Précédent Suivant

Chapitre I. Les associations d’anciens concentrationnaires en France

p. 37-60


Texte intégral

Dans cette étude, les représentations de l’Allemagne et des Allemands chez les anciens concentrationnaires seront examinées par le biais des publications de leurs associations. Ces organisations de survivants ne sont pas créées ad hoc au retour des camps ; elles se fondent sur des liens noués et des structures créées dans les camps de concentration. Le lien entre ces organismes clandestins et les amicales créées en été 1945 est direct. Oliver Lalieu l’a montré pour les amicales d’Auschwitz et de Dachau1. La même chose vaut pour l’Amicale des anciens déportés de Buchenwald dont le premier conseil d’administration est composé par tous les membres du bureau du Comité clandestin des intérêts français (CIF)2. Au niveau des fédérations, qui rassemblent différents groupes et associations de déportés, les fondateurs insistent également sur le fait qu’elles ont été conçues en camp de concentration3, mais les divisions politiques et idéologiques se manifestent immédiatement. Ainsi, les anciens membres du bureau du CIF se retrouvent à la tête des deux grandes fédérations concurrentes : le progressiste Frédéric-Henri Manhès et le communiste Marcel Paul fondent la FNDIRP, tandis que le radical-socialiste Albert Forcinal et le socialiste Eugène Thomas créent la FNDIR. L’ADIR, qui n’est ni amicale ni fédération, a ses racines à la fois dans la Résistance et à Ravensbrück4.

Après la Libération, on peut constater un « enthousiasme associatif déchainé », une véritable « associationmanie5 », d’abord dans les milieux résistants, et après leur retour des camps aussi parmi les déportés. Ce foisonnement constitue un parallèle avec le mouvement des anciens combattants de la Première Guerre mondiale6. Mais vis-à-vis de l’unité des soldats de 1914-1918, les anciens combattants et victimes de guerre de 1939-1945 se distinguent par l’hétérogénéité de leurs expériences et par la fragmentation de leurs mémoires7. Il existe pourtant des « aspirations à l’unité organique au nom des idéaux défendus victorieusement8 », mais au sein du mouvement déporté, les antagonismes idéologiques s’expriment dès 1945 et continuent à se creuser dans les années qui suivent. Enfin, la puissance de ce mouvement n’est pas comparable à celle du mouvement des anciens combattants de 1914-1918. Cela s’explique par les divergences politiques d’une part et par le plus faible enracinement spatial et civique d’autre part9.

L’organisation associative des rescapés des camps en France se fait dans différentes strates et sous différentes formes. Les deux fédérations, qui voient le jour à la fin de l’année 1945, sont les plus représentatives du mouvement déporté10. Elles réunissent, de loin, le plus grand nombre d’adhérents et sont présentes dans toute la France métropolitaine et dans les colonies par des associations départementales et des sections locales11. En dehors des adhérents directs, différentes amicales y sont affiliées12. Ces amicales des camps constituent un autre échelon de la vie associative. Issues souvent des structures clandestines au sein des camps, elles regroupent les survivants et les familles de disparus des camps principaux et aussi de certains kommandos. Les divisions politiques les touchent moins que les fédérations, mais elles ne les épargnent pas non plus13. D’autres sociabilités14 de survivants se créent selon le transport de déportation15, la profession16 ou la confession17. Enfin, certaines communautés d’anciens détenus existent en dehors de l’organisation associative régie par la loi 190118.

Après ces propos liminaires sur les différentes formes de sociabilité d’anciens déportés en France, examinons de près les associations choisies pour cette étude. Seront présentés l’histoire de leur création, la sociologie de leurs adhérents, leurs activités ainsi que les acteurs importants.

Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes (FNDIRP)

Au moment où les premiers concentrationnaires rentrent en France, deux organismes existent pour accueillir les survivants des camps de concentration : le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (MNPGD), créé en mars 194419, et la Fédération nationale des centres d’entr’aide des internés et déportés politiques (FNCEAIDP), fondée en novembre 194420. La première organisation est issue de la Résistance, tandis que la seconde a été impulsée par le ministère des Prisonniers, Déportés et Rapatriés21. Lors d’un court séjour à Paris fin avril 1945, Marcel Paul et Frédéric-Henri Manhès prennent contact avec la FNCEADIP22 qui devient rapidement la principale organisation. Le congrès qu’elle tient en octobre 1945 donne naissance à la fédération qui nous intéresse dans cette étude23 : la Fédération nationale des déportés et internés patriotes (FNDIP) qui est rebaptisée Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes (FNDIRP) en janvier 194624. Elle s’installe au siège de la FNCEAIDP – au 10 de la rue Leroux dans le 16e arrondissement – qu’elle occupe jusqu’à nos jours. La « rue Leroux » devient ensuite le synonyme de cette fédération.

Dès le début de son existence, ses représentants insistent sur la diversité des membres de cette organisation. Cela se traduit d’abord par son ouverture à toutes les victimes du nazisme et du régime de Vichy, hormis celles arrêtées pour motifs de droit commun25. En plus des trois groupes de déportés présentés dans l’introduction, elle rassemble les internés ainsi que les patriotes résistants à l’Occupation (PRO), qui s’étaient opposés à la germanisation des territoires annexés. En dehors des adhérents directs, plusieurs amicales étaient affiliées à cette fédération26.

Au niveau politique, la FNDIRP rassemble au-delà des cercles de communistes et de leurs sympathisants, en accueillant, pendant les premières années, également des socialistes et quelques gaullistes. Une autre particularité mise en avant face à ses détracteurs, est la place accordée aux prêtres27. À plusieurs reprises, Maurice Lampe – survivant de Mauthausen et premier secrétaire général de la FNDIRP – assure que la Fédération représente « l’arc-en-ciel politique, philosophique et religieux de la Nation28 ».

Pour mesurer la place de la FNDIRP au sein du monde déporté de l’après-guerre, il suffit de regarder son implantation géographique. Lors du IIe congrès de décembre 1946, Maurice Lampe évoque l’existence de 96 comités départementaux et de 1 340 sections locales29. Pourtant, le chiffre revendiqué de 100 000 adhérents30, qui monte encore à 110 000 personnes31, semble exagéré32.

Enfin, le compte rendu du IIIe congrès de janvier 1948 donne une idée de la sociologie de ses adhérents. Parmi les 291 délégués ayant répondu à un questionnaire, on trouve 63 employés, 44 ouvriers, 25 fonctionnaires, 21 commerçants, 18 personnes sans profession, 18 cheminots, 17 enseignants, 16 industriels, 10 officiers, 10 journalistes, 9 médecins, 8 artisans et 6 membres du clergé33. 224 d’entre eux ont été déportés et 46 internés tandis que 21 représentent les familles des disparus34. Finalement, le rapporteur souligne que 258 délégués sont des résistants ayant appartenu à un mouvement tandis que 52 représentent la « résistance civile » et les familles35.

Quant aux activités de cette organisation ; elles prennent racine dans les messages du serment de Buchenwald36, et dans le manifeste émis en septembre 1945 par la FNCEAIDP. Ce dernier avait appelé les internés et déportés politiques à forger une fédération pour défendre leurs intérêts matériels et moraux ainsi que pour « sauver de l’oubli [leur] martyre et faire qu’il n’y ait pas été en vain37 ». Cette fédération doit également « faire du monde des déportés et internés politiques le haut lieu de la pensée et de la lutte antifasciste38 » et, enfin, garantir qu’eux-mêmes et leurs enfants ne reverraient : « Plus jamais ça39 ». Au-delà de la volonté d’agir pour réaliser ces différentes causes, ce manifeste invoquait l’action « contre les hommes et les instruments de la trahison40 ».

Les activités de la FNDIRP découlent directement de ses objectifs : pour défendre les intérêts matériels et moraux des victimes, elle développe l’action revendicative ; pour contrer l’oubli, la fédération organise une activité commémorative ; et pour agir contre les collaborateurs, elle appuie l’épuration41. Mais comment dénommer l’activité qui se fonde sur la volonté de « faire du monde des déportés et internés politiques le haut lieu de la pensée et de la lutte antifasciste », et sur le désir de réaliser le serment du « Plus jamais ça » ? La FNDIRP elle-même la considère d’« action civique et patriotique42 », Roger Bourderon s’y tient et parle d’« activité civique43 », Annette Wieviorka, enfin, de l’« axe politique44 » de son activité. Ces appréciations illustrent les divergences lorsqu’il s’agit de caractériser les rapports de la FNDIRP à l’engagement politique. Implicitement, il s’agit surtout de déterminer sa relation au PCF.

Olivier Lalieu a souligné que l’engagement politique du mouvement déporté résulte, non seulement des convictions individuelles de chaque survivant, mais aussi de l’expérience concentrationnaire elle-même45. Le serment fait aux mourants de porter témoignage sur les crimes après la libération des camps est régulièrement évoqué lorsqu’il est question du passé ; il est encore plus souvent invoqué pour justifier l’engagement au présent et à l’avenir. Cette promesse s’exprime dans le slogan « Plus jamais ça ! », repris par toutes les associations. Néanmoins, cette devise, héritée des anciens combattants de la Première Guerre mondiale, reste très vague. Désigne-t-elle, comme en 1914-1918, uniquement les horreurs de la guerre, ou aussi la répression, la déportation et les exécutions d’ennemis politiques ? Ou plutôt la persécution et le génocide des Juifs ? Ou encore les expériences pseudo-médicales ? Enfin, sous quelle forme et à quel endroit, le « ça » menaçant se manifeste-t-il après 1945 ? Les réponses à ces questions dépendent des orientations politiques et idéologiques, qui se situent pour la FNDIRP du côté antifasciste.

Il en découle une ambiguïté des activités de la FNDIRP qui s’exprime dans ses statuts46 et que ses détracteurs lui reprochent constamment47. Les deux phrases de l’article IV des statuts résument cette contradiction :

« La Fédération s’interdit en son sein toute activité politique de parti ou confessionnelle et affirme son indépendance tant à l’égard des pouvoirs publics que de tous mouvements politiques. Mais elle entend intervenir auprès de ces pouvoirs publics comme auprès de l’opinion chaque fois que ses intérêts moraux ou matériels risquent d’être en jeu48. »

Dans tous les conflits politiques à l’intérieur de la FNDIRP ou face à la FNDIR, cet article est cité, disséqué et interprété selon l’avis de l’intéressé pour critiquer ou justifier l’activité « civique et patriotique » de la FNDIRP. Olivier Lalieu résume : « Si cette fédération se présente comme au-dessus des partis, elle place néanmoins résolument son action dans le champ politique49. »

De plus, les liens entre la FNDIRP et le PCF ont occupé, à l’époque, le mouvement déporté et, plus tard, les chercheurs. La fédération n’a pas été fondée par le Parti communiste50, mais en est-elle une organisation de masse ? Lalieu répond par l’affirmative51, Wolikow par la négative52, sans pour autant que leurs constatations soient loin l’une de l’autre. Tous les deux soulignent l’imbrication structurelle et personnelle des deux organisations ainsi que l’impact de la guerre froide qui resserre les liens.

Dans l’immédiat après-guerre, cette imbrication s’étend jusqu’à la sphère ministérielle puisque Frédéric-Henri Manhès, président de la FNDIRP, est chef de cabinet de son co-fondateur Marcel Paul, ministre de la Production industrielle. De plus, le ministère des Anciens combattants et victimes de guerre (ACVG), acteur principal dans le domaine qui concerne les survivants des camps, est dirigé par Laurent Casanova, président d’honneur de l’Amicale d’Auschwitz53. Son chef de cabinet est Maurice Lampe, secrétaire général de la FNDIRP.

La fédération perd cette influence directe avec la démission de Laurent Casanova en juillet 1946 et le départ de Marcel Paul à la fin de cette même année. Jusqu’au début des années soixante, les liens continuent à rester très étroits avec le PCF. Par le biais des militants communistes occupant les postes clés de la fédération, le Parti intervient pour valider la composition des instances de la FNDIRP et ses orientations générales54. Vis-à-vis de l’opinion et des pouvoirs publics – et encore plus envers ses adversaires qui la stigmatisent comme « filiale et servante du parti communiste55 » – la FNDIRP a toujours été soucieuse de se démarquer du label « communiste » et de montrer qu’elle rassemble une pluralité de victimes du nazisme.

Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance (FNDIR)

Contrairement à la FNDIRP, la Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance (FNDIR) est restée dans l’ombre de la recherche historique. À défaut d’une monographie sur son histoire, nous allons donc essayer de reconstituer ses origines en utilisant les bribes d’informations trouvées au cours de cette recherche56.

Comme la FNDIRP, les dirigeants de cette fédération insistent sur sa création au camp de Buchenwald. Dans les semaines qui précèdent la libération, une poignée d’hommes jettent les bases de la Fédération nationale des déportés de la Résistance (FNDR)57 dont le bureau national provisoire est présidé par Albert Forcinal et Eugène Thomas. À leur retour en France, ces derniers refusent les structures en place58 sur lesquelles s’appuient Frédéric-Henri Manhès et Marcel Paul. Dans le premier bulletin de la FNDIR, Thomas exprime cette méfiance vis-à-vis de la FNCEAIDP, autrement dit de l’influence politique sur les associations de rescapés59. Face à la découverte d’une association toute faite qui existe déjà au moment de l’arrivée des premiers survivants, il exprime sa stupéfaction. Pour lui, cet organisme berce les rescapés avec l’aide matérielle et morale tout en aspirant à parler et à penser pour eux60.

Cette découverte renforce alors la volonté de ses camarades, et de lui-même, de créer une association pour parler en leur propre nom. Outre le premier noyau de rescapés de Buchenwald comme Forcinal et Thomas, un deuxième groupe se forme autour de Jacques Brunschwig-Bordier et Jacques Poupault, revenants de Dora. Rentrés à Paris le 11 avril 194561, ils se retrouvent deux semaines plus tard au Club du 18 juin avec d’autres rescapés62. La fédération naît de la collaboration étroite de ces deux groupes. Après avoir occupé un siège provisoire au rond-point des Champs-Élysées, la fédération s’installe au 51 de la rue de Boulainvilliers, dans le 16e arrondissement. Dans les conflits avec la « rue Leroux », cette adresse symbolise désormais la FNDIR63.

Toutefois, le véritable « mythe fondateur » de la FNDIR est la marche à l’Étoile du 1er mai 1945. Ce jour-là, un groupe de rescapés remonte l’avenue des Champs-Élysées64 ; au premier rang, Edmond Debeaumarché, haut fonctionnaire et l’un des acteurs principaux de la FNDIR. À ses côtés se trouvent d’autres déportés résistants, principalement des survivants de Buchenwald et de Dora. À l’Arc de triomphe, ils sont accueillis par le général de Gaulle. La cérémonie suit le rituel traditionnel, fixé en 192465. Cette célébration, héritée des Poilus, illustre l’identification à la mémoire combattante66, une différence primordiale par rapport à la FNDIRP. La FNDIR restera fidèle à cette mémoire ; la photo du défilé sur l’avenue des Champs-Élysées apparaîtra dans Le Déporté à des dates importantes67.

Les 15 et 16 décembre 1945, la FNDIR tient son premier congrès national à Paris68. La question de l’unité de tous les déportés et internés de France au sein d’un même organisme y fait grand débat. La FNDIR montre alors sa bonne volonté tout en gardant ses distances par rapport à la FNDIP. D’un côté, le congrès proclame que « l’unité des déportés et internés de France ne peut être réalisée qu’au sein d’une Confédération69 » et propose la création d’un comité de coordination, aussi bien au niveau national que départemental. Par ailleurs, ce texte stipule aussi, qu’aucun de ses membres ne peut accepter une responsabilité dans les organismes directeurs de la FNDIP70.

En conclusion du congrès, son secrétaire général se félicite d’avoir fait un pas vers une confédération de tous les déportés, et surtout d’avoir déjà réalisé l’union de tous les déportés et internés de la Résistance71. Il parle même d’une « Fédération de la Résistance » et exhorte les déportés et internés ainsi que les associations de Résistance encore isolées, à se joindre à la FNDIR72. Malgré l’effort des membres des deux fédérations, le projet d’une association représentant tous les concentrationnaires resta lettre morte ; dès le départ, les définitions du déporté par les deux fédérations ayant été trop divergentes. Les tensions politiques, exacerbées par la guerre froide, firent le reste pour enterrer à jamais ce projet.

En ce qui concerne ses adhérents, la FNDIR les recrute parmi les résistants ayant survécu à l’internement et à la déportation. Au niveau politique, elle insiste également sur la diversité de ses membres, et surtout de ses dirigeants dont le bulletin cite régulièrement les affiliations. Son président Léon Mazeaud est membre fondateur du RPF, parmi ses vice-présidents se trouvent Albert Forcinal (UDSR), Eugène Thomas (SFIO), Edmond Michelet (MRP) et André Mutter (PRL73). Au commencement, on trouve même des communistes parmi ses membres74, expression d’une période où les frontières n’étaient pas encore définitivement établies. Il existe peu d’informations sur la sociologie de ses adhérents, mais ses publications livrent quelques indices permettant d’émettre des hypothèses.

Nous pensons ainsi, qu’une grande partie des membres est constituée de fonctionnaires, de personnes exerçant des professions libérales et de militaires. Parmi les associations fédérées figurant en tête de son bulletin d’information75, on trouve l’Association de défense des fonctionnaires internés et déportés ainsi que l’Association nationale des officiers et sous-officiers déportés et internés de la Résistance (ANOSODIR). En dépit des recoupements avec les deux organismes précédents, le véritable cœur de cette fédération était semble-t-il l’Association nationale des déportés et internés de la Résistance (ANDIR76). Enfin, la dernière organisation fédérée est l’Association nationale des familles de résistants et otages morts pour la France (ANFROMF77) qui regroupe les membres des familles de victimes.

Malgré l’évocation des activités de la FNDIR dans certains départements, il n’y a pas d’informations globales sur son implantation sur le territoire, sans aucun doute nettement plus faible que celui de sa concurrente. Mais tandis que la FNDIRP peut s’appuyer sur le nombre et l’engagement de ses membres, la FNDIR a des contacts plus étroits avec les milieux gouvernementaux78 et parlementaires79 ; ce qui facilite la réalisation de certains objectifs. En 1948, la FNDIR réussit à imposer sa définition du déporté qui divise les concentrationnaires en déportés résistants et déportés politiques80. En outre, elle est reconnue d’utilité publique en 1950, ce à quoi la FNDIRP ne parviendra jamais.

Quant au nombre des membres, le Bulletin d’information de la FNDIR ne donne pas d’informations. Selon Lagrou, il oscille entre 5 000 et 10 000 adhérents81, Lalieu l’estime inférieur à 20 000 personnes82. Le secrétaire général de la FNDIRP cite, lui aussi, le nombre de 20 000 membres au sein de la fédération adverse, « tout en faisant les plus grandes réserves sur ce chiffre83 » et en précisant que 7 500 d’entre eux sont également membres de la FNDIRP. Face à la supériorité numérique de la FNDIRP, les dirigeants de la FNDIR se vantent de représenter la qualité, les « Résistants authentiques84 », selon les mots de Jean Kréher. Un rédacteur du Bulletin d’information parle, quant à lui, des meilleurs parmi les fils de la France qui ont payé le prix « pour redonner à la France la grandeur qu’elle avait perdue en 194085 ». Cette fierté d’anciens combattants d’élite peut aller de pair avec un mépris envers les autres catégories de déportés86, qui devient virulent si ces survivants ont été des requis du STO avant leur détention en camp de concentration87.

Quant aux activités de la FNDIR, elles se fondent sur les statuts rédigés à Buchenwald88, et légèrement modifiés au moment de sa création89. Indépendamment de la solidarité entre les membres, ses buts déclarés sont l’aide morale et matérielle aux adhérents, la défense des droits des déportés résistants, et l’entretien du souvenir de ceux qui sont morts pour la France90. Les objectifs et leur expression dans les statuts ressemblent largement à ceux de la FNDIRP, mais les chemins pour y arriver sont différents. Tandis que la FNDIRP compte intervenir auprès des pouvoirs publics et de l’opinion publique, les statuts de la FNDIR stipulent de « promouvoir ou de soutenir […] toute législation ou règlement nécessaire à l’établissement et à la défense des droits des Déportés de la Résistance91 ». En d’autres termes, elle privilégie l’influence directe sur la législation, là où la FNDIRP s’appuie sur l’activité militante de ses membres, y compris les manifestations devant le ministère des Anciens combattants et victimes de guerre.

Le bulletin de la FNDIR dénombre six services différents à la fin de l’année 194692 : un « service de recherches et de crimes de guerre », un « service de propagande », un autre pour maintenir le contact avec les sections départementales ainsi qu’un service médical, un social et un juridique. Le premier organisme est chargé de rechercher la trace de déportés non rentrés et de recueillir les témoignages des survivants, en vue de procès contre les criminels de guerre. La désignation « propagande » de l’autre service surprend, ayant de nos jours une connotation négative. Dans l’après-guerre, ce terme est employé cependant dans les statuts et les organigrammes de toutes les associations, et pas seulement par ceux qui pourraient réclamer sa définition positive par Lénine93. Les objectifs sont la récolte d’argent pour l’association par l’organisation de galas, de compétitions sportives ou de conférences ainsi que le resserrement des liens entre les membres par des cérémonies commémoratives, la diffusion d’ouvrages sur la Résistance et la projection de films. Que la propagande soit, malgré sa connotation positive, considérée comme une arme se voit quand l’article souligne que ce service est chargé de « munir94 » les sections départementales du matériel de propagande.

Le dernier point important est le rapport à l’engagement politique. Dans ses statuts, la fédération exclut toute action politique ou confessionnelle95. Depuis sa création, les dirigeants de la FNDIR insistent sur l’apolitisme de leur organisation et y veillent avec la plus grande attention. S’engage ensuite un débat virulent avec la FNDIRP dont elle dénonce les prises de position partisanes. Celle-ci rétorque que la FNDIR est loin d’être apolitique et cite les affiliations politiques de ses dirigeants. Face à cet argument, la FNDIR insiste sur la distinction entre les convictions personnelles de ses dirigeants et la position collective de l’association96. En outre, il faut souligner que cette association n’est pas apolitique dans le sens où elle s’abstiendrait de toute activité politique. Mais elle intervient surtout lorsque les droits de ses membres sont en jeu, en empruntant des chemins plus discrets que la FNDIRP. Avec l’intensification de la guerre froide, des déclarations politiques paraissent également dans Le Déporté, le journal de l’UNADIF et de la FNDIR. Mais celles-ci s’appuient uniquement sur des opinions politiques partagées par ses membres, en première ligne l’anticommunisme.

Union nationale des associations de déportés, internés et familles de disparus (UNADIF)

L’Union nationale des associations de déportés, internés et familles de disparus (UNADIF) est en quelque sorte la sœur cadette de la FNDIR. Cet enfant de la guerre froide naît en 1950, à la suite de la scission de la FNDIRP. Auparavant, celle-ci avait été secouée par de fortes controverses concernant la participation au « Congrès mondial des Partisans de la Paix » à Paris en avril 194997 et par « l’affaire Rousset98 ». En novembre 1949, David Rousset avait lancé un appel qui invitait les survivants et leurs organisations à constituer une commission d’enquête sur le système concentrationnaire en URSS99.

Tandis que l’ADIR et la FNDIR soutiennent le projet de Rousset, il fait l’effet d’une bombe au sein de la FNDIRP. Plusieurs membres du bureau national déclarent leur adhésion à l’appel de David Rousset, notamment le Révérend Père Riquet, dirigeant de l’aile non communiste100. Mais le comité directeur de la fédération refuse de participer à la commission d’enquête, ce qui provoque la démission de treize des vingt-huit membres du bureau national101. À son départ, le RP Riquet entraîne avec lui les associations départementales dans lesquelles les communistes sont minoritaires102.

Les personnes qui quittent la FNDIRP se retrouvent d’abord au sein du Comité national de coordination des associations de déportés, internés et familles de disparus (CADIF), dirigé par le bâtonnier Paul Arrighi et l’abbé Paul Louis, deux anciens membres du bureau national de la FNDIRP103. Face à cette forte perte de membres à la fin de l’année 1949, les dirigeants de la FNDIR se frottent les mains, espérant même devenir la première fédération française d’anciens déportés. Cette joie anticipée se lit dans la déclaration de son président, proclamant au IVe congrès de décembre 1949 que « [d]emain, la FNDIRP n’aura plus comme membres que les partisans qui la dirigent104 ».

La plupart des personnes qui quittent la FNDIRP s’engagent au sein de l’UNADIF qui tient son congrès constitutif à Compiègne du 2 au 4 juin 1950. Les acteurs principaux de sa fondation sont d’anciens membres de la FNDIRP comme le père Riquet et l’abbé Louis, mais aussi Émile-Louis Lambert, président de l’Union générale des déportés et internés (UGDI)105. L’UNADIF devient la nouvelle grande fédération de droite à laquelle sont affiliées la FNDIR, l’ANFROMF, les associations départementales (ADIF) et certaines amicales des camps106. La création de cette nouvelle structure permet d’attirer et d’intégrer les déportés et internés politiques qui quittent la FNDIRP, sans pour autant les mélanger avec les déportés et internés résistants de la FNDIR.

De la sorte, l’UNADIF peut constituer une véritable concurrence au niveau du chiffre des effectifs, tout en permettant aux adhérents de la FNDIR de rester entre eux107. En décembre 1950, le RP Riquet estime ainsi le nombre total des membres à 60 000108. Un an plus tard, Edmond Debeaumarché revendique le chiffre de 40 000 adhérents, ce qui fait pour lui de l’UNADIF « l’association la plus représentative des déportés, internés et familles de disparues109 ». Or, pendant le même discours, il doit avouer que d’autres associations – en l’occurrence la FNDIRP – sont « plus importantes par le nombre110 ». La FNDIRP arrive alors à enrayer la perte d’effectifs et à attirer de nouveaux adhérents à partir du milieu des années cinquante. Malgré les rêves des dirigeants de l’UNADIF et de la FNDIR, la FNDIRP restera l’association la plus importante au niveau des membres et de l’activité, jusqu’à nos jours.

Au sein de la FNDIR, un autre problème se pose en réponse à l’arrivée des nouveaux adhérents. Bien que la direction soit contente de voir grossir les rangs de l’UNADIF, les nouveaux membres ne sont pas accueillis de manière chaleureuse. Cela se voit dans le choix des mots du secrétaire général Edmond Debeaumarché qui les considère comme « les démissionnaires de la rue Leroux111 ». De plus, le fait que le RP Riquet souhaite prendre exemple sur certaines associations départementales, dont il souligne la compréhension et le désintéressement vis-à-vis des anciens membres de la FNDIRP, montre que cela n’est pas le cas partout112. Que faire alors pour unir ou, au moins, pour rapprocher un groupe hétéroclite ?

On pourrait se baser sur un dénominateur commun, notamment l’expérience de l’internement et de la déportation. Cela n’ayant pas été suffisant auparavant pour surmonter le clivage avec la FNDIRP, il faut alors prendre le chemin inverse et trouver un ennemi commun. Les communistes en général et la FNDIRP en particulier s’y prêtent bien et subissent de nombreuses attaques. De surcroît, le conflit avec la FNDIRP s’était aussi exprimé dans le clivage entre déportés politiques et déportés résistants. Mais avec l’arrivée de nombreux déportés politiques dans les rangs de l’UNADIF, cet antagonisme n’est plus de mise.

Ainsi faut-il trouver un groupe extérieur au monde déporté. En raison de leur revendication du titre de « déporté du travail », les anciens requis du STO se trouvent rapidement dans le collimateur de l’UNADIF, de la FNDIR et de leurs membres113. Dès le congrès constitutif de l’UNADIF, se sujet se trouve à l’ordre du jour. En effet, dix jours plus tôt, l’Assemblée nationale avait voté la loi portant sur la reconnaissance des « déportés du travail114 ». Sollicité par l’UNADIF, le ministre des Anciens Combattants réussit à faire substituer ce terme par l’appellation « requis du STO115 ». Mais la polémique n’est pas close, bien au contraire. Dans le nouvel organe de l’UNADIF – baptisé non par hasard Le Déporté – la « défense du titre » fait l’objet de nombreux articles depuis sa première parution en décembre 1950. Cette cause devient même l’objectif principal de l’UNADIF et de la FNDIR116 et le reste pendant les cinq décennies qui suivent117.

En ce qui concerne l’orientation politique des fédérations, le départ des membres opposés à la position politique de la FNDIRP et la création de l’UNADIF clarifient grandement les lignes. L’affiliation politique, ou au moins la sympathie pour le camp antifasciste ou antitotalitaire, détermine désormais le choix d’adhérer soit à l’une, soit à l’autre ou de rester fidèle à l’une, et de quitter l’autre. Cette polarisation politique et idéologique est clairement visible dans la direction des deux fédérations. Au sein de la FNDIRP, les staliniens118 prennent le pouvoir. Les communistes modérés comme Maurice Lampe et Frédéric Ricol sont mis à l’écart, les sympathisants partent. Déjà sept mois avant le déclenchement de « l’affaire Rousset », André Leroy avait été élu secrétaire général. Au moment de son élection en tant que vice-président deux ans plus tard, Charles Joineau prend ce poste et l’occupera pendant les trente-trois années suivantes119. C’est très probablement par le biais de ces hommes que le PCF prend de l’influence sur les décisions internes de la FNDIRP. En outre, ces deux communistes engagés avec détermination dans les combats idéologiques de la guerre froide se démarquent par une langue de bois maniée à la perfection.

Or, la FNDIRP n’a pas le monopole du sectarisme, ni du langage teinté par la propagande. Les dirigeants de la FNDIR et de l’UNADIF – notamment le gaulliste Léon Mazeaud qui préside la FNDIR, mais aussi le socialiste Edmond Debeaumarché, secrétaire général des deux fédérations – ne le cèdent en rien à leurs homologues de la FNDIRP. Leur anticommunisme latent devient explicite et trouve désormais sa place dans les congrès et les publications de l’association. Peu avant la création de l’UNADIF, Léon Mazeaud dénonce ainsi la FNDIRP comme « filiale et servante du parti communiste120 » et prédit sa fin : « Mais à l’heure qu’il est, la FNDIRP a vécu. L’appel de David Rousset l’a contrainte à jeter le masque, à montrer son visage moscoutaire, à abandonner la cause des déportés pour défendre la cause des Soviets121. » D’autres conflits avec la FNDIRP nourriront cette hargne qui frise la haine.

Par la suite, l’opposition des deux fédérations dépasse les frontières de la France. Dans l’administration de la Fédération internationale des résistants (FIR), fondée en juin 1951 à Vienne, les dirigeants de la FNDIRP jouent un rôle clé122. Les liens avec le mouvement déporté français sont encore plus clairs dans le cas de la Fédération internationale libre des déportés et internés de la résistance (FILDIR), constituée en novembre 1951 à Paris, lors d’un congrès organisé par l’UNADIF123. Par conséquent, Pieter Lagrou considère cette « organisation anti-FIR déclarée124 » comme « bras international » de l’UNADIF. La création de ces deux organismes montre une fois de plus l’affrontement entre le camp antifasciste et le camp antitotalitaire. Enfin, les programmes des deux fédérations internationales illustrent clairement leur positionnement vis-à-vis des deux États allemands. Tandis que la FIR exige la lutte contre le militarisme ouest-allemand et prévoit la constitution d’une documentation à charge de la RFA125, la FILDIR déclare « la lutte pour une Allemagne unifiée, l’entente germano-française et l’admission de l’Allemagne à la communauté des peuples libres » comme objectifs126.

Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR)

L’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR) a également ses racines dans un organisme créé après la Libération et dans un projet esquissé dans la clandestinité des camps. D’une part, elle est issue de l’Association des prisonnières de la Résistance (APR), fondée en octobre 1944 par des anciennes internées127. D’autre part, des détenues avaient décidé à Ravensbrück de former une association de déportées à leur retour128. Après avoir pris en charge les déportées rapatriées, l’APR se fonde dans l’ADIR. Celle-ci est déclarée à la préfecture de police le 22 juillet 1945, son assemblée générale constitutive a lieu le 4 novembre 1945129.

Les adhérentes de cette association sont exclusivement des combattantes volontaires de la Résistance, emprisonnées ou déportées de ce fait130. L’adhésion fonctionne par cooptation puisqu’il faut « être présenté par deux marraines, membres elles-mêmes et agréées par le Conseil d’Administration131 ». Une commission de criblage décide ensuite de l’admission des candidates. Contrairement à l’engagement résistant, l’orientation politique ne joue aucun rôle dans le choix d’adhérer ou non à cette association. L’ADIR est la seule des associations étudiées dont les membres représentent tout le spectre politique. Bien que les survivantes communistes et d’autres déportées marquées par l’antifascisme, comme Rose Guérin, Cécile Lesieur ou Marie-Jo Chombart de Lauwe, prennent des responsabilités au sein de l’Amicale de Ravensbrück132, elles sont également membres de l’ADIR, publiant des articles dans Voix et Visages ou prenant la parole pendant l’assemblée générale133. Quantitativement, le nombre des adhérentes n’est pas comparable à celui des deux grandes fédérations, mais il englobe la majorité des survivantes de Ravensbrück134. Lors de la deuxième assemblée générale en décembre 1946, sa secrétaire générale Claire Davinroy cite ainsi le chiffre de 1 151 membres135. Quant à la sociologie des adhérentes, Dominique Veillon a relevé un statut professionnel très diversifié, avec un fort pourcentage d’employées et de commerçantes, et un moindre pourcentage d’agricultrices et d’ouvrières136. Elle a constaté également une proportion assez importante de femmes au foyer et une plutôt bonne représentation des professions libérales137.

Lors de sa création, l’ADIR se fixe comme but de venir en aide à ses membres, aux familles de ses membres ainsi qu’aux familles des déportées et internées de la Résistance décédées en captivité ou des suites de celle-ci138. Le soutien matériel et moral aux anciennes déportées et internées résistantes est un autre objectif principal139. Les adhérentes elles-mêmes résument ces objectifs par les mots « entraide et amitié », invoqués régulièrement dans le bulletin et lors des assemblées générales. Cette grande proximité entre ses membres revêt parfois même un caractère familial140. Dès le premier numéro de Voix et Visages, la secrétaire générale souligne « que n’importe quel schmutzstück141 de Ravensbrück […] nous est quelquefois plus proche que certains membres de notre famille142 ». Cette forte solidarité née de la souffrance commune a persisté par la suite et s’est exprimée dans les activités de l’ADIR.

Au retour des déportées, l’APR a déjà développé un service social. Face à l’urgence, cette activité primordiale est étendue par l’ADIR qui lui succède en novembre 1945. Ses dirigeantes font fonctionner un service médical, un centre d’hébergement143 et une cantine au siège parisien144. Elles organisent aussi des séjours de convalescence en Suisse, en Savoie et à Nice145. Dans une France touchée par les destructions de guerre et la pénurie de tout genre dans l’après-guerre, l’ADIR distribue vêtements et chaussures, mais aussi literie, meubles ou vaisselle aux camarades sinistrées146. Plus de 20 % des membres reçoivent des colis de suralimentation ; 50 enfants et 40 survivantes sont « marrainés » par des amis américains, recevant des colis de vivres et des vêtements147.

Après avoir réglé ces « tâches multiples de première urgence148 », l’ADIR encourage également ses membres à se former, à trouver un emploi ou à se construire une nouvelle vie. Depuis 1946, l’association organise un atelier de couture149. À certaines adhérentes, elle procure des bourses pour faire des études ou un apprentissage150. De plus, 95 membres reçoivent un don ou un prêt d’honneur leur permettant « de repartir dans la vie, de reconstruire une ferme, de remonter un magasin151 ».

Cependant, l’aide n’est pas seulement matérielle, mais aussi spirituelle, car les adhérentes sont appelées à envoyer un SOS si elles se sentent « seules et en proie au cafard152 ». Les sections locales et les déléguées régionales153 permettent d’aider également les rescapées vivant en province. Mais le centre de son activité est au siège de la rue Guynemer, hérité de l’APR et occupé jusqu’en 1955. Contrairement à la FNDIRP et à la FNDIR, cette adresse n’est jamais citée dans les conflits politico-idéologiques de la guerre froide. Elle est uniquement évoquée dans le cadre des activités sociales de cette association. Ce travail est rapidement distingué par l’État, reconnaissant l’ADIR d’utilité publique en 1951154.

Enfin, la « propagande » joue un rôle moindre, surtout en comparaison aux deux fédérations présentées ci-dessus, bien que les statuts stipulent qu’elle en fasse « par ses bulletins, des circulaires et des conférences155 ». L’ADIR ne prend position que sur les problèmes qui concernent directement les anciens déportés et résistants. Elle reste en dehors de toutes les polémiques qui pourraient entraîner un clivage au sein de l’association.

Ceci nous amène au rôle que joue la politique dans l’ADIR. Ses statuts lui prescrivent un but purement social et excluent « toute mesure qui tendrait à avoir un caractère politique dans le sein de l’Association156 ». Ses dirigeantes font valoir cet apolitisme contre vents et marées. Pour sa première secrétaire générale, l’apolitisme est un esprit « respectant nos grands principes de neutralité confessionnelle et partisane absolue et d’indépendance totale vis-à-vis de la politique157 ». Les dirigeantes et les adhérentes de l’ADIR s’y tiennent, ce qui n’empêche pourtant pas des débats passionnés dans Voix et Visages158 et pendant les assemblées générales. Bien que critiquée au sein de l’association, entre autres lors du silence de l’ADIR vis-à-vis des atteintes aux droits de l’homme en Algérie159, cette attitude évite une scission comme l’a connue la FNDIRP.

L’ADIR est donc « apolitique » dans la mesure où elle ne s’implique pas dans les conflits idéologiques de la guerre froide ou dans d’autres disputes risquant de diviser ses adhérentes. Néanmoins, ses dirigeantes et les rédactrices du bulletin prennent clairement position dans les débats politiques liés à la déportation et rassemblant ses membres. C’est le cas lorsqu’il s’agit de défendre le titre de « déporté » contre les anciens du STO, un sujet où les dirigeantes savent les adhérentes derrières elles.

L’Amicale des déportés d’Auschwitz et des camps de Haute-Silésie

La dernière association prise en compte pour cette étude se distingue des trois autres par une différence fondamentale. Tandis que celles-ci admettent aussi bien des déportés que des internés, l’Amicale des déportés d’Auschwitz n’est ouverte qu’aux survivants de ce camp de concentration et de ses kommandos ainsi qu’aux membres des familles de disparus. Au retour des camps, les survivants de tous les camps principaux ont fondé des amicales. Celle des rescapés d’Auschwitz est créée le 4 juin 1945 et tient sa première assemblée générale le 29 septembre 1945160. Deux jours plus tard, le Journal officiel annonce sa création sous le nom d’« Amicale des déportés politiques d’Auschwitz et des camps de Haute-Silésie161 ».

Comme les associations présentées précédemment, elle se fonde sur des structures clandestines et des sociabilités ayant existé en camp de concentration, dans le cas présent à Auschwitz et au kommando de Raisko162. Marie-Elisa Nordmann-Cohen souligne que la « famille française » de Raisko, gravitant autour du groupe des « 31 000163 », était l’« embryon d’organisation pour constituer l’Amicale164 ».

Cela étant, le « mythe fondateur » de cette amicale localise sa création en Méditerranée, sur un bateau ramenant d’autres survivants d’Odessa à Marseille165. Rappelons que la Haute-Silésie est libérée par l’Armée rouge en janvier 1945, mais que la voie terrestre vers la France n’est pas encore ouverte. Les survivants occidentaux sont donc rapatriés par bateau. Pendant le trajet, des conversations s’engagent avec des officiers français regagnant la patrie après cinq années de captivité. Ceux-ci se montrent sceptiques à l’égard des descriptions que leur font les déportés des horreurs vécues dans les camps de concentration. Certains survivants comprennent que cette réaction n’est qu’un avant-goût de l’incrédulité et des doutes qui les attendront à leur retour en France166.

Afin de prouver que leurs histoires ne sont pas « gonflées », la poignée de déportés présents sur le bateau organise des conférences pendant lesquelles ils expliquent aux militaires français la vie concentrationnaire, l’organisation d’un KZ et l’extermination167. Ensuite, lors d’une réunion spéciale entre eux, Maurice Honel fait la proposition de créer une amicale des rescapés d’Auschwitz168. Après le retour à Paris, ce groupe prend contact avec la FNCEAIDP où il trouve des survivantes de la « famille de Raisko », notamment Berthe Falk, Madeleine Dechavassine et Marthe Diament169. De ces deux noyaux naît l’amicale, au début du mois de juin 1945.

L’Amicale des déportés d’Auschwitz voit ainsi le jour à la même période que l’Association des anciens déportés juifs de France (AADJF170), mais contrairement à celle-ci, elle admet aussi bien des survivants juifs que des non-juifs. Selon ses statuts, « l’Amicale est ouverte à tous les anciens déportés ayant séjourné au camp d’Auschwitz et dans ses kommandos et aux familles des morts de ces camps171 ». Elle accueille donc également les veuves, parents et enfants des victimes. Selon Claude Lévy, les déportés juifs et leurs proches constituent l’essentiel de l’amicale avec 90 % des membres172. Les membres non-juifs se recrutent parmi les survivants de deux convois de déportés résistants arrivés à Auschwitz en juillet 1942 et janvier 1943. D’après la série de leurs matricules, les déportés du 6 juillet 1942 se désignent comme les « 45 000 », les déportées du 24 janvier 1943 comme les « 31 000173 ».

En dépit de leur infériorité numérique, les résistants constituent une « minorité dynamique174 » au sein de cette amicale. Ainsi, parmi les 20 membres du conseil d’administration provisoire élu en juin 1945, on trouve sept femmes des « 31 000 » et trois hommes des « 45 000 ». Finalement, les femmes jouent un rôle prépondérant dans cette association. Déjà dans le conseil d’administration provisoire, elles constituaient la moitié des membres ; ensuite, on trouve cinq hommes et quatre femmes au sein du bureau élu en octobre 1945. Pendant les décennies qui suivent, les acteurs principaux de l’Amicale d’Auschwitz sont majoritairement féminins175.

Au moment de sa création, l’amicale compte 2 000 membres176. Au cours de l’année suivante, leur nombre monte presque à 4 000 adhérents, parmi lesquels on trouve 1 200 membres de familles177. En décembre 1947, l’amicale compte 3 500 adhérents, mais plus de 1 000 d’entre eux n’avaient pas cotisé depuis deux ans178. Cette chute continue dans les années qui suivent. À la fin de l’année 1949, seulement 1 100 des 2 400 adhérents ont payé leur cotisation179. Comme la FNDIRP, l’Amicale d’Auschwitz perd des membres qui ne cautionnent pas ses prises de position politiques dans ce contexte de guerre froide naissante180. La perte d’adhérents semble pourtant avoir été moins importante qu’au sein de la FNDIRP. À partir du milieu des années cinquante, le nombre des adhérents recommence à monter et dépasse les 2 500 personnes en 1963181.

Comme pour les associations présentées auparavant, l’activité sociale constitue l’engagement le plus important de cette organisation. Étant donné la spécificité de la persécution, de la déportation et de la mise à mort des Juifs, la situation de la plupart des survivants se distingue de celle des autres catégories de déportés. Car, parmi ceux qui ont été déportés avec toute leur famille entre 1942 et 1944, les rares survivants rentrent souvent seuls en 1945. Spoliés de leurs biens après l’arrestation, ils retrouvent bien souvent leur logement occupé ou vidé de tout ce qui leur avait appartenu182. La situation est d’autant plus dramatique pour les survivants juifs étrangers, exclus du droit au pécule qui est réservé aux déportés de nationalité française183. Enfin, des milliers d’enfants et de jeunes juifs cachés sous l’Occupation, et dont les parents ont été tués à Auschwitz et ailleurs, se retrouvent orphelins.

L’Amicale d’Auschwitz fait partie des organismes qui s’efforcent de pallier tous ces problèmes. Son service social est créé en 1945184. Pour aider les survivants, l’amicale ouvre une coopérative, d’abord installée au quartier des Halles, puis au siège de la rue Leroux185. Elle intervient également pour « hâter l’obtention de reconstitutions d’état-civil et de mesures de naturalisation » des déportés étrangers186. Enfin, son service juridique permet à quelques rescapés de récupérer leur appartement occupé par d’autres personnes à leur retour de déportation187.

Par ailleurs, l’Amicale d’Auschwitz a pour but d’« honorer la mémoire des déportés assassinés à Auschwitz188 ». Elle organise donc des célébrations lors des anniversaires de la libération d’Auschwitz. Avec d’autres organismes communistes et antifascistes, elle honore également la mémoire de Danielle Casanova, une icône communiste ayant fait partie du convoi des « 31 000 » et étant décédée à Auschwitz le 9 mai 1943189. Avec cela, l’amicale organise le transfert d’une urne, contenant des cendres prélevées devant les fours crématoires d’Auschwitz-Birkenau, au Père-Lachaise. Celle-ci y est déposée le 30 juin 1946, près du mur des Fédérés190. Ce transfert est commémoré ensuite tous les ans à la fin du mois de juin. Lors du troisième anniversaire, le « Monument aux Morts d’Auschwitz191 » est inauguré au Père-Lachaise.

Un dernier objectif consiste à « maintenir présent à l’esprit de tous les actes de barbarie dont se sont rendus coupables les assassins nazis et leurs complices192 ». À cet effet, l’amicale publie rapidement des livres et brochures, en commençant en 1946 par les moignages sur Auschwitz, un livre tiré à 10 000 exemplaires193. La même année est publiée la brochure Les secrets du bureau politique de Dounia Ourisson et un an plus tard J’ai tué seulement 1 500 000 personnes ! Cette brochure comprend un compte rendu et des témoignages du procès contre Rudolf Höß à Varsovie.

Enfin, l’orientation politique de l’Amicale d’Auschwitz correspond à celle de la FNDIRP. Comme pour cette dernière, les prises de position des dirigeants de l’amicale et des rédacteurs d’Après Auschwitz s’insèrent dans la perspective antifasciste. Comme la FNDIRP, cette amicale tient des discours patriotiques sans pour autant que cette valeur fasse partie de son identité, comme c’est le cas de la FNDIR ou de l’ADIR. Malgré le grand nombre de rescapés juifs au sein de cette association, la perspective juive est absente au cours des deux décennies qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Notes de bas de page

1Lalieu O., La Déportation fragmentée, op. cit., p. 23-25.

2Orlowski D. (dir.), Buchenwald par ses témoins. Histoire et dictionnaire du camp et de ses kommandos, Paris, Belin, 2014, p. 66-67.

3Concernant la FNDIRP voir Le Patriote Résistant (désormais PR), supplément au no 312, octobre 1965, p. 3 et no 503, septembre 1981, p. 6. Pour la FNDIR voir Le Déporté (désormais LD), no 308, avril 1975, p. 24 ; no 367, août-septembre 1981, p. 3 et no 383, mai 1983, p. 3.

4Veillon D., « L’Association nationale des anciennes déportées et internées de la résistance », in A. Wahl (dir.), Mémoire de la Seconde Guerre mondiale : actes du colloque de Metz (6-8 octobre 1983), Metz, Centre de recherche histoire et civilisation de l’Europe occidentale, 1984, p. 161-162.

5Lagrou P., Mémoires patriotiques et Occupation nazie. Résistants, requis et déportés en Europe occidentale, 1945-1965, Bruxelles, Éditions Complexes, 2003, p. 253.

6Rioux J.-P., « Associations et mémoire de la Seconde Guerre mondiale en France », in A. Wahl, op. cit., p. 295.

7Voir Frank R., « La mémoire empoisonnée », in J.-P. Azéma et H. Rousso (dir.), La France des années noires, t. II, Paris, Le Seuil, 1993, p. 483-514.

8Rioux J.-P., art. cité, p. 295.

9Ibid.

10De 1946 à 1953 existe aussi la Fédération nationale des associations et amicales de déportés, d’internés et d’anciens de la Résistance (FNADIR). Elle ne parvient jamais à rassembler plus de quelques centaines de membres. Après sa dissolution, ceux-ci rejoignent la FNDIR.

11Hormis les trois départements algériens intégrés à la France, les fédérations ont des sections au Maroc, en Tunisie, au Sénégal et en Guadeloupe.

12Lalieu O., « La perception de la Shoah par les associations de rescapés », Mots, vol. 56, no 1, 1998, p. 116.

13Les conflits sont visibles lors de la création d’une association adverse pour concurrencer l’hégémonie de l’amicale principale, comme l’Amicale d’Eysses-Dachau vis-à-vis de celle de Dachau ou l’Association des Déportés de Dora, Ellrich, Harzungen et Kommandos vis-à-vis de l’Association française Buchenwald-Dora et kommandos.

14Claire Bidart définit la sociabilité comme « l’ensemble des relations sociales effectives, vécues, qui relient l’individu à d’autres individus par des liens interpersonnels et/ou de groupe ». Bidart C., « Sociabilités : quelques variables », Revue française de sociologie, 29-4, 1988, p. 623.

15Par exemple l’Amicale des tatoués du 27 avril 1944 ou l’Amicale du train de Loos.

16Dans la presse des associations sont mentionnés : cheminots (Association nationale des cheminots déportés, internés et familles de disparus), hommes et femmes politiques (groupe des parlementaires déportés-internés résistants) et médecins (Association des médecins déportés et internés).

17Comme l’Union chrétienne des internés et déportés, fondée par Edmond Michelet et le père Alexandre Morelli. L’Association des anciens déportés juifs de France (AADJF), quant à elle, accueille uniquement des membres juifs, mais le caractère religieux semble inexistant par rapport aux liens culturels qui passent par le yiddish.

18Les survivants du camp de Falkensee, un camp extérieur de Sachsenhausen, se retrouvent tous les ans depuis 1946. Face aux conflits entre les fédérations et différentes amicales, ils choisissent de bannir tout ce qui divise et insistent sur les liens créés par l’expérience commune, d’où le nom de la « Famille Falkensee ». Voir Le Livre-Mémorial de Falkensee. Présence française dans un Commando dépendant d’Oranienbourg-Sachsenhausen, Vaison-la-Romaine, Imprimerie H. Meffre, 1968.

19Wieviorka A., Déportation et génocide, op. cit., p. 121.

20Ibid., p. 124.

21Lalieu O., « Le statut juridique du déporté et les enjeux de mémoire, de 1948 à nos jours », art. cité, p. 335.

22PR, supplément au no 75, 30 avril 1949, p. 3.

23Lors de ce congrès, la Fédération nationale des déportés et internés politiques (FNDIP), créée par le MNPGD en mai 1945, est intégrée dans la nouvelle fédération. Voir Wieviorka A., Déportation et génocide, op. cit., p. 124.

24Ces changements consécutifs montrent la difficulté en 1945 à saisir le phénomène de la déportation et à distinguer les différents groupes de victimes. En outre, l’évolution rapide de « politiques » à « patriotes » et, finalement, à « résistants et patriotes » illustre le conflit avec la FNDIR qui revendique la représentation des déportés et internés résistants.

25Wolikow S., op. cit., p. 58.

26Il s’agissait des amicales d’Auschwitz, de Buchenwald-Dora, de Mauthausen, de Neuengamme, d’Oranienbourg-Sachsenhausen, de Ravensbrück et de l’AADJF. Toutes ces associations, sauf l’AADJF, ont partagé le siège de la rue Leroux pendant plusieurs décennies.

27Wolikow S., op. cit., p. 65.

28PR, no 6, 15 mai 1946, p. 1. On trouve un autre exemple dans le no 20, 15 décembre 1946, p. 2.

29Wolikow S., op. cit., p. 70.

30Ibid.

31Voir Lampe dans PR, nos 23-24, 15 février 1947, p. 7 et Manhès dans le supplément aux nos 46-47, 23 janvier 1948, p. 15. Un tableau récapitulant le nombre par département, dressé lors du IIIe congrès, arrive à presque 110 000 membres, dont 1 500 en Algérie, Guadeloupe, Tunisie et au Maroc ainsi que 400 autres dans des sanatoriums en Suisse et en Forêt-Noire. Ibid., p. 20.

32Étonnamment, Serge Wolikow cite ce chiffre sans commentaire à la page 70, tout en l’excluant expressément des statistiques du nombre d’adhérents à la page 324. Celle-ci commence en 1951 avec environ 13 000 membres, ce qui aurait constitué une chute de presque 90 %, improbable malgré l’hémorragie de 1949-1950. Pieter Lagrou (op. cit., p. 218) avance le chiffre de 30 000 membres pour cette période, tiré de l’article de Roger Bourderon (« Principes fondateurs et mise en œuvre : l’activité de la Fédération nationale des déportés, internés résistants et patriotes [F.N.D.I.R.P.] », in A. Wahl, op. cit., p. 137). Cependant, ce chiffre date du moment où Bourderon écrit son article. Nous pensons que le nombre d’adhérents de la période 1946-1949 s’est situé, au maximum, autour de la moitié du chiffre revendiqué, c’est-à-dire entre 50 000 et 60 000 personnes. Son gonflage s’explique par la volonté d’asseoir la légitimité de la fédération tout en minorant celle de sa concurrente.

33PR, supplément aux nos 46-47, 23 janvier 1948, p. 20. Il y a encore quatre agriculteurs, trois avocats, trois retraités, deux ingénieurs et respectivement un cinéaste, notaire, étudiant, architecte, banquier, musicien, expert-comptable et navigateur. 19 des 310 délégués n’ont pas répondu à ce questionnaire.

34Ibid. Il aurait également été intéressant de connaître le nombre d’hommes et de femmes parmi les délégués, mais cette information n’a pas été publiée.

35Ibid.

36Le 19 avril 1945, 21 000 survivants de Buchenwald avaient fait le serment d’agir pour faire juger les coupables, éliminer le nazisme et construire un monde libre et pacifique. Dans les décennies qui suivent, ce serment constitue une référence primordiale dont la FNDIRP fait usage régulièrement.

37Reproduit dans PR, supplément au no 308, juin 1965, p. 47.

38Ibid.

39Ibid.

40Ibid.

41Voir PR, no 2, 15 février 1946, p. 3-5 ; ainsi que Bourderon R., art. cité, p. 138 et Wolikow S., op. cit., p. 24.

42PR, supplément au no 312, octobre 1965, p. 10-11.

43Bourderon R., art. cité, p. 138.

44Wieviorka A., Déportation et génocide, op. cit., p. 127.

45Lalieu O., « Le Mouvement déporté face à la guerre froide », in C. Andrieu, G. Le Béguec et D. Tartakowsky (dir.), Associations et champ politique. La loi de 1901 à l’épreuve du siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2001, p. 380.

46Ibid., p. 381.

47Wolikow S., op. cit., p. 67.

48Statuts de la FNDIP adoptés le 7 octobre 1945.

49Lalieu O., « Le Mouvement déporté face à la guerre froide », art. cité, p. 381.

50Contrairement à ce qu’affirme Bernard Bruneteau. Voir Bruneteau B., « La mémoire de l’anti-européisme, des années 1950 à 2005 », Les cahiers IRICE, no 4, 2009, p. 147.

51Lalieu O., « Le Mouvement déporté face à la guerre froide », art. cité, p. 382.

52Wolikow S., op. cit., p. 24.

53Celle-ci est affiliée à la FNDIRP.

54Lalieu O., « Le Mouvement déporté face à la guerre froide », art. cité, p. 382. Il s’agit d’André Leroy, secrétaire général de 1949 à 1951, et de son successeur Charles Joineau qui occupe ce poste jusqu’en 1984.

55Bulletin d’information de la FNDIR (désormais BI), nos 29-30, avril-mai 1950, p. 1.

56Une véritable écriture de l’histoire de cette fédération ne pourra se faire que par l’accès à ses archives, déposées aux Archives nationales, mais non inventoriées au moment de la rédaction de ce texte.

57Voir un extrait des statuts dans LD, no 383, mai 1983, p. 3.

58Lalieu O., « Le statut juridique du déporté et les enjeux de mémoire, de 1948 à nos jours », art. cité, p. 336.

59Voir le fac-similé de la première page du bulletin no 1 de la FNDIR, 15 décembre 1945, reproduit dans LD, no 493, avril 1995, p. 6.

60Ibid.

61Détenus à Nordhausen, ils s’étaient évadés lors du bombardement de la ville le 3 avril 1945. Après une marche vers l’ouest, ils rencontrent les troupes américaines le 8 avril. Brunschwig-Bordier et Poupault arrivent à Paris trois jours plus tard, c’est-à-dire le jour de la libération de Buchenwald et une semaine avant les premiers rapatriés de ce camp. AN 72AJ 2465.

62LD, no 493, avril 1995, p. 6.

63Jusqu’à son déménagement au 8 de la rue des Bauches en 1959.

64Voir le récit d’un des participants dans Sellier A., Histoire du camp de Dora, Paris, La Découverte, 1998, p. 335.

65Barcellini S., « Sur deux journées nationales commémorant la déportation et les persécutions des “années noires” », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 45, no 1, 1995, p. 78. Le ravivage de la flamme n’est pas évoqué par le témoin, uniquement le dépôt d’une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu, la sonnerie aux morts et La Marseillaise.

66Ibid.

67Voir LD, no 142, mai 1960, p. 8 ; no 306, décembre 1974-janvier 1975, p. 1 ; no 493, avril 1995, p. 2 et 57 ainsi que le no 500, juillet 1996, p. 1.

68Voir le compte rendu dans 18 juin, no 3, 14 mars 1946, p. 6.

69Ibid.

70Ibid.

7118 juin, no 3, 14 mars 1946, p. 6.

72Un mois plus tard, la FNDIP rajoute le terme « résistants » à son nom pour ne pas laisser ce champ à la FNDIR.

73BI, no 1, 1er décembre 1946, p. 1.

74Voir le bulletin d’adhésion d’Odette Elina dans AN 72AJ 318. Elle est une des rares, peut-être même la seule rescapée qui a fait partie de toutes les associations étudiées. En tant que résistante, elle était adhérente à la FNDIR et à l’ADIR, tout en étant membre du comité national de la FNDIRP et du bureau de l’Amicale d’Auschwitz.

75BI, nos 6-7, juillet-août 1947, p. 1.

76Le siège et la plupart des dirigeants sont identiques à ceux de la FNDIR, mais, au moins en 1946, elle fait paraître son propre bulletin sous le nom 18 juin. L’ANDIR est dissoute avec la fondation de l’UNADIF en 1950. LD, no 31 décembre 1950, p. 1.

77Fondée sous l’acronyme ANFROM en 1945, elle s’occupe notamment de l’organisation de pèlerinages en Allemagne. Dans les statuts de l’UNADIF de juin 1950, on trouve un résumé des objectifs que cette association s’est fixés à sa création. Elle vise à « [e]ntretenir le souvenir des martyrs ; élever la jeunesse dans leur culte ; défendre leur famille » et, enfin, « interdire à quiconque l’exploitation du Sacrifice des morts dans un but politique ou intéressé » (Préfecture de police de Paris). À partir de 1957, l’ANFROMF gère également une maison de repos à Nantou. Animée, paraît-il, entièrement par des femmes, cette association est présidée jusqu’à sa dissolution en 1995 par Irène de Lipkowski, députée RPF et veuve d’Henri de Lipkowski, mort à Buchenwald.

78Au sein de la FNDIR, de nombreux membres dirigeants font partie de la sphère gouvernementale comme Forcinal ou Thomas, et surtout du ministère des Anciens combattants et victimes de guerre, comme Debeaumarché, Michelet et Mutter.

79Lagrou P., op. cit., p. 221.

80Voir introduction.

81Lagrou P., op. cit., p. 218.

82Lalieu O., « Le statut juridique du déporté et les enjeux de mémoire, de 1948 à nos jours », art. cité, p. 337.

83PR, nos 23-24, 15 février 1947, p. 7.

84BI, no 16, mars 1949, p. 3.

85BI, no 1, 1er décembre 1946, p. 2.

86Dreyfus J.-M., Ami, si tu tombes… Les déportés résistants, des camps au souvenir, 1945-2005, Paris, Perrin, 2005, p. 65.

87Voir Arnaud P., art. cité, p. 373-374.

88Voir l’extrait dans LD, no 383, mai 1983, p. 3.

89Voir l’article premier cité dans LD, no 366, juin-juillet 1981, p. 3. Les statuts ont été déposés le 21 janvier 1946 et enregistrés le 18 et 19 février 1946 dans le Journal officiel.

90Ibid.

91Ibid.

92BI, no 1, 1er décembre 1946, p. 3.

93Pfeil U., Die »anderen« deutsch-französischen Beziehungen. Die DDR und Frankreich 1949-1990, Leipzig, Böhlau, 2004, p. 171. Outre le service de propagande de la FNDIR, il existe une commission de propagande à l’ADIR. Au sein de la FNDIRP, Robert Antelme était secrétaire à la propagande en 1948-1949.

94BI, no 1, 1er décembre 1946, p. 3.

95LD, no 383, mai 1983, p. 3.

96Cela se voit surtout dans l’attaque d’André Mutter, député PRL et vice-président de la FNDIR, contre Frédéric-Henri Manhès et Marcel Paul en mai 1946. S’attaquant personnellement aux deux acteurs principaux du CIF et de la FNDIRP, il dénonce l’emprise communiste sur la résistance à Buchenwald et sur les associations d’anciens déportés après le retour des camps. Voir Wolikow S., op. cit., p. 67-68. Mais cette polémique, lancée à la veille des élections, sert surtout à un homme politique pour affaiblir un adversaire. Dans ses prises de position publiques, la FNDIR garde la distance par rapport à cette campagne d’un de ses dirigeants.

97Celui-ci avait été organisé par le Mouvement international pour la Paix, le « prototype même de l’organisation “façade” », contrôlé par les communistes. Judt T., Après guerre. Une histoire de l’Europe depuis 1945, Paris, Armand Colin, 2007 (2005), p. 270.

98Voir Lalieu O., La Déportation fragmentée, op. cit., p. 89-99 ; Wieder T., « L’affaire David Rousset et la figure du déporté. Les rescapés des camps nazis contre les camps soviétiques (1949-1959) », in T. Bruttmann, L. Joly et A. Wieviorka (dir.), op. cit., p. 311-331 ; et Kuby E., Political Survivors. The Resistance, the Cold War, and the Fight against Concentration Camps after 1945, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 2019, p. 46-77.

99Rousset D., « Au secours des déportés dans les camps soviétiques. Un appel aux anciens déportés des camps nazis », Le Figaro littéraire, 12 novembre 1949, reproduit dans Lignes, no 2, 2000, p. 143-160.

100Lagrou P., op. cit., p. 223.

101VV, no 23, décembre 1949-janvier 1950, p. 2 ; et Wolikow S., op. cit., p. 93.

102Lagrou P., op. cit., p. 223.

103BI, nos 27-28, février-mars 1950, p. 1.

104BI, no 25, décembre 1949, p. 1.

105BI, nos 27-28, février-mars 1950, p. 1. L’objectif de ce comité était la coopération entre la FNDIRP et la FNDIR sur la base d’un dénominateur commun minimum. Quand les pourparlers échouent, la FNDIR crée elle-même cet organisme en décembre 1948 sans participation de la FNDIRP. Comme le CADIF, l’UGDI est dissoute après la création de l’UNADIF.

106Les publications de l’UNADIF mentionnent ce fait sans préciser les noms des amicales concernées. Cela semble avoir été le cas de l’Amicale de Flossenbürg qui affiche la même adresse que l’UNADIF en 1960. Voir VV, no 74, mai-juin 1960, p. 11. Malgré son orientation politique similaire et les proximités personnelles, notamment par le personnage d’Edmond Michelet, l’Amicale de Dachau ne semble pas avoir été affiliée à l’UNADIF.

107Cela est visible dans le conseil d’administration dont les membres sont distingués – selon la nomenclature établie par Émile-Louis Lambert et votée par l’Assemblée nationale en 1948 – en déportés et internés résistants (DIR) et en déportés et internés politiques (DIP). LD, nos 143-144, mai 1960, p. 8. En outre, un membre de la FNDIR peut également rejoindre l’UNADIF. Le sens inverse n’étant uniquement possible que pour les déportés résistants.

108LD, no 31, décembre 1950, p. 1.

109LD, no 42, novembre 1951, p. 2.

110Ibid.

111BI, nos 27-28, février-mars 1950, p. 2. Pieter Lagrou fait remarquer que malgré les bonnes apparences, le « noyau dur » de la FNDIR, dont fait partie Debeaumarché, « n’avait en rien renié son mépris patriotique et son hostilité politique vis-à-vis des déserteurs de la rue Leroux ». Lagrou P., op. cit., p. 223.

112LD, no 31, décembre 1950, p. 1.

113Voir les remarques introductives sur le terme de « déporté ». Il faut cependant garder en tête que l’UNADIF et même la FNDIR comptent dans leurs rangs des anciens STO qui avaient été arrêtés en Allemagne pour faits de résistance. L’un d’entre eux évoque l’ostracisme à l’égard des STO et le « sectarisme épouvantable » au sein de la FNDIR. Voir Arnaud P., art. cité, p. 372-374.

114Lagrou P., op. cit., p. 224.

115Ibid.

116Ibid., p. 226.

117Pour la chronologie de ce conflit, voir Arnaud P., art. cité, p. 351-375. Au milieu des années quatre-vingt-dix, l’UNADIF-FNDIR animait toujours une « commission de la défense du titre de déporté ». LD, no 487, juillet-août 1994, p. 20.

118Déjà à cette époque, ce terme possède une connotation négative et sert à attaquer les communistes. Néanmoins, Staline est encore vivant et la FNDIRP lui rend hommage régulièrement. Pour cette raison, nous préférons parler ici de « staliniens » au lieu de « communistes orthodoxes », terme que nous emploierons ultérieurement dans cette étude pour désigner ce groupe de personnes.

119André Leroy restera vice-président jusqu’en 1958. Durant cette année, la FNDIRP crée la présidence collégiale dont Leroy restera membre jusqu’à son décès en 1982. Charles Joineau, pour sa part, est élu à la présidence collégiale en 1984 et y siégera jusqu’à son décès en 1997. Voir la liste des dirigeants de la FNDIRP à la fin de cet ouvrage.

120BI, nos 29-30, avril-mai 1950, p. 1.

121Ibid.

122André Leroy est élu secrétaire général à la création. Frédéric-Henri Manhès, Marcel Paul et Charles Serre font partie de son comité exécutif. PR, no 119, 20 juillet 1951, p. 3.

123VV, no 31, novembre-décembre 1951, p. 2.

124Lagrou P., op. cit., p. 267.

125En septembre 1953, le bureau de la FIR demande aux associations qui lui sont affiliées « de recueillir et de rassembler […] la documentation nécessaire pour démasquer la politique annexionniste et militariste du régime Adenauer, ses méthodes de terreur fasciste ». Ibid., p. 260.

126Ibid., p. 267.

127Veillon D., art. cité, p. 161.

128Ibid., p. 162. Aucune de ces femmes, dont Yvonne Leroux, Émilie Tillion, Annie de Montfort et Marie Talet, n’a survécu.

129Ibid.

130Ibid., p. 161.

131Article 3 des statuts, cité d’après Lalieu O., La Déportation fragmentée, op. cit., p. 209.

132Cette association est affiliée à la FNDIRP dont elle partage le siège jusqu’à nos jours.

133Cela vaut aussi pour Louise Alcan et Marie-Élisa Nordmann-Cohen, membres du PCF et pendant plusieurs décennies respectivement secrétaire générale et présidente de l’Amicale d’Auschwitz.

134En 1958, la secrétaire générale déclare que 84 % des 2 300 rescapées des camps ont adhéré à l’ADIR. Veillon D., art. cité, p. 167.

135Voix et Visages (désormais VV), no 5, janvier 1947, p. 3.

136Veillon D., art. cité, p. 168.

137Ibid.

138Article 1er des statuts, cité d’après Lalieu O., La Déportation fragmentée, op. cit., p. 208.

139Ibid.

140Les articles de ce bulletin dégagent continuellement cette impression qu’une comparaison avec les publications d’autres associations confirme. Dans tout bulletin, il existe des colonnes intitulées « Nos joies/Nos peines », « La vie de l’amicale » ou aussi « Décès/Mariages/Naissances ». Dans Voix et Visages, cette partie s’appelle « Carnet familial ».

141Cette désignation est l’équivalent du Muselmann chez les détenus masculins. Il s’agit d’un jeu de mot sur Schmutz (saleté) et Schmuckstück (bijou).

142VV, no 1, juin 1946, p. 1.

143En 1946, il a hébergé 50 membres. VV, no 5, janvier 1947, p. 3.

144VV, no 1, juin 1946, p. 3.

145Plus de 500 survivantes ont fait un séjour en Suisse dans les neuf maisons de convalescence en 1945 et 1946. Ce nombre correspond à 40 % des membres à cette époque. VV, no 5, janvier 1947, p. 4.

146VV, no 1, juin 1946, p. 3 et no 5, janvier 1947, p. 3.

147VV, no 5, janvier 1947, p. 3.

148VV, no 1, juin 1946, p. 1.

149Veillon D., art. cité, p. 163. Cet atelier de formation professionnelle fonctionne jusqu’en 1949. Grâce à lui, 83 déportées ont pu retrouver un métier.

150VV, no 1, juin 1946, p. 3.

151VV, no 5, janvier 1947, p. 3.

152VV, no 91, décembre 1963, p. 3.

153Voir VV, no 1, juin 1946, p. 2 pour la ramification en 1946 et, en détail, Veillon D., art. cité, p. 177 pour 1983.

154VV, no 28, mars-avril 1951, p. 5.

155Deuxième article des statuts, cité d’après Lalieu O., La Déportation fragmentée, op. cit., p. 208.

156Ibid. Article 1er des statuts.

157VV, no 5, janvier 1947, p. 3.

158En 1948, plusieurs années avant les autres associations, l’ADIR est la première à intégrer une « tribune libre » dans son bulletin. Celle-ci permet aux adhérentes de s’exprimer sur des sujets controversés sans pour autant engager l’association.

159Veillon D., art. cité, p. 169.

160Après Auschwitz (désormais AA), no 3, août 1945, p. 1.

161Levy C., « Une association de déportés en son temps : l’Amicale des déportés d’Auschwitz et des camps de Haute-Silésie », in A. Wahl (dir.), op. cit., p. 152.

162Ibid., p. 150-151.

163Comme les déportés d’autres transports, ces concentrationnaires se sont désignés collectivement par la série de matricules reçus après leur arrivée au camp. Vingt ans après la Libération, Charlotte Delbo a publié une biographie collective des 230 déportées de ce transport dont elle fit partie. Voir Delbo C., Le convoi du 24 janvier, Paris, Éditions de Minuit, 1965.

164AA, no 90, mai 1960, p. 1-2.

165Voir les récits des déportés concernés comme Maurice Honel dans AA, no 30, décembre 1949-janvier 1950, p. 5 et Jacques Greif dans AA, no 90, mai 1960, p. 2. Dans la recherche, cet événement a également été mentionné par Levy C., art. cité, p. 151 et par Lalieu O., La Déportation fragmentée, op. cit., p. 24.

166AA, no 90, mai 1960, p. 2.

167Ibid.

168AA, no 30, décembre 1949-janvier 1950, p. 5.

169AA, no 90, mai 1960, p. 2.

170Pour Henry Bulawko, d’abord secrétaire général, puis président de l’AADJF pendant plus de trente-cinq ans, la grande différence entre les deux organisations est la langue parlée : le français à l’amicale et le yiddish à l’AADJF. En dehors de cela, les deux associations coopèrent. Ensemble, elles organisent des commémorations et des pèlerinages. En outre, les représentants de l’une participent aux assemblées générales de l’autre. Voir AA, no 288, novembre 2003, p. 1-2. Au niveau politique, il n’y a également pas de conflits entre les deux associations qui sont toutes les deux situées à gauche et affiliées à la FNDIRP.

171Voir Lalieu O., La Déportation fragmentée, op. cit., p. 200-205.

172Levy C., art. cité, p. 153.

173Peu de survivants du « convoi des tatoués », le troisième transport de résistants dirigé directement à Auschwitz-Birkenau en avril 1944, adhèrent à l’amicale. Cela s’explique notamment par le fait que la majorité des déportés est redirigée deux semaines après son arrivée à Buchenwald. Parmi la poignée de détenus restés à Birkenau, nous avons seulement pu identifier Émile Junguenet dont il sera question au chapitre viii. Libéré à Auschwitz en janvier 1945, il adhère à l’Amicale d’Auschwitz à son retour en France.

174Levy C., art. cité, p. 150.

175Il s’agit surtout de Marie-Elisa Nordmann-Cohen, présidente de 1951 à 1991, et de Louise Alcan, secrétaire générale de 1951 à 1986, toutes les deux résistantes, communistes et juives. Les postes de vice-présidents sont également occupés longtemps par des femmes dont Marie-Claude Vaillant-Couturier (1945-1996), Marie-Louise Kahn (1952-1993), Charlotte Zucker (1957-1979) et Odette Elina-Gruffy (1968-1991). Les deux piliers masculins de l’amicale sont le docteur Jacques Greif et Charles Gelbhart, ils font partie du conseil d’administration depuis la création de l’amicale et occuperont différents postes du bureau au cours des cinq décennies suivantes.

176AA, no 12, novembre-décembre 1946, p. 4.

177Ibid.

178AA, no 18, novembre-décembre 1947, p. 2.

179AA, no 29, octobre-novembre 1949, p. 1 et AA, no 30, décembre 1949-janvier 1950, p. 2.

180Notamment Georges Wellers qui s’investit ensuite dans l’UNADIF et Annette Christian-Lazard qui sera une des fondatrices du Réseau du Souvenir. Claude Lévy évoque également les membres de la « bourgeoise juive de souche française » qui se sont retirés à ce moment-là de l’amicale. Levy C., art. cité, p. 153.

181AA, no 104, février-mars 1963, p. 3.

182Levy C., art. cité, p. 153.

183Ibid.

184Entre 1945 et 1952, il est animé par sa créatrice Marcelle Fransès. Marie-Louise Kahn la seconde à partir de 1950 et prend le relais à son départ. Elle anime ce service jusqu’à son décès en 1993.

185Levy C., art. cité, p. 154.

186Ibid.

187Ibid.

188Article II des statuts, cité d’après Lalieu O., La Déportation fragmentée, op. cit., p. 200.

189Son veuf Laurent Casanova est élu président d’honneur lors du IIe congrès de l’amicale en 1946. Sa mère Hyacinthe Périni fait partie du conseil d’administration de l’amicale dans les années cinquante et soixante.

190AA, no 9, juin-juillet 1946, p. 1. Voir Wieviorka A., Déportation et génocide, op. cit., p. 136-139 pour des détails sur cette cérémonie.

191AA, no 27, mai-juin 1949, p. 1.

192Article II des statuts, cité d’après Lalieu O., La Déportation fragmentée, op. cit., p. 200.

193AA, no 249, septembre 1993, p. 2.

Précédent Suivant

Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.