Une terre d’opportunités ?
Quand des princes du Saint-Empire se rendent en France, xviie-xviiie siècles
p. 199-211
Texte intégral
Voyageurs et exilés
1Le 30 août 1679 la (future) électrice Sophie de Hanovre se rendit à la cour de France, à Fontainebleau. Entre la France et le Saint-Empire, les hostilités de la guerre de Hollande avaient cessé seulement en février. « Madame d’Osnabruc », comme on l’appelait de manière très correcte, y rencontra un petit nombre de compatriotes : d’une part, et avant tous, bien sûr, sa nièce, Madame Palatine, la duchesse d’Orléans1. Mais celle-ci, par son mariage, était devenue régnicole. Et puis, d’autre part, le princehéritier de Saxe-Eisenach, un prince de Brunswick-Wolfenbüttel, le duc et la duchesse de Mecklembourg, celle-ci étant née Montmorency-Bouteville2. Visiblement, des princes du Saint-Empire n’hésitaient pas à fréquenter la cour de Louis XIV, malgré une guerre meurtrière tout juste terminée et des torrents d’écrits francophobes qui avaient réveillé le patriotisme impérial en s’attaquant à la France et à son roi avec une force et une brutalité inouïes. Cette vague de francophobie, d’ailleurs, avait affecté la noblesse et les princes : ni « Madame d’Osnabruc », ni son frère, l’Électeur palatin, ni son mari, le duc puis Électeur d’Hanovre n’étaient connus pour leur angélisme en l’affaire, mais l’objectif, alors, fut de marier une fille au dauphin. Cela valait bien un voyage3.
2Sophie de Hanovre eut même l’occasion de rencontrer un autre membre de la haute noblesse allemande : le comte d’Empire Guillaume Égon de Fürstenberg. Avec son frère François Égon, il fut ministre de l’électeur de Cologne, et devait lui succéder comme prince-évêque de Strasbourg4. Et pendant que Sophie, sa fille, y résidait, les princes de Wolfenbüttel et d’Eisenach y séjournèrent comme voyageurs ; et pour entreprendre une mission dynastico-diplomatique, Fürstenberg y était implanté durablement5. Ceci valait aussi pour le duc Christian-Louis de Mecklenbourg, qui vivait en France depuis 1659. Mais leurs motivations étaient différentes. Christian-Louis de Mecklenbourg comptait parmi les princes ratés de son époque. En conflit avec sa famille, ses états, ses voisins et l’Empereur – tout cela pour des raisons multiples – il avait choisi de s’expatrier afin de gagner le soutien de la France et pour y vivre d’une manière qu’il jugeait digne de son rang. S’attirer ce prince, certainement, ne fut pas la meilleure affaire que fit Louis XIV en la première partie de son règne, car son poids politique finissait par être négligeable6. Mais il portait un titre de quelque considération, ce qui contribuait – modérément – à l’éclat de la cour royale. Les deux Fürstenberg, eux, rapportaient davantage : dans la guerre de Hollande et même après, ils se distinguèrent comme les représentants acharnés, infatigables des intérêts de la France dans l’Empire, notamment auprès de l’Électeur de Cologne, leur maître, qu’ils cherchaient à conserver dans le giron du roi et dont François Égon s’apprêtait à assumer la succession. Finalement ils échouèrent dans leurs projets, et leur échec fut même retentissant. Ils devinrent alors les bêtes noires de la propagande anti-française dans l’Empire : des vendus, des traîtres, des « Teutschfrantzosen » ou « Françallemands ». Guillaume Égon fut même capturé, traduit en justice et condamné à mort pour lèse-majesté. Cependant, Louis XIV n’était pas un ingrat. Il n’oublia pas ses serviteurs même malheureux, et négocia le renvoi de Guillaume au royaume où il lui conféra les bénéfices qu’avait laissés son frère à sa mort en 1682, dont l’évêché de Strasbourg qui, juridiquement, continuait à compter parmi les membres du Saint-Empire. Sur le plan politique, bien sûr, il était entré dans la mouvance du roi. Le prince mourut en 1704 en son abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Il dut finir ses jours expatrié, exclu de façon morale à la fois de la nation et de la patrie. Outre-Rhin, l’honneur de sa maison en fut atteint. Les cousins régnants en Allemagne se voyaient obligés d’afficher un patriotisme impérial sans faille. Les deux « Égonides », comme on les appelait à l’époque, étaient donc devenus clients de Louis XIV et ils restaient fidèles à cet engagement, comme, de son côté, leur patron. Ce choix, ni inhabituel ni déraisonnable pour des cadets d’une maison nombreuse, finit pourtant par les obliger à un exil durable – exil princier, pourtant, qui, certainement, ne manquait ni de confort ni de réconfort7.
