• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15545 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15545 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Presses universitaires de Rennes
  • ›
  • Histoire
  • ›
  • Le Joint français, printemps 1972
  • ›
  • Troisième partie. Une grève comme concur...
  • ›
  • La grève du Joint français et les gauchi...
  • Presses universitaires de Rennes
  • Presses universitaires de Rennes
    Presses universitaires de Rennes
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral « La lutte du Joint est celle de tous les travailleurs » « C’est aux gars du Joint de décider » (Front libertaire) « Luttons pour une Bretagne libre » (Bretagne révolutionnaire) Notes de bas de page Auteur

    Le Joint français, printemps 1972

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    La grève du Joint français et les gauchistes

    Philippe Buton

    p. 215-230

    Texte intégral « La lutte du Joint est celle de tous les travailleurs » L’absence effective de soutien Le soutien laconique Le soutien verbal Le soutien militant « C’est aux gars du Joint de décider » (Front libertaire) La démarcation par la violence La démarcation sémantique « Luttons pour une Bretagne libre » (Bretagne révolutionnaire) Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Comment les organisations révolutionnaires ont-elles, à l’époque de l’événement, perçu la grève du Joint français ? L’analyse de la presse de ces multiples organisations permettra de répondre à cette question. En effet, nous sommes dans les années 1970 à une époque où tous les groupes politiques, même s’ils ne sont pas léninistes, ont adopté la maxime du fondateur du bolchevisme : pour amorcer la lutte politique, il faut créer un « organisateur collectif », en d’autres termes un journal révolutionnaire. D’où mon choix d’étudier la presse de ces groupes d’extrême gauche. Pour une seule organisation, Le Travailleur, je suis allé consulter ses archives internes car sa presse était trop indigente pour reconstituer sérieusement sa position.

    2J’ai donc examiné le positionnement de 18 organisations révolutionnaires : 4 organisations anarchistes, 3 trotskystes, 8 maoïstes, 1 bordiguiste et 2 organisations hybrides. Et, pour déterminer ce positionnement, j’ai scruté trois discriminants qui m’apparaissaient principaux : le degré de soutien à la grève du Joint français, le positionnement politique (essentiellement l’attitude envers les syndicats) et, enfin, la prise en compte ou non de la dimension régionaliste du conflit.

    « La lutte du Joint est celle de tous les travailleurs »

    3Naturellement, l’angle d’analyse ne peut pas être « pour ou contre la grève ? » Dans le cas d’une lutte ouvrière, on imagine mal une organisation révolutionnaire se prononçant contre le mouvement social. Toutefois, la forme du soutien réalisé par les organisations permet de distinguer quatre cas de figure : l’absence effective de soutien, le soutien laconique, le soutien verbal et le soutien militant.

    L’absence effective de soutien

    4Quelques journaux gauchistes ne mentionnent pas la grève du Joint français car, pour eux, les grèves ouvrières sont un non-sujet. Ou, plus exactement, les grèves ouvrières sont un sujet sur le plan théorique, historique et imaginaire. Mais une grève ouvrière dans la vraie vie n’en est pas vraiment un. Ces organisations estiment prioritaire de se concentrer sur ce qui constitue pour elles la tâche primordiale, à savoir le travail théorique et/ou de pure propagande.

    5Généralement, à l’époque, ces groupes théoricistes n’apparaissent pas trop car ils n’ont pas les moyens d’éditer de véritables journaux. Il y a toutefois une exception, Le prolétaire. Ce journal est le bimensuel du Parti communiste international, se réclamant de Marx, de Lénine et, surtout, d’Amadeo Bordiga, un Italien ex-dirigeant du Komintern. Ces bordiguistes sont tellement occupés à diffuser parmi leurs rares lecteurs la bonne théorie marxiste, du moins à leurs yeux, qu’ils ne s’abaissent pas à commenter l’actualité des luttes ouvrières. Puisque la volonté des grévistes n’est évidemment pas d’instaurer la dictature du prolétariat, cela n’intéresse pas les puristes dogmatiques du PCI : dans les 6 livraisons qui couvrent la période mars-mai 1972, il n’y a aucune référence à la grève du Joint français

    6L’attitude est peu différente de la part d’une autre publication confidentielle, la Tribune anarchiste communiste qui ne parle pas du Joint français dans les deux numéros couvrant l’année 1972.

    7Tous les autres organes de presse mentionnent la lutte briochine mais avec de fortes nuances qui obligent à les distinguer.

    Le soutien laconique

    8Les journaux de cette deuxième catégorie évoquent la lutte des ouvriers du Joint français, lutte naturellement soutenue, mais avec des articles strictement informatifs, voire allusifs. Le cas le plus net est celui du Monde libertaire. Au demeurant, on pourrait presque le ranger dans la même catégorie que Le prolétaire. Mais, évidemment, les obsessions du mensuel libertaire sont très différentes de celles du bimensuel bordiguiste. Dans le périodique de la Fédération anarchiste (FA), c’est le rappel immuable des thèses de Proudhon et de Bakounine, sans oublier les références historiques perpétuellement ressassées sur Makhno ou la guerre d’Espagne. Et lorsque la réalité sociale prend place dans les colonnes du journal, c’est généralement sous les traits de l’actualité syndicale, autrement dit la CGT-FO, rarement les luttes ouvrières.

    9Toutefois, et c’est d’ailleurs le signe du caractère exemplaire qu’a immédiatement pris la lutte du Joint français, même un journal aussi peu tourné vers l’actualité des conflits sociaux que Le Monde libertaire parle de la lutte du Joint. Il le fait à une seule reprise, mais de façon notable puisque c’est une des sources d’inspiration d’un article bilan rédigé par le no 1 de la FA, Maurice Joyeux, qui interroge les nouvelles formes de grèves apparaissant alors. L’article est, du reste, très étrange car s’il soutient les formes radicales de lutte des travailleurs du Joint, il achève étrangement son développement par la phrase suivante : « Les travailleurs n’ont reculé devant aucun moyen de lutte, y compris l’occupation et la séquestration malgré la réprobation des directions syndicales et cependant le caractère exemplaire de leur lutte leur a attiré la sympathie générale. Mais dans ce climat, posons-leur cette question : A quand la grève expropriatrice et gestionnaire1 ? »

    10L’attitude est relativement proche de la part de Guerre de classes, petite feuille anarchiste dont le directeur de publication est Daniel Guérin. Ce journal mentionne et soutient la grève du Joint, mais elle ne s’y arrête pas2. Avant tout parce que l’essentiel, pour l’Organisation communiste libertaire (OCL) éditrice de ce journal, n’est pas de faire de l’agitation autour d’une lutte ouvrière spécifique mais plutôt de diffuser un discours politique général, afin de convaincre quelques éléments très politisés de la rejoindre.

