La visibilité du religieux dans la ville en Révolution
L’exemple de la Fête-Dieu à Paris (1789-1793)
p. 189-200
Texte intégral
1La Fête-Dieu, dépeinte avec émerveillement par Louis-Sébastien Mercier ou Denis Diderot, est un moment central du calendrier liturgique de la société d’Ancien Régime. Elle se distingue des autres fêtes par la pompe somptueusement déployée dans la rue par l’Église, les autorités et la population. La procession permet la visibilité de la fête dans la ville en mobilisant acteurs et espace urbains1. À partir de 1790, la fête du Saint-Sacrement s’insère dans le temps révolutionnaire, lorsque les députés et Louis XVI défilent côte à côte à Saint-Germain-l’Auxerrois, la paroisse du Louvre et des Tuileries. Mais la proclamation du principe de liberté religieuse conduit certains à interroger la justification même de la participation de tous aux fêtes catholiques. Les tensions qui en découlent atteignent leur paroxysme en 1792-1793 lorsque le procureur de la commune entend interdire la tenue des processions dans l’espace public. Pourtant la liberté de culte est censée garantir à tous la pratique de la religion dans le respect de la loi. Un intense débat s’instaure alors entre le peuple catholique et les autorités parisiennes autour des processions et, par conséquent, de la présence de toute expression religieuse.
2S’interroger sur la visibilité du religieux dans la ville en Révolution amène à penser le projet visuel des autorités révolutionnaires2. Quelle place peut occuper cette célébration catholique dans la cité révolutionnaire, puis républicaine en 1793 ? Comment concilier le droit des catholiques à processionner avec le principe de liberté de culte et la sécularisation rampante de l’espace public ?
3En 1789-1790, les processions donnent à voir l’exaltation publique du chrétien-citoyen. Néanmoins, en 1791 la Fête-Dieu, en particulier à Paris, laisse transparaître les incertitudes du moment dans le contexte de la fuite avortée de la famille royale et de la mise en œuvre de la Constitution civile du clergé, tandis qu’en 1792 et surtout 1793, les catholiques se retrouvent confrontés à la volonté des autorités de remettre en cause leur droit de processionner dans la rue.
L’alliance du patriotisme et du catholicisme : la Fête-Dieu comme célébration publique du chrétien-citoyen (1789-1790)
La régénération révolutionnaire et les processions
4Très vite, les révolutionnaires placent leurs actes dans le giron de l’Église en organisant des cérémonies dans le but de les légitimer. Le discours du patriotisme chrétien se retrouve au cœur des Nouvelles ecclésiastiques des années 1789-1791. Patriotisme et christianisme ne semblent pas être des valeurs antagonistes car pour la feuille janséniste, la religion est la clé de voûte du pacte social3. Le clergé a donc toute sa place dans les cérémonies publiques. Faire voir la Révolution, c’est aussi faire voir son caractère religieux. À l’image de la bénédiction des drapeaux de la garde nationale parisienne à Notre-Dame, les prestations de serment des curés se déroulent début 1791 dans les églises paroissiales après la messe. Du haut de la chaire, les sermons font revêtir à l’événement révolutionnaire un véritable habit providentialiste. Les prédicateurs ne manquent pas de célébrer la dimension divine de la régénération du royaume et de louer l’intervention du Ciel, qui ouvre une ère de bonheur et de liberté pour les Français, tel l’abbé Claude Fauchet, figure emblématique de ce clergé patriote4.
5À côté des célébrations traditionnelles du calendrier religieux comme la Fête-Dieu et les fêtes corporatives, les années 1789 et 1790 voient s’ajouter d’autres moments festifs qui croisent le message religieux à celui des patriotes. Ainsi, les gardes nationaux processionnent avec les religieux de Sainte-Geneviève pour faire bénir leurs drapeaux et s’assurer la protection de la sainte5. En 1789, la Fête-Dieu conserve son caractère exceptionnel. À Versailles, les délibérations des États généraux sont suspendues le temps de la procession le 11 juin. Néanmoins, le clergé, la noblesse et le tiers état ne se retrouvent pas au défilé et processionnent séparément en respectant les obligations de préséance de la société d’Ancien Régime. Ce sont douze députés du clergé, douze de la noblesse et vingt-quatre du tiers état qui se joignent au roi, aux princes et princesses du sang pour accompagner le Saint-Sacrement. La reine est absente. Son fils, le Dauphin, est mort le 46. À côté du deuil qui frappe la famille royale, l’octave est marquée quant à elle par les évolutions politiques et la proclamation de l’Assemblée nationale la veille.
Le roi, les députés et la nation : la Fête-Dieu 1790
6L’Assemblée est devenue constituante. Les privilèges ont été abolis et la souveraineté est passée des mains du roi à celles de la Nation. Du point de vue religieux, les biens ecclésiastiques ont été nationalisés le 2 novembre 1789, les ordres religieux à vœux solennels supprimés le 13 février 1790, tandis que la motion du chartreux Dom Gerle de reconnaître le catholicisme religion d’État a été repoussée par les députés. La Fête-Dieu de 1790 se déroule en plein milieu des débats sur la Constitution civile du clergé. La situation est incertaine. Partisans et adversaires de la réforme de l’Église s’affrontent7. Cette fête du Saint-Sacrement devient alors un véritable test de la ferveur religieuse et patriotique, et un événement à ne pas manquer pour l’Assemblée.
