonction du positionnement social et politique des acteurs qui les animent. Pourtant, compte tenu de l’importance que les acteurs politiques accordent à leur communication, la couverture médiatique, variant suivant la nature de la mobilisation, est en mesure de contraindre leurs prises de décision.

    45Dans ce contexte, les mouvements sociaux mobilisent certaines ressources afin d’influencer directement ou indirectement les prises de décision ou position des acteurs partisans : interpellation des élus lors des mobilisations, usage de la couverture médiatique suscité par la mobilisation, recours aux relations parmi les hauts fonctionnaires territoriaux et action en justice. Plus généralement, l’étude des relations entre partis politiques et mouvements sociaux nous donne donc à voir que les prises de position des acteurs partisans dépendent à la fois de la configuration politique et de l’état des ressources dont disposent les mobilisés. Les échéances électorales permettent ainsi à certains mouvements de se faire entendre – comme peut être entendue, par intermittence, l’AFVS – ou offrent à d’autres la possibilité d’émerger – comme par exemple les collectifs de lutte contre l’implantation du « locodrome ». D’un autre côté, la concurrence ou la coopération des partis politiques entre eux incite l’UMP à entendre les syndicalistes de GM et permet aux collectifs de lutte contre le projet d’autoroute de compter sur le soutien du conseil général à majorité socialiste. Par ailleurs, la médiatisation semble amplifier l’influence des mouvements mais ne suffit pas à emporter l’adhésion des acteurs politiques : les grévistes de la faim, par exemple, n’échappèrent pas au traitement individualisé de leur dossier.

    46Au final, le rapport des acteurs partisans à la mobilisation semble ne dépendre ni du contenu ni des formes de celle-ci. L’autonomisation des espaces politiques partisans et des mouvements sociaux contribue donc à la dissociation de deux espaces obéissant à des logiques propres. Cependant, il s’agit moins d’un abandon des relations entre partis politiques et mouvements sociaux que d’une transformation. L’autonomisation de ces deux espaces reste alors relative puisque, conjoncturellement, les acteurs partisans et des mouvements sociaux entrent en interaction. Mais les liens attachant les partis aux mobilisations collectives semblent se caractériser moins par la multipositionnalité d’acteurs, que par une anonymisation et une professionnalisation des rapports partis-mouvements sociaux.

    Les relations entre acteurs en fonction des configurations politiques

    Image

    47Ces transformations sont à remettre dans le cadre plus large de la professionnalisation accrue des organisations partisanes disposant d’un accès aux ressources institutionnelles. Celles-ci autorisent en effet le recrutement d’auxiliaires politiques en charge de suivre, susciter voire entraver les mobilisations en fonction de l’état du cycle électoral ou de la position de l’élu dans l’espace politique – challenger/established. Néanmoins le professionnel de la politique doit faire face également à certaines contraintes : médiatiques, administratives ou judiciaires. Ces contraintes s’imposant à l’agent politique vont alors être autant de ressources que vont chercher à mobiliser les acteurs des mouvements sociaux. Il convient in fine de souligner la complexification des rapports entre partis politiques et mouvements sociaux, faisant bien souvent intervenir des acteurs intermédiaires, comme les médias, obéissant également à des logiques propres à leur espace social.

    48À rebours du modèle classique de la structure des opportunités politiques, cette analyse montre que la distance croissante entre partis et mouvements sociaux invite moins à s’intéresser à leurs relations d’un point de vue structurel et macrosociologique qu’à chercher à déterminer, au niveau local, les conditions – variables selon les acteurs et les conjonctures politiques – qui rendent possible ces relations.

    Notes de bas de page

    1 Gitlin T., The Whole World Is Watching : Mass Media in the Making and Unmaking of the New Left, Berkeley/Los Angeles/Londres, University of California Press, 1980 ; « Médias et mouvements sociaux », Réseaux, vol. 17, n° 98, 1999 ; Champagne P., « La manifestation. La production de l’événement politique », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 52-53, 1984, p. 19-41.

    2 Garraud P., « Politiques nationales : élaboration de l’agenda », L’Année sociologique, vol. 40, 1990, p. 17-41 ; Dupuy C., Halpern C., « Les politiques publiques face à leurs protestataires », Revue française de science politique, vol. 59, n° 4, 2009, p. 701-722.

