« Victoire d’une défaite »
Les procès de type stalinien et leurs rejeux mémoriels dans la gauche anticommuniste au temps de la guerre froide
p. 251-266
Texte intégral
1Victoire d’une défaite. Budapest 1956, tel est le titre de l’ouvrage que Miklos Molnar publie en France en septembre 1968 pour désigner le coup porté à l’immunité morale et idéologique1 dont bénéficiait l’URSS. De la même façon, les procès politiques qui participent à la communisation de l’Europe de l’Est après la Seconde Guerre mondiale donnent des armes aux anticommunistes français, en particulier ceux de gauche.
2Ces procès, qualifiés par leurs critiques contemporains de « staliniens », voire « de Moscou » en souvenir de ceux de 1936, 1937 et 19382, sont d’abord ceux mis en scène par le pouvoir soviétique en Pologne, Bulgarie, Hongrie et Tchécoslovaquie de 1947 à 1952. On y ajoutera toutefois leurs deux répliques en miniature françaises, les procès Kravchenko au printemps 1949 et Rousset à l’hiver 1950, car eux aussi sont de grands « procès-spectacles3 », qui interrogent la nature totalitaire du communisme soviétique et qui agitent l’opinion au-delà des frontières nationales. Cette théâtralité à vocation pédagogique avait déjà été analysée par les commentateurs des « grands procès de Moscou » couverts par la presse et les actualités filmées à la fin des années trente ; citons Lev Sedov, Léon Trotski, Victor Serge, Friedrich Adler et Boris Souvarine, et seuls les moyens techniques, telle que la retransmission radiophonique en direct, évoluent. Une historiographie déjà longue, d’Annie Kriegel aux travaux récents de Vanessa Voisin et Anna Shapovalova, en passant par la synthèse de Nicolas Werth, a progressivement mis en lumière les différentes fonctions de ces procès qui doivent mobiliser et rassembler la société4, Sheila Fitzpatrick puis Gabor T. Rittersporn soulignant, quant à eux, qu’ils devaient aussi masquer les dysfonctionnements du régime5. Or, ce qui nous intéresse ici est de comprendre comment les procès de guerre froide ont été reçus par la gauche anticommuniste en France et comment elle a essayé de les utiliser à des fins politiques6.
3Au cours de la période, cette gauche anticommuniste désigne davantage un milieu qu’un parti – quoi qu’en dise le PCF, tant elle se décompose et recompose tout du long, et l’anticommunisme de gauche constitue plutôt une culture politique qu’une doctrine. Si cette culture prend sa source dans la scission du PS-SFIO à Tours en décembre 1920, elle s’exprime, au-delà de « la vieille maison », dans des organisations diverses, tel le Rassemblement des gauches républicaines (RGR), des syndicats, tel Force ouvrière (FO), ou encore diverses revues qui luttent contre le PCF, l’un des plus puissants partis communistes européens à cette époque. Or, deux décennies plus tard, après avoir irrigué une partie de la Nouvelle Gauche à l’exception notable des chrétiens progressistes, cette sensibilité anticommuniste s’érode avec la stratégie mitterrandiste de l’union de la gauche.
4Quel supplément de sens ces procès politiques apportent-ils à la culture anticommuniste de gauche ? Dans quelle mesure font-ils bouger les lignes dans un milieu politique en perpétuelle évolution ? Au sortir de la guerre, l’analogie entre les nouveaux procès politiques qui se multiplient à l’Est de l’Europe et les « procès de Moscou » des années trente n’est évidente que pour les anticommunistes. De sorte que même les affaires Kravchenko au printemps 1949 et David Rousset à l’hiver 1950, qui impliquent Les Lettres françaises d’obédience communiste, ne convainquent que les convaincus. Le procès Rajk à Budapest en septembre 1949 constitue cependant un point de bascule. Désormais dirigés contre d’anciens dirigeants communistes au passé résistant contre le nazisme, les procès politiques, jusqu’à celui de Prague en novembre 1952, deviennent des « affaires Dreyfus internationales7 ». Après la répression du printemps de Prague en 1968, puis la publication de L’Archipel du Goulag de Soljenitsyne en 1973, les rejeux mémoriels de ces procès dessinent alors de nouveaux contours.
L’anticommunisme conforté par le retour des procès politiques
5L’alliance bon gré mal gré avec les communistes, au sein de la Résistance puis du Tripartisme, redonne quelque temps espoir à tous ceux qui rêvent d’effacer la scission de Tours grâce à la création d’un grand parti ouvrier. Ce temps suspendu, où tout semble encore possible, contribue à ce que la gauche non-communiste prenne de plein fouet le retour des procès politiques à l’Est. Les anticommunistes de toujours, quant à eux, déjà échaudés par les mésaventures du Comité d’entente entre la SFIO et le PCF8, sont presque soulagés de constater qu’ils ont eu raison bien avant les autres.
« La croisade de la vérité » des socialistes
6Dès l’automne 1947, le procès puis l’exécution de Nikola Petkov en Bulgarie focalisent l’attention. Ce chef de l’Union nationale agraire avait créé un Front de la patrie et participé à la mise en place du nouveau régime mais, favorable à la démocratie parlementaire, avait très vite pris la tête de l’opposition anticommuniste. Arrêté au sein même du Parlement bulgare le 5 juin 1947, il est accusé d’espionnage et de complot avec quatre de ses camarades, condamné à mort le 16 août et, en dépit des protestations occidentales, exécuté le 23 septembre. Petkov n’a pas fait d’aveux publics mais le gouvernement bulgare produit un texte de confession posthume si manifestement truqué qu’il n’ose pas en faire état longtemps. Le 18 septembre, dans Combat, le socialiste Jean Texcier proclame l’innocence de Petkov qui, selon lui, symbolise la défense de la liberté. Au lendemain de son exécution, le 24 septembre, c’est le comité directeur de la SFIO lui-même qui exprime la condamnation du parti tout entier dans un communiqué. L’anticommunisme, même s’il n’est pas partagé par tous les militants et varie en formes et en intensité, est chose ancienne au PS. Récemment, les luttes au sein des Comités départementaux de la libération (CDL), puis les houleuses campagnes électorales depuis 1945 ont laissé des traces. Ainsi, depuis novembre 1946, Le Populaire mène tambour battant « une croisade de la vérité » où sont dénoncés « les falsificateurs de l’Histoire » qualifiés de « moscoutaires ». C’est dans ce contexte que la lecture du Zéro et l’infini d’Arthur Koestler, puis de J’ai choisi la liberté de Kravtchenko, respectivement traduits en français en 1945 et 1947, est chaudement recommandée aux militants et sympathisants. Lancé en pleine guerre froide en novembre 1948 par Oreste Rosenfeld, ancien social-démocrate russe, Le Populaire Dimanche prend le relai, fort de ses 100 000 abonnés. Selon Rosenfeld, il s’agit de lutter « contre l’empoisonnement lent et sûr » de l’opinion en « dénonçant sur le champ les menteurs et jésuites communistes9 ». Ses meilleurs articles sont repris par la presse fédérale, laquelle n’est pas en reste et dispose de plumes anticommunistes acérées : Jean Piat à Nord-Matin, Hippolyte Masson au Breton socialiste, Jean Le Bail au Populaire du Centre, Georges Brutelle et Pierre Bérégovoy à La République de Normandie… Faisant feu de tout bois, ces journaux régionaux ne laissent pas passer la moindre occasion de commenter les procès en Europe de l’Est. Chaque nouvelle affaire est ainsi rajoutée à leur liste, telle une comptine macabre, et devient un topos pour dénoncer le stalinisme10.
Face à la concurrence, occuper le terrain de l’anticommunisme de gauche
7La SFIO doit également occuper le terrain de l’anticommunisme de gauche à l’heure où divers groupes d’influence ont plus ou moins pignon sur rue. Outre « Paix et Liberté » et ses affiches bien connues pour le compte des gouvernements de la Troisième Force à laquelle le parti participe, d’autres milieux sont moins voyants mais non moins influents. Or, l’on y retrouve d’anciens socialistes. Georges Albertini, ancien SFIO puis secrétaire général du Rassemblement national populaire (RNP) de Déat, fait en effet collaborer à son Bulletin d’études et d’informations de politiques internationales, le BEIPI, qui devient Est-Ouest en 1956, des antistaliniens officiellement en rupture de ban avec la SFIO, épuration oblige, mais qui en réalité sont toujours en contact avec certains de ses membres, en particulier René Naegelen, administrateur du Populaire, et le secrétaire général adjoint de la SFIO, Pierre Commin. Le plus prolifique et aiguisé d’entre eux est l’ancien spécialiste des affaires étrangères du Populaire avant-guerre, Angelo Tasca. On y trouve aussi l’économiste tchèque Lucien Laurat, exclu à la Libération, et son épouse Marcelle Pommera, ou Charles Salençon, membre fondateur de FO et son délégué à la propagande de 1948 à 1950. Ayant rejoint le Parti socialiste démocratique (PSD) de Paul Faure, ils relayent les travaux du BEIPI dans son organe, La République libre, et au RGR. De même, Raymond Froideval, qui a été directeur de cabinet de René Belin sous Vichy et qui est donc exclu lui aussi, anime La Revue syndicaliste en lutte contre « la CGTK », comprenons communiste. Tous ces anciens socialistes, qui gravitent dans la nébuleuse d’opposition au « système », recyclent l’argumentaire anticommuniste rodé depuis 1920 tout en l’actualisant avec de solides informations. La SFIO considère, par conséquent, que cet héritage anticommuniste ne peut être abandonné aux vaincus de la Libération et n’hésite pas à y puiser discrètement ses sources.
Distiller le doute chez les non-communistes
8La gauche non-communiste, néanmoins, se montre plus circonspecte. Ainsi, le 19 septembre, dans Franc-Tireur, Georges Altman exprime certes ses doutes sur la culpabilité de Petkov mais sans aller plus loin. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette prudence. D’abord, tous ceux qui se réclament de la Résistance ne sont pas hostiles par principe à une forme de justice politique, comme le rappelle Emmanuel Mounier dans Esprit en octobre 194711. Le contraire reviendrait à condamner les procès de l’épuration alors que, en démocratie, la défense des accusés n’est pas toujours correctement assurée comme le révèle au même moment le procès des parlementaires malgaches. Alors qu’elles sont monnaie courante chez les socialistes, l’analogie avec les « procès de Moscou », et encore moins l’antonomase, ne vont donc pas de soi dans la gauche non-communiste et ne s’imposent pas d’emblée.