Prendre service et s’implanter
3L’exemple des Fürstenberg est atypique par ses implications politiques graves, par son aspect guerrier sur fond d’affrontements franco-allemands et par son caractère public, sa notoriété funeste. Notre deuxième exemple est moins extraordinaire mais plus complexe. Il connut ses débuts à peu près à la même époque, voire un peu plus tôt, dans la dernière phase de la guerre franco-espagnole. En 1623, l’ancienne maison des rhingraves de Salm accéda en sa branche principale au titre de prince d’Empire8. Les Salm avaient servi l’empereur et l’Empire depuis le début du xvie siècle. Un comte de Salm avait été en charge de la défense de Vienne lors du premier siège par les Ottomans, en 15299. Le titre princier en fut une récompense ; récompense aussi pour le retour à la vraie foi – en l’occurrence celle de l’Empereur, bien sûr, le catholicisme tridentin. Comme beaucoup de leurs homologues, les Salm étaient passés à la Réforme10. Mais un titre princier, si recherché fût-il, ne rendait ni invincible ni invulnérable : le premier prince mourut en 1634 après avoir été blessé lors de la bataille de Nördlingen contre les Suédois, le deuxième prince tomba en 1638 à Saint-Omer contre les Français11. Un sort d’homme de guerre, donc, qui, en temps de conflit, n’avait rien d’anormal.
4Avec le troisième prince, l’histoire familiale devient moins meurtrière et peut-être même plus intéressante : Léopold-Philippe-Charles de Salm, servit d’abord l’empereur, après 1640 la république de Venise et le duc de Lorraine – vu depuis Vienne, cela ne posait pas problème. Mais en 1656, nous le retrouvons en tant que général des armées de Louis XIV. La guerre de Trente ans était terminée, certes, et avec elle l’affrontement direct entre l’empereur et le roi, mais le conflit franco-espagnol continuait toujours. Voir un prince de l’empire, un ancien client de surcroît, s’engager contre Madrid n’était pas de nature à plaire à Ferdinand III. Dans l’Empire, pourtant, cela ne pouvait pas choquer. En 1656, la France de Mazarin était considérée comme une puissance protectrice de l’ordre impérial et de la paix retrouvée. Nous savons que cela ne devait pas durer12.
5Quelle fut la raison pour qu’un ancien général de l’empereur, « client » des Habsbourg, s’engage ainsi au service de la France, l’adversaire d’hier ? La réponse, bien sûr, est très simple : l’honneur et, tout naturellement, avec lui l’argent. Il se trouvait que des princes de l’Empire furent de très grands seigneurs : les princes-électeurs, bien sûr, mais aussi les ducs de Brunswick-Lunebourg, de Wurtemberg, en principe ceux de Mecklembourg ou encore les Arenberg. Mais les petits princes, érigés plus récemment, n’appartenaient pas à cette ligue – et de loin. À moins qu’il ne s’agît de « Grands » disposant de vastes terres dans les pays héréditaires de l’empereur, les princes nouveaux, qui accédèrent à la dignité au xviie et xviiie siècles, étaient politiquement et économiquement marginalisés. Ils menaient des existences plutôt précaires. D’où un impératif : ou bien ils prenaient service quelque part, ou bien ils perdaient du lustre. Le choix à faire était évident13.
6Pour les Salm, cette première expérience française ne resta pourtant qu’un épisode. Le quatrième prince Charles Théodore Othon, fils du général, obtint une formation militaire à Paris, mais il prit service d’abord aux Pays-Bas, puis rentra à Vienne. À partir de 1682, il y fit même une carrière impressionnante, jusqu’au sommet de l’État comme précepteur, puis ministre (« Obristhofmeister ») de l’empereur Joseph Ier. En tant que feld-maréchal et haut-dignitaire de la cour, proche de l’empereur, il fut l’un des grands francophobes de l’époque. On peut même l’appeler un « francophage », « Franzosenfresser ». Il avait compris que la politique guerrière de Louis XIV menaçait non seulement les frontières mais, au moins par ricochet, l’existence même du Saint-Empire et donc celle des princes qui le composaient14.
7Nous savons qu’après la paix d’Utrecht, puis la mort de Louis XIV, les relations entre la France et le Saint-Empire s’apaisèrent. Il n’est donc pas surprenant que le xviiie siècle ait offert de nouveau le spectacle de bon nombre de princes allemands séjournant ou résidant durablement en France ou, encore, qui cherchaient le service du roi dans les armées. Et, sans grande surprise, parmi eux nous trouvons de nouveau quelques Salm.
8Cela concerne d’une part la branche principale, les héritiers de Charles Théodore Othon. Le sixième prince fut le feldmaréchal impérial Nicolas Léopold. Après une recomposition des branches de la maison, le « nom de famille », d’ailleurs, était devenu Salm-Salm15. Il donna son nom en 1733 à un régiment d’infanterie autrichien qui le porta jusqu’en 189216. Mais le prince n’était pas connu pour ses talents militaires. Son exploit consista en la naissance de 16 enfants, dont 12 vécurent jusqu’à l’âge adulte17. De toute évidence, il n’était pas possible de caser cette douzaine d’enfants à Vienne ou dans l’Empire. Les terres de la maison, même agrandies par des héritages, ne permettaient pas non plus d’établir convenablement un tel nombre de rejetons, de leur permettre de former de nouvelles branches. Le treizième enfant, le prince Emmanuel, prit donc d’abord le chemin de Madrid puis, en 1777, celui de Versailles. Il le fit, bien entendu, après le renversement des alliances et sous l’auspice de la nouvelle entente dynastique entre Habsbourg et Bourbon18. En France, il devint maréchal de camp, obtint un régiment et lui donna son nom : l’armée française aussi avait donc son régiment de Salm19. Et il fit même un autre pas en avant. Visiblement, son intention n’était pas de servir quelques années et de rentrer ensuite, mais de s’implanter durablement et de fonder une branche française de sa maison. Il devint donc régnicole et se fit naturaliser en France. Sa « Lettre de naturalité » date de mars 178920. Et il entra aux États généraux comme député du second ordre.