    3 Fillieule O. et Della Porta D., Police et manifestants. Maintien de l’ordre et gestion des conflits, Paris, Presses de Sciences po, 2006 ; Fillieule O. et Bennani-Chraïbi M. (dir.), Résistances et protestations dans les sociétés musulmanes, Paris, Presses de Sciences Po, 2003.

    4 Juhem P., « Entreprendre en politique. De l’extrême gauche au PS : La professionnalisation politique des fondateurs de SOS-Racisme », Revue française de science politique, vol. 51, n° 1-2, 2001, p. 131-153 et Sawicki F., Siméant J. « Décloisonner la sociologie de l’engagement militant. Note critique sur quelques tendances récentes des travaux français », Sociologie du travail, 51, n° 1, 2009, p. 97-125.

    5 Thorpe A., A History Of the British Labour Party, Houdmills, Palgrave, 2001.

    6 Kitschelt H., The Logics of Party Formation : Ecological Politics in Belgium and West Germany, Ithaca, Cornell University Press, 1989.

    7 Guionnet C., « La politique autrement à Rennes : Entre récurrences et réinventions », dans Lagroye J., Lehingue P. et Sawicki F. (dir.), Mobilisations électorales. Le cas des élections municipales de 2001, Paris, PUF, 2005, 117-143.

    8 Eisinger P., « The Conditions of Protest Behaviour in American Cities », American Political Science Review, vol. 67, n° 1, 1973, p. 11-28.

    9 Mcadam D., Political Process and the Development of Black Insurgency. 1930-1970, Chicago, The University of Chicago Press, 1982.

    10 Tarrow S., Democracy and Disorder. Protest and Politics in Italy, 1965-1975, Oxford, Clarendon Press, 1989.

    11 Mcadam D., « Movement Strategy and Dramaturgic Framing in Democratic States : The Case of the American Civil Rights Movement », Research on Democracy and Society, vol. 3, 1996, p. 155-176.

    12 Goodwin J. et Jasper J., « Caught in a Winding, Snarling Vine : The Structural Bias of Political Process Theory », Goodwin J. et Jasper J. (ed.), Rethinking Social Movements. Structure, Meaning and Emotions, Lanham, Rowman and Littlefield Publishers, 2003, p. 3-30. Mathieu L., « Contexte politique et opportunités », Sommier I., Fillieule O. et Agrikoliansky É., Penser les mouvements sociaux. Conflits sociaux et contestation dans les sociétés contemporaines, Paris, la Découverte, 2010.

    13 Desrumaux, C., Lille et la grève de la faim. Contribution à l’étude d’un registre protestataire par son analyse localisée, mémoire IEP de Rennes, 2006.

    14 Signalons toutefois Beréni L., « Lutter dans ou en dehors du parti ? L’évolution des stratégies des féministes du Parti socialiste (1971-1997) », Politix, vol. 19, n° 73, 2006, p. 187-209.

    15 Katz R. et Mair P., « Changing Models of Party Organization and Party Democracy. The Emergence of the Cartel Party », Party Politics, vol. 1, n° 1, 1995, p. 5-28.

    16 Pour une mise en perspective critique, voir l’ensemble des contributions dans Deze A. et Aucante Y. (dir.), Les systèmes de partis dans les démocraties occidentales. Le modèle du parti-cartel en question, Paris, Presses de Sciences Po, 2008.

    17 Sawicki F. et Lefebvre R., La Société des socialistes. Le PS aujourd’hui, Bellecombe-en-Bauges, Editions du Croquant, 2006.

    18 Desrumaux C., Aux cœurs des campagnes de l’UMP. Contribution à la sociologie des mobilisations électorales par leur analyse locale, mémoire de master, université de Lille 2, 2007.

    19 Notons que les premières invitations internes utilisaient comme titre « les propositions économiques et sociales du PS au crible des acteurs sociaux ». [C’est nous qui soulignons].

    20 Mathieu L., « Rapport au politique, dimensions cognitives et perspectives pragmatiques dans l’analyse des mouvements sociaux », Revue française de science politique, vol. 52, n° 1, 2002, p. 95.

    21 Sur la dynamique de cette autonomisation concernant des terrains similaires : Péchu C., Droit Au Logement. Genèse et sociologie d’une mobilisation, Paris, Dalloz, 2006.

    22 Sawicki F. et Lefebvre R., « Le peuple vu par les socialistes », Matonti F. (dir), La démobilisation politique, Paris, La Dispute, 2005, p. 69-96.

    23 Courty G., (dir.), Le travail de collaboration avec les élus, Paris, Michel Houdiard Éditeur, 2005 ; Garraud P., Profession : homme politique. La carrière politique des maires urbains, Paris, L’Harmattan, 1989 ; Hû G., « Le secrétaire de section est-il un militant comme les autres ? Du bénévole au professionnel, paroles de secrétaires de section dans le Nord, le Bas-Rhin et à Paris (2005-2007) », Recherche socialiste, n° 46-47, 2009.

    24 Sur la réception de la mobilisation collective menée par des femmes voir : Einwohner R. L., « Gender, Class, and Social Movement Outcomes : Identity and Effectiveness in Two Animal Rights Campaigns », Gender & Society, février 1999, vol. 13, n° 1, p. 56-76.

    25 Propos rapportés par un délégué syndical CGT.

    26 Desage F. et Gueranger D., La politique confisquée. Sociologie des réformes et des institutions intercommunales, Paris, Editions du Croquant, 2011, notamment le chapitre V.

    27 Desrumaux C. et Petitfils A. -S., « L’intercommunalité en campagne à Tourcoing : construction de l’« enjeu » communautaire et réaffirmation de la prééminence mayorale par la droite », Le Saout R., L’intercommunalité en campagne. Rhétoriques et usages de la thématique intercommunale dans les élections municipales de 2008, Rennes, PUR, 2009, p. 157-172.

    28 « “Avec le DAL, nous ne nous quittons plus, ces derniers temps…” glisse M. Mano en se hissant sur une chaise. L’adjoint au maire avait déjà eu deux entrevues, le 25 mars et le 9 avril, avec des représentants de l’association », Le Monde, 20 avril 2001.

    29 En juillet 2002, la Commission d’Indemnisation des Victimes d’Infractions (CIVI) reconnaît que l’intoxication au plomb d’une quarantaine d’enfants peut être une infraction susceptible d’une sanction pénale. En outre, elle déclare recevable les demandes d’indemnisation déposées par 12 familles de malades. En octobre 2004, la Cour d’appel de Paris reconnaît l’existence d’une infraction et indemnise en conséquence les victimes de ce dommage. Le 23 mars et 25 mai 2007, les cours d’appel de Paris et Versailles indemnisent 18 nouvelles familles victimes de saturnisme.

    30 Neveu E., Sociologie du journalisme, Paris, La Découverte, 2004.

    Auteurs

    • Clément Desrumaux
    • Grégory Hû
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    1 Gitlin T., The Whole World Is Watching : Mass Media in the Making and Unmaking of the New Left, Berkeley/Los Angeles/Londres, University of California Press, 1980 ; « Médias et mouvements sociaux », Réseaux, vol. 17, n° 98, 1999 ; Champagne P., « La manifestation. La production de l’événement politique », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 52-53, 1984, p. 19-41.

    2 Garraud P., « Politiques nationales : élaboration de l’agenda », L’Année sociologique, vol. 40, 1990, p. 17-41 ; Dupuy C., Halpern C., « Les politiques publiques face à leurs protestataires », Revue française de science politique, vol. 59, n° 4, 2009, p. 701-722.

    3 Fillieule O. et Della Porta D., Police et manifestants. Maintien de l’ordre et gestion des conflits, Paris, Presses de Sciences po, 2006 ; Fillieule O. et Bennani-Chraïbi M. (dir.), Résistances et protestations dans les sociétés musulmanes, Paris, Presses de Sciences Po, 2003.

    4 Juhem P., « Entreprendre en politique. De l’extrême gauche au PS : La professionnalisation politique des fondateurs de SOS-Racisme », Revue française de science politique, vol. 51, n° 1-2, 2001, p. 131-153 et Sawicki F., Siméant J. « Décloisonner la sociologie de l’engagement militant. Note critique sur quelques tendances récentes des travaux français », Sociologie du travail, 51, n° 1, 2009, p. 97-125.

