Document 3. Allocution de Robert Daniel, secrétaire de l’Union départementale CGT (18 avril 1972)
p. 401-402
Texte intégral
1[Tapuscrits de Guy Lorant, d’après ses notes prises lors du meeting préludant à la grande manifestation et présidé par Robert Daniel. La position de la CGT, souvent contestée jusqu’à aujourd’hui (pour n’avoir pas participé au Comité de soutien, notamment) est ici exprimée : refus de toute ingérence gauchiste dans les actions et exigence d’une stricte prérogative syndicale dans le contrôle du mouvement.]
« [Pour] bien situer cette manifestation, je voudrais signaler que notre préoccupation essentielle, dans la préparation de ce meeting, n’a pas été de rechercher à faire apparaître telle ou telle organisation syndicale, mais a eu pour but de réaliser la large union des organisations syndicales ouvrières et paysannes autour des travailleurs du Joint français. Et nous vous remercions tous d’avoir répondu à l’appel.
Cette manifestation est donc placée sous la responsabilité des organisations syndicales qui en ont fixé le déroulement. Si nous voulons que la cause des travailleurs du Joint français triomphe, il nous appartient de donner à notre meeting le caractère de dignité imposante de la grande masse de la population laborieuse, qui sait se mobiliser pour défendre les causes justes. Toute tentative pour faire apparaître des mots d’ordre étrangers au caractère-même de notre manifestation ne servirait pas les travailleurs en lutte depuis près de six semaines, mais au contraire serait utilisée par le pouvoir et le patronat pour discréditer leur mouvement. C’est pourquoi nous vous faisons confiance pour déjouer toute tentative de provocation, d’où qu’elle vienne.
Depuis le début de ce conflit, nous recherchons une négociation positive, mais nous savons que les dirigeants des grandes sociétés, les PDG du Joint français et de la CGE en particulier, sont difficilement accessibles car ils sont dominés par les hommes de la haute finance qui sont les vrais chefs d’orchestre du grand capital dominant l’économie de notre pays. Prêter le flanc à toute diversion équivaudrait à servir leurs intérêts : nous sommes persuadés que vous en êtes bien conscients dans la période actuelle. Chaque organisation à sa propre expression au cours de ce meeting. Par contre, elles ont toutes participé à la rédaction d’une déclaration commune dont il va vous être fait lecture. Ensuite, nous vous proposerons d’adopter une résolution puis nous défilerons dans les rues de la ville pour affirmer notre détermination d’appuyer les travailleurs en lutte et de faire en sorte que les pouvoirs publics sachent qu’ils ont aussi des responsabilités dans l’issue du conflit (Applaudissements).
Je passe la parole au camarade Le Faucheur, secrétaire départemental de l’union départementale CFDT, pour la lecture de la déclaration commune. »

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