Épilogue. Le célibat, responsable de l’extinction des familles nobles au xviiie siècle ?
p. 237-250
Texte intégral
1Selon Michel Nassiet, « l’effectif [de la noblesse] s’est effondré, au cours du xviiie siècle, de l’ordre de 40 %1 ». Des monographies ont également révélé des cas d’extinction de maisons anciennes tout au long de ce siècle. C’est ce que constate Jean-Marie Constant en Beauce et, dans une moindre mesure, Laurent Bourquin pour la région angevine2. Notre corpus donne des résultats très similaires : parmi nos quatre lignages, deux s’éteignent dans les années 1750-1760 et un troisième disparaît dans les premières décennies du xixe siècle. Si l’une de ces familles (les Courtenay) a largement entamé sa chute dès le xvie siècle, tel n’est pas le cas des Harlay. Après un xviie siècle qui a vu naître et prospérer plusieurs branches de ce nom, la maison s’éteint progressivement. L’étude suivante permettra d’interroger la responsabilité du célibat (surtout masculin) dans cette disparition. En comparant les Harlay aux familles Béthune et Lameth, qui elles parviennent à survivre au xviiie siècle, nous interrogerons plus largement la question de l’adaptabilité ou de la rigidité des pratiques matrimoniales, mais aussi celle des aléas démographiques.
Carrières religieuses et faillite démographique chez les Harlay : une entrée manquée dans le xviiie siècle
2Dans un testament olographe daté du 5 octobre 1709, Achille de Harlay, ancien premier président au parlement de Paris, supplie son fils de marier sa petite-fille « dans une maison honnête, et qui puisse nous consoler de voir finir la branche aînée de notre famille, et emporter les biens dans une maison étrangère3 ». Les biens des Harlay de Beaumont sont effectivement voués à passer dans une « maison étrangère » puisque le testateur n’a eu qu’un fils (et une fille religieuse morte en 1700) qui lui-même n’a eu qu’un enfant, une fille. Le mariage de cette dernière ne prévoit pas un relèvement de nom et d’armes par son époux, ou par un des enfants à naître. Plus largement en 1709, la maison de Harlay, toutes branches confondues, n’est plus représentée que par 3 veuves sans enfants, 1 abbé, 3 hommes mariés (dont le testateur) et 2 jeunes gens (un garçon de 9 ans et la petite-fille du testateur, âgée de 15 ans). Précisons que deux veuves ont moins de 35 ans mais qu’elles n’ont pas réintégré le marché matrimonial : en 1709, l’une est en viduité depuis 8 ans et l’autre depuis 14années. Quant à la troisième veuve, âgée de 50 ans, elle n’est plus une bonne candidate à la maternité. Dix ans plus tard, la famille se trouve réduite à sa portion congrue : seules demeurent les trois veuves, l’un des hommes mariés mais voué à un mariage visiblement infécond, et la petite-fille d’Achille de Harlay mariée dans la famille de Montmorency-Luxembourg. Le nom de Harlay est donc condamné à disparaître, faute de descendance masculine et faute de reprise du nom.
3Observons la maison de Harlay, moins de deux siècles plus tôt, au début de notre étude. Dans la généalogie schématique no 1, les « enfants » désignent celles et ceux ayant atteint l’âge adulte et les célibataires sont les individus qui sont morts sans alliance en ayant dépassé l’âge médian au premier mariage. Le nom des différentes branches est mis en valeur par des rectangles noirs – des dates indiquent les mariages fondateurs ou continuateurs des branches en question. Pour simplifier la compréhension de cette généalogie, nous ne faisons pas apparaître les descendances féminines. De plus, aucun mâle né de femmes Harlay n’a relevé le nom et les armes de la maison, ce qui n’a pas rendu nécessaire l’inclusion de ces descendances à notre démonstration.
4Le couple formé, en 1493, par Louis de Harlay et Germaine Cœur a eu douze enfants. Parmi eux, trois fils sont à l’origine de trois branches : de l’aînée à la benjamine il s’agit des branches de Beaumont, de Sancy et de Césy. À la génération suivante, deux fils Harlay de Sancy se marient, créant deux ramifications (Sancy et Monglat). Pourtant, aucune ne survit à l’entrée dans le xviie siècle, alors qu’elles étaient pourvues en mâles. Chez les Sancy, l’aîné des garçons meurt au combat à 22 ans, sans avoir embrassé de condition. Ses deux frères puînés, Achille et Henri, se sont voués à l’Église. Chez les Monglat, un fils nommé Jacques devient chevalier de Malte en 15964, avant de disparaître de nos archives. Nous ne connaissons pas sa date de mort. L’autre fils, Robert, meurt sans alliance en 1615. Il a été grand louvetier de France de 1612 à sa mort, dans un duel (généalogie schématique 1)5.
Généalogie schématique 1. – Les Harlay en lignes masculines (xvie-xviiie siècle).

5Dans les années 1580, la branche de Césy se divise également en deux rameaux et l’un des mariages donne naissance aux Champvallon. Toutefois, aucun ne se perpétue au xviiie siècle : les Harlay de Césy s’éteignent en la personne de Roger de Harlay, évêque de Lodève (mort en 1669), et la branche de Champvallon se voit dépourvue de mâle en 1695 alors que décède François de Harlay, archevêque de Paris. Les Harlay de Beaumont, qui se sont dédoublés dans le premier tiers du xviie siècle, en créant la branche de Cély, ferment la danse. L’extinction des Beaumont en ligne masculine se fait en la personne d’Achille IV de Harlay, qui meurt en 1717, sans descendance masculine malgré son mariage. Louis-Achille-Auguste de Harlay Cély est le dernier représentant mâle de la maison de Harlay : il meurt en 1739, privé de postérité suite au décès de son fils en 1717.
6Plusieurs éléments ont donc concouru à la disparition de cette maison noble : outre une reproduction défectueuse ou insuffisante, il convient de réintroduire la question du célibat. En effet, les aléas démographiques ne peuvent représenter un réel danger pour une maison noble tant que plusieurs branches du même nom coexistent. Les dernières décennies du xvie siècle et les premières décennies du xviie siècle donnent naissance, chez les Harlay, à seize garçons dont dix meurent sans alliance. L’effet immédiat de cette politique est l’extinction de trois des cinq branches Harlay nées au début du xvie siècle. Nous parlons bien de politique car l’orientation des carrières de ces hommes célibataires renvoie forcément à un choix de la part de leurs parents : six d’entre eux sont ecclésiastiques. Les quatre autres, y compris le grand louvetier de France, sont morts relativement jeunes (entre 22 et 30 ans maximum) et sans avoir embrassé l’état religieux. Toutefois, les six hommes qui se marient à la même période convolent entre 22 et 32 ans donc une fourchette d’âge similaire. On ne peut pas dire avec assurance que ces quatre garçons morts jeunes seraient restés célibataires, mais on ne peut pas non plus affirmer le contraire. Si on les retire de l’équation, il demeure qu’un homme sur deux a été voué au célibat parmi ceux nés entre 1570 et 1625. Et si certaines branches respectent ce ratio, d’autres l’amplifient considérablement. Les Sancy, Monglat et Césy ne s’éteignent pas faute de postérité mais faute d’alliances (généalogie schématique 2).
Généalogie schématique 2. – Extinctions des branches de Sancy, Monglat et Césy.

7Aux dernières générations de ces trois branches, aucun homme n’a été marié, ce qui représente entre deux et trois frères par fratrie. Pour les Sancy et Césy, la carrière ecclésiastique a réellement été préférée au mariage. Celle-ci a permis à Achille de Harlay-Sancy d’accéder à l’évêché de Saint-Malo, et à Roger de Harlay-Césy de devenir évêque de Lodève. Le frère du premier l’a suivi dans la voie consacrée en devenant prêtre de l’Oratoire. Roger a survécu à son frère (mort sans alliance), mais ne s’est pas marié pour autant. Ces hommes avaient donc bien conscience de ce que représentait leur célibat à l’échelle de leur branche. Le fait de demeurer dans les ordres malgré cette conjoncture montre à quel point les bénéfices ecclésiastiques et l’appartenance au premier ordre étaient des biens inestimables pour les familles. Ces dernières pouvaient risquer la perpétuation des lignages pour conserver de tels privilèges avec l’espoir de s’enrichir et de transmettre les charges en ligne avunculaire. Mais encore fallait-il que naissent des neveux.
8Cela dit, l’extinction d’une branche ne signifie pas l’extinction d’un nom et de tout un lignage, ce qui peut relativiser le « sacrifice » de ces hommes. En effet, à la mort des derniers représentants de Sancy et Césy, entre 1667 et 1669, le nom de Harlay est encore l’apanage d’une descendance masculine importante. Les Beaumont ont à leur tête Achille de Harlay, marié en 1667 et déjà père d’un garçon né l’année suivante. La nouvelle branche de Cély a vu mourir son fondateur en 1667 mais le fils et successeur de ce dernier, Nicolas-Auguste de Harlay, âgé de 20 ans, a dépassé les affres de la prime jeunesse. Chez les Champvallon, François-Bonaventure de Harlay est également père d’un fils, alors âgé d’environ 25 ans. Les trois branches survivantes sont donc pourvues d’héritiers, ce qui console peut-être de l’extinction des trois autres. Toutefois, il convient de rappeler l’origine de la branche de Cély : le père de Nicolas-Auguste de Harlay n’est autre que Christophe-Auguste. Ce dernier aurait dû, à l’image d’un certain nombre de garçons de sa génération, mener une vie religieuse. Il renonce pourtant à sa qualité d’abbé pour épouser sa cousine et fonder une famille. S’il avait été plus attaché au projet familial le concernant, la famille de Harlay se serait vue réduite à deux branches dès le milieu du xviie siècle.
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9Ce refus de créer des branches cadettes, en vouant la moitié des hommes au célibat, continue d’ailleurs de s’appliquer jusqu’à la fin du siècle et au siècle suivant. Il se combine alors à différents facteurs qui, conjugués, deviennent extrêmement mortifères pour l’ensemble du lignage. Dans la branche de Beaumont, alors qu’Achille III de Harlay épouse Madeleine de Lamoignon (1667), son frère Pomponne de Harlay est voué au célibat religieux. Dans les travaux généalogiques il est souvent nommé « docteur en Sorbonne » ; nous le retrouvons ailleurs sous le titre « abbé de Harlay ». Il n’est donc visiblement pas destiné au mariage et sa mort en 1670, à seulement 23 ans, élimine tout espoir de le voir père. Le mariage d’Achille est de bien courte durée puisque Madeleine de Lamoignon meurt en couches (ou des suites de celles-ci) en 1671. Elle a donné naissance à un fils et à une fille – cette dernière naît handicapée et passe sa vie au couvent de Sainte-Élisabeth. Achille ne se remarie pas, le poids de sa succession repose donc entièrement sur ce fils nommé également Achille. Pourtant, Achille IV n’engendre qu’un enfant, une fille, à l’issue d’un long mariage (24 ans de vie commune, et une cohabitation démontrée par Sihem Kchaou6). Cela interroge sur les problèmes de fécondité des couples ou du moins sur la survie des enfants.
10Dans la branche de Cély, trois fils naissent du mariage de Nicolas-Auguste de Harlay et Anne-Françoise Boucherat (1670). Or, seul l’un d’entre eux se marie. Le benjamin est probablement mort jeune puisque nous perdons sa trace après 1695 (date de ses preuves de noblesse auprès de l’ordre Malte7). Le second fils, nommé Louis-François-Achille, devient abbé de Sainte-Colombe de Sens en 17088 et meurt à cette charge, en 1714, âgé de 35 ans. Le frère aîné, quant à lui, est marié en 16989 mais peine à se donner une postérité ou plutôt une postérité viable. Un fils, né en 1700, meurt à 17 ans, et les travaux du père Anselme mentionnent plusieurs enfants morts jeunes10. Pas même dotés d’un prénom dans ces généalogies, il est possible qu’il s’agisse de nourrissons ou de mort-nés dont les archives laissent si peu de traces.
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11Cette étude de la fin des Harlay permet de considérer ensemble plusieurs facteurs ayant concouru à l’extinction du nom. Hormis les deux personnages que nous venons de présenter, la fécondité des hommes n’est pas en cause. La « descendance utile11 » des Harlay en lignes masculines oscille, pour les générations des xvie-xviie siècles, entre trois et six enfants par couple en moyenne. De plus, avant le xviiie siècle, ce n’est jamais le défaut de postérité masculine qui engendre l’extinction d’une branche mais plutôt le « mésusage » des hommes. Selon nous, le maintien de deux politiques issues du xviie siècle et le défaut d’adaptabilité face aux changements, sont responsables de la disparition des Harlay. Ces deux politiques sont le célibat des hommes ou d’une majorité d’entre eux (ce qui empêche la création de branches cadettes) et l’endogamie voire l’hypergamie des femmes qui rend inenvisageable les relèvements de nom et d’armes. On pense à Geneviève-Françoise de Harlay (dernière des Champvallon) qui épouse le marquis de Thiange en 1695, ainsi qu’à Louise-Madeleine de Harlay (dernière des Beaumont) qui s’allie aux Montmorency-Luxembourg en 1711.
12Il convient de s’interroger sur la politique matrimoniale menée par les Harlay. Ces derniers ont pris le risque d’affaiblir démographiquement leur maison en ne mariant qu’une poignée d’hommes (et de femmes). À l’aune de l’extinction de la famille, il est assez tentant de voir dans ces « générations sacrifiées » une erreur de calcul. Le plus surprenant est peut-être la poursuite de cette politique du célibat, principalement dans le cas du frère cadet de Louis-Achille-Auguste (branche de Cély). Alors qu’on aurait pu s’attendre à une reprise massive de la nuptialité des hommes, Louis-François-Achille passe près de vingt ans de sa vie (entre ses 18 et ses 35 ans) dans l’Église.
13Une tout autre politique est menée par la famille de Béthune qui, au début du xviiie siècle, rencontre des difficultés de taille quant à sa perpétuation. L’inventivité et la force d’adaptation dont ses membres font preuve marquent le contrepoint parfait des Harlay.
S’adapter pour survivre : le renouveau des Béthune au xviiie siècle
14Il convient de noter que déjà au xviie siècle, les Béthune n’ont pas adopté avec la même rigueur le célibat masculin. Les « générations sacrifiées » chez les Harlay correspondent, à l’inverse, à une période faste pour les hommes de la maison de Béthune : parmi les 19 fils nés entre 1585 et 1640, 14 se marient. En conservant les mêmes règles que pour la généalogie schématique no 1, observons l’évolution des branches de ce lignage entre le milieu du xvie siècle et le début du xixe siècle. Durant les premières décennies du xviie siècle, les Béthune triplent le nombre de leurs branches masculines (on passe de deux à six lignées). Le défaut de postérité de certains couples, problème que l’on continue de rencontrer à chaque génération, est alors insignifiant à l’échelle de la maison (généalogie schématique 3).
Généalogie schématique 3. – Les Béthune en lignes masculines (xvie-xviiie siècle).

15Parmi les enfants nés au cours du xviie siècle, on compte 22 filles dont 16 célibataires (9 religieuses et 7 laïques) et 31 garçons dont 10 célibataires (7 religieux et 3 laïques). Parmi les enfants nés au xviiie siècle, on dénombre 14 filles dont une seule célibataire (religieuse) et 25 garçons dont un célibataire laïque (et 4 hommes morts sans alliance entre 22 et 24 ans). Les Béthune ont d’abord voué 73 % de leur contingent féminin au célibat, avant de reprendre une nuptialité presque totale au siècle des Lumières. En comparaison, seul un tiers des hommes sont demeurés célibataires au xviie siècle, puis seulement l’un d’entre eux au siècle suivant. Il est donc certain que les hommes et les femmes Béthune n’ont pas eu accès dans les mêmes proportions au mariage. Toutefois, il convient d’examiner de plus près la nuptialité des hommes. La chronologie des unions est primordiale pour juger de la réactivité et de l’adaptabilité des différentes branches et du lignage dans son ensemble. C’est surtout au tournant du xviiie siècle que l’on voit apparaître une dynamique commune. Tout se joue d’abord autour de la branche de Sully. En observant la généalogie schématique, on voit que la dernière génération des Béthune-Sully compte deux hommes mariés. Mais en réalité, c’est la mort du frère aîné sans postérité qui engendre le mariage du cadet. Ainsi, Maximilien-Pierre-François-Nicolas de Béthune épouse Armande du Cambout de Coislin en 1689. Il meurt en 1712, près de dix ans avant sa femme. Ce couple, dont nous connaissons très peu de chose, est resté infécond. C’est pourquoi en 1719, soit près d’une génération après le mariage de son frère aîné, Maximilien-Henri de Béthune convole lui aussi en justes noces. Il est presque certain que cette union n’aurait pas vu le jour sans le hasard démographique qui a condamné l’aîné des Sully à un défaut de descendance. L’extinction de la branche de Sully est actée par le décès de Maximilien-Henri, également sans enfants, en 1729. Cette date coïncide avec la création de la branche de d’Henrichemont grâce au mariage plus que tardif d’Armand de Béthune avec Marie-Jeanne Aubery de Vatan. Rappelons qu’en 1729, Armand est un ecclésiastique de 73 ans. C’est donc bien pour recueillir une partie du patrimoine de la branche aînée qu’il se marie, avec l’espoir hasardeux et pourtant réalisé de se donner une postérité. L’enchaînement de ces alliances, en 1719 puis 1729, montre bien la réactivité des Béthune face aux circonstances. Contrairement aux Harlay, les hommes ne restent pas figés dans des rôles assignés, ils sont capables de s’adapter pour assurer la perpétuation du lignage.
16Il est intéressant de comparer le parcours d’Armand de Béthune (abbé puis comte d’Orval) à celui de Roger de Courtenay. Les deux hommes sont nés à la même génération (le premier en 1656 et le second en 1647), ils sont cadets (Armand est même le cadet d’un second lit) et ont été élevés pour servir l’Église. Ils bénéficient chacun de la commende d’une abbaye vers l’âge de 20 ans (les Eschallis pour Roger de Courtenay et Sénengue pour Armand de Béthune), à laquelle s’ajoutent d’autres bénéfices ecclésiastiques au cours de leur vie. Toutefois, l’abbé d’Orval choisit de résigner ses charges pour prendre femme. En 1729, la maison de Béthune n’est pourtant pas en défaut de postérité masculine comme le montre notre généalogie schématique. Si la branche de Sully s’est éteinte et que celle d’Orval n’a pas engendré d’héritier mâle, les branches de Selles, de Pologne et de Charost sont déjà riches de six garçons âgés de 5 à 19 ans. C’est donc peut-être par ambition personnelle ou encore avec l’espoir de perpétuer le surnom d’Orval qu’Armand de Béthune se marie. En effet, hormis Armand, il ne reste qu’un seul représentant mâle de la branche de d’Orval et ce dernier n’a engendré que des filles. À l’inverse, Roger de Courtenay conserve le statut d’abbé jusqu’à sa mort à 86 ans. Il assiste à l’extinction de sa maison sans rien tenter.
17Le lignage Courtenay est particulièrement fragilisé depuis le début du xviie siècle, réduit aux deux branches de Bléneau et de Chevillon. La première s’éteint en la personne de Gaspard de Courtenay qui meurt en 1655, sans postérité d’un mariage contracté en 1633. Pour autant, la branche de Chevillon ne modifie pas sa politique matrimoniale. À la génération de Gaspard, un seul homme Chevillon se marie – à ses côtés deux frères embrassent la carrière ecclésiastique, dont l’abbé Roger (généalogie schématique 4).
Généalogie schématique 4. – Les Courtenay en lignes masculines (xviie-xviiie siècle).

18Le père des trois hommes Courtenay-Chevillon avait déjà été le seul fils marié de sa fratrie ; de même que leur grand-père paternel qui avait pourtant à ses côtés trois frères. Face à un système reproduit de génération en génération, il a pu sembler à Roger de Courtenay tout à fait incongru de se défroquer. Surtout qu’il s’inscrivait dans une lignée d’abbé des Eschallis du nom de Courtenay : son oncle Robert et son grand-oncle René y avaient été nommés. Ce refus ou cette incapacité à penser au mariage doit être questionné à l’aune de l’extinction des Courtenay. En effet, la génération des neveux de Roger signe la fin de la branche de Chevillon, et donc du nom : l’aîné meurt sans alliance en 1691 et le cadet sans postérité en 1730, après un mariage long de 25 années. Leur sœur consanguine, Hélène de Courtenay, s’est mariée et a eu quatre fils, mais aucun n’a opéré de relèvement du nom et des armes. Alors pourquoi Roger n’a-t-il pas réintégré le marché matrimonial contrairement à Armand de Béthune ? Voyant que son neveu marié ne parvenait pas à procréer, pourquoi Roger n’a-t-il pas tenté de fournir par lui-même une postérité à son lignage ? Pris dans son habitus ecclésiastique12, il a probablement été incapable d’envisager le mariage. Armand de Béthune, quant à lui, symbolise parfaitement les capacités de sa maison à s’adapter à la conjecture du xviiie siècle et à adopter de nouveaux comportements.
19Chez les Béthune-Charost, la nuptialité des hommes témoigne également d’une grande réactivité face aux événements, et ce dès la fin du xviie siècle. En 1680, Armand de Béthune-Charost se marie : il est le seul d’une fratrie de six adultes à convoler en justes noces ; ses deux frères sont engagés dans l’Église. De ce premier mariage naissent deux fils. L’aîné, Louis-Joseph, est marié en 1704 mais meurt cinq ans plus tard, tout juste père d’un nourrisson de sexe féminin. Le cadet, Paul-François, se marie l’année de la mort de son frère, en 1709. Toutefois, à observer plus finement la chronologie, on apprend que le mariage a lieu avant le décès de l’aîné – ce dernier fait partie des signataires du contrat13. Louis-Joseph ne meurt que quatre mois plus tard, à la bataille de Malplaquet (11 septembre 1709). Le mariage du frère cadet acte donc un changement des pratiques matrimoniales chez les Béthune-Charost : il ne s’agit plus de réagir aux circonstances mais, d’une certaine façon, de prévenir leurs conséquences malheureuses. Il est également possible que les difficultés reproductrices du couple de l’aîné aient provoqué la recherche d’un parti pour le fils cadet. En effet, en cinq ans de mariage, Louis-Joseph et son épouse Marie Brûlart ne semblent pas avoir engendré de postérité ou du moins de « postérité utile ». Les généalogistes du xviiie siècle ne font mention que d’une naissance : Marie-Thérèse de Béthune naît en 1709 et meurt à l’âge de 7 ans. Quoi qu’il en soit, l’heure n’est déjà plus au mariage d’un seul garçon. Louis-Joseph et son frère cadet Paul-François accèdent au statut d’époux aux âges respectifs de 23 et 26 ans – ce faible écart inscrit encore le second mariage dans une logique délibérée et indépendante de l’aîné. Les Charost ont bien tenté de créer deux branches ou du moins ont-ils multiplié leurs chances de perpétuer la ligne. Paul-François de Béthune reconduit cette politique avec ses propres enfants : son fils aîné est marié en 1733 à l’âge de 23 ans. Il meurt deux ans plus tard, des suites d’une blessure reçue au combat, sans laisser de postérité. Basile de Béthune, deuxième fils de Paul-François, est alors destiné au mariage, ce qui le force à quitter l’état ecclésiastique14. Toutefois, le projet matrimonial n’a pas le temps d’aboutir : Basile meurt le 7 avril 1736, seulement cinq mois après son frère aîné. C’est donc le troisième et dernier fils, François-Joseph, qu’on décide de marier. Un contrat est rapidement rédigé : moins d’un an après le décès de Basile, François-Joseph de Béthune épouse Élisabeth Roye de La Rochefoucauld15. Ce dernier est âgé de 18 ans et meurt deux ans plus tard, mais ces deux années ont été prolifiques puisqu’elles donnent naissance à deux enfants dont l’un (mâle) survit. Une grande réactivité est à l’œuvre dans cet enchaînement chronologique. Il est d’ailleurs possible que les tractations matrimoniales entreprises pour Basile aient été poursuivies au bénéfice de son cadet. Avant d’épouser le frère survivant, Élisabeth de La Rochefoucauld a pu être destinée à son aîné défunt.
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20Le xviiie siècle est, pour les Béthune dans leur ensemble, l’occasion de renouer fortement avec la nuptialité. Parmi les individus nés entre 1709 et 1730, 15 atteignent l’âge adulte dont 7 femmes et 8 hommes. Une seule de ces femmes entre en religion et le reste du contingent accède au statut d’épouse. Trois hommes meurent sans alliance, mais à des âges trop précoces pour être qualifiés de célibataires. Ainsi, six femmes se marient, une entre au couvent, et tous les hommes en âge de convoler (5) se marient. À la génération suivante (individus nés entre 1737 et 1761), toutes les filles se marient (7), ainsi que 4 hommes sur 5. La rupture avec le xviie siècle est donc affirmée. Conscients de l’extinction de certaines familles nobles – commentée dans les gazettes et source d’inquiétudes natalistes16 –, les Béthune ont abandonné la politique du célibat et ont appris à réagir face aux accidents et aux circonstances.
21Toutefois, les aléas démographiques sont parfois plus puissants que la volonté des hommes. Parmi les cinq fils Béthune nés entre 1737 et 1756, quatre se marient. Deux restent sans postérité et la descendance des deux autres se trouve réduite à un seul enfant par couple parvenu à l’âge adulte. Une fille née dans la branche de d’Henrichemont épouse le fils dernier descendant des Charost (enfant de François-Joseph et d’Élisabeth de La Rochefoucauld). Mais leur union, contractée en 1790, est rompue par l’exécution d’Edmé-Armand de Béthune-Charost en 179217. La période révolutionnaire est donc fatale aux Béthune. Ainsi, malgré les politiques et les stratégies, malgré les efforts d’adaptation et de renouveau, les familles peuvent s’éteindre. Les facteurs déterminants de la perpétuation des lignages restent la chance et les hasards biologiques : les Lameth en sont la preuve.
L’importance du facteur chance : le miracle des Lameth d’Hénencourt
Célibat et extinction progressive des branches cadettes de Lameth
22Au cours du xviie siècle, l’application d’une « politique du célibat » réduit peu à peu la maison de Lameth à sa portion congrue. À chaque génération représentée ci-dessous, née entre 1580 et 1880, un homme sur deux se marie. Les fils uniques accèdent systématiquement au statut d’époux mais il est moins fréquent que plusieurs frères convolent en justes noces.
23Dans les premières décennies du xviie siècle, les Lameth sont riches de cinq branches et d’une ribambelle d’enfants. Grâce aux mariages de deux frères dans la branche de Pinon, la génération suivante se renouvelle presque à l’identique : quatre lignées subsistent (Hénencourt, Pinon, Presles, Bussy). Toutefois, l’entrée dans le xviiie siècle est plus délicate (généalogie schématique 5).
Généalogie schématique 5. – Les Lameth en lignes masculines (xviie-xixe siècle).

24Claude-François de Lameth-Pinon, marié en 1673, meurt quarante ans plus tard sans postérité. La branche de Bussy, quant à elle, tombe en quenouille et s’éteint définitivement alors qu’aucun des garçons nés des trois sœurs mariées ne devient père. Pourtant, les branches d’Hénencourt et de Presles ne modifient pas leur politique matrimoniale : parmi les cinq hommes nés entre 1697 et 1710, seuls deux se marient – il s’agit de l’aîné de chaque ligne. Le deuxième fils d’Hénencourt est destiné à l’Église ; il meurt en 1746 probablement âgé de plus de 40 ans. Le benjamin, Marie-Louis de Lameth, militaire de carrière, meurt quinquagénaire et célibataire (en 1760). Le célibat de ces hommes n’impacte pas la perpétuation de la branche de d’Hénencourt puisque le mariage de leur frère aîné engendre au moins trois enfants dont deux parviennent à l’âge adulte et se marient. Ce n’est pas le cas de la branche de Presles. Claude-François de Lameth-Presles épouse en 1738 une certaine Marie-Élisabeth Maron. Mais la jeune femme meurt deux ans plus tard, sans postérité. Pour des raisons que nous ne saurions expliquer, le veuf de seulement 42 ans ne se remarie pas. Plus étonnant encore, son frère cadet, François-René, meurt sans alliance à l’âge avancé de 70 ans. Le célibat de ce dernier est doublement intrigant, d’abord au vu des circonstances – il aurait pu accéder au mariage pour tenter de perpétuer la lignée – ensuite au regard de sa position dans la fratrie. En effet, François-René n’est pas seulement le jeune frère de Claude-François, il est aussi le seul fils du second mariage de leur père et donc le seul héritier de sa mère. Né en 1701, il meurt pourtant célibataire en 1771. Les travaux généalogiques nous apprennent qu’il a été nommé capitaine d’un régiment de carabiniers à près de 40 ans. Il a mené, à l’image de Marie-Louis dans la branche de d’Hénencourt, une vie de militaire. Ce sont donc l’infécondité de Claude-François couplée au célibat de François-René qui entraînent la disparition de la dernière branche cadette des Lameth.
25Ainsi, au milieu du xviiie siècle, la maison de Lameth ne repose plus que sur les aînés d’Hénencourt. Pourtant, cette fragilité lignagère ne devient pas synonyme d’extinction comme c’est le cas chez les Harlay ou les Courtenay. Alors que le célibat continue de concerner environ un homme sur deux jusqu’au milieu du xxe siècle, les hasards démographiques restent favorables aux Lameth.
Le hasard biologique sourit aux Lameth d’Hénencourt
26Dans la branche aînée (et dernière survivante) des Lameth, au moins un mâle naît et se marie à chaque génération. Du mariage célébré en 1751 sont issus 7 enfants (6 garçons et 1 fille) dont 4 fils survivent aux affres de la petite enfance. Deux d’entre eux se marient, l’aîné en 1777 et le troisième en 1784 ; ils accèdent au statut d’époux à respectivement 22 et 27 ans. Les deux autres frères Lameth choisissent visiblement de ne pas se marier et mènent une longue vie de célibataire : le deuxième fils meurt presque centenaire (en 1854) et le benjamin atteint le bel âge de 69 ans. Sylvia Delannoy fait d’ailleurs un discret parallèle entre le célibat de ce dernier (Alexandre de Lameth) et son parcours politique : « [il] resta célibataire et fit dans les années 1780 un tour d’Europe qui le mena en Allemagne, en Autriche et en Russie18 ». Tandis que l’aîné s’est installé avec son épouse au château d’Hénencourt et régente les terres familiales, que son autre frère marié mène une vie de courtisan à Versailles, Alexandre est bien plus libre de ses faits et gestes. Toutefois, le courtisan (Charles de Lameth) s’est également fait connaître pour ses engagements politiques. Aux côtés de son frère Alexandre, il a combattu en Amérique pour défendre l’indépendance des treize colonies et il est entré dans la Révolution française en fervent jacobin. Mme de Chastenay, dans ses Mémoires, rappelle les hauts-faits des deux hommes avec une certaine amertume :
« MM. de Lameth, neveux du maréchal de Broglie, étaient de ces jeunes seigneurs français qui avaient été goûter en Amérique l’austérité républicaine. […] ils n’ont pas reculé devant ce dangereux système, ils l’ont caressé, ils lui ont souri19. »
27Ainsi, contrairement aux Béthune, les Lameth ont survécu à la période révolutionnaire. D’abord par conviction, Charles et Alexandre ont siégé à l’Assemblée constituante. Ils y représentent la noblesse libérale acquise aux idées des Lumières et bénéficient pour cela d’une grande popularité20. Mais les années 1791-1792 et surtout la chute de la monarchie entraînent un changement dans leur attitude. Ils s’éloignent du champ politique pour reprendre leurs fonctions militaires, ce qui leur permet un exil à mots couverts. Toutefois, les frères Lameth ne rejoignent pas la contre-Révolution. Sans vraiment trouver leur place, ils sortent pourtant indemnes de la période révolutionnaire. Cette position d’entre-deux leur est même très bénéfique sous l’Empire. Alexandre, le benjamin, mène une carrière de préfet (Basses-Alpes, puis Rhin-et-Moselle, pour finir par le Lot) avant d’être élu député de l’arrondissement de Pontoise. Il est créé baron d’Empire en 1809 et reçoit la Légion d’honneur en 1811. Charles, quant à lui, se rallie à la Restauration en 1814, puis reprend le siège de député de Pontoise à la mort de son cadet (1829)21. Nous savons peu de chose de la vie des deux autres frères Lameth. Ce qui est certain c’est que l’aîné, Augustin de Lameth, a été marié à deux reprises. Le second mariage, célébré en 1811, apparaît comme une réponse à la mort de son dernier fils survivant, Alfred-Malo, en 1809. Contrairement à la branche de Presles, l’aîné d’Hénencourt mène donc une politique active pour donner une descendance utile à son lignage. En 1812, un nouveau garçon (Baudoin de Lameth) naît de cette seconde alliance. Il est marié dès l’âge de 19 ans, en 1831. On peut voir dans ces noces une tentative de conjurer le sort : le fils du premier lit, mort en 1809, avait atteint l’âge de 26 ans sans s’établir. Plus prudent cette fois, Augustin de Lameth souhaite mettre toutes les chances de son côté.
28La famille de Lameth entre donc dans le xixe siècle du côté des vainqueurs : elle réside majoritairement à Paris mais continue d’entretenir son « petit Versailles » picard22. Au-delà d’une réussite sociale, les Lameth ont avec eux la chance biologique puisque chaque génération leur apporte au moins un nouveau mâle. L’actuel propriétaire du château d’Hénencourt, Baudouin de Lameth (né en 1950), est d’ailleurs père d’un fils qui vit actuellement à Amiens avec sa famille.
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29Il est indéniable que la chance a joué un rôle de premier plan dans la perpétuation de cette maison, d’autant que peu de fils parviennent à l’âge adulte à chaque génération. Par exemple, Thibault de Lameth, dont le mariage est célébré en 1905, n’a aucun germain. Déjà dans la fratrie de son père, seuls deux fils avaient survécu à l’enfance.
30Les Lameth sont restés fidèles à un même régime matrimonial, depuis la fin du xvie siècle jusqu’au début du xxe siècle. À l’échelle des générations, la moitié du contingent masculin et à peine plus du contingent féminin se marie. En suivant une attitude généralisée, dans leur milieu comme dans le reste de la société, les couples adoptent également une fécondité plus basse. Au cours du xviiie siècle, les fratries se composent de deux-trois enfants en moyenne. Pourtant, cela ne modifie guère les pratiques matrimoniales, du moins pour les hommes. Le célibat masculin marque toujours la maison de Lameth jusqu’au milieu du xxe siècle. Thibault de Lameth, susmentionné, donne naissance à trois enfants, Henri-Louis en 1906, Jean en 1908 et Marie-Thérèse en 1909. L’aîné, doté d’un prénom familial symbolique, se marie ; il est le père de l’actuel chef de la maison, Baudouin de Lameth. La seule fille accède également au mariage. En revanche, Jean demeure célibataire ; il est mort en 2007, âgé de 99 ans.
⁂
31Les lignages de notre étude ont mis en lumière une « politique du célibat » qui imprègne le xviie siècle et dont certaines familles ne se défont pas au siècle suivant. Les généalogies schématiques permettent de saisir l’ampleur d’un phénomène, reproduit de génération en génération, qui forme système. Lié à des motivations économiques et politiques, le célibat masculin, qu’il soit religieux ou laïque (l’impôt du sang ne doit pas être négligé), entre souvent en contradiction avec l’autre grand objectif des maisons nobles, leur perpétuation.
32Toutefois, la politique du célibat ne doit pas être perçue comme le seul facteur d’extinction. Chacune à leur façon, les maisons Béthune et Lameth montrent que la reproduction dépend aussi, et peut-être davantage, des caprices de la fortune. La première s’adapte, fait preuve d’inventivité, renoue avec la nuptialité, et s’éteint malgré tout. La seconde conserve des comportements d’arrière-garde, maintient la moitié des hommes dans le célibat, ne pallie pas la disparition de branches cadettes, et possède encore aujourd’hui des tenants du nom. Il y a donc une part de mystère dans l’extinction des lignages, un élément qui reste imperméable aux études scientifiques et aux tentatives d’explications structurelles.
Notes de bas de page
1Nassiet, 2000, p. 21.
2Constant, 1981 ; Bourquin, 1998. L. Bourquin constate une chute de 26 % de l’effectif nobiliaire entre les années 1660 et 1789.
3AN, MC/ET/XIV/233, Dépôt des testament et codicille d’Achille de Harlay, le 29 janvier 1718 ; testament en date du 5 octobre 1709.
4AN, MM/620, Dépôt des preuves de noblesse de Jacques de Harlay, le 17 juin 1596.
5AN, O/1/7, fo 96 vo, « Provision de grand louvetier de France pour M. de Monglat par démission de M. Joyeuse, le 21 octobre 1612 ».
6Kchaou, 2012, p. 61-62.
7AN, MM/46, « Preuves de filiation, légitimation et noblesse expédiées le 22 novembre 1695 ». Il s’agit de Jacques-Auguste de Harlay, reçu en minorité à l’âge de 6 ans.
8Boislisle, 1881. Boislisle mentionne également le prieuré de Domont, qui rapportait à l’abbé de Harlay 5 000 livres tournois par an.
9AN, MC/ET/LI/703, Contrat de mariage de Louis-Achille-Auguste de Harlay et Marie-Charlotte de La Vie, le 31 octobre 1698.
10Anselme de Sainte-Marie, 1726-1733, t. VIII, p. 801.
11Boëtsch et Prost, 2001. La « descendance utile » est une notion créée par la démographie pour désigner les enfants parvenus à l’âge adulte et qui sont donc « susceptibles de contribuer efficacement au “remplacement des générations” ».
12Airiau, 2006, § 10 : « L’être sacerdotal, l’habitus ecclésiastique, ce sont des habitudes : l’être est un agir diffracté en une multitude d’opérations concrètes, parce que l’agit dit l’être, a modelé l’être et continue à le modeler, parce que l’agir est social, ordonné par la société ordonnée par lui. » Quellier et Provost, 2008. Le goût des curés pour le jardinage y est présenté comme d’un « habitus ecclésiastique ».
13AN, MC/ET/VIII/883, Contrat de mariage de Paul-François de Béthune et de Julie-Christine-Régine Gorges d’Antraigues, le 2 avril 1709.
14La Chesnaye Desbois, 1771. Il était bachelier en théologie et abbé de Notre-Dame de Jouy depuis le mois de décembre 1731.
15AN, MC/ET/LI/903, Contrat de mariage de François-Joseph de Béthune et de Marthe-Élisabeth de Roye de la Rochefoucauld, les 1er, 2 et 3 mars 1737.
16Blum, 2013. Carol Blum insiste sur la grande diffusion des écrits de Vauban (notamment Méthode générale et facile pour faire le dénombrement des peuples, 1686) et Boisguilbert (Le détail de la France, 1707), et également sur la popularité des Lettres persanes dont certains passages déploient l’idée d’une dépopulation de la France.
17AN, Papiers d’origine privée, v. 3, numéros 202 à 500, « Papiers de Edmé-Armand-Louis-François de Béthune-Charost, condamné ».
18Delannoy, 2010, § 7.
19Chastenay, 1987, p. 80.
20Delannoy, 2010.
21Robinet, Robert et Le Chapelain, 1898, vol. 2, p. 308-309. Une notice est consacrée à Charles-Malo de Lameth (1757-1832), une autre à Alexandre-Théodore de Lameth (1760-1829).
22Wiscart, 2002.

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