    5 Thorpe A., A History Of the British Labour Party, Houdmills, Palgrave, 2001.

    6 Kitschelt H., The Logics of Party Formation : Ecological Politics in Belgium and West Germany, Ithaca, Cornell University Press, 1989.

    7 Guionnet C., « La politique autrement à Rennes : Entre récurrences et réinventions », dans Lagroye J., Lehingue P. et Sawicki F. (dir.), Mobilisations électorales. Le cas des élections municipales de 2001, Paris, PUF, 2005, 117-143.

    8 Eisinger P., « The Conditions of Protest Behaviour in American Cities », American Political Science Review, vol. 67, n° 1, 1973, p. 11-28.

    9 Mcadam D., Political Process and the Development of Black Insurgency. 1930-1970, Chicago, The University of Chicago Press, 1982.

    10 Tarrow S., Democracy and Disorder. Protest and Politics in Italy, 1965-1975, Oxford, Clarendon Press, 1989.

    11 Mcadam D., « Movement Strategy and Dramaturgic Framing in Democratic States : The Case of the American Civil Rights Movement », Research on Democracy and Society, vol. 3, 1996, p. 155-176.

    12 Goodwin J. et Jasper J., « Caught in a Winding, Snarling Vine : The Structural Bias of Political Process Theory », Goodwin J. et Jasper J. (ed.), Rethinking Social Movements. Structure, Meaning and Emotions, Lanham, Rowman and Littlefield Publishers, 2003, p. 3-30. Mathieu L., « Contexte politique et opportunités », Sommier I., Fillieule O. et Agrikoliansky É., Penser les mouvements sociaux. Conflits sociaux et contestation dans les sociétés contemporaines, Paris, la Découverte, 2010.

    13 Desrumaux, C., Lille et la grève de la faim. Contribution à l’étude d’un registre protestataire par son analyse localisée, mémoire IEP de Rennes, 2006.

    14 Signalons toutefois Beréni L., « Lutter dans ou en dehors du parti ? L’évolution des stratégies des féministes du Parti socialiste (1971-1997) », Politix, vol. 19, n° 73, 2006, p. 187-209.

    15 Katz R. et Mair P., « Changing Models of Party Organization and Party Democracy. The Emergence of the Cartel Party », Party Politics, vol. 1, n° 1, 1995, p. 5-28.

    16 Pour une mise en perspective critique, voir l’ensemble des contributions dans Deze A. et Aucante Y. (dir.), Les systèmes de partis dans les démocraties occidentales. Le modèle du parti-cartel en question, Paris, Presses de Sciences Po, 2008.

    17 Sawicki F. et Lefebvre R., La Société des socialistes. Le PS aujourd’hui, Bellecombe-en-Bauges, Editions du Croquant, 2006.

    18 Desrumaux C., Aux cœurs des campagnes de l’UMP. Contribution à la sociologie des mobilisations électorales par leur analyse locale, mémoire de master, université de Lille 2, 2007.

    19 Notons que les premières invitations internes utilisaient comme titre « les propositions économiques et sociales du PS au crible des acteurs sociaux ». [C’est nous qui soulignons].

    20 Mathieu L., « Rapport au politique, dimensions cognitives et perspectives pragmatiques dans l’analyse des mouvements sociaux », Revue française de science politique, vol. 52, n° 1, 2002, p. 95.

    21 Sur la dynamique de cette autonomisation concernant des terrains similaires : Péchu C., Droit Au Logement. Genèse et sociologie d’une mobilisation, Paris, Dalloz, 2006.

    22 Sawicki F. et Lefebvre R., « Le peuple vu par les socialistes », Matonti F. (dir), La démobilisation politique, Paris, La Dispute, 2005, p. 69-96.

    23 Courty G., (dir.), Le travail de collaboration avec les élus, Paris, Michel Houdiard Éditeur, 2005 ; Garraud P., Profession : homme politique. La carrière politique des maires urbains, Paris, L’Harmattan, 1989 ; Hû G., « Le secrétaire de section est-il un militant comme les autres ? Du bénévole au professionnel, paroles de secrétaires de section dans le Nord, le Bas-Rhin et à Paris (2005-2007) », Recherche socialiste, n° 46-47, 2009.

    24 Sur la réception de la mobilisation collective menée par des femmes voir : Einwohner R. L., « Gender, Class, and Social Movement Outcomes : Identity and Effectiveness in Two Animal Rights Campaigns », Gender & Society, février 1999, vol. 13, n° 1, p. 56-76.

    25 Propos rapportés par un délégué syndical CGT.

    26 Desage F. et Gueranger D., La politique confisquée. Sociologie des réformes et des institutions intercommunales, Paris, Editions du Croquant, 2011, notamment le chapitre V.

    27 Desrumaux C. et Petitfils A. -S., « L’intercommunalité en campagne à Tourcoing : construction de l’« enjeu » communautaire et réaffirmation de la prééminence mayorale par la droite », Le Saout R., L’intercommunalité en campagne. Rhétoriques et usages de la thématique intercommunale dans les élections municipales de 2008, Rennes, PUR, 2009, p. 157-172.

    28 « “Avec le DAL, nous ne nous quittons plus, ces derniers temps…” glisse M. Mano en se hissant sur une chaise. L’adjoint au maire avait déjà eu deux entrevues, le 25 mars et le 9 avril, avec des représentants de l’association », Le Monde, 20 avril 2001.

    29 En juillet 2002, la Commission d’Indemnisation des Victimes d’Infractions (CIVI) reconnaît que l’intoxication au plomb d’une quarantaine d’enfants peut être une infraction susceptible d’une sanction pénale. En outre, elle déclare recevable les demandes d’indemnisation déposées par 12 familles de malades. En octobre 2004, la Cour d’appel de Paris reconnaît l’existence d’une infraction et indemnise en conséquence les victimes de ce dommage. Le 23 mars et 25 mai 2007, les cours d’appel de Paris et Versailles indemnisent 18 nouvelles familles victimes de saturnisme.

    30 Neveu E., Sociologie du journalisme, Paris, La Découverte, 2004.

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    Ce livre est cité par

    • Lefebvre, Rémi. (2017) Leçons d'Introduction à la Science politique. DOI: 10.3917/elli.lefeb.2017.01.0260
    • Neveu, Erik. (2019) Activists Forever?. DOI: 10.1017/9781108690928
    • Jourdain, Laurence. (2014) Comment peut-on militer à Bruxelles pour une « Autre Europe » ?. Politique européenne, n° 43. DOI: 10.3917/poeu.043.0210
    • (2021) Le populisme de gauche. DOI: 10.3917/dec.cerve.2021.01.0361
    • Catusse, Myriam. (2012) Tunisie et Égypte aux urnes !. Confluences Méditerranée, N°82. DOI: 10.3917/come.082.0029
    • Cucchetti, Humberto. (2014) « L'Action française contre l'Europe ». Politique européenne, n° 43. DOI: 10.3917/poeu.043.0164
    • Roux, Christophe. (2017) Partis émergents en Europe du Sud. Pôle Sud, n° 45. DOI: 10.3917/psud.045.0005

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    • Police, Florian. (2025) L’agroénergie, une affaire de politique régionale ?. Pôle Sud, n° 62. DOI: 10.3917/psud.062.0069

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    Desrumaux, Clément, et Grégory Hû. « 2. Analyse configurationnelle des relations entre organisations partisanes et mobilisations : l’exemple du PS et de l’UMP ». In Voix de la rue ou voie des urnes ?, édité par Simon Luck et Stéphanie Dechézelles. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2011. doi:10.4000/books.pur.24912.
    Desrumaux, Clément, et Grégory Hû. « 2. Analyse configurationnelle des relations entre organisations partisanes et mobilisations : l’exemple du PS et de l’UMP ». Voix de la rue ou voie des urnes ?, édité par Simon Luck et Stéphanie Dechézelles, Presses universitaires de Rennes, 2011, https://doi.org/10.4000/books.pur.24912.

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    Luck, S., & Dechézelles, S. (éds.). (2011). Voix de la rue ou voie des urnes ?. Rennes: Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.24905
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    Luck, Simon, et Stéphanie Dechézelles, éditeurs. Voix de la rue ou voie des urnes ?. Presses universitaires de Rennes, 2011, https://doi.org/10.4000/books.pur.24905.
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