9Nous ne savons pas dans quelle mesure il se considérait français. En 1783, il « n’ambitionnait que l’honneur et le plaisir d’être Français ». En 1791, faisant les premiers pas sur le chemin de l’émigration, il donnait plutôt la preuve du contraire, se considérant comme « un étranger […] [qui] a voulu se retirer chez lui ». En 1792, exécré par la radicalisation révolutionnaire d’une part et ses pertes financières de l’autre, il constatait n’avoir « rien de commun avec la France ». Mais tant qu’il fut en France il se considéra sans doute comme sujet du roi21.
10Nous n’en avons pas terminé avec lui, mais il faut évoquer d’abord la carrière à peu près parallèle d’autres Salm – carrière plus surprenante, plus splendide et, finalement, plus macabre : il s’agit d’une branche cadette de la maison, les Salm-Kyrbourg, dont les terres plutôt modestes étaient éparpillées entre la Rhénanie, les Pays-Bas autrichiens et le nord de la France22. Malgré cette modestie, le comte d’Empire Philippe-Joseph de Salm-Kyrbourg arriva en 1742 non seulement à conclure un mariage avantageux qui devait lui apporter les biens des comtes de Horne aux Pays-Bas septentrionaux, mais aussi de se faire créer prince par l’empereur Charles VII, le seul Wittelsbach sur le trône depuis Louis de Bavière, successeur du dernier Habsbourg23. L’objectif du monarque fut alors de créer un groupe de clients, de princes fidèles. Une idée raisonnable, mais qui n’empêchait pas la catastrophe du règne. La guerre de Succession d’Autriche chassa l’empereur de Munich et de Bavière. Sa mort prématurée en 1745 mit fin à un interlude malheureux et éphémère24.
11Dans la mesure où Charles VII eut pour successeur l’époux de Marie-Thérèse d’Autriche, François-Étienne de Lorraine, grand-duc de Toscane, il est clair que les princes créés sous le régime précédent ne disposaient plus des bonnes grâces ni de la cour de Vienne ni des institutions impériales. L’impératrice-reine restait en effet vindicative envers l’empereur Wittelsbach, son règne et ses créatures : elle veilla à ce que toutes ses nominations et promotions fussent ignorées25. Salm-Kyrbourg en tira les conséquences : il se décida à aller en France, et à se glisser dans les rangs de la noblesse parisienne et versaillaise. Là, son succès fut remarquable : il obtint les honneurs de la cour, un brevet de colonel pour son fils Frédéric et maria ses deux filles aux ducs de Croÿ et de La Trémoïlle26. Le succès fut donc au rendez-vous, mais il faut dire que les négociations des alliances matrimoniales entre Salm et Croÿ avaient été longues et épineuses. Des deux côtés, on se croyait obligé à des enquêtes sur la qualité nobiliaire et princière de l’autre. Finalement tout était bon, mais visiblement les deux hiérarchies nobiliaires française et allemande ne se conjuguaient pas facilement. Les contemporains en étaient conscients27.
12Les Salm, par le prince Frédéric, ont laissé leur marque dans l’histoire de France. Une marque architecturale surtout : l’hôtel de Salm, près de la Seine à Paris qui, de nos jours, abrite le musée de la Légion d’honneur28. Le bâtiment est splendide – il n’est pas surprenant que le prince ait dû s’endetter considérablement pour le faire construire. En fait, Frédéric de Salm-Kyrbourg compte parmi les aristocrates les plus endettés de l’Ancien Régime. On peut trouver remarquable que la construction de l’hôtel n’y fût que pour une part. Tout le reste consistait en des dettes de jeu ou en dépenses destinées à soutenir un train de vie faramineux29.
13Le prince avait des ennemis et des détracteurs, ce qui n’est pas très étonnant. Mais il faut lui reconnaître un certain poids social. Et il entra en politique : il faut le compter parmi les grands nobles libéraux de la première phase de la Révolution, un proche même de Mirabeau30. Mais par la suite il fut surpris, comme beaucoup de ses pairs, par la radicalisation du processus révolutionnaire depuis la chute de la monarchie jusqu’au régime de la Terreur. Et il en fit les frais : le 23 juillet 1794 le prince Frédéric III de Salm-Kyrbourg monta sur l’échafaud31.
14Son sort renvoie à l’aspect juridique des migrations nobiliaires entre la France et l’Allemagne : dans un premier temps, il fut arrêté par la justice révolutionnaire comme aristocrate réactionnaire et émigré. Mais on l’avait confondu avec son cousin Emanuel, naturalisé, ancien député aux États généraux. Et la justice révolutionnaire se ravisa : le prince fut relâché, seulement pour quelques jours, hélas. En un second temps, on l’arrêta de nouveau comme espion et ennemi étranger – comme prince allemand. La sentence du tribunal révolutionnaire le dénonce comme « l’agent caché de la coalition allemande contre la France32 ». En fait, il n’était pas devenu régnicole, mais il était peut-être devenu plus français que ne l’avait été son cousin Emmanuel, immigré et naturalisé, puis émigré de nouveau et rescapé, qui s’était appuyé sur son réseau et ses ressources allemandes. Frédéric Salm-Kyrbourg partagea le sort de la société dans laquelle il s’était immergé et qui l’avait adoptée.