9L’un des rares à réactiver le passé est Claude Bourdet qui, le 24 septembre 1947, dans Combat, souligne que « les procès de Moscou », ceux d’avant-guerre comme les nouveaux, ont vocation, par nature, à servir d’exemple pour endiguer l’opposition dans les pays de l’Est. Avec les procès menés contre les dignitaires ecclésiastiques, en particulier le cardinal hongrois Mindszenty, arrêté en décembre 1948 et condamné à perpétuité après des aveux extorqués sous la torture en 1949, la critique se durcit et s’étend à d’autres intellectuels de gauche. Le 9 février 1949, Bourdet reconnaît qu’un régime révolutionnaire peut recourir à une justice politique, comme lors de la Révolution française. « Seulement, précise-t-il, une démocratie révolutionnaire respectueuse d’elle-même subordonnerait toujours son action à deux principes. D’abord, ne pas mentir. […]. Ensuite, elle proportionnerait ses décisions au profit que l’État pourrait en tirer et aussi à la dignité de l’adversaire12. » Esprit devient à son tour plus intransigeant au fil des procès. Les aveux du cardinal Mindszenty sont remis en cause par Mounier et Jean-Marie Domenach qui – et c’est là le point de bascule – les font douter du bien-fondé des autres procès : « Sur chaque cas on peut discuter. Mais de l’ensemble ? Des procès de Moscou au procès de Budapest, en passant par les Balkans, toujours du même côté, ce même châtrage de l’accusé, ces mêmes confessions obséquieuses13 ! » L’excommunication par Pie XII de tous ceux qui sont impliqués dans le procès Mindszenty pourrait alors tracer une ligne de conduite infaillible aux chrétiens de gauche. En réalité, franchir le pas, en condamnant en soi la patrie du communisme, leur reste impossible. Si en mars 1949, Mounier et Domenach qualifient de « mascarade » « la justice révolutionnaire », Esprit, déchirée par la querelle sur le titisme, ne se résout pas encore à y voir le symptôme même de la nature criminogène du communisme soviétique. Parce que les répliques françaises des procès staliniens se passent en France même, les anticommunistes espèrent qu’ils causeront un choc salutaire.
De Kravchenko à Rousset, le procès du stalinisme sur la scène française
10Le 25 janvier 1949, Le Monde titre « Le procès Kravchenko – “Lettres françaises” est avant tout un match de propagande entre Washington et Moscou ». Comme le procès Rousset un an plus tard, les milieux politiques et intellectuels français saisissent qu’il s’agit bel et bien du procès par procuration d’un régime considéré comme intouchable depuis la Grande Guerre patriotique. Les anticommunistes de gauche espèrent donc en profiter pour établir définitivement la vérité sur la nature du régime soviétique, mais ils ont fort à faire pour y parvenir.
Le procès Kravchenko et le témoignage de Margaret Buber-Neumann
11Le 13 novembre 1947, Claude Morgan et André Wurmser publient « Comment on a fabriqué Kravchenko » dans l’hebdomadaire littéraire communiste Les Lettres françaises. Ils y accusent ce dernier d’avoir menti sur les événements qu’il a racontés dans son autobiographie, devenu un best-seller planétaire, et ce sur ordre des Américains. Le transfuge ukrainien et soviétique y dénonçait, entre autres, la dékoulakisation, la grande famine en Ukraine de 1933-1934, ainsi que le Goulag. Victor Kravtchenko les poursuit alors en diffamation. Le procès se déroule à la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, spécialisée dans les affaires de presse, du 24 janvier au 22 mars 1949. Il fait alors l’objet d’une médiatisation à la hauteur des enjeux internationaux dans une France pourtant lassée par les procès de l’épuration. La défense, avec l’accord du Kremlin, mobilise même plusieurs hauts-fonctionnaires soviétiques qui avaient connu Kravtchenko. Ainsi, Liora Israël a bien montré comment le PCF utilise le procès comme une tribune orientée tant vers l’opinion publique nationale et internationale que vers la Cour14. Le plaignant a pour avocat Me Georges Izard, ancien député SFIO de Meurthe-et-Moselle, résistant de l’Organisation civile et militaire (OCM) et qui, en 1936, avait déjà écrit Où va le communisme ? Alors que Me André Blumel, socialiste de gauche et ancien directeur de cabinet de Léon Blum au temps du Front populaire, et Me Joë Nordmann15, stalinien farouche, font défiler un cortège de témoins plus prestigieux les uns que les autres pour afficher leur intime conviction que le marxisme-léninisme ne peut engendrer une telle abomination, Izard fait témoigner Margaret Buber-Neumann. Veuve de l’ancien chef du KPD allemand, Heinz Neumann, éliminé pendant les purges de 1937 à Moscou, elle-même déportée en Sibérie, elle a été livrée aux nazis et internée à Ravensbrück à la suite du pacte germano-soviétique. Elle accuse donc Staline d’avoir livré des communistes allemands et juifs à Hitler. Son témoignage qui, au même moment, sort en librairie16 est immédiatement repris et commenté partout. Le Populaire Dimanche lui accorde une double page pour mettre nazisme et stalinisme sur le même plan et s’étonner que « tant de braves gens, dans tous les pays, peuvent encore avoir cette croyance mystique dans la Russie, “pays du socialisme”, “patrie du socialisme” ». Et de conclure : « Consentir à le croire et à le laisser croire serait la négation de la pensée et de toute l’action des grands maîtres du socialisme, des Marx, Engels, Vaillant, Guesde, Jaurès, Sembat17… » Qu’on ne s’y trompe pas, c’est bien le stalinisme que condamnent les socialistes, pas le marxisme18. Dans Franc-Tireur, Irène Allier, fille de Georges Altman, rend compte chaque jour du procès et se dit bouleversée par le témoignage de Mme Neumann. Toutefois, Les Temps modernes renvoie toujours les deux camps dos à dos. Le non-communiste, écrit Jean Pouillon, lui, sait qu’il ne sait pas et c’est la seule certitude que l’on puisse avoir selon lui, « ce qui confirme notre choix de refuser à la fois l’anticommunisme tout autant que le stalinisme19 ». De sorte que le procès Kravchenko ne convainc que ceux qui le sont déjà, quel que soit leur camp. Dans La Gauche, Yves Dechézelles s’étonne même du retentissement du procès puisque « les tares de la société russe » ont depuis longtemps été dénoncées par Victor Serge et Trotsky lui-même20. Mais, comme le conclut Me Izard, « la diffamation prolonge le rideau de fer21 » sur les esprits.
