Introduction à la troisième partie

1C onvaincus que les « révolutionnaires » ont infiltré de nombreux pans de la société pour abattre la République, les CDR s’efforcent de contrer leur influence en constituant un vaste réseau dans la société civile. La presse, les forces de l’ordre, les entreprises, les enseignants(-chercheurs), les étudiants, les élèves et les parents d’élèves sont les premiers ciblés avec un succès assez mitigé. Issu de la famille gaulliste, le mouvement s’applique également à moderniser une communication devenue obsolète en se réappropriant les codes « subversifs » déployés en mai-juin 1968. Il réalise une refonte intégrale du langage iconographique gaulliste d’alors et tente de mettre en avant des instruments utilisés au quotidien (vinyle) comme en plein développement (radio, vidéo). Les apports des CDR à la rénovation de la propagande gaulliste sont certains – les autres organisations (pro-)gaullistes (SAC, CFT/CSL et UNI en tête) sont influencées par les CDR et en reprennent les innovations. Cependant, le rattachement de l’organisation au gaullisme d’ordre à un coût : celui de devenir la cible des représentations fantasmatiques de l’opposition. Bien que les CDR entretiennent des relations complexes avec le SAC, les mouvements de gauche et d’extrême gauche tendent à confondre les deux organisations gaullistes. Souffrant d’une image de plus en plus sombre – polices parallèles du pouvoir, organisations fascistes/fascisantes, pourfendeurs des liberté –, le SAC et les CDR gagnent en impopularité auprès de l’opinion publique. Jusqu’à devenir les groupements gaullistes les plus malfamés de la V^e République après la défaite chabaniste de 1974.