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    Plan détaillé Texte intégral Les aléas alimentaires Entre culte et administration : assurer l’approvisionnement Combattre la spéculation Le mécénat alimentaire Fêtes et ordre social Conclusion Notes de fin Auteur

    Profusion et pénurie

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Stratégies de survie et rituels festifs dans le monde gréco-romain

    Robin Nadeau

    p. 55-69

    Texte intégral Les aléas alimentaires Entre culte et administration : assurer l’approvisionnement Combattre la spéculation Le mécénat alimentaire Fêtes et ordre social Conclusion Notes de fin Auteur

    Texte intégral

    1Les crises alimentaires, un peu partout dans le monde en 2008, ne peuvent que nous rappeler que la sécurité alimentaire n’est jamais vraiment acquise. Les pénuries étaient récurrentes dans les sociétés préindustrielles comme la Grèce ancienne et Rome1. Les individus, les clans familiaux et les communautés civiques ont développé un certain nombre de stratégies réduisant les effets des pénuries alimentaires. La structure sociale, politique et économique d’une société influence l’ampleur d’une crise, la pénurie pouvant se développer en famine ou en simple disette2 selon les cas, car de nombreuses stratégies de survie et rituels sont intégrés, souvent inconsciemment, dans les habitudes quotidiennes et les pratiques sociales3. Dans le cadre de cette étude de synthèse sur les stratégies de survie, il convient alors d’évoquer rapidement l’importance de la conservation des aliments et de la nourriture de substitution, les mesures économiques mises en place par les administrations grecques et les autorités romaines et, enfin, les caractéristiques qui permettent de considérer la fête civique comme un mécanisme social lié aux pénuries, mais également, voire surtout, comme une pratique assurant et confirmant l’ordre social, même en temps de crise.

    Les aléas alimentaires

    2L’agriculture est la première activité économique et la possession de la terre la principale richesse en Grèce ancienne et à Rome. Chaque exploitant désire produire les aliments nécessaires à la prospérité économique de l’oikos ou de la domus4. Mais cette économie basée sur l’agriculture implique inévitablement des périodes de pénuries, de mauvaises récoltes causées par des aléas climatiques5, des troubles politiques internes et des conflits armés6, situations souvent aggravées par la spéculation sur le prix des produits alimentaires. Il faut aussi évoquer la corruption, les problèmes de transport et de distribution (la navigation n’étant jamais sans danger) et la piraterie. Depuis des époques anciennes, et particulièrement à la période archaïque en Grèce ancienne, une solution privilégiée contre la pénurie et le manque de terre est bien souvent la colonisation, la recherche de nouveaux territoires. La majorité de la population est, somme toute, sujette aux mauvaises récoltes, à la précarité alimentaire. Les pénuries relativement fréquentes ne font qu’accroître les effets d’une malnutrition endémique des populations anciennes, rendant celles-ci particulièrement vulnérables en période de disette7.

    3L’alimentation des Grecs et des Romains se compose principalement de céréales, d’orge (surtout en Grèce) et de blé, qui représentent l’essentiel de l’apport calorique journalier. L’historien Peter Garnsey a évalué cet apport à 70 à 75 % de la consommation quotidienne. Le type et la qualité des céréales consommées varient selon les régions et les classes sociales. Les Grecs et les Romains avaient une alimentation calorique riche grâce à un régime à base de céréales, mais certaines déficiences en vitamines et en minéraux8. Les légumineuses complètent la diète des Grecs (haricots, pois chiches, lentilles, etc.), ainsi que les légumes, les fruits, l’huile d’olive, le fromage et un peu de poisson et de viande9.

    4Selon des études effectuées sur le territoire de l’Attique entre 1931-1960, il y avait 28 % de risque de mauvaises récoltes de blé (demandant 300 mm de précipitations par année), 5,5 % pour l’orge (demandant un peu plus de 200 mm de pluie) et 71 % pour les légumineuses10. Ces pourcentages donnent une vague idée de la récurrence potentielle des mauvaises récoltes dans cette région à des périodes plus anciennes. Peter Garnsey évalue également la perte des récoltes de blé et d’orge à une année sur deux sur l’île de Samos11. Une inscription de Samos indique que les citoyens se réunissaient à chaque printemps pour discuter de la récolte à venir et de la nécessité ou non de prévoir l’achat de céréales provenant d’Anaia (sur le continent) ou d’autres régions en prévision d’une mauvaise récolte – ce type de rassemblement est attesté dans d’autres cités de la Grèce ancienne dont Athènes. Ceci indique donc la nécessité pour les cités de suppléer aux déficits frumentaires par l’achat de céréales de régions ayant produit des surplus. D’ailleurs, le médecin Galien (iie siècle ap. J.-C.) indique que plusieurs paysans cultivaient le blé uniquement pour la vente et l’exportation, préférant garder des céréales « moins nobles » pour leur consommation personnelle, comme l’orge et le millet que Galien juge par ailleurs moins nutritifs12. Il mentionne également des aliments de substitution13 chez les paysans comme les glands (balanai et méspila) – normalement utilisés pour nourrir les porcs – qu’ils conservaient dans des cavités souterraines et mangeaient l’hiver et au début du printemps lorsque les céréales venaient à manquer14. Relatant des préceptes d’Hippocrate, il indique également que les lentilles et les vesces sont parfois consommées lors de famines15.

    5Il va sans dire que la question de la conservation des aliments est également primordiale16. Selon Hésiode, il est essentiel de faire des réserves les années de surplus en prévision des mauvaises récoltes :

    Va, souviens-toi toujours de mon conseil : travaille, Persès, noble fils, pour que la faim te prenne en haine et que tu te fasses chérir de l’auguste Déméter au front couronné, qui remplira ta grange du blé qui fait vivre. La faim est partout la compagne de l’homme qui ne fait rien. […] Si tu amasses peu sur peu et fais cela souvent, ce peu-là pourra devenir beaucoup. Qui ajoute à ce qu’il a évitera la faim ardente17.

    6Théophraste indique que les grains conservés deux ou trois ans sont toujours comestibles, quoique moins nutritifs et inutilisables comme semence. Il ajoute que certaines céréales se conservent mieux que d’autres comme le millet, le lupin et le pois chiche18. Quant aux grands propriétaires terriens, ils revendent également leurs surplus sur les marchés, mais ils sont reconnus pour leur capacité à emmagasiner de grandes quantités de produits alimentaires qu’ils peuvent revendre plus tard lorsque les prix sur les marchés sont plus élevés19. Cette pratique contribue toutefois à aggraver les crises alimentaires chez les populations les plus pauvres et les plus à risque.

    Entre culte et administration : assurer l’approvisionnement

    7L’anxiété alimentaire explique de nombreux cultes agraires en relation avec le cycle des saisons et en l’honneur de divinités associées à l’alimentation comme Déméter en Grèce ancienne20. Par exemple, selon le géographe Polémon, il y avait en Sicile un lieu consacré à Adéphagie, l’Abondance, ainsi qu’une statue de Déméter nourricière, rappelant l’importance des cultes de prospérité et de suffisance alimentaire21. Impiété et actes sacrilèges sont souvent désignés comme les causes de mauvaises récoltes et de pénuries alimentaires22. L’insécurité alimentaire peut, dans le contexte de disettes graves et répétées, créer un climat d’instabilité politique. Certaines cités grecques vont ainsi mettre en place des structures permettant l’approvisionnement réglementé et régulier en céréales, bien que les principales redistributions alimentaires seront l’œuvre de riches mécènes.

    8À l’époque d’Aristote, vers 330, l’assemblée des citoyens athéniens se réunissait à quatre reprises chaque mois. Une séance parmi elles, l’assemblée dite « principale », était consacrée aux questions militaires et aux discussions sur les récoltes et les importations de céréales. Ceci indique bien combien la question de l’approvisionnement est une question politique et économique de la plus haute importance. Un fonctionnaire, le sitonès, avait la responsabilité d’acheter les céréales disponibles dans la région et à l’étranger23.

    9Toujours à Athènes, une dîme était versée au sanctuaire de Déméter et Coré à Éleusis. 1/600 de l’orge cultivée et 1/1200 du blé provenant de l’Attique étaient stockés dans le sanctuaire des déesses et revendus pour financer les cultes24. Cette réserve pouvait être vendue selon une inscription de 329-328 av. J.-C. – année de pénurie –, à un prix de vente pouvant être inférieur à celui du marché, puisque celui-ci était fixé par l’assemblée des citoyens25. Une inscription de Samos du iie siècle av. J.-C. témoigne d’une pratique similaire. Les réserves accumulées provenant d’une dîme de 1/20 des récoltes sur le territoire d’Anaia étaient achetées selon des tarifs fixés par l’assemblée des citoyens26. Chaque printemps, les citoyens samiens discutaient des récoltes éventuelles et de la nécessité d’importer ou non des grains afin de constituer des réserves en prévision de mauvaises récoltes. Les magistrats samiens géraient ainsi un stock de céréales distribué gratuitement aux citoyens : deux mesures par mois. Toutefois, les traces écrites d’une telle pratique d’achat et de distribution de céréales demeurent peu nombreuses en Grèce ancienne27. Certaines cités se dotaient de magistrats, de sitônai, qui avaient la tâche de veiller à l’approvisionnement de la cité en grains aux tarifs les plus abordables possibles et de constituer des réserves en prévision de crises, particulièrement à l’époque hellénistique28. Des fonds publics ou des fondations étaient ainsi consacrés à la création de réserves de céréales mises à la disposition des citoyens – gratuitement ou à prix abordable –, diminuant ainsi les effets d’une mauvaise récolte29.