7C’est dans cette logique que le curé de Saint-Jean en Grève, paroisse de l’Hôtel de Ville, convie les membres de la municipalité pour leur « qualité de citoyens et de catholiques ». L’invitation est acceptée en avançant l’argument des députés de l’Assemblée nationale qui ont décidé de processionner en corps. Après s’être réunis dans la salle des séances, les députés se rendent à Saint-Germain-l’Auxerrois par le passage des Feuillants, la rue Saint-Honoré et la cour du Louvre, où ils sont rejoints par le roi après leur installation dans l’église. Lors de la messe, le curé Jean Ringard rend hommage aux « illustres représentants de la nation unis à notre sage monarque pour adorer le souverain arbitre des peuples et des rois8 ». Escortée par deux haies de gardes nationaux, la procession s’élance une fois le cortège à l’extérieur de l’église paroissiale. Après un premier arrêt devant le reposoir installé au milieu de la cour du Louvre, la procession se dirige vers la chapelle des Tuileries par la rue Saint-Honoré, la rue Saint-Nicaise et le Carrousel, avant de rejoindre à nouveau le reposoir du Louvre par le quai des Tuileries. Tous les participants se séparent une fois de retour devant l’église paroissiale.
8La procession de la paroisse du Louvre est l’événement de ce mois de juin 1790. À titre de comparaison, les journaux ne rendent pas compte de la procession du défilé de Saint-Jean-en-Grève, paroisse de l’Hôtel de Ville. La procession municipale ne fait pas le poids face à celle qui réunit à la fois Louis xvi, Marie-Antoinette et l’Assemblée nationale.
« On raconte que le jour de la Fête-Dieu, une bonne femme, éblouie de la magnifique procession de St. Germain-l’Auxerrois, & convaincue que la présence du Roi, de la Reine & de l’Assemblée Nationale n’étoit pas indifférente au St. Sacrement, disoit à sa voisine : eh bien ! vous voyez, je suis sure que le Bon Dieu de St. Germain sera si fier qu’il ne regardera plus les autres9. »
9La citation, vraisemblablement fictive, d’une femme exaltée par le spectacle n’est pas un cas isolé. Le rapport de la municipalité parle de la « procession [la] plus majestueuse » jamais connue à Paris. Les Révolutions de Paris de Louis-Marie Prudhomme se félicitent de la foule présente aux stations de la procession royale et célèbrent le roi « régénérateur de la liberté française10 ». Toutes ces descriptions confèrent à la religion catholique toute sa force régénératrice et accorde à la Révolution une dimension spirituelle. Cette Fête-Dieu donne à voir la patrie, le roi et l’Église main dans la main. Contrairement à 1789 qui faisait marcher la société d’Ancien Régime, 1790 voit défiler dans la rue la société révolutionnée. Néanmoins, la nuance doit être de mise. L’excitation des Révolutions de Paris ne se retrouve pas dans tous les récits de la fête. Les feuilles royalistes soulignent au contraire la discrétion avec laquelle le couple royal a vécu la cérémonie. La discrétion de la dévotion publique du roi et de la reine aurait alors tranché avec leur mépris affiché à l’encontre de la représentation nationale. Le comte de Seneffe, témoin oculaire, décrit la procession en ces termes :
« Le Roy a assisté à la procession de la Fête-Dieu, avec la Reine, Monsieur et Madame Élisabeth, n’ayant pour tout cortège que la Garde nationale et quelques valets de pied. Nous avions fait cabale de crier Vive la Reine dans notre coin. Il y avoit longtemps qu’elle n’avait pas eu ce plaisir. Elle étoit vêtue modestement ; elle avoit un bonnet de vieille femme. L’Assemblée nationale étoit aussi à cette procession de Saint-Germain-l’Auxerrois. On a pensé n’y point voir le Roy. On a agité dans des comités si les représentants de la Nation ne devoient pas avoir le pas sur le Roy : la majorité lui a décerné la préséance11. »
10Le déroulement de la journée n’a pas été idyllique pour l’Assemblée. Le procès-verbal de la cérémonie décrit les différentes étapes de la procession, la messe à Saint-Germain-l’Auxerrois et le retour en passant par le Louvre et les Tuileries12. Le lendemain, Jean-Baptiste Chabroud, secrétaire de l’Assemblée, demande « si ce procès-verbal doit faire mention de tous les détails, notamment que le clergé n’a pas reçu l’Assemblée à la porte de l’église et qu’au reposoir du Louvre et à la chapelle des Tuileries, il n’y avait pas de place marquée pour M. le président13 ».
11Pour Jean Voidel, député de Sarreguemines, l’attitude du clergé et celle du roi au Louvre et aux Tuileries ne peuvent pas être tolérées. Le symbole est trop fort pour être ignoré.
