L’exil et la rupture
Des Picot de Peccaduc aux barons von Herzogenberg
p. 163-173
Texte intégral
1En 1814, lors de la première occupation alliée de Paris, l’adjoint autrichien du gouverneur militaire russe est le général baron von Herzogenberg. Il parle parfaitement français et connaît fort bien Paris, et pour cause : lorsqu’il s’appelait Pierre-Marie-Auguste Picot de Peccaduc, il fut élève à l’École Militaire où il eut pour condisciple le jeune Bonaparte1. L’entrée victorieuse à Paris n’est pourtant pas un retour, car la France est pour lui un passé révolu. La logique de rupture avec son ancienne patrie est poussée jusqu’à son terme. Si un de ses frères regagne la France, une fois les Bourbons restaurés, et devient également officier général, pour lui le présent et l’avenir s’appellent Autriche. Que s’est-il passé ?
2La réponse, si elle fait une part importante à la biographie du général, suppose pourtant d’examiner toute une histoire familiale plus tourmentée qu’il ne pouvait sembler2. Ce n’est pas seulement un départ en émigration qu’il faut considérer mais une succession de ruptures à envisager sur plusieurs générations3. C’est l’histoire d’un père et d’un fils, avec un horizon familial qui portait déjà avant eux les marques de l’exil et du service d’un monarque étranger. Pour restituer cette dynamique de ruptures il faut examiner trois sorties successives qui d’un Breton ont fait un Autrichien : hors de Rennes, hors de France, pour devenir un autre soi-même enfin.
Hors de Rennes
Épreuves familiales
3Le père du général autrichien se nommait Pierre Jean-Baptiste Picot. Originaire de Plessé, une petite localité du pays nantais entre Redon et Notre-Dame des Landes, il fut le premier de sa lignée à entrer au Parlement de Bretagne à Rennes en 1757. Cette réception avait pour les Picot un goût particulier de reconnaissance sociale, car moins d’un siècle plus tôt, deux épreuves avaient profondément marqué la famille. La première fut les recherches de noblesse sous Louis XIV4. D’origine poitevine, les Picot, dont la généalogie remonte à un mariage en 1483, n’ont pas été anoblis, ni par un acte ni par une charge. Une branche s’était établie en Bretagne dans le dernier tiers du xvie siècle. Au fil des générations, elle s’était agrégée à la noblesse en partageant son mode de vie, ce qui la rendit très vulnérable aux recherches de noblesse. À Nantes, Jean et René Picot avaient dû respectivement en septembre puis octobre 1668 se désister de leurs prétentions nobiliaires5. Ce ne fut qu’à la génération suivante qu’Adrien (II) Picot, sieur de la Mintaye, obtint en 1699 de l’intendant de Poitiers, Gilles de Maupeou d’Ableiges, la reconnaissance de sa noblesse. Puis en avril 1715, la noblesse des Picot de la branche cadette de Trémar fut attestée par le roi, en attendant de l’être par l’intendant de Bretagne en 1716.
4La seconde épreuve qui frappa de plein fouet un lignage, devenu protestant dans la seconde moitié du xvie siècle, fut la révocation de l’édit de Nantes6. Adrien II (fils de Jean) semble s’être réfugié au Danemark dès 1682, l’année de la dragonnade de Marillac en Poitou. En 1694, rentré en France, il abjura officiellement mais ne tarda pas à être tenu pour « hérétique opiniâtre ». Lieutenant-colonel de dragons pendant la guerre de Succession d’Espagne – en Allemagne, dit-on sans plus de précision, il se fait appeler « comte » de La Mintaye. Il mourut assassiné par son valet à Pouzauges en 1724. Son frère Henri (Ier) semble avoir abjuré, comme sa femme et ses beaux-parents en décembre 1685. Le Refuge a fait entrer la figure de l’exilé militaire dans l’histoire de la famille, tant avec Adrien II qu’avec son fils Benjamin, qui devint officier dans l’armée anglaise.
Réussite et déception
5Reconnu pour noble, catholique et breton, le petit-fils d’Henri Ier put donc être reçu au Parlement de Rennes. Il est un bon exemple de ces « nouvelles » familles au Palais, sans liens antérieurs avec la magistrature, mais nobles et de petite fortune. Si l’exil religieux a pu élargir les horizons des Picot, leur univers familier tient dans une petite région entre Nantes et Rennes, avec les terres de Plessé, de Trémar (en Plessé), de Fiefrubé en (Grand) Fougeray et auquel s’ajouta celle de Peccaduc en Carentoir (dans l’actuel Morbihan)7.
