Chapitre IV. Élaboration d’une idéologie conservatrice antisubversive
p. 117-164
Texte intégral
1La direction accorde une attention particulière à l’opinion de ses adhérents. Dès juillet-août 1968, des questionnaires sont envoyés à tous les militants pour établir les activités déjà menées par ceux-ci, leur perception du mouvement, leur opinion sur les événements de mai-juin 1968 et leurs attentes1. Autour de sept questions, ces questionnaires s’achèvent sur la possibilité de soumettre des idées personnelles aux responsables nationaux2. Les retours auraient alors alimenté le comité national provisoire dans l’élaboration de la doctrine du mouvement. Les travaux réalisés par les différentes commissions d’études et le débat interne (impliquant des confrontations de point de vue) contribuent également à la construction idéologique de l’organisation. Il en ressort globalement un conservatisme antimarxiste profond, qui interprète les idées de gauche et d’extrême gauche ainsi que les grèves et manifestations comme autant d’actes subversifs marxistes.
Un discours profondément antimarxiste alimenté par une peur d’un complot (inter)national et le recours à la « majorité silencieuse »
2Nés en réaction aux événements de mai-juin 1968, les CDR sont convaincus qu’un complot (inter)national est à l’œuvre. Cela n’a rien d’exceptionnel puisque les gaullistes partagent cette vision complotiste et policière des événements. Christian Fouchet confie le 6 novembre 1968 à Michel Debré que les étudiants étaient « infiltrés par des spécialistes éduqués à l’étranger, notamment à Cuba », le ministre de l’Économie et des Finances d’alors voyant quant à lui la main de Pékin et sa révolution culturelle3. Le général de Gaulle en personne aurait mis en cause « une fumeuse alliance germano-chinoise4 ». De son côté, Alain Peyrefitte, ancien ministre de l’Éducation nationale, apprend que les soupçons portent sur un ensemble d’acteurs – CIA, URSS, Chine, Cuba, Israël –, ce qui ne manque pas de l’étonner. Il faut dire qu’à ses yeux, comme à ceux de bien d’autres gaullistes, Moscou reste le suspect le plus probable5. Néanmoins, il rapporte dans ses mémoires cette conviction d’un complot international :
« On a la certitude de versements faits aux groupuscules révolutionnaires de Paris par l’ambassade de Chine à Berne, par la CIA et par Cuba ; sans compter quelques soupçons motivés du côté d’Israël et de la Bulgarie. Toujours par la Suisse. “Tandis que les possédants français font porter des valises pleines de billets en Suisse”, conclut mon informateur, “d’autres valises en apportent autant à nos émeutiers. Un exemple de la circulation universelle du flouze”6. »
3Quelques responsables policiers comme Maurice Grimaud contestent cette analyse7, mais ils sont peu écoutés. Il faut dire que « les services de renseignement se sont mis à abreuver l’État de notes conspirationnistes, […] considérant la chose comme évidente : à quoi peut bien servir un trotskiste si ce n’est à comploter8 ? » Sans parler du fait que le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin soutient activement la thèse de la « Tricontinentale rouge9 ». Ne parvenant pas à expliquer autrement les mouvements contestataires soudains et les grèves, les responsables gaullistes pensent donc trouver à l’étranger la réponse qu’ils recherchent. C’est pourquoi le ministère de l’Intérieur surveille scrupuleusement les activités des militants communistes et d’extrême gauche par le biais des Groupes de liaison et d’information10. Les navires arborant des pavillons de pays marxistes (Cuba, Bulgarie, URSS, Pologne, Roumanie, etc.) sont également étroitement surveillés par les Renseignements généraux (RG). Par exemple, les navires communistes transitant par Bordeaux sont scrutés minutieusement : équipages, montées-descentes, cargaison, provenance et destination11. Si cela n’a rien de surprenant en période de guerre froide, il est intéressant de souligner qu’en plein mouvement de grèves en mai-juin 1968, les RG ont relevé des mouvements jugés suspects de potentiels agents subversifs12. Les gaullistes et leurs alliés en viennent aussi à mal interpréter les intentions et les moyens d’action des mouvements gauchistes, les considérant souvent comme des alliés-rivaux du Parti communiste français. C’est pourquoi ils pensent qu’une organisation comme le « Mouvement du 22 mars » – dont le nom fait référence au mouvement du 26 mars 1953 lancé par Fidel Castro à Cuba – planifie toutes ses actions en « bons marxistes-léninistes », alors qu’en réalité, le mouvement impulsé par Daniel Cohn-Bendit s’oppose à toute planification excédant les trois jours et préfère s’adapter aux événements politiques présents13. Cette vision n’est pas en phase avec la réalité historique : le PCF, dépassé par la situation et menacé sur son aile gauche, cherche à contenir la crise et non à l’envenimer14. Toutefois, cette théorie a l’avantage de couvrir le régime pour ses défaillances dans la gestion de la crise. Comment l’État gaullien aurait-il pu percevoir l’action subversive – et par conséquent insidieuse, discrète – de professionnels de la propagande marxiste sapant les institutions, l’économie nationale, la société, la culture et la manipulation d’agitateurs par des régimes communistes étrangers15 ? Le discours du 30 mai 1968 du général de Gaulle officialise ainsi la thèse d’une entreprise subversive « communis[t]e totalitaire ».
4Les CDR portent ce discours antisubversif amalgamant toutes les oppositions de gauche. En effet, pour ses adhérents, les militants politiques et syndicaux de gauche et d’extrême gauche forment une puissante coalition hétérogène (qu’elle soit sincère ou amphigourique16). Certains membres sont conscients que les différentes tendances révolutionnaires ne s’entendent guère, mais ils sont minoritaires17. Cette perception de la « menace rouge » est largement soutenue par les autres organisations du gaullisme d’ordre, qui soutiennent la thèse d’un complot international marxiste. Membres de l’UNI, Roger Mucchielli et Jacques Rougeot dénoncent le danger que représentent les mouvements de gauche et d’extrême gauche. Le premier est un ancien socialiste rallié au gaullisme par anticommunisme18, le second est un gaulliste de conviction qui finit par rejoindre le RPR. Ils reconnaissent volontiers des rivalités entre les différentes mouvances mais restent convaincus d’une forme d’association entre elles, et proposent des moyens de lutter contre leur influence19. Le SAC souligne le caractère international de la menace communiste, puis met en garde les naïfs qui « n’ont pas intégré l’éducation marxiste » et pensent servir la France sans se rendre compte qu’ils servent « l’ennemi20 ». Le syndicat CFT se réapproprie le slogan CDR « Oui à l’action revendicative, non à la politisation du mouvement21 ». Il défend le libéralisme et des valeurs nationales qui s’opposent à la subversion. C’est pourquoi il se targue de faire « échec à la dictature CGT22 », celle-ci facilitant selon la CFT l’installation d’un climat propice à l’implantation du « gauchisme » dans les usines23. Le syndicat dénonce également les mensonges du Programme commun, et assimile les opposants de gauche à des « marxistes » (Krivine, Séguy, Maire, Mitterrand, etc.24). Des gaullistes supposément modérés agissent également de leur côté. Ainsi, Bernard de Gaulle, qui était directeur d’entreprise et président du comité France-Chine, avait profité d’un contrat de placement de câbles téléphoniques en URSS pour y insérer des appareils d’écoutes. Certain d’avoir obtenu un moyen d’espionner efficacement les Soviétiques, il transmet les données à un SDECE indifférent… au point de couper tout contact avec le contre-espionnage français pour se rabattre sur la CIA25. La lutte antisubversive menée par les CDR s’inscrit donc dans un mouvement plus large au sein de la famille gaulliste.
5Pour faire face à la menace que représente le « communisme totalitaire », les CDR emploient des méthodes contre-subversives – lutte sur le terrain – et antisubversives. Tout d’abord, ils organisent annuellement des séminaires et conférences-débats visant à armer intellectuellement les militants et citoyens contre toute tentative subversive. Dans ce but, ils mobilisent des officiers militaires retraités ou réservistes rompus aux méthodes anti et contre-subversives militaires héritées des guerres d’Indochine et d’Algérie. C’est ainsi que le général de réserve et député UDR André Chérasse, ancien d’Algérie, donne des conférences sur les moyens de percevoir les discours subversifs dans la propagande de l’opposition. Par exemple, il réalise une réunion-débat sur la question à Nancy en octobre 197026, tout comme il rappela le 27 mai lors d’une réunion des CDR à Strasbourg que leur mission était de lutter « contre les subversions des extrémistes de quelque bord qu’ils soient » et « appelle à la vigilance de tous, comme en mai 1968, devant les incitations actuelles à l’émeute, au pillage, à l’incendie27 ». Le chargé de mission sur les questions sécuritaires n’est pas le seul à agir dans ce domaine. Ainsi, le colonel à la retraite André Bruge, qui a survécu aux camps de prisonniers nord-vietnamiens et à la guerre d’Algérie (où il formait les officiers à Arzew), est conférencier du mouvement. Auteur du livre Le Poison rouge, il tient des meetings sur « la France face à la liberté ou la liberté en danger28 ». Il en est de même du commandant Cariou, professeur d’histoire-géographie à Quimper, qui préside les CDR du Finistère et adhère un temps à l’UDR et au SAC29. Des figures moins célèbres de la lutte anti et contre-subversive militaire intègrent également les CDR, tel l’antenne départementale du Haut-Rhin qui compte pour trésorier le président départemental des FFL Jean Hadey (en liaison avec le général de Boissieu) et le commandant à la retraite Laurent Schmitz, chargé de l’information30, ou l’antenne du Lot qui est dirigée un certain temps par le commandant d’aviation en retraite Jean Planchou31. Des ouvrages d’anciens de la guerre d’Algérie sont consultés, comme la Contre-insurrection de Marcel Bigeard, ouvrage majeur de la conception contre-subversive en 195732. La formation aux méthodes politico-militaires anti et contre-subversive n’est pas réservée qu’aux militants CDR. Le sociologue Mathieu Rigouste a démontré dans ses travaux que les giscardiens d’ordre (Valéry Giscard d’Estaing et Michel Poniatowski en tête) ont eux aussi étaient formés à ces méthodes politico-militaires dans les années 1960 par Charles Lacheroy lorsqu’il était directeur de l’École supérieure des officiers de réserve de l’état-major33. En revanche, le mouvement se distingue des autres organisations de la majorité par la forte présence de ces anciens cadres militaires et l’importance qu’il accorde à la transmission de leurs connaissances.