« Un objet de cérémonie est peu digne de l’attention du Corps législatif ; mais comme les signes représentent les choses, et que les représentants de la nation méritent, à ce titre, quelque respect, je demande qu’on charge le comité de Constitution de se concerter avec les ministres du roi pour régler le cérémonial. Je fais, en outre, une motion pour qu’à l’avenir l’encens ne soit plus présenté à personne et qu’on le réserve pour Dieu seul. L’Assemblée décide que le comité de Constitution et le comité ecclésiastique seront chargés de régler, de concert, la place qui sera assignée à l’Assemblée dans les cérémonies14. »
12Au final, ce même Voidel précise que le procès-verbal n’évoquera pas cette péripétie, mais seulement que le président a occupé la place à la droite du roi. Pour la petite Fête-Dieu, le 10 juin, les désaccords semblent avoir été réglés15. Mais à nouveau, le regard diffère en fonction de l’observateur. La correspondance du jeune baron Wilhelm von Wolzogen signale que les députés ont à nouveau dû attendre à l’extérieur du reposoir du Louvre « que le roi eût fait ses dévotions » et préfère souligner la préséance du couple royal sur les autres participants : « Dans l’église, le roi accompagné de toute la cour gagna le chœur, mais point le président qui reste devant, sur son prie-Dieu16. »
13Quelle visibilité veut-on donner à cette Fête-Dieu a posteriori ? La célébration publique de l’unité de la nation autour de l’Assemblée et du roi ou bien les relations complexes entre les représentants du peuple et le pouvoir exécutif ? La recherche visuelle et spectaculaire de la fête du Saint-Sacrement n’est pas une innovation. Fleurs, tapisseries, guirlandes ornent les rues et les façades des maisons et des boutiques de la capitale en Révolution17. La fête est un spectacle par lequel on cherche à inclure les observateurs dans un discours et une représentation politique, ici celle de la société nouvelle au sein de laquelle les députés accompagnent le roi, non plus comme sujets, mais comme émanation suprême du peuple souverain18. Les pratiques visuelles de la société révolutionnaire sont marquées par la production et la circulation d’images provisoires : papier-monnaie, passeports, placards. Les installations temporaires pour les fêtes revêtent tout autant cette dimension éphémère19. Les reposoirs élevés dans les paroisses, les tapisseries accrochées aux façades, sont autant d’éléments qui ont à la fois vocation à favoriser la visibilité de la Fête-Dieu pour le plus grand nombre et à disparaître une fois la cérémonie achevée. À notre connaissance, il n’y a pas de reproduction iconographique de la Fête-Dieu durant la Révolution. Cela limite et nuance la volonté de rendre visible ce moment festif du calendrier chrétien, notamment lorsque l’on compare avec les fêtes révolutionnaires comme la Fédération du 14 juillet. Néanmoins, la multiplication des journaux permet ensuite de diffuser des images mises par écrit de ces défilés et de choisir d’orienter le regard des lecteurs en fonction du positionnement politique des auteurs. Ce raisonnement vaut par ailleurs pour les députés qui, après l’expression relative de leur mécontentement, décident de ne pas inscrire au procès-verbal les tensions avec le roi au sujet de la Fête-Dieu. L’idée est certainement de rendre visible l’égalité des pouvoirs et de ne pas faire voir une éventuelle hiérarchie entre Louis XVI et la représentation nationale.
La Fête-Dieu parisienne à l’épreuve des incertitudes du printemps 1791
14L’enjeu est à nouveau posé l’année suivante lorsque la Fête-Dieu se prépare, puis se déroule alors que se met en place la nouvelle circonscription paroissiale, que le clergé se divise sur la question du serment et que la nouvelle de la fuite de la famille royale plonge la capitale dans l’effroi.
La nouvelle organisation constitutionnelle
15En 1791, le paysage religieux de la capitale et du royaume est bouleversé par les décrets de l’Assemblée constituante. Avec la loi du 13 février 1790, les ordres religieux à vœux solennels ont été supprimés. Les couvents, les abbayes, les monastères devenus biens nationaux sont inventoriés et mis en vente lorsque leurs occupants ont quitté les murs. Par ailleurs, la Constitution civile du clergé décrétée le 12 juillet 1790 a chamboulé la carte paroissiale en ne conservant qu’une seule paroisse pour les localités dont la population n’atteint pas les 6 000 habitants. À Paris, on relève en 1789 plus de 50 paroisses. Elles ne sont plus que 33 après la réforme. La partie du clergé qui a refusé le serment constitutionnel a été remplacée par des prêtres élus. C’est donc dans le contexte d’installation de l’Église constitutionnelle que se déroulent les processions de la Fête-Dieu. L’installation du nouvel évêque, Jean-Baptiste Gobel, qui remplace Leclerc de Juigné, l’évêque réfractaire, est pressée par l’urgence d’organiser les grandes célébrations du calendrier liturgique : Pâques et la Fête-Dieu. Les autorités municipales travaillent donc à l’organisation des nouvelles paroisses et autorisent les curés constitutionnels à faire toutes les dépenses utiles aux processions de la Fête-Dieu20. Les commissaires des biens nationaux prennent des mesures pour que les façades des maisons religieuses supprimées soient malgré tout tapissées21. On veut faire voir au peuple la capacité des autorités révolutionnaires à conserver toute la solennité de cette festivité traditionnelle. Face à l’afflux annoncé de fidèles, les administrations demandent l’ouverture des églises conventuelles et abbatiales pour servir de succursales, alors que ces mêmes bâtiments avaient été fermés à Pâques. Dans le faubourg Saint-Antoine, à Saint-Germain-l’Auxerrois ou encore à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, des fidèles fréquentant les chapelles de religieuses avaient été sortis de force et violentés dans la rue le 7 avril. La réaction du directoire du département avait été sans appel. L’accès aux chapelles des couvents, des collèges, des hôpitaux et des prisons a été interdit au public22.
