• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15551 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15551 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Presses universitaires de Rennes
  • ›
  • Res publica
  • ›
  • Espaces publics mosaïques
  • ›
  • 1re partie. Faire entendre les « paroles...
  • ›
  • 3. Les sociabilités musicales induisent-...
  • Presses universitaires de Rennes
  • Presses universitaires de Rennes
    Presses universitaires de Rennes
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Les convictions militantes observées L’appropriation de modèles transnationaux La constitution des cercles de reconnaissance La rencontre d’une sphère de résonance L’ajustement des dispositions hétérogènes et le prosélytisme militant La pertinence des problèmes publics ou le poids contraignant de l’histoire Penser ces changements dont nous faisons nous-mêmes partie Notes de bas de page Auteur

    Espaces publics mosaïques

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    3. Les sociabilités musicales induisent-elles de nouveaux répertoires de prise de parole publique ?

    Christophe Traïni

    p. 121-134

    Texte intégral Les convictions militantes observées L’appropriation de modèles transnationaux La constitution des cercles de reconnaissance La rencontre d’une sphère de résonance L’ajustement des dispositions hétérogènes et le prosélytisme militant La pertinence des problèmes publics ou le poids contraignant de l’histoire Penser ces changements dont nous faisons nous-mêmes partie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Les propos présentés dans ce texte sont extraits d’une recherche ayant pour objet l’étude de modalités « atypiques » d’énonciation d’une parole publique. Il s’agit, en d’autres termes, d’examiner au nom de quoi, pourquoi et comment, des acteurs rejetant les formes usuelles de la participation politique, s’estiment en droit de présenter leurs qualités particulières comme les qualités nécessaires à l’énonciation d’un intérêt général. Nous nous sommes efforcés, à partir d’une perspective d’inspiration ethnographique, de dégager des éléments susceptibles d’éclairer cette fameuse « crise de la (représentation) politique » qui suscite le plus souvent des explications où se mêlent subrepticement éléments descriptifs et jugements normatifs. Dans une telle optique, une série d’enquêtes a été menée auprès d’individus mettant en œuvre un engagement apolitique, c’est-à-dire un ensemble d’activités à travers lesquelles se manifestent : 1-la construction d’un projet collectif militant centré sur une activité qui n’est pas pensée habituellement comme relevant de la catégorie « politique » (en l’occurrence, la chasse et la musique); 2-un processus d’agrégation portant des individus à s’organiser autour et au nom de cette conviction militante ou, en d’autres termes, un processus de valorisation des formes de sociabilité à l’intérieur desquelles s’élabore le projet collectif. Afin d’évaluer le poids respectif de la variable générationnelle et de la variable nationale, trois terrains ont été retenus sur la base d’une telle définition préalable. Toutefois, pour des raisons d’espace et d’adéquation aux contenus de cette table-ronde, il ne sera pas question ici des conclusions issues du travail de recherche sur l’engagement au sein de « Chasse Pêche Nature et Traditions ». Nous ne solliciterons, dans le cadre de ce texte, que les données relatives à des sociabilités musicales issues de terrains français et italien. Notre démarche se voulant résolument inductive, nous devrons commencer par décrire, même sommairement, quelques-uns des faits significatifs qu’il nous a été permis d’observer1.

    Les convictions militantes observées

    2Il est possible de rencontrer, en France comme en Italie, des groupes musicaux qui se revendiquent d’un « raggamuffin identitaire » dont le caractère militant mérite d’être souligné. Ainsi à Marseille, les Massilia sound system présentent leurs activités comme un combat visant à abattre ce « mal français qui est dans toutes les têtes » : à savoir l’hégémonie sclérosante d’un certain parisianisme. De manière plus systématique encore, ces derniers se réclament d’un « anticentralisme culturel » dont l’objectif premier serait de déjouer l’absence d’une « dialectique de la culture » sur le territoire français. C’est un tel projet qu’évoquent les membres du groupe lorsqu’il s’agit de justifier le fait de chanter en provençal (l’un de leurs albums s’intitule Parla Patois). Par une telle pratique, en effet, les jeunes musiciens marseillais entendent revendiquer le rétablissement de la dignité occultée, non seulement de la civilisation occitane, mais encore de toutes les « cultures minoritaires » de France : bretonne, picarde, alsacienne, etc. Ce pluralisme culturel prône, en outre, la valorisation des activités de quartiers, l’appel à une citoyenneté de proximité, d’ailleurs il « défend l’idée que toutes les villes sont a priori des capitales », « que toutes les villes du monde devraient vouloir que le monde entier passe chez eux. Même les villages ». C’est cette doctrine, forgée par le TGV (Très Grand Valable) Marcel Félix Castan2, que les Massilia sound system entendent promouvoir grâce notamment aux multiples activités de leur Ligne Imaginòt. Cette sociabilité à distance se présente sous les traits d’un réseau d’individus s’étant mutuellement promis de construire et colporter le projet collectif : Linha imaginòt « est née pour faire la jonction entre plusieurs villes françaises en situation multiséculaire de provincialisation, par laquelle leurs habitants se retrouvaient culturellement citoyen de seconde zone […] Elle est seulement un concept, que font vivre à leur guise, en toute liberté, ceux qui s’en réclament. Et le titre d’une revue »3.

    3Nous avons, par ailleurs, enquêté auprès des membres du Sud sound system, groupe italien de Lecce, partageant avec le groupe marseillais des similarités d’autant plus troublantes qu’elles ne doivent rien à un simple processus d’imitation (leurs discours se sont construits simultanément mais de manière indépendante). Les Sud sound system chantent en dialecte, ils présentent leurs activités comme la défense d’une fierté méridionale trop souvent stigmatisée (i terroni). Là où les Massilia parlent de troubamuffin, mélange de troubadour et de raggamuffin, les musiciens italiens parlent de tarantamuffin, mélange de tarantisme – ce rite traditionnel des Pouilles, objet privilégié des ethnologues – et de raggamuffin4. Le caractère militant de leurs chansons est souvent accentué par la dénonciation de la vie politique italienne, de la corruption, du pouvoir occulte de la mafia, ainsi que des accointances secrètes liant cette dernière à l’État.

    4Comme de très nombreux groupes de rap et de raggamuffin italiens, les Sud sound system sont étroitement associés au réseau des Centres sociaux occupés autogérés (CSOA). Phénomène complexe, ce réseau est bien difficile à décrire sommairement : les CSOA sont des lieux occupés illégalement au nom d’une doctrine évoquant les thèmes de l’autogestion et de l’autoproduction. Il s’agit, en fait, de formes de sociabilité où transparaissent – dans des proportions variables selon les cas – les influences de la maison du peuple communiste, de l’utopie communautaire des années soixante-dix, du squat punk, des pratiques autonomistes allemandes, de la dance hall hip hop. Ce lieu de syncrétisme remarquable permet à des générations aux dispositions hétérogènes de se retrouver autour « d’une communauté de référence sans laquelle tout discours resterait seulement un étalage de morgue antagoniste ». C’est donc au nom d’un projet collectif commun que sont organisées, au sein de plus d’une centaine de CSOA, des activités les plus hétéroclites : des concerts, des expositions, des projections vidéos, des librairies spécialisées dans la « contrinformazione », des brasseries débitant de la « bière à prix politique », des conférences sur « les aspects méconnus de la révolution russe » ou bien encore sur « l’utopie réalisée [dont témoignera] un historien espagnol militant de la révolution »… Notons que la plupart des activités des CSOA sont souvent présentées comme une réponse aux carences et aux dysfonctionnements des services publics : garderies, soutien scolaire, aide juridique, groupes d’aide aux séropositifs ou aux toxicomanes, centre d’accueil des immigrés, etc. Le visiteur des CSOA aura vite fait d’identifier une iconographie faisant de ces « espaces sociaux antagonistes » un lieu de prédilection pour des formes d’activisme très nettement ancrées à gauche : fresques hip hop reprenant les slogans des « partigiani », portraits de Che Guevara, drapeaux rouges flottants au vent, symbole anarchiste, etc. Dans de telles conditions, il n’est pas étonnant que l’apparition des « posse », à partir du début des années quatre-vingt-dix, ait été saluée comme « le plus extraordinaire renouvellement de la musique politique ». En effet, les posse, émanation des CSOA, sont constituées par des groupes musicaux qui chantent en dialecte ou bien encore se réclament d’un radicalisme de gauche des plus virulents (surtout d’inspiration rap)5.

    5Pour examiner au mieux ce dernier phénomène, nous avons choisi de centrer notre enquête sur les ex-membres de Onda rossa posse (Onde rouge posse), aujourd’hui regroupés à l’intérieur des Assalti Frontali (Assauts frontaux) et des AK 47 (sigle d’Avtomat Kalashnikov, le 47 désignant l’année d’homologation de ce fusil d’assaut soviétique). Ces jeunes italiens, au nom de scène évocateurs6, entendent lutter « contre la tentative de refoulement de la culture communiste »7. En 1993, les AK 47 participèrent à une campagne de concerts, « Amplifions Cuba », afin de récolter des fonds permettant d’offrir un matériel d’amplification à la fédération des femmes cubaines. À la suite de cette initiative, et à l’invitation des jeunesses communistes cubaines, ils se rendirent à La Havane afin d’y chanter en public. Par ailleurs, ils organisèrent, avec d’autres posse, une série de concerts au pied des prisons italiennes afin « d’ouvrir une brèche dans le silence qui entoure la prison et surtout le thème des compagnons encore détenus, qui ont fait l’objet d’une vendetta d’État plutôt que d’une “justice” ». Depuis lors, le thème des « prisonniers politiques des années de plomb » injustement incarcérés est devenu l’un des leitmotivs de leurs activités, il motiva d’ailleurs l’enregistrement de plusieurs chansons rendant hommage à Sante Notarnicola ou Renato Curcio (fondateur des Brigades rouges). Parmi d’innombrables anecdotes, on remarquera plus particulièrement que ces jeunes musiciens se réclament du « perpétuel fil rouge chéri qui relie entre eux les générations et les parcours, les expériences et les luttes, les sentiments et la mémoire de chaque prolétaire »8.

    6Expliciter les ressorts de l’adhésion à de telles convictions était d’autant plus nécessaire qu’elles pouvaient nous apparaître quelque peu paradoxales. Pourquoi et comment les membres du Massilia peuvent-ils affirmer « nous chantons en provençal, parce que c’est important de défendre notre langue », alors même qu’aucun d’entre eux (mise à part une exception négligeable) ne peut se prévaloir d’un parent, ou même d’un grand parent, parlant effectivement le provençal ? De même, pourquoi et comment des jeunes italiens peuvent se soucier de se placer sous l’égide d’un « fil rouge de la mémoire communiste » qui, au regard du plus grand nombre, pourrait semble quelque peu anachronique ?

    L’appropriation de modèles transnationaux

    7Confrontés à de telles données, nous avons adopté une perspective évolutive s’efforçant de rendre compte de la genèse et des transformations des dispositions qui commandèrent l’adhésion aux convictions observées. Ainsi, l’analyse des récits de vie des acteurs étudiés révèle, en tout premier lieu, à quel point la musique fut perçue, dès le plus jeune âge, comme « un espace prioritaire d’identification » (Dubar, 1991). Cette même analyse permet d’observer, tout au long du cheminement menant à la conviction, la prépondérance d’un travail de personnalisation visant à gérer les tensions qui résultent de cette identification primordiale. À la suite de la psychologie du développement, nous considérons le travail de personnalisation comme le travail à travers lequel l’enfant – mais nous généralisons le propos à n’importe quel acteur social – s’efforce d’accéder à une image valorisante de soi. Il s’agit, en fait, pour l’individu de « trouver la signification de ses actes et de son existence » tout en parvenant « à unifier et intégrer les multiples influences qui s’exercent sur lui » (Malrieu, 1973, p. 39). Ainsi, l’enracinement, aussi bien dans une tradition de luttes prolétarienne que dans une langue et une civilisation injustement méprisées, apparaissent comme l’effet d’une tentative d’appropriation de modèles transnationaux. En altérant le modèle l’acteur social s’applique avant tout à imprimer sa marque sur le modèle qui l’a tant marqué :

    « On a pris les mêmes recettes que les Anglais, les Jamaïcains ou les New-Yorkais, affirment les Massilia. Eux, ils vont chercher des mecs au fin-fond de l’Afrique pour les balancer sur leur beat. Nous, juste à côté de nous, on a des tas de trucs aussi intéressants : la musique traditionnelle. On sample des troubadours, du biniou ou des bouts de Jean-Marie Carlotti. Le sampler ne sert qu’à colorer, qu’à ajouter notre différence ».

    8Ainsi, l’attachement à une conviction particulière apparaît indissociable du désir d’apparaître, non pas comme une servile copie, mais comme l’homologue des modèles véhiculés par ces produits transnationaux de consommation culturelle que constituent les disques de reggae ou de rap.

    9Lorsque l’on connaît les différences fondamentales qui séparent l’histoire et le statut des dialectes en France et en Italie, on ne peut être que frappé par la similarité des discours justifiant l’enracinement localiste et le recours au patois. Partout les jeunes interrogés affirment réitérer le prestigieux « Back to the roots » du reggae rastafarien.

    « Le Sud Sound system, écrit-on fièrement, est né d’un groupe d’amis dans les années 1987-1988 : des jeunes gens passionnés par la musique Reggae depuis déjà de longues années trouvèrent en elle le plaisir et la possibilité de chanter sur les bases musicales des disques jamaïcains. Leur évolution musicale les amena à privilégier, comme forme expressive de leurs propres textes le dialecte salentinois sur des bases reggaes […]. De l’amour inconditionnel pour le reggae, qui exalte les valeurs de sa propre culture, de sa propre tradition et de ses propres racines est née quasiment inconsciemment, la nécessité de vivre le reggae non seulement comme expérience musicale mais aussi comme réalité totale. Voilà pourquoi pour les SSS le reggae n’est pas un moyen mais une fin ».

    10Les Massilia Sound System, quant à eux, rappellent souvent aux journalistes qui les entendent que « les Jamaïcains racontent une histoire qui se passe au bout de leur rue, et ça intéresse le bout du monde. Ils savent parler de leur culture, de leur île. On a voulu faire la même chose avec notre culture provençale et occitane. [Désormais et toutefois], on est plus une pâle copie des Jamaïcains, le public de Massilia ne s’arrête pas à une mode. […] [Le combat auprès de la Ligne Imaginòt] nous permet d’être aussi Jamaïcains que les Jamaïcains, ça nous permet d’être nous et de nous rapprocher d’eux ». Plus frappant encore et selon la même logique, la référence au fil rouge de la mémoire communiste apparaît étroitement subordonnée à la volonté de s’approprier le « radicalisme » du rap américain. Le manifeste présenté sur la pochette du disque des Onda Rossa posse constitue, à ce titre, un exemple des plus éloquents :

    « Il s’agit de se reporter dans une forme active, créative à la culture la plus radicale, extrême et dure de ces derniers temps : l’HIP-HOP. [Suit une citation de Churk. D membre du groupe américain Public Enemy] IL S’AGIT DE RELEVER L’INVITATION/suivre l’exemple, la voie tracée/par nos indomptables frères Noirs/les descendants des esclaves qui dans le cœur du ghetto/de nuit, dans les ruelles/encore une fois se sont levés pour prendre la parole/avec les rimes, le rythme, la danse, les dessins de révolte sur les murs. Il s’agit de se reporter à cette culture dans une forme créative prospective et active/car il est temps de prononcer des paroles vivantes, brûlantes/car ceci est le rythme qui peut soutenir notre radicalité/[…] HASTA SIEMPRE ».

    11On notera, dans le même ordre d’idée, que les jeunes rencontrés évoquent souvent le « fil rouge de la mémoire » lorsqu’il s’agit d’affirmer leur solidarité à l’égard de leurs « frères » emprisonnés9. Ils oublient d’ailleurs rarement, lorsqu’ils empruntent cette expression, de la présenter comme une citation de Sante Notarnicola. Or, lorsque l’on connaît l’histoire de ce dernier, il est difficile de ne pas penser que l’autorité dont il est investi est en parfaite consonance avec cette radicalité, cet antagonisme offensif, provocateur et agressif, que les jeunes étudiés ont perçu et admiré dans le rap américain. Pour le dire nous aussi d’une manière provocante, la conviction militante centrée sur les conditions carcérales de ceux « qui représentent l’histoire du mouvement révolutionnaire des “années de plomb”, c’est-à-dire le niveau maximum d’antagonisme », est la conséquence d’un travail de personnalisation soucieux de s’approprier « l’effet terminator » (Piccinini, 1994, p. 85)10 des modèles transnationaux tels Public Enemy, Massive Attack…

    La constitution des cercles de reconnaissance

    12Il importe néanmoins de ne jamais perdre de vue la dimension interpersonnelle que revêt ce travail élémentaire de personnalisation. Tout sujet, en effet, ne peut prétendre accéder à une image valorisante de soi qu’à travers le regard des autres. C’est parce que l’affirmation d’une personnalité unique et singulière ne peut se dispenser de l’acquiescement des autres que l’engagement donne lieu à des processus de regroupement. L’enquête de terrain permet ainsi d’observer comment s’organisent des formes de sociabilité grâce auxquelles les individus peuvent mutuellement se confirmer dans la définition valorisante à laquelle ils aspirent. Les posse, par exemple, sont constituées par un ensemble d’individus qui – autour du groupe musical – participent à la production d’un univers de sens partagé. En France, le Massilia sound system est constamment entouré par les membres du Chourmo, association de plus de 670 adhérents organisant de nombreuses activités : voyages dans le sillage du groupe, concours de boules, loto, randonnées, etc. L’analyse se doit donc d’examiner les nombreux opérateurs symboliques d’exclusion-inclusion (Eux/Nous) autour desquels s’édifie une telle sociabilité. Nous devons nous contenter, ici, de noter qu’une telle analyse atteste à quel point la conviction militante constitue l’un des éléments de ce patrimoine commun autour duquel les membres du groupe se retrouvent (au double sens du terme). L’affiliation au cercle de reconnaissance induit l’adhésion à la conviction partagée et aux autres signes de ralliement qui permettent de se distinguer des « cònòs », « pébrons » et autres « craignos » : tenue vestimentaire, hexis corporelle, private joke, pratiques routinières (se saluer le matin par un cordial « aïoli »), distinctions honorifiques ludiques mais efficaces (numéro de la carte de chourmo, existence d’un « chourmo òai star » grade intermédiaire entre le groupe et son fan club), etc.

    La rencontre d’une sphère de résonance

    13Nous avons évoqué jusqu’ici la logique des processus intra-personnels et interpersonnels sur lesquels se fonde l’engagement apolitique des jeunes observés. Pour expliquer et comprendre pourquoi telle conviction, plutôt que telle autre, se manifeste, d’autres aspects doivent être pris en compte. Les récits de vie, parmi d’autres indices, indiquent à quel point le travail de personnalisation des individus vise également à intégrer des influences bien plus immédiates. En aucun cas, il ne pourrait être question de se contenter d’assimiler un modèle étranger aux milieux d’origine car ce serait se condamner à se retrouver tout seul chez soi. Ainsi, l’enracinement dans une mémoire communiste ou dans un combat pour l’occitanie équivaut à altérer le modèle de manière à lui donner une signification valorisée et valorisante bien au-delà des seules sociabilités observées plus haut. Si le modèle primordial se trouve remodelé, c’est aussi afin d’acquérir une audience, une crédibilité, un retentissement auprès d’individus bien peu préoccupés par le rap ou le raggamuffin. L’occitanisation et la célébration du fil rouge, se fondent, en fait, sur une conviction suffisamment précise pour acquérir une visibilité sociale, mais encore suffisamment floue pour être l’objet des manipulations les plus diverses, pour permettre les projections identitaires les plus hétéroclites. Les processus de regroupement autour d’un projet collectif tendent, autrement dit, à susciter une sphère de résonance, c’est-à-dire une sociabilité élargie et hétérogène susceptible d’étayer les cercles de reconnaissance sur un projet de transformation du monde universellement valide.

    14C’est ainsi qu’autour de la Ligne Imaginòt peuvent « se retrouver » aussi bien des jeunes férus de dance-hall hip hop que des militants occitans des années soixante-dix, ou bien encore des écrivains âgés de 75 ans. L’imaginaire des CSOA, quant à lui, peut être célébré non seulement par des adeptes de « rap hardcore » ou de « révolte cyber-punk », mais encore par d’ancien militants du PCI ou de l’extrême gauche « extraparlementaire » des années soixante-dix. Chacun, en fait, trouve dans cette communalisation la confirmation d’un travail de personnalisation qui sans cela risquerait d’être pris en défaut. Le fait remarquable est de pouvoir observer que le déploiement de « l’engagement apolitique » mobilise également des individus qui ont pu faire preuve, en d’autres temps, d’une politisation des plus classiques. Marcel Félix Castan, pour ne prendre qu’un exemple, a toujours été, depuis 1944, un membre assidu du PCF. Par ailleurs, on ne peut être que frappé par le discours par lequel le secrétaire général de Rifondazione comunista conclut, le 15 juin 1997, la conférence d’organisation du parti. Après avoir dénoncé les vices de la « forme-parti », Fausto Bertinotti en appela à la réorganisation de la société civile et interrogea ses militants : « Pourquoi ne faisons-nous pas quelque chose de semblable à ce que font les centres sociaux ? Une école, une mutuelle, une organisation qui répondent aux problèmes des gens ? »11. Il s’agit là – loin des préoccupations musicales propres aux jeunes affidés des CSOA – de ré-interpréter, d’adapter des dispositions anciennes aux modifications d’un contexte général (écroulement du système soviétique, éclatement du PCI, échec des velléités autonomistes occitanes, etc.).

    L’ajustement des dispositions hétérogènes et le prosélytisme militant

    15Soulignons que la confrontation de ces dispositions hétérogènes est fondamentale puisqu’elle induit une (re) construction continuelle de la conviction édifiée au sein des cercles de reconnaissance. C’est bien en cela que l’engagement apolitique des jeunes étudiés ne peut être réduit à la simple velléité d’afficher un rap ou un raggamuffin « à la mode de chez nous »… Reconstituer la genèse des affinités primordiales qui ont orienté leur engagement ne doit pas nous porter à négliger l’importance des autres étapes de leur cheminement vers la profession de militant. Le travail de personnalisation s’avère, en fait, incessant et apparaît continuellement remis en cause par les rencontres déroutantes et les expériences déconcertantes du sujet ; ces dernières donnent lieu à de nombreux ajustements qui façonnent et affinent les opinions. Il est facile de noter, d’ailleurs, à quel point les sujets interviewés peuvent manifester une très claire conscience de tout ce qui les sépare de ceux avec qui ils prétendent toutefois partager une « communauté de destin ». C’est justement la nécessité de s’accommoder de cette sensation inquiétante, de dépasser les contradictions sourdes qui l’habitent, qui suscite l’élaboration collective de la conviction militante. Ainsi, l’adhésion des sujets à un projet de transformation de soi, dans et pour le groupe, signifie toujours, dans le même temps, l’adhésion à un projet de transformations sociales globales. Si le projet militant autour duquel se retrouvent les membres du groupe – et grâce auquel les individus accèdent à une image valorisante d’eux même – est érigé en valeurs universellement valides, c’est parce que ces dernières « se révèlent » comme la solution, non seulement pour les autres (la société globale), mais aussi pour soi et pour nous (les sociabilités et les réseaux). La montée en généralité, en d’autres termes, ne peut être dissociée du travail de personnalisation grâce auquel des individus aux dispositions hétéroclites se cherchent une solidarité par-delà tout ce qui peut les séparer : « Nous avons grandi, déclare Castro X, avec les compagnons qui nous racontaient les années soixante-dix, et dehors c’étaient les années quatre-vingt. Maintenant cela suffit, l’important est de regarder devant ».

    16Ce caractère collectif et prospectif du travail de personnalisation nous a incité à observer plus particulièrement comment pouvaient se manifester des processus d’accréditation. Ces processus permettent aux individus d’accéder au sentiment que leurs qualités et opinions particulières se doivent d’être présentées comme des biens publics qu’il importe de faire partager. En effet, les manières de faire et de voir qui assurent l’estime réciproque au sein du groupe ont vite fait de s’imposer comme les critères à l’aune desquels vont être jugés, disqualifiés ou consacrés, les porte-paroles autorisés de l’intérêt général. Dans le cadre d’une réflexion sur la « crise de la représentation politique », il peut être utile de relever à quel point se présenter comme un porte-parole du bien commun équivaut à dévaluer simultanément les compétences des « représentants » traditionnels de l’intérêt général :

    « Moi, nous dit Tatou, leader des Massilia, j’ai la chance d’avoir une tribune. C’est pas le cas de tous les marseillais. Je suis public ! J’ai accès à des micros, à de grosses sonos, beaucoup de gens devant moi, j’ai des disques à distribuer en x exemplaires, je peux bénéficier de la publicité si j’arrive à négocier avec un bon distributeur et faire mettre des budgets de promo sur moi… Je bénéficie a priori actuellement des mêmes armes qu’un homme politique. D’accord ? Les mêmes ! Ils se servent des mêmes… C’est du show biz maintenant les hommes politiques : les affiches, les spots c’est des clips ! Ils nous ont empruntés beaucoup de choses. D’accord ? Et bien nous maintenant on va leur emprunter quelque chose. À savoir : la possibilité de dire les choses ».

    17Par ailleurs, les textes de ses chansons ne laissent place à aucune équivoque :

    De nous deux, politicien, qui donc fait vibrer les posses ?/Qui apporte le rêve, et qui fabrique les soucis […] Tu t’es manqué au départ, alors ne sois pas surpris/Du système tu es né, du système tu te nourris/Quand le chat se mord la queue/Il laisse danser les souris/Pas besoin de verdict, pas besoins de jury/La sentence vient de Castan ou plutôt de sa théorie/(Mise en examen).
    Rassembler dans une salle, pour s’éclater, les hommes et les femmes, oui c’est ma fierté […] Face à ça, je trouve dérisoire tous ces ringards/Qui rêvent d’une gloire gagnée du fond d’un isoloir/J’oppose ma musique au discours électoral/Je suis en 91 un délinquant musical/Comme vous ! Comme vous !/[…] Messieurs les députés vous pleurez pour la jeunesse/Vous venez dans nos cités nous faire des promesses politiques : ça me fait gerber, seule la musique me fait délirer/[…] Ne les écoute pas raggamuffin fais gaffe !/Ce qu’ils veulent c’est ta voix et qu’ensuite tu dégages !/Oppose ta musique au discours électoral/Et soit en 91 un délinquant musical/Comme nous ! Comme nous ! [Suit une mélopée évoquant les chants tribaux indiens] (Connais-tu ces mecs ?).

    18Cette dernière citation permet d’entrevoir un aspect de l’engagement apolitique fondamental lorsqu’il s’agit d’expliciter ce relatif dérèglement des institutions de la démocratie représentative. Le rejet de l’homme politique apparaît à l’observation comme l’un des épiphénomènes qui résultent d’une valorisation croissante de nouvelles modalités de personnalisation et de communalisation : « Comme nous ! » « Comme vous ! ». Si le « représentant politique » n’est plus en mesure de susciter, auprès des jeunes, autre chose qu’un sentiment d’extranéité, c’est bel et bien parce que ces derniers, compte tenu de leurs conditions de socialisation, disposent de nouveaux moyens d’accès à l’estime de soi. Pour eux, et à l’encontre de générations plus anciennes, l’investissement dans des activités politiques de type classique n’apparaît pas comme un mode privilégié d’élaboration d’identités valorisantes (ou si l’on préfère de valeurs identifiantes). Nous devrions être des plus attentifs à l’égard des tenants et aboutissants d’une telle évolution car ils nous invitent à envisager les transformations structurelles de l’espace public, d’hier et d’aujourd’hui, du point de vue de l’altération progressive des modes de production du prestige, de la notoriété, bref, de l’autorité. N’est-ce pas un phénomène de ce type qui est au fondement de l’émergence, au cœur d’une sphère publique bourgeoise (à l’origine essentiellement littéraire), d’un principe de publicité plaidant pour la soumission de l’État absolu à un critique rationnellement justifiée (Habermas, 1978)12 ? De même, la substitution des notables par des hommes politiques à vocation tribunitienne n’étaient-elle pas liée à l’érection d’une activité spécifiquement politique – en voie de constitution – en lieu privilégié de la dignité ?

    La pertinence des problèmes publics ou le poids contraignant de l’histoire

    19Ainsi, à travers les « communalisations-confrontations » se jouant au sein des réseaux des CSOA et de la Ligne Imaginòt, se (re)constituent constamment, non seulement la définition des personnalités et des nomenclatures Eux-Nous, mais encore le projet collectif13. Nous nous proposons, par conséquent, de considérer l’engagement comme une réponse adaptative aux évolutions qui caractérisent les configurations sociales dans lesquelles les sujets sont tenus de s’insérer. C’est bien parce que ces configurations sociales ont une histoire spécifique que l’engagement débouche sur des prises de parole publique où transparaissent, aussi bien une part créée par des générations aux dispositions nouvelles, qu’une part héritée de formes d’engagement plus anciennes. Ainsi, le fait d’être prioritairement préoccupé de pouvoir s’affirmer à travers un « raggamuffin identitaire », ou un « rap hardcore communiste », n’interdit nullement de soulever des questions, des « problèmes publics », pouvant apparaître pertinents au regard des situations produites par l’histoire14. Être attentif à l’activité auto-organisatrice et à la créativité des sujets n’équivaut nullement à perdre de vue le fait que l’audience et la crédibilité accordées à leurs propos ne dépend pas d’eux-mêmes mais des caractéristiques préexistantes de leurs milieux. L’écho favorable assuré par une sphère de résonance, la production d’une opinion convaincante au regard d’un public élargi, n’est possible que dans la mesure où les individus façonnent leurs attitudes en puisant dans un monde vécu qui s’est construit au fil du temps. Cette constatation a largement déterminé notre perspective de recherche. Les terrains abordés auraient pu nous permettre de nous adonner à un inventaire d’anecdotes pittoresques renvoyant à des manières inédites de concevoir le droit – et même le devoir – de dire son mot. Bon nombre d’indices témoignent à quel point les jeunes rencontrés peuvent se découvrir une vocation de serviteur de l’intérêt général à travers… la musique. Lorsque nous lui demandons si, selon lui, exprimer publiquement son opinion constitue un acte politique, Garry du Massilia nous répond que « c’est le rôle du D. J parce que c’est son travail, lui, il voit, il regarde les gens, il le fait pour eux ! ». Les rappeurs italiens affirment, en ce qui les concerne, que

    « l’Isola Posse se réclame d’un concept car on y trouve ce que nous faisons ; sans devoir choisir entre l’engagement et le divertissement. Pas très loin de celui que KRS-One appelle edu-tainment, c’est-à-dire un mélange entre éducation, message donc, et entertainment. Les deux sont importants : aussi bien ce que tu dis que la manière dont tu le proposes. Cela naît d’une situation de divertissement et cela ne peut perdre cette caractéristique, cette marque d’origine ».

    20Ainsi, le fait d’édifier un espace transnational (le « rap-ragga identitaire ») en horizon privilégié d’investissement de soi équivaut à exalter et divulguer des modèles inédits de prise de la parole publique.

    À notre tour d’élever la voix […] Il me faut de la passion et de l’enthousiasme/Car les gens vivants me font battre le cœur/La vie réelle, tu vois, voici mon aliment/La voix, le son, le beat, voilà mon armement […] Les maîtres, là-haut, ne te demandent jamais/Si tout ça te va, si tout ça te plaît/Tais-toi mon joli et ils te tromperont encore davantage (Canti, as, a).

    21Pourtant, plutôt que d’opposer « nouveaux » et « anciens » répertoires de la parole publique, nous avons préféré étudier comment à travers l’engagement apolitique des jeunes se manifestaient aussi bien l’introduction d’éléments innovateurs, que la reproduction d’éléments issus des modèles de l’action publique légitime ayant modelé l’histoire de leur pays respectif. Les caractéristiques des processus sommairement décrits plus haut permettent, en effet, de comprendre pourquoi la conviction militante se présente toujours comme une combinaison de dispositions plus ou moins anciennes, si bien que le changement auquel elle aspire repose invariablement sur une ambivalente exigence de continuité et de rupture. Dans de telles conditions, il n’est pas inutile de remarquer à quel point les manières de faire et de voir partagées par des jeunes français et italiens, revêtent en fait, et compte tenu de leur insertion dans des configurations nationales distinctes, des significations bien différentes.

    22Nous devons ici nous contenter de présenter de manière sommaire les conclusions de l’analyse comparative de données a priori identiques : pour les Français, l’engagement signifie avant tout tenter de participer à la définition d’un principe, d’une règle, valable pour tous et sur tout le territoire ; pour les Italiens, en revanche, l’engagement équivaut à lutter, rivaliser pour le contrôle d’un territoire ou de ressources, et implique la participation à des affrontements dont la visibilité atteste l’absence de manipulations occultes. Le caractère général d’une telle interprétation ne doit pas laisser penser à un culturalisme ou à une psychologie des peuples des plus éculés. L’analyse comparative, en vérité, doit pouvoir rendre compte des institutions à travers lesquelles se forgent et se reproduisent les « rationalités » des modèles légitimes de l’action publique propres à chaque pays. Ainsi, les Massilia sound system, comme de nombreux autres groupes de leur génération, ont bénéficié de subventions de l’État (Fond d’aide et d’initiative pour le rock), de la municipalité de Marseille et du Conseil régional. On trouvera ainsi sur la pochette de leur album Chourmo, et à quelques centimètres de leur sigle Stop the cònò movement, le sigle du Conseil régional Provence-Alpe-Côte d’Azur, ainsi que la mention « Création musicale retenue par le Comité régional d’experts pour la création sonore ». Il importe de souligner que ce partenariat n’implique aucune contrepartie de type clientéliste puisqu’il résulte, en fait, d’une politique publique culturelle ayant substitué au référentiel « démocratisation des biens culturels » celui de « développement culturel » (Teillet, 1993)15. Notons, par ailleurs, que les membres du Massilia sont de férus abstentionnistes déclarant le plus souvent que les procédures électorales ne constituent – comparativement à leur activisme citoyen quotidien – que d’inutiles gadgets.

    23Dans un pays modelé par des années de lottizzazione et de clientélisme, il serait bien difficile de pouvoir bénéficier de ressources au nom d’une notion aussi abstraite et générale que le « développement culturel ». Les jeunes Italiens interrogés n’attendent rien des institutions qu’ils perçoivent le plus souvent comme des instruments inefficaces que d’autres manipulent et utilisent à leurs profits. C’est bien d’ailleurs pourquoi les Centres sociaux occupés sont si souvent présentés comme des institutions parallèles destinées à ceux qui seraient exclus par les logiques « ploutocratiques » du marché et de l’État : les jeunes groupes de musique peuvent ainsi y trouver des salles de répétition, des studios d’enregistrement ainsi qu’un circuit de diffusion de leurs produits. En outre, les partenaires et mécènes des groupes italiens sont d’une nature bien différente de leurs homologues français : dans les prochains mois, les Assalti Frontali puis les AK 47 sortiront un album vendu en supplément du Manifesto, journal d’obédience communiste bien connue. De tels faits contribuent à reconduire un ordre institutionnel italien fondé sur une division « en plusieurs enclaves qui se méfient les unes des autres, qui éprouvent même une certaine hostilité entre elles » (La Palombara, 1990, p. 297). On signalera, en outre, que les rappers interviewés n’hésitent aucunement à proclamer leur sympathie pour Rifondazione comunista, et qu’à l’encontre des jeunes français étudiés, ils conçoivent rarement de pouvoir s’abstenir en matière électorale. Autrement dit, l’attachement au vote des adeptes du rap ou du raggamuffin, loin de pouvoir prétendre déterminer l’orientation des politiques publiques, manifeste le sentiment d’appartenance à un segment social bien déterminé (les fameuses « sous-cultures » italiennes); il peut donc être rapporté à une valorisation du vote – jusqu’à présent plus particulièrement remarquable en Italie – qui résulte de la possibilité de donner à « l’identité personnelle une expression publique » (La Palombara, 1990, p. 165). Ainsi, malgré des évolutions remarquables, il serait possible de relever dans le milieu des CSOA la prégnance de cette activité politique « constitutive d’identité », objet d’un fort investissement psychologique et affectif, qu’évoque Alessandro Pizzorno (1986). On imagine, dans de telles conditions, tout ce qui distingue et distinguera les soubresauts de la « crise de la politique » en France et en Italie.

    Penser ces changements dont nous faisons nous-mêmes partie

    24Nous espérons que le lecteur attribuera bien cette étude de terrains atypiques, non pas à une simple fascination pour les objets exotiques et cocasses, mais à une véritable velléité de pouvoir décentrer le regard, d’ouvrir la voie à une compréhension renouvelée des changements contemporains. Dans cette optique, nous nous sommes proposés d’envisager l’engagement comme l’ensemble des processus interdépendants à travers lesquels certains individus s’efforcent de modifier leur environnement en vue d’une réduction des tensions qu’ils doivent aux conditions évolutives de leur socialisation. Le modèle qui résulte d’une telle formulation générique devrait nous permettre d’organiser des analyses génétiques et comparatives de formes concrètes de syncrétisme. Autrement dit, nous devrions – pour expliciter les transformations qui nous préoccupent – étudier comment des modalités de prise de la parole publique sont effectivement issues de modalités précédentes ou même de toute une série de modalités d’un type bien défini, sans pour autant démontrer que les premières devaient nécessairement se transformer en celles qui leur succèdent16. Politisation et « engagement apolitique » pourraient ainsi être appréhendés comme deux formes types – deux stades historiques17 – d’un phénomène beaucoup plus général qu’il convient encore d’interpréter. Pour notre part, une hypothèse d’inspiration tocquevillienne nous a incités à interpréter les différences distinguant ces deux types idéaux comme des corollaires du déploiement progressif de l’individualisme égalitaire moderne. Une telle hypothèse équivaut à considérer ce qui est habituellement perçu comme les symptômes d’une « crise de la (représentation) politique » comme l’effet d’une intensification d’évolutions anthropologiques pluriséculaires. En d’autres termes, nous postulons que l’institutionnalisation progressive de manières de faire et de voir « la politique » ordinaire résulta, en d’autres temps, de processus homologues à ceux que nous avons pu observer. Par là même, notre difficulté à rendre compte des transformations structurelles de l’espace public tiendrait à notre tendance à naturaliser des rapports « politisés » au monde dont le caractère construit et normatif apparaît pourtant au regard de nombreux travaux relevant de la perspective socio-historique. Il conviendrait alors de déterminer pour qui, pourquoi, et dans quelles conditions, la « politique » a pu être hier, et peut-être aujourd’hui, érigée en espace prioritaire d’identification ? Il faudrait également se demander dans quelle mesure les manières d’analyser les transformations actuelles de la politique peuvent dépendre d’un éventuel investissement de soi dans cet espace d’identification bien particulier ?

    Notes de bas de page

    1 Compte tenu du caractère sommaire de cette présentation, il nous est apparu inutile de citer avec précision les références de nos sources (entretiens, articles de presse, livres, chansons, etc.).

    2 Marcel Félix Castan, véritable Père fondateur et figure héroïque des Imaginistes, est un écrivain occitan né en 1920. Il mène depuis plus de trente ans à Montauban une forme d’activisme culturel. Il a écrit Décentralisation Occitaniste (1973) et Manifeste multiculturel et anti-régionaliste (1984).

    3 Se réclament de la Ligne Imaginòt, outre les Massilia, des groupes comme les Fabulous trobadors de Toulouse, les Nux vomica de Nice, Lubat d’Uzès, les Femmouzes T de Montauban, l’association Emmetrop de Bourges, l’association La Ducasse de Lallaing, la maison des jeunes de Larrazet…

    4 Nous ne sommes pas là en présence d’un phénomène isolé puisqu’il existe, en Italie, bien d’autres groupes combinant pareillement localisme et mondialisme, tradition et modernité : Alma Megretta, Inta Capanna Sound System, Papa Ricky, Pitura Freska, Africa Unite, Sa razza, Sensasciòu, South Posse, etc.

    5 Sur les posse d’inspiration reggae/raggamuffin voir la note précédente. Parmis les groupes relevant plutôt du rap on citera, entre autres, AMNK (Autorisation ministérielle non concédée), Bisca 99 posse, CUBA, Disastro, Isola posse all stars, Lion Horse Posse, Lou X, Piombo a tempo, Trombe Rosse Posse (Trombes rouges posse), Sangue Misto, etc.

    6 Castro X, Militant Avanna (Militant La Havane), Vento rosso (Vent rouge), King, Kid.

    7 Interview, Il Manifesto, 31 mars 1992. Le terme rimozione (refoulement) peut être également traduit par « destitution ».

    8 Citation de Sante Notarnicola présentée sur la pochette d’un disque des Assalti Frontali. Sante Notarnicola, fut l’un des membres de la bande Cavallero qui commit, durant les années soixante, 18 cambriolages. Ils furent arrêtés en septembre 1967 à la suite d’une fusillade au cours de laquelle furent dénombrés 22 blessés (16 passants et 6 policiers) et 3 morts (2 passants et l’un des membres de la bande). Cavallero après son arrestation déclara : « J’ai agi ainsi parce que je suis un idéaliste qui combattait avec la mitraillette pour réparer les injustices », et laissa entendre que derrière sa bande d’autres hommes, de la même organisation « terroriste-révolutionnaire », étaient prêts à poursuivre leur action. Sante Notarnicola, en revanche, déclara alors n’avoir agi que pour l’argent. Ainsi, sa biographie pourrait constituer une étude de cas remarquable d’une intense politisation dans l’Italie des années soixante-dix. En effet, c’est à travers son combat pour une amélioration des conditions carcérales que Sante Notarnicola acquit une « conscience révolutionnaire ». Parallèlement, il est vrai, des organisations telles Lotta continua ou Potere Operaio s’appliquèrent à faire de la prison (« instrument du patronat ») un thème de prédilection. Après la publication en 1972 de son ouvrage L’evasione impossibile, Sante Notarnicola devint l’idole d’une certaine gauche libertaire et radicale.

    9 Le terme fait penser alors à une traduction du brother qui émaille les chansons des rappeurs américains.

    10 Terminator, film américain d’inspiration cyberpunk, met en scène cette violence ludique et outrancière dont peuvent se délecter aujourd’hui les aficionados des jeux vidéos.

    11 « Il problema di Rifondazione », Il Manifesto, 17 giugno 1997.

    12 Habermas souligne, qu’à l’origine, le terme « opinion » ne peut être dissocié de l’idée de réputation, renommée, considération (p. 99).

    13 À l’issue de nos enquêtes, il nous semble plus précis de parler d’énonciation de préférences présentées comme des préférences préférables pour tous et susceptibles de modifier l’état présent des choses.

    14 En tant qu’observateurs de la construction sociale des problèmes, nous devons nous interdire de prétendre pouvoir juger le degré de pertinence des questions du « centralisme français » ou du sort des « prisonniers politiques » en Italie. En tant que citoyens, nous pouvons bien évidemment avoir un avis, mais s’il doit s’exprimer, c’est en d’autres lieux et selon d’autres modalités.

    15 L’auteur souligne à quel point la politique culturelle du rock, « exclusivité française », fut suscitée, non par une demande du champ du rock, mais par les initiatives des agents administratifs ayant en charge la mise en œuvre de la politique culturelle.

    16 Nous paraphrasons à dessein Norbert Élias (1991b, p. 199).

    17 Nous souscrivons, en effet, au principe épistémologique défendu par Norbert Élias (1991a, p. 222) selon lequel, du point de vue de la sociologie évolutive la notion de « type » se confond avec celle de « stade ».

    Auteur

    • Christophe Traïni
    Précédent Suivant
    Table des matières

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    La proximité en politique

    La proximité en politique

    Usages, rhétoriques, pratiques

    Christian Le Bart et Rémi Lefebvre (dir.)

    2005

    Aux frontières de l'expertise

    Aux frontières de l'expertise

    Dialogues entre savoirs et pouvoirs

    Yann Bérard et Renaud Crespin (dir.)

    2010

    De l'état social à l'état des droits de l'homme ?

    De l'état social à l'état des droits de l'homme ?

    Colette Bec

    2011

    Réinventer la ville

    Réinventer la ville

    Artistes, minorités ethniques et militants au service des politiques de développement urbain. Une comparaison franco-britannique

    Lionel Arnaud

    2012

    Militer pour la planète

    Militer pour la planète

    Sociologie des écologistes

    Sylvie Ollitrault

    2008

    La figure de «l'habitant»

    La figure de «l'habitant»

    Sociologie politique de la «demande sociale»

    Virginie Anquetin et Audrey Freyermuth (dir.)

    2009

    Politiques de jeunesse

    Politiques de jeunesse

    Les défis majeurs de l'intégration

    Patricia Loncle

    2010

    Journalistes engagés

    Journalistes engagés

    Sandrine Lévêque et Denis Ruellan (dir.)

    2010

    La fabrique interdisciplinaire

    La fabrique interdisciplinaire

    Histoire et science politique

    Michel Offerlé et Henry Rousso (dir.)

    2008

    Mobilisations de victimes

    Mobilisations de victimes

    Sandrine Lefranc et Lilian Mathieu (dir.)

    2009

    Les libertariens aux États-Unis

    Les libertariens aux États-Unis

    Sociologie d'un mouvement asocial

    Sébastien Caré

    2010

    Le choix rationnel en science politique

    Le choix rationnel en science politique

    Débats critiques

    Mathias Delori, Delphine Deschaux-Beaume et Sabine Saurugger (dir.)

    2009

    Voir plus de livres
    1 / 12
    La proximité en politique

    La proximité en politique

    Usages, rhétoriques, pratiques

    Christian Le Bart et Rémi Lefebvre (dir.)

    2005

    Aux frontières de l'expertise

    Aux frontières de l'expertise

    Dialogues entre savoirs et pouvoirs

    Yann Bérard et Renaud Crespin (dir.)

    2010

    De l'état social à l'état des droits de l'homme ?

    De l'état social à l'état des droits de l'homme ?

    Colette Bec

    2011

    Réinventer la ville

    Réinventer la ville

    Artistes, minorités ethniques et militants au service des politiques de développement urbain. Une comparaison franco-britannique

    Lionel Arnaud

    2012

    Militer pour la planète

    Militer pour la planète

    Sociologie des écologistes

    Sylvie Ollitrault

    2008

    La figure de «l'habitant»

    La figure de «l'habitant»

    Sociologie politique de la «demande sociale»

    Virginie Anquetin et Audrey Freyermuth (dir.)

    2009

    Politiques de jeunesse

    Politiques de jeunesse

    Les défis majeurs de l'intégration

    Patricia Loncle

    2010

    Journalistes engagés

    Journalistes engagés

    Sandrine Lévêque et Denis Ruellan (dir.)

    2010

    La fabrique interdisciplinaire

    La fabrique interdisciplinaire

    Histoire et science politique

    Michel Offerlé et Henry Rousso (dir.)

    2008

    Mobilisations de victimes

    Mobilisations de victimes

    Sandrine Lefranc et Lilian Mathieu (dir.)

    2009

    Les libertariens aux États-Unis

    Les libertariens aux États-Unis

    Sociologie d'un mouvement asocial

    Sébastien Caré

    2010

    Le choix rationnel en science politique

    Le choix rationnel en science politique

    Débats critiques

    Mathias Delori, Delphine Deschaux-Beaume et Sabine Saurugger (dir.)

    2009

    Voir plus de chapitres

    11. Les victimes entre émotions et stratégies

    Christophe Traïni

    2. L’anticentralisme multiculturel de la Ligne Imaginòt

    Art occitan et échange de l’estime réciproque

    Christophe Traïni

    Introduction

    Des dispositifs visant à la coordination des actions collectives

    Christophe Traïni

    7. Témoigner de l’immersion dans l’horreur

    Un dispositif de sensibilisation au service d’une cause militante

    Christophe Traïni

    5. La politisation des sensibilités au prisme de la protection des animaux

    Christophe Traïni

    Voir plus de chapitres
    1 / 5

    11. Les victimes entre émotions et stratégies

    Christophe Traïni

    2. L’anticentralisme multiculturel de la Ligne Imaginòt

    Art occitan et échange de l’estime réciproque

    Christophe Traïni

    Introduction

    Des dispositifs visant à la coordination des actions collectives

    Christophe Traïni

    7. Témoigner de l’immersion dans l’horreur

    Un dispositif de sensibilisation au service d’une cause militante

    Christophe Traïni

    5. La politisation des sensibilités au prisme de la protection des animaux

    Christophe Traïni

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    Presses universitaires de Rennes
    • amazon.fr
    • decitre.fr
    • mollat.com
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    • lcdpu.fr
    ePub / PDF

    1 Compte tenu du caractère sommaire de cette présentation, il nous est apparu inutile de citer avec précision les références de nos sources (entretiens, articles de presse, livres, chansons, etc.).

    2 Marcel Félix Castan, véritable Père fondateur et figure héroïque des Imaginistes, est un écrivain occitan né en 1920. Il mène depuis plus de trente ans à Montauban une forme d’activisme culturel. Il a écrit Décentralisation Occitaniste (1973) et Manifeste multiculturel et anti-régionaliste (1984).

    3 Se réclament de la Ligne Imaginòt, outre les Massilia, des groupes comme les Fabulous trobadors de Toulouse, les Nux vomica de Nice, Lubat d’Uzès, les Femmouzes T de Montauban, l’association Emmetrop de Bourges, l’association La Ducasse de Lallaing, la maison des jeunes de Larrazet…

    4 Nous ne sommes pas là en présence d’un phénomène isolé puisqu’il existe, en Italie, bien d’autres groupes combinant pareillement localisme et mondialisme, tradition et modernité : Alma Megretta, Inta Capanna Sound System, Papa Ricky, Pitura Freska, Africa Unite, Sa razza, Sensasciòu, South Posse, etc.

    5 Sur les posse d’inspiration reggae/raggamuffin voir la note précédente. Parmis les groupes relevant plutôt du rap on citera, entre autres, AMNK (Autorisation ministérielle non concédée), Bisca 99 posse, CUBA, Disastro, Isola posse all stars, Lion Horse Posse, Lou X, Piombo a tempo, Trombe Rosse Posse (Trombes rouges posse), Sangue Misto, etc.

    6 Castro X, Militant Avanna (Militant La Havane), Vento rosso (Vent rouge), King, Kid.

    7 Interview, Il Manifesto, 31 mars 1992. Le terme rimozione (refoulement) peut être également traduit par « destitution ».

    8 Citation de Sante Notarnicola présentée sur la pochette d’un disque des Assalti Frontali. Sante Notarnicola, fut l’un des membres de la bande Cavallero qui commit, durant les années soixante, 18 cambriolages. Ils furent arrêtés en septembre 1967 à la suite d’une fusillade au cours de laquelle furent dénombrés 22 blessés (16 passants et 6 policiers) et 3 morts (2 passants et l’un des membres de la bande). Cavallero après son arrestation déclara : « J’ai agi ainsi parce que je suis un idéaliste qui combattait avec la mitraillette pour réparer les injustices », et laissa entendre que derrière sa bande d’autres hommes, de la même organisation « terroriste-révolutionnaire », étaient prêts à poursuivre leur action. Sante Notarnicola, en revanche, déclara alors n’avoir agi que pour l’argent. Ainsi, sa biographie pourrait constituer une étude de cas remarquable d’une intense politisation dans l’Italie des années soixante-dix. En effet, c’est à travers son combat pour une amélioration des conditions carcérales que Sante Notarnicola acquit une « conscience révolutionnaire ». Parallèlement, il est vrai, des organisations telles Lotta continua ou Potere Operaio s’appliquèrent à faire de la prison (« instrument du patronat ») un thème de prédilection. Après la publication en 1972 de son ouvrage L’evasione impossibile, Sante Notarnicola devint l’idole d’une certaine gauche libertaire et radicale.

    9 Le terme fait penser alors à une traduction du brother qui émaille les chansons des rappeurs américains.

    10 Terminator, film américain d’inspiration cyberpunk, met en scène cette violence ludique et outrancière dont peuvent se délecter aujourd’hui les aficionados des jeux vidéos.

    11 « Il problema di Rifondazione », Il Manifesto, 17 giugno 1997.

    12 Habermas souligne, qu’à l’origine, le terme « opinion » ne peut être dissocié de l’idée de réputation, renommée, considération (p. 99).

    13 À l’issue de nos enquêtes, il nous semble plus précis de parler d’énonciation de préférences présentées comme des préférences préférables pour tous et susceptibles de modifier l’état présent des choses.

    14 En tant qu’observateurs de la construction sociale des problèmes, nous devons nous interdire de prétendre pouvoir juger le degré de pertinence des questions du « centralisme français » ou du sort des « prisonniers politiques » en Italie. En tant que citoyens, nous pouvons bien évidemment avoir un avis, mais s’il doit s’exprimer, c’est en d’autres lieux et selon d’autres modalités.

    15 L’auteur souligne à quel point la politique culturelle du rock, « exclusivité française », fut suscitée, non par une demande du champ du rock, mais par les initiatives des agents administratifs ayant en charge la mise en œuvre de la politique culturelle.

    16 Nous paraphrasons à dessein Norbert Élias (1991b, p. 199).

    17 Nous souscrivons, en effet, au principe épistémologique défendu par Norbert Élias (1991a, p. 222) selon lequel, du point de vue de la sociologie évolutive la notion de « type » se confond avec celle de « stade ».

    Espaces publics mosaïques

    X Facebook Email

    Espaces publics mosaïques

    Ce livre est cité par

    • (2015) Des amateurs dans les médias. DOI: 10.4000/books.pressesmines.1978
    • Bacqué, Marie-Hélène. Sintomer, Yves. (2011) La démocratie participative. DOI: 10.3917/dec.bacqu.2011.01.0009
    • (2012) Alzheimer : la construction sociale d'une maladie. DOI: 10.3917/dunod.ngatc.2012.01.0419
    • Blatrix, Cécile. (2010) Politiques publiques 2. DOI: 10.3917/scpo.borra.2010.01.0213
    • Grandjean, Geoffrey. Jérôme, Jamin. (2011) La concurrence mémorielle. DOI: 10.3917/arco.grand.2011.01.0233
    • Le Bart, Christian. (2008) L’individualisation. DOI: 10.3917/scpo.lebar.2008.01.0285
    • Anquetin, Virginie. Freyermuth, Audrey. (2009) La figure de «l'habitant». DOI: 10.4000/books.pur.10130
    • (2013) Trente ans après La Distinction, de Pierre Bourdieu. DOI: 10.3917/dec.coula.2013.01.0389
    • Neveu, Catherine. (2011) La démocratie participative. DOI: 10.3917/dec.bacqu.2011.01.0039
    • Renault, Emmanuel. Sintomer, Yves. (2003) Où en est la théorie critique ?. DOI: 10.3917/dec.renau.2003.01.0007
    • Maigret, Éric. (2015) Sociologie de la communication et des médias. DOI: 10.3917/arco.maigr.2015.01.0215
    • Gilbert, Claude. Henry, Emmanuel. Bourdeaux, Isabelle. (2009) Comment se construisent les problèmes de santé publique. DOI: 10.3917/dec.gilbe.2009.01.0007
    • Geoffray, Marie-Laure. (2007) Dynamiques de résistance aux normes révolutionnaires à Cuba. Cahiers des Amériques latines. DOI: 10.4000/cal.2453
    • Robineau, Colin. (2016) Constituer un contre-public en marge des médias : négociations, circulations et normativités d’un discours « révolutionnaire » au sein d’une cantine de quartier. Études de communication. DOI: 10.4000/edc.6668
    • Krieg-Planque, Alice. (2019) L’ethos de rupture en politique : « Un ouvrier, c’est là pour fermer sa gueule ! », Philippe Poutou. Argumentation et analyse du discours. DOI: 10.4000/aad.3773
    • Baron, Catherine. (2007) Transfert du concept d'économie solidaire en afrique francophone : paradoxes et atouts. Revue Tiers Monde, 190. DOI: 10.3917/rtm.190.0325
    • Delforce, Bernard. Noyer, Jacques. (1999) Pour une approche interdisciplinaire des phénomènes de médiatisation : constructivisme et discursivité sociale. Études de communication. DOI: 10.4000/edc.2341
    • Le Torrec, Virginie. (2005) Aux frontières de la publicité parlementaire : les assemblées et leur visibilité mediatisée. Réseaux, n° 129-130. DOI: 10.3917/res.129.0181
    • (2002) Lectures critiques. Raisons politiques, 7. DOI: 10.3917/rai.007.0199
    • Rebillard, Franck. Camille Noûs, . (2021) L’industrie de la télévision. Réseaux, N° 230. DOI: 10.3917/res.230.0009
    • Weisbein, Julien. (2016) Défendre le littoral en croisant les expertises. Norois. DOI: 10.4000/norois.5892
    • Mabi, Clément. Theviot, Anaïs. (2014) Présentation du dossier. Politiques de communication, N° 3. DOI: 10.3917/pdc.003.0005
    • Suraud, Marie-Gabrielle. (2003) Le net ou la cloture de l'espace public . Réseaux, 118. DOI: 10.3917/res.118.0211

    Espaces publics mosaïques

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Espaces publics mosaïques

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Traïni, C. (1999). 3. Les sociabilités musicales induisent-elles de nouveaux répertoires de prise de parole publique ?. In E. Neveu & B. François (éds.), Espaces publics mosaïques (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.24682
    Traïni, Christophe. « 3. Les sociabilités musicales induisent-elles de nouveaux répertoires de prise de parole publique ? ». In Espaces publics mosaïques, édité par Erik Neveu et Bastien François. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 1999. https://doi.org/10.4000/books.pur.24682.
    Traïni, Christophe. « 3. Les sociabilités musicales induisent-elles de nouveaux répertoires de prise de parole publique ? ». Espaces publics mosaïques, édité par Erik Neveu et Bastien François, Presses universitaires de Rennes, 1999, https://doi.org/10.4000/books.pur.24682.

    Référence numérique du livre

    Format

    Neveu, E., & François, B. (éds.). (1999). Espaces publics mosaïques (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.24673
    Neveu, Erik, et Bastien François, éd. Espaces publics mosaïques. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 1999. https://doi.org/10.4000/books.pur.24673.
    Neveu, Erik, et Bastien François, éditeurs. Espaces publics mosaïques. Presses universitaires de Rennes, 1999, https://doi.org/10.4000/books.pur.24673.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Presses universitaires de Rennes

    Presses universitaires de Rennes

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Flux RSS

    URL : http://www.pur-editions.fr

    Email : pur@univ-rennes2.fr

    Adresse :

    2, avenue Gaston Berger

    CS 24307

    F-35044

    Rennes

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement