Louise Alcan (1910-1987)

1Née à Paris, Louise Alcan a une formation d’historienne de l’art et d’ethnologue. Sous l’Occupation, elle aide activement le réseau du musée de l’Homme et participe au mouvement Combat. Elle diffuse la presse clandestine, héberge des clandestins et transporte des faux papiers. Arrêtée par la Gestapo le 6 décembre 1943, elle est incarcérée à la prison des Baumettes à Marseille, puis internée à Drancy. Le 3 février 1944, Louise Alcan est déportée à Auschwitz-Birkenau. Transférée à Ravensbrück en janvier 1945, elle y passe deux semaines avant d’être transportée dans les kommandos de Malchow et de Leipzig.

2Après son retour en France, Louise Alcan retrouve sa fille, sauvée par des communistes. Son mari et son fils avaient été fusillés. Elle obtient un poste à mi-temps d’attaché de recherche au CNRS qu’elle quitte en 1950 pour se consacrer entièrement à son « enfant », l’Amicale d’Auschwitz. Elle y avait déjà été secrétaire-adjointe depuis 1946 et en sera secrétaire générale de 1951 à 1986. Depuis la fin des années quarante, Louise Alcan fait également partie de diverses instances de la FNDIRP (bureau national, conseil d’administration et comité d’honneur). Elle est aussi adhérente de l’ADIR et rédige de nombreux articles pour Voix et Visages, Le Patriote Résistant et Après Auschwitz. Enfin, Louise Alcan est l’auteure des livres Sans armes et sans bagages (1947) et Le temps écartelé (1980).

Robert Antelme (1917-1990)

3En 1943, Robert Antelme et son épouse Marguerite Duras rejoignent le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (MNPGD), réseau dirigé par François Mitterrand. Antelme est arrêté le 1^er juin 1944, détenu à Fresnes et déporté à Buchenwald le 21 août 1944. Transféré ensuite au kommando Bad Gandersheim, il survit à la « marche de la mort » de ce camp qui se termine à Dachau. Deux jours après la libération par les troupes américaines, François Mitterrand le remarque lors de sa visite du camp.

4Après son retour en France, Robert Antelme adhère au PCF sous l’influence de son ami Edgar Morin. En 1948-1949, les deux hommes travaillent à la FNDIRP. Antelme y est employé en tant que secrétaire à la propagande. Il écrit plusieurs articles pour Le Patriote Résistant. En 1950, il est exclu du PCF. De 1951 à 1981, il travaille comme lecteur aux éditions Gallimard pour l’Encyclopédie de la Pléiade. Robert Antelme s’engage également pour des causes diverses. En 1948, il fait partie du Comité français d’échanges avec l’Allemagne nouvelle, créé par Emmanuel Mounier. Il fonde le Comité d’action contre la guerre en Afrique du Nord en 1955 et fait partie des signataires de la « Déclaration sur le droit à la désobéissance dans la guerre d’Algérie ». En mai 1968, Antelme participe au Comité d’action étudiants-écrivains.

5Son livre L’espèce humaine (1947) a fait l’objet de nombreuses études. Il est considéré comme l’un des meilleurs témoignages relatant l’expérience concentrationnaire. En 1949, une traduction allemande paraît à Berlin-Est sous le titre Die Gattung Mensch. La première traduction en RFA est publiée en 1987 sous le titre Das Menschengeschlecht.

Solange Blanc de Vianney (1907-1992)

6Déportée le 15 août 1944, Solange Blanc de Vianney arrive à Ravensbrück six jours plus tard. Par la suite, elle est transférée au kommando de Torgau avant de regagner Ravensbrück.

7Écrivaine, elle est l’auteure de nombreux livres, dont Femmes à tuer (1984) qui évoque sa déportation. En outre, Solange Blanc est membre de l’ADIR et de l’UNADIF-FNDIR au sein de laquelle elle est vice-présidente de l’ADIF de l’Hérault au début des années soixante.

Claude Bourdet (1909-1996)

8Après avoir obtenu le diplôme d’ingénieur à l’École de polytechnique de Zurich en 1933, Claude Bourdet abandonne la carrière industrielle à laquelle sa famille le destinait et se consacre au journalisme. Jusqu’en 1939, il écrit pour différents périodiques (Vu, Marianne, Esprit, La Revue des deux Mondes). De 1936 à 1939, il est chargé de mission au ministère de l’Économie nationale. Mobilisé en 1939, Bourdet passe l’hiver dans le Jura, puis il combat en juin 1940 près de Villers-Cotterêts. Il est démobilisé en août 1940 et rejoint sa femme et ses trois enfants dans les Alpes-Maritimes.

9Dans les mois qui suivent, Claude Bourdet entre dans la Résistance à laquelle il apporte son talent de journaliste et d’organisateur. Contacté par Henri Frenay, il participe au développement des journaux Petites Ailes et Vérités. Avec Frenay et Maurice Chevance, il fonde le Mouvement de libération nationale (MLN) qui devient ensuite Combat. Début 1942, il entre au comité directeur de Combat et devient directeur du journal clandestin du même nom. Recherché par la police de Vichy, Bourdet entre dans la clandestinité et s’installe à Lyon en juillet 1942. À partir de la fin de cette même année, il crée et développe le service du Noyautage des administrations publiques (NAP et Super-NAP). Au début de l’année 1943, il participe à la création des Mouvements unis de Résistance (MUR). En outre, il fait partie des fondateurs du Conseil national de la Résistance (CNR). Arrêté par la Gestapo le 24 mars 1944, Bourdet est emprisonné à Fresnes, interné à Compiègne, puis déporté à Neuengamme le 4 juin 1944. Il y arrive le jour du débarquement et passe un mois dans ce camp près d’Hambourg. Par la suite, il est transféré à Sachsenhausen, passe quelques jours au kommando de Falkensee, tombe malade et est transporté de nouveau à Sachsenhausen. En février 1945, il est transféré à Buchenwald d’où il est libéré le 11 avril 1945.

10Après son retour en France, Claude Bourdet devient vice-président de l’Assemblée consultative et directeur général de la Radiodiffusion française. Dans les décennies qui suivent, il constitue l’incarnation par excellence de l’intellectuel engagé. En plus d’être contre le colonialisme et la torture en Algérie, Bourdet s’engage contre le réarmement allemand et l’armement atomique de la France. Dans les années d’après-guerre, il fait aussi partie du Comité français d’échange avec l’Allemagne nouvelle. Au sein du mouvement déporté, son nom n’apparaît que dans les organigrammes de l’immédiat après-guerre. Élu vice-président de la FNDIP au moment de sa fondation en octobre 1945, il se retire ensuite de la direction de cette fédération qui devient la FNDIRP en janvier 1946. Ensuite, il fait partie du comité d’honneur de l’ANDIR. Au niveau professionnel, il reprend son travail de journaliste, devient directeur de l’hebdomadaire Octobre, du quotidien Combat, puis de l’hebdomadaire France-Observateur. À partir de 1967, il travaille comme journaliste à Témoignage chrétien. Au niveau politique, Claude Bourdet entreprend de nombreuses tentatives afin d’établir un mouvement politique pour rassembler les militants de gauche qui ne sont attirés ni par le communisme ni par le socialisme incarné par la SFIO. Membre fondateur du Parti socialiste unifié (PSU), il est conseiller municipal de Paris de 1959 à 1971.

Léon Boutbien (1915-2001)

11Externe des hôpitaux de Paris, Léon Boutbien est mobilisé en 1939 comme médecin auxiliaire. Démobilisé en août 1940, il reprend son travail de médecin et s’engage dans la Résistance. Il est membre du réseau du musée de l’Homme et du réseau Frédéric. Arrêté le 14 janvier 1943 par la brigade antiterroriste (BS2), il est livré ensuite à la SS. Il est déporté au camp de Natzweiler-Struthof le 12 juillet 1943 en tant que détenu « NN », puis aux kommandos de Schömberg et Erzingen et enfin aux camps de Dachau et d’Allach d’où il est libéré le 30 avril 1945.

12Membre de la SFIO depuis l’âge de 15 ans, Léon Boutbien la quitte en 1963 pour rejoindre le mouvement gaulliste. Il s’engage également dans plusieurs associations d’anciens déportés. De 1964 à 1969, il est vice-président de l’UNADIF et de 1971 à 1981, il occupe le même poste à la FNDIR. En outre, il est actif au sein de l’Amicale de Natzweiler-Struthof et de l’Union de la Résistance pour une Europe unie (URPE).

Maurice Braun (1906-2001)

13Né en Touraine dans une famille alsacienne juive, Maurice Braun fait des études d’égyptologie à la Sorbonne tout en fréquentant des cercles littéraires d’avant-garde. En 1939 et 1940, il est officier dans l’armée de l’air. Après la défaite, il entre en contact avec des agents du Major Buckmaster, créant en 1942 le réseau Publican qui organise des parachutages d’armes en Seine-et-Marne. À ce moment-là, il prend le pseudonyme de « Marcel Barde ». Arrêté le 20 septembre 1943 par le SD et la Milice, Maurice Braun est interrogé par la Gestapo et mis au secret à la prison de Fresnes. Le 15 août 1944, il est déporté à Buchenwald, toujours sous son pseudonyme qu’il garde tout au long de sa déportation. Au sein du Comité des intérêts français (CIF), il représente les réseaux Buckmaster. En outre, il fait partie de la Brigade française d’action libératrice (BFAL). Dans les polémiques sur la libération de Buchenwald, il intervient à plusieurs reprises à ce titre.

14À son retour de déportation, Maurice Braun adhère à la FNDIR tout en œuvrant à maintenir le souvenir de la Résistance. À la demande de Maurice Thiriart, il écrit des articles pour Le Déporté depuis le début des années soixante. Il sera chroniqueur de ce journal de l’UNADIF-FNDIR jusqu’à la fin de sa vie.

Henry Bulawko (1918-2011)

15Né à Lida (Lithuanie), Henry Bulawko arrive en France en 1925 avec ses parents et ses cinq frères et sœurs. Dans les années trente, il est embauché par un comité qui accueille des Juifs allemands. Jusqu’en 1940, cet organisme s’occupe de plus de 30 000 réfugiés. Arrêté le 19 novembre 1942 lors d’un contrôle pour défaut de port de l’étoile jaune, Henry Bulawko est interné à Drancy et à Beaune-la-Rolande. Déporté à Auschwitz-Birkenau le 18 juillet 1943, il est ensuite affecté au kommando de Jaworzno. Lors de l’évacuation des détenus, il parvient à se cacher. Il est rapatrié d’Odessa par bateau et arrive à Marseille le 10 mai 1945.

16Après son retour à Paris, Henry Bulawko fait partie des fondateurs de l’Association des anciens déportés juifs de France (AADJF), dont il est d’abord secrétaire, puis secrétaire général. Après le décès de Marceau Vilner en 1967, il prend la présidence de cette association jusqu’à la dissolution de celle-ci en 2004. De 1991 à 2004, Bulawko préside également l’Amicale d’Auschwitz qui disparaît avec la création de l’Union des déportés d’Auschwitz (UDA) dont il est président de 2004 à 2008. Dans les années cinquante, Bulawko est aussi membre du comité national de la FNDIRP. En dehors du bulletin bilingue Le Déporté Juif / Der yiddisher deportirter de l’AADJF, ses articles paraissent régulièrement dans Le Patriote Résistant. Pendant toute sa vie postconcentrationnaire, Henry Bulawko est un acteur primordial – jusqu’à l’arrivée de Serge Klarsfeld même le porteur principal – de la mémoire de la déportation juive en France. En 1993 encore, il juge « qu’il n’est pas de “retraite” pour un “ancien” de là-bas ». Henry Bulawko est également l’auteur de nombreux livres dont Les Jeux de la mort et de l’espoir. Auschwitz-Jaworzno, relatant sa déportation et paru dans trois versions en 1954, 1980 et 1993.

Marie-Élisa Cohen, née Nordmann (1910-1993)

17Ingénieur chimiste et docteur ès sciences, Marie-Elisa Nordmann est attachée au CNRS. Membre du PCF depuis septembre 1940, elle commence à s’engager dans la Résistance. Par la suite, elle participe à la rédaction et à la diffusion du journal L’Université libre, héberge des résistants chez elle et recueille des fonds pour le Front national universitaire. Arrêtée le 16 mai 1942, Marie-Élisa Nordmann est détenue à la Santé, à Romainville et à Compiègne. Elle est déportée le 24 janvier 1943 dans le convoi des « 31 000 » avec Charlotte Delbo et Marie-Claude Vaillant-Couturier. À partir de mars 1943, elle est affectée au kommando de Raisko. Un groupe de détenues de ce camp, la « famille française » de Raisko, constitue « l’embryon » de la future Amicale d’Auschwitz. En août 1944, ce groupe est transféré à Ravensbrück, puis à Mauthausen en mars 1945. Marie-Élisa Nordmann y est libérée le 22 avril 1945.

18De retour en France, elle reprend son travail en octobre 1945 et se marie avec Francis Cohen en 1948. Après avoir dirigé le service de documentation du Commissariat à l’énergie atomique pendant six ans, elle réintègre l’enseignement. En 1976, elle prend sa retraite comme maître de conférences à l’université Paris XI. Parallèlement à son travail, elle déploie une grande activité au sein de l’Amicale d’Auschwitz qu’elle préside de 1951 à 1991. Depuis 1972, Marie-Élisa Nordmann-Cohen fait également partie du bureau de la FNDIRP, dont elle est vice-présidente à partir de 1978. Enfin, elle est également l’initiatrice du « prix Marcel Paul », décerné de 1988 à 2012 par la FNDIRP pour récompenser l’auteur d’un travail de recherche universitaire relatif à la Résistance et la déportation. Elle est présidente du jury de 1988 à son décès.

Geneviève de Gaulle-Anthonioz (1920-2002)

19Fille de Xavier de Gaulle, frère aîné du général, Geneviève de Gaulle fait partie du réseau du musée de l’Homme et participe à des missions de renseignements. Arrêtée le 20 juillet 1943 à Paris en possession de documents secrets, elle est déportée à Ravensbrück le 31 janvier 1944. Isolée à partir de fin 1944, elle est transférée dans un camp d’internés dans le Wurtemberg le 28 février 1945. En avril 1945, elle est remise, à la frontière suisse, à son père, consul général de France à Genève.

20En 1946, Geneviève de Gaulle se marie avec Bernard Anthonioz avec lequel elle aura quatre enfants. En outre, elle s’engage au sein de l’ADIR dont elle est vice-présidente de 1945 à 1958, puis présidente de 1958 à son décès. De 1949 à 1955, la nièce du général de Gaulle assume la responsabilité de l’édition du bulletin Voix et Visages. De plus, elle fait partie du Réseau du Souvenir.

21En 1958, elle rencontre le père Joseph Wresinski, aumônier du « camp des sans-logis » à Noisy-le-Grand. Par la suite, ils font route commune dans le combat contre les exclusions. De 1964 à 1998, Geneviève de Gaulle-Anthonioz préside le mouvement ATD Quart-Monde. Décédée en 2002, elle entre au Panthéon en 2015. Elle est l’auteure des livres La traversée de la nuit (1998) qui relate sa déportation et Le secret de l’espérance (2001) dans lequel elle évoque son engagement au sein d’ATD Quart-Monde.

Anne de Seynes, née Fernier (1911-2006)

22Anne Fernier est déportée à Ravensbrück le 31 janvier 1944. Par la suite, elle est transférée dans les kommandos de Helmbrechts et Holleischen où elle est libérée le 5 mai 1945. Après son retour, elle adhère à l’ADIR, association pour laquelle la secrétaire générale, Claire Davinroy, lui demande de prendre la responsabilité de la publication de Voix et Visages. Elle assume cette tâche de 1946 à 1949. Ensuite, elle passe quelques années en Allemagne avec son mari Christian de Seynes. Après son retour à Paris en 1955, elle prend de nouveau la responsabilité de l’édition du bulletin de l’ADIR. Elle signe de nombreux articles Anne de Seynes, d’autres Anne Fernier, d’autres encore Nanette, surnom utilisé entre camarades en prison et en déportation.

Edmond Debeaumarché (1906-1959)

23Fonctionnaire des PTT, Edmond Debeaumarché est à l’origine du réseau Résistance-PTT, un dispositif d’acheminement de courriers clandestins. Dès 1941, il fait partie de l’Organisation civile et militaire (OCM). Arrêté par la Gestapo le 3 août 1944, il est interné à Fresnes, torturé à sept reprises, puis déporté à Buchenwald le 15 août 1944. Debeaumarché est transféré ensuite aux camps de Dora et d’Ellrich, puis à Bergen-Belsen d’où il est libéré.

24Après son retour, cet adhérent de la SFIO est membre de l’Assemblée consultative. Ensuite, il fait partie de différents cabinets ministériels. Edmond Debeaumarché est également secrétaire général de l’ANDIR, puis de la FNDIR de 1949 à 1954 et aussi de l’UNADIF à partir de 1951. En 1954-1955, il préside la FNDIR, puis l’UNADIF de 1955 à 1959. Depuis son décès en 1959, l’UNADIF-FNDIR voue un culte fervent à ce Compagnon de la Libération. La Poste honore sa mémoire par l’édition d’un timbre en 1960.

Odette Elina-Gruffy (1910-1991)

25Issue d’une famille juive aisée, Odette Elina-Gruffy entre en résistance dès 1940. En 1942, elle entre dans l’Armée secrète (AS) dont elle devient secrétaire régionale à Toulouse. Parallèlement, elle est responsable des formations du Comité français de libération nationale (CFLN). Ses pseudonymes sont « Hélène » et « Marie-Jeanne Lauture ». Arrêtée le 20 avril 1944 pour faits de résistance – elle-même parle d’« activité antiallemande » et de la tentative de libération de ses parents – elle est internée à Drancy, puis déportée à Auschwitz-Birkenau le 29 avril 1944. Odette Elina-Gruffy y est libérée le 27 janvier 1945 et rapatriée à Marseille le 10 mai 1945, en passant par Katowice et Odessa.

26Après son retour en France, on la retrouve dans les quatre associations étudiées dans ce livre. Elle s’engage particulièrement au sein de l’Amicale d’Auschwitz, dont elle est vice-présidente de 1968 à 1986, et dans la FNDIRP dont elle est membre du comité national au moment de son décès. En outre, Odette Elina-Gruffy est très active au sein du Comité international d’Auschwitz où elle représente l’amicale. Elle en est secrétaire à la fin des années cinquante et membre du jury pour la construction du Monument international à Auschwitz. À son décès, elle a légué tous ses biens au PCF. Elle est l’auteure du livre Sans fleurs ni couronnes (1947).

Raphaël, dit Raph Feigelson (1926-2021)

27Après l’annonce de l’armistice, Raph Feigelson et ses parents entrent en résistance. Il sera chef militaire régional des Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP) et officier des FFI. Arrêté le 14 mai 1944, il est torturé par la Milice et la Gestapo. Le 31 juillet 1944, il est déporté à Auschwitz-Birkenau d’où il se serait évadé cinq jours avant la libération du camp. Il aurait ensuite guidé les troupes soviétiques à Auschwitz.

28Après son retour en France, Raph Feigelson travaille comme « dépisteur » pour retrouver « les orphelins juifs de guerre se trouvant encore en placement non juif1 ». Il travaille également comme fabricant de vêtements. Parallèlement, il écrit pour Naïe Presse et Droit et Liberté. De 1958 à 1973, il tient une chronique dans Le Patriote Résistant. En outre, il fonde et anime de nombreuses associations, notamment le Comité national pour la recherche et le châtiment des criminels de guerre, créé en 1971.

Louis-François Fichez (1916-1987)

29Médecin auxiliaire au service de l’armée en 1939-1940, Louis-François Fichez est fait prisonnier en juin 1940. Après son évasion, il travaille à l’hôpital britannique de Paris et à la clinique La Montagne à Courbevoie. En 1942, il rejoint l’Organisation civile et militaire (OCM), puis le réseau de renseignements et d’évasion Centurie. Après l’arrestation d’un aviateur britannique caché dans son service médical, Fichez est lui-même arrêté par la Gestapo en février 1943. Il est ensuite conduit rue de Saussaies et détenu à Fresnes. En mars 1943, il est interné à Compiègne, puis déporté à Mauthausen le 20 avril 1943. Travaillant au Revier de ce camp, il s’occupe du groupe de la « Solidarité clandestine française » et devient membre du comité clandestin français. Il est libéré à Mauthausen le 23 avril 1945.

30Après son retour, Louis-François Fichez reprend ses fonctions d’interne à l’hôpital britannique avant d’être recruté en 1946 par Frédéric Ricol, camarade de Mauthausen, pour monter le service médical de la FNDIRP. Il est d’abord responsable du dispensaire Alice-Grosperrin, créé au siège de la rue Leroux en 1947. Ensuite, il est nommé directeur du centre Jean-Moulin, établi à Fleury-Mérogis en 1948 et enfin médecin-chef du centre hospitalier Frédéric-Henri Manhès, inauguré à Fleury-Mérogis en 1965. Fichez prend sa retraite en 1981. Au niveau organisationnel de la FNDIRP, il est membre du bureau national depuis 1946, secrétaire national chargé du service médico-social de 1946 à 1960, puis membre de la présidence collégiale de 1960 à son décès.

Charles Gelbhart (1913-1996)

31Charles (Szaja) Gelbhart est né le 21 mai 1913 à Belchatow (Pologne). Arrêté le 21 août 1941 à Paris, il est ensuite interné sept mois à Drancy. Déporté par le premier convoi en direction d’Auschwitz le 27 mars 1942, il y restera pendant trente-trois mois, travaillant entre autres comme infirmier au Revier. En janvier 1945, Charles Gelbhart est évacué à Mauthausen, puis transféré aux kommandos de Melk et d’Ebensee. Les troupes américaines le libèrent d’Ebensee le 6 mai 1945.

32À son retour en France, Charles Gelbhart adhère à l’Amicale d’Auschwitz, il fera partie de son conseil d’administration tout au long de sa vie. Élu trésorier adjoint en juin 1945, il est trésorier de l’amicale de 1959 à 1972. Ensuite, il occupe les postes de secrétaire de 1973 à 1979 et de vice-président de 1980 à son décès. Durant ces années au sein de cette association, il publie des articles dans Après Auschwitz. Enfin, Charles Gelbhart fait partie du comité national de la FNDIRP pendant les années cinquante. En 1951, il est délégué au congrès constitutif de la Fédération internationale des résistants (FIR) à Vienne.

Hubert Halin (1922-1974)

33Pendant l’occupation de la Belgique, Hubert Halin est actif dans le Groupe général de sabotage de Belgique (Groupe G). Son nom apparaît dans les périodiques des associations d’anciens déportés avec l’intensification de la guerre froide. Entre 1953 et 1961, il crée et anime une demi-douzaine d’associations, dont Union internationale de la Résistance et de la Déportation (UIRD), Union de la Résistance pour une Europe unie (URPE) et Comité international des camps (CIC). Par ailleurs, il est fondateur et rédacteur en chef du journal La Voix internationale de la Résistance. Selon Pieter Lagrou, cet anticommuniste et homme de confiance du département d’État américain « joua un rôle moteur dans l’instrumentalisation de la mémoire de la Résistance en faveur de l’Europe2 ».

Roger Heim (1900-1979)

34Ingénieur des Arts et Manufactures, Roger Heim abandonne la carrière industrielle à la sortie de l’École centrale. Il devient l’assistant du botaniste Louis Mangin au Muséum national d’histoire naturelle, soutient une thèse en 1931 et devient sous-directeur du laboratoire de cryptogamie en 1933. Sous l’Occupation, il est membre actif de l’Organisation civile et militaire (OCM) tout en étant chef de secteur du réseau Vélites-Thermopyles. Dénoncé par un agent du contre-espionnage allemand, il est arrêté le 26 août 1943 par la police allemande. Après avoir été interné à Fresnes, il est déporté à Buchenwald le 22 janvier 1944, puis transféré à Mauthausen, finalement libéré du kommando de Gusen le 6 mai 1945 par les troupes américaines.

35Après son retour en France, Roger Heim est nommé professeur de cryptogamie au Muséum d’histoire naturelle. En outre, il est élu membre de l’Académie de l’agriculture en 1945 et membre de l’Académie des sciences au siège de Lamarck en 1946. Enfin, il dirige également le Muséum d’histoire naturelle de 1951 à 1965. Au sein du mouvement déporté, Heim est actif dans la FNDIRP, dont il est vice-président de 1946 à 1949, mais qu’il semble avoir quitté après l’affaire Rousset. En 1946, il est également vice-président de l’Amicale de Mauthausen qu’il préside au moment de son décès en 1979. Son livre La sombre route (1947) comprend les textes de trois conférences et d’un discours commémoratif.

Jean-Maurice Hermann (1905-1988)

36Journaliste depuis 1927 et membre de la SFIO depuis 1930, Jean-Maurice Hermann travaille notamment pour le quotidien socialiste Le Populaire. Sous l’Occupation, il rejoint le réseau Brutus de Gaston Defferre, dont il devient le chef de la zone sud en mai 1943. Parallèlement, il est actif dans la commission de la presse du Conseil national de la Résistance. Arrêté à Paris le 10 novembre 1943, il est emprisonné à Fresnes, interné à Compiègne et, enfin, déporté à Neuengamme le 21 mai 1944. Par la suite, Hermann est transféré au kommando de Watenstedt, puis à Ravensbrück. Il réussit à s’évader lors de l’évacuation de ce camp, le 2 mai 1945.

37Membre de l’Assemblée consultative provisoire en juillet 1945, Jean-Maurice Hermann travaille ensuite comme directeur de cabinet du ministre de l’Information Gaston Defferre de janvier à juillet 1946. Membre de l’aile gauche de la SFIO, il devient « compagnon de route » du PCF et s’engage dans de nombreuses organisations et institutions, dont la FNDIRP. Hermann en est vice-président de 1958 à 1978, puis membre de la présidence collégiale de 1978 à son décès.

Charles Joineau (1919-1997)

38Après son brevet élémentaire, Charles Joineau travaille quelque temps comme docker, puis comme manipulant aux PTT de 1937 à 1940. Membre des Jeunesses communistes depuis 1934, puis du PCF depuis 1935, il anime le groupe antifasciste de son école. Il est arrêté en mars 1940 en application du décret Daladier, emprisonné d’abord à la Santé, puis interné dans les camps de Gurs et de Mauzac. Après sa libération en mars 1941, il est enrôlé dans l’armée de Vichy jusqu’en novembre 1942. Après sa démobilisation, il rejoint les Francs-tireurs et partisans (FTP). Arrêté le 10 février 1943 par les Brigades spéciales à la gare Saint-Lazare, il est détenu à Fresnes, puis déporté comme détenu « NN » à Natzweiler-Struthof. De ce camp, il est transféré au kommando d’Erzingen en juin 1944, enfin à Allach, kommando de Dachau d’où il est libéré par l’armée américaine le 30 avril 1945.

39En 1950, Charles Joineau entre au secrétariat de la FNDIRP. Il y occupe le poste de secrétaire national à l’organisation en 1950-1951, puis de secrétaire général de 1951 à 1984. De 1984 à son décès, il fait partie de la présidence collégiale de la FNDIRP. Charles Joineau repose dans le tombeau de la FNDIRP au cimetière du Père-Lachaise.

Émile Junguenet (1893-1978)

40Déporté de Compiègne le 27 avril 1944 dans le « convoi des tatoués », Émile Junguenet arrive à Birkenau le 30 avril 1944. Il fait partie des rares détenus de ce transport qui ne sont pas transférés à Buchenwald le 12 mai 1944. Libéré à Auschwitz le 27 janvier 1945, il devient membre de l’Amicale d’Auschwitz après son retour en France.

Marie-Louise Kahn (?-1993)

41Bien qu’il existe une femme portant ce nom dans le convoi n^o 76 du 30 juin 1944, Marie-Louise Kahn ne semble pas avoir été déportée. Vice-présidente de l’Amicale d’Auschwitz de 1952 à 1993, elle prend en charge le service social au cours de cette période.

Guy Kohen (1924-1989)

42Arrêté en janvier 1944, Guy Kohen est emprisonné à Limoges et interné à Drancy. Déporté le 7 mars 1944, il arrive à Auschwitz trois jours plus tard. Le 19 mars 1944, Kohen est transféré à Monowitz. Lors de l’évacuation de ce camp en janvier 1945, il réussit à s’évader. Il fait partie de ceux qui sont rapatriés en bateau d’Odessa à Marseille. Encore dans la même année, Guy Kohen publie son témoignage Retour d’Auschwitz. Souvenirs du déporté 174949 à compte d’auteur. Ce texte est remarqué et cité dans Le Patriote Résistant et Après Auschwitz. En octobre 1946, Kohen écrit encore un article dans ce dernier journal. Ensuite, son nom disparaît des publications des associations de déportés.

Jean Kréher (1899-1966)

43Après des études de droit et un doctorat à Lyon, Jean Kréher devient avocat à la cour d’appel de Paris. En 1940, le groupe de résistance Maintenir est créé dans son cabinet au cœur du Quartier latin. Au cours des années suivantes, il participe à la mise en place d’autres organisations, dont le réseau Samson. Arrêté par le SD le 3 avril 1944, Kréher est ensuite emprisonné trois mois à Fresnes, puis interné à Compiègne. Le 17 août 1944, il est déporté à Buchenwald où le travail physique éprouve fortement sa santé. Le 8 avril 1945, trois jours avant l’arrivée des troupes américaines, il fait partie des détenus qui sont évacués en train vers la Tchécoslovaquie. Après quatre semaines sur les rails et les routes tchécoslovaques et bavaroises, il est libéré dans la région de Munich par des soldats américains.

44Après son retour en France, Jean Kréher reprend son activité d’avocat à Paris et s’engage dans de nombreuses organisations françaises et internationales. Il est ainsi l’un des fondateurs de la FNDIR, secrétaire général de l’UGDI en 1949-1950, puis vice-président de l’UNADIF de 1953 à son décès. Dans Le Déporté, il consacre de nombreux articles à l’indemnisation des victimes françaises du nazisme et est, selon Hubert Halin, l’artisan de l’accord conclu le 15 juillet 1960 entre la RFA et la France à ce sujet. Pro-européen convaincu, Kréher est également vice-président de l’Union de la Résistance pour une Europe unie (URPE) et de l’Union internationale de la Résistance et de la déportation (UIRD), deux organisations anticommunistes fondées par Hubert Halin.

Émile-Louis Lambert (1905-1982)

45Membre d’un groupe local de Résistance, Émile-Louis Lambert devient un des responsables départementaux du mouvement Libération en août 1943. Six mois plus tard, il est élu premier président du comité départemental de Libération clandestin. Arrêté en avril 1944 à Besançon, il est interné à Compiègne, puis déporté à Dachau le 18 juin 1944. Ensuite, il est transféré au kommando d’Allach d’où il est libéré le 30 avril 1944 par les troupes américaines.

46Après son retour, Émile-Louis Lambert est membre de la seconde Assemblée nationale constituante, puis député MRP du Doubs de 1946 à 1951. À cette époque, il prend une part capitale à l’élaboration et à l’adoption des lois des 6 août et 9 septembre 1948 établissant les statuts des déportés et internés résistants ainsi que des déportés et internés politiques qui définissent les droits moraux et matériels des survivants. Non réélu à l’Assemblée nationale en 1951, il rejoint la fonction publique et travaille comme directeur régional de la protection civile jusqu’à sa retraite en 1970. Après son retour de Dachau, Lambert est également un acteur important du mouvement déporté. En 1949-1950, il préside l’Union générale des déportés et internés (UGDI), prenant part ensuite à la création de l’UNADIF en 1950. Il en est président de 1950 à 1955 et de 1960 à 1978. Pendant cette période, il rédige de nombreux éditoriaux du Déporté signés de son acronyme « ELLA ».

Maurice Lampe (1900-1979)

47Maurice Lampe commence à travailler à l’usine dès l’âge de douze ans. Mécanicien dans plusieurs entreprises de la région parisienne, son engagement syndical commence en 1922 et il adhère au PCF deux ans plus tard. De 1933 à 1936, il est secrétaire de la Région communiste Paris-Ville. En novembre 1936, Lampe part en Espagne pour rejoindre les Brigades internationales, dont il est le commissaire politique de juin à décembre 1937. Après son retour en France, il travaille chez Renault et est licencié en octobre 1939 pour propagande communiste. Dès septembre 1940, il travaille à la constitution des premiers groupes qui formeront les Francs-tireurs et partisans (FTP). Arrêté le 8 novembre 1941 à Paris, il est ensuite emprisonné à la Santé, puis interné à Blois et Fontevraud. Le 22 mars 1944, Maurice Lampe est déporté à Mauthausen où il appartient au triangle de direction communiste. Il est libéré le 22 avril 1945 par l’armée américaine.

48Chef de cabinet du ministre des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre, Laurent Casanova, durant l’année 1946, Lampe s’investit également au sein des associations d’anciens déportés. En octobre 1945, il est élu secrétaire général de la FNDIP qui devient la FNDIRP en janvier 1946. Le 25 janvier 1946, il témoigne au procès de Nuremberg. Ce témoignage est publié en brochure par la FNDIRP. Après trois années marquées par la volonté de garantir la pluralité politique au sein de cette fédération, Maurice Lampe démissionne en janvier 1949. Selon lui, il s’agit de « motifs impérieux d’ordre personnel3 », selon son camarade Michel Riquet, c’est en raison de la pression exercée par le PCF. Il est remplacé provisoirement par Jean Lastennet et en avril 1949, André Leroy prend son poste. L’année suivante, Maurice Lampe démissionne également de la présidence de la Fédération internationale des anciens prisonniers politiques (FIAPP) qu’il avait assurée depuis 1947. Son nom disparaît de l’organigramme de la FNDIRP et des pages du Patriote Résistant. Il continue cependant à rester en contact avec ses camarades, notamment ceux de Mauthausen.

André Leroy (1913-1982)

49Maçon, puis chauffeur de bus, André Leroy rejoint les Jeunesses communistes en 1929. Il entre à la direction en 1938, devient secrétaire national en 1939, puis adjoint de Danielle Casanova. Après l’invasion de l’URSS en juin 1941, il supervise la création de la résistance armée communiste. Leroy est un des fondateurs des « bataillons de la Jeunesse » qui se rattachent par la suite aux Francs-tireurs et partisans (FTP). Arrêté par la police française le 12 mai 1942, il est détenu à la Santé, Poissy, Melun, Châlons-sur-Marne et Compiègne. Le 12 mai 1944, il est déporté à Buchenwald, où il fait partie du Comité clandestin des intérêts français. Il est rapatrié le 29 avril 1945, dix-huit jours après la libération du camp par les troupes américaines.

50Après son retour en France, André Leroy représente les Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP) à l’Assemblée consultative provisoire, mais n’est pas élu à la première Assemblée nationale constituante. Après l’éviction de Maurice Lampe et de Frédéric Ricol de la direction de la FNDIRP en 1949, il devient secrétaire général de cette fédération. Il le reste jusqu’en 1951 lorsque Charles Joineau prend ce poste. Ensuite, Leroy est vice-président de 1951 à 1958, puis membre de la présidence collégiale à partir de 1958, enfin président délégué de 1976 à son décès. Au niveau international, il remplace Maurice Lampe à la présidence de la FIAPP en 1950. Avec Frédéric-Henri Manhès, il crée la FIR en 1951. Il en est le secrétaire général dès la fondation et ce jusqu’en 1962. André Leroy préside également l’Association française Buchenwald-Dora et Kommandos. Il repose dans le tombeau de la FNDIRP au cimetière du Père-Lachaise.

Frédéric-Henri Manhès (1889-1959)

51Frédéric-Henri Manhès est militaire de carrière. Après la Première Guerre mondiale, il travaille dans la presse et dans l’édition et enfin au cabinet de Pierre Cot, ministre de l’Air. Il y fait la connaissance de Jean Moulin. Après le début de l’Occupation, les deux hommes entrent dans la Résistance. Sous le pseudonyme de « colonel Frédéric », Manhès devient l’adjoint de Jean Moulin en zone non occupée, ensuite en zone occupée. Arrêté le 3 mars 1943 par les Brigades spéciales, il est déporté à Buchenwald le 22 janvier 1944. Après l’arrivée de Marcel Paul en mai 1944, les deux hommes créent le Comité des intérêts français (CIF) qui représente 34 groupes et réseaux de la Résistance. Ils sont également à l’origine de la Brigade française d’action libératrice (BFAL) dont Manhès est le chef.

52Rapatriés en avion avec d’autres personnalités le 18 avril 1945, Manhès et Paul retournent après quelques jours à Buchenwald, en accompagnant le chef de la Mission française du rapatriement en Allemagne. Ils se rendent ensuite dans les régions de Nordhausen, Magdebourg et Leipzig pour trouver des ressortissants restés dans les kommandos de Buchenwald. Manhès rentre définitivement le 23 mai 1945. Toujours avec Marcel Paul, Frédéric-Henri Manhès est président-fondateur de la FNDIP qui devient la FNDIRP en janvier 1946. Il en est président jusqu’en 1958, puis président d’honneur jusqu’à son décès. De 1945 à 1959, Manhès préside également l’Amicale des anciens déportés de Buchenwald, tout en étant président d’honneur de la FIAPP, puis président de la FIR jusqu’à son décès. Il repose dans le tombeau de la FNDIRP au cimetière du Père-Lachaise.

Edmond Michelet (1899-1970)

53Agent commercial à Brive, Edmond Michelet milite dans plusieurs organisations du catholicisme social, apportant « aux plus humbles chrétiens de la région, Jocistes, vicaires de campagne, militants de base de l’Action catholique, le vent de l’ouverture intellectuelle, d’une meilleure justice sociale, d’une France fraternelle et populaire à la Péguy4 ». Après la demande d’armistice du maréchal Pétain le 17 juin 1940, il distribue un texte de Péguy dans les boîtes aux lettres de sa ville. Ensuite, il participe au journal clandestin Liberté et entre dans le mouvement Combat. Au sein de celui-ci, il reçoit fin 1941 la responsabilité de neuf départements. Arrêté le 25 février 1943 par la Gestapo, Michelet est mis au secret à Fresnes. Le 30 août 1943, il est déporté au camp de Neue Bremm en tant que détenu « NN ». Après la détention dans différentes prisons, il arrive à Dachau le 15 septembre 1943. Président du Comité français de Dachau, il reste au camp après sa libération par l’armée américaine avec Joseph Rovan et une poignée d’autres camarades français pour s’occuper des malades.

54Après son retour, Edmond Michelet devient membre de l’Assemblée consultative en juillet 1945. Élu député MRP de la Corrèze le 21 octobre 1945, il est nommé ministre des Armées en novembre 1945 et occupe ce poste jusqu’en décembre 1946. De novembre 1946 à juillet 1951, il est député de la Corrèze, puis sénateur de la Seine de janvier 1952 à janvier 1958. Après avoir été ministre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en 1958, il est garde des Sceaux de janvier 1959 à août 1961, puis membre du Conseil constitutionnel de mars 1962 à mars 1967. N’ayant fait ni Sciences Po, ni l’ENA, son ami Joseph Rovan commente la carrière politique d’Edmond Michelet après le décès de celui-ci : « Il entra dans la politique par la voie royale de la déportation. » En dehors de sa carrière politique, Edmond Michelet est également très actif au sein du mouvement déporté. Tout d’abord, il préside l’Amicale de Dachau à partir de 1945. Puis il fonde l’Union chrétienne des déportés avec Alexandre Morelli. Enfin, il est actif au sein du Réseau du Souvenir et dispose de contacts très proches avec la FNDIR et l’ADIR. Son livre Rue de la Liberté (1955) fut préfacé par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer.

Marcel Paul (1900-1982)

55Enfant trouvé, recueilli par l’assistance publique, Marcel Paul passe son enfance et son adolescence dans la Sarthe chez des paysans. Il devient ensuite ouvrier électricien, milite à la CGTU et au PCF. De 1935 à 1938, il est conseiller municipal de Paris. En 1940, il entre dans l’action clandestine. Le 13 novembre 1941, Marcel Paul est arrêté à Paris et ensuite emprisonné à la Santé, Fontevraud et Blois. Le 27 avril 1944, il est déporté à Auschwitz-Birkenau dans un convoi de répression. Deux semaines plus tard, Marcel Paul et la presque totalité des déportés de son convoi sont transférés à Buchenwald. Il y crée le Comité des intérêts français (CIF) et la Brigade française d’action libératrice (BFAL) avec Frédéric-Henri Manhès.

56Rapatriés en avion avec d’autres personnalités le 18 avril 1945, Manhès et Paul retournent après quelques jours à Buchenwald en accompagnant le chef de la Mission française du rapatriement en Allemagne. Ils se rendent ensuite dans les régions de Nordhausen, Magdebourg et Leipzig pour trouver des ressortissants restés dans les kommandos de Buchenwald. Toujours avec Frédéric-Henri Manhès, Marcel Paul fonde la FNDIP qui devient la FNDIRP en janvier 1946. Il sera membre de la présidence collégiale de la FNDIRP en tant que président-fondateur de 1958 à son décès en 1982. Il préside également le Comité international Buchenwald-Dora et kommandos de 1952 à 1982. Comme André Leroy et Frédéric-Henri Manhès, il repose dans le tombeau de la FNDIRP au cimetière du Père-Lachaise.

Christian Pineau (1904-1995)

57Diplômé de Sciences Po et employé de banque, Christian Pineau est secrétaire du conseil économique et social de la CGT avant la guerre. En novembre 1940, il rédige le « Manifeste du syndicalisme français », signé par 12 responsables syndicaux CGT et CFTC, pour protester contre la dissolution des organisations syndicales par Vichy. Fondateur du mouvement Libération-Nord, il crée aussi les réseaux de renseignements Cohors et Phalanx. Arrêté une première fois en septembre 1942, il s’évade en novembre et reprend ses activités. De janvier à mars 1943, Pineau est à Londres et rentre en France afin d’organiser le ravitaillement pour la période du débarquement. La Gestapo l’arrête à Lyon en mai 1943 sous le nom Jacques Grimaux. Il est interné au fort Montluc où il rencontre Jean Moulin. Face à Klaus Barbie, Christian Pineau réussit à maintenir sa fausse identité sous laquelle il est déporté à Buchenwald le 14 décembre 1943. Il y participe à la création du Comité des intérêts français (CIF).

58Après son retour en France, Christian Pineau se consacre à la politique. Il adhère à la SFIO, est élu député et occupe divers postes ministériels sous la IV^e République, notamment celui de ministre des Affaires étrangères (1956-1958). Membre du conseil d’administration de l’Amicale de Buchenwald et du comité national de la FNDIRP en 1946, il fait partie du comité d’honneur de cette dernière depuis 1972, après s’être retiré de la vie politique. Il est vice-président de la Fondation pour la mémoire de la Déportation (FMD) de 1990 à son décès.

Gabriel Piguet (1887-1952)

59Né à Macon, Gabriel Piguet devient l’évêque de Clermont en 1934 et le reste jusqu’à son décès en 1952. Sous l’Occupation, il est favorable au maréchal Pétain, condamne les actions de la Résistance et le réfractariat au STO. En même temps, Gabriel Piguet fait en sorte que des personnes en danger soient cachées dans son diocèse. Arrêté le 28 mai 1944 par la Gestapo, il est emprisonné à Clermont, puis déporté via Natzweiler-Struthof à Dachau où il est traité comme « détenu d’honneur » dû à son statut d’évêque. Son expérience concentrationnaire se distingue alors considérablement de celle de la masse des déportés ordinaires. Son transport en déportation se déroule dans un compartiment avec seulement une autre personne, il est hébergé dans la « baraque des prêtres » à Dachau, puis dans une prison pour les « personnalités-otages ». Après son retour, Piguet rédige le récit Prison et Déportation. Témoignage d’un Évêque français qui est publié en 1947. Il est membre de la FNDIRP jusqu’à la crise provoquée par l’appel de David Rousset en 1949.

Anise Postel-Vinay, née Girard (1922-2020)

60Âgée de 18 ans, Anise Girard entend l’annonce de la demande d’armistice du maréchal Pétain à la radio. Après ce choc, elle cherche à agir et participe à la manifestation du 11 novembre 1940 sur les Champs-Élysées. En 1941, elle entre dans le réseau SMH Gloria qui est rattaché au MI6, le service de renseignements extérieurs du Royaume-Uni. Le 15 août 1942, elle est arrêtée à Paris, détenue ensuite dans les prisons de la Santé et de Fresnes, puis au fort de Romainville. Le 21 octobre 1943, elle est déportée en tant que détenue « NN » à Ravensbrück. Un mois plus tôt, son père Louis avait été déporté, lui aussi en tant que détenu « NN », à Neue Bremm, puis à Buchenwald et Dora. Son frère François sera déporté à Buchenwald en août 1944. À la fin de ce même mois, sa sœur aînée Claire est fusillée par des soldats allemands. À Ravensbrück, Anise Girard se lie d’amitié avec Germaine Tillion, déportée dans le même convoi qu’elle. Ayant terminé une licence d’allemand avant son arrestation, Anise lui sert d’interprète dans ses entretiens avec Margarete Buber-Neumann. Le 23 avril 1945, elle est libérée par la Croix-Rouge et évacuée en Suède.

61Après son retour en France, Anise Girard rejoint l’ADIR, faisant partie du conseil d’administration depuis 1946. Cette même année, elle se marie avec André Postel-Vinay, Compagnon de la Libération. Ensuite, elle est présidente de l’ADIR en 1949-1950, secrétaire générale de 1955 à 1957, puis trésorière de 1957 à 1962. En 1962, elle démissionne du bureau pour protester contre le silence de l’ADIR face à la torture en Algérie. Elle reste cependant membre de cette association. Outre la dénonciation de la torture, Anise Postel-Vinay participe à d’autres combats du mouvement déporté, notamment la lutte contre le négationnisme. Enfin, elle s’engage fortement pour soutenir et faire indemniser les victimes des expériences pseudo-médicales à Ravensbrück.

Michel Riquet (1898-1993)

62Après avoir été mobilisé à la fin de la Première Guerre mondiale, Michel Riquet entre dans la vie religieuse jésuite en 1918. Dix ans plus tard, il est ordonné prêtre. Sous l’Occupation, il fait partie de plusieurs organisations. Après avoir participé à la création du réseau Hector, organisation décapitée par les arrestations de février 1942, il est actif au sein du réseau belge Comète. Arrêté par la Gestapo le 18 janvier 1944, Riquet est détenu à Fresnes, puis interné à Compiègne. Le 6 avril 1944, il est déporté à Mauthausen, puis transféré le 29 décembre 1944 à Dachau d’où il est libéré le 29 avril 1945.

63Après son retour en France, le Révérend Père Riquet est prédicateur à Notre-Dame de Paris et chroniqueur au Figaro de 1951 à 1992. De 1946 à 1949, il est vice-président de la FNDIRP qu’il quitte à la suite de l’affaire Rousset. En 1950, il participe à la création de l’UNADIF, dont il est vice-président de 1951 à 1973. Parallèlement, il est vice-président de la FNDIR de 1951 à 1966, puis président du Réseau du Souvenir de 1970 à 1985.

David Rousset (1912-1997)

64Fils de pasteur, David Rousset fait des études de philosophie et de littérature à la Sorbonne. Après avoir été membre de la SFIO, il devient trotskyste et fait partie des fondateurs du Parti ouvrier internationaliste (POI) en 1936 au sein duquel il continue son travail sous l’Occupation. Arrêté en octobre 1943, il est déporté à Buchenwald le 27 janvier 1944, transféré en mars à Porta Westfalica et en avril à Beendorf, deux kommandos de Neuengamme. Lorsque les armées alliées approchent, il est évacué au camp de Wöbbelin d’où il est libéré le 4 mai 1945.

65Quelques mois plus tard, David Rousset publie un des premiers ouvrages de référence sur la déportation, L’Univers concentrationnaire qui obtient le prix Renaudot en 1946. L’année suivante, il fait paraître Les Jours de notre mort, un roman de 800 pages décrivant la vie quotidienne dans différents camps de l’univers concentrationnaire. Son troisième livre de cette période, Le pitre ne rit pas (1948) évoque l’antisémitisme et la collaboration. Depuis 1948, Rousset fait également partie du bureau du Comité français d’échange avec l’Allemagne nouvelle, fondé par Emmanuel Mounier. Son appel concernant le goulag (« Au secours des déportés dans les camps soviétiques. Un appel aux anciens déportés des camps nazis »), publié dans Le Figaro littéraire du 12 novembre 1949, lui vaut des attaques féroces de la part des communistes. En prolongement de cet appel, il fonde en 1950 la Commission internationale contre le régime concentrationnaire (CICRC) qui existe pendant dix ans. Cofondateur du Rassemblement démocratique révolutionnaire en 1948, un parti de gauche anticommuniste qui disparaît rapidement, Rousset devient gaulliste de gauche. Élu député de l’Isère en juin 1968, il démissionne sous la présidence de Pompidou.

Joseph Rovan (1918-2004)

66Joseph Adolph Rosenthal naît à Munich dans une famille juive convertie au protestantisme. Il grandit à Vienne, puis à Berlin. En 1934, il suit ses parents, émigrés un an plus tôt à Paris. Durant l’été 1940, il refuse la proposition d’émigrer aux États-Unis et s’engage ensuite dans la Résistance. Rovan travaille d’abord comme agent de liaison et commence ensuite à fabriquer des faux papiers. À la fin de l’année 1942, il prend la responsabilité du service « identité » des Mouvements unis de Résistance (MUR) pour la zone sud. Arrêté à Paris le 11 février 1944, il est emprisonné à Fresnes où il se convertit au catholicisme. Le 2 juillet 1944, Joseph Rovan est déporté à Dachau où il est emprisonné sous le pseudonyme Pierre Citron. À cette époque, il fait la connaissance d’Edmond Michelet. Après la libération du camp le 29 avril 1945, il y reste encore un mois avec lui jusqu’au rapatriement des derniers camarades français.

67Après son retour en France, il est membre du cabinet d’Edmond Michelet, tout en travaillant comme secrétaire de rédaction à la revue Esprit. Après l’aboutissement de sa demande de naturalisation, il adopte officiellement le nom Rovan en octobre 1946. De 1948 à 1951, il est responsable de l’éducation populaire dans le gouvernement militaire de la zone française d’occupation. De 1953 à 1958, il travaille pour l’Unesco. Lorsque son ami Michelet devient de nouveau ministre en 1958, il rejoint son cabinet. À partir de 1969, Joseph Rovan est professeur associé à l’université de Vincennes. Après la soutenance de sa thèse en 1979, il est professeur titulaire de civilisation allemande à l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle à Asnières de 1981 à 1986. Dans son livre Contes de Dachau (1987), Joseph Rovan évoque sa déportation.

André Sellier (1920-2015)

68Socialiste et professeur d’histoire au collège de Cambrai, André Sellier s’engage au sein du Mouvement Libération-Nord à partir de juin 1943. Arrêté deux mois plus tard par la Gestapo à Caen, il est déporté à Buchenwald le 17 janvier 1944, puis transféré à Dora. Après l’évacuation du camp, il passe deux semaines à Ravensbrück avant d’être libéré le 2 mai 1945 au cours d’une nouvelle évacuation au Mecklembourg.

69Après son retour en France, André Sellier reprend son métier de professeur d’histoire-géographie, passe ensuite le concours de l’ENA en 1947 et devient diplomate en 1950. Il participe à la création de l’ANDIR et de la FNDIR en 1945 et de l’UNADIF en 1950. À son décès, il préside l’ADIF de la Somme. Après avoir pris sa retraite, André Sellier se consacre à d’importantes recherches et publie avec son fils Jean trois atlas, Atlas des peuples (d’Orient, d’Europe centrale et d’Europe occidentale) ainsi que la monumentale Histoire du camp de Dora (1998).

Charles Serre (1901-1953)

70Après des études en droit et un doctorat, Charles Serre devient notaire en Dordogne. Sous l’Occupation, il constitue et dirige des maquis de l’Armée secrète, du secteur Dordogne-Nord. En outre, il organise un service de faux papiers et un service d’assistance aux réfractaires au STO et aux persécutés juifs. Arrêté le 22 janvier 1944 par la Gestapo à Paris, Serre est ensuite emprisonné à Fresnes et interné à Compiègne. Il est déporté le 2 juillet 1944 à Dachau et ensuite transporté au kommando de Neckargerach. Il y est libéré le 27 mars 1945.

71Après son retour en France, Charles Serre est nommé Compagnon de la Libération et entame une carrière politique. Il est député MRP de 1946 à 1951, vice-président du Conseil général de la Dordogne et un adversaire acharné du réarmement de la République fédérale ; ce qui le rapproche des communistes avec lesquels il reconnaît une « fraternité de lutte ». Serre est ainsi membre du bureau de l’Union progressiste, un parti de gauche proche du PCF, il fait également partie de la commission permanente du Mouvement de la Paix et du comité national de l’association France-URSS. Au sein de la FNDIRP, il occupe le poste de secrétaire de 1950 à son décès. Au niveau international, il est membre du comité exécutif de la FIR.

Lucien Tharradin (1904-1957)

72Avant la guerre, Lucien Tharradin est sous-directeur de l’école d’apprentissage Peugeot. Prisonnier de guerre en Allemagne depuis 1940, il rentre en avril 1942 à la demande des usines Peugeot. Il rejoint ensuite l’Organisation civile et militaire (OCM) et monte un commando de sabotage pour le réseau anglais Buckmaster Cesar. Arrêté par la Gestapo dans la nuit du 26 au 27 octobre 1943, il est déporté à Buchenwald le 22 janvier 1944. Sénateur-maire de Montbéliard après la guerre, Tharradin est à l’origine du premier jumelage franco-allemand conclu le 25 août 1950 avec la ville de Ludwigsbourg.

Berthe Thiriart (1905-1992)

73Agent du Réseau F2, Berthe Thiriart est arrêtée le 13 juillet 1944 avec son mari Maurice. Elle est internée à Fresnes et Romainville, puis déportée à Ravensbrück le 15 août 1944. Ensuite, elle est transférée aux kommandos de Torgau, Abteroda et Markkleeberg. Le 20 avril 1945, elle réussit à s’évader lors de l’évacuation de ce dernier camp. Après son retour en France, Berthe Thiriart adhère à l’ADIR et à la FNDIR. De 1951 à 1966, elle est secrétaire générale adjointe de l’UNADIF, puis vice-présidente de 1966 à 1988. Parallèlement, elle est secrétaire générale adjointe de la FNDIR de 1955 à 1966 et vice-présidente de 1981 à 1985. Depuis les années soixante, elle organise des rencontres entre jeunes Français et jeunes Allemands pour construire « une Europe unie et fraternelle ».

Maurice Thiriart (?-1969)

74Selon Léon Boutbien, « Belge de naissance mais Français de cœur », Maurice Thiriart est résistant en France. Arrêté par la Gestapo avec son épouse le 13 juillet 1944, il échappe à la déportation car le train qui le transporte en direction de l’Allemagne est arrêté par un bombardement de la Royal Air Force. Après le retour de Berthe de Ravensbrück, le couple Thiriart s’engage dans la FNDIR et l’UNADIF. Maurice Thiriart est rédacteur en chef du Déporté, le mensuel de l’UNADIF et de la FNDIR, jusqu’à son décès en 1969.

Eugène Thomas (1903-1969)

75Instituteur dans le Nord, Eugène Thomas adhère à la SFIO en 1930. Parallèlement à son activité politique, il s’engage dans différents syndicats d’instituteurs. En 1936, il est élu député du Nord, l’année suivante conseiller général. Sous l’Occupation, il participe à la création du réseau France au combat dont il est le chef national. Thomas est également coresponsable du réseau Brutus. Arrêté à Paris en mai 1943, il est emprisonné à Fresnes et interné à Compiègne. Le 22 janvier 1944, il est déporté à Buchenwald. Il y est libéré le 11 avril 1945.

76Méfiant vis-à-vis des organisations existantes au moment du retour des déportés en France, Eugène Thomas préfère créer une association de rescapés pour parler en leur propre nom. Ainsi, il fonde la FNDIR avec Albert Forcinal. Il préside cette fédération jusqu’au mois de février 1946 et reste vice-président jusqu’à 1950. De 1959 à 1960, Thomas préside l’UNADIF dont il devient président d’honneur l’année suivante. Parallèlement à cet engagement associatif, il poursuit sa carrière politique en tant que ministre et secrétaire d’État de juin 1945 à août 1951, puis de février 1956 à janvier 1959. Il termine sa carrière au Conseil économique et social où il siège de 1959 à 1964.

Germaine Tillion (1907-2008)

77Après des études d’archéologie, de préhistoire, d’histoire des religions, Germaine Tillion s’oriente vers l’ethnologie. Entre 1934 et 1940, elle accomplit cinq missions scientifiques en Algérie où elle étudie la société chaouia habitant dans les Aurès, un massif montagneux de l’Est algérien. Sous la direction de Marcel Mauss, elle commence à préparer une thèse consacrée à ces sociétés berbères. Rentrée à Paris en juin 1940, Germaine Tillion s’engage ensuite au sein du réseau du musée de l’Homme. Arrêtée le 13 août 1942, elle est détenue à la Santé, puis à Fresnes où elle est autorisée à continuer de travailler sur sa thèse. Le 21 octobre 1943, elle est déportée à Ravensbrück en tant que détenue « NN ». Ses documents de recherche sont transportés également à Ravensbrück, mais elle ne les retrouvera jamais. La perte de sa thèse sera pour elle le deuxième grand drame après le décès de sa mère, gazée le 2 mars 1945. À Ravensbrück, Germaine Tillion fait partie des Verfügbar, détenues corvéables à merci. Son regard d’ethnologue lui permet de décrypter le fonctionnement du système concentrationnaire sur lequel elle donne des conférences à des camarades françaises. Par ailleurs, elle écrit une opérette intitulée Le Verfügbar aux enfers qui sera mise en scène pour la première fois en 2007. Au camp de Ravensbrück, elle rencontre également Margarete Buber-Neumann, qui lui apprend l’existence du goulag. Le 23 avril 1945, elle est libérée par la Croix-Rouge et évacuée en Suède.

78Après son retour en France, Germaine Tillion poursuit ses recherches sur le camp de Ravensbrück et ses détenues. Une première étude paraît en 1946 dans un ouvrage dirigé par Albert Béguin. Le deuxième et troisième Ravensbrück paraissent en 1973 et 1988. Elle rejoint également l’ADIR et fait partie du conseil d’administration de 1946 à 1998. Germaine Tillion est également vice-présidente de cette association de 1954 à 1964. Suite à l’appel de David Rousset du 12 novembre 1949, l’ADIR la désigne comme représentante au sein de la Commission internationale contre le régime concentrationnaire (CICRC) créée en 1950. Après d’autres séjours en Algérie, elle est nommée directeur d’études à l’École pratique des hautes études en 1958 où elle enseigne jusqu’en 1980. En 2015, Germaine Tillion entre au Panthéon.

Marie-Claude Vaillant-Couturier, née Vogel (1912-1996)

79Née dans une famille protestante et antidreyfusarde, Marie-Claude Vogel commence à travailler comme journaliste pour la revue Vu, dirigée par son père. Partie pour la première fois en Allemagne en 1930 pour apprendre l’allemand, elle est témoin du changement de la société allemande. Outre la proximité du grand luxe et de la profonde misère, elle voit des étudiants autour d’elle devenir peu à peu nazis. Ce qui constitue, selon ses propres mots, « une des nombreuses gouttes d’eau qui m’ont fait devenir communiste ». Elle adhère au PCF en février 1934. Depuis cette même époque, elle vit en couple avec Paul Vaillant-Couturier avec qui elle se marie le 29 septembre 1937 ; il décédera onze jours après leur mariage et Marie-Claude gardera son nom. Ensuite, elle travaille au service photographique de L’Humanité jusqu’à la déclaration de la guerre. Sous l’Occupation, elle s’occupe de l’édition clandestine de L’Humanité, tout en transportant des explosifs pour l’Organisation spéciale. Arrêtée le 9 février 1942 à Paris par les Brigades spéciales, elle est détenue au dépôt, à la prison de la Santé, puis au fort de Romainville. Déportée à Auschwitz-Birkenau le 24 janvier 1943 dans le convoi des « 31 000 », elle est transférée à Ravensbrück le 2 août 1944. Après la libération par les troupes soviétiques, elle y reste avec Adélaïde Hautval pour soigner les malades intransportables. Finalement, elle ne rentre à Paris que le 25 juin 1945.

80Après son retour, Marie-Claude Vaillant-Couturier commence une carrière politique. De 1946 à 1958, puis de 1962 à 1967, elle est députée communiste de la Seine. De 1967 à 1974, elle est députée du Val-de-Marne. Par la suite, elle fait partie du comité central du PCF jusqu’en 1985. Parallèlement, Marie-Claude Vaillant-Couturier est très active au sein du mouvement déporté et s’engage dans trois des quatre associations étudiées. Tout d’abord, elle est membre du comité national de la FNDIRP depuis la création, puis vice-présidente de 1954 à 1978 et membre de la présidence collégiale de 1978 à son décès. En outre, elle est vice-présidente de l’Amicale d’Auschwitz de juin 1945 à son décès. Enfin, elle est également membre du conseil d’administration et vice-présidente de l’ADIR de 1945 à 1948. Elle démissionne de ces postes en 1948, tout en restant membre de l’association. De 1990 à 1996, elle est la première présidente de la Fondation pour la mémoire de la Déportation.

Émile Valley (1910-1999)

81Déporté à Mauthausen le 22 mars 1944, Émile Valley devient ensuite membre de l’organisation de résistance de ce camp et responsable du Comité national français à la libération. Le 16 mai 1945, il lit la version française du « Serment de Mauthausen ». Au retour, Valley est secrétaire adjoint de l’Amicale de Mauthausen et administrateur du Patriote Résistant.

Robert Waitz (1900-1978)

82Fils d’un médecin d’origine russe et d’une mère professeure de sciences naturelles, Robert Waitz commence des études de médecine à Paris en 1917, devenant externe des hôpitaux en 1920 et interne en 1923. Après avoir passé l’agrégation de médecine en 1933, il est nommé professeur à Strasbourg en 1935. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Robert Waitz est médecin-capitaine dans un hôpital militaire de campagne. À la suite de sa démobilisation, il rejoint l’université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand. Après être entré dans la Résistance en janvier 1941, il devient chef régional du mouvement Franc-Tireur en Auvergne, puis membre du directoire régional des Mouvements unis de Résistance (MUR) d’Auvergne. Arrêté le 3 juillet 1943 à Clermont-Ferrand, Waitz est d’abord emprisonné dans cette ville, puis à la prison de Moulins. Interné à Drancy à partir de septembre 1943, il est déporté à Auschwitz-Birkenau le 7 octobre 1943. Après son arrivée, il est dirigé au kommando de Monowitz où il est médecin au Revier d’octobre 1943 à janvier 1945. Après une marche d’évacuation à Gleiwitz, il est transporté en train à Buchenwald d’où il est libéré le 11 avril 1945. Il fait partie des personnalités françaises qui sont rapatriées par avion.

83Après son retour à Strasbourg, Robert Waitz reprend ses fonctions en tant que médecin. En 1946, il devient titulaire de la chaire d’hydrologie thérapeutique et de climatologie, puis en 1961 de la chaire d’hématologie. Parallèlement à son travail comme professeur de médecine, il s’investit au sein de l’Amicale d’Auschwitz. Il en est d’abord vice-président de septembre 1945 à décembre 1946, puis président jusqu’en 1949. À la suite de l’affaire Rousset, il abandonne ses responsabilités dans l’amicale, tout en restant adhérent. De 1962 à 1968, Robert Waitz préside le Comité international d’Auschwitz.

Georges Wellers (1905-1991)

84Né en Russie, Georges Wellers et son épouse arrivent en France en 1929. Il intègre l’Institut Pasteur, puis le laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine à l’université de Paris en 1932. En 1938, il est naturalisé français. Le 12 décembre 1941, Georges Wellers est arrêté par la Feldgendarmerie, puis interné à Compiègne et à Drancy. Il est déporté à Auschwitz-Birkenau le 30 juin 1944, puis transféré au kommando de Monowitz et finalement à Buchenwald le 18 janvier 1945. Il y est libéré par l’armée américaine le 11 avril 1945.

85Après son retour en France, il reprend son travail au CNRS où il est maître de recherches. En outre, il s’engage au sein de l’Amicale d’Auschwitz et de la FNDIRP qu’il quitte toutes les deux à la suite de l’affaire Rousset. En 1951, Wellers est un des fondateurs de l’UNADIF à laquelle il restera fidèle tout au long de sa vie. Il en est vice-président de 1950 à 1953 et de 1959 à 1972, puis de 1986 à son décès. En 1963, il fonde l’Amicale des anciens déportés de Buna-Monowitz avec Abraham Feinstein. Parallèlement à cet engagement au sein du mouvement déporté, Georges Wellers est responsable scientifique du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) et directeur de la revue Le Monde Juif. Il se spécialise dans l’histoire du judéocide, publiant les résultats de ses recherches dans cette revue, Le Déporté et plusieurs livres. Enfin, Georges Wellers était le seul témoin français au procès Eichmann.