Quand le pays change de pays…
15Notre troisième et dernier volet vise un cas de migration nobiliaire moins violente, moins spectaculaire, d’un ordre nettement différent. Il s’agit de nobles des Pays-Bas espagnols qui, membres de l’une des premières familles, portaient aussi le titre princier mais qui étaient tombés sous souveraineté française lorsque l’Espagne avait cédé plusieurs parties des Flandres et du Hainaut à la France en 1679. Leurs terres, leur pays avaient changé de pays. Quelles furent leurs réactions et stratégies pour garder leur place ? Comment s’adaptèrent-ils au nouvel ordre des choses ? Doit-on constater nostalgie et réticence ou opportunisme et volonté de pousser maintenant les carrières du côté français ?
16Notre exemple sera la maison de Croÿ. Les Croÿ, comme l’on sait, avaient connu une ascension fulgurante sous les ducs de Bourgogne au xviie siècle. Ils continuaient à jouer un rôle de premier plan au xvie siècle sous les Habsbourg, jusqu’à l’extinction de la branche aînée, les Arschot, en 1610. Puis les terres et dignités échouèrent pour la plupart aux Arenberg33. Le titre ducal éponyme, pourtant, fut conservé dans des branches cadettes qui succédèrent. La plus récente entre ces branches était celle des Solre. Au milieu du xviiie siècle, elle devait devenir la branche principale à son tour en héritant du titre ducal et de toutes les terres néerlandaises de la maison. Mais bien avant cela, elle était tombée sous souveraineté française en 1679, ses domaines étant localisés dans la partie du Hainaut cédée par l’Espagne au moment de la paix de Nimègue34.
17Cela posait problème aux Croÿ-Solre, notamment parce qu’ils avaient du mal à faire accepter leur dignité princière par leurs homologues et les institutions français. En effet, celle-ci ne datait que de 1677 et elle leur était conférée par le roi d’Espagne au moment où les terres érigées en principauté se trouvaient déjà sous l’autorité des armes françaises. Il ne s’agissait donc pas du titre princier impérial qui ne devait leur revenir que bien plus tard par héritage35. Cela fit, il va de soi, les délices de Saint-Simon, toujours prêt à fulminer contre des « princeries » de nobles germaniques ou autres. Pour le « petit duc », le soi-disant prince de Croÿ n’était que « Monsieur le comte de Solre ». Et jusqu’au début du xviiie siècle, le gouvernement royal partagea cet avis36.
18Le prince/comte lui-même, Philippe Emmanuel de Croÿ, ressentit des difficultés dans sa nouvelle condition française. L’historiographie de sa maison, manuscrite et anonyme, insiste beaucoup sur sa vaillance au service de l’Espagne pendant la guerre de Hollande, vaillance qui fut, disait-on, remarquée par Louis XIV en personne. Le manuscrit insiste aussi sur le fait que le prince dut quitter l’ordre de la Toison d’or, ordre du roi d’Espagne, pour être accueilli dans le Saint-Esprit, ordre du roi de France37. Sauf qu’il n’y eut jamais investiture dans l’ordre puisque Philippe-Emannuel de Croÿ ne se rendit pratiquement jamais à la cour, étant donné que celle-ci n’acceptait pas son titre : dans le registre de l’ordre du Saint-Esprit il figure, en effet, comme « le comte de Solre38 ». L’historiographie familiale le critique vertement pour son manque de flexibilité :
« Quoique par la prise de Valenciennes […] toutes ses terres eussent passées à la France, le Comte de Solre ne voulut pas […] par un principe d’honneur qu’il poussait jusqu’à l’extrême, servir contre l’Espagne, ses anciens maîtres […], comme il y étoit obligé pour suivre le sort de ses terres, que du consentement du Roy d’Espagne39. »
19Contrairement aux Bournonville et autres, il aurait « manqué de faire son marché », de demander et d’obtenir un duché-pairie qui lui aurait dû lui revenir de par le rang de sa famille, l’importance de ses terres et sa vaillance personnelle. Pire encore, il s’était caché en province, n’avait pas gagné la cour et manqué l’occasion de se signaler aussitôt au roi.
« Depuis la Paix de Nimegue jusqu’a la grande guerre de 1688 le Comte de Solre resta a cause de la Paix […] dans ses terres été et hiver […]. Pendant ce temps il fut quelques années à se determiner s’il resteroit au service d’Espagne ou s’il prendoit celui de France40. »
20Il paraît en effet qu’il n’avait pas intégré l’armée royale avant 1689, bien au contraire, puisqu’il se trouvait sous les drapeaux de l’empereur lors du siège et de la prise de Bude sur les Ottomans en 168641. Il n’y fut pas le seul Français, certes. En 1685 les princes de Turenne, de Conti et de la Rochesur-Yon s’étaient échappés de Versailles pour prendre le même chemin. La lutte contre les infidèles mobilisait alors toujours l’imagination et l’énergie belliqueuse de la noblesse. Pour elle, le prince de Solre avait bien voulu quitter ses terres… Mais on connaît la fureur de Louis XIV à ce propos, et même s’il est peu probable que le cas du « comte de Solre » l’aurait autant provoqué, il est plus que certain que cet engagement ne facilita pas l’arrivée en France de la maison de Croÿ42.