16Les réfractaires et leurs soutiens entrent en action à l’approche de la fête. Le Courrier des 83 départements évoque les scandales que préparent certaines moniales. On accuse la supérieure des Bénédictines du Saint-Sacrement de la rue Cassette près de Saint-Sulpice ou encore les Dames du Cherche-Midi qui annoncent leur refus d’ouvrir leur église aux cortèges emmenés par des curés assermentés. Pour le public, cette posture est inacceptable et on veut faire entendre raison à ces « vermines inconstitutionnelles23 ». Face aux agissements des prêtres réfractaires qui se préparent à troubler les festivités, les soutiens de l’Église constitutionnelle se mobilisent. Les membres du club de la rue de la Licorne, sur l’île de la Cité, décident de soutenir les défilés officiels en faisant accompagner la procession par les femmes de la paroisse vêtues de blanc et ceintes des couleurs tricolores. Parallèlement, même si l’on accuse les insermentés de vouloir perturber toute la magnificence de la Fête-Dieu, on peut relever certaines critiques du luxe traditionnel de la cérémonie, comme dans les Révolutions de Paris. On pointe du doigt « la richesse des ornements sacerdotaux dont l’Évangile n’a pas besoin » et on appelle même à l’organisation d’un cortège simple en se référant à la modestie de l’Église primitive.
« Le luxe ne convient nulle part à des hommes libres, et autour des autels moins qu’ailleurs. Nos charlatans des places publiques attirent la foule par la dorure de leurs habits ; mais ils ne guérissent personne. Jésus, couvert d’un manteau bleu, sans galons, faisoit marcher les paralytiques, et ressucitoit les morts24. »
17En dépit des rumeurs et des craintes, l’arrivée de la Fête-Dieu enthousiasme la capitale, y compris les partisans les plus convaincus de la Révolution. On se félicite de la nouvelle de la participation de Louis xvi, « l’honnête homme de roi25 ». La déception n’en est que plus grande à l’annonce de sa fuite.
Maintenir ou reporter la procession ?
18Un temps évoqué, le report de la procession n’est finalement pas retenu par les autorités26. Les festivités de la Fête-Dieu sont maintenues à Paris. Le 21 juin, jour du départ de la famille royale, la municipalité arrête l’obligation de faire tapisser les maisons, les rues, les cours et les jardins. On fait défense aux charretiers et aux voituriers de circuler les jours de la Fête-Dieu et de son octave27. L’objectif est de faire place nette. L’espace urbain doit être réservé pour les processions. On veut faire voir aux Parisiens que la vie suit son cours. À l’Assemblée, la tension est palpable le 23 juin, jour de la cérémonie. Une partie part assister à la procession tandis que l’autre reste dans la salle des séances avec un vice-président pour gérer l’urgence. Cette situation est d’autant plus instable que la nouvelle de l’arrestation du roi à Varennes arrive à midi28.
19Les défilés se déroulent comme prévu sous une surveillance renforcée des milliers de gardes nationaux déployés alors pour sécuriser la capitale29. Dans les faubourgs, les processions estompent les tensions30. Lorsque celle de Saint-Gervais passe devant l’Hôtel de Ville, le corps municipal se présente sur le perron et reçoit la bénédiction31. Aucun problème n’est recensé, à l’exception du refus du curé de Saint-Pierre-des-Arts de donner la bénédiction aux fidèles comme cela se faisait d’ordinaire32. À Saint-Germain-l’Auxerrois, la procession attire une foule en provenance de toute la ville, y compris des faubourgs33. Dans les paroisses voisines, la population accompagne La Fayette, le maire Bailly et les centaines de gardes nationaux. Les rues sont sablées et décorées de draperies et de fleurs. On verbalise d’ailleurs contre les maisons non tendues dans les sections de la Butte-des-Moulins et de la Fidélité, tandis que les habitants de la Croix-Rouge se plaignent de ne pas voir passer la procession devant leurs maisons34.
Donner à voir l’unité de la nation autour de l’autel
20Le message patriotique est au cœur de certaines festivités. À Saint-Laurent, une statue représente sur un reposoir la France libérée et la Liberté conquise le 14 juillet 178935. En l’absence du roi, la procession de la Fête-Dieu permet aux députés d’afficher leur prééminence. La procession de Saint-Germain-l’Auxerrois prend une tournure patriotique. On y entend le Ça ira ! qui remplace les chants liturgiques. Bien plus que le Saint-Sacrement, on veut rendre ici visible la présence de l’Assemblée nationale et des autorités parisiennes aux côtés de l’Église constitutionnelle. Du haut de sa chaire, le curé constitutionnel de la nouvelle paroisse Saint-François-d’Assise dans le Marais, Sébastien-André Sibire36, exalte le patriotisme et le catholicisme comme ferment de l’unité nationale. « Enfants de Dieu et de la nation », les participants sont célébrés au retour de la procession.