    11L’attitude d’Informations ouvrières est quasi identique. Alors même que l’hebdomadaire trotskiste lambertiste consacre une large surface au recensement et commentaires des luttes sociales, le traitement du Joint français est plus que laconique. Une seule livraison en parle, après la fin du mouvement, le 10 mai 19723. Le conflit est évidemment salué, mais sans y insister, plutôt en essayant de l’utiliser pour en faire profiter une de ces fameuses rencontres nationales de l’Organisation communiste internationaliste (OCI), une nouvelle fois consacrée au Front unique ouvrier.

    12Outre l’absence de soutien (manifeste dans deux journaux), ou le soutien laconique (émanant de trois autres), la configuration suivante est celle du soutien verbal (sept publications).

    Le soutien verbal

    13Ces sept organes de presse accompagnent clairement la grève, mais leur soutien, strictement verbal, n’a guère de conséquences concrètes. tel est le cas de Front libertaire des luttes de classes, appelé généralement Front libertaire. Il s’agit du mensuel édité par l’Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA). Ce groupe n’est pas présent à Saint-Brieuc ni, à ma connaissance, en Bretagne. D’où une faible couverture journalistique puisqu’une seule livraison en parle. Mais le journal met la lutte à sa Une en soulignant bien le caractère exemplaire revêtu par cette grève4.

    14La même posture est adoptée par le Prolétaire ligne rouge (PLR), expression d’une petite organisation maoïste intervenant régulièrement dans les luttes ouvrières. Cependant, ses textes ne sont pas des articles d’agitation, mais accompagnent et rendent compte d’une véritable intervention politique de l’organisation dans les grèves, soit en tant que grévistes soit en tant que membres d’un comité de soutien. PLR n’étant pas présent à Saint-Brieuc, et ses lieux d’implantation les plus proches étant Nantes et Saint-Nazaire, le journal de l’organisation, en l’occurrence un très modeste périodique de 22 pages ronéotées de mauvaise qualité et à la périodicité irrégulière, met la grève à la Une mais sans article spécifique, à l’exception d’une rapide évocation dans le reportage sur la manifestation parisienne du 1er mai5.

    15D’autres journaux partagent cette position du simple soutien verbal. C’est le cas en particulier de L’Humanité rouge (HR), l’organe légal d’un des trois PCMLF clandestins. Mais celui éditant HR n’est à ce moment-là présent ni à Saint-Brieuc ni en Bretagne. Dans le même temps, le statut exemplaire que revêt la grève du Joint explique les deux caractéristiques de sa couverture journalistique : importante mais quasi strictement informative. L’Humanité rouge parle de la grève dès les 23 et 30 mars6. Mais ce ne sont que des petits échos. L’hebdomadaire n’y revient d’ailleurs pas la semaine suivante et ce n’est qu’à partir du 27 avril qu’il change de braquet. Pendant trois semaines, la grève aura droit trois fois à des photographies et à de longs articles et deux fois à la Une du journal7. Pour autant, la nature de la couverture ne change pas, demeurant très favorable mais uniquement factuelle.

    16À dire vrai, la position de L’Humanité rouge est très semblable à celle du mensuel d’une petite entité trotsko-maoïste, Révolution ! En 1972, cette organisation, sortie de la Ligue communiste l’année précédente, n’était présente ni à Saint-Brieuc, ni en Bretagne, car son implantation briochine chez Chaffoteaux et Maury, notamment, est ultérieure8. Au demeurant, le journal ne couvre que tardivement la grève, mais sans doute pour des raisons techniques et il faut attendre le numéro spécial du style tract, édité pour le 1er mai 19729. Puis le numéro suivant exalte la grève avec quatre mentions diverses, dont une photo et un dessin satirique montrant bien le caractère exemplaire acquis par la grève du Joint, caractère illustré encore par le fait que le numéro ultérieur mentionnera le mouvement briochin à l’occasion du conflit du lait en Bretagne et dans un article d’une page récapitulatif des luttes ouvrières de l’année 197210.

    17La position de Lutte ouvrière est peu différente. L’hebdomadaire trotskiste, pourtant attentif aux luttes ouvrières, intervient de fait tardivement, le 11 avril 1972, puis seulement quatre fois, en quatre articles, cela s’apparente un peu à un service minimum11.

    18Sur certains aspects, la posture du journal légal du deuxième PCMLF, Front rouge (FR) ressemble aux précédentes publications, d’autant que les deux organisations éditrices d’HR et de FR sont absentes de Saint-Brieuc, comme de Bretagne. Cependant, Front Rouge possède une solide base arrière à Caen, et des militants caennais sont envoyés couvrir la grève, mais tardivement. Il faut attendre le 13 avril pour que la lutte ait droit à deux petites mentions dans l’hebdomadaire. Et le silence se fait la semaine suivante. Puis, seconde étape, le journal maoïste prend acte du caractère exemplaire de la lutte et, désormais, celle-ci est clairement mise en avant dans les trois numéros suivants : une page entière dans la livraison spéciale éditée à l’occasion du 1er mai, un article dans le numéro suivant, puis deux mentions dans l’ultime fascicule : un article spécifique avec une photographie et une mention dans le compte rendu de la manifestation parisienne du 1er mai12. Au total, le soutien du journal à la grève est évident sans pour autant constituer un véritable axe de travail de l’organisation. D’où mon classement dans la catégorie du soutien verbal. Toutefois, différence notable avec d’autres journaux de ce groupe, Front rouge n’adopte pas une posture strictement informative, mais aussi interprétative, comme je l’examinerai ultérieurement.

    19Bretagne révolutionnaire s’aligne également sur un axe interprétatif13, mais relève de cette catégorie car l’organe du Parti communiste breton (et maoïsant) ne manifeste pas une très grande activité. Il est vrai qu’il s’agit d’une petite organisation et semble-t-il absente de Saint-Brieuc.