6Pourvu le 2 septembre 1757 d’un office de conseiller et commissaire originaire, Pierre-Jean-Baptiste fut reçu le 26 novembre suivant. Il épousa le 4 février 1760 Angélique-Marguerite de la Chevière, elle aussi originaire de Plessé et d’un profil social équivalent, sans lien antérieur avec le Parlement. Ces nouveaux Rennais se trouvèrent pris quelques années plus tard dans les remous de la crise politique et judiciaire majeure frappant la première cour souveraine bretonne8.
7En mai 1765, le conseiller Picot de Peccaduc adhère, par procuration, à l’acte des démissions protestant contre la politique royale. Mais le 17 février 1766, après l’arrestation des deux procureurs généraux La Chalotais père et fils, il est l’un des onze conseillers qui, obéissant au roi, reviennent au Palais. Ce retour leur vaut l’hostilité des partisans des La Chalotais. Désormais, dans une compagnie d’officiers cassée en deux, comme tous les autres membres du « Bailliage d’Aiguillon9 », il devient une cible pour l’opposition politique10. Un écrit particulièrement haineux, le Commentaire de la liste imprimée lui décoche cette perfidie : « D’une ineptie reconnue ; ne rapporte jamais. »
La fidélité non récompensée au roi
8La division du Parlement l’a sans doute renforcé dans la volonté d’être fidèle au roi. En 1771, il soutient la réforme improvisée de la justice, lancée par le chancelier Maupeou. Non seulement il est reçu conseiller dans le nouveau Parlement, comme la nouvelle cour peine à compléter son effectif, il y fait entrer comme conseillers ses deux frères, en novembre 1771 François-René, sieur du Boisby puis en février 1773 Jean-Marie l’aîné11. La famille mise tout sur la fermeté royale, pourtant déjà démentie à plusieurs reprises depuis vingt ans12.
9La mort de Louis XV sonne le glas de cette tentative de réaffirmation de l’autorité royale et est, très vite suivie, pour le conseiller Pierre-Jean-Baptiste, de celle de son épouse Angélique-Marguerite de La Chevière13. Louis XVI libère le procureur général La Chalotais puis rappelle les Parlements. À Rennes, où, en décembre, La Chalotais est revenu en triomphateur, la cour est rétablie dans son ancienne formation. Mais des lettres de cachet en écartent les conseillers du Parlement Maupeou en butte à la haine des « revenants » et de leurs soutiens populaires. Pour qui avait cru pouvoir tenir ensemble fidélité au roi et attachement à la cour bretonne, avec le « bailliage d’Aiguillon » puis le parlement Maupeou, c’est tout simplement Rennes qu’il faut quitter, comme on le voit aussi avec le président Le Prestre de Châteaugiron ou le conseiller puis président Conen de Saint-Luc14.
10Pour les Picot chassés de la capitale bretonne vers leurs terres, l’échec est particulièrement cuisant car il affecte d’un coup toute la fratrie, humiliée dans ce qu’elle avait cru être sa promotion. Mais, pour un gentilhomme, il reste une autre voie pour servir le roi : l’armée et c’est cette fidélité-là qui a conduit hors de France, vers un autre souverain.
Hors de France
L’armée, nouvel espoir
11Celui qui, un jour, devint un fidèle sujet de la Maison d’Autriche, Pierre-Marie-Auguste Picot, sieur de Peccaduc, naquit le 13 février 1767 au château de Pontlouet et fut baptisé le même jour dans l’église de Fougeray (Grand Fougeray aujourd’hui)15. Il avait sept ans lorsque sa mère mourut et que son père dut quitter le Parlement. Quatre ans plus tard, il fut admis à l’école militaire tenue par les bénédictins mauristes de l’abbaye de Tiron dans le diocèse de Chartres16.
12Le 4 septembre 1781, il entra comme cadet-gentilhomme à l’École militaire de Paris, où il eut, en 1785, parmi ses condisciples le jeune Napoléon Bonaparte17. Premier de sa promotion, Picot de Peccaduc est un très brillant sujet qui se destine à l’artillerie18. En 1784, le gouverneur le choisit comme commandant en chef (le sergent-major, disait-on plus ordinairement) de la compagnie formée par les élèves19. Il se distingue par sa manière de commander et par ses compétences en mathématiques, si bien qu’il est proposé par Laplace pour devenir lieutenant en second dans le corps de l’artillerie, comme Bonaparte et aussi l’ennemi juré de celui-ci, Le Picard de Phélipeaux, le futur défenseur de Saint-Jean d’Acre. Une scène célèbre du Napoléon d’Abel Gance montre Picot de Peccaduc s’évertuant à séparer les deux et prenant les coups de l’un et de l’autre20… L’ancien sergent-major fait chevalier de l’Ordre de Saint-Lazare, quitte l’École militaire le 30 octobre 1785. Affecté à Strasbourg, il est récompensé par le Conseil de l’École qui lui offre instruments mathématiques et ouvrages scientifiques pour bien réussir dans ses nouvelles fonctions21.