6Dès leur lancement, les CDR pratiquèrent également l’anti-subversion par la propagande. De nombreux tracts et affiches ainsi que des articles de presse visent tout au long de leur existence à sensibiliser l’opinion publique en la prévenant du danger que fait peser la « subversion marxiste ». L’affiche « Alerte » précitée en est un exemple parlant, mais elle n’est pas la seule à dénoncer « une entreprise de subversion [qui] menace la France ». Ainsi, l’affiche « Budapest, Prague, Gdansk, Léningrad… le voilà donc ce fameux paradis communiste34 ! » rappelle avec ironie que les partisans du marxisme ne sont que les défenseurs (in)conscients d’une dictature socialiste synonyme de marasme économique et de fossoyeuse des libertés publiques. Le papillon « Non au drapeau rouge, non au drapeau noir » de juin 1968 et « le véhicule de la pensée marxiste35 » (dessin d’un char soviétique) vont dans le même sens. Des échos au passé héroïque du gaullisme permettent de dramatiser la situation. C’est le cas avec le papillon « 18 juin 1940-18 juin 1968 », qui rappelle le passé glorieux du gaullisme de guerre et n’hésite pas, par des sous-entendus à peine voilés, à comparer les révolutionnaires au nazisme, les deux ne manquant pas de menacer les libertés et de faire sombrer le pays « dans l’abîme et la servitude36 ». La corruption morale des gauchistes est elle aussi dénoncée, comme à Avignon où les militants annoncent dans un tract : « Nos jeunes enfants, nos filles, ne peuvent plus sortir en ville, nous avons honte de ce qui s’y passe et de ce qu’on y voit. […] Les hippies se permettent de souiller et de pourrir la ville. Les CDR se permettront de la nettoyer. La liberté des Avignonnais sera protégée contre l’agressivité des hippies gauchistes37. » Les grèves « politisées », c’est-à-dire jugées illégitimes par leurs revendications et leur manipulation syndicale (par la CGT et la CFDT), sont l’objet de vifs discours antisubversifs. Déjà le 24 mai 1968, la toute jeune organisation avait diffusé une brochure élaborée par le Centre d’études des entreprises (une officine proche du patronat) qui expliquait « le mécanisme marxiste du déclenchement de la situation révolutionnaire et de sa conduite » en fournissant aux contre-révolutionnaires les moyens de comprendre la stratégie, le vocabulaire et les méthodes des révolutionnaires38. Lors des grandes grèves du service public de l’automne 1969, les CDR réitèrent l’expérience en distribuant un tract hostile à la politisation de celle-ci39. Prenant à témoin la population, ils les incitent à signer des pétitions et à dénoncer la manipulation des grévistes EGF, SNCF, RATP et autres40. Ils parviennent ainsi à organiser plusieurs manifestations rassemblant quelques dizaines de milliers d’usagers mécontents sur l’ensemble du territoire national. La principale méthode employée pour parvenir à ce résultat est la distribution de tracts et affiches dans les zones les plus fréquentées, le bouche-à-oreille et l’appel à manifester dans la presse nationale, régionale et locale. L’arrêt des grèves décidé le soir même provoque la satisfaction du mouvement qui érige ce succès comme preuve de l’efficacité de leurs actions accomplies pour préserver la Ve République et les libertés41 (avec la manifestation du 30 mai 1968). Bien organisé, le mouvement recense dans son bulletin l’ensemble des « groupuscules gauchistes » (trotskistes, maoïstes et libertaires) et du PCF, leurs publications et leurs liens présumés avec les puissances étrangères42.
7La naissance du Programme commun de gouvernement permet aux CDR de dénoncer la « subversion marxiste » à travers l’alliance conclue entre le PS, le PCF et les radicaux de gauche – ces derniers étant insignifiants aux yeux de l’organisation43. Le mouvement élabore une très riche propagande, pleine d’humour et d’images frappantes, où se mêlent moqueries de la naïveté des socialistes (Mitterrand étant comparé à un âne ou un sot44) et projet dictatoriaux des communistes (comme le projet de création d’« une colonie marxiste » ou l’impatience de Georges Marchais pour prendre le pouvoir45). Les années 1973-1974 voient un accroissement des CDR dans leur volonté d’humilier – et par-là même de disqualifier – les « champions du marxisme ». Il faut dire que la situation a évolué : les violences d’extrême gauche commencent à reculer en 197346 tandis que le Programme commun de gouvernement ne cesse de progresser dans les sondages. Les mouvements tendus contre la loi Debré au printemps 1973 combinés à la montée en puissance des « socialo-communistes » ont provoqué une arrivée importante de nouveaux adhérents au sein des Comités. La menace qu’incarne le Programme commun et la victoire à la Pyrrhus47 des gaullistes aux législatives de 1973 entraînent également le « tournant conservateur » gaulliste cher à Serge Berstein48. C’est pourquoi l’incompétence des « marxistes » pour exercer le pouvoir et leur démagogie sont constamment vouées aux gémonies. Les tracts « Au bon Marchais » et « La Java des Vampires » soulignent par exemple la multitude de promesses irréalistes que font les « socialo-communistes » durant les élections législatives de 197349. L’échec de l’expérience socialiste chilienne est également exploité pour prouver que l’admiration de François Mitterrand à l’égard de Salvador Allende est la preuve même des mirages socialistes50. Les communistes accusent bien la droite chilienne d’avoir asphyxié l’économie du pays pour expliquer le renversement du régime51, mais aux yeux des CDR, seule l’arrivée au pouvoir des différents mouvements marxistes (socialistes, communistes, gauchistes) a pu provoquer la dégradation fulgurante de la situation socioéconomique au Chili. C’est pourquoi l’expérience chilienne est considérée comme caractéristique de ce qui attend la France en cas de victoire du Programme commun52. Pour les CDR, la lutte antisubversive se fait dans un cadre légal, les Comités ne souhaitant pas rendre illégaux les partis de gauche et d’extrême gauche tant qu’ils respectent la loi et jouent le jeu démocratique. Tout n’est pas permis en politique, et l’instauration d’un régime unique n’est pas un avenir viable à leurs yeux. Or, par ses excès, par son échec, par son incurie, le marxisme (sous toutes ses formes) ferait le lit du fascisme. C’est pourquoi le mouvement estime nécessaire de s’opposer vivement aux marxistes. L’arrivée d’un millier de réfugiés chiliens est l’occasion pour le comité national des CDR de diaboliser les « socialo-communistes » en demandant au gouvernement d’accueillir Alexandre Soljenitsyne « victime à son tour du totalitarisme. Dans l’espoir que cela soit encore possible53… ».
8Afin de contrevenir à cette situation, les CDR estiment qu’il est essentiel de peser sur l’opinion publique. Pour y parvenir, ils n’hésitent pas à varier les moyens d’expression : des manifestations d’usagers, « la création de courants d’opinions, par l’utilisation du “bouche-à-oreille” et la diffusion de tracts et affiches », l’envoi de lettres et appels « à la presse écrite, parlée ou filmée » ainsi qu’aux organisations professionnelles qui sont à l’origine de la grève, et l’envoi de délégations auprès des pouvoirs publics pour déposer des pétitions et motions54. La volonté d’être représentatif incite l’organisation à construire le concept de « majorité silencieuse », cette hypothétique majorité de citoyens n’exprimant pas spontanément son opinion et que mépriserait l’opposition55. Comme l’explique Bernard Lachaise, ce paradigme très populaire dans les mouvements de droite et d’extrême droite durant les années 1968, vise à discréditer les organisations de gauche et d’extrême gauche qui se retrouvent réduites à des « minorités agissantes » non représentatives du « pays réel56 ». En utilisant ce concept dans leurs discours, les CDR se présentent comme les porte-drapeaux, du moins les intercesseurs entre la population et les pouvoirs publics, de la majorité des citoyens57, comme l’expliquent Pierre Lefranc au ministre Maurice Herzog et au secrétaire d’État Pierre Dumas en mars 1969 puis Yves Lancien à la radio et dans la presse l’année suivante58, ou encore Didier Bierjon lorsqu’il déclare : « On avait ce côté un peu vigoureux que certains nous portaient, mais on avait plus une notion de soutien à certaines valeurs, de penser qu’il y avait la “majorité silencieuse” que l’on voulait représenter, même si ce n’était pas le cas dans les faits. On partait du principe que tout le monde avait une parole possible mais pas facile à exprimer. On se voulait les garants de cette “majorité silencieuse”59. » Cette rhétorique est illustrée par des affiches (telle « Présence de la majorité silencieuse » en 197360) et se nourrit de nombreux sondages. Ces derniers se veulent le reflet de l’opinion publique à un moment précis, mais sont en réalité très orientés. Le sociologue Pierre Bourdieu le démontra dans son exposé de Noroit (Arras) en janvier 1972, qui parut l’année suivante dans Les Temps modernes61. Affirmant que « l’opinion publique n’existe pas », il démontre que les sondages sont une construction des instituts de sondage, médias et partis politiques qui s’efforcent le plus souvent de légitimer la position du commanditaire du sondage. Les CDR semblent bien en avoir conscience puisque Yves Lancien reprend cet argument lors de la campagne présidentielle de 1974 pour justifier la poursuite du soutien à Jacques Chaban-Delmas et la croyance en la victoire du candidat gaulliste62. L’invocation de la « majorité silencieuse » permet ainsi de dénigrer l’opposition, mais aussi de critiquer la majorité au pouvoir lorsqu’il y a mécontentement. C’est ce qui arrive en février 1974 lorsque, lassé d’observer les déchirements qui agitent les gaullistes, les giscardiens et les démocrates-chrétiens, le comité national décide de publier un communiqué assurant que la population était épuisée par ces débats stériles63.
