L’agrobiologie face à la modernisation agricole
Nature et Progrès, de 1964 au début des années 1980
p. 279-292
Texte intégral
1Comme tout récit célébrant le progrès technique, celui de la modernisation agricole au xxe siècle a eu tendance à polariser des positions considérées comme antagonistes en opposant des pratiques anciennes et dépassées et des innovations orientées vers le progrès1. Dans cette vision des choses, l’ancien peut à la rigueur susciter une certaine nostalgie mais nul regret tant le progrès – notamment en termes de rendement – disqualifie par avance toute remise en cause de ces évolutions.
2Une telle polarisation est d’autant plus accusée sur la question de l’histoire de l’agriculture biologique tant celle-ci est marquée par la question de ses origines politiques réactionnaires2 voire totalitaires3. Or, si la culture politique d’un Raoul Lemaire en France ne suscite guère de débats4, la généralisation de ce constat aux origines de l’agrobiologie dans leur ensemble est beaucoup plus problématique et sert souvent à jeter le discrédit sur tous ces mouvements, d’hier à aujourd’hui5. Dans ce cas, l’idée souvent explicitement avancée est que de telles origines placeraient immanquablement ses partisans dans le camp des ennemis du progrès, que celui-ci soit technique, économique ou politique. Sans s’étendre sur ce point, soulignons d’emblée qu’une telle généalogie est à la fois partiale et partielle et occulte d’autres précurseurs de l’agrobiologie et de la recherche d’un mode de vie sain de la fin du xixe et du début du xxe siècle qui s’inscrivent alors dans la nébuleuse anarchiste et libertaire6.
3À bien des égards, l’étude de l’association de promotion de l’agrobiologie Nature et Progrès permet de déconstruire une approche prompte à polariser les positions en deux camps irréductibles et opposés. Fondée en 1964 par Mattéo Tavera, André Birre et André Louis, elle alerte sur les conséquences d’une agriculture fondée sur le recours massif à des engrais et des pesticides issus de la chimie industrielle tout en expérimentant d’autres pratiques.
4Loin d’être monolithique et enfermée dans des certitudes perpétuelles, Nature et Progrès abrite en son sein des positions différentes et mouvantes quant au rapport à la modernité, aux transformations de la société ou encore à la place de l’agriculture dans les sociétés contemporaines. Notre propos explorera essentiellement les années 1960 et 1970, depuis la fondation de l’association en 1964 jusqu’au début des années 1980, où possibilité est donnée par le ministère de l’Agriculture de faire reconnaître un cahier des charges propre à l’agriculture biologique.
5Ainsi, après avoir analysé les ressorts prédominants de la critique de la modernisation agricole telle qu’elle s’exprime au sein de l’association dans les années 1960, nous verrons combien la décennie suivante se traduit par des divergences de plus en plus marquées qui, dans un contexte globalement plus favorable à l’agriculture biologique, fragilisent l’association.
Nature et Progrès dans les années 1960, une critique naturiste de la modernisation agricole
6Durant la décennie qui suit sa fondation, Nature et Progrès s’inscrit dans une critique naturiste de la modernisation agricole. L’association entend promouvoir l’adoption de pratiques agricoles conformes aux lois naturelles dont l’importance serait de plus en plus méconnue par les sociétés industrialisées et urbaines.
7Pour autant, la dénomination de l’association constitue un premier indice d’un rapport au progrès – au moins sous certaines déclinaisons – qui ne serait pas uniquement négatif.
La fondation de l’association
8Pour comprendre les orientations de Nature et Progrès, il est nécessaire de revenir sur les circonstances de sa création qui s’inscrivent dans de vives controverses qui agitent le champ pourtant fort restreint de l’agrobiologie de l’époque.
9L’association est fondée en 1964 par un certain nombre de praticiens qui entendent expérimenter de nouvelles méthodes en agrobiologie et qui, à titre personnel, mènent des recherches empiriques dans ce domaine. Tous sont investis de longue date dans la promotion de ces nouvelles pratiques.
10Matteo Tavera (1905-1970) est architecte-urbaniste et travaille au service des Chemins de fer tout en pratiquant la viticulture et l’arboriculture dans le Narbonnais. Il est le premier président de Nature et Progrès7. Ingénieur agronome, André Louis (1901-1970) est directeur des Services agricoles dans différents départements (Lozère, Ariège, Charente)8. Il se reconvertit par la suite comme professeur en lycée agricole en Gironde (Bordeaux Blanquefort) car il est en désaccord avec les grandes orientations de la politique de modernisation agricole mise en œuvre après la Seconde Guerre mondiale. André Birre (1904-1991), instituteur puis inspecteur du travail, rappelle souvent ses origines de paysan beauceron et milite en faveur de la sauvegarde de l’humus depuis les lendemains de la Seconde Guerre mondiale9.