21« La grandeur d’âme un peu trop forte » du prince Philippe-Emanuel eut pour conséquence – c’est le verdict amer de l’histoire familiale – « que sa famille manqua des honneurs43 ». Pourtant, comme il se reprit par la suite – il mourut en 1718 comme lieutenant-général du roi, gouverneur de Roye, Péronne et Montdidier – ses descendants avaient quelques raisons de contenir leurs critiques : le début de l’intégration en France des Croÿ-Solre s’était fait de manière convenable. Une généalogie de 1718 met en exergue le fait qu’ils étaient « revenus en France » après 167944. Néanmoins, cette carrière montre les difficultés qu’une maison rencontrait lorsque son pays changeait de pays. Même le fils et héritier de Philippe-Emanuel continuait, d’ailleurs, à évoquer les Pays-Bas comme « sa patrie » et se moquait de médecins parisiens qui, selon lui, ne souffraient pas « que l’on meurre hors de l’usage et la mode de France45 ». Sa propre oraison funèbre, en revanche ne tenait plus compte de l’arrière-fond néerlandais et espagnol de la maison de Croÿ46… – Mais tout cela, bien sûr, n’empêcha pas le succès final : le petit-fils du « comte de Solre » non seulement devint un proche de Louis XV, mais il fut en mesure de jouir pleinement du titre princier contesté de son grand-père, avant d’hériter du « duché » et des terres situées dans les Pays-Bas septentrionaux47. Cet héritage, d’ailleurs, devait provoquer une ultime migration des Croÿ, quelques décennies plus tard : cette fois une migration vers l’Allemagne, où ils furent dédommagés en 1803 de la perte de leurs terres belges à cause de la France révolutionnaire. Des terres qui, en raison de leur titre de princes du Saint-Empire, furent regardées comme des terres immédiates de l’Empire et qui leur valurent une bonne partie de la Westphalie en compensation. Le même traité, le fameux « Reic hsdeputationshauptschluß », mit fin à l’existence politique de la plupart des petits princes et de tous les comtes et libres barons du Saint-Empire. Les Croÿ, Salm et Fürstenberg pouvaient encore jouir d’un petit sursis, respectivement jusqu’en 1806 et 181148.
22Nous avons eu affaire, semble-t-il, à trois types de migrations princières vers la France. En premier lieu, on note une migration pour des raisons économiques. C’est le cas le plus fréquent. Les petits princes du Saint-Empire furent un groupe hétéroclite, en partie précaire, vulnérable au plan économique, qui dépendait essentiellement des possibilités qu’offraient les cours impériales, royales et électorales dans l’Empire, ou encore du stadhouder à La Haye, du gouverneur-général à Bruxelles et du roi de France. L’économie, d’ailleurs, fut directement liée à l’honneur. Il fallait « caser » les cadets quelque part – et parfois même l’aîné. Faute de quoi, la maison aurait été privée non seulement de ressources, mais aussi de renommée. Ce genre de carrières, évidemment, n’était pas réservé aux Allemands.
23Nous avons également observé l’exil politique : les Fürstenberg avaient échoué dans l’Empire, et furent obligés de chercher refuge ailleurs. Leur discrédit fut trop important, leur volonté de réintégrer l’Empire quasi nulle : ils avaient trouvé leur place dans l’orbite de Versailles, leur exil ne fut pas temporaire, mais durable. Au plan politique se situe aussi l’intégration des Croÿ dans la société nobiliaire française : cédés, lâchés par l’Espagne, ils devaient « suivre le sort de leurs terres ». Ils le firent, d’abord avec quelques hésitations, mais puis avec succès.
24Or, ce n’est pas si simple. Les motivations économiques avaient aussi leur aspect politique et vice versa : les Salm-Kyrburg émigrèrent en France parce qu’en tant que clients du Wittelsbach Charles VII ils étaient tombés en disgrâce à la cour de Marie Thérèse et de François Étienne. Ils auraient pu s’en accommoder peut-être, mais la France, terre d’opportunités, semblait plus prometteuse. En même temps, l’entrée des Fürstenberg dans le giron de Louis XIV fut tout simplement le résultat de leur quête d’une position et d’un protecteur. Cadets d’une maison nombreuse, de peu de ressources, ils étaient dans le besoin. La situation des « cédés » du Hainaut n’était pas été très différente. Après 1679, les Croÿ hésitèrent à intégrer la cour de France. Par conséquent, ils perdirent en lustre, en considération et aussi en ressources. Mais ils comprirent en temps utile qu’il fallait faire autrement : l’impossible, finalement, n’a jamais été noble…
25On pourrait donc conclure de manière pseudo-marxiste que ce sont les conditions économiques qui priment tout. Ou avec un ancien président des États-Unis : « It’s the economy, stupid… » Mais il ne faut pas oublier, bien sûr, que l’économie nobiliaire était intimement liée à l’honneur de la maison, son éclat, sa renommée. Andreas Pečar, à juste titre, parle, même à double sens, de « l’économie de l’honneur49 ». Et c’est bien celle-ci, honneur de la maison qui était considérée comme la valeur suprême.