    Le soutien militant

    20Dans un dernier groupe, donc, figurent six organisations, qui non seulement soutiennent la grève, mais s’engagent physiquement dans son soutien voire y participent : soit qu’elles étaient déjà présentes à Saint-Brieuc, soit qu’elles aient choisi d’y envoyer des militants ou des responsables chargés de s’engager dans la grève. Un tel choix d’intervention active concerne le Parti socialiste unifié (PSU), la Ligue communiste (trotskiste) et quatre organisations maoïstes : à savoir, la Gauche prolétarienne (GP), la Gauche révolutionnaire (GR), le PCMLF-Le travailleur et enfin Rennes Révolutionnaire.

    21Le PSU est, de loin, l’organisation politique la mieux implantée dans la ville puisqu’il contrôle la Mairie (avec ses alliés communistes) et exerce un fort ascendant sur la CFDT locale. Cependant, s’il est solidement implanté en Bretagne avec 1 500 adhérents, le PSU est alors un parti écartelé entre réformisme radical et gauchisme modéré, même s’il est toujours très attentif à la démocratie ouvrière et à l’indépendance syndicale. De toutes les organisations dont nous parlons, le PSU est le seul à disposer d’un organe national, l’hebdomadaire Tribune socialiste, et d’une presse locale constituant son principal vecteur d’intervention qui éclipse, par effet miroir le titre parisien. Or, par un malencontreux hasard, Tribune socialiste est alors en pleine réorganisation, interrompt sa publication, engendrant une déficience organisationnelle évidente. En résulte un paradoxe entre le rôle très significatif des militants du PSU dans le soutien à la grève et un traitement journalistique nettement inférieur à cette réalité.

    22L’hebdomadaire ne put donc intervenir pour la première fois que le 19 avril 1972, à travers un petit article très informatif14. En revanche, les numéros suivants couvrent réellement la grève avec présence en Une, reproduction d’affiches et illustrations par des photographies15. Dès lors, la couverture devient imposante et ce d’autant plus qu’elle est relayée par les mots d’ordre de la direction du parti appelant ses militants, dans toute la France, à se mobiliser pour organiser des comités de soutien, des collectes et de la propagande. Les semaines suivantes, l’exemplarité du conflit sera rappelée à de multiples reprises, qu’il s’agisse de la grève du lait, du rapport d’activité du Bureau national ou à l’occasion de différents bilans récapitulatifs des luttes ouvrières16.

    23Un même soutien actif est adopté par la Ligue communiste, bien implantée en Bretagne, à Brest, Quimper, Vannes, Nantes, Rennes et Saint-Brieuc17. Comme le PSU, la Ligue décide de faire de ce conflit social, une lutte exemplaire. Ainsi, au moment des vacances de Pâques, un stage régional d’une centaine de responsables des différentes villes bretonnes est réuni, au sein duquel la lutte du Joint français occupe une place non négligeable. La Ligue décide, en outre, d’envoyer à Saint-Brieuc des responsables régionaux et nationaux pour renforcer sa présence locale qui n’est pas aussi importante que les « tonnes de papier » qu’elle déverse (l’expression est de ses concurrents) pourrait le laisser supposer. Mais la dizaine de militants18 est perpétuellement sur la brèche. En tout cas, la couverture du conflit par l’hebdomadaire national de la Ligue est très impressionnante. Elle est surtout extrêmement précoce puisque, dès le 18 mars, un mois avant la presse nationale du PSU et la plupart des journaux gauchistes, Rouge consacre un article à la grève illustré par une photo plus un dessin. La campagne de presse ne cessera plus. Chaque semaine, Rouge parle longuement de la grève, à travers des articles d’information mais aussi par des réflexions de dirigeants, en l’occurrence Henri Weber, conférant ainsi à la grève un caractère exemplaire19.

    24L’action militante de la Ligue est également imposante. Le bulletin d’agitation réservé aux entreprises, Taupe rouge, est édité quotidiennement et les murs de la ville sont régulièrement recouverts d’affiches sérigraphiées. Des tracts sont distribués dans les principales entreprises de Saint-Brieuc et à la porte des quatre lycées de la ville. La Ligue est à l’initiative d’une coordination locale lycéenne qui crée, dès le 17 mars, un comité de soutien lycéen. Ce même jour, la Ligue rencontre le PSU pour lui proposer la constitution d’un comité local de soutien, qui est mis en œuvre le lendemain avec huit organisations mais sans le PCF ni les maoïstes.

    25En outre, pour la Ligue, la fin de la grève ne signifie pas celle de l’exemplarité, bien au contraire. Pendant les onze semaines consécutives à l’issue du conflit, Rouge mentionne la grève du Joint français, souvent dans son éditorial20. Le statut d’exemplarité est maximum.

    26Le grand concurrent de la Ligue, à savoir l’organisation maoïste la Gauche prolétarienne (GP) – et son journal La Cause du Peuple – décide également de faire de la grève briochine un enjeu de taille. À cet effet, elle envoie un responsable national, en l’espèce Jean-Pierre Le Dantec, et assure une ample couverture journalistique. Dès le 25 mars 1972, La Cause du Peuple parle du Joint français, une semaine après Rouge. Mais La Cause du Peuple étant bimensuelle, le décalage est peu significatif. Ainsi, c’est le même jour, le 15 avril, que Rouge et La Cause du Peuple publient la célèbre photo en Une. Et le Joint français ne quittera plus les colonnes du journal maoïste jusqu’au numéro du 21 juin 197221.

    27Enfin, trois petites organisations maoïstes ressortent à cette catégorie du soutien militant ; elles se rattachent à la sensibilité mao-stalinienne, en opposition à la tendance mao-spontanéiste de la Gauche prolétarienne. La première est le PCMLF-Le travailleur, formant le troisième PCMLF issu de la scission de 1970. Seulement présent dans l’ouest de la France, il ne dispose certes pas réellement d’une presse militante – nécessitant de dépouiller ses archives privées – mais possède l’avantage d’avoir des militants au sein même du Joint français avant le début de la grève, ce qui est notable. L’organisation existe à Saint-Brieuc depuis 1968 et diffuse, en principe chaque mois, un bulletin relatif à la situation dans les entreprises et les établissements scolaires de la ville et sa proche périphérie. D’après un rapport interne, l’organisation compte au Joint français, lors du déclenchement de la grève, un ouvrier membre du parti, un ouvrier sympathisant organisé et une dizaine de sympathisants. Il en va grosso modo de même à Sambre et Meuse, la grande entreprise métallurgique briochine. En outre, le PCMLF-Le travailleur dispose d’une force réelle dans les lycées, tant chez les enseignants que les lycéens, bientôt appelés à jouer un rôle de premier plan dans le soutien à la grève du Joint. Bref, sans être aussi visible que la Ligue ou la GP, Le Travailleur joue un rôle notable dans le conflit.