Les chemins de l’émigration
13La Révolution a, autant que la Révocation de l’édit de Nantes, entraîné l’éclatement de la famille22. Car Pierre-Marie-Auguste n’est pas le seul de sa parenté à avoir pris les chemins de l’exil. Henri-François-Marie, comte de Trémar (1751-1792) émigre et meurt bientôt, ses enfants se fixant ensuite aux États-Unis. Les deux frères cadets de Pierre-Marie-Auguste émigrent également : Placide-Marie-Fidèle est tué en 1793 et Henri-René-Marie commence par servir dans l’armée de Condé avant de rejoindre plusieurs armées étrangères puis de regagner discrètement le camp napoléonien en 1808 dans les troupes westphaliennes alliées de la France. Louis XVIII le réintègre à l’armée française comme colonel puis le fait maréchal de camp en 1821 et lui accorde la croix de Saint-Louis puis la Légion d’honneur. Ajoutons encore un cousin plus éloigné, Henri-Antoine-Samuel Picot de Ponteaubray et Vologé, mort en Angleterre en 1801.
14Hostile à la Révolution, le capitaine de Peccaduc quitta son régiment de Metz en 1791 pour joindre l’armée du prince de Condé et, en 1793, le corps d’émigrés Louis de Rohan. Après la dissolution de celui-ci, il fut transféré en 1798 en tant que capitaine d’infanterie au bataillon Charles de Rohan qui était incorporé dans l’armée autrichienne. C’est donc à partir de ce moment-là qu’il a servi l’empereur d’Autriche, en Italie puis en Allemagne23.
Un général autrichien
15En 1811, il fut commandant d’un régiment d’infanterie (Manfredini) et fit, en 1812, la campagne de Russie avec les troupes autrichiennes. Pendant les Guerres allemandes de libération contre Napoléon, en Saxe, le général de brigade (Generalmajor) Herzogenberg participa au combat de Dresde le 26-27 août 1813, lors duquel son frère Henry combattit dans les rangs napoléoniens24. Trois jours plus tard, à Kulm, il fut grièvement blessé. Dresde et Kulm lui valurent la Grande Croix de commandant de l’Ordre de Leopold d’Autriche, l’Ordre russe de Sainte Anne, première classe et l’Aigle noir de Prusse. C’est lui qui fut désigné l’année suivante comme l’adjoint autrichien au gouverneur russe de Paris occupé par les Alliés.
16Après la guerre, il fut nommé brigadier à Brünn (Brno), puis à Olmütz (Olmouc) en Moravie. En 1822, l’Empereur le fit propriétaire du régiment d’infanterie (Argenteau) no 25 qui devait porter son nom. Le 18 juin 1827, il fut nommé Feld-maréchal-lieutenant. Le service militaire fut ainsi, pour lui, la voie de l’intégration qui en fit un autre soi-même.
Un autre soi-même
Les conséquences du combat de Teugn-Hausen en Bavière
17Au combat de Teugn-Hausen au sud de Ratisbonne, le 19 avril 1809, entre les Autrichiens et les Français, Auguste Picot de Peccaduc fut blessé et fait prisonnier. Ce n’est que six mois plus tard qu’il fut racheté et échangé. S’il avait déjà été fait prisonnier une première fois en 1805 à Ulm, ce fut probablement en 1809 qu’Auguste Picot de Peccaduc retrouva Napoléon Bonaparte qui lui fit des offres assez avantageuses, mais en vain. Plus tard, lorsque l’empereur François demanda des explications au colonel de Peccaduc, celui-ci lui fit cette belle réponse : « Lieber Grenadier in der Armee Ihrer Majestät als General unter Kaiser Napoleon. » (Plutôt grenadier dans l’armée de votre Majesté que général sous l’empereur Napoléon25.)
18Captif, Peccaduc risquait gros, car, par deux décrets du 6 avril 1809 et du 24 avril 1810, Napoléon a sommé les militaires « français » au service à l’étranger de rentrer en France et a menacé de la peine de mort ceux qui servaient dans l’armée d’une nation en guerre contre la France26. De plus, le traité de Schönbrunn du 4 octobre 1809 prévoyait explicitement le rappel des militaires originaires de France, du Piémont et de Venise ayant combattu dans l’armée autrichienne. Deux listes de 1811 du Conseil de guerre (Hofkriegsrat) à Vienne, montrent que cela concernait 31 généraux et 81 officiers d’état-major27. N’allaient-ils pas se trouver contraints de partir par l’Autriche elle-même ? Celle-ci semblait toutefois hésiter, d’autant plus que Picot de Peccaduc figurait parmi ses meilleurs officiers et bénéficiait d’une excellente appréciation comme commandant : « der allerhöchsten Gnade zur womöglichen Beibehaltung zum größten Nutzen des Dienstes zu empfehlen » (à recommander à la grâce de Sa Majesté pour être gardé au plus grand profit du service)28. L’Autriche devait-elle trouver moyen de contourner, dans certains cas, la clause secrète du traité de Schönbrunn ?
Le changement de nom
19La France veillait à ce que l’Autriche respectât la clause en question. Plus tard, le général von Herzogenberg devait expliquer la situation à son frère :
« On nous donna à entendre que le gouvernement craignoit de se compromettre avec le maître de la France, et que S. M., en récevant à régrêt notre démission, nous accorderoit une pension. […] J’aurois rougi de recevoir un tel bienfait de l’état, étant encore si bien portant, malgré mes blessures, et si capable de porter les armes, ne fut-ce que comme simple grenadier, si l’on n’ôsoit pas me conserver comme colonel. […] [O]n me fit entendre qu’il y auroit peut être possibilité de rester en service actif, et dans mon grade, si je sollicitois un changement de nom, que l’on étoit disposé à m’accorder, et qui, en me déguisant, pour ainsi dire, dispensoit l’ambassade française à Vienne de faire des poursuites diplomatiques contre l’homme obstiné, dont le nom patronimique portoit trop peu l’empreinte d’une origine allemande, pour ne pas éxciter, par lui-même, la réprobation et la persécution. »
20Et il n’était pas le seul à se décider à cette solution que Metternich jugeait risquée et embarrassante pour les autorités autrichiennes en cas de découverte29. Peccaduc demanda donc à l’empereur François de pouvoir être admis dans la noblesse des pays héréditaires autrichiens30 en changeant de nom, ce qui lui fut accordé le 18 juin 181131. Dès lors, s’attribuant le titre de baron qu’il aurait pu porter comme détenteur de l’Ordre de Léopold à partir de 1814, mais qu’il avait négligé de demander, Auguste Picot de Peccaduc signa « August Freiherr von Herzogenberg ». Ce nom fut désormais le sien et celui de ses descendants jusqu’en 1862, date à laquelle sa belle-fille obtint de François-Joseph de pouvoir faire figurer en premier le nom français et de régulariser le titre de baron32.
L’intégration en Autriche et dans son aristocratie
21En 1814, après 29 ans de vie de soldat, le général von Herzogenberg se décida enfin, à 47 ans, à se marier. Il choisit comme épouse, une Silésienne, Maria Anna comtesse Sedlnitzky, âgée de 28 ans, fille du comte Joseph Sedlnitzky-Odrowoncz von Choltitz et de sa femme Josepha, née comtesse Haugwitz33. Veuf en 1819 avec un garçon de quatre ans et une fille de deux ans, il se remaria en 1825 avec Wilhelmine comtesse von Goetzen, également une Silésienne, très liée avec les Sedlnitzky. Le mariage était la démarche typique des émigrés d’origine française pour s’implanter dans la société d’accueil, et le général von Herzogenberg ne faisait que s’engager dans la voie déjà empruntée par les Rohan, Bombelles, Latour, Ségur-Cabanac et autres. Grâce à ces alliances avec des Silésiennes, – les Herzogenberg étaient bien arrivés, certes pas au sommet de l’aristocratie autrichienne, mais bien dans un milieu influent34.
22Comme bien d’autres émigrés français, August von Herzogenberg a aspiré à la dignité de chambellan de S. M. Impériale et Royale (k. k. Kämmerer), dignité qui donnait accès à la cour (Hoffähigkeit). En 1822, elle lui fut accordée, à une période où, sous le Grand Chambellan comte Rudolphe Wrbna und Freudenthal, l’accès était plus facile. Le comte Wrbna, sous l’influence des Lumières, avait pratiquement modifié les critères, faisant entrer en ligne de compte le mérite et la loyauté à la dynastie à côté du sang noble35. Sans doute ferma-t-il les yeux sur ce qui pouvait manquer chez les gentilshommes campagnards bretons, ancêtres du général Herzogenberg. De plus, celui-ci réussit aussi à faire accepter son fils comme page suppléant et à lui obtenir une place comme élève à l’académie noble de Vienne (Theresianum). Ce sont là autant de signes d’une intégration réussie. Mais nous avons la chance d’avoir le témoignage d’Herzogenberg lui-même.