26Pour un prince du Saint-Empire, d’ailleurs, l’honneur de la maison pouvait avoir une signification très concrète : l’altesse sérénissime n’était jamais apatride. Elle disposait même de deux patries à la fois. Normalement le prince était prêt à s’associer au patriotisme impérial. L’électeur palatin, Charles Louis de Bavière, en fit la preuve alors que, sous les menaces et les chantages français, il écrivit à sa sœur, Sophie de Hanovre, qu’il était « un prince allemand et qu’il ne voulait disposer d’autres grâces et avantages que de ceux que lui procuraient l’empire et l’empereur50 ». Et même notre « petit » prince Emmanuel de Salm se rappela, vis-à-vis de la France révolutionnaire, que l’Allemagne n’avait pas « cessé d’être [s] a patrie51 » Mais il pouvait se trouver qu’un tel prince voyait des obligations – et des avantages – à s’écarter de ce patriotisme et de l’Empire. Bien entendu, le fait de prendre service ailleurs ne doit pas être considéré comme un tel écart. Le patriotisme impérial, normalement, restait assez fédérateur52. Les « Égonides », pourtant, font figure de contre-exemple.
27En même temps, un prince s’identifiait à une autre patrie – immanquablement et a priori ses terres – le territoire sur lequel il régnait à peu près en souverain ou qui appartenait à sa maison, la base de son rang et de son autonomie. C’était alors un patriotisme territorial ou plutôt dynastique. Dynastique, car dans la mesure où beaucoup de princes précaires, voire leurs rejetons, ne vivaient pas sur les terres de leur maison, ce fut la maison elle-même et son honneur qui leur tenait lieu de patrie – « une patrie portative », bien sûr, pour citer Heinrich Heine53. Et dans ce cas de figure, celle-ci, peut-être, pouvait même faciliter leur enracinement ailleurs.
Notes de bas de page
1Van der Cruysse Dirk, Madame Palatine. Princesse européenne, Paris, Fayard, 1988.
2Hanovre Sophie de, Mémoires et lettres de voyage, éd. D. van der Cruysse, Paris, 1990, p. 141-152.
3Wrede Martin, « The House of Brunswick-Luneburg and the Holy Roman Empire. The Making of a Patriotic Dynasty, 1648-1714 », in Gestrich Andreas et Schaich Michael (dir.), The Hanoverian Succession. Dynastic Politics and Monarchical Culture, Ashgate, Farnham, 2015, p. 43-70.
4Hanovre Sophie de, Mémoires, op. cit., p. 151. Voir O’Connor John T., Negotiator out of Season. The Career of Wilhelm Egon von Fürstenberg, 1629-1704, Athens, University of Georgia Press, 1978.
5Wrede Martin, « La germanité conjoncturelle et culturelle de la grande noblesse allemande au cours du xviie siècle », in Wrede Martin et Bourquin Laurent (dir.), Adel und Nation in der Neuzeit. Hierarchie, Egalität und Loyalität, 16.–20. Jahrhundert, Ostfildern, Thorbecke, 2016, p. 55-70.
6Félicité Indravati, Négocier pour exister. Les villes et duchés du nord de l’Empire face à la France, 1650-1730, Munich, De Gruyter-Oldenbourg, 2016, p. 42-52, 109-111, 226-232.
7Wrede Martin, Das Reich und seine Feinde. Politische Feindbilder in der reichspatriotischen Publizistik zwischen Westfälischem Frieden und Siebenjährigem Krieg, Mayence, von Zabern, 2004, p. 435-439 ; Mauerer Esteban, « Die ‚ Egoniden ‘ zwischen Frankreich und dem Kaiser. Zum Umgang mit abweichendem politischen Verhalten im Hause Fürstenberg », in Wrede Martin et Carl Horst (dir.), Zwischen Schande und Ehre. Erinnerungsbrüche und die Kontinuität des Hauses. Legitimationsmuster und Traditionsverständnis des frühneuzeitlichen Adels in Umbruch und Krise, Mayence, von Zabern, 2007, p. 81-96.
8Stephan Jonas, Fürsten werden. Die Familie zu Salm im 17. Jahrhundert, mémoire de master, Westfälische Wilhelms-Universität Münster, semestre d’été 2014, [http://www.academia.edu/7435793/Fürsten_werden._Die_Familie_zu_Salm_im_17.Jahrhundert], consulté le 13-12-2018. Par rapport aux créations de princes du Saint-Empire voir Klein Thomas, « Die Erhebungen in den weltlichen Reichsfürstenstand 1550-1806 », Blätter für deutsche Landesgeschichte, 122, 1986, p. 137-192 ; Schlip Harry, « Die neuen Fürsten. Zur Erhebung in den Reichsfürstenstand und zur Aufnahme in den Reichsfürstenrat im 17. und 18. Jahrhundert », in Press Volker et Willoweit Dietmar (dir.), Liechtenstein. Fürstliches Haus und staatliche Ordnung. Geschichtliche Grundlagen und moderne Perspektiven, Munich et al., Oldenbourg, 1987, p. 249-292.
9Newald Johann, Niclas Graf zu Salm. Eine historische Studie, Vienne, 1879. Voir aussi l’article « Niklas I. », in Allgemeine Deutsche Biographie, 30, 1890, p. 258-260, [https://www.deutschebiographie.de/pnd129157295.html#adbcontent], consulté le 13-12-2018.
10Pour les comtes du Saint-Empire face à la Réforme voir par exemple Schmidt Georg, Der Wetterauer Grafenverein. Organisation und Politik einer Reichskorporation zwischen Reformation und Westfälischem Frieden, Marburg, Elwert, 1989.