9Cet emploi du concept de « majorité silencieuse » permet également de soutenir le supposé désir d’ordre de la population qui, à défaut de pouvoir s’exprimer le plus souvent, serait traduit par les CDR et les partis de la majorité. Georges Pompidou affirme ce souci lors de son discours de Murat (Cantal) le 16 mai 1970 : « nous avons le droit d’exiger l’ordre. C’est inacceptable pour certains, pour affirmer leurs idées ou parce que leurs idées portent simplement et purement sur la destruction, pour attaquer les gens, pour attaquer les biens… Essayons d’utiliser le bon sens chez tous les Français64 ». Les CDR défendent cette ligne, estimant que les membres des forces de l’ordre ont besoin d’être soutenus moralement pour préserver la paix sociale. René Marbot, alors membre du comité national et responsable des CDR d’Île-de-France, réalise en septembre 1969 un rapport favorable à une augmentation des salaires des commissaires de police65. Une action de lobbying est aussi menée auprès des élus de la majorité (UDR, mais aussi RI) pour qu’ils soutiennent ce projet66. Cette activité paie puisque Maurice Fraudeau intervient à l’Assemblée nationale en faveur du projet tandis que Jean-Paul Palewski transmet le rapport à M. Charret, rapporteur du budget de l’Intérieur67. Toujours dans l’idée de défendre « l’amour » de l’ordre que porterait la population, les CDR relaient un sondage réalisé à l’automne 1970 qui estime que 44 % de la population trouverait les forces de l’ordre insuffisamment sévères contre 9 % qui les trouverait trop sévères68. Les attaques dont sont parfois victimes les policiers sont également dénoncées69. Yves Lancien n’a pas manqué de soutenir l’activité de ces fonctionnaires face à l’UNEF qui les considérait au contraire comme des individus haineux et violents70. Certains cadres du mouvement (tel Pierre Chaunu71) perçoivent ces agressions comme la manifestation d’une forme de guérilla urbaine, dont le paroxysme serait la confrontation opposant des militants antifascistes d’extrême gauche armés (cocktails Molotov, matraques, barres de fer) et les forces de l’ordre le soir du 21 juin 1973. Plusieurs communiqués émis par le mouvement condamnent ces violences menées par des « commandos gauchistes […] tout spécialement entraînés à la guérilla urbaine » contre les policiers, « le comportement fasciste des militants de gauche », et une délégation se rend le 27 juin au chevet des fonctionnaires blessés à la maison de santé des gardiens de la paix72.
10L’aboutissement de cette logique peut se trouver dans l’adoption de la déclaration des devoirs du citoyen adoptée au congrès national de Marseille en 1971. Élaborée par Jean-Marie Vissouze et modifiée par Ernest Cartigny, le général Chérasse et Me Vigny en mai 197173, elle promeut l’idée que tout droit implique des devoirs civiques. Le propagandiste insiste sur la nécessité d’équilibrer droits et devoirs pour chaque citoyen – ce qu’il nomme « l’esprit civique » – sous peine de voir les « relations sociales modernes » et l’État succomber au totalitarisme74. Le civisme est une notion qui tient à cœur Jean-Marie Vissouze, au point qu’il convainc Yves Lancien de soutenir son projet contre Pierre Lefranc (qui approuvait cette vision mais considérait que l’acter sur un document officiel nuirait à l’image du mouvement75). Le comité national décide alors de soutenir fortement le projet, en le promouvant par la vente du bulletin Droits et devoirs du Citoyen76 et en publiant un sondage Ifop (commandé par les CDR) qui démontrerait que 61 % des Français seraient favorables à l’adoption de la déclaration des devoirs77. L’Ifop souligne que les sondés désirent moins un « appel à l’action et à la discipline » qu’une clarification des devoirs civiques qu’ils méconnaissent bien souvent. Qu’à cela ne tienne : pour les CDR, le succès de la déclaration des devoirs du citoyen auprès des militants et d’une partie de la presse est interprété comme la preuve de sa nécessaire adoption par le régime78. Pour y parvenir, Jean-Marie Vissouze rédige un livre qui justifie le besoin de faire évoluer la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en déclaration des droits et devoirs de l’homme et du citoyen à cause de l’évolution de la société française79. La promotion de la déclaration se fait par la distribution du livret Comités pour la Défense de la République. Des faits, des documents, des réponses élaboré en 1972, que le délégué CDR René Faneau présente comme le projet « qui a été reconnu par tous les démocrates comme étant le prélude à une organisation équitable de la société moderne80 ». L’absence de soutien politique malgré quelques relais parlementaires empêche la déclaration d’être prise au sérieux. Cependant, elle a l’avantage de montrer tout l’intérêt que portent les cadres et militants (majoritairement conservateurs) à la question de l’ordre civil dans la société, la nécessité d’imposer dès l’enfance l’idée que l’on ne peut bénéficier de droits sans accomplir ses devoirs – respecter la loi et la hiérarchie, voter lors des élections sous peine de perdre ses droits civiques, respects des jeunes dû aux aînés, défendre la nation par la conscription, etc. – et le rôle central de la discipline dans les rapports sociaux.
11Finalement, pour atteindre leurs objectifs, les CDR ne manquent pas de se servir des méthodes antisubversives les plus avancées et de retourner les techniques de leurs adversaires contre eux : en amalgamant les revendications les plus crédibles avec les discours idéologiques, en démontrant que les syndicats « marxistes » (CGT, CFDT) s’efforcent de garder la représentativité exclusive afin de maintenir leur contrôle sur les ouvriers et salariés, en dénonçant l’autoritarisme qui règne au sein des syndicats et partis politiques marxistes, etc. Les CDR sont des connaisseurs d’Antonio Gramsci et sa théorie de l’hégémonie culturelle, qui veut que la classe dominante ne puisse rester au sommet qu’en obtenant le consentement des masses par la diffusion d’une culture bourgeoise, et que la prise de pouvoir ne peut se faire que par la domination de l’opinion publique via la culture81. En tant que tels, ils n’hésitent pas à apprendre la culture politique de leurs adversaires et à réutiliser des citations de Staline, Hô Chi Minh et Mao contre eux – par exemple en citant le Petit Livre rouge pour dénigrer la « tonte » d’ouvriers non grévistes de Citroën organisée en 1970 par des militants maoïstes82, ne respectant même pas le corps des ouvriers qu’ils sont supposés défendre, ou en dénonçant la déification de « Che Guevara, Mao-Tsé-Toung ou Lénine83 » ! En effet, l’organisation avait constaté que « les écoles kominternienne (approche mondialiste, techniques d’agit-prop), soviétique (désinformation, manipulation des élites, caisses de résonnance), trotskiste (entrisme et noyautage) et maoïste (combat du faible au fort, contre-information) avaient renouvelé et systématisé l’utilisation de l’information à des fins subversives et déstabilisatrices84 ». Il fallait donc se mettre à l’école de « l’ennemi » pour espérer pouvoir l’emporter.