En guise de conclusion : « la profession de foi » d’August von Herzogenberg
23Dans une longue lettre à son frère rentré en France, le général Herzogenberg présente ce qu’il appelle sa « profession de foi » et explique ses motifs : Quant à la clause sur le rappel des émigrés, signée par l’Autriche, Herzogenberg écrit : « Plusieurs de mes anciens compatriotes crurent devoir obtempérer à cette fatale disposition ; quant à moi, je crus qu’il séroit honteux de se conformer à la volonté tyrannique de l’usurpateur corse, – et, comme il ne menaçoit que de la mort, ceux de ses prétendus sujets servant en pays étranger, et qui tomberoient entre ses mains destructrices, – j’imaginai qu’il y auroit même de la lâcheté, – surtout pour un soldat assez familiarisé avec l’idée de la possibilité de succomber en guerre, sous les coups de son ennemi – à céder aux menaces sanguinaires d’un furieux. Je me déterminai donc à ne jamais abandonner le territoire d’Autriche, quelque danger qui pût être lié avec mon obstination […]. »
24À propos du changement de nom qu’on lui avait proposé il écrit : « J’embrassai ce sage avis, et S. M. l’Empereur eut la grâce de substituer formellement à mon nom de famille, celui que je porte, avec honneur, depuis lors, – sous lequel j’ai fait les campagnes de 1812, 13 et 14, – je me mariai dans la dernière de ces années, – je reparus de nouveau en France, en 1813, – mes enfants furent baptisés en 1815 et 1817, – l’Empereur me nomma Commandeur de son ordre de Leopold en 1814, et son chambellan – actuel en 1822, – Propriétaire d’un régiment, portant mon nom actuel, depuis la même année, – Directeur de l’académie du Génie, depuis 1820, et curateur de celle de Marie-Thérèse, depuis 1821. Tu concevras aisément, mon cher ami, qu’après tant d’actes publics, formels et honorables, passés sous le nom à moi grâcieusement accordé par mon souverain, dans un tems et des circonstances politiques, où cette faveur de l’Empereur pouvoit et devoit le compromettre avec l’homme qui ne sut jamais pardonner, – je me rendrois coupable de la plus grande inconséquence – je pourrois même dire de la plus noire ingratitude, si je faisois demande de me dépouiller actuellement d’un titre, qui fut accordé avant tant de générosité, dans un tems désastreux, et dont l’abandon comprometteroit même l’éxistence politique de mes enfants, baptisés sous ce nom, – ainsi que les documens – relatifs au nouveau mariage que je vais conclure, ne font mention d’aucune autre dénomination. – Je me flatte, mon cher Henry, que ces détails, et les déclarations qui les accompagnent, suffiront pour me justifier pleinement auprès de toi, et de nos chères sœurs, d’un changement de nom qui n’est fondé sur aucune légèreté, ou esprit d’imitation, – mais bien sur des principes que je regarde comme sacrés, et que par conséquent, je conserverai jusqu’à ma mort. Si vous trois avez la bonté, et l’amitié de rendre justice à ma façon de penser, et d’agir, – je m’embarasse fort peu de ce que d’autres gens en France peuvent trouver à y critiquer. – Il en est de même d’une permission, que je devrois solliciter auprès du gouvernement du Roi, pour pouvoir rester au service de l’Empereur. Jamais, mon cher ami, je ne pourrai me résoudre à une démarche pareille ! Une démarche semblable séroit une infraction aux droits de souveraineté que S. M. l’Empereur a acquis sur moi comme sur un de ses plus anciens serviteurs, marié et père de famille dans ses états ; – et jamais je ne me soumettrai à jouer le rôle d’un Général français, en congé au service d’Autriche. L’évangile lui même – et où peut-on trouver une autorité digne de lui être comparée – déclare qu’on ne peut servir deux maîtres à la fois. Il est bien vrai que jamais je ne servirai, non plus, contre le gouvernement légitime – bien que constitutionnel – du beau pays qui m’a vu naître, – auquel tant de souvenirs chers à mon cœur m’attachent pour la vie, – et pour la prospérité du quel je ne cesserai jamais de former les vœux les plus ardens ; – mais malgré ce sentiment immuable, je ne puis prendre aucun engagement politique ou militaire avec le gouvernement français, sans manquer aux sermons qui me lient, depuis 33 ans à celui d’Autriche, qui m’a comblé de distinctions, et de bienfaits36. »
25Dans les fonctions de directeur de deux écoles renommées – l’École du Génie et le Theresianum –, il pouvait donner son empreinte à une partie de la future élite militaire et civile37. Il servait de modèle à ses élèves par son sens du devoir et de l’honneur, son goût du travail et sa loyauté à la dynastie. D’ailleurs, l’influence de son point de vue légitimiste sur cette génération n’est pas à négliger. À l’Ecole du Génie à Vienne, un élève récalcitrant avait râlé contre le général-directeur : « Der Franzose soll hingehen, wo er hergekommen ist ! » (Que le Français retourne là d’où il est venu !) Herzogenberg, l’ayant appris, le convoqua, le fit attendre longtemps, puis laissa tomber de sa haute taille : « Der General Herzogenberg hat so viel Blut auf dem Schlachtfelde für seine Majestät den Kaiser von Österreich vergossen, dass kein Tropfen französischen Blutes mehr in seinen Adern ist. » (Le général Herzogenberg a versé tant de sang pour Sa Majesté l’empereur d’Autriche qu’il ne lui reste plus une seule goutte de sang français dans les veines38.)