    28Le même constat s’impose pour un deuxième groupe maoïste, la Gauche révolutionnaire (GR), issue du PSU et présente à Saint-Brieuc, mais sans lien avec le monde usinier. Son principal militant, Guy Pierrou, n’était pas ouvrier et le groupe briochin se limitait à une dizaine de lycéens. En revanche, la GR était bien enracinée à Rennes et, lors des manifestations du Joint français, de nombreux militants rennais venaient en voiture à Saint-Brieuc22. Si la GR n’évoque le mouvement qu’une seule fois, le 15 juin 197223, la raison tient à la nature de son média, en l’occurrence un modeste mensuel imprimé en offset et de mauvaise qualité. Et pourtant, l’intervention de ses militants fut nettement plus importante que le laisserait supposer cette discrétion journalistique.

    29Enfin, il faut signaler Rennes Révolutionnaire, une organisation bretonne présente aussi à Brest, Fougères et Angers, mais non à Saint-Brieuc. Quelques militants et responsables venus de Rennes furent envoyés sur le terrain. Le journal de Rennes Révolutionnaire, Drapeau rouge avait une périodicité irrégulière, soit mensuelle, soit bimensuelle et fut moins précoce que Rouge pour parler du conflit. La raison en était technique, puisque chaque livraison devait être tapée à la machine sur stencils, puis tirée sur ronéo, avant que l’on puisse agrafer les 12 à 20 pages imprimées. Un tel processus était très long et ne permettait pas de réagir à chaud. Mais, dès le no 12, fin mars 1972, le Joint français apparut sous la forme d’une allusion dans l’édito d’ouverture et ne quitta plus les colonnes de Drapeau Rouge, y occupant même une place importante jusqu’à l’issue de la grève24. À dire vrai, celle-ci ne rime pas avec une occultation ultérieure car aux cinq mentions dans les livraisons immédiatement postérieures à la grève s’ajoutent encore deux autres évocations avant la fin de l’année 197225. En d’autres termes, la grève du Joint est devenue un symbole. Mais un symbole de quoi ? Bien sûr de la répression patronale et étatique, bien sûr de la solidarité régionale. Mais surtout de la radicalité qui est la marque de la période. Pour Drapeau rouge, le Joint français, ainsi que toutes les luttes concomitantes et nombreuses, serait l’illustration de la célèbre sentence de Mao, prononcée le 20 mai 1970 : « Aujourd’hui dans le monde la tendance principale c’est la révolution. »

    30Pour achever ce repérage, j’ai essayé de quantifier l’action propagandiste de ces différents organes de presse. Naturellement, il est vain d’espérer traduire en chiffres absolus l’intensité de la propagande et les paramètres retenus pourraient largement être discutés26. En outre, il conviendrait de tenir compte des questions organisationnelles déjà évoquées : la réorganisation de Tribune socialiste, la périodicité du journal, etc. Pour autant, la quantification de ces indicateurs permet de déterminer un coefficient d’action propagandiste non dénué de signification.

    L’intensité du soutien à la grève du Joint français.

    Titre

    Indicateur de présence

    Écart par rapport à la norme (hebdomadaire de plus de dix pages)

    Rouge

    262

    La Cause du Peuple

    239

    Bimensuel

    Tribune socialiste

    110

    Drapeau rouge

    104

    Bimensuel

    L’Humanité rouge

    75

    Prolétaire ligne rouge

    37

    Mensuel

    Révolution !

    36

    Mensuel

    Le Travailleur

    32

    Bulletin irrégulier

    Front rouge

    27

    Hebdomadaire 4 pages grand format

    Lutte ouvrière

    23

    Front libertaire

    22

    Mensuel

    Bretagne révolutionnaire

    17

    Périodicité irrégulière

    Gauche révolutionnaire

    10

    Bulletin irrégulier

    Informations ouvrières

    7

    Le Monde libertaire

    1

    Mensuel

    Guerre de classes

    1

    Périodicité irrégulière

    Tribune anarchiste communiste

    0

    Bulletin irrégulier

    Le Prolétaire

    0

    Bimensuel

    31Une fois ces repérages effectués, deux premières conclusions peuvent être tirées.

    32La première est d’essayer d’expliquer ces différences de comportement. À mon sens, l’explication réside dans le croisement de trois paramètres. En premier lieu, la variable organisationnelle : l’organisation est-elle présente sur place ? En deuxième lieu, l’auto-perception de l’organisation : se perçoit-elle comme un embryon de parti (dont le but est d’offrir un arsenal complet d’agit-prop) ou bien se contente-t-elle d’être temporairement une simple tribune de propagande ? En troisième lieu, se décline sa perception du combat politique avec deux pôles opposés : à une extrémité, l’orientation dogmatique magistralement représentée par le parti bordiguiste, et à l’autre extrémité la sensibilité mouvementiste, parfaitement incarnée par la Gauche prolétarienne.

    33La deuxième conclusion renvoie au statut de la grève du Joint français.

    34Le faible nombre des publications qui ne parlent pas de l’évènement et, à l’inverse, l’ampleur du traitement du conflit par de nombreux journaux démontre le caractère exemplaire, quasi incontournable de la référence au Joint français dans la France de 1972. Exemplarité de la répression patronale et étatique, exemplarité de la radicalité de cette nouvelle classe ouvrière bien différente du mouvement ouvrier traditionnel, et exemplarité de l’intense solidarité régionale, telles sont les trois facettes de cette exemplarité.

    35La troisième conclusion est de souligner l’importance de la Ligue communiste à ce moment-là, ce que confirmerait une multitude d’autres indicateurs. Plus dynamique que le PSU, moins éruptive que les maoïstes, la Ligue impressionne par son efficacité et son sérieux.

    36La quatrième conclusion est de remarquer la faiblesse de la parole anarchiste et, à l’inverse, la multiplicité de l’intervention maoïste. Les maoïstes sont extrêmement divisés mais extrêmement actifs et, dans leur double composante, spontanéiste et non spontanéiste, ils impulsent un véritable pôle de radicalité qui tente de déborder la direction cédétiste de la lutte. C’est en partie l’objet du second discriminant que j’ai retenu, celui du positionnement politique, en particulier l’attitude à l’égard des syndicats

    « C’est aux gars du Joint de décider » (Front libertaire)

    37Le point nodal de ce positionnement politique est le rapport aux syndicats. Toutes les organisations d’extrême gauche, sans exception, dénoncent l’attitude de la CGT – fait assez connu. En revanche, la CFDT ne fait pas consensus et suscite trois positions allant du soutien total, partiel ou tendant à la dénonciation de la centrale.