11Stephan Jonas, Fürsten werden, op. cit., p. 51-78. Voir aussi Krugten Ducco van, « Salm, zu », in Neue Deutsche Biographie, 22, 2005, p. 381-383, [https://www.deutsche-biographie.de/pnd11875095X.html#ndbcontent], consulté le 13-12-2018.
12Ibid., p. 91-101. Wrede Martin, Das Reich und seine Feinde, op. cit., p. 324-330. En Français voir id., « L’Empereur, l’Empire, la nation allemande. L’essor de l’esprit politique (milieu xviie-milieu xviiie siècle) », Revue historique, 643, 2007, p. 623-652.
13Arndt Johannes, « Der deutsche Kleinpotentat im 18. Jahrhundert », in Asch Ronald G. et al., Die frühneuzeitliche Monarchie und ihr Erbe. Festschrift für Heinz Duchhardt zum 60. Geburtstag, Münster, Waxmann, 2003, p. 59-90. Voir pour l’exemple Ackermann Jürgen, Studie zu den Finanzproblemen der mindermächtigen Stände im Alten Reich. Das Beispiel der Grafschaft Ysenburg-Büdingen, 1687-1806, Marburg, Elwert, 2002.
14Pour le rôle politique de Salm, voir von Aretin Karl Otmar, Das Alte Reich 1648-1806, vol. I-IV, Stuttgart, Klett-Cotta, 1997-2000, vol. II, p. 82-84, 140, 159 (aussi pour les aspects clivant du personnage). Pour les détails biographiques Krugten D. van, « Salm, zu », art. cité.
15Ibid.
16Tessin Georg, Die Regimenter der europäischen Staaten im Ancien régime des XVI. bis 18. Jahrhunderts. Teil 1, Die Stammlisten, Osnabruck, Biblio, 1986, p. 50.
17Salm-Salm Emanuel prince de, Die Entstehung des fürstlich Salm-Salm’schen Fideikommisses unter besonderer Berücksichtigung der vor den höchsten Reichsgerichten geführten Prozesse bis zum Pariser Brüdervergleich vom 5. Juli 1771 Münster, Lit, 1996. Voir aussi Krugten D. van, « Salm, zu », art. cité.
18Brette Armand, « Papiers et correspondance de prince Emmanuel de Salm-Salm pendant la Révolution Française », Revue historique 71/1-2, 1899, p. 62-89, 303-318 (parution monographique : Paris, 1890), ici 317.
19L’armée de Condé, dès 1791, devait en compter un troisième. Bardy Henri, Le régiment de Salm-Salm (1783-1792), Saint-Dié, Humbert, 1895 ; Tessin Georg, Die Regimenter, op. cit., p. 529.
20Brette Armand, « Papiers et correspondance », art. cité, p. 82-83, 315. La correspondence du prince avec son sécrétaire tourne autour de la question épineuse de la liquidation des biens français du premier, y compris le régiment. Sur les naturalisations sous l’Ancien Régime voir Sahlins Peter, Unnaturally French. Foreign Citizens in the Old Regime and After, Ithaca, NY/Londres, Cornell UP, 2004 ; Sahlins Peter, Rab Sylvie et Alduy Cécile, « La nationalité avant la lettre. Les pratiques de naturalisation en France sous l’Ancien Régime », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 55/5, 2000, p. 1081-1108.
21Ibid., p. 21.
22Emig, Joachim, Friedrich III von Salm-Kyrburg (1745-1794). Ein deutscher Reichsfürst im Spannungsfeld von Ancien régime und Revolution, Francfort et al., Lang, 1997, p. 31-46.
23Emig Joachim, Friedrich III, op. cit., p. 39, 44-45. Un Éloge Historique de Très-Haut, Très-Puissant & Sérénissime Prince Philippe-Joseph Par la Grance de Dieu Prince Régnant de Salm-Kyrbourg […], Prononcé le 20 Juin 1779 en sa Résidence de Kirn par le R. P. Conrad […], s. l., 1779, passe pudiquement sur l’élévation à la dignité princière.
24Hartmann Peter-Claus, Karl Albrecht – Karl VII. Glücklicher Kurfürst, Unglücklicher Kaiser, Ratisbonne, Pustet, 1985.
25Stollberg-Rilinger Barbara, Maria Theresia. Die Kaiserin in ihrer Zeit. Eine Biographie, Munich, C. H. Beck, 2017, p. 163.
26Emig Joachim, Friedrich III, op. cit., p. 51-52.
27Hamoir [Éric], Qualité princière et dignités nobiliaires. Essai comparatif sur les distinctions de dignités au sein du second ordre dans divers pays, Bruxelles, Librairie encycl., 1974.
28Barreau Joëlle et al., L’hôtel de Salm. Palais de la Légion d’honneur, Saint-Rémy-en-l’eau, Hayot, 2009 ; Thirion Henri, Le palais de la Légion d’honneur, ancien hôtel de Salm. Dépenses et mémoires relatifs à sa construction et à sa décoration. Étude précédée d’une notice historique sur le prince Frédéric de Salm-Kyrbourg, Versailles, Bernard, 1883.
29Emig Joachim, Friedrich III, op. cit., p. 159-257.
30Ibid., p. 77-79, 187-191, 259-272.
31Hayot Monelle, « Naissance d’un palais », in Barreau Joëlle et al., L’hôtel de Salm, op. cit., p. 34-113, ici 58-59 ; Emig Joachim, Friedrich III, op. cit., p. 336-341.
32Conspiration des Carmes – actes d’accusation, AN, W 429, dossier 965, cit. d’après Hayot Monelle, « Naissance d’un palais », art. cité, p. 58.
33Wrede Martin, Ohne Furcht, op. cit., p. 130-133. Voir également, en profondeur, Roegiers Jan (dir.), Arenberg in de Lage Landen. Een hoogadelijk huis in Vlaanderen en Nederland, Louvain, Leuven UP, 2002.
34Wrede Martin, Ohne Furcht, op. cit., p. 137-140.
35Érection de la terre de Solre en principauté, Herzog von Croÿ’sches Archiv (HCA, archives du duc de Croÿ), Dülmen, Archiv Mons, 347. Voir aussi le Memoire tres curieux de la vie et de l’histoire de Iean de Croy, de Philippe Emmanuel Ambroise de Croy, de Philippe Emmanuel Ferdinand de Croy, d’Alexandre Emmanuel de Croy et d’Emmanuel de Croy. Ceci est fait pour servir de base à leur histoire que l’on doit mettre en regle pour continuer le livre de la Maison, ms., ca. 1748, sans pag., HCA, Hs. 10.
36Saint-Simon, Mémoires, éd. Yves Coirault, t. I-V, Paris, Gallimard, 1982-1985, t. IV, p. 689-696. Lors du mariage entre le futur maréchal Emmanuel de Croÿ et une fille du duc d’Harcourt, agrée par Louis XV, le titre princier fut également accepté. HCA, Archiv Mons, no 491, traité de mariage Emmanuel de Croÿ – Angélique-Adélaïde d’Harcourt, février 1741.
37Mémoire très curieux, HCA, Hs. 10, sans pag.
38BNF, MsFr 8205, Noms et armes des 74 chevaliers de l’ordre de la promotion du premier janvier 1689, s. v. Le Comte de Solre, Filippe Emmanuel de Croÿ.
39Mémoire très curieux, HCA, Hs. 10, sans pag.
40Ibid Quant au succès des Bournonville, arrivés en France depuis 1632 voir Anselme de Sainte-Marie P., Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne, de la Maison du Roy et des anciens barons du royaume, t. I-IX, Paris, 1726-1733, t. V. p. 839-842. Leur duché-pairie date de 1652.
41Bude pris d’Assaut le II. Septembre M. D. C. LXXXVI. Par les Armées de l’Empereur et de l’Empire, et par les Troupes auxiliaires de Bauiere et de Brandebourg […], Paris, Moncornet, 1686. Le prince de Croÿ surveille le siège avec le duc de Lorraine et d’autres généraux impériaux.
42Wrede Martin, « Autonomie nobiliaire, mémoire familiale et pouvoir du souverain sous Louis XIV », Revue historique, 667, 2013, p. 575-600, p. 580.
43Mémoire très curieux, HCA, Hs. 10, sans pag.
44Généalogie de la maison de Croÿ, 1718, HCA, Herzogliches Haus, G 2,8.
45Philippe Alexandre Emmanuel de Croÿ, Journal de voyage, 1719, fo 4 ro HCA, Archiv Mons, 431. Voir aussi ibid., fo 13 vo ; 19 ro.
46Oraison Funèbre de Très-Haut et Très-Puissant Seigneur Alexandre-Emmanuel, Prince de Croÿ et de Solre […], Par le R. P. Charles-Albert Paliart, Paris, Quilliau, 1724.
47Dion Marie-Pierre, Emmanuel de Croÿ, 1718-1784. Itinéraire intellectuel et réussite nobiliaire au siècle des Lumières, Bruxelles, Éd. de l’univ. de Bruxelles, 1987 ; Wrede Martin, Ohne Furcht, op. cit., p. 136, 140-144.
48Hufeld Ulrich (dir.), Der Reichsdepuationshauptschluß von 1803. Eine Dokumentation zum Untergang des Alten Reiches, Cologne, Böhlau, 2003.
49Pečar Andreas, Die Ökonomie der Ehre. Höfischer Adel am Kaiserhof Karls VI., Cologne, Böhlau, 2003.
50« Copia Chur-Pfalz Antwortschreibens an der Hertzogin von Orléans Königl. Hoheit, vom 14. Julii 1674 », in Bodemann Eduard (éd.), Briefwechsel der Herzogin Sophie von Hannover mit ihrem Bruder, dem Kurfürsten Karl Ludwig von der Pfalz […], Osnabrück, 1966 (répr. de l’éd. de 1885), p. 199-200. Charles Louis envoya la missive à sa sœur. Dans sa réponse, elle lui parla de l’admiration que ses mots avaient excités à sa cour (ibid., p. 200, 10 août 1674).
51Brette Armand, « Papiers et correspondances », art. cité, p. 316, 318.
52Wrede Martin, « La germanité conjoncturelle… », art. cité.
53Heine Heinrich, Écrits autobiographiques, trad. et notes par Nicole Taubes, Paris, Cerf, 1997, p. 46. Heine évoque l’importance des livres saints pour la communauté juive.
Auteur
Université Grenoble Alpes – LARHRA

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