Notes de bas de page
1Österreichische Staatsarchiv (ÖSTA) Vienne, AVA, Hofkanzleiadelsakten (HAA), Adelsakten Herzogenberg (1811-1890). Nos remerciements vont au Dr Raimund Paleczek, président du Sudetendeutsche Institut de Munich, qui nous a fourni nombre de très utiles renseignements pour réaliser cette étude. Le général baron von Herzogenberg a fait l’objet au cours du xixe siècle de notices biographiques qui se recopient, erreurs comprises : Hirtenfeld J. (dir.), Oesterreichisches militär-Konversazions-Lexikon, Vienne, 1852, 171-172 ; Wurzbach Constantin von (dir.), Biographiches Lexikon des Kaiserthums Österreich, Vienne, Bd. 8, 413-414 ; Leonhardi Feldmarschall Lieutenant (FML), « Feldmarschall Lieutenant Freiherr von Herzogenberg. Commandant der Ingenieur-Akademie 1827-1834 », Streffleur österreichische militärische Zeitschrift, Moriz Ritter von Brunner hrsg. XXIV Jahrgang, erster Band, Vienne, Waldheim, 1883, p. 57-62.
2Dans l’état actuel de nos connaissances, il faut se reporter aux généalogies du xixe siècle, à manier avec précaution pour les époques anciennes, mais pas toujours vérifiables pour autant. De Saint Allais, Nobiliaire universel de France, tome IV, Paris, Bachelin-Deflorenne, rééd. 1873 (1815), p. 105-109 et t. XII, 1876, p. 125 dans le Catalogue des gentilshommes qui ont fait leurs preuves devant les généalogistes du roi pour être admis aux écoles royales et au service militaire ; Laisne P. Louis, Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France, Paris, chez l’auteur, 1839, tome VI, p. 1-14 (chaque notice a sa propre pagination). Nous devons la seule étude récente à l’érudition de M. Tulot Jean-Luc, « Une famille protestante éclatée : les Picot », Cahier de la Société d’histoire du protestantisme, 37, 1er trimestre 1992, p. 6-32. De novembre 2011 à mars 2012, le Sudetendeutsche Institut de Munich a consacré à cette famille une exposition organisée par le Dr. Paleczek intitulée Von der Bretagne nach Böhmen – 200 Jahre Picot de Peccaduc von Herzogenberg qui correspondait à la fois au deuxième centenaire du changement de nom de Pierre-Marie-Auguste Picot de Peccaduc et aux 90 ans de sa descendante l’historienne de l’art Johanna Baronin von Herzogenberg (1921-2012).
3Les anciennes archives de la famille Herzogenberg, après la confiscation de 1945, ont été incorporées dans l’Archiv Národního Muzea/(ANM), Praha, fond 166, Herzogenberg. Le fonds n’est pas encore classé. C’est pourquoi les chiffres des cartons sont provisoires. Les lettres envoyées de France se trouvent dans le carton 1a, celles du général et des membres de sa famille, envoyées en France dans le carton 1b.
4Sur cette question, voir Meyer Jean, La noblesse bretonne au xviiie siècle, Paris, EHESS, 2e éd., 1985, 2 vol., p. 29-72 et, dans une autre optique sur un monde très éloigné de celui des Picot de Peccaduc, Descimon Robert et Haddad Élie, Épreuves de noblesse : les expériences nobiliaires de la haute robe parisienne xvie-xviiie siècle, Paris, Les Belles Lettres, 2010.
5Jean (IV), qui affirmait être resté catholique, semble alors avoir expliqué que les membres protestants de sa famille avaient emporté les titres à l’étranger.
6Voir l’étude généalogique de Tulot Jean-Luc, « Une famille protestante… », art. cité.
7Corson abbé Amédée Guillotin de, Notices historiques sur l’ancienne paroisse de Carentoir (Morbihan), Vannes, Calles, 1868, p. 9.
8Voir Pocquet Barthélemy, Le pouvoir absolu et l’esprit provincial. Le duc d’Aiguillon et La Chalotais, t. III : La Réhabilitation, Paris, Librairie académique Perrin, 1901, p. 569-570 ; Le Moy Arthur, Le Parlement de Bretagne et le pouvoir royal au xviiie siècle, Angers, 1909, p. 323-329 sur les démissions et 425-441 sur le Parlement Maupeou.
9Ainsi furent appelés par dérision les magistrats non démissionnaires et ceux qui les rejoignirent, le duc d’Aiguillon étant le commandant militaire. Ce Parlement en formation réduite siégea jusqu’au rappel de « l’universalité » de la compagnie, le 15 juillet 1769.
10Chaline Olivier, « Qui sont les Ifs ? », in Le Mao Caroline (dir.), Hommes et gens du roi dans les parlements de France à l’époque moderne, Pessac, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 2011, p. 55-66.