    38Le soutien total à la CFDT est le fait d’une seule organisation mais essentielle, le PSU dont la Tribune socialiste publie les communiqués cédétistes.

    39Un soutien partiel à la Centrale émane de la Ligue communiste appliquant la traditionnelle politique trotskiste du débordement, qu’il me semble plus judicieux d’appeler la stratégie du débordement différé, car le processus est chronologiquement différencié. La logique est la suivante : dans un premier temps, il faut contraindre les réformistes à soutenir les travailleurs en lutte ; puis, lors d’une deuxième phase progressive, et afin de gagner, le mouvement social doit s’élargir et se durcir ; enfin, pour faire triompher leurs revendications, les masses devront, à un ultime stade, se détacher des réformistes pour soutenir les révolutionnaires.

    40La dénonciation de la CFDT incombe, enfin, aux mouvements appliquant la stratégie du débordement immédiat qui consiste à dénoncer d’emblée les réformistes et les taxer de capitulards, qu’ils soient rétifs à la révolution comme la CGT ou simplement réalistes comme la CFDT. Cette position anti directions syndicales est celle du parti bordiguiste ou de la Fédération anarchiste. Mais ces deux groupes n’intervenant pas sur le terrain, la prime revient aux maoïstes – exception faite du PCMLF-Humanité rouge. On observera que la démarcation entre groupes maoïstes et réformistes s’opère de deux façons.

    La démarcation par la violence

    41L’exaltation de la violence physique est un fait, alimenté par la surenchère. Elle transparaît dans les appels à en découdre, à aller au Joint français même quand les gendarmes mobiles occupent l’usine, et à susciter des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. À cet égard, la Gauche prolétarienne et son organe, La Cause du Peuple, parviennent à susciter la sympathie d’une bonne partie des jeunes ouvriers de l’usine, précisément en raison de leur radicalisme violent. En témoignent deux signes. D’abord, on constate le succès de l’hymne de la GP, Les Nouveaux partisans, qui est entonné avec constance par un fort noyau d’ouvriers, bien au fait d’une violence inhérente à ce chant, comme l’exprime un de ses couplets qui commence par « La violence est partout, vous nous l’avez apprise. Patrons qui exploitez et flics qui matraquez » et qui s’achève par la sentence sans ambiguïté : « Car on n’expulse pas la révolte du peuple. Peuple qui se prépare à reprendre les armes. Que des traîtres lui ont volées en 45. Oui, bourgeois, contre vous le peuple veut la guerre. »

    42Le second indicateur de violence est associé au corpus photographique de La Cause du Peuple, que les maquettistes convoquent afin de mettre en avant l’affrontement avec les forces de l’ordre, tandis que les journalistes relaient toutes les paroles violentes des grévistes, y compris les plus discutables telles « Des sauvages, mais regardez Fours, il ressemble même pas à un Français, dit une femme27 ». Pour les maoïstes, en effet, l’utilisation de la violence est bien le critère de l’engagement révolutionnaire. D’où leur dénonciation de ce qu’ils estiment être les « faux-amis » du mouvement, que ce soit la CFDT et le PSU, ou la Ligue. Drapeau rouge fustige donc cette dernière d’orienter son Service d’ordre (SO) vers le maintien des manifestants dans l’ordre voulu par les organisations syndicales et non de rechercher l’affrontement avec la police28. Le PCMLF-Le Travailleur partage l’analyse : « À la Préfecture les ouvriers du Joint essayent d’envahir la cour, mais ils se heurtent à la Ligue qui faisait tampon entre eux et les flics29. » Relevons que ce type d’accusation ne manque pas de sel quand on compare les comportements respectifs des SO de Rennes révolutionnaire ou du Travailleur d’un côté, et celui de la Ligue de l’autre, particulièrement offensif et efficace à l’époque.

    43À l’inverse, la Ligue refuse ce positionnement qu’elle juge inefficace pour la victoire de la grève. Rouge dénonce ainsi « les aventuristes maoïstes » qui clamaient « Au Joint ! » à l’issue de la manifestation du jeudi 6 avril. La Ligue avance deux arguments. Le premier est politique : il faut convaincre les ouvriers et non les manipuler. Relevons que cette analyse est partagée par Front libertaire. Même en termes mesurés, ces anarchistes condamnent la position avant-gardiste et substitutive de « certains maoïstes » qui veulent aller à l’affrontement en décidant à la place des travailleurs. Dans un article intitulé « C’est aux gars du Joint de décider », Front libertaire insiste au contraire sur la démocratie ouvrière à l’œuvre dans la lutte, ce qu’ils appellent « leur auto-organisation allant dans le sens de l’autogestion sociale30 ». Le second argument de la Ligue est militaire. Déloger les gendarmes mobiles qui occupent l’usine est une tâche impossible et signerait donc une défaite : « Oui, il faut commencer à nous opposer “physiquement” aux bandes armées que nous envoie le capital. Et il faudra bien un jour les liquider. Mais au cours d’un conflit on ne peut pas risquer n’importe quel affrontement. Une défaite “militaire” trop cuisante si l’affrontement n’a pas été préparé » serait contre-productive écrit Rouge31. De fait, la victoire de la grève n’est pas la préoccupation principale des maoïstes ; mais sa radicalisation.

    La démarcation sémantique

    44Sur ce plan, deux attitudes se distinguent chez les maoïstes. Pour La Cause du Peuple, insuffler partout de la violence transformera, par sa seule pratique, les ouvriers en révolutionnaires. En revanche, tous les groupes mao-staliniens insistent sur la nécessité immédiate et concrète à faire propagande pour préparer la révolution armée. D’où les régulières conclusions des articles qui résonnent comme des mantras, à l’image de Front rouge : « Si beaucoup (d’ouvriers du Joint) voulaient que les deux dernières grandes manifestations aillent au Joint, la question de “quoi y faire ?” n’était pas claire : la plupart était pour un défilé pacifique devant le Joint, seule une petite minorité se posait le problème de prendre d’assaut l’usine pour déloger les flics. C’est le travail communiste en direction de ces ouvriers qui les débarrassera de ces illusions et leur permettra de lutter pour la révolution armée et la dictature du prolétariat32. »

    45Finalement, cette démarcation politique provoque la constitution de trois pôles au sein des organisations révolutionnaires : le pôle pacifique de confiance dans la direction cédétiste adjointe au PSU, le pôle des quatre organisations maoïstes favorables à la violence systématique et, entre les deux, un axe incarné par la Ligue optant pour une pratique maîtrisée de la violence.

