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    Plan détaillé Texte intégral Un avocat politique chevronné Tixier-Vignancour défenseur de Salan Le procès Bastien-Thiry : la réitération impossible Notes de bas de page Auteur

    Procès politiques : tribune ou tremplin pour l’opposition ?

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Jean-Louis Tixier-Vignancour ou l’Algérie française en robe noire

    Olivier Dard

    p. 199-216

    Texte intégral Un avocat politique chevronné Tixier-Vignancour défenseur de Salan Le procès Bastien-Thiry : la réitération impossible Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Lorsque s’ouvre le procès Salan, la journaliste Françoise Giroud, présente à l’audience, campe ainsi les protagonistes dans L’Express du 17 mai 1962 :

    « Dans le box des accusés, engoncé entre deux gendarmes, un mort : Salan. Il n’a pas choisi Me Tixier-Vignancour pour le défendre. C’est Me Tixier-Vignancour qui l’a choisi pour accuser. […] L’accusé, invisible (il tenait à la même heure une conférence ailleurs), c’est le chef de l’État – et par extension, le tribunal extraordinaire qu’il a créé. »

    2Pour cette observatrice, ce procès relève bien d’un procès politique et la démarche de l’avocat de l’accusé d’une tribune. Du côté de Tixier-Vignancour, ce procès demeura « le plus grand procès de [s]a vie d’avocat et de citoyen1 ». Ces deux derniers mots comptent. Car si Tixier-Vignancour est un avocat en vue, qui a déjà plaidé dans des procès mettant en jeu la défense de l’Algérie française, il est aussi un homme politique très engagé sur le sujet, « accablé » par le résultat du référendum sur l’approbation des accords d’Évian où le « non » n’a pas atteint deux millions de voix. Venant après ceux de Challe et Zeller, le procès du plus symbolique des généraux putschistes qui fut également le chef de l’OAS doit être aussi un moment fort de la mise en accusation de la politique gaulliste. La guerre d’Algérie s’achève et rien ne laisse présager à Tixier-Vignancour qu’il sera quelques mois plus tard au cœur d’un autre procès retentissant, celui de l’attentat du Petit-Clamart et de son maître d’œuvre Bastien-Thiry. Celui que le journaliste André Figuéras croquait en « sanglier » dans sa Zoologie du Palais-Bourbon et dont il soulignait déjà « la prestance d’abord, surtout sa voix de bronze et d’or, une voix qui ressemble au départ du bourdon de Notre-Dame2 », se voit alors consacré comme la voix de l’Algérie française dans le prétoire et acquiert une véritable stature nationale. Ces deux procès emblématiques ne sont pas son premier fait d’armes en la matière car Tixier Vignancour, âgé alors de 55 ans (il est né en 1907) a déjà derrière lui une sérieuse réputation d’avocat politique.

    Un avocat politique chevronné

    3S’attacher à la carrière d’avocat de Tixier, essentielle à ses yeux, ne saurait occulter un autre versant capital de son parcours, un engagement militant, électif et ministériel. Dès sa jeunesse en effet, le jeune Jean-Louis Tixier se montre attiré par la politique, fréquente le monde de l’Action française et celui des ligues. Il est présent à la Concorde le 6 février 1934 et dépose devant la commission d’enquête parlementaire. Deux ans plus tard, il est élu à la Chambre député des Basses-Pyrénées3 dans une circonscription qui fut celle de son grand-père, le député et sénateur républicain Louis Vignancour (patronyme qu’il a alors ajouté à celui de Tixier). Membre de l’Alliance démocratique, le jeune député se montre un des éléments les plus remuants de cette formation, prenant à partie son principal dirigeant d’alors, Pierre-Étienne Flandin4. Soutien du Maréchal Pétain en 1940, il est en 1940-1941 secrétaire général adjoint à l’Information de l’État français ce qui lui vaut une condamnation à une peine de dix ans d’indignité nationale à la Libération et une peine d’inéligibilité qui a pris fin en 1953 lui permettant d’être réélu le 2 janvier 1956, député des Basses-Pyrénées après avoir fondé en 1954 le Rassemblement national.

    4Tout au long de ces années, Tixier-Vignancour a poursuivi une carrière d’avocat brillamment commencée comme secrétaire de la conférence du stage avant de se former à la procédure chez un avoué, Maître Hamel. Interrompue par l’épuration, elle reprend à la fin de 1946. Tixier-Vignancour assure la défense de certains dossiers politiques comme celui d’Albert Gaveau, traître à la résistance (réseau du Musée de l’homme) dont le procès se tient en novembre 1949. Assisté d’Yves-Frédéric Jaffré (1921-2010), alors jeune avocat en devenir, Tixier-Vignancour prononce une plaidoirie qualifiée par Le Figaro de « passionnée » et surtout d’efficace puisqu’elle aurait évité à son client d’être condamné à mort5. Au tournant des années 1940-1950, Tixier-Vignancour compte dans sa clientèle des personnalités beaucoup plus connues, à commencer par Louis-Ferdinand Céline dont avec Albert Naud (résistant et ancien avocat de Pierre Laval) il est un des conseils écoutés et qu’il défend à l’occasion de son procès par contumace en février 1950. Le choix de Céline procède de l’amitié (il signe son courrier « Bien affectueusement6 » ou « votre ami fidèle7 ») et aussi d’une connivence assumée lorsqu’il lui explique qu’il « faut que Naud demeure, il y tient, “Résistance oblige”, mon avocat numéro I » avant d’ajouter : « Naud vous le savez hélas, nous le savons, représente la Vertu Libératrice, la Résistance et la Résistance généreuse ! » pour conclure « Nous qui sortons de prison, nous sommes plus prêts que les autres hommes de la vérité des choses et des événements8. » Dans sa correspondance avec Pierre Monnier, Céline salue la personnalité et l’engagement de Tixier chez qui il croit déceler « beaucoup plus […] de cran, de mordant, de bouteille9 » que chez Naud… même s’il le qualifie de « spadassin irresponsable10 » tout en le considérant comme « très gentil, très capable, très brave11 ». Après son amnistie par le tribunal militaire de Paris le 20 avril 1951, Céline considère que « c’est lui qui a fait tout le boulot12 » en même temps qu’il salue en lui un « athlète du Droit éblouissant13 » et marque sa « fantastique émotion » pour le « miracle » que, « sorcier grigri », Tixier aurait accompli14. En fait, lors d’une audience tenue le 20 avril devant le tribunal militaire, Tixier a bien pris garde de rappeler que son client, le docteur Destouches, pour lequel il sollicitait le bénéfice de l’article 10 de la loi d’amnistie du 16 août 1947 pouvant bénéficier à certains grands invalides de guerre était LF Céline… Le juge ayant accédé à la demande du défenseur, Tixier a exigé le silence absolu des amis de Céline mis au courant afin de laisser s’écouler le délai de cinq jours permettant au parquet de se pourvoir contre cette décision. Devenu définitif, le jugement fait les gros titres de l’actualité quelques jours plus tard.

    5Tout au long des années 1950, Tixier-Vignancour se voit chargé de dossiers à connotation politique. Contre le MRAP, il plaide au bénéfice des Artisans du Film Associés, une société qui a produit Les Nouveaux Maîtres, un film sorti en 1950 et tiré d’une pièce mettant en scène un trafiquant, Ernest Padrovitch, qui n’est pas sans faire penser à Joanovici. Jugeant le film à tonalité antisémite, le MRAP, soutenu par des militants communistes, a mené une campagne contre lui auprès des directeurs de salles pour en interdire la diffusion. Devant un « fiasco » financier15, la société a assigné le MRAP pour lui réclamer des dommages et intérêts. Tixier-Vignancour, en première instance, retourne l’accusation contre ses auteurs en déclarant qu’« on ne peut pas tenir compte, pour faire un film, de la protestation des Israélites chatouilleux ou des musulmans en instance d’émancipation16 ». Le jugement du 28 juin 1955 condamne le MRAP et signe une victoire judiciaire pour l’avocat et ses clients avant que la Cour d’appel ne les déboute en décembre 1957 en considérant que le MRAP n’a pas outrepassé « les droits de la critique objective ».

    6Si Tixier-Vignancour continue de défendre des militants nationalistes, notamment Dominique Venner, accusé en 1959 d’agression contre des étudiants Martiniquais17, il s’attache aussi à des dossiers très médiatisés et polémiques comme le procès de l’affaire des fuites (58 audiences entre le 7 mars et la Pentecôte 1956) mettant en cause François Mitterrand où il est l’avocat d’André Baranès, un correspondant du commissaire Dides infiltré au PCF. À cette occasion, Tixier se voit violemment pris à partie par Jean-Jacques Servan-Schreiber qui le traite de « fasciste » et de « collaborateur ». Durant les années 1950, Tixier-Vignancour prend encore en charge des dossiers ayant pour cadre l’Algérie. Il est ainsi l’avocat de Ventron qui accuse André Achiary, gaulliste et sous-préfet de Guelma (où il s’est chargé avec dureté de la répression de l’émeute en 1945), de l’avoir fait torturer en 194318. Arrêté le 24 décembre 1949, Achiary est relâché cinq jours plus tard et défendu vivement par ses amis gaullistes dans Carrefour et Rassemblement. L’ironie de l’histoire est que l’ancien sous-préfet est ensuite mêlé au combat de l’Algérie française et partie prenante des débuts d’une organisation contre-terroriste pro-Algérie française, l’ORAF, avec le docteur Kovacs, lequel est au cœur de l’affaire du Bazooka qui avait comme objectif en 1957 l’élimination de Salan. Tixier-Vignancour est l’avocat de Kovacs, ce qui fait écrire à Alexandre Croix que « l’aventure de l’avocat est extraordinaire qui le mènera d’Achiary à Kovacs et de Kovacs à Salan, du ‘tortionnaire’à son élève, de l’“assassin” à l’“assassiné”19 ».

    Tixier-Vignancour défenseur de Salan

    7On ne reviendra pas sur le parcours de Salan, son rôle dans le 13 mai où l’affaire du Bazooka refait surface à l’Assemblée nationale le 26 mai 1958, ce qui n’empêche pas Tixier-Vignancour de voter alors l’investiture du général de Gaulle. Au pouvoir, ce dernier s’oriente vers le choix de l’indépendance de l’Algérie au grand dam de Salan qui, le 15 septembre 1960, depuis sa retraite algéroise, publie un communiqué fracassant à l’occasion du procès des « porteurs de valise » du FLN du réseau Jeanson dans lequel il tance le gouvernement réputé avoir « décid[é de] l’abandon d’une portion du territoire national » et ajoute : « Mais nul n’a ce droit. Nul n’a reçu du pays un tel mandat20. » Salan entre alors dans une nouvelle étape qui va le conduire de l’hôtel Astor à Paris où il s’est installé à la fin de l’été 1960 jusqu’à Madrid, puis au putsch et à la direction de l’OAS. Durant son séjour parisien, Salan a reçu et consulté nombre de militaires et d’hommes politiques dont Tixier-Vignancour au sujet duquel, d’après son aide de camp, il se montre « très réservé21 ».

    8Les arrestations des principaux dirigeants de l’OAS, Jouhaud le 25 mars 1962 à Oran, puis Salan le 20 avril à Alger doivent, du point de vue des autorités, déboucher sur des procès tenus dans des délais rapprochés. Dès le 13 avril 1962, le général Jouhaud a été condamné à mort. Mais c’est le procès de Salan, ouvert le 15 mai 1962 devant le Haut Tribunal militaire, une juridiction d’exception instituée le 27 avril 1961 à la faveur de l’article 16 de la constitution, qui retient toute l’attention. Il revêt pour les contemporains une valeur exceptionnelle et symbolique car Salan incarne l’OAS. La conclusion du procès ne fait guère de doute et la condamnation à mort de son chef est prévue, pour ne pas dire attendue.

    9Il faut s’interroger sur le choix de Tixier-Vignancour par Salan qui ne saurait s’expliquer par une quelconque sympathie de l’accusé pour l’avocat. Il faut plutôt prendre en considération la réputation de Tixier acquise quelques mois plus tôt à l’occasion de sa défense de Léon Dauvergne, un des assassins de l’avocat libéral Pierre Popie dont il sauvé la tête22. Le procès et surtout la plaidoierie de Tixier-Vignancour ont marqué les médias, y compris le chroniqueur judiciaire du Monde, Jean-Marc Théolleyre, peu suspect de sympathie pour l’avocat de Céline et qui marque sa « surprise » devant « le ton » de Tixier qui « refrénant son tempérament d’attaquant, se cantonna dans une défense stricte, d’où il exclut toute violence, se gardant bien de faire le procès de Me Popie ou plus exactement le faisant à rebours, en soutenant que rien dans les activités de son confrère ne pouvait constituer les mobiles d’un assassinat, à tel point que Dauvergne devenait par sa bouche, l’auteur d’un crime gratuit, abusé par des mandants23 ».

    10S’il est choisi par Salan, Tixier n’est pas son seul avocat car il est épaulé de trois autres, Georges Goutermanoff, Bernard Le Corroller, et Pierre Menuet, beaucoup plus en retrait. La défense a choisi sciemment de politiser ce procès et de retourner contre le pouvoir les responsabilités qu’il attribue à l’OAS. Le scénario a été mûri et réfléchi comme le donne à voir le récit par Tixier de ses rencontres avec l’accusé dans le parloir improvisé de la Santé (le cabinet du dentiste), des quelques interrogatoires devant le juge d’instruction et surtout de la préparation du procès. La feuille de route est claire : Salan doit lire une déclaration liminaire et se murer ensuite dans le silence. Aux avocats ensuite de prendre la main et d’interroger les dizaines de témoins cités qui font pour certains, comme Daniel Villey-Desmeserets, professeur d’économie politique à la faculté de Droit de Paris, le procès de « la capitulation d’Évian », qualifiée de « déshonneur incommensurable », tandis que « l’honneur de la France » a pour l’universitaire été « ramassé par terre » par Salan. La conclusion est sèche : « le vrai coupable n’est pas ici24 ». Si le président exprime publiquement sa lassitude en tançant les orateurs : « Pas de conférences25 », rien n’y fait car la politisation du procès se déroule implacablement au fil des interrogatoires des témoins et ce, sur différents angles d’attaque.

    11Le premier est celui des conditions du retour au pouvoir du général de Gaulle et de sa politique algérienne. En interrogeant Michel Debré, les défenseurs reviennent sur l’affaire du bazooka et mettent en parallèle ses déclarations avec la déposition effectuée la veille par François Mitterrand, garde des Sceaux en 1957. L’ancien ministre avait souligné le lien entre le « complot » du bazooka et le 13 mai : « conjuration de 1957 aboutissant au 13 mai ; première phase d’un dessein que vous voyez se reproduire avec les mêmes moyens, les mêmes objectifs, et presque avec les mêmes hommes le 13 mai 195826 ». Michel Debré est également mis en cause sur les appels à l’insurrection qu’il avait pu lancer lorsqu’il était sénateur, sous la IVe République. Ici, les avocats de Salan ne veulent pas seulement placer l’ancien Premier ministre devant ses contradictions (qu’il balaie d’ailleurs en se réclamant de la déclaration sur l’autodétermination de 1959). La manœuvre est plus subtile et n’a pas échappé au président qui, après avoir rappelé que « la question des circonstances atténuantes » regarde « exclusivement » le Haut Tribunal, reformule la question de Bernard Le Corroller : « Si j’ai bien compris, vous dites : “À un moment donné, M. Debré a manifesté certaines opinions, que certains ont adoptées, puis il a changé ; alors est-ce que vous n’admettez pas qu’il y a tout de même un élément d’atténuation pour ceux qui continuèrent de persévérer dans la première opinion ?”. » La réponse de Tixier-Vignancour fuse : « C’est exactement cela27. »

    12Procès politique, le procès Salan, l’est aussi dans les propos de l’avocat général qui souligne que l’« acte d’accusation » contre l’OAS est « un acte de défense sociale » contre une organisation dont il énumère « les crimes les plus odieux28 ». Car l’enjeu du procès est aussi d’obtenir la condamnation à mort de l’accusé et toute la seconde partie du réquisitoire vise à démonter toute justification d’accorder des circonstances atténuantes à l’accusé. Gavalda réfute donc l’assimilation de la fonction du ministère public avec celle d’accusateur public : il serait un « defensor civitatis29 ». Il refuse ensuite de la voir assimilée à celle d’un serviteur du pouvoir et revendique au contraire sa « souveraineté ». Surtout, l’avocat général insiste dans son réquisitoire non sur les charges pesant sur l’accusé, mais sur son refus de circonstances atténuantes, envisagées tant sous l’angle de l’« appel aux puissances du sentiment » qu’à « la disproportion de l’homme aux événements », au « passé de l’accusé », à « son comportement » ou encore à ses « mobiles ». Il ne saurait être question pour Gavalda de donner un quelconque crédit au « droit à l’insurrection » qui fut largement débattu à l’audience. L’avocat général conclut son propos sur l’accusé pour blâmer son « silence » qualifié de « tactique30 » (ce qui est juste) et brosser de lui le portait d’un homme « inquiétant », dominé par « l’impassibilité » (rappelons son surnom de « Mandarin »), son « inhumanité déconcertante » et son « exécrable orgueil ». La peine de mort est réclamée, mais sur un mode implicite, comme allant de soi, tant Gavalda s’est focalisé sur la question des circonstances atténuantes en pensant couper l’herbe sous le pied de la défense de l’accusé.

    ⁂

    13Procès politique, le procès Salan l’est encore avec la plaidoirie de Me Goutermanoff. Ce dernier prend directement à partie l’avocat général : « Vous êtes l’accusation. Ne vous en défendez-pas. Vous êtes l’accusation. […] Vous êtes la vindicte publique31. » L’avocat démonte ensuite le portrait de Salan brossé par André Gavalda. Ce procès est pour lui « le procès d’un homme désespéré, qui se rend compte que la parole de la France n’a pas été respectée. C’est cela la tragédie : sa tragédie, notre drame32 ». Goutermanoff, qui se définit comme « un petit étranger naturalisé » et parle à la première personne du pluriel, signifiant par là son appartenance au barreau d’Alger et son identification à la cause de ses frères pieds-noirs, incrimine les responsabilités de la politique gaulliste et ses mensonges : « Nous reprochons au pouvoir, moins ce qu’il fait aujourd’hui, en traitant, que de nous avoir abusés, de nous avoir menti, de nous avoir entraînés dans une aventure qui ne peut être que sanglante. » Et ce « parce que tout ce qui s’est produit jusqu’à maintenant, jusqu’à il y a deux mois, conduit à un règlement de compte infernal. Tous ceux qui ont vécu sur la terre d’Algérie le comprennent et le saisissent33 ». Il juge ainsi les garanties d’Évian « illusoires » et refuse de considérer que l’indépendance signifiera la paix : « Comment pouvez-vous songer une seule seconde à la paix alors que tout ne fait que commencer34 ? » Sa conclusion est un hommage vibrant à celui qu’il appelle « mon général Salan » : « Au nom de tous ces gars, au nom de toutes ces mères, au nom des pauvres gens de là-bas qui souffrent et qui agonisent parce qu’ils veulent que leur terre reste française, je me mets au garde à vous devant vous, et je vous dis merci mon général ! Adieu, mon général35 ! »

    ⁂

    14Jean-Louis Tixier-Vignancour se doit de conclure. L’avocat s’est entendu avec Le Corroller pour prendre la parole. Le choix pour la défense est stratégique et se décline en deux options : aller au bout de la logique politique et considérer la peine de mort comme inéluctable ou chercher à arracher les circonstances atténuantes. Tixier-Vignancour relate dans ses Mémoires pourquoi et comment il a conçu sa plaidoirie. Ce 21 mai, un peu avant 21 heures, la liste des témoins est épuisée et le Haut Tribunal vient d’accepter, à la demande de la défense, que le réquisitoire et les plaidoiries soient renvoyés au surlendemain. Quittant le Palais, Tixier-Vignancour croise un magistrat de sa connaissance, alors en charge de travaux en cours. Lorsque l’avocat lui demande pourquoi le Haut Tribunal a mis autant de temps pour trancher la question du renvoi, il se voit répondre : « Je ne voudrais pas vous faire de peine mais ils ont calculé de combien de jours ce retard décalerait l’exécution de votre client. Ah ! Il est vrai que… mais non. » Pressé par l’avocat, son interlocuteur lui aurait confié : « C’est le président Bornet qui a dit que si votre client n’avait fait citer que son frère, le RP Pascal et le général Valluy, son sort aurait pu être différent36 » : les trois hommes ont mis l’accent sur les ressorts profonds de la personnalité de l’accusé et du choc qu’il a dû affronter. La véracité de ce témoignage est invérifiable mais Tixier-Vignancour explique avoir refondu sur cette base le canevas de sa plaidoirie. Qualifiée par la presse d’« habile » ou de « trop habile », elle contraste avec l’attitude de l’avocat lors du procès. Ceux qui attendaient une plaidoirie politique sabre au clair en ont été pour leurs frais car Tixier adopte la sobriété qui fut la sienne lors de l’affaire Popie.

    15Se gardant de tout lyrisme, Tixier-Vignancour a pris le soin de mettre en avant la figure du docteur Georges Salan, qui s’est présenté comme un « gaulliste inconditionnel » et un « conseiller national UNR37 », le RP franciscain Pascal, qui fut en 1945 aumônier de la 14e division d’infanterie commandée par Salan avant de le retrouver en Indochine, et le général Valluy, camarade de promotion de Saint-Cyr avec lequel il a débuté sa carrière. L’objectif est clair : obtenir les circonstances atténuantes. Tixier-Vignancour affirme d’entrée : « Je dois défendre et je ne suis pas à cette place pour accuser. » L’objet de sa « démonstration » est donc nettement circonscrit : « dire » au Haut Tribunal qu’il ne lui « paraît pas moralement possible » qu’il « prononce une condamnation irréparable contre le général Salan ». Et l’avocat de proclamer qu’à son « sentiment », « trois témoins ont dominé ces débats », ceux-là même dont il a été question deux ans plus tôt. De leurs témoignages, Tixier-Vignancour extrait différentes citations qui sont autant de demandes adressées aux juges : « Faites la lumière » (le RP Pascal), entreprenez de « découvrir le choc extérieur qui a bouleversé cet homme et qui a fait de lui le chef d’une organisation secrète » (le général Valluy) ; avec pour conclure cette déclaration marquante du docteur Salan : « De Gaulle a comblé tous mes vœux, mais il a par-là même abusé ceux qui tel mon frère avaient vu en lui le mainteneur de l’Algérie française38. »

    ⁂

    16C’est à la recherche du « choc extérieur » et de la « lumière » que se consacre Tixier-Vignancour en insistant sur « ce drame né d’une certaine conception de l’intérêt national et du monde, d’une certaine méthode de prise du pouvoir, d’une certaine conception du gouvernement ». Tout au long de sa plaidoirie, l’avocat met en parallèle les positions du général de Gaulle et de Salan, celles de « l’homme d’État » et de « l’homme d’armes39 », moins pour attaquer les premières que pour éclairer les secondes et reconstruire l’histoire à partir de l’affaire du bazooka, « cette minuscule répétition du 13 mai40 ». Les années 1958-1962 sont ainsi revisitées du point de vue du Mandarin, pour expliquer, lettres du général de Gaulle à l’appui, que Salan n’aurait pas compris où menait la politique du chef de l’État. L’avocat ménage même Michel Debré en soulignant qu’il aurait fait à l’audience une « impression profonde » et que la défense aurait subi face à lui une « cuisante défaite41 ». La lecture des débats infirme le propos mais l’objectif du défenseur n’est pas de prononcer un réquisitoire contre la politique algérienne gaulliste puisqu’il entend convaincre les juges que Salan « a eu le sentiment […] d’avoir été trompé ». L’officier général décrit par son avocat est « un homme qui se reproche amèrement et violemment d’avoir été ainsi trompé. Cela est le fond du problème ; c’est le mobile essentiel, déterminant42 ». Tixier-Vignancour n’en est qu’à la moitié de sa plaidoirie que sa conclusion se donne à entrevoir : « Messieurs, on vous a demandé la peine capitale. Prenez garde à ce mobile-là : il n’est pas possible à mon sens, moralement, de condamner à mort un homme qui a été traité comme le général Salan a été traité entre le 13 mai 1958 et le 20 septembre 1960. Ce n’est pas possible parce que n’oublions pas qu’il a aussi trompé les autres […]43. »

    17Il reste à aborder le dossier de l’OAS. Pour ce faire, le défenseur s’emploie à démonter le réquisitoire de Gavalda dont il indique d’abord qu’il « ne tient pas du tout, dans sa personne, dans son esprit, dans sa manière d’être et dans son éthique aussi à ce que le général Salan soit fusillé44 ». Nous l’avons souligné, l’avocat général n’a pas expressément et avec force réclamé la peine de mort. Plus encore, s’il a entendu expliquer pourquoi il refusait que les circonstances atténuantes soient accordées à l’accusé, il ne s’est pas attaché à mettre en avant les charges justifiant la pleine capitale. Avec un art consommé du contre-pied, Tixier-Vignancour s’emploie à les « examiner ». L’ancien avocat de Roger Degueldre ne cherche ni à défendre ni à justifier les actions de l’OAS, mais il attaque, frontalement, la répression conduite en Algérie contre les partisans de l’Algérie française. Il vise explicitement Jean Morin et fustige les internements au camp de Djorf, les tortures perpétrées aux Tagarins contre les partisans de l’Algérie française, le recours aux barbouzes, sans omettre les dizaines de morts de la fusillade de la rue d’Isly et le sort de la population pied-noir dont « l’exode », qui lui rappelle celui de 1940 a commencé, illustrant bien que le cessez-le-feu n’est pas la paix. À travers ces exemples, Tixier entend interpeller le procureur général et les juges. À Gavalda, il lance : « Et vous croyez que dans des circonstances comme celles-là, vous êtes habilité à réclamer la tête du général Salan […]. » Quant aux seconds, il leur jette : « Ah ! Messieurs, je pense qu’il y a des impossibilités morales qui sont plus fortes que toutes les réquisitions du monde […]45. » Proche de conclure, il transcrit, sous une forme dialoguée, ses motivations et évoque la décision, logiquement attendue par les contemporains – la peine de mort : « Avant de plaider cette affaire, que d’amis, de confrères, d’hommes et de femmes m’ont dit : pourquoi plaidez-vous ? J’ai dit : je plaide parce qu’il ne faut, à aucun prix […] que le général Salan soit condamné à la peine de mort. Mais me répondait-on, il ne peut pas en être autrement. Pensez-vous, répondais-je, qu’un Tribunal quelconque, fût-il d’exception […] n’en est pas moins composé de neuf citoyens français qui ne pourront pas se poser les problèmes comme les autres. Mais, me disait-on, vous oubliez que le général Jouhaud qui était le second a été condamné à mort. Alors le numéro un doit être condamné aussi. » Reprenant la parole à la première personne, l’avocat livre cette réponse : « Il y a un fait qui s’est produit depuis que le général Jouhaud a été condamné à mort », à savoir que le 27 avril, une proposition de loi déposée par le général de Bénouville et Lefèvre d’Ormesson demande que les dispositions du décret du 22 mars 1962, « c’est-à-dire le décret qui amnistie Youcef Saadi, Ben Cherif et autres seigneurs, mais qui n’amnistie pas du tout le général Salan soit applicable à toute infraction commise en Algérie, en métropole ou à l’étranger, avant le 24 avril 196246 ». Et de conclure : « Alors, votre Haut Tribunal militaire a une responsabilité à prendre. S’il condamne le général Salan à la peine capitale, que celui-ci soit exécuté et que la loi d’amnistie intervienne huit jours après, votre vie entière ne serait pas suffisante pour éponger le remords qu’une telle situation aurait pu faire naître dans l’esprit qui n’y aurait point pris garde47. » Après le rappel des morts des guerres et « l’innombrable oraison » montant des nécropoles militaires (sont citées Douaumont, Cassino, Cao Bang) de « ceux qui ont tout donné à la Patrie » et qui « sont au côté de celui qui fut leur camarade avant d’être leur chef », Tixier prononce deux dernières phrases. L’avant dernière est pour Gavalda qui avait parlé du « tribunal de Dieu » : « Nous sommes devant le Tribunal des hommes et aujourd’hui […] je dis au Haut Tribunal militaire qu’il ne faut pas jeter une ombre de deuil dans le printemps de Marie […]. » La dernière est pour les juges : « Vous avez, Messieurs, ce soir, entre vos mains, le moyen d’accomplir un geste pour que se réalise, au bout de la nuit, la fragile et difficile unité des vivants. »

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    18Suspendue à 21 heures, l’audience reprend à 23 h 45 lorsque le Haut Tribunal militaire rapporte son jugement. Le public est suspendu à la réponse donnée à la sixième question : « à la majorité des voix, il existe des circonstances atténuantes en faveur de l’accusé Raoul Salan ». Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité tandis que le ministère public requiert sa radiation de l’ordre de la Légion d’honneur au milieu d’un brouhaha où fusent des « Vive Salan » et « Vive l’Algérie française ».

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    19Le choc de ce verdict est profond. Il est considéré comme un succès de la défense quand d’autres y voient un camouflet pour l’exécutif. Le garde des Sceaux, Jean Foyer, est « encore sous le coup de la nouvelle » quand le chef de l’État le fait appeler dans son appartement privé : « Jamais je ne l’avais vu ni le revis dans l’état où il était cette nuit-là. Il était décomposé et je me demandai s’il n’allait pas se démettre de sa fonction. Il m’annonça les deux décisions qu’il venait de prendre : la suppression du Haut Tribunal et le rejet du recours en grâce de Jouhaud48. » Dès le lendemain, au conseil des ministres, la première mesure est prise. Reste la question de l’exécution de Jouhaud. Le chef de l’État y tient mais finit par se ranger aux arguments de son garde des Sceaux, saisi d’un recours du bâtonnier Jacques Charpentier que Foyer qualifie de « génial » sur le plan procédural car il l’obligeait, « sans avoir à en apprécier ni la recevabilité ni le fond » à le transmettre à la Cour de cassation, suspendant ainsi l’exécution : Jouhaud fut gracié et Foyer resta en fonction49.

    Le procès Bastien-Thiry : la réitération impossible

    20Si les procès de Salan et de Bastien-Thiry sont souvent rapprochés, à cause en particulier de la présence de Tixier-Vignancour, la configuration est pourtant bien différente. En premier lieu, la juridiction de jugement n’est pas la même puisque le Haut Tribunal est remplacé par la Cour militaire de Justice. Créée par une ordonnance du 1er juin 1962, composée de militaires en activité ou rappelés à l’activité, elle juge sur la base d’une procédure simplifiée et rend des décisions qui ne sont susceptibles d’aucun recours. Il fallait, selon les mots du général de Gaulle, en finir avec les « lenteurs […] malsaines50 ». Cette nouvelle Cour fait pourtant des vagues. Le 30 juin 1962, le général de Larminat, choisi par de Gaulle pour la présider, se suicide, écartelé entre sa fidélité pour l’homme du 18 juin et les réactions indignées qu’il reçoit d’anciens camarades de l’armée51. La légalité même de cette Cour est également remise en cause par le Conseil d’État dans le célèbre arrêt Canal (19 octobre 1962) qui annule l’ordonnance du 1er juin. 1962. Finalement, une loi du 15 janvier 1963 rend une existence légale à la Cour militaire de Justice qui est en charge, entre le 28 janvier et le 4 mars 1963 du second grand procès politique et médiatique de l’Algérie française, celui de l’attentat du Petit-Clamart qui est d’abord celui de Jean Bastien-Thiry.

    21L’accusé et son rapport à son avocat principal marquent une seconde différence avec le cas de Salan. Le colonel Bastien-Thiry est plus engagé idéologiquement que l’ancien général puisqu’il fut un collaborateur signant XXX de l’hebdomadaire Rivarol dans lequel il publia le 13 juillet 1960 un article intitulé « Sabotage des ailes françaises », violemment hostile au « Guide » (de Gaulle), à Dassault et à la banque Rothschild, considérés « comme les commanditaires du nouveau système52 ». Quelques mois plus tard, en octobre 1960, il marquait dans le mensuel Écrits de Paris sa vive opposition à la loi-programme sur les fabrications militaires qui devait être discutée au Parlement53. Ajoutons aussi que c’est par le truchement de René Malliavin, patron des deux organes de presse, que Bastien-Thiry a rencontré Tixier-Vignancour à différentes reprises entre 1960 et 196254.

    22Une troisième différence tient à l’attitude de Bastien Thiry qui entend bien peser sur son système de défense et surtout prendre la parole à son procès alors qu’on a vu que Salan avait accepté de rester silencieux et de laisser agir ses avocats. En introduisant le collectif Défense de Bastien-Thiry, qui réunit « le seul texte intégral et authentique des plaidoiries » prononcées en sa faveur par ses trois avocats, Tixier-Vignancour, Richard Dupuy et Le Corroller, ce dernier rappelle que devant la Cour militaire de Justice, il fut principalement question des « mobiles » et des « idées » de Bastien-Thiry. Et l’avocat d’ajouter : « Mais il avait été le grand artisan de l’organisation de sa défense, et nous fîmes ainsi qu’il l’avait souhaité55. » La politisation du procès frappe les contemporains et notamment Argoud, qui le commente ainsi à Curutchet depuis Munich : « Ils le mènent droit au poteau […]. Si nous sommes arrêtés un jour, André [pseudonyme de Curutchet], nous nous y prendrons autrement. Nous présenterons une défense totalement apolitique56. »

    23Bastien-Thiry a voulu se poser en procureur du général de Gaulle et de la Cour. Ainsi, dès le deuxième jour du procès, il prend la parole pour clamer son refus et celui de ses camarades, d’être jugés « par une juridiction d’exception qui est l’émanation du Pouvoir de fait » et présente le général de Gaulle comme « le Chef de l’État de fait57 ». Le ton est donné et les incidents se succèdent pour contester la régularité de la procédure suivie tandis que Bastien-Thiry intervient à de nombreuses reprises pour accuser de Gaulle de « génocide contre les Français musulmans en Algérie » et brosser sa contre-histoire du gaullisme, fustiger la Ve République et son chef présenté comme « un homme ruisselant de sang français » à la tête d’un régime comparable aux « dictatures hitlérienne et communiste ». Cette insistance à dénoncer la « dictature gaulliste » ne vise pas seulement à proclamer un rejet et un refus. Bastien-Thiry y ajoute une justification religieuse pour établir, citation de Thomas d’Aquin à l’appui, le « droit de légitime défense » contre le « tyran ». On le constate, l’univers intellectuel, religieux et politique de Bastien-Thiry a peu à voir avec celui de Salan ; surtout, il parle beaucoup quand ce dernier était mutique.

    24Du côté du parquet, les choses sont également différentes. L’avocat général Charles Gerthoffer prononce un réquisitoire implacable, centré sur la figure de Bastien-Thiry et aux antipodes de celui de Gavalda contre Salan, dont la leçon du procès a été retenue. « La tentative d’assassinat est donc formellement établie58 », proclame Gerthoffer, balayant la tentative prétendue d’un enlèvement, tandis qu’il répond pied à pied aux accusations de « génocide », à la comparaison avec Hitler ou à la justification du tyrannicide. En résumé, Bastien-Thiry ne serait qu’un homme « aveuglé par la haine » et la peine de mort s’impose à ses yeux comme pour deux autres des accusés, Alain Bougrenay de la Tocnaye et Gérard Buisines.

    25Les avocats du colonel sont dans une situation difficile au vu de l’atmosphère électrique d’un procès que les avocats ont cherché à faire durer en multipliant les incidents pour « tenir » un mois puisque la Cour militaire devait cesser d’exister le 24 février59. Tixier, Le Coroller, et Jacques Isorni sont ici en première ligne et la mise en cause d’un des juges, André Reboul, par Isorni sur la foi d’une lettre reçue d’un ancien assesseur du magistrat au tribunal de Rastatt et lue à l’audience60, lui vaut d’être condamné le 6 février par la Cour militaire de justice à une interdiction temporaire de trois années immédiatement exécutoire. Cette décision suscite une émotion profonde dans le barreau et lui vaut l’appui de François Mitterrand qui dans un article du Courrier de la Nièvre daté du 16 février et intitulé « Le droit ne se divise pas » considère que cette « suspension […] porte la marque d’un régime arbitraire61 ».

    26Arrive pour les avocats de Bastien-Thiry l’heure des plaidoiries. Ils prennent la parole après leurs confrères qui ont assumé la dimension politique du procès en reprenant classiquement des citations de Michel Debré sur le caractère « illégitime » que signifierait « l’abandon de l’Algérie » et qui mettrait ses partisans en état de « légitime défense62 ». Il reste cependant pour les avocats à opérer un dernier choix, stratégique. Faut-il prendre à bras-le-corps les « mobiles » de leurs clients, en particulier lorsque, comme le dit Rambaud, avocat de Buisines, il « les partage dans une certaine mesure ». Rambaud s’en tient là, car tel est son « devoir63 ». Mais aussi, pourrait-on ajouter, parce que ce type de défense contredirait celle qu’ont utilisée la plupart de ses confrères, en brossant des accusés le portrait d’hommes dépassés par les événements et entraînés par leurs chefs.

    27Il en va bien différemment pour les avocats dudit chef qui fut moteur. Richard Dupuy entreprend d’expliquer pourquoi « il s’est trouvé brutalement et en raison d’événements extérieurs indépendants de sa volonté et de sa mentalité, projeté hors de sa vie normale, professionnelle et familiale […] catapulté sur le pavé du rond-point du Petit-Clamart avec son journal à la main, déclenchant le signal du feu64 ». C’est donc dans « la cervelle » de l’accusé que son avocat s’emploie à faire rentrer la Cour pour expliquer son acte. Il admet avec Reboul que son client, contrairement à ses dires, éprouve « de la haine pour de Gaulle » mais il y voit chez ce fils de gaulliste « le fruit d’un amour trompé65 ».

    28À l’entame de sa plaidoirie, Tixier-Vignancour proclame, comme lors du procès Salan, que « le but de la défense n’est pas et n’a jamais été de justifier » mais « d’expliquer66 ». Prenant le contre-pied de l’avocat général, il met d’emblée l’accent sur l’octroi de circonstances atténuantes qu’il conviendrait d’accorder à Bastien-Thiry. Un octroi qui ne saurait être vu comme « une défaite de l’État ». Mais Tixier-Vignancour n’en va pas moins attaquer vivement le réquisitoire. Il refait donc l’histoire de l’Algérie française, depuis le 13 mai pour souligner que c’est « le Pouvoir » qui a « créé les conditions de la révolte67 », ce qui justifie à ses yeux des circonstances atténuantes. Comme Richard Dupuy avant lui, il refuse que les accusés soient présentés comme « aveuglés par la haine » et décrit au contraire Bastien-Thiry et La Tocnaye comme des hommes qui ont « participé à l’attentat du Petit-Clamart […] parce qu’ils avaient beaucoup aimé, beaucoup aimé toutes les victimes innocentes martyrisées, persécutées du drame qui a écartelé l’Algérie68 ». Pour conclure, Tixier-Vignancour se demande : « Qui hurle à la mort ? » et utilise une formule de Maurice Thorez pour qui l’UNR et l’OAS sont « les branches d’un même tronc ». L’avocat rebondit par une question à la Cour : « Je voudrais savoir s’il n’y avait pas eu l’Algérie, ce qui séparerait le colonel Bastien-Thiry de l’un d’entre vous ? » Il ne saurait donc s’agir pour Tixier-Vignancour de faire le jeu du parti communiste à qui « il faut deux cadavres [Bastien-Thiry et La Tocnaye], qui feraient plus pour la fin de l’unité française, que les efforts qui ont été accomplis contre elle depuis si longtemps69 ». Concluant sur une adresse personnalisée à chacun des magistrats composant la Cour, l’avocat les met en garde « sur le chemin d’une erreur tragique » et en appelle à la « divine Providence » pour les éclairer.

    29Clos à 19 h 45, les débats reprennent à 22 h 30. Trois des accusés présents sont condamnés à morts : Bastien-Thiry, La Tocnaye et Prévost sous les cris de la salle : « Assassins », « Bourreaux ». Il ne reste à présent aux avocats qu’à déposer un recours en grâce, instruit par Jean Foyer. Détestant manifestement Tixier-Vignancour il fait appel à Richard Dupuy, qu’il juge « très correct », pour plaider la grâce devant de Gaulle70. L’avocat ne parvient pas à ses fins mais le chef de l’État commue la peine capitale prononcée contre La Tocnaye et Prévost. Nous sommes alors le 8 mars 1963. Trois jours plus tard, à l’aube, Bastien-Thiry est exécuté.

    ⁂

    30Les plaidoiries de Tixier ont fait de lui une figure nationalement connue. Il reste à savoir si cette notoriété lui a servi de tremplin politique. La réponse est mitigée car si son aura est certaine, sa famille politique, « l’Opposition nationale » est au creux de la vague en 1962-1963, Le Pen lui-même ayant été battu aux législative de 1962 et dans l’obligation de se reconvertir professionnellement en fondant la SERP dont l’un des premiers disques, sorti en 1963, s’intitule Jacques Isorni & Jean-Louis Tixier-Vignancour, Plaidoirie pour la Défense. Rapidement cependant, l’idée d’une revanche politique germe et la future élection présidentielle de 1965 semble être le moment de jouer un match retour contre de Gaulle en capitalisant au moins, sur les 10 % d’électeurs qui ont refusé d’approuver les accords d’Évian. Le Pen a pour ce faire lancé, en 1963, un Comité pour l’élection du candidat de l’« Opposition nationale », le CECON, « sigle de mauvais augure71 » auquel il reste à désigner un candidat. Le nom de Tixier s’impose rapidement et, de ce point de vue, sa mission d’avocat de l’Algérie française fut bien un tremplin pour en représenter les derniers partisans et héritiers qui n’ont pas oublié ses plaidoiries opportunément rééditées pendant la campagne72.

    31Il reste cependant à souligner l’échec final de l’entreprise qui avait pourtant bien démarré grâce à des résultats encourageants aux municipales de 1965, au succès initial des comités TV, de la « caravane TV » de l’été 1965 permettant grâce à un chapiteau démontable de réunir 3 000 personnes des plages du Nord à Menton, et enfin de sondages prédisant alors au candidat un score à deux chiffres. Pourtant, dès l’été 1965, certains signaux sont inquiétants. L’accueil de la caravane est chaleureux là où sont concentrés les rapatriés, beaucoup plus distant ailleurs. Surtout, Tixier-Vignancour ne parvient pas à fédérer tous les « nationaux » (Poujade ne le soutient pas) et encore moins les modérés non ralliés à de Gaulle puisque Pierre Marcilhacy, et surtout Jean Lecanuet se portent candidats contre le président sortant, Lecanuet bénéficiant du soutien du CNIP et même de celui de Jacques Isorni. Tixier n’a pas de relais médiatiques conséquents et doit compter sur le Méridional-La France de Marseille mais aussi sur Rivarol, Europe-Action et Minute, en plein développement sous l’égide de François Brigneau qui a scénarisé un film, Sept ans de malheur, utilisé durant la campagne pour mettre en scène le « mensonge gaulliste ». Enfin, si les meetings de Tixier ont été suivis et ses succès de tribune reconnus, ce dernier n’a pu nationaliser sa campagne, lui donner une dynamique, se doter d’un espace politique propre et encore moins appréhender ce nouveau média qu’est la télévision. Il est resté enfermé dans le carcan de l’« Opposition nationale » qu’il n’a d’ailleurs même pas réussi à fédérer.

    32Au premier tour, Tixier-Vignancour obtient 1 253 958 voix, soit 5,2 % des suffrages exprimés (les « non » du 8 avril 1962 s’élevaient à 1 795 061 voix) et sa très maigre satisfaction est de voir le général de Gaulle en ballottage. Il lui reste à choisir son candidat pour le second tour et il opte pour François Mitterrand, provoquant l’incompréhension d’une bonne partie de ses soutiens puisque Mitterrand était appuyé par le PCF. Tixier n’en a cure car l’antigaullisme est ici moteur tout comme la personnalité de l’élu de la Nièvre et sa part prise dans les grands procès de l’Algérie française ; sans oublier celui de l’automne 1965 qui voit l’écrivain Jacques Laurent traîné devant la 17e chambre pour son pamphlet Mauriac sous de Gaulle et à l’occasion duquel Mitterrand a envoyé une lettre lue à l’audience, Tixier, comme Marcilhacy, venant pour sa part témoigner.

    33Le prétoire fut bien un tremplin mais celui-ci s’est brisé sur la présidentielle. Pire encore, les déchirements entre Tixier-Vignancour et Le Pen ont fait exploser le CTV en janvier 1966. Tixier tente de rebondir en lançant l’Alliance républicaine pour les libertés et le progrès (ALRP). C’est un échec cuisant même si aux législatives de 1967, l’avocat réalise un score honorable au premier tour à Toulon (19,45 % des voix) et finit troisième au second avec 24,69 % des suffrages. Il n’a pas soixante ans mais sa carrière politique est à son crépuscule.

    Notes de bas de page

    1Tixier-Vignancour Jean-Louis, Des Républiques, des justices et des hommes. Mémoires, Paris, Albin Michel, 1976, p. 36.

    2Figuéras André, Zoologie du Palais-Bourbon, Paris, Éditions Georges Burnier, 1956, p. 179.

    3Dard Olivier et Philippet Jean, Février 34. L’affrontement, Paris, Fayard, 2024, p. 250, 388-389, 492, 569. Sa première élection au printemps 1936 est invalidée et il est réélu le 27 septembre 1936.

    4Paquin Étienne, Pierre-Étienne Flandin ou un centrisme impossible, Nancy, Publications historiques de l’Est, 2020, p. 303-304.

    5Croix Alexandre, Tixier-Vignancour. Ombres et lumières, Saint-Ouen, Éditions du Vieux Saint-Ouen, 1965, p. 167.

    6Lettre de Louis-Ferdinand Céline à Tixier-Vignancour, in Céline, Lettres, préface d’Henri Godard, Édition établie par Henri Godard et Jean-Paul Louis, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2009, p. 1086 (10 octobre 1948).

    7Ibid., p. 1404 (9 avril 1951).

    8Ibid., p. 1092-1093 (17 octobre 1948). Les majuscules et les guillemets figurent dans le texte. Naud était l’avocat de Céline depuis avril 1947.

    9Cité in Pierre Monnier, Ferdinand furieux. Avec 313 lettres de Louis-Ferdinand Céline, Lausanne, L’Âge d’homme, 1979, p. 28 (lettre du 16 novembre 1948).

    10Ibid., p. 156 (lettre du 20 novembre 1950).

    11Ibid., p. 164 (lettre du 25 décembre 1950).

    12Ibid., p. 183 (lettre du 27 avril 1951).

    13Lettre de L.-F. Céline à Tixier-Vignancour, in Céline, Lettres, op. cit., p. 1405 (avril 1951). Les majuscules figurent dans le texte original.

    14Ibid., p. 1406 (23 avril 1951).

    15Debono Emmanuel, Le racisme dans le prétoire. Antisémitisme, racisme et xénophobie devant la loi, Paris, Presses universitaires de France, 2019, p. 203.

    16Ibid., p. 206.

    17Ibid., p. 347 et suiv.

    18Croix Alexandre, Tixier-Vignancour. Ombres et lumières, op. cit., p. 173.

    19Ibid., p. 178.

    20Cité in Alain Gandy, Salan, Paris, Perrin, 1990, p. 345-346.

    21Ferrandi Jean, 600 jours avec Salan et l’OAS, Paris, Fayard, 1969, p. 28-30.

    22Croix Alexandre, Tixier-Vignancour. Ombres et lumières, op. cit., p. 287.

    23« Léon Dauvergne est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et Lydia Escriva à quinze ans de la même peine », Le Monde, 26 février 1962.

    24Le procès de Raoul Salan, compte rendu sténographique, Paris, Albin Michel, 1962, audience du 21 mai 1962, p. 413-416.

    25Ibid., p. 419.

    26Ibid., p. 235-236. La défense a demandé sans succès une confrontation entre les deux témoins.

    27Ibid., p. 285.

    28Ibid., p. 460-461.

    29Ibid., p. 464.

    30Ibid., p. 446.

    31Ibid., p. 496.

    32Ibid., p. 497.

    33Ibid., p. 500-501.

    34Ibid., p. 503.

    35Ibid., p. 506.

    36Tixier-Vignancour Jean-Louis, Des Républiques, des justices et des hommes. Mémoires, op. cit., p. 41-42.

    37Le procès de Raoul Salan, compte rendu sténographique, op. cit., p. 238.

    38Ibid., p. 507-508.

    39Ibid., p. 512.

    40Ibid., p. 509.

    41Ibid., p. 521.

    42Ibid., p. 528-529.

    43Ibid., p. 529.

    44Ibid.

    45Ibid., p. 544.

    46Ibid., p. 544-545.

    47Pour cette citation et les suivantes, ibid., p. 547-548.

    48Foyer Jean, Sur les chemins du droit avec le Général. Mémoires de ma vie politique 1944-1988, Paris, Fayard, 2006, p. 225.

    49Ibid., p. 227-230.

    50Ibid., p. 234.

    51Codaccioni Vanessa, Justice d’exception. L’État face aux crimes politiques et terroristes, Paris, CNRS Éditions, 2015, p. 93.

    52Jean Bastien-Thiry, sa vie, ses écrits, témoignages, Albatros, 1973, p. 95. L’article y est intégralement reproduit.

    53« L’aviation française à l’heure de la grandeur », in ibid., p. 97-106.

    54Tixier-Vignancour Jean-Louis, Des Républiques, des justices et des hommes. Mémoires, op. cit., p. 57-58.

    55Défense de Bastien-Thiry, Paris, Les Presses du Mail, 1963, p. 7.

    56Curutchet Jean-Marie, Je veux la tourmente, Paris, Robert Laffont, 1973, p. 180.

    57Le procès de l’attentat du Petit-Clamart, audience du 29 janvier 1963, compte rendu sténographique, t. I, Albin Michel, 1963, p. 59-60.

    58Ibid., p. 845.

    59Antonowicz Gilles, Isorni. Les procès historiques, Paris, Les Belles Lettres, 2021, p. 186 et suiv. En fait, ces incidents n’ont guère été utiles puisque le Gouvernement a fait voter en urgence une nouvelle loi prorogeant la compétence de la Cour jusqu’au terme du procès.

    60Ibid., p. 190. L’ancien assesseur qui avait écrit à Isorni prêtait à Reboul les mots suivants : « Mais qu’êtes-vous venu faire ici si vous refusez de condamner ? »

    61Faux Emmanuel, Legrand Thomas et Pérez Gilles, La main droite de Dieu. Enquête sur François Mitterrand et l’extrême droite, Paris, Le Seuil, 1994, p. 206-207.

    62Le procès de l’attentat du Petit-Clamart, op. cit., p. 919.

    63Ibid., p. 941-942.

    64Ibid., p. 958.

    65Ibid., p. 966.

    66Ibid., p. 970.

    67Ibid., p. 998.

    68Ibid., p. 1004.

    69Ibid., p. 1006-1007.

    70Foyer Jean, Sur les chemins du droit avec le Général. Mémoires de ma vie politique 1944-1988, op. cit., p. 243-244.

    71Le Pen Jean-Marie, Mémoires, t. I : Fils de la nation, Paris, Éditions Muller, 2018, p. 340.

    72Tixier-Vignancour Jean-Louis, J’ai choisi la défense, plaidoiries présentées par Jean-Marc Varaut, préface du bâtonnier Jacques Charpentier, Paris, La Table Ronde, 1964.

    Auteur

    • Olivier Dard

      Sorbonne université, SIRICE.

      Dard Olivier est professeur des universités en histoire contemporaine.

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    1Tixier-Vignancour Jean-Louis, Des Républiques, des justices et des hommes. Mémoires, Paris, Albin Michel, 1976, p. 36.

    2Figuéras André, Zoologie du Palais-Bourbon, Paris, Éditions Georges Burnier, 1956, p. 179.

    3Dard Olivier et Philippet Jean, Février 34. L’affrontement, Paris, Fayard, 2024, p. 250, 388-389, 492, 569. Sa première élection au printemps 1936 est invalidée et il est réélu le 27 septembre 1936.

    4Paquin Étienne, Pierre-Étienne Flandin ou un centrisme impossible, Nancy, Publications historiques de l’Est, 2020, p. 303-304.

    5Croix Alexandre, Tixier-Vignancour. Ombres et lumières, Saint-Ouen, Éditions du Vieux Saint-Ouen, 1965, p. 167.

    6Lettre de Louis-Ferdinand Céline à Tixier-Vignancour, in Céline, Lettres, préface d’Henri Godard, Édition établie par Henri Godard et Jean-Paul Louis, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2009, p. 1086 (10 octobre 1948).

    7Ibid., p. 1404 (9 avril 1951).

    8Ibid., p. 1092-1093 (17 octobre 1948). Les majuscules et les guillemets figurent dans le texte. Naud était l’avocat de Céline depuis avril 1947.

    9Cité in Pierre Monnier, Ferdinand furieux. Avec 313 lettres de Louis-Ferdinand Céline, Lausanne, L’Âge d’homme, 1979, p. 28 (lettre du 16 novembre 1948).

    10Ibid., p. 156 (lettre du 20 novembre 1950).

    11Ibid., p. 164 (lettre du 25 décembre 1950).

    12Ibid., p. 183 (lettre du 27 avril 1951).

    13Lettre de L.-F. Céline à Tixier-Vignancour, in Céline, Lettres, op. cit., p. 1405 (avril 1951). Les majuscules figurent dans le texte original.

    14Ibid., p. 1406 (23 avril 1951).

    15Debono Emmanuel, Le racisme dans le prétoire. Antisémitisme, racisme et xénophobie devant la loi, Paris, Presses universitaires de France, 2019, p. 203.

    16Ibid., p. 206.

    17Ibid., p. 347 et suiv.

    18Croix Alexandre, Tixier-Vignancour. Ombres et lumières, op. cit., p. 173.

    19Ibid., p. 178.

    20Cité in Alain Gandy, Salan, Paris, Perrin, 1990, p. 345-346.

    21Ferrandi Jean, 600 jours avec Salan et l’OAS, Paris, Fayard, 1969, p. 28-30.

    22Croix Alexandre, Tixier-Vignancour. Ombres et lumières, op. cit., p. 287.

    23« Léon Dauvergne est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et Lydia Escriva à quinze ans de la même peine », Le Monde, 26 février 1962.

    24Le procès de Raoul Salan, compte rendu sténographique, Paris, Albin Michel, 1962, audience du 21 mai 1962, p. 413-416.

    25Ibid., p. 419.

    26Ibid., p. 235-236. La défense a demandé sans succès une confrontation entre les deux témoins.

    27Ibid., p. 285.

    28Ibid., p. 460-461.

    29Ibid., p. 464.

    30Ibid., p. 446.

    31Ibid., p. 496.

    32Ibid., p. 497.

    33Ibid., p. 500-501.

    34Ibid., p. 503.

    35Ibid., p. 506.

    36Tixier-Vignancour Jean-Louis, Des Républiques, des justices et des hommes. Mémoires, op. cit., p. 41-42.

    37Le procès de Raoul Salan, compte rendu sténographique, op. cit., p. 238.

    38Ibid., p. 507-508.

    39Ibid., p. 512.

    40Ibid., p. 509.

    41Ibid., p. 521.

    42Ibid., p. 528-529.

    43Ibid., p. 529.

    44Ibid.

    45Ibid., p. 544.

    46Ibid., p. 544-545.

    47Pour cette citation et les suivantes, ibid., p. 547-548.

    48Foyer Jean, Sur les chemins du droit avec le Général. Mémoires de ma vie politique 1944-1988, Paris, Fayard, 2006, p. 225.

    49Ibid., p. 227-230.

    50Ibid., p. 234.

    51Codaccioni Vanessa, Justice d’exception. L’État face aux crimes politiques et terroristes, Paris, CNRS Éditions, 2015, p. 93.

    52Jean Bastien-Thiry, sa vie, ses écrits, témoignages, Albatros, 1973, p. 95. L’article y est intégralement reproduit.

    53« L’aviation française à l’heure de la grandeur », in ibid., p. 97-106.

    54Tixier-Vignancour Jean-Louis, Des Républiques, des justices et des hommes. Mémoires, op. cit., p. 57-58.

    55Défense de Bastien-Thiry, Paris, Les Presses du Mail, 1963, p. 7.

    56Curutchet Jean-Marie, Je veux la tourmente, Paris, Robert Laffont, 1973, p. 180.

    57Le procès de l’attentat du Petit-Clamart, audience du 29 janvier 1963, compte rendu sténographique, t. I, Albin Michel, 1963, p. 59-60.

    58Ibid., p. 845.

    59Antonowicz Gilles, Isorni. Les procès historiques, Paris, Les Belles Lettres, 2021, p. 186 et suiv. En fait, ces incidents n’ont guère été utiles puisque le Gouvernement a fait voter en urgence une nouvelle loi prorogeant la compétence de la Cour jusqu’au terme du procès.

    60Ibid., p. 190. L’ancien assesseur qui avait écrit à Isorni prêtait à Reboul les mots suivants : « Mais qu’êtes-vous venu faire ici si vous refusez de condamner ? »

    61Faux Emmanuel, Legrand Thomas et Pérez Gilles, La main droite de Dieu. Enquête sur François Mitterrand et l’extrême droite, Paris, Le Seuil, 1994, p. 206-207.

    62Le procès de l’attentat du Petit-Clamart, op. cit., p. 919.

    63Ibid., p. 941-942.

    64Ibid., p. 958.

    65Ibid., p. 966.

    66Ibid., p. 970.

    67Ibid., p. 998.

    68Ibid., p. 1004.

    69Ibid., p. 1006-1007.

    70Foyer Jean, Sur les chemins du droit avec le Général. Mémoires de ma vie politique 1944-1988, op. cit., p. 243-244.

    71Le Pen Jean-Marie, Mémoires, t. I : Fils de la nation, Paris, Éditions Muller, 2018, p. 340.

    72Tixier-Vignancour Jean-Louis, J’ai choisi la défense, plaidoiries présentées par Jean-Marc Varaut, préface du bâtonnier Jacques Charpentier, Paris, La Table Ronde, 1964.

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