12Le discours antisubversif des CDR relève d’un discours complotiste des plus classiques. Comme l’explique la psychosociologue Véronique Campion-Vincent85, pour que la thèse du complot soit crédible, il est nécessaire d’assembler trois critères essentiels : la culture, le modèle de société et le pays doivent être menacés par une puissance discrète mais surpuissante ; « l’ennemi » doit posséder des capacités de nuisances importantes ; l’antisubversif doit prouver le sérieux de sa théorie en ancrant ses propos avec des faits réels. Il se pose ainsi en défenseur des « siens » face à un adversaire déjà présent (le plus souvent infiltré). La direction nationale des CDR l’illustre parfaitement avec sa crainte d’avoir affaire à des « espions » marxistes dans les services postaux. C’est pourquoi lors de la campagne référendaire de 1969, le comité national provisoire réalise une circulaire demandant aux délégués de trouver de nouveaux moyens pour communiquer leurs « correspondances confidentielles » au cas où le courrier du « délégué pourrait être surveillé ou intercepté » par le facteur86 ! Il en est de même en 1972 : lorsqu’il constate que des documents confidentiels ne parviennent pas à leurs destinataires, Yves Lancien demande aux délégués CDR de la région parisienne de lui remettre désormais les rapports mensuels en main propre87. Même en dehors des périodes électorales, la direction nationale manifeste des soupçons à l’égard du service postal. Elle demande ainsi aux délégués départementaux (et d’arrondissements parisiens) de remettre les circulaires aux délégués locaux en main propre et de réduire les correspondances épistolaires entre eux « aux cas de strictes nécessités88 ». Cette forme de paranoïa à l’égard du service postal ne semble pas être partagée par les militants et cadres de l’organisation – ou du moins, n’en ont-ils laissé aucune trace. En revanche, des militants peuvent manifester des doutes à l’endroit des techniciens de surface. Par exemple, Mme Muller, qui travaille pour le SAC et l’AN en tant que femme de ménage depuis dix ans et est encartée au parti gaulliste, subit la surveillance étroite des militants CDR au siège national. Elle ne peut jamais agir sans que l’un d’eux ne soit là pour veiller à ce qu’elle ne vole rien. Ce contrôle abusif et injustifié (il s’agit d’une adhérente de l’UDR qui est traitée comme un potentiel agent subversif) la pousse à démissionner89. Selon David Colon, « le mythe du complot [est une] arme de manipulation massive90 ». Pour l’historien, la théorie du complot est une manipulation politique qui cherche à désinformer l’adversaire et sert d’outil de propagande à destination de la population.
« En effet, tout comme la rumeur, le mythe du complot fait souvent l’objet d’un usage propagandiste, à des fins d’intoxication de l’adversaire ou, plus largement, de subversion, c’est-à-dire de renversement d’un ordre établi. À l’origine de la plupart des théories du complot, on trouve en effet une manipulation d’ordre politique91. »
13Le philosophe et essayiste Alain de Benoist remarque que le succès de ces théories tient avant tout à la simplification de leur lecture binaire du monde92. Un constat que font Philippe Bénéton et Jean Touchard, des chercheurs contemporains des événements, en soulignant que l’une des théories les plus populaires d’alors pour expliquer les événements de mai-juin 1968 et leurs conséquences était celle d’« une entreprise subversive », « d’une entreprise totalitaire », « du complot », de « la responsabilité “d’un parti totalitaire” » avec le soutien de « groupuscules – anarchistes, trotskistes de la tendance Lambert, trotskistes de la tendance Franck, maoïstes, dissidents du PCF, etc.93 ». Les militants gaullistes sont intimement convaincus de la réalité d’un complot ou du moins de sa possibilité. Cela est d’autant plus vrai que le politologue Murray Edelman a démontré dès les années 1960 qu’un groupe social adhère plus facilement que les autres à ses propres mythes94 et préfère « répondre principalement [aux situations compliquées] par des symboles qui simplifient exagérément ou distordent la réalité » pour se rassurer95. Par exemple, Patrick Guiol avait vu dans l’activité des étudiants contestataires de Nantes « un mouvement organisé » de sédition, lorsqu’Alain Larcan, qui n’adhérait pas à la thèse de la « Tricontinentale rouge » portée par Raymond Marcellin, reconnaissait dans le corps des enseignants et intellectuels des personnes rompues à la « manipulation des foules96 ». André Fanton (SAC) et Jean-Luc André (UJP, UNI) pensent de leur côté que l’URSS est derrière un complot international97.
14Les CDR sont également touchés par ce phénomène de « complotite » (sic), à l’instar des services d’ordre et des médias de l’époque98. Ainsi, Pierre Chaunu l’assure en juillet 1968 à Georges Pompidou, « la crise a été particulièrement sévère dans l’Ouest, le complot plus minutieusement préparé peut-être qu’ailleurs99 ». Il accuse « les techniciens sociologues de la guerre révolutionnaire subversive » d’être à la tête des subversifs du Calvados. Pour sa part, Jean-Claude Le Goff, responsable du comité du 18e arrondissement parisien, est convaincu que les syndicats de polices sont tenus par des révolutionnaires infiltrés (M. Monate en tête100). Les agitations sur les campus, les établissements scolaires et les entreprises inquiètent particulièrement l’organisation. Des accusations à l’encontre du PCF et des organisations gauchistes sont régulièrement proférées, le PS rejoignant peu à peu la liste du « poison rouge101 ». Les CDR dénoncent aussi les « néo-féodalités » qui gangrènent les institutions102. Ce terme vise à présenter les groupes de pression ainsi que les hauts fonctionnaires encartés dans des partis politiques d’opposition comme des menaces pour les contribuables et la bonne conduite des affaires de l’État. Le mouvement en parle relativement peu mais se montre très hostile à ces groupes d’influence supposés. La présence des hauts fonctionnaires encartés dans l’opposition est même perçue en janvier 1970 comme une « “colonisation” de l’administration », qui pourrait menacer à terme les institutions103. Si les grèves (mêmes « politisées ») ne sont pas considérées comme une émanation des « néo-féodalités », celles organisées par des commerçants alimentaires en 1973 sont perçues comme telles104. Les élections à forts enjeux politiques que sont les présidentielles, les législatives et les municipales sont davantage sources d’inquiétudes pour les CDR, les « révolutionnaires » pouvant s’emparer légalement du pouvoir. En 1969, ils mènent campagne contre « le péril » que représentent « les professionnels de la politique et le parti des notables » et « le complot contre les institutions » qu’ils mèneraient105. À leurs yeux, les centristes et les libéraux revanchards agiraient de concert avec les subversifs pour s’emparer du pouvoir. Leur échec est synonyme de victoire de la démocratie106. Les élections législatives de 1973 sont marquées par la crainte d’une victoire des « socialo-communistes ». Bien qu’elle n’eut pas lieu, certains militants voient dans la défaite de candidats gaullistes leur erreur de jugement, à l’instar des adhérents de Haute-Garonne qui estiment qu’« ils auraient dû […] prendre davantage conscience de la “vague rouge qui a réussi à se réinstaller dans la région Midi-Pyrénées”107 ».
15L’exploitation de la thèse d’un complot (inter)national permet de soutenir le processus de diabolisation de la gauche et l’extrême gauche. Ceux-ci sont effectivement assimilés aux militants d’extrême droite sous diverses appellations comme « casseurs rouges ou noirs » et « fascistes108 ». Les mouvements gauchistes sont également dénoncés pour être composés d’individus violents. Par exemple, Yves Lancien accuse les occupants trotskistes et libertaires de Nanterre en 1970 d’avoir commis de graves sévices, justifiant par-là la nécessité de les chasser du campus avec « fermeté » :
« Depuis un mois et plus des affrontements sanglants s’y produisaient quotidiennement, […] il y avait des agressions, des viols, des pillages. J’ai pu lire aujourd’hui dans la presse que les Katangais étaient en quelque sorte revenus à Nanterre, ceux que l’on a fait sortir in extremis de la Sorbonne vous vous en souvenez109. »
16Par ailleurs, bien qu’elle soit rare, la comparaison au nazisme existe. Elle permet de présenter la cible avec effroi, mais aussi de rappeler la défaite de l’Allemagne nazie – et par extension, d’annoncer celle des adversaires désignés sous ce vocable. C’est ce que fait le CDR du Vaucluse en 1972 lorsqu’il écrit que « communisme signifie nazisme des camps de concentrations, de la misère, de l’esclavage. Nous n’en voulons plus. LE NAZISME EST MORT – LE COMMUNISME MOURRA110 ». Le discours virulent que tiennent les CDR à l’endroit des différents mouvements de gauche et d’extrême gauche vise à les isoler puis les rejeter. Comme le démontre le politologue Philippe Braud, cette forme de violence symbolique établit « une contrainte d’indignation » qui permet de justifier par la suite l’usage éventuel de la violence physique contre l’adversaire honni sous une forme « défensive ou préventive111 ». En les désignant comme des militants violents qui soutiennent des dictatures communistes112, les CDR parviennent à présenter les communistes, socialistes et gauchistes comme des alliés objectifs. Perçus comme des agents, ou du moins des soutiens, des régimes communistes, le mouvement rappelle sans cesse ce qui attend la France si les « marxistes » agissent librement : la liberté n’existe pas dans les démocraties populaires113, « les totalitaires comme les anarchistes » préparent l’instauration d’une dictature114, les socialistes et les communistes dissimulent leurs velléités derrière l’élaboration du Programme commun115, ce qui arrive au Chili et en Grèce pourrait se produire en France si les « socialo-communistes » l’emportaient116, etc. L’essayiste Pierre Conesa en déduit que le processus de diabolisation est un outil de communication puissant qui permet de transformer des groupes d’individus en « ennemis », en « risques », en « défis »… en cet « Autre » menaçant117. Le discours qui en découle a l’avantage de souder la communauté (le fameux « Nous ») en plus de nuire à l’image et la réputation de ses adversaires. Face au succès que rencontrent le PCF et les différentes organisations d’extrême gauche auprès des lycéens et jeunes adultes, les CDR tentent de mobiliser la jeunesse pour la protéger118.