    « Luttons pour une Bretagne libre » (Bretagne révolutionnaire)

    46Évidemment, tous les groupes soulignèrent la dimension régionale, en l’occurrence bretonne, du conflit et sa double caractéristique mêlant radicalité et solidarité. Toute la question est, cependant, de savoir si on passa, alors, d’une dimension régionale à une dimension régionaliste voire nationalitaire.

    47Certains groupes refusèrent, clairement, d’entrer dans cette voie, en particulier toutes les formations mao-staliniennes. Pour elles, la contradiction principale en Bretagne opposant, comme dans le reste de la France, la bourgeoisie au prolétariat, s’imposait par essence. Par conséquent, il était erroné de vouloir unir le peuple breton contre l’impérialisme français, puisque l’union de la classe ouvrière bretonne avec le reste de la classe ouvrière française constituait un impératif face à la bourgeoisie, bretonne comprise. C’est Drapeau rouge qui est le plus clair sur ce point : « À ceux qui nous demandent “quel drapeau avez-vous” nous répondons : Ni le drapeau tricolore de la bourgeoisie française Ni le drapeau noir et blanc de la noblesse bretonne Le drapeau rouge du combat ouvrier33 ! » Et, effectivement, dans tous ces journaux maoïstes, on ne voit aucune photographie représentant le drapeau breton. La même hostilité est à l’œuvre dans Lutte ouvrière. Au mois de mars 1972, l’hebdomadaire trotskiste publie un article au ton sans réplique : « le rôle des révolutionnaires socialistes ne doit pas être de se réjouir en voyant les petits-bourgeois nationalistes essayer de se parer d’un masque socialiste. De socialisme-national en national-socialisme, les exemples historiques ne manquent malheureusement pas qui prouvent qu’une telle confusion n’a rien de réjouissante34 ».

    48À l’opposé, le Parti communiste breton et sa Bretagne révolutionnaire, font fleurir les drapeaux bretons sur les photos même si le PCB tenta d’inventer une oriflamme original qui réconcilierait Bretagne et communisme, en l’espèce un Gwenn Ha Du avec une étoile rouge35. Par ailleurs, ce parti assimile, dans sa littérature, la lutte du Joint français à une lutte à la fois sociale et nationale, le symbole de la lutte contre le colonialisme capitaliste français.

    49La difficulté est de savoir jusqu’où est allée cette imprégnation nationalitaire. L’examen des journaux d’extrême gauche conforte l’analyse de Tudy Kernalegenn, en ce sens que la grève du Joint français correspond davantage à l’origine qu’à l’épanouissement d’un mouvement dans la mesure où les aspirations clairement nationalitaires sont à cet instant rarissimes. On en voudra pour preuve que la reproduction du Gwenn Ha Du fut infime dans la presse gauchiste, même si les ouvriers du Joint l’arborent à la tête de la manifestation parisienne d’extrême gauche du 1er mai 1972. Certes, l’hebdomadaire du PSU utilise au départ des formules ambiguës telle « le conflit du Joint français s’est transformé en un vaste combat de toute la Bretagne contre l’emprise du capitalisme », (c’est) « la lutte d’une région pour dénoncer sa colonisation par le capitalisme36 » mais, au total, le drapeau breton n’apparaît qu’une seule fois. Une analogue discrétion prévaut chez Révolution, car la présence de drapeaux bretons n’est pas relayée dans les articles, dépourvus d’ancrage nationalitaire.

    50Le plus intéressant est sans doute l’attitude de La Cause du Peuple, précocement sensible à la thématique régionaliste, qui s’introduit dès novembre 1971 lors de la couverture d’un festival de chants occitans, corses et bretons sur une pleine page. En revanche, le ralliement à la cause nationalitaire est intrinsèquement lié au Joint français. Dans un article bilan saluant la victoire, le journal maoïste écrit :

    « Il y a quelques semaines, certains étaient encore en droit de s’interroger : le “mouvement breton”, l’Emzao, est-il autre chose que les élucubrations de quelques intellectuels petits-bourgeois, sympathiques bien sûr dans leur acharnement à étudier la langue bretonne […] mais un peu inquiétant lorsqu’ils prenaient la figure du FLB […] Aujourd’hui, tout cela est balayé : la lutte du Joint français à Saint-Brieuc a affirmé son caractère breton face à l’intransigeance de patrons colonisateurs parisiens tout en suscitant dans toute la Bretagne un mouvement de masse de soutien d’une ampleur exceptionnelle37. »

    51Donc, si La Cause du Peuple avait quelque intérêt pour la question nationalitaire avant le Joint français, un ralliement s’est opéré à l’occasion de la grève comme l’indique la reproduction, à trois reprises, de drapeaux bretons et de la publication d’une bande dessinée qui dénonce, puis retourne, l’image négative de Bécassine, les dernières vignettes représentant la petite Bretonne levant le poing et arborant un fusil38. La Cause du Peuple reconnaît désormais clairement le fait national breton : « en contestant leur salaire de colonisé, en tenant ferme, ils ont éveillé la conscience nationale de toute la Bretagne. Tous les Bretons étaient concernés par cette lutte contre la colonisation de la Bretagne39 ».

    52Le processus est assez analogue pour Tribune socialiste, dont l’ambiguïté a été signalée plus haut lors de la grève. Mais, une fois celle-ci achevée, la thématique nationalitaire est développée à travers plusieurs articles rédigés par la section brestoise du PSU et un dossier relatif à la colonisation de la Bretagne40.

    53En fait, pratiquement tous les groupes d’extrême gauche engagés dans le conflit ont été frappés par sa dimension régionale, amorçant à cet instant un long mouvement les conduisant à faire bouger la conscience bretonne. Même Rennes révolutionnaire, le groupe le plus hostile à ce type d’approche – comme l’a confirmé un de ses anciens dirigeants renouvelant lors d’un entretien récent sa condamnation du drapeau fasciste que serait le gwenn ha du41 –, a finalement opté pour la défense des langues régionales42, une thématique nouvelle pour cette formation, alors que tous les autres groupes gauchistes étaient devenus d’accord sur ce point.