11Sur le plan générationnel, les fondateurs de Nature et Progrès sont des adolescents de la Première Guerre mondiale arrivés à l’âge adulte dans l’atmosphère particulière de l’entre-deux-guerres (qu’on pense notamment à la crise agricole des années 1930). Ils sont donc sensiblement plus jeunes que les premiers théoriciens de l’agriculture biologique tels que Albert Howard (1873-1947) et Rudolf Steiner (1861-1925) ou encore que les pionniers français dans ce domaine et dans celui de l’hygiène naturelle comme Raoul Lemaire (1884-1972), Paul Carton (1875-1947) ou encore Henri-Charles Geoffroy (1895-1981). Les fondateurs de Nature et Progrès appartiennent ainsi à la deuxième génération de l’agrobiologie qui a été confrontée à la grande accélération postérieure à la Seconde Guerre mondiale qui s’est notamment traduite par la généralisation rapide de l’agriculture industrielle en France.
12Depuis les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, les fondateurs de Nature et Progrès militent au sein de la nébuleuse des alternatives à la modernisation agricole. En 1948, André Birre fonde l’association « L’homme et le sol » et proclame la « croisade pour l’humus » à laquelle prend part André Louis10. Par la suite, André Birre est impliqué dans la création de diverses associations telles que l’Association pour la recherche d’une alimentation normale (Afran en 1952 présidée par Jacques-William Bas) ou l’Organisation scientifique pour l’entretien de la vie (entre 1959 et 1970)11. De son côté, André Louis participe à la création de la section girondine de l’Association française de zoologie puis à la SEPANSO (où il siège au conseil d’administration)12.
13En 1958, le Groupement d’agriculteurs biologiques de l’Ouest est créé et élargit rapidement ses horizons géographiques en devenant l’Association française d’agriculture biologique en 1961. La vocation de ces deux organisations successives est de réunir l’ensemble des praticiens de l’agriculture biologique de France pour gagner en visibilité et en savoir-faire ; André Louis, Matteo Tavera, André Birre mais aussi Raoul Lemaire en sont à l’origine. Pourtant, deux sensibilités différentes s’opposent rapidement : la première, menée par Raoul Lemaire, entend définir une méthode unique et la diffuser la plus largement possible13 ; sur le plan politique, Lemaire s’illustre par ailleurs par des prises de position très hostiles à l’État et aux grands groupes financiers – ce qui s’accompagne de relents antisémites marqués14. L’autre tendance refuse toute attache commerciale et prône la diversité des pratiques au sein de l’agriculture biologique qui ne pourra progresser que par la recherche et l’expérimentation. Elle entend également tisser des liens plus étroits entre les producteurs et les consommateurs15.
14Nature et Progrès est ainsi marquée dès l’origine par certains principes tels que le refus de s’inscrire dans la perspective d’une contre-société, refusant certaines des valeurs fondatrices des Trente Glorieuses, mais aussi le recours à une démarche expérimentale et scientifique, deux caractéristiques qui jouent un rôle important dans son évolution ultérieure.
Les politiques de modernisation agricole en procès
15Nature et Progrès est créée alors que la modernisation agricole bat son plein – que l’on pense aux lois d’orientation agricole de 1960 (qui entérine la baisse du nombre d’agriculteurs) ou de 1962. La mécanisation, qui implique dans une large mesure le remembrement, la spécialisation des régions agricoles et surtout le recours massif aux intrants d’origine chimique (engrais, pesticides, fongicides) ont alors d’innombrables conséquences sur les écosystèmes, les structures agraires, le nombre d’actifs agricoles, les rendements et la qualité des produits.
16Face à ces évolutions, les membres de Nature et Progrès formulent un certain nombre de critiques liées aux pratiques agricoles mais dont les implications sont bien plus profondes, tant sur la santé humaine que sur l’évolution de l’ensemble de la société.
17À bien des égards, les critiques formulées par Nature et Progrès trouvent leurs origines intellectuelles dans une critique naturiste du progrès formalisée à la fin du xixe siècle16. Pour le naturisme, l’homme, comme tout phénomène dans l’univers, serait traversé par une force vitale lui permettant de résister aux maladies et de se maintenir en bonne santé, à condition de respecter certaines lois qui garantissent un équilibre dans toutes choses. Matteo Tavera paraît être, parmi les trois fondateurs, celui qui s’inscrit le plus dans une réflexion qui prolonge les théories du rythme sur les influences qu’ont, sur tous les êtres vivants, les courants de l’électricité naturelle issue tant de la terre que du cosmos17. Dans cette perspective, les naturistes considèrent que le mode de vie moderne suscité par l’industrialisation affaiblit les capacités de résistance de l’organisme en supprimant l’effort physique et en introduisant des déséquilibres dans l’alimentation.
18Aux yeux des premiers membres de Nature et Progrès, la modernisation agricole est abordée serait à l’origine de carences qui toucheraient aussi bien les sols que les animaux ou encore les hommes18. Par le recours à des engrais chimiques qui se sont substitués à l’humus, l’agriculture industrielle appauvrit le sol en passant d’un cycle naturel à un cycle artificiel19. Privé de fumier et d’humus, le sol produit des végétaux vulnérables aux maladies et aux parasites, ce qui favorise l’apparition de carences et contraint d’autant plus à l’utilisation de produits phytosanitaires présentés comme des « poisons20 ». Dans ces conditions, la qualité des aliments se dégrade d’un point de vue gustatif mais surtout nutritif, faisant craindre une dégénérescence de l’espèce, peur très présente depuis le début du xxe siècle dans certains milieux21.
19Cette hantise biologique s’ajouterait à un péril suscité par la disparition rapide des paysans et de la civilisation dont ils sont le fondement. Ainsi, le remembrement est présenté comme un viol des équilibres naturels mais aussi une remise en cause des traditions ancestrales qui reflétaient sagesse et expérience propres à la « civilisation du bocage22 ». Il faut néanmoins relever que les premiers animateurs de Nature et Progrès n’insistent pas tous avec la même vigueur sur les maux de la société industrielle qui aurait tourné le dos à l’immémoriale civilisation agraire. Ainsi, André Birre fustige un « mauvais emploi des techniques » dont les conséquences se font sentir bien au-delà de la seule question de l’agriculture, évoquant pêle-mêle les maladies de civilisation, la tristesse de la société ou encore le débordement de la sexualité23. À l’inverse, André Louis semble avoir davantage tendance à envisager ces questions d’un point de vue technique24.
Une critique réactionnaire ?
20Cette critique de la modernisation agricole témoigne-t-elle d’une pensée réactionnaire, d’une aspiration plus ou moins assumée à un retour à un âge d’or de la paysannerie dans une actualisation de l’idéologie agrarienne ? Autrement dit, quel est le modèle de société voulu par les fondateurs de Nature et Progrès ?
21De fait, les références intellectuelles des fondateurs de Nature et Progrès ne sont assurément pas marquées du sceau du progressisme. André Louis cite trois personnes dans ce domaine : Rudolf Steiner (inspirateur de l’agriculture biodynamique), Paul Carton et Alexis Carrel25. De son côté, André Birre se réfère avec enthousiasme à Jean Yole (notamment pour son œuvre La Terre et les vivants de 1941)26 ou Henri Pourrat27 et évoque également les appels pour un retour à la terre émis sous Vichy.
22Dans la perspective naturiste, le retour aux lois de la nature est la seule voie possible pour éviter la décadence et la dégénérescence. Parmi les théoriciens de Nature et Progrès, André Birre est probablement celui qui va le plus loin dans la réflexion sur la société qu’il serait souhaitable de voir advenir. Il évoque la réalisation prochaine de « l’assomption commune et glorieuse de l’être humain et de la Nature » qui permettrait de revenir à un Eden perdu28. Celui-ci serait peuplé par une paysannerie nombreuse, qui aurait la priorité sur l’industrie, dans une société où l’agronome occuperait une place essentielle et où « ce bon gouvernement des œuvres de la terre » garantirait une bonne administration des hommes29. L’humanité reviendrait à une division sexuée des tâches où l’homme serait chargé de la relation avec la Terre et la femme se consacrerait à l’enfantement.
23Au-delà de cette critique de la société industrielle et urbaine, les fondateurs de Nature et Progrès entendent avant tout expérimenter sur le terrain qu’il s’agisse de nouvelles pratiques, de nouvelles cultures voire de la recherche de meilleurs rendements en refusant de ne promouvoir qu’une méthode unique. Cette approche pragmatique, qui s’apparente à une recherche en plein air30, est essentielle pour faire évoluer Nature et Progrès vers une démarche critique à l’égard de la modernisation agricole qui ne soit pas uniquement ou unanimement réactionnaire.
24Par ailleurs, au contraire de Raoul Lemaire qui se défie de l’État en général et en particulier de toutes les institutions qui prétendraient s’immiscer dans les pratiques des paysans, Nature et Progrès s’attache dès ses premières années à nouer des contacts et à se faire reconnaître des pouvoirs publics comme un interlocuteur fiable. Jean Kelling, professeur à l’Institut national d’agronomie et l’un des rares chercheurs à prêter une oreille bienveillante à l’agrobiologie, est ainsi invité à plusieurs reprises pour présider des conférences de l’association31. Cependant, hormis ce lien très spécifique, il semble bien que dans les années 1960 Nature et Progrès ne puisse que déplorer l’absence de dialogue et de reconnaissance de la part des institutions de recherche32. Il faut néanmoins souligner qu’une commission supérieure de la Qualité est établie par le ministère de l’Agriculture et que Jacques-William Bas, président de l’Afran et administrateur de Nature et Progrès, est invité à y siéger.
25Durant les années 1960, la démarche de Nature et Progrès est pour le moins complexe et ne saurait être réduite à une seule étiquette. D’une part, les animateurs de Nature et Progrès entendent indubitablement mettre en œuvre une démarche expérimentale répondant à des critères de validation scientifique. Ils visent ainsi à être reconnus comme des interlocuteurs légitimes par les autorités instituées (Inra, ministère de l’Agriculture).
26Pour autant, malgré des appels répétés à l’ouverture, Nature et Progrès demeure dans les années 1960 largement cantonnée aux milieux naturistes marqués par les critiques du progrès des années 1930.
27Soulignons par ailleurs que l’agrobiologie demeure durant les années 1960 une pratique marginale. En 1964, 200 agriculteurs adhéreraient à la méthode Lemaire-Boucher (1 500 en 197133). En 1968, le congrès de Nature et Progrès à Bordeaux rassemble 250 participants, chiffre jamais atteint auparavant34. À cette date, l’association compterait 2 000 membres35.
Nature et Progrès dans le tournant environnemental
28Association fondée par des personnes nées au début du xxe siècle et marquées par la critique naturiste de la société industrielle, Nature et Progrès n’était pas a priori destinée à renouveler ses fondements conceptuels dans le contexte du tournant environnemental.
29Pourtant, dès la fin des années 1960, les colonnes de la revue de l’association s’ouvrent à de nouvelles analyses qui enrichissent et actualisent les critiques de la modernisation agricole pour ainsi placer Nature et Progrès au cœur de l’émergence des mouvements écologistes en France.
30Une telle évolution est accélérée par un événement tragique qui entraîne un profond renouvèlement des instances dirigeantes de l’organisation. Le 3 mai 1970, André Louis, Matteo Tavera et sa femme trouvent en effet la mort sur les routes de Bretagne et c’est Roland Chevriot (1936-1988), ingénieur de recherche, qui prend la présidence de Nature et Progrès.
31L’ouverture militante et doctrinale de l’association, déjà perceptible auparavant, prend alors de l’ampleur en intégrant les enjeux environnementaux et écologiques et en cherchant à convaincre le grand public du bien-fondé de ses positions.
Nature et Progrès et le tournant environnemental
32À la fin des années 1960, avant l’accident qui entraîne la disparition d’une partie des fondateurs de l’association, il est déjà possible de discerner en son sein une évolution dans le rapport aux enjeux environnementaux.
33Dans les analyses de Nature et Progrès, la nature était jusqu’alors envisagée d’un point de vue essentiellement moral et symbolique comme le reflet et la manifestation des lois auxquelles toute chose devait se conformer. Par la suite, les termes « écologie » et « environnement » deviennent de plus en plus présents dans la revue Nature et Progrès36 : l’homme, sa santé et sa régénération restent des préoccupations essentielles mais les animateurs de l’association élargissent leur critique de la modernisation agricole et de la société industrielle. Ainsi, en 1968, un article s’inquiète de l’inévitable épuisement des ressources naturelles sans lesquelles l’homme n’est rien puisqu’il « est un maillon de la nature37 ». L’année suivante, c’est le problème de la raréfaction et de la pollution de l’eau qui est soulevé38.
34Sur ce point, deux tendances coexistent dès lors au sein de Nature et Progrès. L’une reconnaît l’intérêt d’une approche écologique mais demeure malgré tout attachée à ce que l’association soit essentiellement centrée sur la promotion de l’agrobiologie. Ainsi, lors du congrès de l’association à Tours en 1970, certains membres déplorent que l’écologie ne se concentre que sur les pollutions industrielles et les parcs nationaux, oubliant trop souvent l’agriculture39. Ils craignent par ailleurs que les politiques de création de parcs naturels n’aboutissent qu’à une approche duale et déséquilibrée de l’espace, préservant quelques îlots de nature sauvage, livrant le reste du pays à l’urbanisation et à la monoculture40.
35D’autres acteurs importants de Nature et Progrès, notamment Roland Chevriot et René Duchet, respectivement président et vice-président de l’association à partir de 1970, considèrent quant à eux que, sans que cela ne remette en cause l’importance de l’agrobiologie, la gravité de la crise écologique impose d’élargir les enjeux. Ainsi, après avoir évoqué les pollutions et la protection de la nature, René Duchet déclare que « nous sommes tous menacés par les mêmes périls. Comprendrons-nous, avant qu’il ne soit trop tard, que le salut ne peut venir que de nous tous, citadins et paysans, producteurs et consommateurs, unis dans un irrésistible réflexe de défense ? […] Comprendrons-nous enfin que la défense de l’agriculture, la protection de la nature, la défense de l’homme, de la vie et de la paix, sont indissolublement liées41 ? » De même, Roland Chevriot s’attache à élargir les sujets évoqués par l’association et à nouer des liens avec les mouvements écologistes. Un tel engagement aboutit à sa nomination au Conseil de l’information sur l’énergie électronucléaire (créé en 1977), ce qui le conduit notamment à entreprendre un voyage d’étude aux États-Unis à la suite de l’accident de Three Mile Island (28 mars 1979).
36Cette prise de distance avec une critique naturiste de la modernisation agricole de la part des instances dirigeantes s’accompagne par ailleurs d’un approfondissement de l’ouverture auprès des consommateurs.
Une association de consommateur plus que d’agriculteurs ?
37Dès sa fondation, Nature et Progrès s’est donné pour but de diffuser le plus largement possible ses analyses. Pour autant, le nombre de ses membres ou de participants aux congrès annuels demeure modeste durant l’ensemble des années 1960. Une fois devenu président, Roland Chevriot entend tirer parti de l’intérêt nouveau du public pour les enjeux environnementaux pour sortir Nature et Progrès « de l’ombre42 ». Ce faisant, il contribue au déplacement des problématiques de l’association d’agrobiologie de la production en tant que telle vers le lien entre producteurs et consommateurs.
38Au début du mois de novembre 1972, un grand congrès de l’association est ainsi organisé à Versailles43. L’objectif est d’informer le grand public, de lui faire découvrir les produits d’origine biologique et de faire de Nature et Progrès un lieu de débat sur les questions environnementales. Cette première grande manifestation est un succès puisqu’elle réunit 3 500 congressistes (contre 350 les années précédentes) tandis que 5 000 personnes parcourent le « salon de la qualité » qui réunit dans le grand hall près de 80 exposants. En trois jours, 130 journalistes visitent le congrès à l’issue duquel 90 articles sont publiés.
39De même, en 1974, Nature et Progrès met sur pied le « rendez-vous de la qualité » qui traduit une nouvelle orientation centrée sur le lien consommateur/producteur par la mise en avant de la vente directe et par l’élaboration, progressive, d’un cahier des charges Nature et Progrès44. Cette décision est motivée par la volonté de faciliter le choix des consommateurs en améliorant la transparence de la filière, ce qui, par contrecoup, devrait permettre aux agriculteurs de trouver de nouveaux débouchés.
40De même, au cours des années 1970, Nature et Progrès parvient à nouer des relations plus apaisées avec certains représentants de la recherche agronomique. C’est ainsi que plusieurs membres de l’Inra (inspecteurs généraux ou directeurs de station) présents à titre personnel ainsi que des professeurs d’université tels que Bernard Boullard (professeur de biologie végétale à Rouen) ou François Ramade (professeur d’écologie à Paris-Sud) sont présents au congrès de l’association en 197445. Ce début d’ouverture intervient dans un contexte où les problèmes et les conséquences de la modernisation agricole apparaissent au grand jour, y compris aux yeux de ceux qui s’en sont fait les hérauts comme Jacques Poly46.
41Ainsi, au cours des années 1970, Nature et Progrès paraît évoluer dans son rapport à la modernisation agricole. Les critiques demeurent mais l’objectif ne semble plus tant d’empêcher de telles évolutions mais plutôt de promouvoir des solutions alternatives appelées à être progressivement généralisées.
Nature et Progrès face au défi de la reconnaissance et de la labellisation de l’agriculture biologique
42Au cours des années 1970, le nombre d’adhérents à Nature et Progrès augmente sensiblement comme le montre le tableau ci-dessous. Sans qu’il soit possible de parler d’un mouvement de masse, cette hausse des effectifs accroît inévitablement la diversité des positions au sein de l’association.
Tableau 1. – Évolution du nombre d’adhérents à Nature et Progrès (1968-1977).
Novembre 1968 | 2 000* |
Janvier 1974 | 4 000° |
Décembre 1977 | 6 000† |
Novembre 1978 | 7 000‡ |

* Tavera M., « Activités de l’association », Nature et Progrès, 5e année, no 3, juillet-septembre 1968, p. 4.
° Chevriot R., « Dix ans d’existence », Nature et Progrès, 11e année, janvier-mars 1974, p. 1.
† Vadrot C.-M., L’écologie. Histoire d’une subversion, Paris, Syros, 1977, p. 193.
‡ Grall J., « L’association Nature et Progrès réclame une marque distinctive pour les produits agrobiologiques », Le Monde, 21 novembre 1978.
43Dans une large mesure, la croissance de Nature et Progrès et les déséquilibres induits par celle-ci contribuent à fragiliser le collectif. Trois sensibilités semblent ainsi cohabiter au sein de l’association à l’heure où la reconnaissance de l’agriculture biologique par les pouvoirs publics se pose avec de plus en plus d’acuité.
44La première sensibilité identifiable au sein de Nature et Progrès entend privilégier l’agriculture biologique en tant qu’ensemble de techniques qu’il conviendrait d’expérimenter et de perfectionner. L’orientation donnée dans les années 1970 autour d’une ouverture aux enjeux environnementaux et de services en direction des consommateurs est à leurs yeux pour ainsi dire hors de propos. Dès 1974, un agriculteur lecteur de Nature et Progrès écrit à la revue pour se plaindre que celle-ci serait à ses yeux de plus en plus plate et contiendrait trop d’informations commerciales allant jusqu’à considérer que l’aboutissement logique – et dommageable selon lui – serait une fusion avec La Gueule ouverte, l’un des principaux périodiques écologistes et contestataires des années 197047. Pour des raisons similaires, Claude Aubert, ingénieur agronome l’une des chevilles ouvrières de l’association en tant que secrétaire général et directeur de la revue, s’en éloigne, se déclarant partisan avant tout d’un conseil aux agriculteurs et souhaitant que Nature et Progrès prenne parti entre les différentes méthodes plutôt que de se contenter d’une posture unanimiste destinée au grand public48.
45Faute de sources, il est difficile de donner des renseignements précis sur le profil des adhérents mais, en tout état de cause, une telle approche semble minoritaire et surtout peu influente au sein de l’association d’autant que la part des agriculteurs au sein de Nature et Progrès semble toujours limitée. 70 % des lecteurs de Nature et Progrès seraient des citadins en 197449 et les agriculteurs seraient ainsi 1 000 sur les 7 000 membres que compte l’organisation en 197850. Dès lors, il est probable que ces désaccords se soldent avant tout par des démarches de défection silencieuse (exit51) que de tentatives d’infléchir l’orientation adoptée par la direction aux commandes depuis 1970.
46Il en va différemment pour une autre sensibilité qui met en œuvre une stratégie de prise de parole (voice). Le groupe de Roanne constitue à partir de 1975 une opposition structurée à l’équipe en place. Animé notamment par Yves Le Pape52, ce groupe entend articuler de manière spécifique l’agriculture biologique et la transformation de la société. À ses yeux, la priorité accordée aux liens entre les producteurs et les consommateurs ne serait qu’un prétexte à une dérive commerciale de l’agrobiologie dont le symbole serait le salon Marjolaine créé en 197653. Il s’agit d’une grande foire-exposition sur 6 000 m ² à l’ancienne gare de la Bastille où des commerçants présentent et vendent des produits alimentaires, des vêtements en fibres naturelles, des livres ou encore des idées de loisir54. Le groupe de Roanne considère qu’une telle orientation ne fera que renforcer l’image élitiste et marginale de l’alimentation biologique alors que celle-ci ne pourrait véritablement réaliser son potentiel de transformation de la société qu’en s’inscrivant dans une perspective plus large55. Le groupe de Roanne déplore en outre que Nature et Progrès soit gérée de manière centralisée par un petit nombre de personnes et exige une plus grande décentralisation de la prise de décision.
47Fondamentalement, le groupe de Roanne considère que l’agriculture biologique pourrait constituer une véritable alternative car « si l’on aspire aux objectifs du mouvement écologique, on peut en effet considérer que la voie ouverte par l’agriculture biologique est très importante56 ». Aux yeux d’Yves Le Pape, l’agrobiologie permettrait la maîtrise des technologies par des communautés de petite taille sans nécessiter une extension des institutions de recherche, de production et de contrôle qui caractériseraient le système social classique.
48Le groupe de Roanne est mis en minorité lors des assises de Nature et Progrès à Vichy et l’équipe dirigeante en place depuis le début de la décennie conserve ainsi le contrôle de l’association tout au long des années 1970.
49Celle-ci est guidée par l’idée que l’agrobiologie doit s’adresser avant tout aux consommateurs et aux pouvoirs publics en rénovant et en actualisant ses analyses au regard de la crise écologique tout en se tenant à l’écart de prises de position explicitement partisanes57. Néanmoins, cette approche irénique n’est pas suffisante pour maintenir la cohésion du collectif et permettre à Nature et Progrès de peser dans les discussions avec les pouvoirs publics sur une éventuelle labellisation de l’agriculture biologique à la fin des années 1970.
50Ainsi, de nombreux agriculteurs parmi les plus dynamiques quittent alors Nature et Progrès pour la Fédération nationale de l’agriculture biologique notamment animée par Philippe Desbrosses58. Celle-ci, aux côtés de 16 autres organisations, favorise la rédaction de la charte de Blois qui est à la fois une convention interprofessionnelle et un cahier des charges définissant les caractéristiques de l’agriculture biologique, tirant ainsi parti des possibilités ouvertes par la loi d’orientation agricole de 198059.
51Organisation essentielle dans la visibilité plus grande acquise par l’agriculture biologique dans les années 1970, Nature et Progrès est donc reléguée au second plan à la fin de la décennie même si, encore aujourd’hui, l’association et sa mention spécifique existent toujours60.
Conclusion
52Fondée en 1964, Nature et Progrès connaît au cours des deux décennies qui suivent des évolutions très sensibles dans la manière dont ses membres envisagent l’agrobiologie, ses implications philosophiques et politiques et la manière dont elle peut agir contre la modernisation de l’agriculture.
53Si la matrice naturiste et, dans une certaine mesure, réactionnaire est encore particulièrement prégnante dans les premières années d’existence de l’association, celle-ci est progressivement infléchie et redéfinie et parfois remise en cause. Il est donc impossible de considérer que l’agrobiologie serait tout entière déterminée par une partie de ses origines idéologiques, aussi extrémistes soient-elles.
54La critique de la modernisation agricole ne doit donc pas uniquement être envisagée comme une opposition pied à pied à une modernité honnie tant il semble plus juste de parler de trajectoires multiples et plus entremêlées qu’on aurait pu le croire de prime abord. Si les idées issues du naturisme ne sont jamais totalement oubliées, elles sont progressivement reléguées dans le champ des pratiques alternatives personnelles et c’est bien davantage les enseignements issus de l’écologie qui s’imposent comme arguments pour justifier le combat en faveur de l’agrobiologie. Au niveau agronomique, la dénonciation de la modernisation agricole telle qu’elle s’effectue n’entrave pas une réflexion sur la possibilité d’un progrès technique ou sur les expérimentations à mener pour accroître les rendements.
55Dans les années 1960, plusieurs sensibilités se structurent au sein de l’association qui reflètent autant de visions différentes de la place de l’agrobiologie dans la société. Néanmoins, les difficultés de Nature et Progrès dès la fin de la décennie montrent combien cette richesse peut être difficile à gérer.
Notes de bas de page
1Jarrige F., Au temps des « tueuses de bras ». Les bris de machines à l’aube de l’ère industrielle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 12-13.
2Bivar V., Organic Resistance. The Struggle over Industrial Farming in Postwar France, Chapel Hill, The University of North Carolina Press, 2018.
3Bramwell A., Blood and Soil : Richard Walther Darré and Hitler’s “Green Party”, Bourne End, Kensal Press, 1985.
4Bivar V., Organic Resistance, op. cit.
5On peut ainsi consulter Rivière-Wekstein G. et Kervasdoué J. de, Bio fausses promesses et vrai marketing, Paris, Le Publieur, 2012 dont une partie non négligeable est consacrée à l’histoire de l’agriculture biologique ou encore le site Internet alerte-environnement qui publie régulièrement des articles sur ce thème (à titre d’exemple : « Les racines réac’des précurseurs du bio : le cas de Pierre Gevaert », [http://alerte-environnement.fr/2011/08/26/les-racines-reac%E2%80%99-desprecurseurs-du-bio-le-cas-de-pierre-gevaert/], consulté le 13 septembre 2017). Pour une histoire des débuts de l’agriculture biologique qui dépasse les seuls aspects idéologiques pour entrer dans l’épaisseur des dimensions pratiques, agronomiques et épistémiques voir Pessis C., ce volume.
6Baubérot A., « Aux sources de l’écologisme anarchiste : Louis Rimbault et les communautés végétaliennes en France dans la première moitié du xxe siècle », Le Mouvement social, no 246, 6 mars 2014, p. 63-74 ; Baubérot A., Histoire du naturisme : Le mythe du retour à la nature, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004.
7Anglaret E., « Les fondateurs de Nature et Progrès, des défricheurs cultivés ! », Nature et Progrès, no 100, novembre 2014, p. 15.
8Gobbi G., André-Henri Louis. Un agronome anticonformiste de l’après-guerre. 40 ans de lutte et de passion au service de la nature et de l’environnement, s. l. n. e., août 2011, p. 12.
9Birre A., Une autre révolution. Pour se réconcilier avec la terre, Paris, Jean-Pierre Delarge éditeur, 1976, p. 13.
10Anglaret E., « Les fondateurs de Nature et Progrès », art. cité, p. 14.
11Birre A., Une politique de la terre. Une espérance de nature biologique et humaine, Lille, Vie et action, 1967, p. 11.
12Créée en 1969, la SEPANSO est la Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest et participe de la vague de création d’associations de protection de la nature à l’échelle régionale au tournant des années 1960 et 1970. « André Louis », Nature et Progrès, no 69, janvier-mars 1981, p. 36.
13Celle-ci est formalisée en 1963 sous le nom de méthode Lemaire-Boucher.
14Bivar V., Organic Resistance, op. cit.
15Chevriot R., « En témoignage de fidélité », Nature et Progrès, 7e année, no 3, juillet-septembre 1970, p. 3.
16Baubérot A., Histoire du naturisme, op. cit.
17Tavera M., La Mission sacrée : Une hypothèse sur le droit à la vie et à la santé, Paris, OCIA, 1969.
18Birre A., Une politique de la terre, op. cit., p. 50.
19« Notre civilisation est des apprentis sorciers », Sud-Ouest, 4 décembre 1966, p. 2.
20« Une association d’études biopolitiques est créée à Bordeaux », Sud-Ouest, 5 décembre 1966, p. 5.
21Kaplan S. L., Le Pain maudit. Retour sur la France des années oubliées (1945-1958), Paris, Fayard, 2008, p. 156 sqq.
22Goachet R., « Le drame du bocage français », Nature et Progrès, no 1, janvier-mars 1973, p. 30.
23« Notre civilisation est des apprentis sorciers », Sud-Ouest, 4 décembre 1966, p. 2.
24« Politique moderne. Rendement à tout prix », Nature et Progrès, 4e année, no 1, janvier-mars 1967, p. 36.
25Birre A., Une politique de la terre, op. cit., p. 10.
26Jean Yole (1878-1956), écrivain et sénateur de Vendée, ayant voté les pleins pouvoirs à Pétain en 1940, nommé au Conseil national en 1941 avant d’être déclaré inéligible à la Libération.
27(1887-1959). Récipiendaire du prix Goncourt pour Vent de mars en 1941 au cours d’une cérémonie placée sous le patronage du maréchal Pétain, il fait figure d’« “intellectuel organique” du régime de Vichy » prêchant le retour à la terre.
28Birre A., Une autre révolution, op. cit., p. 380.
29Ibid., p. 377.
30Barthe Y., Callon M. et Lascoumes P., Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, Paris, Points, 2014.
31« Une association d’études biopolitiques est créée à Bordeaux », Sud-Ouest, 5 décembre 1966, p. 5. Binder M., « Tribune libre. Aspect et qualité », Sud-Ouest, 17 mars 1967, p. 13.
32Christian Mouchet, étudiant à l’École nationale supérieure agronomique de Rennes (1969-1972) puis professeur d’économie rurale à Agrocampus-Rennes, rapporte n’avoir pour ainsi jamais entendu parler de l’agriculture biologique durant ses études si ce n’est pour que celle-ci soit dénigrée. Mouchet C., « Postface », in M. Calame (dir.), Une agriculture pour le xxie siècle : manifeste pour une agronomie biologique, Paris, Éditions Charles Léopold Mayer, 2007, p. 135-136.
33Bivar V., Organic Resistance, op. cit.
34Hervois P. H., « Comment concilier nature et progrès industriel ? », Sud-Ouest, 15 novembre 1968, p. 12.
35Tavera M., « Activités de l’association », Nature et Progrès, 6e année, no 1, janvier-mars 1969, p. 4.
36Ces deux termes apparaissent respectivement dans les numéros d’avril-juin 1970 (no 2) et juillet-septembre 1970 (no 3) de Nature et Progrès.
37Richli K., « Priorité à la vie ! », Nature et Progrès, 5e année, no 1, janvier-mars 1968, p. 36.
38Ménager V., « Le problème de l’eau douce en France », Nature et Progrès, 6e année, no 2, avril-juin 1969, p. 39-40. L’auteur s’inquiète des pollutions par les engrais et pesticides qui se diffusent jusqu’en Antarctique.
39« Congrès “Nature et Progrès” des 20-22 novembre à Tours », Nature et Progrès, 7e année, no 3, juillet-septembre 1970, p. 38.
40Ibid.
41Duchet R., « Réflexions sur l’actualité », Nature et Progrès, 8e année, no 2, avril-juin 1971, p. 4.
42Chevriot R., « Quand “Nature et Progrès” sort de l’ombre », Nature et Progrès, 8e année, no 2, avril-juin 1971, p. 1.
43Chevriot R., « Au-delà de Versailles », Nature et Progrès, 10e année, no 1, janvier-mars 1973, p. 1.
44Chevriot R., « Au rendez-vous de la Qualité », Nature et Progrès, 11e année, no 4, octobre-décembre 1974, p. 1.
45« Après le congrès de Nature et Progrès, les “agriculteurs biologiques” obtiennent droit de cité », Le Monde, 21 novembre 1974.
46Jacques Poly, chef du service de Génétique de l’Inra, publie en juillet 1978 un rapport intitulé Pour une agriculture plus économe et plus autonome. Immédiatement après, il devient président-directeur général de l’Inra entre 1978 et 1988. Celui-ci n’est en rien favorable à l’agriculture biologique telle qu’elle est prônée par Nature et Progrès mais en appelle dans son rapport à la mise en œuvre d’une agriculture à haute valeur ajoutée, plus attentive aux sols, plus autonome et qui réintroduise l’élevage extensif. Voir « Jacques Poly » in L. Cointot, E. Connehaye et J.-F. Launay (dir.), Agro-mots. 70 mots pour comprendre l’alimentation, l’agriculture et l’environnement, Versailles, Éditions Quæ/Cherche-Midi, 2016.
47« Nature et Progrès, revue d’information écologique ? », Nature et Progrès, 11e année, no 2, avril-juin 1974, p. 25.
48Aubert C., « Quelques mots d’explication », Nature et Progrès, 11e année, no 2, avril-juin 1974, p. 31.
49« Qu’attendez-vous de la revue Nature et Progrès ? », Nature et Progrès, 11e année, no 2, avril-juin 1974, p. 25.
50Grall J., « L’association Nature et Progrès réclame une marque distinctive pour les produits agrobiologiques », Le Monde, 21 novembre 1978. Soulignons qu’à cette date, la France compte peut-être 7 à 10 000 agriculteurs biologiques.
51Hirschman A. O., Exit, Voice, Loyalty. Défection et prise de parole, Bruxelles, Éditions de l’université de Belgique, 2017.
52Ingénieur de recherche qui travaille à l’époque à l’Irep (Institut de recherche économique et de planification) de Grenoble avant de rejoindre l’Inra. Il est le co-auteur de 1975 de L’agriculture biologique en France, écologie ou mythologie avec Pierre Cadiou, Françoise Mathieu-Gaudrot et André Lefebvre et paru aux Presses universitaires de Grenoble.
53Dès 1974, « Au rendez-vous de la Qualité » également organisé par Nature et Progrès remplissait le même office. Voir Chevriot R., « Au rendez-vous de la qualité », Nature et Progrès, 11e année, no 4, octobre-décembre 1974, p. 1.
54Chevriot R., « Pourquoi Marjolaine ? », Nature et Progrès, 13e année, no 49, janvier-mars 1976, p. 3.
55« Les assises », Nature et Progrès, 12e année, no 4, octobre-décembre 1975, p. 36.
56Le Pape Y., « L’agriculture biologique, une alternative ? », Économie rurale, no 128, 1978, p. 31.
57Chevriot R., « Au-delà des luttes partisanes », Nature et Progrès, 13e année, no 50, avril-juin 1976, p. 3.
58Audibert P., « “Bio” à toutes les sauces », Le Monde, 4 août 1980.
59L’article 14 stipule que des cahiers des charges définissant les conditions de production de l’agriculture n’utilisant pas de produits chimiques de synthèse peuvent être homologués par le ministère de l’Agriculture. Voir « L’agriculture biologique se dote d’un code de bonne conduite qui sera soumis à l’administration », Le Monde, 29 juillet 1980.
60Près de 900 produits sont concernés. Voir [http://www.natureetprogres.org/producteurs/professionnels_nature_progres.php], consulté le 29 mai 2018.
Auteur
-
Alexis Vrignon
Agrégé et docteur en histoire, chercheur associé au CRIHAM et CRHIA. Il a consacré sa thèse de doctorat à l’émergence des mouvements écologistes en France et enseigne actuellement dans le secondaire.

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