Le procès Rousset déstabilise la FNDIRP
12Le procès en diffamation de David Rousset, à nouveau contre Les Lettres françaises en la personne de Pierre Daix, a un moindre retentissement médiatique mais des conséquences plus concrètes. Le 12 novembre 1949, Rousset, ancien résistant et déporté, a lancé un appel à ses anciens camarades dans Le Figaro littéraire pour qu’ils participent à une enquête sur les camps de travail en URSS qui, à ses yeux, ne constituent pas un simple « défaut passager du système » mais bien la pierre angulaire d’une dictature productiviste22. À son retour de camp, Rousset dit avoir pensé que le trotskisme devait s’allier avec le stalinisme et taire pour cela leurs divergences mais que, face aux informations qui fuitent de l’Est, il a progressivement changé d’avis. La commission d’enquête aurait pour but d’analyser la masse de témoignages niés par l’URSS et les partis communistes européens afin de les prendre « dans les filets de la vérité » et de leur offrir l’occasion de prouver leur bonne foi au monde entier. Rousset reçoit alors de nombreuses réponses publiées dans Franc-Tireur et Le Figaro littéraire23, dont celles de Rémy Roure, Pierre-Henri Teitgen, la Fédération espagnole des déportés et internés politiques, Louis-Martin-Chauffier, etc. Les socialistes, qui ont largement investi les diverses associations d’anciens-combattants, déportés et résistants dès la Libération24, ne sont pas en reste. Oreste Rosenfeld leur demande de se mobiliser dans Le Populaire Dimanche25. Rappelons qu’il a été l’un des premiers à dénoncer les camps de l’île Solovki dès 1924 dans Le Combat social et qu’en août 1949, il apportait déjà sa « contribution à l’enquête sur le travail forcé en URSS » en racontant son voyage d’avril 1947 en Russie26. La SFIO et la Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance (FNDIR), dirigée entre autres par des socialistes, souscrivent à l’appel de Rousset, mais deux vice-présidents de la Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance et patriotes (FNDIRP), d’obédience communiste, André Weill et le RP Riquet le font également. Ce dernier va même jusqu’à démissionner de la FNDIRP, contrainte ainsi de se démasquer, se réjouissent les socialistes27. C’est pourquoi, le 17 novembre 1949, dans Les Lettres françaises « Pierre Daix, matricule 59 807 à Mauthausen répond à David Rousset ». Il l’accuse d’avoir truqué des documents, ce qui permet à Rousset de le poursuivre en diffamation. Le procès s’ouvre le 25 novembre 1950 et, le 12 janvier 1951, Morgan et Daix sont condamnés à une amende et des dommages et intérêts. Néanmoins, bien que Rousset fasse témoigner Margaret Buber-Neumann, Alexandre Weissberg et Elinor Lipper, deux autres communistes allemands, Valentin Gonzales (El Campesino), républicain espagnol, Jerzy Gliksman et Julius Margolin (deux juifs polonais)28, le procès ne fait bouger les lignes qu’au sein du monde ancien-combattant. Aussi, dans un article de Combat intitulé « La crise morale et intellectuelle de la gauche », les 18-19 avril 1950, Rousset renonce-t-il à ce que le prolétariat ait une mission historique : il faut réinventer le socialisme sur d’autres bases. Le mois suivant, il rejoint le Congrès pour la liberté de la culture29 et participe à son journal Preuves.
« Le dialogue du sourd et du muet »
13Ceux qui avaient ignoré les révélations de Victor Serge en 1936 et 1937 ne se laissent, en effet, pas plus ébranler par celles des procès Kravchenko et Rousset. Louis Martin-Chauffier ayant dénoncé dans Les Lettres françaises « le parti anticommuniste », Jean Texcier déplore donc « le dialogue du sourd et du muet30 ». Quant aux communistes, de bonne ou de mauvaise foi, ils campent sur leurs positions avec force. Jeannine Verdès-Leroux témoigne que la haine des communistes à l’égard de Rousset était telle qu’elle-même avait cru que ses livres avaient été financés par les Américains31. Pour nombre de militants communistes, de sympathisants et d’intellectuels – pas nécessairement des compagnons de route d’ailleurs –, il demeure impensable que l’URSS, qui a contribué à l’écrasement de l’Allemagne hitlérienne, ait pu développer un système de même nature et de plus grande ampleur. De sorte que les témoignages des transfuges, y compris et surtout des anciens staliniens, suscitent le doute et l’incrédulité. Citons Simone de Beauvoir :
« Je rencontrai un certain nombre de convertis et ils m’étonnèrent par le lyrisme délirant de leur haine. Ils ne proposaient pas d’analyse de l’URSS ni de critiques constructives : ils racontaient des romans-feuilletons. Le communisme, c’était pour eux une Conjuration mondiale, une Conspiration, une Cinquième Colonne, une espèce de Cagoule ou de Ku-Klux-Klan. L’égarement qu’on lisait dans leurs yeux accusait le régime coupable de l’avoir suscité ; mais il était impossible de tracer une ligne entre leurs affabulations et les mensonges staliniens32. »
14Ce n’est qu’avec le recul que le procès Kravchenko et, dans une moindre mesure, celui de Rousset catalyseront au fil des années toutes les critiques du système soviétique au sein de la mémoire collective33. Si les deux procès français ne provoquent pas l’onde de choc espérée par les anticommunistes à gauche, un autre procès, en Hongrie et contre un ancien dirigeant communiste cette fois-ci, bouscule les consciences.
De Rajk (1949) à Slanski (1952), des « affaires Dreyfus internationales » ?