    ⁂

    54L’examen du traitement militant de la grève du Joint français par la presse gauchiste autorise, finalement, deux conclusions. D’une part, la presse agit en miroir pour la ligne politique de chaque organisation ; et il n’y a guère de surprises. D’autre part, le reflet se déforme car la lutte du Joint apparaît tellement exemplaire qu’elle bouleverse la vision de ces gauchistes. En premier lieu, en soulignant l’ampleur de la poussée radicale ouvrière de cette France des Trente glorieuses qui jette alors ses derniers feux. En second lieu, en faisant entrer dans la perception de ces militants les aspirations régionales, le besoin de démocratie locale. À ce titre, la grève du Joint peut constituer le point de départ d’une modification substantielle du logiciel de la plupart des organisations gauchistes, justifiant à nouveau, la légitimité de la présente réflexion collective.

    Notes de bas de page

    1Le Monde libertaire, no 181, mai 1972.

    2Guerre de classes, no 3, mai-juin 1972.

    3Informations ouvrières, no 563, 10 mai 1972.

    4Front libertaire des luttes de classes, no 17, mai-juin 1972.

    5Le prolétaire ligne rouge, no 39, s. d. (fin avril 1972), no 40, 5 mai 1972.

    6L’Humanité rouge, no 140, 23 mars 1972, no 41, 30 mars 1972.

    7L’Humanité rouge, no 145, 27 avril 1972, no 146, 4 mai 1972, no 147, 11 mai 1972.

    8Voir le passionnant témoignage de son établie, Letessier Dorothée, Le voyage à Paimpol, Paris, Le Seuil, 1980.

    9Révolution !, Vive le 1er mai, s. d.

    10Révolution !, no 12, mai 1972, no 13, juin 1972.

    11Lutte ouvrière, no 189, 11 avril 1972, no 191, 25 avril 1972, no 192, 2 mai 1972, no 193, 9 mai 1972.

    12Front rouge, no 21, 13 avril 1972, no 23, 27 avril 1972, no 24, 4 mai 1972, no 25, 11 mai 1972.

    13Bretagne révolutionnaire, no 14, (1972).

    14Tribune socialiste, no 533, 19 avril 1972.

    15Tribune socialiste, no 534, 26 avril 1972 – no 537, 17 mai 1972.

    16Tribune socialiste, no 538, 24 mai 1972 – no 544, 28 juin 1972.

    17« Stages régionaux de la Ligue », Rouge, no 153, 15 avril 1972.

    18Voir l’article d’Hugo Melchior dans le présent volume.

    19Rouge, no 149, 18 mars 1972 – no 157, 13 mai 1972.

    20Rouge, no 158, 20 mai 1972 – no 167, 22 juillet 1972.

    21La Cause du Peuple – J’Accuse, no 21, 25 mars 1972 – no 25, 21 juin 1972.

    22Témoignage Erik Neveu, 3 mai 2022.

    23Gauche révolutionnaire, no 13-14, 15 juin-15 juillet 1972.

    24Drapeau rouge, no 12, mars 1972 – no 15, mai 1972.

    25Drapeau rouge, no 16, (juin 1972) – no 20, (octobre 1972), no 23, novembre 1972 – no 24, décembre 1972.

    26Voici la grille de références que j’ai établie : simple écho 1 point, mention dans un article 1 point, mention dans l’éditorial 4 points, éditorial consacré 8 points, article1/4 page 2 points, article1/2 page 4 points, article 1/3 page 6 points, article une page 8 points, présence d’un dessin 2 points, présence d’une photographie 2 points, accroche en Une 2 points, 1/4 Une 4 points, 1/2 Une 8 points, Une 16 points, photo en Une (supplément) 4 points, petit article dans un bulletin style bulletin intérieur 5 points, long article dans un bulletin intérieur 10 points, brochure spécifique 16 points, film dédié 16 points, meeting dédié 16 points, meeting partiellement dédié 8 points.

    27La Cause du Peuple – J’Accuse, no 22, 15 avril 1972.

    28Drapeau rouge, no 14, avril 1972.

    29PCMLF, Le Joint français. Vive la lutte classe contre classe, s. l. n. d., 40 p.

    30Front libertaire des luttes de classes, no 17, mai-juin 1972.

    31Rouge, no 153, 15 avril 1972.

    32Front rouge, no 23, 27 avril 1972.

    33Drapeau rouge, no 23, 24 novembre 1972.

    34Lutte ouvrière, no 185, 14 mars 1972.

    35Bretagne révolutionnaire, no 13, (1971).

    36Tribune socialiste, no 535, 4 mai 1972.

    37La Cause du Peuple – J’Accuse, no 24, 17 mai 1972.

    38Ibid.

    39Ibid.

    40Tribune socialiste, no 536, 10 mai 1972.

    41Témoignage Christian Le Moënne, 1er mai 2022.

    42Drapeau rouge, no 17, (juin ou juillet) 1972.

    Auteur

    • Philippe Buton

      Université de Reims-Champagne-Ardenne.

      Philippe Buton est professeur émérite d’histoire contemporaine, université de Reims-Champagne-Ardenne, Cerhic EA 2616.

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0

    Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Paysans des Alpes

    Paysans des Alpes

    Les communautés montagnardes au Moyen Âge

    Nicolas Carrier et Fabrice Mouthon

    2010

    Pérégrin d’Opole

    Pérégrin d’Opole

    Un prédicateur dominicain à l'apogée de la chrétienté médiévale

    Hervé Martin

    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Samuel Gicquel

    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

    Pierre Jambard

    2008

    Ouvriers bretons

    Ouvriers bretons

    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

    L'intrusion balnéaire

    Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)

    Johan Vincent

    2008

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan

    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

    L'éveil politique de la Savoie

    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

    2008

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)

    Éric Roulet

    2008

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    Présence, attitudes, perceptions

    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

    2008

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Paysans des Alpes

    Paysans des Alpes

    Les communautés montagnardes au Moyen Âge

    Nicolas Carrier et Fabrice Mouthon

    2010

    Pérégrin d’Opole

    Pérégrin d’Opole

    Un prédicateur dominicain à l'apogée de la chrétienté médiévale

    Hervé Martin

    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Samuel Gicquel

    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

    Pierre Jambard

    2008

    Ouvriers bretons

    Ouvriers bretons

    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

    L'intrusion balnéaire

    Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)

    Johan Vincent

    2008

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan

    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

    L'éveil politique de la Savoie

    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

    2008

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)

    Éric Roulet

    2008

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    Présence, attitudes, perceptions

    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

    2008

    Voir plus de chapitres

    Nous les Garçons et les Filles ou le cheval de Troie communiste

    Philippe Buton

    Gérer la contestation gauchiste

    Philippe Buton

    Le PSU et l’extrême gauche

    Philippe Buton

    « Les gauchismes », remèdes à la maladie sénile du communisme

    Philippe Buton et Hugo Melchior

    Voir plus de chapitres
    1 / 4

    Nous les Garçons et les Filles ou le cheval de Troie communiste

    Philippe Buton

    Gérer la contestation gauchiste

    Philippe Buton

    Le PSU et l’extrême gauche

    Philippe Buton

    « Les gauchismes », remèdes à la maladie sénile du communisme

    Philippe Buton et Hugo Melchior

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    Presses universitaires de Rennes
    • amazon.fr
    • decitre.fr
    • mollat.com
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    ePub / PDF

    1Le Monde libertaire, no 181, mai 1972.