« Qu’il est beau de voir le patriotisme s’embrasser étroitement avec le christianisme, tous les bons citoyens apporter en commun au pied des autels, et promener solemnellement dans les rues de la capitale, le tribut de leurs hommages, les diverses classes de la société, si toutefois on peut supposer des distinctions où l’égalité règne, s’identifier et se confondre devant le même Dieu37. »
21Pour Sibire, obéir à Dieu, à la loi et au roi, c’est être catholique. La ferveur de la procession est utilisée pour répondre aux accusations d’impiété et de destruction de la religion lancées par les adversaires de l’Église constitutionnelle. Ce discours de clôture des festivités offre au curé l’occasion de dénigrer les réfractaires et la division qui s’opère au sein de l’Église catholique depuis les brefs pontificaux du printemps condamnant la Révolution : « Vous avez beau crier au schisme et à l’impiété ; vos tristes clameurs se perdent dans les airs38. »
22Mais les agissements des réfractaires, ainsi que la fuite avortée du roi viennent malgré tout crisper les esprits. Durant la deuxième moitié de 1791, puis le début de l’année 1792, les prêtres deviennent de plus en plus suspects. La publicité du culte est alors ciblée par une partie des autorités.
Les catholiques face aux autorités municipales : le conflit des principes (1792-1793)
23La déclaration de guerre à l’Autriche le 10 avril 1792 contraint les députés à renforcer l’appareil coercitif à l’encontre des prêtres réfractaires en décrétant la déportation des insermentés dénoncés par au moins vingt citoyens39. Mais la situation est d’autant plus complexe pour les fidèles catholiques, que la municipalité interdit à la garde nationale parisienne de se présenter en armes aux festivités religieuses, en opposant le principe de liberté de culte à celui d’égalité des citoyens d’autres confessions dans l’espace public. Se pose alors la question de la Fête-Dieu dans la cité républicaine.
Les restrictions
24C’est dans ce contexte que le procureur de Paris, Pierre Manuel, restreint la participation des autorités constituées aux processions qu’il qualifie de « pompeuses ». Pour lui, les ordonnances de police sont bonnes pour l’Ancien Régime « lorsqu’il y avoit en France une religion dominante, soutenue par la coalition des prêtres et des despotes40 ». Quant au clergé, il n’y a plus de distinction entre constitutionnels et insermentés. Les ecclésiastiques commencent à être rapprochés du danger tyrannique et le catholicisme est considéré comme un culte particulier ayant le même statut que tous les autres. Or, « la voie publique appartient à tous, & nul ne peut [en] disposer pour un usage particulier ». Du côté de la garde nationale, il est impossible de forcer un citoyen-soldat à encadrer le défilé d’un culte qui n’est pas le sien. La liberté est laissée aux soldats de participer ou non aux processions. Cette évolution intervient dans une période de limitation de la visibilité de l’Église. Le 6 avril 1792, les députés ont voté l’interdiction du port de la soutane en dehors des lieux de culte. Avec ces restrictions, le curé est privé de son principal signe distinctif. Or, le fidèle qui ne connaissait pas le clergé du lieu pouvait l’identifier grâce à son habit. Désormais, le curé ne doit plus être différencié des autres individus. L’ecclésiastique n’est rien de plus qu’un citoyen à part entière.
25En somme, la religion est tolérée mais elle demeure suspecte. C’est l’héritière du despotisme et le germe potentiel de la tyrannie et de la contre-révolution41. Elle n’a donc plus sa place dans la cité et doit se retrancher dans la sphère privée.
La municipalité parisienne face aux catholiques
26Comme depuis 1790, le curé et les marguilliers de Saint-Germain-l’Auxerrois invitent le roi et les députés à la procession et à la messe en 1792. À l’Assemblée législative, Ernest Duquesnoy, député du Pas-de-Calais, demande l’envoi d’une députation à la procession. En dépit des murmures, on accepte la proposition. Mais la contestation se fait de plus en plus sentir et on appelle au report du décret. Pour Yves-Marie Audrein, député du Morbihan et évêque constitutionnel du Finistère, cette requête est inacceptable. « C’est une rupture ouverte avec le culte catholique42. » Il est rejoint par Claude Fauchet, évêque constitutionnel du Calvados, qui rappelle que le catholicisme est la religion du plus grand nombre43. Or, l’Assemblée étant l’interprète du vœu de cette majorité, elle doit remplir son devoir envers l’Église catholique44. L’aile gauche s’érige contre ces prises de position en faveur du catholicisme. La proclamation suivante résume la pensée d’une partie des députés : « La loi ne reconnaît pas de culte dominant et vous n’avez pas plus le droit d’envoyer une députation aux cérémonies d’un culte qu’à celles d’un autre45. » Un compromis est finalement trouvé. La séance est suspendue le matin de la Fête-Dieu afin que chacun soit libre d’y participer ou non. La décision ne manque pas de faire réagir. Les Révolutions de Paris déplorent la perte d’une matinée et les agitations de Fauchet et des prêtres constitutionnels placés désormais dans le viseur des plus radicaux46. Pour la première fois depuis 1790, la Fête-Dieu se déroule sans la participation des gardes nationaux en armes et une députation officielle de l’Assemblée nationale. En résumé, 1792 constitue un véritable tournant. La Fête-Dieu est pour les autorités « un acte de déviance superstitieuse47 » que l’on associe aux réfractaires et à la contre-révolution.
27Pourtant, les catholiques ne restent pas sans réaction. On réfute les mesures des autorités parisiennes en rappelant que la participation de l’État aux dépenses du culte dominant est constitutionnelle. La municipalité outrepasserait ses droits en se pensant supérieure à l’Assemblée législative. Un rappel à la loi est adressé aux autorités de la capitale. Leurs arrêtés sont un véritable blasphème anticonstitutionnel. La Constitution civile du clergé a chargé la Nation des frais du culte catholique. Limiter les processions signifie à terme interdire le culte de la majorité48. Les Nouvelles ecclésiastiques se positionnent sur le même credo. Elles rapportent la résistance qui s’est organisée dans Paris pour contester la municipalité et prendre part aux différentes processions49.
28Le succès est là. Les deux Fête-Dieu rassemblent une foule nombreuse. Les tapisseries ornent les façades des immeubles : « Les gardes nationales y assistèrent en assez grand nombre, les rues furent tapissées, et il ne parut de voiture presque nulle part50. » Une publication royaliste se félicite de cette réussite et dénonce même tous ceux qui ont tenté d’entraver le bon déroulement des processions comme un certain Legendre, boucher à Saint-Germain-des-Prés, qui aurait attendu l’arrivée du cortège pour le bloquer avec sa charrette. La garde nationale présente a dû alors intervenir pour forcer le passage51. L’auteur souligne aussi la réussite de l’octave durant laquelle ceux qui n’avaient pas tapissé leur façade ont été pris à parti et ont vu leurs portes brisées et leurs boutiques cassées52.
La Fête-Dieu 1793, la crainte des troubles
29Le tableau est clair désormais. Pour la Commune, les processions constituent un risque de fanatiser la population, de semer la discorde et de favoriser le retour du despotisme royaliste. La question du désordre préoccupe véritablement l’État républicain en 179353. Les informateurs du ministère de l’Intérieur, dont les rapports ont façonné le regard des autorités sur les groupes susceptibles de troubler l’ordre public54, insistent sur la nécessité de réviser les restrictions sur les processions et la neutralité religieuse qui ne concerne pas le peuple mais ses représentants. La participation de la Convention à la procession est même envisagée pour atténuer le risque de tension. Les incidents de la Fête-Dieu de 1792 sont rappelés et le chiffon rouge des massacres de septembre est agité.
« La Fête-Dieu approche : Rappelez-vous […] qu’à la même époque les sans culottes de Paris délibérèrent pendant quelques jours, s’ils devaient ou non lapider Manuel pour avoir osé imprimer qu’on serait libre de tapisser ou non ; que ce jour-là des hommes, qui, par opiniâtreté ou irréligion, n’avaient pas tapissé, reçurent de bons coups de bâton. […] On peut dire avec raison, qu’en ce jour solennel, l’assemblée législative était d’un côté de la rivière, et que toute la nation, oui toute la nation, était de l’autre bord. Eh ! on ose se plaindre des factieux ! On ose rappeler le 2 septembre55 ! »
30En 1793 justement, plusieurs sections parisiennes invitent le personnel ecclésiastique à ne pas processionner le jour de la Fête-Dieu56. Le remplaçant de Manuel, Pierre-Gaspard Chaumette, demande à l’évêque de supprimer les processions à l’extérieur afin de garantir le maintien de l’ordre. Face aux incertitudes de Gobel qui demande aux curés d’attiser chez les fidèles « l’esprit intérieur » des processions au lieu d’une « piété extérieure », le clergé parisien prend les choses en main57. Désormais, le culte est affaire de tous les curés et non plus seulement de l’évêque et de son conseil. De nombreux prêtres sont décidés à braver les interdits pour la Fête-Dieu dans le climat tendu engendré par les journées insurrectionnelles des 31 mai et 2 juin, qui ont vu l’arrestation des Girondins. Les habitants des faubourgs, comme celui de Saint-Marcel, célèbrent le Saint-Sacrement en suivant la tradition. Les rues sont tapissées et la manufacture des Gobelins expose ses chefs-d’œuvre aux motifs religieux58.
31Toutes les paroisses parisiennes n’affichent pas un visage similaire. À Saint-Sulpice, les maisons sont tapissées, tandis qu’à Sainte-Marguerite le parcours est fixé par les citoyens eux-mêmes. Enfin, les paroissiens de Saint-Leu font reculer le commissaire de la section des Lombards qui souhaitait circonscrire la procession à l’église. Il y a une vraie opposition entre les fidèles et les autorités. À Saint-Eustache, les dames de la Halle se mobilisent directement auprès du Comité révolutionnaire pour que le curé organise la procession « sans tambour ni musique59 ». L’informateur Dutard dit avoir vu pleurer une bouquetière désespérée par la perte financière causée par la suppression des deux Fête-Dieu60. Les grandes processions assurent la vitalité du commerce de ces femmes vivant de la récolte et de la vente de fleurs61.
32Alors qu’auparavant la procession catholique participait à la mise en ordre de l’espace urbain62, l’exercice public de la religion romaine et la célébration d’une de ses principales fêtes constituent un motif de suspicion pour les autorités révolutionnaires des années 1792-1793. L’interdiction proclamée de processionner dans la ville et l’obligation de confiner le défilé dans les murs des églises paroissiales découlent de cette volonté d’effacer toute expression publique du culte et s’inscrivent dans la logique du xviiie siècle tendant à réduire le clergé à sa seule dimension spirituelle63. La publicité est désormais réservée aux fêtes révolutionnaires et l’éradication de toute référence religieuse dans la ville s’illustre aussi par l’interdiction du port de la soutane en dehors des édifices cultuels.
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33Pour conclure, on doit avouer que ces fêtes du Saint-Sacrement de l’époque révolutionnaire soulèvent un certain nombre de questions. Avec l’objectif de faire voir plutôt que de rendre compte de ce qui a été réellement vu, les descriptions proposées dans les journaux et les publications officielles produisent une perception nécessairement indirecte de l’événement. L’image, ici celle de l’unité de la Nation et du catholicisme en 1789-1791, tiendrait sa puissance et sa portée de celui qui l’émet et de celui qui la reçoit. Le tableau est orienté pour coller au contexte. En s’accommodant des bouleversements révolutionnaires en matière d’organisation sociale et politique, les habitants, et les catholiques de surcroît, ne sont pas tous prêts à renoncer à leurs pratiques religieuses habituelles et ont eu bien du mal à accepter les restrictions imposées aux processions en 1792-1793.
Notes de bas de page
1Rideau Gaël, « La fête processionnelle en France au xviiie siècle entre dévotion et police », in Philippe Desmette et Philippe Martin (dir.), Orare aut laborare ? Fêtes de précepte et jours chômés du Moyen Âge au xixe siècle, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2017, p. 131-142.
2Mazeau Guillaume, Dupuy Pascal, Guichard Charlotte, Taws Richard et Griener Pascal, « Regards croisés-Cultures visuelles et révolutions : enjeux et nouvelles problématiques », Annales historiques de la Révolution française, no 372, 2013, p. 143-160 ; Mazeau Guillaume, « La Révolution, les fêtes et leurs images », Images Re-vues, hors-série no 6, 2018, consulté le 24 janvier 2019, [http://journals.openedition.org/imagesrevues/4390]. Dans cette contribution essentielle à l’histoire de la fête révolutionnaire, Guillaume Mazeau propose de repenser la question de la dimension festive de la Révolution en intégrant les outils et les sources classiques de l’anthropologie politique : articles de journaux, comptes rendus imprimés, représentations graphiques. L’auteur repense les fêtes révolutionnaires à l’aune des visual studies (cultures visuelles) par lesquelles il rappelle que la fête n’est pas seulement l’affaire des acteurs et des spectateurs, mais aussi celle de ceux qui la vivent au travers des représentations ultérieures.
3Voir la contribution de Monique Cottret dans ce volume.
4Brian Isabelle, « La parole des prédicateurs à l’épreuve de la Révolution », Annales historiques de la Révolution française, no 355, 2009, p. 25-48.
5Alpaugh Micah, Non-Violence and the French Revolution. Political Demonstrations in Paris, 1787-1795, Cambridge, Cambridge University Press, 2015, p. 181.
6Gazette de France, no 48, 16 juin 1789.
7Dean Rodney, L’Assemblée constituante et la réforme ecclésiastique, 1790, Paris/Londres, R. J. Dean, 2014, p. 392-394.
8Ringard Jean, Discours prononcé par M. Ringard, curé de S. Germain-l’Auxerrois, accompagné de MM. les marguilliers, dans la séance du soir, le samedi 5 juin, à l’occasion de la procession de la Fête-Dieu, où l’assemblée avoit assisté, d’après l’invitation de MM. les curé et marguilliers, s. l. n. d., p. 1.
9Journal des révolutions de l’Europe, en 1780 & 1790, Neuwied sur le Rhin, Société typographique et Strasbourg, J. G. Treutell, 1790, t. 11, p. 29.
10Révolutions de Paris, no 47, p. 457.
11Vaissière Pierre de, Lettres d’aristocrates. La Révolution racontée par des correspondances privées (1789-1794), Paris, Perrin, 1907, p. 168-169.
12Archives parlementaires (désormais AP), t. 16, p. 92, « Procès-verbal de l’assistance de l’Assemblée aux cérémonies de la Fête-Dieu », séance du 3 juin 1790.
13Ibid, séance du 4 juin 1790.
14Ibid., p. 93, séance du 4 juin 1790.
15Ibid., p. 159-160, séance du 11 juin 1790.
16Wolgozen Wilhelm von, Journal de voyage à Paris (1788-1791), suivi du Journal politique (1793) et de la Correspondance diplomatique (1793), éd. Christoph von Wolzogen (trad. Michel Trémousa), Lille, Presses universitaires du Septentrion, 1998, p. 154-155.
17AP, t. 16, p. 153, séance du 11 juin 1790.
18Mazeau Guillaume, « La Révolution, les fêtes et leurs images », art. cité.
19Taws Richard, The Politics of the Provisional. Art and Ephemera in Revolutionary France, University Park (PA), Pennsylvania State University Press, 2013.
20Lacroix Sigismond, Actes de la Commune de Paris pendant la Révolution, Paris, L. Cerf, 1894, 2e série, t. 4, p. 549-550.
21Ibid., p. 589.
22Reinhardt Marcel, Nouvelle histoire de Paris. La Révolution (1789-1799), Paris, Hachette, 1971, p. 203.
23Courrier des 83 départements, no du 21 juin, cité in Sigismond Lacroix, Actes de la Commune, op. cit, 2e série, t. IV, p. 559.
24Les Révolutions de Paris, no 99, p. 381.
25Ibid., no 102, p. 528.
26AP, t. 27, p. 402, séance permanente du 21 juin 1791.
27Lacroix Sigismond, op. cit., 2e série, t. 5.
28Correspondance inédite du constituant Thibaudeau (1789-1791), éd. Henri Carré et Prosper Boissonnade, Paris, Honoré Champion, 1898, p. 149, lettre au directoire du département (s. d.) relatant les événements du 21 au 25 juin 1791, p. 149.
29Alpaugh Micah, op. cit., p. 91.
30La manufacture des Gobelins expose par exemple ses tapisseries dans le faubourg Saint-Marcel. Lacroix Sigismond, op. cit., 2e série, t. 5, p. 598-599.
31Ibid., p. 96.
32Plongeron Bernard (dir.), Le diocèse de Paris, Paris, Beauchesne, 1987, t. 1 : Des origines à la Révolution, p. 374.
33Alpaugh Micah, op. cit., p. 91.
34Plongeron Bernard (dir.), op. cit., p. 375.
35Ibid
36Delarc Odon-Jean-Marie, L’Église de Paris pendant la Révolution (1789-1801), t. 1, Paris, Desclée, 1884, p. 428-429.
37Sibire Sébastien-André, Discours prononcé par M. Sibire, curé de la paroisse Saint-François d’Assise, le jour de l’octave de la Fête-Dieu, au retour de la procession, Paris, J.-B. Hérault, 1791, p. 2.
38Ibid., p. 3.
39Chopelin Paul, « La défanatisation de l’an II. Anticléricalisme et laïcisation radicale dans la nation en guerre », in Michel Biard et Hervé Leuwers (dir.), Visages de la Terreur. L’exception politique de l’an ii, Paris, Armand Colin, 2014, p. 91-105.
40Manuel Pierre, Lettre circulaire du procureur de la Commune aux comités des 48 sections, en leur adressant l’Arrêté de la Municipalité concernant les processions, Paris, s. n., 1792.
41Chopelin Paul, art. cité.
42AP, t. 44, p. 626, séance du 5 juin 1792.
43Sur Yves-Marie Audrein, nous renvoyons à la contribution de Monique Cottret dans le présent volume.
44Journal des débats et des décrets, t. 33, p. 254.
45AP, t. 44, p. 626.
46Révolutions de Paris, no 152, du 2 au 9 juin 1792, p. 455.
47L’expression est de Micah Alpaugh, op. cit., p. 180-186.
48Refutation des lettres de MM. Manuel et Rœderer, À l’occasion des cérémonies de la Fête-Dieu. Par F. J. M., 1792.
49Cottret Monique, Histoire du jansénisme, Paris, Perrin, 2016, p. 269-272.
50Nouvelles ecclésiastiques, 20 mars 1793, p. 45-46, citées par Cottret Monique, op. cit., p. 273.
51Journal de Louis XVI et de son peuple ou le Défenseur de l’autel, du trône et de la patrie, no 95, 16 juin 1792, p. 204.
52Ibid., no 96, 18 juin 1792, p. 214.
53Suite à la suspension du roi le 10 août 1792, la Convention a remplacé l’Assemblée législative. La monarchie est abolie le 21 septembre et les députés décrètent la datation des actes officiels de l’an I de la République le lendemain. Biard Michel, Bourdin Philippe, Leuwers Hervé et Serna Pierre (dir.), 1792. Entrer en République, Paris, Armand Colin, 2013.
54Pertué Michel, « Le maintien de l’ordre : questions et réflexions », in Raymonde Monnier (dir.), À Paris sous la Révolution. Nouvelles approches de la ville, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2008, p. 49-66.
55Rapport de Dutard à Garat, du 25 mai 1793, cité in Schmidt Adolphe, Tableaux de la Révolution française publiés sur les papiers inédits du département et de la police secrète de Paris, Leipzig, Veit & Comp., 1867, t. 1, p. 280.
56Sur la Fête-Dieu parisienne de 1793, voir notamment Soboul Albert, Les Sans-culottes parisiens en l’an II. Mouvement populaire et gouvernement révolutionnaire (2 juin 1793-9 thermidor an II), Paris, Librairie Clavreuil, 1958, p. 283-303.
57Plongeron Bernard (dir.), op. cit., p. 397-399.
58Sur le faubourg Saint-Marcel, voir Burstin Haim, Une révolution à l’œuvre. Le faubourg Saint-Marcel (1789-1794), Seyssel, Champ Vallon, 2005, en particulier le chapitre 5.
59Plongeron Bernard (dir.), op. cit., p. 397-399.
60Rapport de Dutard à Garat, du 6 juin 1793, cité in Schmidt Adolphe, op. cit., t. 2, p. 6.
61Cauchy Sabrina, « Les bouquetières-chapelières en fleurs à Paris sous l’Ancien Régime », Genre & Histoire, no 2, 2008, consulté le 10 janvier 2018, [http://journals.openedition.org/genrehistoire/335].
62Rideau Gaël, « La construction d’un ordre en marche : les processions à Orléans (xviie-xviiie siècles) », in Gaël Rideau et Pierre Serna (dir.), Ordonner et partager la ville (xviie-xixe siècles), Rennes, PUR, 2011, p. 137-154.
63Ibid.
Auteur
Université de Paris-Nanterre

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