11Saulnier Frédéric, Le Parlement de Bretagne 1554-1790, 2e éd., Mayenne, Imprimerie de la Manutention, 1991, t. 2, p. 692-693, voir les notices 964 (Pierre-Jean-Baptiste Picot, sieur de Peccaduc), 965 (François-René Picot, sieur du Boisby) et 966 (Jean-Marie Picot, sieur de Peccaduc).
12Chaline Olivier, « Les infortunes de la fidélité. Les partisans du pouvoir royal dans les parlements au xviiie siècle », Histoire, économie & société, 2006, no 3, p. 335-353.
13Elle s’éteignit le 11 juin 1774 à Rennes, paroisse de Toussaints, sur la rive gauche de la Vilaine.
14Chaline Olivier, « Bretagne, noblesse et dévotion. Les Le Prestre au Parlement de Rennes », in Cocula Anne-Marie et Pontet Josette (dir.), Itinéraires spirituels, enjeux matériels en Europe, t. II : Au contact des Lumières. Mélanges offerts à Philippe Loupès, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2005, p. 59-84 ; Crosnier abbé Alexis, Une Dame de la Retraite de Quimper martyre sous la Terreur. Victoire Conen de Saint-Luc (1761-1794), Paris, Beauchesne, 1919, p. 106-117.
15Extrait des registres de la paroisse de Fougeray, en date du 13 février 1767, conservé dans le fonds Herzogenberg à Prague. Sur cette transcription effectuée – à la demande de qui ? – le 5 octobre 1793 « l’an 2e de la République » tout ce qui rappelle l’Ancien Régime est à la fois recopié et biffé. L’original est accessible en ligne sur le site des Archives départementales de l’Ille-et-Vilaine.
16Thiron-Gardais aujourd’hui. Ce collège, fondé en 1630, fut transformé en collège militaire en 1776 par le comte de Saint-Germain, secrétaire d’État de la Guerre afin d’y accueillir de jeunes gentilshommes sans fortune.
17Chuquet Arthur, La jeunesse de Napoléon, t. I : Brienne, Paris, 2e éd., A. Colin, 1898, p. 229-231 ; Masson Frédéric, Napoléon dans sa jeunesse, 1769-1793, Paris, Société d’éditions littéraires et artistiques, 1907, p. 108 et 114. La plupart des notices biographiques en allemand répètent de manière inexacte qu’ils furent condisciples à Brienne. Bonaparte fut élève du 22 octobre 1784 au 28 octobre 1785 avant de partir directement lieutenant en second à Valence au régiment de La Fère. Il y avait au même moment un Rohan-Guéméné qui sortit aussi sous-lieutenant d’artillerie.
18Baldet Marcel, « Les Cadets-Gentilshomme de l’Ecole Royale Militaire de Paris », Carnet de la sabretache. Revue d’histoire militaire, no 411, année 1953, p. 7-12, avec le portrait de P. M. A. Picot de Peccaduc comme cadet ; Aviau de Ternay Gaëtan d’, Les cadets gentilshommes de l’Ecole Royale Militaire de Louis XVI (1778-1787). Dictionnaire biographique, Paris, Patrice du Puy, 2008.
19Chuquet Arthur, La jeunesse de Napoléon…, op. cit., p. 189 ; Masson Frédéric, Napoléon dans sa jeunesse…, op. cit., p. 109-110. En 1785, Picot de Peccaduc reçut, comme Le Picard de Phélipeaux, la croix de Notre-Dame du Mont-Carmel et une pension viagère de 100 lt.
20Masson Frédéric, Napoléon dans sa jeunesse …, op. cit., p. 112.
21Chuquet Arthur, La jeunesse de Napoléon…, op. cit., p. 229 : « Le 26 septembre 1785, le Conseil décidait de lui offrir un étui de mathématiques, composé de quinze pièces, un exemplaire de l’Architecture de Belidor et un exemplaire du Cours de Bezout, tous deux reliés en veau, les Tables de logarithmes de La Caille, le Traité de fortification de Leblond, la Géographie de La Croix et le petit atlas de Le Rouge. » Il répondit fort obligeamment : « Vôtre zèle paternel ne se borne pas à diriger la conduite de vos élèves dans le peu de temps qu’ils ont le bonheur de vivre sous vos ailes ; vous vous plaisez encore à suivre des yeux leur conduite dans Ia carrière qu’ils parcourent, après qu’ils sont privés de cet abri salutaire. »
22Son père meurt à Rennes le 16 août 1792. Pierre-Jean-Baptiste Picot de Peccaduc, a été « porté au dépôt commun de cette ville », expression qui désigne vraisemblablement plus le cimetière que la fosse commune, Archives de Rennes, en ligne, GGSTPS8, paroisse Saint-Pierre-en-Saint-Georges, Sépultures 21-12-1791 – 07-01-93.