15Le procès Rajk en Hongrie en septembre 1949 est le point de départ d’une vague d’épuration antititiste dans les partis communistes d’Europe de l’Est. Or, parce que les autorités mettent en scène de véritables « procès-spectacles », retransmis en direct à la radio, et que les victimes sont des communistes qui renouent avec le rituel des aveux publics et complaisants de leurs crimes, l’analogie avec « les procès de Moscou » des années trente saute aux yeux de tous, ou presque34. Depuis 1945, la thèse d’Artur Koestler sur les aveux consentis comme le dernier sacrifice à la cause suprême du Parti est devenue une vulgate grâce à son roman, Le zéro et l’infini. Or, la parodie de justice est telle que François Fetjö peut écrire que « l’affaire Rajk est une affaire Dreyfus internationale35 » en novembre 1949. Au procès Rajk, succèdent ceux de Kostov en Bulgarie en décembre 1949, de Milana Horakova en Tchécoslovaquie au printemps 1950, des généraux en Pologne à l’été 1951, et enfin de Prague du 20 au 27 novembre 1952 avec, entre autres, Rudolf Slansky et Artur London.
Du non-communisme à l’antistalinisme
16Camarade de Janos Kadar dans la résistance, Ladislas Rajk est l’un des dirigeants du Parti des travailleurs hongrois accusé, avec 18 autres camarades, de trahison par Rakosi. Lors de son procès, du 16 au 24 septembre 1949, il avoue tous les chefs d’accusation retenus contre lui et est pendu le 15 octobre. Or, une partie non négligeable de la gauche non-communiste, non seulement exprime ses doutes sur ses aveux mais prend fait et cause pour l’accusé. Ce constat nuance d’ailleurs celui fait par Annie Kriegel en 1972 qui trouvait que les aveux des années 1949-1952 n’avaient suscité que peu d’interrogations… Bourdet espère ainsi que le procès Rajk constituera enfin « la faute » du régime stalinien puisque les sympathisants communistes eux-mêmes semblent ébranlés36. Il lance d’ailleurs « Un appel d’intellectuels français » demandant à Rakosi de gracier Rajk avec, entre autres, Maurice Nadeau, Emmanuel Mounier, Daniel Guérin, René Dumont, Claude Aveline, Louis Martin-Chauffier37… en vain. Si, avant le procès Rajk, Franc-Tireur se montrait plutôt soucieux de ne pas froisser ses lecteurs communisants, la crise interne qui a déchiré le journal à l’automne 1948 semble avoir libéré la rédaction, devenue plus homogène. « Comme au Moyen Âge ! », titre-t-il le 12 septembre 1949, en présentant les jours suivants « La vérité sur le procès de Budapest ». Le 22, il publie le témoignage de Drago Mechitch, un ancien des Brigades Internationales : « J’ai connu Rajk en Espagne38. » Quant à Esprit, Fetjö affirme que Mounier n’avait aucun doute sur la nature de ce nouveau procès39. De fait, ce dernier argumente :
« Le procès Rajk n’est pas substantiellement différent des procès de Moscou, de Bucarest, de Prague, ou de Sofia. Mais à mesure que le système se rapproche de l’Occident, son mystère se découvre, sa répétition le précise. Il touche des hommes que l’on connait mieux et dont tel ou tel peut juger d’expérience l’invraisemblable accusation40. »
17Cependant, Mounier précise que la revue n’a en rien changé son orientation et qu’il convient de bien distinguer l’antistalinisme de gauche de l’anticommunisme réactionnaire41. Selon lui, communistes et anticommunistes sont tout aussi aveugles et, en janvier 1950, il dénonce « la psychose obsidionale » qui s’empare des deux camps42. Son éditorial de février 1950, intitulé « Fidélité », le proclame à nouveau : dans la mesure où le PCF est encore « le parti du prolétariat, nous ne passerons pas au camp de ceux qui lui mènent la guerre des armes. Nous nous contenterons de la guerre de la vérité ». En d’autres termes, les procès politiques doivent être dénoncés au nom de l’instrumentalisation de la vérité et de l’exécution d’innocentes victimes, mais ils ne sont pas nécessairement une preuve suffisante pour condamner le communisme en soi.
Ramener les brebis au bercail
18Les socialistes, qui ont approuvé le traité de l’Atlantique Nord en avril 1949, réagissent immédiatement et avec fermeté. « Le procès Rajk à Budapest, nouveau procès en sorcellerie » titre Le Populaire Dimanche, sous la plume de son secrétaire général adjoint dès le 25 septembre. Reprenant l’ouvrage de Friedrich Adler de 1936 et son intitulé, Pierre Commin compare point par point le procès Rajk avec ceux de Moscou et en conclut qu’il est destiné non seulement à jeter un écran de fumée sur les arrestations et l’exécution de milliers de militants hongrois mais aussi à terroriser tous ceux qui soutiendraient Tito. Et de reprendre en conclusion les propos d’Adler : « La sécurité du Droit fut et reste un attribut de l’ordre social socialiste au même titre que la sécurité matérielle43. » Les socialistes veulent, par conséquent, « renforcer leur action éducative auprès des militants communistes déçus44 » et, à cette fin, adoptent une double stratégie.
19D’une part, ils continuent de documenter les procès passés ou en cours. Ainsi, en octobre 1949, Le Populaire Dimanche publie « un document authentique » pour montrer « comment on obtient les “aveux” des inculpés dans les prisons des “démocraties populaires”45 ». Il s’agit de la lettre du Bulgare Peter Koev, où il dénonçait les tortures dont il avait été victime, lue par Nicolas Petkov à la tribune de l’Assemblée nationale, le 3 décembre 1946, avant sa propre arrestation. Et en novembre 1950, Le Populaire de Paris publie le témoignage au long cours de Valentin Gonzalez, dit El Campecino, républicain espagnol exilé en URSS en 1939, inculpé et déporté en Sibérie en 1941. Évadé, il s’est réfugié en France et contribue à informer l’Occident sur le Goulag stalinien. En novembre 1952, les différents journaux socialistes couvrent le procès de l’ancien secrétaire général du parti communiste tchècoslovaque, Slansky, et de ses camarades, sans aucune commisération pour les accusés toutefois puisqu’ils les considèrent coupables du « coup de Prague » de 1948. Et lorsque Lise London, la belle-sœur du communiste français Raymond Guyot, accuse à son tour son mari, Artur London, et réclame sa mort, les socialistes ont beau jeu de dénoncer la délation systématique comme un nouveau symptôme du totalitarisme communiste46.
20D’autre part, les socialistes ne cessent d’annoncer que bientôt le tour des dirigeants communistes français viendra – ils se souviennent de l’affaire Barbé et Celor de 1931. Ils s’emparent avec délectation, par conséquent, en 1952, des affaires Marty-Tillon, anciens héros de la résistance communiste, qu’ils comparent, concordance des temps et types d’accusés obligent, aux procès de Prague.
21Ainsi, les procès staliniens ont largement contribué à définir le communisme comme une religion séculière qui aveugle ses fidèles, lesquels, pour ses adversaires de gauche, doivent être réveillés et désintoxiqués. Dans la gauche française, l’audience de l’antistalinisme, voire celle de l’anticommunisme, s’est élargie. Car si les militants et sympathisants du PCF sont perçus comme des victimes par les socialistes et les membres de la Nouvelle Gauche, ses dirigeants, jugés complices de Moscou, font l’objet des plus vives critiques. En revanche, les usages politiques des procès ne suffisent pas à rééquilibrer le rapport de forces avec le PCF car ces événements sont bien éloignés des préoccupations quotidiennes des Français. En 1956, le rapport Khrouchtchev et la répression à Budapest sont plus efficaces, entraînant des départs collectifs, principalement d’intellectuels.
Épilogue : la mémoire des procès politiques au temps de l’union de la gauche
22Ce bond dans le temps est nécessaire pour saisir l’évolution de la mémoire de ces procès et donc leur place dans la culture politique de gauche. Au lendemain de la répression du printemps de Prague en 1968, ils sont devenus des lieux de mémoire dans toute la gauche non-communiste. L’analyse de la presse de la Nouvelle Gauche – ne citons que L’Observateur, ainsi que de celle de la SFIO, puis du nouveau PS, l’atteste. On y commémore tel ou tel procès, ou – et c’est le plus fréquent – on y commente et recommande tel ou tel ouvrage. Le plus remarqué d’entre eux est, bien entendu, L’Aveu d’Artur London publié chez Gallimard en 1968. « Après les livres de Pierre Daix, de Kundera, celui de London est capital », s’écrie Claude Fuzier dans Le Populaire de Paris47.
23Or, avec la refondation du PS au congrès d’Épinay en juin 1971 par François Mitterrand puis l’adoption du programme commun un an plus tard, la mémoire de ces procès politiques s’évapore dans la gauche dite progressiste. En 1971, par exemple, nulle trace dans L’Unité – organe mitterrandiste du PS dirigé par Claude Estier – de l’adaptation du livre de London par Costa-Gavras avec Yves Montand. Nul écho non plus des procès de Prague en 1971 et 1972. Officiellement, le PCF en la personne de Roland Leroy a obtenu de Gustav Husak qu’il n’y en ait aucun ; en réalité, les procès sont perlés par souci de discrétion. Les négociations du programme commun de gouvernement, signé en juin 1972, puis ses renégociations peuvent en partie expliquer cette retenue et donc ce trou de mémoire qui contraste nettement avec la presse organique d’avant Épinay48. La traduction en français de L’Archipel du Goulag de Soljenitsyne, en 1973, ne suscite aucun écho immédiat ni chez les chevènementistes du CERES, ni chez les mitterrandistes. Elle ouvre une ère antitotalitaire à laquelle le PS est néanmoins contraint de participer49. Ainsi, en janvier 1979, Jean Pronteau, transfuge communiste, et l’Institut socialiste d’études et de recherches qu’il dirige sont chargés d’organiser un colloque sur « l’actualité du marxisme », présidé par le premier secrétaire Mitterrand, qui conclut que seule l’union de la gauche peut permettre au PCF « d’éliminer la part de stalinisme encore présente en lui »50. Et lorsqu’en octobre 1979 à Prague, a lieu le procès contre les militants du mouvement Charte 77, dont Vaclav Havel, et ceux du Comité pour la défense des personnes injustement persécutées, le VONS, le PS manifeste devant l’ambassade de Tchécoslovaquie, mais nulle allusion n’est faite aux procès de Moscou. La direction du PS se contente de considérer que ses positions sur la question tchécoslovaque sont très proches de celle du PCF et d’en appeler à l’unité d’action, y compris au Parlement européen, pour renforcer la Détente51. Chez les mitterrandistes, la page des procès staliniens est tournée avec celle du stalinisme. C’est donc dans le courant rocardien et la revue Faire, héritiers de la Nouvelle Gauche au sein du PS depuis 1974, que la mémoire des procès staliniens se réfugie, au service d’une réflexion antitotalitaire et comme marqueur identitaire face aux autres courants du parti ou de la gauche progressiste52.
⁂
24Aux premiers temps de la guerre froide, les procès politiques jouent donc un rôle singulier dans « la croisade de la vérité » que les anticommunistes de gauche mènent sans relâche afin de convaincre les non-communistes qui persistent à voir une « grande lueur à l’Est53 ». Car dénoncer le stalinisme est une chose, mais renoncer à l’utopie communiste en est une autre. Si les procès Kravchenko et Rousset ne font guère bouger les lignes en dehors des associations d’anciens déportés, ils offrent du moins une tribune à tous ceux qui dénoncent le Goulag au Palais de Justice ou dans les médias. Au même moment, une vague de procès antititistes dans les partis communistes de l’Est ramène avec brutalité les aveux sur le devant de la scène. Or, en posant la question du sacrifice de la vérité aux intérêts jugés supérieurs du parti, non seulement de la part de ceux qui consentent à y perdre leur vie, mais de ceux qui mettent en scène ce rituel, ils prouvent que le communisme a structurellement tendance à se considérer comme le seul représentant légitime du peuple et le seul maître de son devenir. Avec la déstalinisation, l’URSS préfère des simulacres de procès à huis clos comme celui d’Imre Nagy en 1958, ou perlés comme ceux des membres de la Charte 77, et les aveux ne sont plus d’actualité. Aussi, alors que l’union de la gauche impose de ménager le PCF, les procès staliniens sombrent dans l’oubli et ne demeurent des lieux de mémoire que chez ceux qui revendiquent haut et fort leur culture antitotalitaire et sociale-démocrate. Avec la chute du mur de Berlin et la démythification de l’histoire de l’URSS, la mémoire des procès staliniens n’est plus l’apanage de la gauche anticommuniste et ressurgit à chaque fois que le régime autoritaire de Poutine réprime l’opposition par un procès politique54.
Notes de bas de page
1Selon l’expression empruntée à Lazitch Branko, Le rapport Khrouchtchev et son histoire, Paris, Le Seuil, 1976.
2La formule regroupe les procès à la Maison des syndicats à Moscou des 16 en août 1936, des 18 en janvier 1937, et des 21 en mars 1938. Voir Werth Nicolas, Les procès de Moscou, Bruxelles, Éditions Complexe, 2006.
3Selon l’expression d’Eugene Lyons, observateur américain du procès Chakhty en 1928. Sur ce point, voir Voisin Vanessa, « Du “procès spectacle” au fait social. Historiographie de la médiatisation des procès en Union soviétique », Critique internationale, no 75, 2017/2, p. 159-173.
4Kriegel Annie, Les grands procès dans les systèmes communistes. La pédagogie infernale, Paris, Gallimard, 1972 ; Werth Nicolas, op. cit., 2006 ; Voisin Vanessa, L’URSS contre ses traîtres. L’Épuration soviétique, 1941-1955, Paris, Publications de la Sorbonne, 2015 ; Shapovalova Anna, L’étranger, ressort des procès staliniens “pour l’exemple” (1928-1933). Pour une analyse de la dimension internationale de trois affaires soviétiques (Chakhty, Parti industriel et Vickers), doctorat d’histoire à l’IEP de Paris, dir. Sabine Dullin, 2020.
5Fitzpatrick Sheila, « How the Mice Buried the Cat: Scenes from the Great Purges of 1937 in the Russian provinces », The Russian Review, 52(3), 1993, p. 299-320 ; Rittersporn Gábor T., « Police politique, magistrats, terreur : justice et violence institutionnalisée en URSS », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 107, juillet-septembre 2010, p. 21-37.
6En miroir, voir, dans le présent volume, Guedj Jérémy, « Les droites françaises et les “procès de guerre froide”. La légitimité par l’international ? », p. 235-250.
7Fetjö François, « L’affaire Rajk, une affaire Dreyfus internationale », Esprit, no 161, novembre 1949.
8Vigreux Jean, « Le comité d’entente socialiste-communiste », in Serge Berstein et al. (dir.), Le parti socialiste entre Résistance et République, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2001, p. 181-192.
9« En voilà assez ! », Populaire Dimanche, 6 mars 1949.
10Citons, entre autres exemples, Mollet Guy, « Le “stalinisme” n’est pas la liberté ! », Populaire Dimanche, 8 mai 1949.
11Mounier Emmanuel, « Petkov et nous », Esprit, no 138, octobre 1947.
12Bourdet Claude, « Sévices inutiles », Combat, 9 février 1949.
13« Le procès du cardinal Mindszenty », Esprit, no 154, mars 1949.
14Israël Liora, « Un procès du Goulag au temps du Goulag ? L’affaire Kravchenko 1949 », Critique internationale, no 36, 2007/3, p. 85-101.
15Joë Nordmann s’y illustre par la violence de ses accusations, y compris à l’encontre de Marguerite Buber-Neumann et la virulence de son stalinisme, dont rend notamment compte Nina Berberova dans ses comptes rendus du procès. Berberova Nina, L’Affaire Kravchenko, Arles, Actes Sud, 1993 (1949).
16Buber-Neumann Margaret, Déportée en Sibérie, La Baconnière, 1949, dans une collection dirigée par Albert Béguin, collaborateur d’Esprit.
17« Comment Staline a livré à Hitler des communistes allemands et des juifs. La déposition de Mme Neumann », Populaire-Dimanche, 13 mars 1949.
18Weill-Raynal Étienne, « La tragédie du marxisme », Populaire-Dimanche, 22 mai 1949.
19Pouillon Jean, « Le procès K », Les Temps modernes, no 43, mai 1949.
20Dechézelles Yves, « Le siècle du procès », La Gauche, no 12, 11 février 1949.
21Izard Georges, Kravchenko contre Moscou, Plaidoiries de Me Heiszmann et Me Izard, présentée par Monsieur le bâtonnier Ribet, Paris, Éditions Paris-Vendôme, 1949, chap. ii. À cette date, il n’est plus qu’un simple militant de la SFIO et n’a aucune ambition politique.
22« Au secours des déportés dans les camps soviétiques. Un appel de David Rousset aux anciens déportés des camps nazis », Le Figaro littéraire, 12 novembre 1949.
23Voir le Franc-Tireur du 19 novembre et Le Figaro littéraire du 26 novembre 1949.
24Castagnez Noëlline, Quand les socialistes français se souviennent de leurs guerres. Mémoire et identité 1944-1995, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2021, p. 75-78.
25Rosenfeld Oreste, « Pour connaître la vérité sur le pays des Soviets… », Le Populaire Dimanche, 20 novembre 1949, avec une grande photographie de David Rousset en une et le texte de son appel en p. 8-9.
26Rosenfeld Oreste, « Contribution à l’enquête sur le travail forcé », Le Populaire Dimanche, 28 août 1949.
27Geoffroy Jean, « La FNDIRP se démasque », Le Populaire Dimanche, 18 décembre 1949.
28Rousset David, Bernard Théo et Rosenthal Gérard, Le procès concentrationnaire pour la vérité sur les camps, Paris, Éditions du Pavois, 1951.
29Grémion Pierre, Intelligence de l’anticommunisme. Le Congrès pour la liberté de la culture à Paris 1950-1975, Paris, Fayard, 1995.
30Texcier Jean, « Le dialogue du sourd et du muet », Le Populaire Dimanche, 17 juillet 1949.
31Verdes-Leroux Jeannine, Au service du Parti. Le PC, les intellectuels et la culture 1944-1956, Paris, Fayard, 1983, p. 51.
32Beauvoir Simone de, La force des choses, t. I, Paris, Gallimard, 1963, p. 193. Sur l’éphémère Rassemblement démocratique révolutionnaire (RDR), fondé en 1948, entre autres, par Jean-Paul Sartre, voir Amiel Bastien, La tentation partisane. Engagements intellectuels au seuil de la guerre froide, Paris, CNRS Éditions, 2023.
33Malaurie Guillaume (avec Emmanuel Terré), L’Affaire Kravchenko, Paris, Robert Laffont, 1982, p. 10.
34Verdier Robert, PS-PC une lutte pour l’entente, Seghers, 1976, p. 188.
35Fetjö François, « L’affaire Rajk, une affaire Dreyfus internationale », art. cité.
36Bourdet Claude, « Le procès » et « La faute », Combat, 26 septembre 1949 et 17 octobre 1949.
37Combat, 15-16 octobre 1949 et « Un témoin révèle », 13-14 et 15-16 octobre 1949 sous l’anonymat.
38« Comme au Moyen Âge ! », non signé, Franc-Tireur, 12 septembre 1949 ; « Procès en sorcellerie » et « La vérité sur le procès de Budapest », non signé, Franc-Tireur, 15 et 16 septembre 1949 ; « J’ai connu Rajk en Espagne », Franc-Tireur, 22 septembre 1949.
39Fetjö François, Mémoires. De Budapest à Paris, Paris, Calman-Lévy, 1986.
40Mounier Emmanuel, « De l’esprit de vérité », no 161, novembre 1949.
41Il approuve ainsi le sociologue Jules Monnerot qui voit dans le communisme « une religion séculière soumise à la volonté d’établissement d’un État universel », et « une névrose obsessionnelle collective », ibid.
42Mounier Emmanuel, « On demande un psychiatre », Esprit, janvier 1950.
43Commin Pierre, « Le procès Rajk à Budapest nouveau procès en sorcellerie », Le Populaire Dimanche, 25 septembre 1949.
44Commin Pierre, « Les difficultés du Kominform et la crise du PCF », « Malaise au sein du PCF. Les aveux de L’Humanité », Le Populaire Dimanche, 13 et 27 novembre 1949.
45Le Populaire Dimanche, 16 octobre 1949.
46Dusart Henri, « Slansky, le Maurice Thorez du parti tchécoslovaque n’était qu’un vulgaire “agent américain” », Le Populaire Dimanche, 30 novembre 1952.
47Georges Frameries (pseudonyme de Claude Fuzier), « Le procès d’un procès ». « N’attendez pas, écrit-il. Lisez ce livre : il est le témoignage le plus bouleversant qu’on puisse imaginer. Rien n’y est caché. Vous saurez tout et vous en tirerez les leçons que vous voulez. Artur London est, quant à lui, toujours communiste », Le Populaire de Paris – Démocratie, 21-22 janvier 1969.
48Lors de son premier voyage à l’Est, François Mitterrand va en Tchécoslovaquie avec Claude Estier qui fait l’éloge de Novotny à son retour ; éloge qu’il corrige en 1970 dans son Journal d’un fédéré… Voir Bonnin Judith, Les voyages de François Mitterrand. Le PS et le monde (1971-1981), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.
49Fuzier Claude, « Soljenitsyne. Le moucheron et le marteau pilon », L’Unité, no 99, 22-28 février 1974.
50Voir le compte rendu du colloque dans Perrimond Guy, « Actualité du stalinisme », L’Unité, no 323, 19-15 janvier 1979. Des retournements de positions entre les années cinquante et soixante-dix peuvent être remarqués, par exemple pour Gilles Martinet et François Furet très impliqués désormais dans le camp antitotalitaire.
51Pelikan Jiri (député socialiste au Parlement européen), « La gauche et le procès de Prague », L’Unité, no 355, 26 octobre 1979.
52Rosanvallon Pierre, Notre histoire intellectuelle et politique 1968-2018, Paris, Le Seuil, 2018, p. 152-153.
53Cœuré Sophie, La grande lueur à l’Est. Les Français et l’Union soviétique de 1917 à 1939, Paris, Le Seuil, 1999.
54L’un des derniers exemples en date est le procès de sept jeunes militants russes antifascistes d’extrême gauche de Penza condamnés, en février 2020, à de lourdes peines pour terrorisme après des aveux arrachés sous la torture. Voir Ruisseau Nicolas, « Lourdes condamnations en Russie contre des jeunes antifascistes pour “terrorisme” », Le Monde, 12 février 2020.
Auteur
Université d’Orléans, POLEN (CEPOC).
Castagnez Noëlline est professeure des universités en histoire contemporaine.

Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008