    2Guerre de classes, no 3, mai-juin 1972.

    3Informations ouvrières, no 563, 10 mai 1972.

    4Front libertaire des luttes de classes, no 17, mai-juin 1972.

    5Le prolétaire ligne rouge, no 39, s. d. (fin avril 1972), no 40, 5 mai 1972.

    6L’Humanité rouge, no 140, 23 mars 1972, no 41, 30 mars 1972.

    7L’Humanité rouge, no 145, 27 avril 1972, no 146, 4 mai 1972, no 147, 11 mai 1972.

    8Voir le passionnant témoignage de son établie, Letessier Dorothée, Le voyage à Paimpol, Paris, Le Seuil, 1980.

    9Révolution !, Vive le 1er mai, s. d.

    10Révolution !, no 12, mai 1972, no 13, juin 1972.

    11Lutte ouvrière, no 189, 11 avril 1972, no 191, 25 avril 1972, no 192, 2 mai 1972, no 193, 9 mai 1972.

    12Front rouge, no 21, 13 avril 1972, no 23, 27 avril 1972, no 24, 4 mai 1972, no 25, 11 mai 1972.

    13Bretagne révolutionnaire, no 14, (1972).

    14Tribune socialiste, no 533, 19 avril 1972.

    15Tribune socialiste, no 534, 26 avril 1972 – no 537, 17 mai 1972.

    16Tribune socialiste, no 538, 24 mai 1972 – no 544, 28 juin 1972.

    17« Stages régionaux de la Ligue », Rouge, no 153, 15 avril 1972.

    18Voir l’article d’Hugo Melchior dans le présent volume.

    19Rouge, no 149, 18 mars 1972 – no 157, 13 mai 1972.

    20Rouge, no 158, 20 mai 1972 – no 167, 22 juillet 1972.

    21La Cause du Peuple – J’Accuse, no 21, 25 mars 1972 – no 25, 21 juin 1972.

    22Témoignage Erik Neveu, 3 mai 2022.

    23Gauche révolutionnaire, no 13-14, 15 juin-15 juillet 1972.

    24Drapeau rouge, no 12, mars 1972 – no 15, mai 1972.

    25Drapeau rouge, no 16, (juin 1972) – no 20, (octobre 1972), no 23, novembre 1972 – no 24, décembre 1972.

    26Voici la grille de références que j’ai établie : simple écho 1 point, mention dans un article 1 point, mention dans l’éditorial 4 points, éditorial consacré 8 points, article1/4 page 2 points, article1/2 page 4 points, article 1/3 page 6 points, article une page 8 points, présence d’un dessin 2 points, présence d’une photographie 2 points, accroche en Une 2 points, 1/4 Une 4 points, 1/2 Une 8 points, Une 16 points, photo en Une (supplément) 4 points, petit article dans un bulletin style bulletin intérieur 5 points, long article dans un bulletin intérieur 10 points, brochure spécifique 16 points, film dédié 16 points, meeting dédié 16 points, meeting partiellement dédié 8 points.

    27La Cause du Peuple – J’Accuse, no 22, 15 avril 1972.

    28Drapeau rouge, no 14, avril 1972.

    29PCMLF, Le Joint français. Vive la lutte classe contre classe, s. l. n. d., 40 p.

    30Front libertaire des luttes de classes, no 17, mai-juin 1972.

    31Rouge, no 153, 15 avril 1972.

    32Front rouge, no 23, 27 avril 1972.

    33Drapeau rouge, no 23, 24 novembre 1972.

    34Lutte ouvrière, no 185, 14 mars 1972.

    35Bretagne révolutionnaire, no 13, (1971).

    36Tribune socialiste, no 535, 4 mai 1972.

    37La Cause du Peuple – J’Accuse, no 24, 17 mai 1972.

    38Ibid.

    39Ibid.

    40Tribune socialiste, no 536, 10 mai 1972.

    41Témoignage Christian Le Moënne, 1er mai 2022.

    42Drapeau rouge, no 17, (juin ou juillet) 1972.

    Le Joint français, printemps 1972

    X Facebook Email

    Le Joint français, printemps 1972

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Le Joint français, printemps 1972

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Buton, P. (2024). La grève du Joint français et les gauchistes. In P. Harismendy & G. Richard (éds.), Le Joint français, printemps 1972 (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/12n5k
    Buton, Philippe. « La grève du Joint français et les gauchistes ». In Le Joint français, printemps 1972, édité par Patrick Harismendy et Gilles Richard. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2024. https://doi.org/10.4000/12n5k.
    Buton, Philippe. « La grève du Joint français et les gauchistes ». Le Joint français, printemps 1972, édité par Patrick Harismendy et Gilles Richard, Presses universitaires de Rennes, 2024, https://doi.org/10.4000/12n5k.

    Référence numérique du livre

    Format

    Harismendy, P., & Richard, G. (éds.). (2024). Le Joint français, printemps 1972 (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/12n6j
    Harismendy, Patrick, et Gilles Richard, éd. Le Joint français, printemps 1972. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2024. https://doi.org/10.4000/12n6j.
    Harismendy, Patrick, et Gilles Richard, éditeurs. Le Joint français, printemps 1972. Presses universitaires de Rennes, 2024, https://doi.org/10.4000/12n6j.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Presses universitaires de Rennes

    Presses universitaires de Rennes

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Flux RSS

    URL : http://www.pur-editions.fr

    Email : pur@univ-rennes2.fr

    Adresse :

    2, avenue Gaston Berger

    CS 24307

    F-35044

    Rennes

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement