Le Joint français, printemps 1972
Les échos d’une grève en Bretagne
De la mi-mars au début mai 1972, les ouvrières et ouvriers du Joint français à Saint-Brieuc menèrent une grève très dure. L’usine avait été créée en 1962 dans des conditions très favorables au bénéfice de la Compagnie générale d’électricité. Le site employait 1 000 salariés à la transformation du caoutchouc et tranchait avec les autres industries mécaniques, métallurgiques, textiles ou brossières de la ville. Le conflit éclata pour exiger le réalignement sur les grilles parisiennes, soit 70 cent...
Note de l’éditeur
Publié avec le soutien du laboratoire CRBC de l’université Bretagne occidentale, de l’Association du pôle universitaire briochin et du laboratoire Arènes (UMR 6051).
Éditeur : Presses universitaires de Rennes
Lieu d’édition : Rennes
Publication sur OpenEdition Books : 7 novembre 2024
ISBN numérique : 978-2-7535-9712-9
DOI : 10.4000/12n6j
Collection : Histoire
Année d’édition : 2024
ISBN (Édition imprimée) : 978-2-7535-9710-5
Nombre de pages : 444
Patrick Harismendy et Gilles Richard
RemerciementsHervé Guihard
PréfacePatrick Harismendy
Avant-propos. De diverses simultanéités en 1972Première partie. Témoignages
Marie-Antoinette Pointeau
L’usine vue par son médecin du TravailMarie Bartholomès, Fatima Berkani, Julia Le Louarn et al.
Des ouvrières au Joint français, 50 ans aprèsLes comment du pourquoi
Jean-Paul Dibouès
La grève au travers des archives de l’INADeuxième partie. Une entreprise en ses milieux
Loïc Vadelorge
« Allez dire à la ville… »Existe-t-il une dimension urbaine de la grève du Joint français ?
Vincent Porhel
Le Joint français : un patronat désarmé ?Yvon Tranvouez
Le contexte religieux de la grève du Joint françaisTroisième partie. Une grève comme concurrences des engagements
Christian Bougeard
La Bretagne : une région à droite au début des années 1970Romain Castellesi
« CGT, trahison ! »Cégétistes et communistes à l’épreuve de la grève du Joint français (1962-1973)
Ambroise Georget
Engagement étudiant et mobilisations ouvrièresLecture rétrospective par un ancien militant marxiste-léniniste (ML) de Rennes
Philippe Buton
La grève du Joint français et les gauchistesHugo Melchior
La Ligue communiste à l’épreuve du JointDavid Bensoussan
La grève du Joint français au regard des droites bretonnesQuatrième partie. En échos d’une contestation
Jérôme Letournel
« L’affaire Guy Robert » à l’usine SAVIEM de CaenUn conflit social emblématique des années 1968
Anne Dalmasso
Comme au Joint ?Neyrpic, Grenoble, 1972. Entre conflictualité de routine et conflit exceptionnel
Alexandre Fernandez
La grève Michelin de Vitoria (26 janvier-28 février 1972)Conflit industriel et question basque
Tudi Kernalegenn
Le work-in de l’Upper Clyde Shipbuilders (1971-1972)D’un mouvement de la classe ouvrière en Écosse à la réémergence d’une question nationale écossaise
Guillaume Gourgues
Lip et l’ombre portée du Joint françaisPenser la territorialisation des luttes ouvrières
Erwan Le Gall
Le Joint français, 1972 et le premier « affranchissement générationnel » du fait militaire et guerrier en BretagneCinquième partie. Épilogues
François Prigent et Alain Prigent
Relire l’histoire par la finLe second conflit du Joint français (1979-1980)
Élisabeth Renault
Grèves et mobilisations en Bretagne (années 1970-1980)Le musée comme vivier de formes et de traces
Patrick Harismendy et Gilles Richard
En conclusion, anatomie d’une grève singulièreAnnexes. Documents sur la grève du Joint français
Claude Saunier
Document 7. Comme un clin d’œil : les convictions de Claude Saunier (1945-2022)50e anniversaire du Joint français – Note personnelle de Claude Saunier
De la mi-mars au début mai 1972, les ouvrières et ouvriers du Joint français à Saint-Brieuc menèrent une grève très dure. L’usine avait été créée en 1962 dans des conditions très favorables au bénéfice de la Compagnie générale d’électricité. Le site employait 1 000 salariés à la transformation du caoutchouc et tranchait avec les autres industries mécaniques, métallurgiques, textiles ou brossières de la ville. Le conflit éclata pour exiger le réalignement sur les grilles parisiennes, soit 70 centimes de l’heure. L’occupation immédiate du site par les forces de l’ordre, rendant impossible un piquet de grève classique, déplaça celui-ci en ville qui devint actrice de solidarités protéiformes. Singulier par sa localisation, relayé par des dons alimentaires locaux, d’importantes collectes financières régionales, puis un soutien culturel avec concerts parisiens et défilés sous bannière du gwenn a du, le mouvement affronta l’intransigeantisme de la direction d’entreprise grâce à la collaboration, pour ne pas dire l’unité, syndicale et politique à gauche qui se fit sans forte prééminence, laissant aux salariés une bonne part d’autonomie. L’intervention tardive du pouvoir pompidolien, malgré l’importance de ses relais locaux dont René Pleven (président du conseil général et ministre), illustra les fragilités du projet chabaniste comme l’impunité des holdings, de constitution nouvelle.
En privilégiant des analyses de l’intérieur de l’entreprise, de la ville, des ateliers, des diverses organisations syndicales, politiques et catholiques, l’ouvrage apporte un éclairage très neuf sur un dossier que l’on pensait connu. Des documents et témoignages inédits donnent chair à cette lutte, sortant ainsi de l’abstraction ou d’une excessive symbolique. Se dessinent aussi avec force la séparation entre action syndicale et engagement politique dans ce monde ouvrier, avant tout d’OS, les illusions de l’extrême gauche d’alors pour recruter des adhérents, la relativité d’un « moment breton ». L’exceptionnalité de cette grève ressort par comparaison avec d’autres prenant la défense d’un représentant syndical (Saviem à Caen), affirmant l’identité basque (Michelin à Vitoria) ou écossaise (Upper Clyde Shipbuilders), mais ne parvenant pas à mobiliser un seul des ressorts briochins. Mais, à cette date, Saint-Brieuc avait changé et la crise était bien là.
Université Rennes 2.
IdRef : 033672814
Patrick Harismendy est professeur d’histoire contemporaine à l’université Rennes 2, membre du CRBC, EA 4451 CNRS.
IdRef : 069832005
Gilles Richard est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Rennes 2, membre d’Arènes, UMR 6051 CNRS.
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