    10Rome connaissait également des périodes de disette récurrentes. Les crises liées à l’alimentation du dernier tiers du iie siècle avant J.-C. avaient inspirées des réformes économiques et politiques. La réforme de Tibérius Gracchus de 133 av. J.-C. avait pour objectifs la redistribution de terres publiques usurpées par les grands propriétaires au profit de pauvres citoyens, afin de mettre une fin à la situation précaire des gens, et l’augmentation du nombre de citoyens aptes à défrayer les coûts nécessaires pour effectuer le service militaire – mais ces mesures populistes lui coûtent la vie un an plus tard. En 123 avant J.-C., la loi frumentaire du tribun Gaïus Gracchus avait pour objectif de garantir un approvisionnement régulier en blé dans les marchés de Rome et la construction de greniers publics. En somme, l’historien Peter Garnsey évalue que, entre 509 et 384 av. J.-C., au moins une année sur neuf, et, entre 123 et 50 av. J.-C., une année sur cinq étaient le cadre d’une disette causée par des guerres, des désordres civils, des épidémies en tout genre ou des irrégularités climatiques30. Les dernières années de la république romaine étaient marquées par des guerres civiles, donc inévitablement par une recrudescence des pénuries alimentaires. Toutefois, la stabilité politique de l’Empire sous la gouverne des empereurs romains réduisait grandement les risques de pénuries causées par des facteurs autres que climatiques.

    11L’État romain intervenait directement dans l’approvisionnement de la capitale en céréales. À l’échelle antique, la ville de Rome était une mégapole ; la production agricole régionale ne pouvait combler les besoins alimentaires de ses habitants. On évalue la population de la capitale à 180 000 personnes en 270 av. J.-C., 375 000 en 130 av. J.-C. et 1 000 000 à l’époque d’Auguste31. Les édiles avaient la tâche d’assurer l’approvisionnement en céréales parallèlement aux initiatives privées et d’assurer la vente du blé au prix du marché – déterminé par l’offre et la demande32. Les recettes de la vente revenaient au trésor de l’État. Notons ici que l’administration romaine ne disposait pas d’une flotte pour affréter les céréales, si bien que l’approvisionnement de Rome dépendait d’une collaboration avec les commerçants et les armateurs. Celle-ci percevait également des impôts en boisseaux de blé dans ses provinces telles que la Sicile, l’Afrique, la Sardaigne et l’Égypte, après son annexion par Octave-Auguste. À compter de 58 av. J.-C., une distribution de blé gratuit est mise en place pour une partie de la population, évaluée à 320 000 citoyens romains, suite à l’initiative du tribun de la plèbe Clodius. Ce nombre de bénéficiaires fut réduit de moitié à l’époque de Jules César et d’Auguste. Il est toutefois impossible d’affirmer que ce blé gratuit ait été distribué en priorité aux citoyens les plus démunis, puisque nous savons peu de choses sur les règles de la distribution mensuelle des quantités allouées à chaque bénéficiaire33. Cet appoint alimentaire n’endigua point les risques de pénurie, ni les hausses de prix du blé, mais diminuait tout de même les effets de disette. L’État romain assurait donc un approvisionnement constant en blé et octroyait gratuitement une petite quantité à une population présélectionnée34. Il pouvait également vendre son blé à perte lors de pénuries ou d’une trop grande inflation des prix35. La présence du blé d’État sur les marchés réduisait également les effets de la spéculation puisque les marchands ne pouvaient plus aussi facilement créer volontairement un effet de rareté pour faire augmenter les prix. L’empereur pouvait même intervenir personnellement pour soulager les personnes touchées par les pénuries les plus aiguës36, voire parfois fixer le prix du blé comme ce fut le cas en 19 ap. J.-C. sous le règne de Tibère – cependant, il dédommagea les marchands du manque à gagner37 –, mais de telles mesures furent adoptées dans le cadre de circonstances exceptionnelles38.

    12Si la disette n’est pas chose exceptionnelle à Rome, elle est néanmoins de plus en plus rare à l’époque de l’Empire, les régions sous tutelle romaine assurant un meilleur approvisionnement de la capitale en vivres. La sûreté des routes commerciales facilitait également les échanges commerciaux. Cependant, le retour des guerres civiles, l’instabilité politique et les invasions barbares, caractéristiques des ive et ve siècles ap. J.-C., préfigurent de nouvelles pénuries d’envergure. Toutefois, nonobstant l’intervention de certains magistrats grecs comme l’indiquent quelques documents épigraphiques et de l’État romain, la participation des autorités locales à l’approvisionnement de la population n’est que rarement attestée.

    Combattre la spéculation

    13Dans les sociétés grecque et romaine, on reprochait aux grands propriétaires terriens de spéculer sur le prix des aliments, ce qui entraînait à l’occasion l’intervention des autorités municipales. Ceux-ci emmagasinaient leurs céréales en attendant une pénurie et une hausse des prix avant de les proposer aux acheteurs39, puisque les prix en cours pouvaient varier grandement selon les saisons, l’abondance sur les marchés ou les situations de crise sociopolitique. De nombreuses cités ont ainsi légiféré contre la spéculation qui aggrave les problèmes d’approvisionnement des populations plus vulnérables en période de pénurie40. D’ailleurs, Plutarque attribue une législation de ce type à Solon41. Une inscription de Téos datant de 470 av. J.-C. indique que la cité se méfiait des citoyens spéculateurs :

    Si quelqu’un empêche, de quelque manière que ce soit, d’importer des céréales sur le territoire de Téos, par mer ou par voie de terre, ou qu’il pousse à la hausse le prix des céréales importées, qu’il périsse, lui-même et sa famille42.

    14Selon un texte attribué à Aristote :

    Les habitants de Sélymbria [près de Byzance, au ive siècle av. J.-C.] avaient besoin d’argent. Or ils avaient une loi, promulguée en temps de pénurie de vivres, qui interdisait l’exportation de blé ; lorsque survint une famine, comme il leur restait du blé de la dernière récolte, ils décrétèrent que les particuliers livreraient leur blé à l’État pour un prix déterminé, en ne gardant chez eux que la quantité nécessaire à la nourriture de chacun pendant une année. Ils accordèrent ensuite la libre exportation du reste, après en avoir fixé le prix qui leur semblait avantageux43.

    15Une loi similaire interdisant la spéculation est attestée dans le monde romain, à Irni (Espagne), à la fin du ier siècle ap. J.-C.44.

    16La spéculation a pu créer des troubles comme en témoigne Philostrate sur des événements ayant eu lieu à l’époque de l’empereur Tibère :

    […] on vendait des vesces au marché, et c’était avec cette nourriture que les gens survivaient ; les riches avaient en effet accaparé tout le blé et le tenaient enfermé, pour le vendre clandestinement hors du pays. […] Ainsi tous les citoyens de tout âge s’étaient soulevés contre le gouverneur et se mettaient en devoir de le brûler vif, bien qu’il tînt embrassées les statues de l’Empereur, qui étaient alors plus redoutées que celles de Zeus d’Olympie, et constituaient un asile encore plus inviolable45.

    17À la même époque, l’orateur grec Dion de Pruse indique que la population de sa ville natale se méfiait des riches propriétaires et qu’elle ne les croyait pas lorsqu’ils prétendaient ne pas emmagasiner leurs récoltes pour spéculer sur les prix du blé, car lorsqu’une pénurie survenait, les riches étaient souvent accusés de posséder des céréales dans leur réserve. Dion de Pruse, confronté à une foule d’émeutiers occupée à piller son domaine, déclara à la foule ne pas posséder de céréales46. Cet exemple indique bien que les foules affamées suspectaient – et ce à plusieurs époques – les riches de posséder des réserves, à tort ou à raison.

    Le mécénat alimentaire

    18Les habitants d’une même cité ne sont pas tous égaux devant l’accès à la nourriture, certains groupes sociaux étant plus vulnérables. Pour soulager la population qui a faim, des mécènes vont offrir à la communauté du grain. À partir de la fin du ive siècle av. J.-C., les bienfaiteurs reçoivent de plus en plus régulièrement une reconnaissance officielle de la part des citoyens par décrets honorifiques47. Les donateurs appartiennent le plus souvent au groupe des citoyens les plus riches. Comme l’indique Théophraste, dans sa description de l’homme vantard dans les Caractères :

    En temps de disette, il a dépensé, à l’en croire, en secours des indigents, une somme supérieure à cinq talents [30 000 drachmes] : car il ne sait pas dire non48.

    19Les mécènes de la cité sont souvent à la fois des politiciens, des grands propriétaires terriens et des marchands qui, régulièrement, spéculent sur le prix des denrées alimentaires. Ils recherchent les honneurs, le pouvoir et l’argent, comme l’indique Aristote49.

    20Les cités grecques de la région de la mer Noire comme Olbia semblent avoir été touchées par de nombreuses pénuries alimentaires à l’époque hellénistique (323-31 av. J.-C.)50. C’est dans ce contexte que Protogénès, un riche habitant de la cité d’Olbia, fit des dons alimentaires aux citoyens de sa cité, vers 200 av. J.-C., mais aussi vendit des céréales à des prix en deçà de ceux en vigueur, puis, après la succession de plusieurs mauvaises récoltes, effaça les dettes de ses concitoyens51. Toutefois, le don de nourriture à la communauté est somme toute assez rare, car les distributions en céréales se limitaient souvent à une mise en vente au-dessous des prix du marché en cours52 ou simplement un prêt sans53 – ou avec54 – intérêt pour l’achat de nourriture en période de crise55. À l’époque romaine, plusieurs distributions alimentaires aux citoyens de cités grecques sont attestées dans les inscriptions56.

    21Ces mesures citées ci-haut réinstaurent l’ordre en donnant, en cas de besoin, de la nourriture aux citoyens démunis lors de crises. Ainsi, de riches individus achètent la paix sociale en redonnant une partie de leurs profits sous la forme d’une distribution de grains à bas prix, de dons de nourriture, ou de prêts personnels. En contrepartie, ils reçoivent des preuves de reconnaissance de la part du démos par l’intermédiaire de décrets honorifiques, alors que les périodes de pénurie sont parfois aggravées par des personnes appartenant au même groupe socio-économique qui spéculent sur le prix des denrées. L’appât du gain en est la cause. Les mécènes font preuve de générosité, mais surtout recherchent les honneurs, affirmant ainsi par leurs largesses leur place parmi les premiers citoyens de la cité.

    Fêtes et ordre social

    22Dans les sociétés préindustrielles, les fêtes57 et les occasions de bombance font contrastes avec les périodes de précarité alimentaire. Les réjouissances agissent comme un baume en période d’incertitude ; c’est une façon de profiter de la vie en attendant les périodes angoissantes de l’insuffisance, tout en emmagasinant une réserve énergétique58. Pour les anciens Grecs et les Romains, dont la vie est liée au cycle agricole, la bombance symbolise les récoltes abondantes et les fêtes communautaires. La fête, événement limité dans le temps et l’espace, autorise un certain nombre de comportements pour l’occasion, une licence qui se caractérise par des manifestations plus ou moins illicites et répréhensibles qui sont tolérées dans le cadre précis de journées fastes. Certains excès de nourriture et de boisson sont ainsi admis, voire encouragés. Le caractère spécifique de ces journées de fête est déterminé justement par son aspect « hors normes » qui ne fait sens qu’avec un éventuel retour à la vie « normale ». Il y a donc corrélation entre les périodes « normales » et celles où les excès sont permis, entre les comportements « normaux » et « hors-normes ». Pour tous comportements inhabituels, il est de mise de reléguer à l’oubli certains excès, une fois la fête terminée59.

    23Le partage d’un même repas crée le lien social et la consommation de nourriture sacrificielle carnée ajoute une dimension sacrée au rituel alimentaire. Le partage de nourriture unit communauté et divinités dans les mondes anciens, mais également les habitants d’une cité entre eux60. En Grèce, à la période classique, les repas civiques sont habituellement offerts par un ou plusieurs bienfaiteurs, une législation pouvant intervenir, au besoin, pour imposer à certains individus l’organisation de fêtes religieuses essentielles au maintien de l’ordre civique et cosmique. Le repas communautaire est peut-être moins une forme d’assistance publique pour les citoyens défavorisés à l’image d’un État providence moderne comme le propose Moses Finley – s’inspirant des allégations du pamphlet polémique attribué à Xénophon – qu’une pratique qui concourt à la définition du mangeur comme personne intégrée dans le corps civique, confirmant ainsi sa capacité à participer aux fonctions politiques, comme l’a indiqué Pauline Schmitt Pantel61.

    24Le partage de nourriture permet pourtant d’appréhender les dynamiques sociales et culturelles en relation avec les formes du pouvoir dans les sociétés62. Le repas communautaire traverse l’histoire grecque et romaine, mais il subit des modifications conséquentes correspondant à l’évolution sociopolitique de la communauté civique. À Athènes, à l’époque classique, des liturgies comme l’hestiasis assurent le financement des repas sacrificiels offerts par des contributeurs, ceux-ci ne recevant aucun honneur en retour, car on juge qu’ils faisaient leur devoir de citoyens63. Cette pratique du financement des repas communautaires relève de plus en plus de l’initiative individuelle à l’époque hellénistique, dans le cadre du développement de l’évergétisme64. Les contributions volontaires de riches mécènes65 complètent, voire remplacent, le financement des donations de nourriture à la communauté civique66. Paul Veyne considère l’évergétisme comme une action politique qui s’inscrit dans le cadre d’un système d’influence politique et de gouvernance des notables à partir de la fin du ive siècle av. J.-C. jusqu’à la période du Haut-Empire – dates cependant contestées par plusieurs historiens67. En effet, participer à des liturgies et offrir une fête à la cité est un bon moyen de débuter une carrière politique selon Plutarque68. Les « patrons » de la communauté reçoivent dorénavant des signes de reconnaissance officielle par décrets en contrepartie69. Les mécènes offrent gracieusement aux citoyens vivres et réjouissances en retour d’une certaine notoriété qui s’inscrit dans une volonté de promotion sociale et politique personnelle et familiale – il y a donc désirs de mémoire et d’influence qui se cachent derrière ces dons qui n’ont, somme toute, rien de gratuit70.

    25Dans le cadre de ces fêtes patronnées par des évergètes, les personnes invitées au festin sont choisies par le commanditaire lui-même. Femmes et autres groupes sociaux normalement exclus de la citoyenneté peuvent participer à certaines fêtes alors qu’ils sont le plus souvent associés à la communauté civique « par procuration », à titre d’épouse, de fils ou fille de citoyen par exemple, possédant une « identité civique dépendante »71. Dans le cadre de certaines fêtes, le droit de participer aux célébrations peut donc s’étendre aux non-citoyens habitant la cité : aux femmes, aux enfants, aux esclaves72, aux étrangers domiciliés dans la cité ou de passage et aux Romains73. Cependant, leur intégration aux festivités diffère74 ; femmes, enfants et esclaves sont souvent invités qu’au glukismos, à une distribution de rafraîchissements et à un petit goûter, le repas sacrificiel étant réservé aux citoyens et aux Romains75. Il y a également mention de distribution de sommes d’argent dans les documents épigraphiques76. Dans une inscription de Syros, la sportule s’ajoute à la donation alimentaire, mais elle ne concerne qu’un petit nombre de magistrats sélectionnés par l’évergète77. Cette distribution d’argent crée une hiérarchie entre les gens participant au banquet, différenciation qui respecte la structure sociopolitique de la cité – selon l’historienne Pauline Schmitt Pantel, cette somme pouvait être utilisée pour nourrir les membres de la famille de participants qui ne sont pas admis au repas public78. Des inscriptions mentionnent parfois que de la nourriture fut distribuée après le repas afin que les banqueteurs puissent la rapporter à la maison, mais cette pratique est rarement attestée79. Chaque individu reçoit la ration qui correspond à sa place dans l’organigramme sociopolitique. Ces fêtes pouvaient être organisées par de riches donateurs en période de crise alimentaire80, mais pas uniquement en période de pénurie – les cités grecques et romaines possédaient un calendrier religieux bien rempli dans le cadre duquel de nombreux cultes civiques impliquaient un partage de nourriture entre les membres de la communauté81. Les banquets civiques organisés et financés par des mécènes de la communauté en période de crise alimentaire peuvent donc être perçus comme une forme d’assistance sociale, comme il est possible de le constater dans les décrets honorifiques indiquant explicitement que la célébration a été organisée et financée par un riche commanditaire dans le cadre d’une situation de crise alimentaire, mais de telles manifestations de charité demeurent le plus souvent un « coup de publicité » à la gloire du riche mécène de la communauté civique.

    Conclusion

    26L’insécurité alimentaire influence les pratiques politiques, sociales et religieuses des Grecs et des Romains. Plusieurs stratégies ont été développées pour palier aux aléas de la météo et aux autres troubles sociopolitiques affectant les récoltes et le commerce. Les autorités politiques ont parfois proposé des solutions : l’extension du territoire cultivable, dont l’expansion du territoire, l’annexion de territoires étrangers (l’impérialisme) et la colonisation de nouveaux territoires, l’importation de nourriture, surtout de céréales, l’adoption de législations limitant la spéculation et la mise en place de structures administratives facilitant l’approvisionnement de la collectivité civique. Si le ravitaillement en blé est une préoccupation de l’État romain, s’assurant ainsi de l’approvisionnement régulier des marchés de la cité de Rome et d’une assistance alimentaire pour certains citoyens, dans le monde grec, les cités n’ont que peu souvent instauré un mécanisme public en prévision de disette, les mesures attestées dans notre documentation relevant souvent de l’initiative personnelle de riches individus dont l’intervention n’est que ponctuelle82. Dans les deux cas, les mesures adoptées sont moins des pratiques de charité que des mesures politiques (et religieuses) visant à maintenir la stabilité, de préserver la pérennité des régimes en place et le maintien des élites locales au pouvoir par le biais de distributions alimentaires. En somme, pour reprendre les mots de Peter Garnsey : « In antiquity, food was power83 » ; il y a donc concomitance entre ceux qui possèdent le pouvoir et ceux qui détiennent les réserves de nourriture.

    Notes de fin

    1 Je remercie chaleureusement l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (Tours) pour son soutien dans le cadre de ces recherches. Comme l’indique Peter Garnsey, il convient de distinguer les périodes de disette et de famine ; cette dernière semble plutôt rare dans les mondes grec et romain : Peter Garnsey, Food and Society in Classical Antiquity, Cambridge, 1999, p. 35.

    2 Thomas W. Gallant, « Crisis and Response: Rick-Buffering Behavior in Hellenistic Greek Communities », Journal of Interdisciplinary History, 19, 3, 1989, p. 394.

    3 Voir Gallant, « Crisis and Response », p. 398.

    4 Par exemple, voir Xénophon, Économique, VII, 20 et suiv. ; Pétrone, Satiricon, 38 et 48.

    5 Théophraste, Recherches sur les plantes, VIII, 7, 6.

    6 Cf.Décret d’Istros dans Nouveau choix d’inscriptions grecques, Paris, 1971, § 6.

    7 Garnsey, Food and Society, p. 2.

    8 Garnsey, Food and Society, p. 19-20 et suiv., 43 et suiv., 60 et suiv.

    9 Voir notamment Théophraste, Recherches sur les plantes, VIII, 1, 1.

    10 Rapportées chez Peter Garnsey, Famine et approvisionnement dans le monde gréco-romain, Paris, 1996 (Cambridge, 1988), p. 36-38 ; Gallant, « Crisis and Response », p. 394.

    11 Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 40-41.

    12 Galien, De alimentorum facultatibus, 506, 513 ; 518.

    13 Peter Garnsey évoque le problème de l’utilisation de l’expression « nourriture de substitution » qui peut parfois être trop réductrice, car ce qu’un auteur ancien peut qualifier de « nourriture de substitution » peut cacher des préférences et des usages alimentaires différents, de populations et de régions variées, voire de classes sociales qui n’ont pas accès aux mêmes aliments : Peter Garnsey, « Choix alimentaires, refus de nourritures, privations alimentaires dans l’Antiquité », dans Sophie Collin Bouffier, Marie-Hélène Sauner(éd.), Substitution de nourritures, Nourritures de Substitution en Méditerranée, Aix-en-Provence, 2006, p. 40-41 et 49.

    14 Galien, De alimentorum facultatibus, 620-621 ; Théophraste, Histoire des plantes, VII, 7, 2. Il est possible de considérer 5 types d’aliments de substitution : les animaux de ferme qui ne sont pas normalement voués à la consommation en période normale, les céréales considérées « inférieures » pour la consommation humaine (détériorées par une infestation d’animaux et d’incestes nuisibles ou par l’humidité), les aliments destinés au bétail, les produits d’origine végétale ou animale non considérés comestibles en période normale (cuir, racines, herbes, etc.) et, enfin, la chair humaine : Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 61 ; Luigi Gallo, « L’alimentation de substitution dans les cités grecques », dans Collin Bouffier, Sauner(éd.), Substitution de nourritures, p. 59-60, 62.

    15 Galien, De alimentorum facultatibus, 546.

    16 Dans nombreuses sociétés, les réseaux de solidarité peuvent jouer un rôle important dans la survie des individus. Voir M. Kahn, Always Hungry, Never Greedy, Prospect Heights (Ill.), 1986 (1994), p. 151. Chez les Aymara de Bolivie, le réseau « ayni » ressemble un peu à un système de coopération et d’assistance entre les membres de la famille élargie : M. Johnsson, Food and Culture among Bolivian Aymara, Uppsala, 1986, p. 33, 125-127, 162 ; mais les relations d’échanges peuvent également se manifester en dépendances et en obligations (p. 141). Chez les Akha de la région Nord de la Thaïlande, le repas est au centre d’un réseau de solidarité – entre membres d’un clan, d’un même lignage ou d’un village – dont le mécanisme de réciprocité implique une entraide mutuelle en prévision de pénuries alimentaires : M. J. Clarke, « Akha Feasting », dans M. Dietler, B. Hayden (éd.), Feasts, Washington D. C./Londres, 2001, p. 149 ; J. R. Perodie, « Feasting for Prosperity », dans Dietler, Hayden (éd.), Feasts, p. 192 et suiv. Voir aussi Marcel Mauss, « Essai sur le don », Sociologie et anthropologie, 11e éd., Paris, 2004 (1923-1924), p. 147 et 151.

    17 Hésiode, Les travaux et les jours, p. 298-302 ; 361-362, trad. P. Mazon, 1928.

    18 Théophraste, Recherches sur les plantes, VIII, 11.

    19 Xénophon indique que les marchands sont à l’affût des prix les plus élevés et n’hésitent pas à vendre sur les marchés étrangers : Économique, XX, p. 27-28.

    20 Hymne à Déméter, 302-313. Diodore de Sicile, I, 29. Michael H. Jameson, « Famine en Grèce », dans P. Brulé, J. Oulhen, F. Prost (coord.), Économie et société en Grèce antique, 478-88 av. J.-C., Rennes, 2007, p. 211.

    21 Polémon, frag. 39 (Preller) =Athénée, X, 416b. D. Whitehead, « Observations on adèphagia », Rheinisches Museum für Philologie, 145, 2002, p. 184 et 186.

    22 Par exemple : Diodore de Sicile, IV, 61 ; Porphyre, De l’abstinence, II, 29-30 ; Polybe, XXXVI, 17.

    23 L’approvisionnement en céréales était particulièrement cruciale en période de conflit armé : Graham J. Oliver, War, Food, and Politics in Early Hellenistic Athens, Oxford, 2007, p. 215 et suiv., 229 et suiv. et 255 et suiv.

    24 IG (Inscriptiones Graecae) I2 76 = Russell Meiggs, David Lewis, A Selection of Greek Historical Inscriptions, Oxford, 1969, § 73.

    25 IG II2 1672, 263-296. Voir Michael H. Jameson, « Famine en Grèce », p. 211. D’autres inscriptions font état d’un entreposage collectif, dont à Olbia (G. Dittenberg, Sylloge Inscriptionum Graecarum [SIG3], Hildesheim, 1960, § 495, ligne 145), ou d’une réserve de céréales dans une fortification du territoire de l’Attique dont un stratège a assuré la réfection : IG II2, 1281.

    26 SIG3, 976 = Jean Pouilloux, Choix d’inscriptions grecques, Paris, 1960, § 34.

    27 Notons les exceptions de Thouria en Messénie (Louis Robert, « Notes d’épigraphie hellénistique », Bulletin de Correspondance Hellénique [52, 1928], p. 426-432) et de Délos (F. Durrbach, Inscriptions de Délos [I. Delos], Paris, 1929, 442A) : voir Leopold Migeotte, « Le pain quotidien des cités hellénistiques », dans P. Brulé, J. Ohlhen, F. Prost (coord.), Économie et société, p. 361. Pour Rhodes, voir Starbon, XIV, 2, 5. Pour d’autres exemples, consulter : Migeotte, « Le pain quotidien », p. 349-372.

    28 A. Geoffrey Woodhead, The Athenian Agora, vol. 16, Princeton, 1997, § 216, lignes 10-12. Oliver, War, Food, and Politics, p. 259 ;D. Rathbone, « The Grain Trade and Grain Shortage in the Hellenistic East », dans P. Garnsey, C. R. Whittaker (éd.), Trade and Famine in Classical Antiquity, Cambridge, 1983, p. 48. Voir par exemple la liste des magistrats de la cité de Thespie datant de la fin du iiie siècle ou du début du iie siècle av. J.-C. : P. Roesch, Thespie et la confédération béotienne, Paris, 1965, p. 7, 204, 220-224. Sur les sitônai, voir Migeotte, « Le pain quotidien », p. 353 et suiv.

    29 Voir Migeotte, « Le pain quotidien », p. 359-371.

    30 Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 42.

    31 Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 252.

    32 Voir Paul Erdkamp, The Grain Market in the Roman Empire, Cambridge, 2005, p. 324-325 ; Peter Temin, « The Economy of the Early Roman Empire », Journal of Economic Perspectives 20, 2006, p. 149 ; Alain Bresson, La cité marchande, Bordeaux, 2000, p. 298-330.

    33 Voir Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 279-280, 308 et suiv., 341-347.

    34 Quinze à trente pour cent seulement du blé appartenant à l’État romain aurait été redistribué gratuitement : Temin, « The Economy of the Early Roman Empire », p. 137. Une part appréciable revenait aussi à l’armée.

    35 Voir Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 301.

    36 Dion Cassius, 54, 1, 1-4 ; Auguste, Res Gestae, 18 ; Histoire Auguste, Hadrien, 21, 5 ; Antonin le pieux, 8, 11. Pour de nombreux autres exemples, voir Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 288 et suiv.

    37 Tacite, Annales, II, 87, 1 ; IV, 6, 4.

    38 Des mesures d’urgence ont été adoptées par Auguste en 6-7 ap. J.-C. Les sources évoquent l’expulsion temporaire de certaines catégories de personnels superflus – des gladiateurs et des esclaves invendus selon Suétone (Auguste, 42, 3) et Dion Cassius (55, 26), les étrangers excluant les médecins et les professeurs et la majeure partie des escortes de l’empereur et des officiers de haut rang. Une permission spéciale fut accordée aux membres de l’ordre sénatoriale afin qu’ils quittent Rome (vraisemblablement avec leur entourage). Les témoignages mentionnent également la suspension des tribunaux, l’affectation d’anciens consules à l’approvisionnement en céréales et en pain, l’interdiction de faire bombance le jour de son anniversaire et l’attribution d’une double ration aux bénéficiaires de blé gratuit : Dion Cassius (55, 26).

    39 Voir Leopold Migeotte, L’Emprunt public dans les cités grecques, Paris, 1984, p. 138.

    40 C’est le cas également à Rome : Tite-Live, IV, 12 : « Les pères incriminaient la paresse de la plèbe ; les tribuns de la plèbe, la malhonnêteté ou l’incurie des consuls. Finalement, ils décidèrent la plèbe, sans opposition de la part du sénat, à nommer directeur du ravitaillement Lucius Minucius, qui, à ce poste, devait être plus heureux dans la défense de la liberté que dans l’exercice de ses fonctions, bien qu’une baisse des prix ait tout de même fini par lui valoir, non sans cause, de la reconnaissance et de la gloire. Après avoir envoyé chez les peuples d’alentour un grand nombre de missions par terre et par mer sans résultat, à part un convoi de blé d’Étrurie assez peu important, incapable d’avoir la moindre influence sur le ravitaillement, il eut recours à une organisation de la disette : il obligea à faire la déclaration des provisions de blé et à vendre les quantités supérieures à la consommation d’un mois, diminua la ration journalière des esclaves, mit en accusation et livra à la colère du peuple les marchands de blé. Mais, comme l’âpreté de ses poursuites faisait ressortir la disette au lieu de l’alléger, beaucoup de plébéiens, perdant tout espoir, plutôt que de traîner dans la souffrance leur existence, se voilèrent la tête et se jetèrent dans le Tibre », trad. G. Baillet, 1946. Sur les rations des esclaves : Caton, De l’agriculture, 56 et suiv. Peter Garnsey, Cities, Peasants and Food in Classical Antiquity, Cambridge, 1998, p. 236-237.

    41 Plutarque, Solon, 24, 1.

    42 SIG3, 37-38 = Meiggs, Lewis, A Selection of Greek Historical Inscriptions, § 30. Voir Gallant, « Crisis and Response », p. 408.

    43 [Aristote], Économique, II, 2, 17, 1348b33-1349a2, trad. A. Wartelle, 1968.

    44 J. Gonzalez, « The Lex Irnitana », Journal of Roman Studies, 76, 1986, p. 147-243 : « Rubrique. Afin que rien ne puisse être acheté dans sa totalité et accaparé. Nul dans ce municipe ne peut acheter en totalité ou accaparer ou s’entendre avec un autre ou passer un accord ou s’associer en vue de vendre une chose plus cher, ou de ne pas la vendre, ou ne pas en vendre en quantité suffisante. Quiconque agit à l’encontre de cette règle sera condamné à payer 10 000 sesterces aux municipes de municipe Flavium Irnitanum, dans chaque cas ; le droit de jugement, de poursuites et de réclamation pour ces sommes les concernant revient à tout municeps de ce municipe qui le souhaite et est habilité à le faire par ce statut », trad. de Peter Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 119.

    45 Philostrate, Vie d’Appolonios de Tyane, I, 15, trad. de Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 116.

    46 Dion Chrysostome, Discours, 46, 8-13.

    47 Cf.Paul Veyne, Le pain et le cirque, Paris, 1976, p. 209-228 ; Pierre Fröhlich, « Dépenses publics et évergétisme des citoyens dans l’exercice des charges publiques à Priène à la basse époque hellénistique », dans Pierre Fröhlich, C. Müller (éd.), Citoyenneté et participation à la basse époque hellénistique, Genève, 2005, p. 228.

    48 Théophraste, Caractères, 23, 5, trad. O. Navarre, 1921.

    49 Aristote, Politique, VII, 5-7, 1321a31-1321b1 : « De plus encore, les charges les plus importantes, réservées aux seuls membres du corps politique, doivent aussi comporter en outre des services publics (liturgies) pour que le commun du peuple accepte volontiers de ne pas participer au pouvoir et soit indulgent envers des magistrats qui ont à payer si chers leurs charges. […] Mais cette politique, les membres de l’oligarchie ne la pratique pas de nos jours ; ils font le contraire : ils recherchent des profits tout autant que l’honneur ; aussi a-t-on raison de dire que les oligarchies sont des démocraties en miniature », trad. J. Aubonnet, 1973.

    50 Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 40 ; Gallant, « Crisis and Response », p. 393. SIG3731. Sur les pénuries en période de guerre, voir Paul Goukowsky, « L’alimentation en Grèce et à Rome en temps de crise », dans. J. Leclant, A. Vauchez, M. Sartre (éd.), Pratiques et discours alimentaires en Méditerranée de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, 2008, p. 123 et suiv.

    51 SIG3 495 = Migeotte, L’Emprunt public,§ 44.

    52 Ibidem.

    53 Ibidem ;Inscription d’Érythrées au sujet de Polycrite dans : Helmut Engelmann, Reinhold Merkelbach (éd.), Die Inschriften von Erythrai und Klazomenai, Bonn, 1972, § 28 = Migeotte, L’Emprunt public, § 85. Voir aussi Migeotte, L’Emprunt public, § 10 et 42.

    54 Décret en l’honneur de Boulagoras, à Samos : Pouilloux, Choix d’inscriptions grecques, § 3, lignes 40 et suiv.

    55 Décret en l’honneur de Kapon à Chorsiai : P. Roesch, « Décret de Chorsiai pour Kapon de Thisbé », Revue de philologie, 39, 2, 1965, p. 256-261 = Migeotte, L’Emprunt public, § 10 ; SIG3 495, lignes 24-25 = Migeotte, L’Emprunt public,§ 44.Pour d’autres inscriptions qui indiquent que ces contributions alimentaires ont pu avoir lieu en situation de disettes, voir : Pauline Schmitt Pantel, La cité au banquet, Rome, 1992, p. 377-378.

    56 Voir, par exemple, le décret de Cymé pour Kléanax : R.Hodot, « Décret de Kymé en l’honneur du prytane Kléanax », The Getty Museum Journal, 10, 1982, p. 165-180.

    57 James Wright définit la fête comme une cérémonie formelle de consommation de nourriture et de boisson en commun – impliquant donc la notion de partage – pour souligner une occasion particulière, excluant toute consommation routinière qui, bien que commune, n’implique ni un lien de réciprocité alimentaire entre les convives ni une consommation ayant pour seul but la survie. Pour sa part, P. Wiessner ajoute la notion d’abondance à cette définition : James C. Wright, « A Survey of Evidence for Feasting in Mycenaean Society », Hesperia, 73, 2004, p. 133 ; P. Wiessner, « Of Feating and Value », dans Dietler, Hayden (éd.), Feasts, p. 116-117. Pour B. Hayden, la fête a une signification plus large et flexible : elle est un événement hors du commun qui implique un partage de nourritures particulières (souvent déterminées par la coutume) entre deux personnes ou plus : B. Hayden, « Fabulous Feasts », dans Dietler, Hayden (éd.), Feasts, p. 28. Le repas est une pratique significative en elle-même mais il possède également une importance sémiotique et fonctionnelle en relation avec d’autres pratiques sociales : M. Dietler et B. Hayden, « Digesting the Feast », dans Dietler, Hayden(éd.), Feasts, p. 3. Les notions de partage et de solidarité sont ainsi valorisées lors de fêtes communautaires.

    58 Cf. Stephen Mennell, All Manners of Food, Oxford, 1985, p. 23 ; R. Mandrou, Introduction à la France moderne, 1500-1640, Paris, 1974 [1961], p. 44 ; C. Fischler, « Gastro-nomie et gastro-anomie », dans Claude Fischler(éd.), Communications, 31, 1979, p. 189 et 196-197.

    59 Voir Plutarque, Propos de table, I, 612c-e.

    60 J.-P. Vernant, « À la table des hommes », dans M. Detienne, J.-P. Vernant (éd.), La cuisine du sacrifice en pays grec, Paris, 1979, p. 43-47 et 58.

    61 SchmittPantel, La cité au banquet, p. 245 et 248 ; Elizabeth Deniaux, Pauline Schmitt Pantel, « La relation patron-client en Grèce et à Rome », Opus, 6-8, 1987-1989, p. 152-153 ; Leopold Migeotte, « L’évergétisme des citoyens aux périodes classique et hellénistique », dans M. Christol, O. Masson (éd.), Actes du Xe congrès international d’épigraphie grecque et latine, Paris, 1997, p. 195 ; Moses I. Finley, L’invention du politique, Paris, 1985 [1983], p. 64-65. [Xénophon], Constitution des Athéniens,2, 9.

    62 J.-C. Wright, « The Mycenaean Feast: An Introduction », Hesperia, 73, 2004, p. 128-129.

    63 Schmitt Pantel, La cité au banquet, p. 246-247 ; Josuah Ober, Mass and Elite in Democratic Athens, Princeton, 1989, p. 232. Les riches Athéniens sont soumis à de nombreuses liturgies, les plus riches d’entre eux étant sollicités pour le financement de fêtes et d’autres obligations civiques dont la triérarchie par exemple. Pour éviter de telles contraintes financières, certains citoyens athéniens essayaient de cacher leur fortune, dont Chabrias qui, dit-on, voulant dissimuler son style de vie fastueux, a longtemps vécu à l’étranger : Cornelius Nepos, Chabrias, 3, 2-4 ; Ober, Mass and Elite,p. 215 et suiv.

    64 Pauline Schmitt Pantel, « Public Feasts in the Hellenistic Greek City », dans P. Bilde, T. Engberg-Pedersens, L. Hannestand, J. Zahle (éd.), Conventional Values of the Hellenistic Greeks, Aarhus, 1997, p. 29-30 et 33.

    65 Philippe Gauthier évoque l’évolution de l’utilisation du terme évergète pour les bienfaiteurs étrangers et les citoyens : Les cités grecques et leurs bienfaiteurs, Paris, 1985, p. 11-13.

    66 Schmitt Pantel, La cité au banquet, p. 378-380 ; Fröhlich, « Dépenses publics et évergétisme », p. 238-240.

    67 Veyne, Le pain et le cirque, p. 210. Selon Pauline Schmitt Pantel, cette pratique remonte à une période bien antérieure, puisqu’un notable comme Cimon, sans recevoir de décret honorifique, nourrissait déjà ses concitoyens : Schmitt Pantel, La cité au banquet, p. 411 et 487 ; Pauline Schmitt Pantel, Jean Andreau, Alain Schnapp, « Paul Veyne et l’évergétisme », Annales E.S.C., 33, 1978, p. 312. Voir Migeotte, « L’évergétisme des citoyens », p. 187-188. Voir aussi : Plutarque, Préceptes politiques, 5, 802d ; Dion de Pruse, 66 (sur le donateur qui flatte la masse).

    68 Plutarque, Préceptes politiques, 24, 818b.

    69 En voici un exemple provenant de la cité de Cymé, datant entre 2 av. J.-C. et 2 après J.-C. : « (Attendu) d’autre part qu’à présent, dans l’exercice du prytanat, il a d’une part, le Premier Jour de l’An, accompli les sacrifices aux dieux selon la coutume, distribué du vin doux à tous les habitants de la ville, donné des spectacles somptueux, et il a fait les sacrifices de bonne année selon la coutume et traité au prytanée pendant plusieurs jours de nombreux citoyens et des Romains ; d’autre part il a fait faire pour les trépassées, au jour habituel fixé par la coutume, les sacrifices de rigueur, et du gruau au lait (?) pour tous les (habitants) de la cité, hommes libres et esclaves, et (le jour de) l’Alouette, il a pris l’initiative personnelle d’inviter par proclamation les citoyens, les Romains, les résidents et les étrangers à un banquet au prytanée, a fait faire la dispersion (?) de la même façon que l’avaient fait les autres prytanes, ainsi que les processions du laurier, et a offert un banquet aux prêtres, aux vainqueurs des jeux sacrés, aux magistrats et à de nombreux citoyens ; en outre, pendant les Kaisaréa célébrés par la province d’Asie, il a accompli les sacrifices et les festivités comme il l’avait promis, sacrifiant d’abord des bœufs à l’empereur César Auguste, à ses fils et aux autres dieux, sacrifices qui lui permirent de régaler par [tribus ? à l’] agora, sur invitation par voie d’affiches, les Grecs, les Romains, les résidents et les étrangers, s’acquittant de cette mission [de la façon la plus convenable ?], et il a accompli également l’ensemble des autres rites…En conséquence, le Conseil et le peuple ont décidé de le couronner [aux Dionysies devant] l’autel de Zeus après le sacrifice, ainsi que dans toutes les [… et dans les] réunions où sont choisis les magistrats, après les prières, et dans […], le couronnement [étant annoncé] en ces termes : “[Le peuple] couronne [Kléanax, fils de Sarapion, et par naissance fils de Philo]damos d’une couronne d’or, pour avoir accompli son prytanat […, les stratèges ?] assumant [la charge du couronnement…]” » : R. Hodot, « Décret de Kymé », p. 167 (lignes 30-52).

    70 Pauline Schmitt Pantel, François Lissarrague, « Les hommes au banquet », dans Louise Bruitetal. (éd.), Thesaurus Cultus et Rituum Antiquorum, vol. II, Los Angeles, 2004, p. 242 ; Veyne, Le pain et le cirque, p. 241-242 ; Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 123. Cf. H. van Wees, « Reciprocity in Anthropological Theory », dans C. Gill, N. Postlethwaite et R. Seaford (éd.), Reciprocity in Ancient Greece, Oxford/New York, 1998, p. 42-45.

    71 N. A. Evans, « Feasts, Citizens, and Cultic Democracy in Classical Athens », Ancient Society, 34, 2004, p. 19-20 ; Pauline Schmitt Pantel, « Les femmes grecques et l’andron », Clio HFS, 14, 2001, p. 178-179.

    72 Schmitt Pantel, La cité au banquet, p. 396-401.

    73 Philippe Gauthier, « Études sur des inscriptions d’Amorgos », Bulletin de Correspondance Hellénique, 104, 1980, p. 210-213, 219.

    74 R. van Bremen, The Limits of Participation, Amsterdam, 1996, p. 150-155 ; Schmitt Pantel, « Les femmes grecques et l’andron », p. 164 et suiv. ; Fröhlich, « Dépenses publics et évergétisme », p. 240-245.

    75 Schmitt Pantel, La cité au banquet, p. 397-401.

    76 IG XII, 5, 663, lignes 14-15 ; Louis Robert, Hellenica, vol. XI-XII, Paris, 1960, p. 479-480.

    77 IG XII, 5, 663, lignes 20-23 ;665, lignes 9-12.

    78 Schmitt Pantel, La cité au banquet, p. 352-353.

    79 IG XII, 7, 515.

    80 Théophraste, Caractères, 23, 5 ; IG IV, 2, 11-14. Cf.Diodore de Sicile, I, 29.

    81 Voir par exemple H. W. Parke, Festivals of the Athenians, Londres, 1977, p. 18 et suiv. À Rome, de grands banquets publics ne sont pas non plus offerts exclusivement dans le contexte de crises alimentaires. Ces repas mettaient en scène la structure sociopolitique de la société romaine, chaque participant recevant la place, le type et la quantité de nourriture et, parfois, un cadeau en argent qui correspondaient à sa place dans la société : voir John F. Donahue, The Roman Community at Table during the Principate, Ann Arbor, 2004 ; John M. D’Arms, « The Roman Convivium and the Idea of Equality », dans Oswyn Murray (éd.), Sympotica. A Symposium on the Symposion, Oxford, 1990, p. 308-320.

    82 Jameson, « Famine en Grèce », p. 216 ; Migeotte, « Le pain quotidien », p. 372.

    83 Garnsey, Food and Society, p. 33.

    Auteur

    • Robin Nadeau
      institut für Geschichtswissenschaften-Alte Geschicht Humboldt-universität Zu Berlin
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    1 Je remercie chaleureusement l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (Tours) pour son soutien dans le cadre de ces recherches. Comme l’indique Peter Garnsey, il convient de distinguer les périodes de disette et de famine ; cette dernière semble plutôt rare dans les mondes grec et romain : Peter Garnsey, Food and Society in Classical Antiquity, Cambridge, 1999, p. 35.

    2 Thomas W. Gallant, « Crisis and Response: Rick-Buffering Behavior in Hellenistic Greek Communities », Journal of Interdisciplinary History, 19, 3, 1989, p. 394.

    3 Voir Gallant, « Crisis and Response », p. 398.

    4 Par exemple, voir Xénophon, Économique, VII, 20 et suiv. ; Pétrone, Satiricon, 38 et 48.

    5 Théophraste, Recherches sur les plantes, VIII, 7, 6.

    6 Cf.Décret d’Istros dans Nouveau choix d’inscriptions grecques, Paris, 1971, § 6.

    7 Garnsey, Food and Society, p. 2.

    8 Garnsey, Food and Society, p. 19-20 et suiv., 43 et suiv., 60 et suiv.

    9 Voir notamment Théophraste, Recherches sur les plantes, VIII, 1, 1.

    10 Rapportées chez Peter Garnsey, Famine et approvisionnement dans le monde gréco-romain, Paris, 1996 (Cambridge, 1988), p. 36-38 ; Gallant, « Crisis and Response », p. 394.

    11 Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 40-41.

    12 Galien, De alimentorum facultatibus, 506, 513 ; 518.

    13 Peter Garnsey évoque le problème de l’utilisation de l’expression « nourriture de substitution » qui peut parfois être trop réductrice, car ce qu’un auteur ancien peut qualifier de « nourriture de substitution » peut cacher des préférences et des usages alimentaires différents, de populations et de régions variées, voire de classes sociales qui n’ont pas accès aux mêmes aliments : Peter Garnsey, « Choix alimentaires, refus de nourritures, privations alimentaires dans l’Antiquité », dans Sophie Collin Bouffier, Marie-Hélène Sauner(éd.), Substitution de nourritures, Nourritures de Substitution en Méditerranée, Aix-en-Provence, 2006, p. 40-41 et 49.

    14 Galien, De alimentorum facultatibus, 620-621 ; Théophraste, Histoire des plantes, VII, 7, 2. Il est possible de considérer 5 types d’aliments de substitution : les animaux de ferme qui ne sont pas normalement voués à la consommation en période normale, les céréales considérées « inférieures » pour la consommation humaine (détériorées par une infestation d’animaux et d’incestes nuisibles ou par l’humidité), les aliments destinés au bétail, les produits d’origine végétale ou animale non considérés comestibles en période normale (cuir, racines, herbes, etc.) et, enfin, la chair humaine : Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 61 ; Luigi Gallo, « L’alimentation de substitution dans les cités grecques », dans Collin Bouffier, Sauner(éd.), Substitution de nourritures, p. 59-60, 62.

    15 Galien, De alimentorum facultatibus, 546.

    16 Dans nombreuses sociétés, les réseaux de solidarité peuvent jouer un rôle important dans la survie des individus. Voir M. Kahn, Always Hungry, Never Greedy, Prospect Heights (Ill.), 1986 (1994), p. 151. Chez les Aymara de Bolivie, le réseau « ayni » ressemble un peu à un système de coopération et d’assistance entre les membres de la famille élargie : M. Johnsson, Food and Culture among Bolivian Aymara, Uppsala, 1986, p. 33, 125-127, 162 ; mais les relations d’échanges peuvent également se manifester en dépendances et en obligations (p. 141). Chez les Akha de la région Nord de la Thaïlande, le repas est au centre d’un réseau de solidarité – entre membres d’un clan, d’un même lignage ou d’un village – dont le mécanisme de réciprocité implique une entraide mutuelle en prévision de pénuries alimentaires : M. J. Clarke, « Akha Feasting », dans M. Dietler, B. Hayden (éd.), Feasts, Washington D. C./Londres, 2001, p. 149 ; J. R. Perodie, « Feasting for Prosperity », dans Dietler, Hayden (éd.), Feasts, p. 192 et suiv. Voir aussi Marcel Mauss, « Essai sur le don », Sociologie et anthropologie, 11e éd., Paris, 2004 (1923-1924), p. 147 et 151.

    17 Hésiode, Les travaux et les jours, p. 298-302 ; 361-362, trad. P. Mazon, 1928.

    18 Théophraste, Recherches sur les plantes, VIII, 11.

    19 Xénophon indique que les marchands sont à l’affût des prix les plus élevés et n’hésitent pas à vendre sur les marchés étrangers : Économique, XX, p. 27-28.

    20 Hymne à Déméter, 302-313. Diodore de Sicile, I, 29. Michael H. Jameson, « Famine en Grèce », dans P. Brulé, J. Oulhen, F. Prost (coord.), Économie et société en Grèce antique, 478-88 av. J.-C., Rennes, 2007, p. 211.

    21 Polémon, frag. 39 (Preller) =Athénée, X, 416b. D. Whitehead, « Observations on adèphagia », Rheinisches Museum für Philologie, 145, 2002, p. 184 et 186.

    22 Par exemple : Diodore de Sicile, IV, 61 ; Porphyre, De l’abstinence, II, 29-30 ; Polybe, XXXVI, 17.

    23 L’approvisionnement en céréales était particulièrement cruciale en période de conflit armé : Graham J. Oliver, War, Food, and Politics in Early Hellenistic Athens, Oxford, 2007, p. 215 et suiv., 229 et suiv. et 255 et suiv.

    24 IG (Inscriptiones Graecae) I2 76 = Russell Meiggs, David Lewis, A Selection of Greek Historical Inscriptions, Oxford, 1969, § 73.

    25 IG II2 1672, 263-296. Voir Michael H. Jameson, « Famine en Grèce », p. 211. D’autres inscriptions font état d’un entreposage collectif, dont à Olbia (G. Dittenberg, Sylloge Inscriptionum Graecarum [SIG3], Hildesheim, 1960, § 495, ligne 145), ou d’une réserve de céréales dans une fortification du territoire de l’Attique dont un stratège a assuré la réfection : IG II2, 1281.

    26 SIG3, 976 = Jean Pouilloux, Choix d’inscriptions grecques, Paris, 1960, § 34.

    27 Notons les exceptions de Thouria en Messénie (Louis Robert, « Notes d’épigraphie hellénistique », Bulletin de Correspondance Hellénique [52, 1928], p. 426-432) et de Délos (F. Durrbach, Inscriptions de Délos [I. Delos], Paris, 1929, 442A) : voir Leopold Migeotte, « Le pain quotidien des cités hellénistiques », dans P. Brulé, J. Ohlhen, F. Prost (coord.), Économie et société, p. 361. Pour Rhodes, voir Starbon, XIV, 2, 5. Pour d’autres exemples, consulter : Migeotte, « Le pain quotidien », p. 349-372.

    28 A. Geoffrey Woodhead, The Athenian Agora, vol. 16, Princeton, 1997, § 216, lignes 10-12. Oliver, War, Food, and Politics, p. 259 ;D. Rathbone, « The Grain Trade and Grain Shortage in the Hellenistic East », dans P. Garnsey, C. R. Whittaker (éd.), Trade and Famine in Classical Antiquity, Cambridge, 1983, p. 48. Voir par exemple la liste des magistrats de la cité de Thespie datant de la fin du iiie siècle ou du début du iie siècle av. J.-C. : P. Roesch, Thespie et la confédération béotienne, Paris, 1965, p. 7, 204, 220-224. Sur les sitônai, voir Migeotte, « Le pain quotidien », p. 353 et suiv.

    29 Voir Migeotte, « Le pain quotidien », p. 359-371.

    30 Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 42.

    31 Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 252.

    32 Voir Paul Erdkamp, The Grain Market in the Roman Empire, Cambridge, 2005, p. 324-325 ; Peter Temin, « The Economy of the Early Roman Empire », Journal of Economic Perspectives 20, 2006, p. 149 ; Alain Bresson, La cité marchande, Bordeaux, 2000, p. 298-330.

    33 Voir Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 279-280, 308 et suiv., 341-347.

    34 Quinze à trente pour cent seulement du blé appartenant à l’État romain aurait été redistribué gratuitement : Temin, « The Economy of the Early Roman Empire », p. 137. Une part appréciable revenait aussi à l’armée.

    35 Voir Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 301.

    36 Dion Cassius, 54, 1, 1-4 ; Auguste, Res Gestae, 18 ; Histoire Auguste, Hadrien, 21, 5 ; Antonin le pieux, 8, 11. Pour de nombreux autres exemples, voir Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 288 et suiv.

    37 Tacite, Annales, II, 87, 1 ; IV, 6, 4.

    38 Des mesures d’urgence ont été adoptées par Auguste en 6-7 ap. J.-C. Les sources évoquent l’expulsion temporaire de certaines catégories de personnels superflus – des gladiateurs et des esclaves invendus selon Suétone (Auguste, 42, 3) et Dion Cassius (55, 26), les étrangers excluant les médecins et les professeurs et la majeure partie des escortes de l’empereur et des officiers de haut rang. Une permission spéciale fut accordée aux membres de l’ordre sénatoriale afin qu’ils quittent Rome (vraisemblablement avec leur entourage). Les témoignages mentionnent également la suspension des tribunaux, l’affectation d’anciens consules à l’approvisionnement en céréales et en pain, l’interdiction de faire bombance le jour de son anniversaire et l’attribution d’une double ration aux bénéficiaires de blé gratuit : Dion Cassius (55, 26).

    39 Voir Leopold Migeotte, L’Emprunt public dans les cités grecques, Paris, 1984, p. 138.

    40 C’est le cas également à Rome : Tite-Live, IV, 12 : « Les pères incriminaient la paresse de la plèbe ; les tribuns de la plèbe, la malhonnêteté ou l’incurie des consuls. Finalement, ils décidèrent la plèbe, sans opposition de la part du sénat, à nommer directeur du ravitaillement Lucius Minucius, qui, à ce poste, devait être plus heureux dans la défense de la liberté que dans l’exercice de ses fonctions, bien qu’une baisse des prix ait tout de même fini par lui valoir, non sans cause, de la reconnaissance et de la gloire. Après avoir envoyé chez les peuples d’alentour un grand nombre de missions par terre et par mer sans résultat, à part un convoi de blé d’Étrurie assez peu important, incapable d’avoir la moindre influence sur le ravitaillement, il eut recours à une organisation de la disette : il obligea à faire la déclaration des provisions de blé et à vendre les quantités supérieures à la consommation d’un mois, diminua la ration journalière des esclaves, mit en accusation et livra à la colère du peuple les marchands de blé. Mais, comme l’âpreté de ses poursuites faisait ressortir la disette au lieu de l’alléger, beaucoup de plébéiens, perdant tout espoir, plutôt que de traîner dans la souffrance leur existence, se voilèrent la tête et se jetèrent dans le Tibre », trad. G. Baillet, 1946. Sur les rations des esclaves : Caton, De l’agriculture, 56 et suiv. Peter Garnsey, Cities, Peasants and Food in Classical Antiquity, Cambridge, 1998, p. 236-237.

    41 Plutarque, Solon, 24, 1.

    42 SIG3, 37-38 = Meiggs, Lewis, A Selection of Greek Historical Inscriptions, § 30. Voir Gallant, « Crisis and Response », p. 408.

    43 [Aristote], Économique, II, 2, 17, 1348b33-1349a2, trad. A. Wartelle, 1968.

    44 J. Gonzalez, « The Lex Irnitana », Journal of Roman Studies, 76, 1986, p. 147-243 : « Rubrique. Afin que rien ne puisse être acheté dans sa totalité et accaparé. Nul dans ce municipe ne peut acheter en totalité ou accaparer ou s’entendre avec un autre ou passer un accord ou s’associer en vue de vendre une chose plus cher, ou de ne pas la vendre, ou ne pas en vendre en quantité suffisante. Quiconque agit à l’encontre de cette règle sera condamné à payer 10 000 sesterces aux municipes de municipe Flavium Irnitanum, dans chaque cas ; le droit de jugement, de poursuites et de réclamation pour ces sommes les concernant revient à tout municeps de ce municipe qui le souhaite et est habilité à le faire par ce statut », trad. de Peter Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 119.

    45 Philostrate, Vie d’Appolonios de Tyane, I, 15, trad. de Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 116.

    46 Dion Chrysostome, Discours, 46, 8-13.

    47 Cf.Paul Veyne, Le pain et le cirque, Paris, 1976, p. 209-228 ; Pierre Fröhlich, « Dépenses publics et évergétisme des citoyens dans l’exercice des charges publiques à Priène à la basse époque hellénistique », dans Pierre Fröhlich, C. Müller (éd.), Citoyenneté et participation à la basse époque hellénistique, Genève, 2005, p. 228.

    48 Théophraste, Caractères, 23, 5, trad. O. Navarre, 1921.

    49 Aristote, Politique, VII, 5-7, 1321a31-1321b1 : « De plus encore, les charges les plus importantes, réservées aux seuls membres du corps politique, doivent aussi comporter en outre des services publics (liturgies) pour que le commun du peuple accepte volontiers de ne pas participer au pouvoir et soit indulgent envers des magistrats qui ont à payer si chers leurs charges. […] Mais cette politique, les membres de l’oligarchie ne la pratique pas de nos jours ; ils font le contraire : ils recherchent des profits tout autant que l’honneur ; aussi a-t-on raison de dire que les oligarchies sont des démocraties en miniature », trad. J. Aubonnet, 1973.

    50 Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 40 ; Gallant, « Crisis and Response », p. 393. SIG3731. Sur les pénuries en période de guerre, voir Paul Goukowsky, « L’alimentation en Grèce et à Rome en temps de crise », dans. J. Leclant, A. Vauchez, M. Sartre (éd.), Pratiques et discours alimentaires en Méditerranée de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, 2008, p. 123 et suiv.

    51 SIG3 495 = Migeotte, L’Emprunt public,§ 44.

    52 Ibidem.

    53 Ibidem ;Inscription d’Érythrées au sujet de Polycrite dans : Helmut Engelmann, Reinhold Merkelbach (éd.), Die Inschriften von Erythrai und Klazomenai, Bonn, 1972, § 28 = Migeotte, L’Emprunt public, § 85. Voir aussi Migeotte, L’Emprunt public, § 10 et 42.

    54 Décret en l’honneur de Boulagoras, à Samos : Pouilloux, Choix d’inscriptions grecques, § 3, lignes 40 et suiv.

    55 Décret en l’honneur de Kapon à Chorsiai : P. Roesch, « Décret de Chorsiai pour Kapon de Thisbé », Revue de philologie, 39, 2, 1965, p. 256-261 = Migeotte, L’Emprunt public, § 10 ; SIG3 495, lignes 24-25 = Migeotte, L’Emprunt public,§ 44.Pour d’autres inscriptions qui indiquent que ces contributions alimentaires ont pu avoir lieu en situation de disettes, voir : Pauline Schmitt Pantel, La cité au banquet, Rome, 1992, p. 377-378.

    56 Voir, par exemple, le décret de Cymé pour Kléanax : R.Hodot, « Décret de Kymé en l’honneur du prytane Kléanax », The Getty Museum Journal, 10, 1982, p. 165-180.

    57 James Wright définit la fête comme une cérémonie formelle de consommation de nourriture et de boisson en commun – impliquant donc la notion de partage – pour souligner une occasion particulière, excluant toute consommation routinière qui, bien que commune, n’implique ni un lien de réciprocité alimentaire entre les convives ni une consommation ayant pour seul but la survie. Pour sa part, P. Wiessner ajoute la notion d’abondance à cette définition : James C. Wright, « A Survey of Evidence for Feasting in Mycenaean Society », Hesperia, 73, 2004, p. 133 ; P. Wiessner, « Of Feating and Value », dans Dietler, Hayden (éd.), Feasts, p. 116-117. Pour B. Hayden, la fête a une signification plus large et flexible : elle est un événement hors du commun qui implique un partage de nourritures particulières (souvent déterminées par la coutume) entre deux personnes ou plus : B. Hayden, « Fabulous Feasts », dans Dietler, Hayden (éd.), Feasts, p. 28. Le repas est une pratique significative en elle-même mais il possède également une importance sémiotique et fonctionnelle en relation avec d’autres pratiques sociales : M. Dietler et B. Hayden, « Digesting the Feast », dans Dietler, Hayden(éd.), Feasts, p. 3. Les notions de partage et de solidarité sont ainsi valorisées lors de fêtes communautaires.

    58 Cf. Stephen Mennell, All Manners of Food, Oxford, 1985, p. 23 ; R. Mandrou, Introduction à la France moderne, 1500-1640, Paris, 1974 [1961], p. 44 ; C. Fischler, « Gastro-nomie et gastro-anomie », dans Claude Fischler(éd.), Communications, 31, 1979, p. 189 et 196-197.

    59 Voir Plutarque, Propos de table, I, 612c-e.

    60 J.-P. Vernant, « À la table des hommes », dans M. Detienne, J.-P. Vernant (éd.), La cuisine du sacrifice en pays grec, Paris, 1979, p. 43-47 et 58.

    61 SchmittPantel, La cité au banquet, p. 245 et 248 ; Elizabeth Deniaux, Pauline Schmitt Pantel, « La relation patron-client en Grèce et à Rome », Opus, 6-8, 1987-1989, p. 152-153 ; Leopold Migeotte, « L’évergétisme des citoyens aux périodes classique et hellénistique », dans M. Christol, O. Masson (éd.), Actes du Xe congrès international d’épigraphie grecque et latine, Paris, 1997, p. 195 ; Moses I. Finley, L’invention du politique, Paris, 1985 [1983], p. 64-65. [Xénophon], Constitution des Athéniens,2, 9.

    62 J.-C. Wright, « The Mycenaean Feast: An Introduction », Hesperia, 73, 2004, p. 128-129.

    63 Schmitt Pantel, La cité au banquet, p. 246-247 ; Josuah Ober, Mass and Elite in Democratic Athens, Princeton, 1989, p. 232. Les riches Athéniens sont soumis à de nombreuses liturgies, les plus riches d’entre eux étant sollicités pour le financement de fêtes et d’autres obligations civiques dont la triérarchie par exemple. Pour éviter de telles contraintes financières, certains citoyens athéniens essayaient de cacher leur fortune, dont Chabrias qui, dit-on, voulant dissimuler son style de vie fastueux, a longtemps vécu à l’étranger : Cornelius Nepos, Chabrias, 3, 2-4 ; Ober, Mass and Elite,p. 215 et suiv.

    64 Pauline Schmitt Pantel, « Public Feasts in the Hellenistic Greek City », dans P. Bilde, T. Engberg-Pedersens, L. Hannestand, J. Zahle (éd.), Conventional Values of the Hellenistic Greeks, Aarhus, 1997, p. 29-30 et 33.

    65 Philippe Gauthier évoque l’évolution de l’utilisation du terme évergète pour les bienfaiteurs étrangers et les citoyens : Les cités grecques et leurs bienfaiteurs, Paris, 1985, p. 11-13.

    66 Schmitt Pantel, La cité au banquet, p. 378-380 ; Fröhlich, « Dépenses publics et évergétisme », p. 238-240.

    67 Veyne, Le pain et le cirque, p. 210. Selon Pauline Schmitt Pantel, cette pratique remonte à une période bien antérieure, puisqu’un notable comme Cimon, sans recevoir de décret honorifique, nourrissait déjà ses concitoyens : Schmitt Pantel, La cité au banquet, p. 411 et 487 ; Pauline Schmitt Pantel, Jean Andreau, Alain Schnapp, « Paul Veyne et l’évergétisme », Annales E.S.C., 33, 1978, p. 312. Voir Migeotte, « L’évergétisme des citoyens », p. 187-188. Voir aussi : Plutarque, Préceptes politiques, 5, 802d ; Dion de Pruse, 66 (sur le donateur qui flatte la masse).

    68 Plutarque, Préceptes politiques, 24, 818b.

    69 En voici un exemple provenant de la cité de Cymé, datant entre 2 av. J.-C. et 2 après J.-C. : « (Attendu) d’autre part qu’à présent, dans l’exercice du prytanat, il a d’une part, le Premier Jour de l’An, accompli les sacrifices aux dieux selon la coutume, distribué du vin doux à tous les habitants de la ville, donné des spectacles somptueux, et il a fait les sacrifices de bonne année selon la coutume et traité au prytanée pendant plusieurs jours de nombreux citoyens et des Romains ; d’autre part il a fait faire pour les trépassées, au jour habituel fixé par la coutume, les sacrifices de rigueur, et du gruau au lait (?) pour tous les (habitants) de la cité, hommes libres et esclaves, et (le jour de) l’Alouette, il a pris l’initiative personnelle d’inviter par proclamation les citoyens, les Romains, les résidents et les étrangers à un banquet au prytanée, a fait faire la dispersion (?) de la même façon que l’avaient fait les autres prytanes, ainsi que les processions du laurier, et a offert un banquet aux prêtres, aux vainqueurs des jeux sacrés, aux magistrats et à de nombreux citoyens ; en outre, pendant les Kaisaréa célébrés par la province d’Asie, il a accompli les sacrifices et les festivités comme il l’avait promis, sacrifiant d’abord des bœufs à l’empereur César Auguste, à ses fils et aux autres dieux, sacrifices qui lui permirent de régaler par [tribus ? à l’] agora, sur invitation par voie d’affiches, les Grecs, les Romains, les résidents et les étrangers, s’acquittant de cette mission [de la façon la plus convenable ?], et il a accompli également l’ensemble des autres rites…En conséquence, le Conseil et le peuple ont décidé de le couronner [aux Dionysies devant] l’autel de Zeus après le sacrifice, ainsi que dans toutes les [… et dans les] réunions où sont choisis les magistrats, après les prières, et dans […], le couronnement [étant annoncé] en ces termes : “[Le peuple] couronne [Kléanax, fils de Sarapion, et par naissance fils de Philo]damos d’une couronne d’or, pour avoir accompli son prytanat […, les stratèges ?] assumant [la charge du couronnement…]” » : R. Hodot, « Décret de Kymé », p. 167 (lignes 30-52).

    70 Pauline Schmitt Pantel, François Lissarrague, « Les hommes au banquet », dans Louise Bruitetal. (éd.), Thesaurus Cultus et Rituum Antiquorum, vol. II, Los Angeles, 2004, p. 242 ; Veyne, Le pain et le cirque, p. 241-242 ; Garnsey, Famine et approvisionnement, p. 123. Cf. H. van Wees, « Reciprocity in Anthropological Theory », dans C. Gill, N. Postlethwaite et R. Seaford (éd.), Reciprocity in Ancient Greece, Oxford/New York, 1998, p. 42-45.

    71 N. A. Evans, « Feasts, Citizens, and Cultic Democracy in Classical Athens », Ancient Society, 34, 2004, p. 19-20 ; Pauline Schmitt Pantel, « Les femmes grecques et l’andron », Clio HFS, 14, 2001, p. 178-179.

    72 Schmitt Pantel, La cité au banquet, p. 396-401.

    73 Philippe Gauthier, « Études sur des inscriptions d’Amorgos », Bulletin de Correspondance Hellénique, 104, 1980, p. 210-213, 219.

    74 R. van Bremen, The Limits of Participation, Amsterdam, 1996, p. 150-155 ; Schmitt Pantel, « Les femmes grecques et l’andron », p. 164 et suiv. ; Fröhlich, « Dépenses publics et évergétisme », p. 240-245.

    75 Schmitt Pantel, La cité au banquet, p. 397-401.

    76 IG XII, 5, 663, lignes 14-15 ; Louis Robert, Hellenica, vol. XI-XII, Paris, 1960, p. 479-480.

    77 IG XII, 5, 663, lignes 20-23 ;665, lignes 9-12.

    78 Schmitt Pantel, La cité au banquet, p. 352-353.

    79 IG XII, 7, 515.

    80 Théophraste, Caractères, 23, 5 ; IG IV, 2, 11-14. Cf.Diodore de Sicile, I, 29.

    81 Voir par exemple H. W. Parke, Festivals of the Athenians, Londres, 1977, p. 18 et suiv. À Rome, de grands banquets publics ne sont pas non plus offerts exclusivement dans le contexte de crises alimentaires. Ces repas mettaient en scène la structure sociopolitique de la société romaine, chaque participant recevant la place, le type et la quantité de nourriture et, parfois, un cadeau en argent qui correspondaient à sa place dans la société : voir John F. Donahue, The Roman Community at Table during the Principate, Ann Arbor, 2004 ; John M. D’Arms, « The Roman Convivium and the Idea of Equality », dans Oswyn Murray (éd.), Sympotica. A Symposium on the Symposion, Oxford, 1990, p. 308-320.

    82 Jameson, « Famine en Grèce », p. 216 ; Migeotte, « Le pain quotidien », p. 372.

    83 Garnsey, Food and Society, p. 33.

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    • Cloteau, Armèle. Mourad, Marie. (2016) Action publique et fabrique du consensus. Gouvernement et action publique, VOL. 5. DOI: 10.3917/gap.161.0063
    • Charbonnier, Jean. (2024) Goinfres et miséreux ?. Histoire & Sociétés Rurales, Vol. 61. DOI: 10.3917/hsr.061.0073
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    • Pinaud, Samuel. (2019) Le commerçant, le paysan et la distribution du pouvoir de marché dans la Gnagna (Burkina Faso). Revue internationale des études du développement, 237. DOI: 10.3917/ried.237.0165

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    • Marie-Jeanne, Caroline. (2019) Analyse morale de la spéculation. Revue d'économie financière, N° 131. DOI: 10.3917/ecofi.131.0269
    • (2015) A Companion to Food in the Ancient World. DOI: 10.1002/9781118878255.biblio

    Profusion et pénurie

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    Nadeau, R. (2009). Stratégies de survie et rituels festifs dans le monde gréco-romain. In Profusion et pénurie. Rennes: Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.247
    Nadeau, Robin. « Stratégies de survie et rituels festifs dans le monde gréco-romain ». In Profusion et pénurie. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2009. doi:10.4000/books.pur.247.
    Nadeau, Robin. « Stratégies de survie et rituels festifs dans le monde gréco-romain ». Profusion et pénurie, Presses universitaires de Rennes, 2009, https://doi.org/10.4000/books.pur.247.

    Référence numérique du livre

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    Bruegel, M. (2009). Profusion et pénurie. Rennes: Presses universitaires de Rennes, Presses universitaires François-Rabelais. https://doi.org/10.4000/books.pur.235
    Bruegel, Martin. Profusion et pénurie. Rennes: Presses universitaires de Rennes, Presses universitaires François-Rabelais, 2009. doi:10.4000/books.pur.235.
    Bruegel, Martin. Profusion et pénurie. Presses universitaires de Rennes, Presses universitaires François-Rabelais, 2009, https://doi.org/10.4000/books.pur.235.
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