23Pawlik Marie, « Emigranten der Französischent Revolution in Österreich (1789-1814) », Mitteilungen des Instituts für österreichische Geschichtsforschung, LXXVII, 1969, p. 78-127, qui cite Picot de Peccaduc p. 119-120.
24Le diplôme le nommant Oberfeldwachtmeister (Generalmajor) und Brigadier est en date du 26 juillet 1813.
25Leonhardi FML, « Feldmarschall Lieutenant Freiherr von Herzogenberg… », art. cité, p. 58.
26Le décret du 6 avril 1809, titre I porte sur les Français ayant porté les armes contre la France depuis le 1er septembre 1804. Ils encourent la peine de mort depuis l’article 3 de la section I du titre I de la deuxième partie du Code pénal du 6 octobre 1791. Pris les armes à la main, ils peuvent être traduits à des commissions militaires, L. J. C. de Chénier, Guide des tribunaux militaires ou législation criminelle de l’armée, Paris, Anselin & Laguionie, 1838, t. II, p. 726-727 et 744-747.
27Une liste des émigrés parmi les généraux et officiers d’état-major en retraite et une de ceux en service actif de 1811, Haus-, Hof-und Staatsarchiv/HHStA, Vienne, StK, Vorträge [rapports], cartons 188, fo 59-60 et 62. Voir Godsey Jr William., « La société était au fond légitimiste Émigrés, Aristocracy, and the Court at Vienna, 1789-1848 », European History Quarterly, 35-1, p. 63-95, ici p. 67.
28Voir la seconde liste évoquée ci-dessus. Haus-, Hof-und Staatsarchiv (HHStA) Vienne, StK Vortäge, cart. 118, IV, fo 62, ainsi que ce commentaire de Bellegarde, le président du Hofkriegsrat : « Dieser Obrist kann in jeder Rücksicht als ein Muster eines vollkommenen Regiments Commandanten aufgestellt werde n, und ich kann dieses mit desto mehr Zuversicht sagen, als er diese Stelle bei meine [m] innhabenden Sr. Majestät allerhöchsten Namen führenden Regimente bekleidet… »
29Un capitaine de cavalerie du nom de Klinglin fit sa demande en même temps. HHStA, Vienne, StK, Vorträge, cart. 189, VI, fo 69-70, lettre de Metternich à l’Empereur, 11 juin 1811.
30Österreichisches Verwaltungsarchiv, Adelsarchiv, Vienne, Herzogenberg, 1811, fo 1-5.
31HHStA, Vienne, StK, Vorträge, cart. 189, VI, fo 72. Herzogenberg prit soin que son nom français soit supprimé dans le « Militäralmanach » pour 1811 et qu’il n’y apparaisse qu’avec son nouveau nom, Lettres du baron Lattermann du 27 juin et 31 juillet 1811 au colonel von Herzogenberg., ANM, Prague, fond 166, carton 1a. À Prague, le 4 juin 1812, François Ier révoqua l’article secret du traité de Schönbrunn concernant le renvoi des militaires d’origine française, piémontaise et vénitienne, HHStA, Vienne, StK, Vorträge, cart. 192, 1812, VI, fo 12.
32Par le diplôme impérial du 19 décembre 1862, ANM, Praha, fond 166, cart. 3.
33Baptisée le Karl (1781-1858), 3 février 1786 à Nassiedel en Silésie autrichienne dans une famille de noblesse moravo-silésienne. Elle eut pour frères Josef (1778-1855), nommé chef de la police de Vienne (et donc de la censure) de 1815 à 1848, Johann qui, par suite de son union avec la fille d’un meunier fonda la ligne non comtale « von Choltitz » (son arrière-petit-fils fut le général allemand commandant Paris en 1944) et Léopold (1787-1871) qui devint évêque de Breslau en 1835, puis démissionna en 1840 et se convertit au protestantisme en 1862.
34Des 480 familles environ qui constituaient, autour de 1900, l’aristocratie des pays des Habsbourg un quart était des enfants ou petits-enfants d’émigrés venus de France et de la rive gauche du Rhin, Godsey Jr William D., art. cité, p. 74.
35Ibid., p. 70.
36ANM, Prague, fond 166, carton 1b, 19 septembre 1825 (réponse à la lettre de Henry Picot de Peccaduc à son frère), Paris, 27 juillet 1825, carton 1a.
37Militärschematismus des österreichischen Kaiserthums 1830, Vienne, Hofdruckerey, p. 12 et 41-42 pour Herzogenberg, 403 pour l’Ingenieur-Akademie de Vienne.
38Leonhardi FML, « Feldmarschall Lieutenant Freiherr von Herzogenberg… », art. cité, p. 58-60.
Auteurs
Sorbonne université
Sorbonne université – Eur’ORBEM

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