« La jeunesse », l’Éducation nationale et l’Université, cibles privilégiées d’une subversion marxiste
17Dès sa naissance, l’organisation est grandement préoccupée par « la jeunesse » qui est considérée comme un élément de la société perméable aux discours révolutionnaires : « c’est aux jeunes que vous devez vous intéresser par priorité. Enthousiastes mais révoltés et souvent désemparés, ils sont une proie facile pour les spécialistes de la contestation et de la révolution119 ». Il en est de même pour l’Éducation nationale et l’Université, qui sont perçues comme des milieux propices à la subversion du fait de sa concentration de jeunes et d’individus pouvant les influencer (le corps enseignant120). Mais qu’est-ce que « la jeunesse » pour eux ? Le CDR des Yvelines en donne une définition à l’automne 1968 : un jeune est un enfant, un adolescent, un adulte en maturation121. Son esprit doit encore se développer et il ne devient un homme (ou une femme) accompli qu’une fois qu’il a trouvé un travail et/ou fondé un foyer. Il s’agit d’une conception traditionnelle de la société. Cette définition insiste sur le besoin d’un jeune de s’émanciper des adultes alors même qu’il a besoin de leur autorité car il est immature. La commission « jeunesse et sports », qui est animée avant tout par des étudiants, n’en pense pas moins lorsqu’elle affirme que les jeunes qui manifestent violemment ne sont pas « tous gauchistes mais parce qu’ils entendaient se défouler dans une exaltation collective122 », renvoyant alors une image infantilisante de la jeunesse. L’ensemble de l’organisation semble partager cette opinion d’une jeunesse exaltée et difficilement contrôlable, une population – voire une génération bien particulière – dont il faudrait canaliser les ardeurs. L’intelligence des nouvelles générations est également mésestimée, les cadres nationaux considérant qu’il faille employer un vocabulaire et une réflexion très simples pour se faire comprendre. C’est pourquoi le comité national rejette le rapport élaboré par les responsables CDR-Jeunes (pour le compte de la future commission « jeunesse et sports » de 1971) en mai 1971 : il est jugé « trop “intellectuel” et présentant parfois des thèses par trop extrémistes (d’un bord ou de l’autre d’ailleurs123) ». L’idée d’« intellectuel » fait d’ailleurs polémique au sein du mouvement. Les intellectuels – terme très englobant chez les CDR, il concerne aussi bien les enseignants que les auteurs et journalistes influents – sont accusés de pervertir « la jeunesse » et d’user/d’abuser de leur position d’autorité morale, de leur fonction sociale et de leur charisme pour apporter une caution intellectuelle aux idées subversives. Des comités départementaux et socioprofessionnels estiment qu’ils promeuvent « la Révolution culturelle et le nihilisme124 », d’autres le « mariage du communisme et de la liberté125 ». Lors de l’assemblée générale de 1970, la commission « jeunesse et sports » ne mâche pas ses mots pour les dépeindre sous un jour sombre :
« Les CDR condamnent les manœuvres et les manipulations qui visent à jeter les jeunes dans l’autodestruction, le nihilisme, le désespoir ou les diverses formes de totalitarisme, et qui sont facilitées par le concours d’intérêts commerciaux, d’ambitions politiques, de prosélytisme idéologique, d’exhibitionnisme intellectuel ou de snobisme mondain126. »
18Des figures spécifiques sont dénoncées pour le mauvais exemple qu’elles donnent aux nouvelles générations, à l’instar de Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Maurice Clavel et Alain Krivine127. Ces grandes figures que les CDR désignent ne sont pas du même bord politique : Sartre est le « parrain » d’une organisation maoïste128, Foucault est proche des milieux maoïstes129, Clavel est un gaulliste catholique convaincu qui s’est temporairement rapproché des maoïstes par le biais de Sartre130 et Alain Krivine est trotskiste. Cela justifie, aux yeux du président CDR de la Haute-Vienne Roland Jouaudin, de distinguer « les intellectuels de gauche », dignes du plus profond mépris, des « vrais intellectuels », qui défendent une société libérale131. Ces « vrais intellectuels » sont bien évidemment favorables à la Ve République. Le linguiste Jacques Rougeot et le sociologue Roger Mucchielli, respectivement fondateur-président et (probablement) cadre de l’UNI (également encarté aux CDR), sont très appréciés du mouvement pour leurs réflexions sur la lutte antisubversive132. Il en est de même pour André Malraux, qui voit une « crise de société » dans les événements de 1968 et tient une conférence pour les CDR le 20 juin 1968133. Une vision que partage la majorité des adhérents, mais ne fait pas l’unanimité comme l’illustre Pierre Lefranc134. Au sein des CDR se trouve bien évidemment l’historien Pierre Chaunu, qui participe au 2e colloque des « Intellectuels pour la Liberté » au nom des CDR en 1969135. De nombreux enseignants anonymes rejoignent également l’organisation ainsi que quelques universitaires comme le philologue Georges Matoré, professeur à l’université de Paris-Sorbonne, ou le littéraire Louis-Joseph Gandubert, professeur à l’université d’Ottawa136.
19Les imposantes archives de Pierre Chaunu offrent aux chercheurs la possibilité d’étudier la volonté de fédérer les acteurs de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur contre les subversifs. Combinées aux quelques éléments conservés dans les papiers Lefranc, elles permettent de mieux saisir les approches des CDR pour essayer d’unir enseignants, étudiants et parents d’élèves contre la « chienlit » – les lycéens restent l’apanage des sections CDR-Jeunes. Une section socioprofessionnelle est créée sur le plan national, régional et départemental, la section CDR-Éducation nationale. La première est formée à Caen sous l’impulsion de Pierre Chaunu et Pierre Poilblan le 25 juillet 1968 – avec une annonce officielle le 13 septembre137. La section nationale, chargée de coordonner l’action de l’ensemble des sections régionales et départementales, est formée en septembre de la même année138. Le responsable départemental de la section est soumis à l’autorité du comité départemental CDR (ou au comité national s’il s’agit de la section parisienne139), le responsable régional aux chargés de mission et aux responsables nationaux CDR140. Il dispose toutefois d’une certaine liberté d’action puisqu’il peut traiter librement avec les comités locaux ainsi que les associations et syndicats d’étudiants, d’enseignants et de parents d’élèves. Conscient des problèmes d’égo, le comité national demande à ses responsables de coopérer avec les autres organisations et d’affronter l’infiltration gauchiste141. La section nationale vit en grande partie grâce aux activités de la section caennaise, ce qui n’a rien de surprenant : Pierre Chaunu n’est pas seulement membre de la section CDR-EN du Calvados, il siège aussi à la commission Éducation nationale de l’UDR ainsi qu’à des associations familiales et d’enseignants conservatrices142. De plus, Pierre Poilblan accorde une grande importance à la jeunesse, l’université calvadosienne souffrant de nombreux tumultes143. C’est pourquoi le responsable national des sections Éducation nationale, Y. Aubineau, tient alternativement les réunions plénières à Paris et à Caen144. La section nationale CDR-Éducation nationale dispose du pouvoir (limité) de créer des syndicats. Ainsi, lors de la réunion du 28 novembre 1968, Aubineau annonce la création du Syndicat national autonome de l’enseignement public (SNAEP) et du Syndicat autonome de l’enseignement secondaire, technique et agricole (SAESTA) – qui est affilié au SNAEP145. Les sections départementales et régionales peuvent quant à elles soutenir des syndicats déjà existants ou de contribuer à l’implantation de syndicats alliés146. Un soutien leur est apporté par les antennes départementales et tout comité local ayant un campus ou un lycée victime de perturbations importantes147.
20Les sections socioprofessionnelles CDR-Éducation nationale ont pour mission de réunir les différentes organisations favorables à la Ve République et à une réforme gaulliste de l’Éducation nationale, mais aussi à la lutte contre la subversion sur les campus et dans les établissements scolaires148. C’est pourquoi Pierre Lefranc annonce également au général de Gaulle que le mouvement a tenté de fédérer les associations libres concernées par l’Éducation nationale à travers un Comité de liaison pour la neutralité et la réforme de l’enseignement (CLNRE149). Créé le 21 septembre 1968 sous la direction du Pr Schmeltz150, il rassemble 22 mouvements en son sein dont la Confédération autonome de l’Éducation nationale (CAEN)151 et les syndicats et associations créés par la section nationale CDR-Éducation nationale152. Pierre Lefranc précise que le CLNRE est composé d’un conseil d’administration dirigé par un président qui contrôle les organisations adhérentes. Pierre Chaunu désirait séparer les sections CDR-Éducation nationale des comités départementaux en leur confiant une structure indépendante qui rejoindrait le CLNRE153, mais son projet ne vit jamais le jour. Et pour cause : le CLNRE connaît une existence éphémère due au refus des unités membres de lui obéir154. Il est supprimé fin décembre 1968 pour être remplacé en janvier 1969 par le Comité de l’enseignement public (CEP155). Un comité dont la mission n’est plus de fédérer mais d’informer et soutenir tout syndicat ou association modéré anticommuniste qui le solliciterait156. Ce projet est un nouvel échec puisque le nouveau responsable Georges Molinié, professeur agrégé de lettres, suspend les activités du CEP en décembre 1970 par manque de moyens financiers pour agir157. Yves Lancien le transfère au siège où il est nommé chargé de mission « des questions universitaires et des relations extérieures du Mouvement, tant auprès des autres Mouvements de la Majorité que vis-à-vis des organisations liées aux CDR158 ». Les sections CDR-Éducation nationale finissent également par connaître le même sort : aux commandes depuis août/septembre 1968159, le responsable national Aubineau est remplacé le 2 mai 1969 par Monsieur Hallé, professeur au lycée technique Raspail160. Celui-ci ne parvient pas à résister à la dissolution de la section du Calvados qui était de loin la plus imposante. Les derniers rapports évoquant l’existence des sections socioprofessionnelles Éducation nationale datent d’août 1969, ce qui tend à prouver que les sections ont été assimilées par le CEP, celui-ci étant visiblement absorbé à son tour par les comités départementaux à l’hiver 1971.
21Concernant la lutte antisubversive, les CDR mobilisent grandement leurs sections socioprofessionnelles Éducation nationale et Jeunes ainsi que leurs comités départementaux sur le terrain. L’objectif assumé est de défendre les libertés menacées par « le trotskisme, le maoïsme et l’anarchisme qui se [veulent] destructeur de notre société161 ». Cette mobilisation ne passe pas inaperçue puisqu’elle est rapidement dénoncée par les syndicats de gauche et d’extrême gauche. Par exemple, Bernard Herszberg, responsable du SNESUP (syndicat de l’enseignement supérieur anciennement dirigé par Alain Geismar, catalogué alors à l’extrême gauche de l’échiquier politique), qualifie la section nationale CDR-Éducation nationale « d’une bande de fascistes déguisés en professeurs » et promet de futurs règlements de comptes. Cela donne l’opportunité aux CDR-Éducation nationale de réagir en appelant les parents, étudiants et enseignants à les rejoindre pour « faire reculer, une fois de plus, l’entreprise subversive162 ». Il faut bien avoir à l’esprit que pour les CDR, les propos d’Herszberg n’ont rien de surprenants car ils s’ancrent dans un discours plus large (et volontiers « diffamatoire ») des « révolutionnaires ». En effet, le mouvement considère l’UNEF et le SNESUP comme des syndicats exerçants « librement sévices et violences à l’encontre des fonctionnaires de l’Éducation nationale qui ne partagent pas [leurs] points de vue » et « n’interdisent pas barricades et incendies volontaires163 ! » Autrement dit, le mouvement perçoit ces deux syndicats comme des organisations violentes et malhonnêtes. De plus, les jeunes étant facilement manipulables et fascinés par la violence, il est essentiel que les parents et les enseignants arment les enfants contre les « mille manières [de faire] par les endoctrineurs de la révolution ». Sinon les campus et établissements scolaires risquent d’être une nouvelle fois occupés par les « révolutionnaires » qui ne manqueront pas de les dégrader à nouveau. C’est pourquoi le comité national met à disposition des conférenciers qui traitent régulièrement des problèmes de la jeunesse, de l’Éducation nationale, l’Université, la place des étudiants dans le monde post-68, etc.164 La responsabilité du corps enseignant est également soulignée et répétée à de multiples reprises, celui-ci étant dans une position idéale pour « endoctriner » les élèves et étudiants. Ce que le bulletin Citoyen appelle une « débâcle de l’enseignement secondaire » que seules des sanctions fortes pourraient stopper165.
22Selon les CDR, les « subversifs » doivent être présentés tels qu’ils sont : des individus violents et marginaux, qui prospèrent grâce à la lâcheté du pouvoir et à la passivité de la « majorité silencieuse ». Pour ce faire, les discours les plus virulents des figures contestataires dans le milieu éducatif – notamment les gauchistes – sont cités afin de « souligner l’influence de la Révolution culturelle chinoise sur les contestataires français166 ». Les effectifs des « révolutionnaires » sont quantifiés et présentés comme ridiculement faibles afin de démontrer qu’ils ne sont qu’une minorité autoritaire et liberticide167. Le succès relatif en termes de participation des étudiants aux élections universitaires en janvier 1969, qui se tiennent pourtant dans une situation très tendue (les élections étant boycottées par l’extrême gauche), est mis en exergue par les CDR qui y voient une preuve supplémentaire de la marginalité des trotskistes, maoïstes et autres anarchistes, alors même que l’UNEF (alors à majorité trotskiste) réalise de bons scores168. Par ailleurs, des comités départementaux (particulièrement celui des Alpes-Maritimes) tentent de sensibiliser l’opinion publique en insistant sur le coût financier de l’Éducation nationale. Le salaire des enseignants, les bourses des étudiants et les réparations des biens dégradés par les « révolutionnaires » pèsent sur les épaules (ou plutôt le portefeuille) de chaque citoyen169. Par exemple, 17 % des impôts servent à financer l’Éducation nationale – soit 2 000 francs nouveaux de 1970 par foyer170 –, ce qui représente une somme trop importante selon l’organisation tant que l’État laissera les « subversifs » saccager les lieux171. De même, le mouvement rappelle que 20 % des étudiants sont boursiers et se partagent 40 milliards d’anciens francs pendant que les autres paient les frais d’inscription les plus faibles d’Occident, ce qui ne fait que grever un peu plus l’économie nationale lorsque des réparations doivent être réalisées172. Yves Lancien propose en 1969 puis 1970 de lancer des opérations portes-ouvertes sur les campus chaque dimanche, afin que les citoyens puissent juger l’investissement consenti par l’État – particulièrement sur les campus tenus par l’extrême gauche173. Les CDR jouent également sur l’humour pour dénoncer les méfaits des étudiants et lycéens turbulents. Par exemple, Harris Sportes, responsable national des CDR-Jeunes en 1970, insiste sur le nihilisme et l’irrespect le plus complet des « révolutionnaires » envers leur propre idéologie puisque selon le quatrième tome du Livre rouge de Mao, tout ce qui est détruit ou endommagé doit être remboursé par les coupables174. Jean-Marie Vissouze en fait de même lorsqu’il énumère le nombre de mobiliers détruits par six « zigotos » de Nanterre pour fabriquer des matraques improvisées175, alors qu’Yves Lancien détourne un vieux proverbe pour mieux dénoncer les excès nanterrois (« il faut bien que jeunesse se passe… d’autorité légale176 »).
23Les CDR considèrent cependant que certains lycées et universités sont « perdus » tant les « marxistes » et anarchistes y maintiendraient leur domination. Il en est ainsi de Nanterre, du lycée Chaptal, Censier, Vincennes, la Sorbonne, la faculté des lettres de Caen, le lycée de Bréquigny (bastion de la LC)177, etc. Le médiéviste Guy Fourquin, professeur à l’université de Lille et membre du CDR local, illustre parfaitement cette opinion lorsqu’il affirme au ministre Billecocq que « la Sorbonne et Nanterre (sans parler de Vincennes…) [sont] trop pourries178 ». Une véritable « OPA communiste sur les universités » selon Olivier Guichard et les gaullistes d’ordre179. Il en est de même pour certaines disciplines qui sont perçues comme particulièrement marxisantes, notamment la sociologie et la philosophie180. Le département de sociologie est la cible privilégiée de Pierre Chaunu. Il assure que le chargé de cours Claude Lefort – de sensibilité trotskiste, il réalisait alors sa thèse en philosophie – commande une vingtaine d’étudiants extrémistes en sociologie à la faculté des Lettres de Caen181. Ces maigres effectifs auraient suffi à paralyser tout le milieu universitaire de l’ouest du territoire, et pour cause : le moderniste rédige un rapport dont le premier chapitre n’est autre que « la source de la subversion : l’Institut de sociologie182 » ! Réalisé dans le cadre de la section CDR-Éducation nationale du Calvados, ce rapport (entièrement rédigé par Pierre Chaunu) explique aux adhérents que tous les événements de mai-juin 1968 sont dus aux sociologues. Pas une seule page ne les épargne : ils sont « enragés » et « manipulateurs », les étudiants panurgiques, de nombreux enseignants gauchistes incarnent « le crypto-subvertionnisme » que les sociologues contrôleraient par des « instruments inconscients ». Ces génies du mal seraient les maîtres absolus de la subversion que seule une réaction ferme et sans équivoque de l’État et de la « majorité silencieuse » pourrait arrêter183. Aussi intéressante que surprenante, cette opinion semble toutefois propre à l’antenne départementale calvadosienne. Du moins, les responsables nationaux ne semblent pas partager cet avis puisqu’ils s’intéressent au recrutement d’étudiants en sociologie184 et ne dénoncent pas plus la sociologie que les autres disciplines en lettres. Néanmoins, il est vrai que les CDR considèrent que les étudiants et professeurs en sciences humaines et sociales (SHS) et en arts, lettres et langues (ALL) sont plus susceptibles que les autres de participer à la « subversion marxiste ».
24De leurs côtés, les lycéens sont perçus comme de jeunes suiveurs particulièrement influençables. Les maisons des jeunes et de la culture (MJC) sont considérées comme des foyers marxistes, tantôt contrôlées par des communistes, tantôt par des trotskistes185. Aussi, le refus de Joseph Comiti de subventionner les MJC politisées est pris par les CDR comme « une attitude nette, saine et virile186 ». Naïfs et pleins d’énergie, les lycéens seraient manipulés par les « révolutionnaires » (souvent des enseignants et des étudiants) qui leur promettent monts et merveilles. C’est pourquoi le mouvement condamne chacune de leurs mobilisations tout en se montrant compréhensif à leur égard – les lycéens étant perçus d’abord comme des « victimes » de la « subversion marxiste ». Lors des mobilisations survenant à la suite de « l’affaire Gilles Guiot », ce lycéen arrêté alors qu’il se trouvait à proximité d’une manifestation violente au lieu de la fuir et la condamner, plonge le comité national dans un discours contradictoire : dénoncer les manifestations est une nécessité car elles sont politisées187, et demander la bienveillance de la justice est une nécessité car le jeune homme n’a eu pour seul tort que d’être intrigué par une protestation violente188. De même, les violences sur les campus et l’aspect paramilitaire de certains gauchistes prouveraient aux yeux des CDR leur frustration de service militaire189. Cela les incite à soutenir la suppression du sursis étudiant qui ne ferait que favoriser les « endoctrineurs ». Après un long travail de lobbying, la loi Debré est adoptée en 1970 avec d’assez faibles contestations – il faut dire que la loi ne s’appliquait pas immédiatement. Les manifestations de lycéens et étudiants contestataires se déroulent au premier trimestre de l’année 1973. Mobilisant 200 000 à 500 000 jeunes en mars-avril 1973190, elles provoquent la peur et la confusion des CDR. Certains ne comprennent pas comment une loi élaborée avec l’UNEF et approuvée massivement par sa direction a pu provoquer un tel mécontentement191 ; d’autres y voient des manœuvres des partis et syndicats d’opposition visant à instaurer « l’asservissement politique et économique de notre pays et de chaque citoyen » par « la dictature de la foule192 ».
25Malgré leur mobilisation, les CDR ont conscience que l’anti-subversion ne suffit pas. Certes, lorsque les campus et lycées sont calmes, ils manifestent volontiers leur joie193. Mais selon les CDR, les universités et établissements scolaires sont régulièrement perturbés. Il n’est alors pas rare qu’ils envisagent d’utiliser la force au motif qu’il s’agit de « prendre nos responsabilités194 ». En effet, il arrive que des adhérents leur demandent d’intervenir directement pour mettre un terme au chaos ambiant, à l’instar de Jeanne Robichez en octobre 1968195. Des élus peuvent aussi être agressés par des jeunes, tel le député parisien Jean Tibéri, frappé par des élèves au lycée Louis-le-Grand le 21 avril 1969 puis au lycée Henri IV le 23 avril 1969196, et le député de l’Essonne Michel Boscher au centre universitaire Censier le 10 octobre 1969197. Cela ne peut qu’accroître l’anxiété des militants devant ces exactions. Pierre Lefranc est contraint de rassurer ces personnes, leur rappelant que les doyens sont légalement responsables de l’ordre sur les campus198. C’est pourquoi ils soutiennent vivement la « loi anticasseurs » et le recrutement de vigiles universitaires en 1970 : ceux-ci peuvent accroître les pouvoirs répressifs des autorités199. La pression est également mise sur l’Éducation nationale, particulièrement lorsqu’elle est dirigée par Olivier Guichard, qu’Yves Lancien et Pierre Chaunu tiennent pour partisan de l’ordre200. Le ministère Faure entretient également quelques liens avec les CDR, mais ils sont beaucoup plus ténus, le ministre ne les appréciant guère. Comme la situation échappe régulièrement aux autorités, il arrive que le mouvement intervienne directement sur le terrain pour s’opposer à la main mise communiste et gauchiste, devenant alors les auxiliaires des forces de l’ordre.
26Selon les CDR, « la jeunesse » n’est pas seulement exposée à la violence sociopolitique, mais également à la violence culturelle. Mêlant un discours à la fois politique et moral, ce qui fait écho aux critiques émises par les gaullistes conservateurs (tel Jean Foyer), le mouvement dénonce la perversion sexuelle que des enseignants essaieraient de développer chez les jeunes. Ainsi, l’antenne de Rouen signale que dans un lycée se déroule un trafic de drogue et des débats ignominieux au sein d’un « club de l’équilibre de l’adolescent » qu’encadre un professeur. Dans ce club, le doctrinaire orienterait les débats sur « l’onanisme, la prostitution, l’homosexualité, l’inceste, la frigidité201 ». De même au lycée de Montreuil, le Comité d’action lycéen diffuse des tracts pornographiques, « thèmes nouveaux de la Révolution Culturelle202 », avec la complicité de professeurs. Ces cas ne sont pas isolés aux yeux des CDR, qui estiment qu’une minorité d’enseignants profite de sa position pour pervertir la jeunesse203. D’ailleurs, le développement des sexshops accroît la crainte d’une perversion généralisée de la société204. Le projet d’écoles émancipées préoccupe également l’organisation, qui y voit un projet subversif ancien (« dès les années 1956-1957 ») visant à la « perversion des enfants par des méthodes pédagogiques : thèmes de discussion et de réflexions libres, dans le sens de la dépravation, de la sexualité et de la dissolution de la famille, de la nation, de la société205 ». Une question qui reflète le conservatisme dominant chez les gaullistes dans les années 1960-1970206. Bernard Lachaise constate en 2009 que la majorité des élus UDR se montrent hostiles à la pilule en 1967 et n’approuvent la loi que par solidarité gouvernementale, avant de se diviser violemment sur la question de l’avortement en 1974-1975. Le conservatisme (qu’il soit sincère ou pour s’aligner sur les positions officielles du parti) finit par dominer l’ensemble de la famille gaulliste à la fin des années 1970 avec la question de la pérennisation de la loi Veil en 1979207. Les programmes scolaires sont aussi des sources de préoccupation pour l’organisation. Chef d’établissement, Jean-Pierre Antoni se rappelle qu’il a fait intervenir plusieurs fois Yves Lefranc et des orateurs CDR pour rappeler aux élèves qu’ils doivent obéissance aux professeurs – qui eux-mêmes la doivent aux chefs d’établissement et académiques208. Avec l’aide d’un professeur de mathématique, il défend ardemment la place de la France dans les programmes d’histoire et use de son autorité pour empêcher l’implantation de la FCPE, syndicat de parents d’élèves jugé gauchiste. Ses prises de position lui valent des ennuis sur le terrain (comme son collègue, il est agressé à plusieurs reprises par des militants PS et PCF) mais il ne lâche rien, de peur de voir la « gauchisation » de l’éducation l’emporter : « [La gauchisation de l’enseignement] c’était faire des élèves des militants de gauche. Des militants socialistes, communistes voire pire. C’était de l’endoctrinement. Ça pouvait aussi être une forme de dévergondage. C’était l’application du principe “il est interdit d’interdire”209. » La passivité des autorités scolaires et universitaires inquiète tout autant les CDR car elle permet ce processus supposé de « gauchisation » de l’éducation de se dérouler sans accroc. Le principe de neutralité de l’enseignement serait alors dévoyé par des enseignants malhonnêtes, devenus des militants politiques qui profitent de leur position d’autorité pour influencer les élèves et les endoctriner. Une attitude d’autant plus répréhensible que ces jeunes endoctrinés seront les électeurs de demain. Par exemple, le comité du 16e arrondissement de Paris indique en février 1969 qu’« un commando d’excités, casqués et armés de matraques », a pris le contrôle du lycée Janson-de-Sailly avec « la complicité de professeurs extrémistes » pour y diffuser un film interdit sans que le chef d’établissement ne réagisse210. Du fait de l’implication de certains professeurs dans les activités extrémistes, les CDR rappellent régulièrement que la responsabilité du corps enseignant est plus lourde que celle des jeunes influençables dans ces actions subversives211. Ce constat pousse l’organisation à soutenir le projet d’une loi visant à réformer le secondaire que portent plusieurs députés UDR, en vain212. Un rapport réalisé par un groupe de réflexion CDR avait même été remis aux plus hautes autorités dans l’espoir d’infléchir les positions du gouvernement213.
27Afin de protéger lycéens et étudiants, les CDR s’efforcent de sensibiliser les parents d’élèves à travers les associations dédiées. Les archives de René Marbot montrent que la priorité est de soutenir les associations modérées214. Le responsable départemental des Yvelines puis de la région parisienne estime qu’il est essentiel de rallier les bureaux des associations de parents d’élèves car il pense qu’ils sont pratiquement les seuls capables de mettre la pression sur les chefs d’établissements et les adolescents215. Sur le plan national, seule l’Union nationale des associations autonomes des parents d’élèves (UNAAPE) reçoit le soutien du CEP car les autres sont considérées communistes ou communisantes216. Ce soutien n’est pas innocent, l’UNAAPE ayant été fondée par Pierre Lefranc qui en revendique 50 000 membres en août 1969217. De son côté, le comité départemental du Calvados encourage ses adhérents parents d’élèves à rejoindre le PELCES (fédération des associations de parents d’élèves de l’enseignement public) pour son apolitisme218. Il s’agit ici d’une action d’infiltration puisque le comité est parvenu à noyauter la commission et le bureau du PELCES219. Ce succès, bien qu’éphémère (le noyautage ne tient qu’une année), est surprenant car il est normalement demandé aux parents d’élèves de rejoindre les sections CDR-Éducation nationale, ce qui implique pour les adhérents concernés de militer au sein de plusieurs organisations220. Pierre Chaunu semble être un cas exceptionnel (voire isolé) puisqu’il milite au sein des CDR, de la section CDR-Éducation nationale, de l’UDR, du comité de soutien à Georges Pompidou et de plusieurs associations dont le PELCES221. Ces actions échouent globalement à cause de la forte influence des syndicats et associations de gauche et d’extrême gauche dans le milieu. En effet, comme l’indique le rapport de la commission « Jeunesse et Sports » et le tract « Parents, Lycéens ! Notez bien ceci ! », les syndicats d’enseignants et les associations de parents d’élèves seraient presque tous infiltrés par des grévistes communistes invétérés222. Des collusions entre des syndicats d’enseignants, comme le Syndicat national des instituteurs (SNI), et la fédération Cornec sont dénoncées223. Ces relations quelque peu houleuses avec nombre de syndicats de l’Éducation nationale ne s’arrangent pas puisque les différents responsables CDR demandent à leurs adhérents de ne pas hésiter à dénoncer les enseignants abusant de leurs positions, et à faire pression pour que des sanctions disciplinaires soient prises « à l’encontre des fonctionnaires qui se sont mis en état de forfaiture en collaborant à l’entreprise de subversion contre l’État224 ». De toutes les associations de parents d’élèves, la plus détestée (et influente) est la fédération Cornec225. Communiste selon les CDR, elle bafouerait les lois et imposerait autoritairement sa présence dans les établissements scolaires226. Les appels à la grève que lance occasionnellement la fédération Cornec et les syndicats d’enseignants, tels ceux d’avril 1970, sont décriés comme une prise d’otage des enfants227. Pis, elle est accusée (avec la CGT, la FEN, la SGEN et la CFDT) d’embrigader les lycéens228. C’est pourquoi il est essentiel pour les CDR de l’attaquer dans la presse, sans quoi les parents d’élèves pourraient être dupés par les « belles paroles » de Cornec229. Yves Lancien s’offusque même lorsqu’il apprend que Jacques Chaban-Delmas accorde un local municipal à la fédération, obligeant le Premier ministre à se justifier230. Le rejet de la fédération Cornec dure tout au long du mandat pompidolien, Yves Lancien estimant encore en janvier 1974 qu’elle bénéficiait des faveurs des gauchistes de l’ORTF231.
L’ORTF, un foyer subversif de privilégiés ?
28L’Office de radiodiffusion-télévision française est fondé en 1964 par le général de Gaulle. Il est l’héritier de l’ancienne radiodiffusion-télévision française, mais dispose désormais d’une certaine autonomie quant au choix de ses programmes par le biais de son conseil d’administration. Cette liberté apparente ne reflète pas la réalité puisque l’État maintient son monopole sur l’Office, qui doit privilégier le discours officiel lors de ses bulletins d’informations232. Lors des événements de mai-juin 1968, l’ORTF respecte au départ une certaine neutralité, avant de démarrer une grève des techniciens et journalistes le 11 mai (qui se généralise le 21233). Les journalistes réclament davantage de liberté d’information et d’indépendance sur les rédactions. Le général de Gaulle n’apprécie guère ces revendications et exige du ministre de l’Information Georges Gorse de mettre « les trublions à la porte234 ». À peine formés, les CDR interprètent la grève des journalistes (217 sur 254 !) comme un signe de la subversion à l’œuvre. Ils décident donc de former une section socioprofessionnelle dans la capitale avec à sa tête Michel Anfrol (ORTF) et Michel Droit (Le Figaro235). Modeste, cette antenne ne rassemble qu’une vingtaine de cadres qui peinent à se faire entendre236. La section ne parvient pas à agir réellement et il faut attendre le début du mois de juin pour qu’elle puisse servir la cause du régime. Certains de ses membres vont jouir d’une assez grande influence au sein du mouvement : Michel Anfrol (jusqu’à son départ au printemps 1969 pour l’étranger), Jean Yanowski (qui fait pression sur les programmes de l’ORTF destinés à la jeunesse afin qu’ils répondent aux attentes morales de l’organisation237) ou encore Michel Marteau (journaliste ayant fondé et dirigé le comité départemental de Seine-Saint-Denis jusqu’en avril 1969238). L’importance accordée à la section socioprofessionnelle par la direction varie selon les événements sociopolitiques. Effectivement, le reflux des mouvements de grèves et des manifestations font rapidement perdre de vue la question des problèmes de l’information239. La présence du général de Gaulle au pouvoir et sa gestion ferme semblent rassurer Yves Lancien et Pierre Lefranc qui ne réalisent une mise à jour des membres de ladite section qu’en janvier 1969240. Une réaction tardive qui correspond à l’intérêt nouveau (mais bref) porté par le comité national provisoire à la fin de l’année 1968 sur l’impulsion du chargé de mission Barrère241.
29Un tournant s’opère avec l’élection de Georges Pompidou en juin 1969. Le nouveau Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, décide de libéraliser l’ORTF, ce qui est très mal accepté par la majorité, à commencer par Charles Pasqua242. Si l’on en croit Michel Poniatowski, bras droit de Valéry Giscard d’Estaing, cette libéralisation serait encouragée par Georges Pompidou qui l’aurait promis aux Républicains indépendants (RI) en échange de leur soutien à l’élection présidentielle243. Cette hypothèse paraît crédible, même si le député-maire de Bordeaux présente ce projet comme le sien dans ses mémoires – c’est tout à fait plausible. Ce qui est certain, c’est que la majorité des gaullistes s’opposent à cette politique, les gaullistes d’ordre en tête. Pour les CDR, les programmes culturels diffusés sur les chaînes télévisées et les ondes radios publiques sont jugés insipides et favorables à une vision marxiste de la société244. Une opinion que partage le giscardien d’ordre Michel Poniatowski, bien qu’il privilégie la qualification de programmes « trop » intellectuels et moroses245. L’idée reste toutefois la même : derrière ces programmes se cacherait la volonté de saper le moral des auditeurs et téléspectateurs et de corrompre la jeunesse. Une preuve de subversion en somme246. Les scandales financiers qui frappent l’office n’arrangent rien à l’opinion toujours plus dégradée que portent les militants sur l’Office. En effet, les années 1971-1972 voient plusieurs scandales liés à la publicité clandestine à l’ORTF se succéder. Plusieurs proches du pouvoir sont impliqués, ce qui ne manque pas de satisfaire l’opposition247. Les CDR expliquent ces dérives par la privatisation de l’Office : véritable « gouffre à milliards », il introduit des publicités non taxées et permet aux agents de rester en grève tout en étant payés248. Les grèves fréquentes des journalistes, qui réclament une plus grande liberté d’information et d’élaboration des programmes249 – particulièrement le personnel des chaînes de télévision –, énervent les CDR qui y voient une forme d’anarchie. Or, le CDR de la Côte-d’Or fait polémique au sein du mouvement car il estime que seule la privatisation tant décriée peut mettre un terme à « l’anarchie » ambiante250. Cette solution n’est pas au goût du comité national, qui préfère sonder les adhérents du mouvement avant de se prononcer251. De plus, comme pour dénigrer davantage les grévistes de l’Office, les CDR rappellent que si « les cheminots ont des revendications à faire valoir qui ne sont pas toutes exagérées, […] à l’ORTF, il s’agit une fois de plus pour l’essentiel, de la défense de privilèges que l’on cherche à dissimuler sous des impératifs de création artistique252 ». Ce mépris des revendications journalistiques est très prononcé en 1972, les différents comités départementaux et d’arrondissements partageant la vision de grèves politisées de gauchistes privilégiés253. Une position qui n’a rien d’original mais sert plutôt de caisse de résonnance au sein de la famille gaulliste, nombre de cadres et élus UDR manifestant leur lassitude à l’égard des troubles qui touchent l’Office. Guy Pineau constate ainsi que l’UDR (Michel Debré et Robert Poujade en particulier) et les CDR accusaient Pierre Desgraupes d’obéir aux « adversaires de la liberté254 ». En attendant le congrès national de 1971 où la question du positionnement officiel de l’organisation doit être tranchée, le siège national organise deux manifestations devant Air France et le service de redevance de l’ORTF le 28 février pour y dénoncer les grèves en cours255. Celles-ci se soldent par un échec cuisant, le nombre de manifestants étant très faible256.
30Finalement, le congrès national de Marseille des 15-16 mai 1971 rend public les travaux de la commission sur l’Information dirigée par la journaliste Betty Durot257, reporter et présentatrice aux journaux télévisés des trois chaînes de l’ORTF (1963-1974) puis grand reporter à Antenne 2 (1975-1977). Elle est responsable de la section CDR-ORTF en 1969, après être devenue attachée de presse du comité national depuis le 16 décembre 1968258. Les conclusions de la commission sont sans équivoques : la liberté d’information ne peut s’exercer que dans un cadre juridique limité, sous peine de voir les journalistes « inventer [eux-]même l’événement », diffamer et servir de « véhicule complaisant des tentatives d’asservissement ou de perversion qui prennent fréquemment de nos jours la forme d’une intoxication insidieuse259 ». Dans l’esprit de la déclaration des devoirs du citoyen adoptée ce jour-là, les CDR jugent essentiel que le gouvernement clarifie la législation en indiquant précisément qu’elles sont les bornes que les médias ne doivent pas dépasser sous peine de lourdes sanctions. Ils estiment d’ailleurs que le gouvernement est trop tendre avec les éléments troubles de l’Office. Une perception faussée par les convictions politiques puisque le gouvernement est au contraire de plus en plus sévère dans ses jugements avec les fonctionnaires de l’ORTF, imposant même un contrôle préalable aux projets de programmes dès 1970260. De même, comme l’explique l’historienne Sabrina Tricaud, les relations entre le gouvernement et l’Office ne cessent de se dégrader durant le mandat de Georges Pompidou. Le point culminant est atteint à l’automne 1973, lorsque le conseil des ministres refuse d’accorder les crédits supplémentaires demandés par l’entreprise publique261. Son directeur Arthur Conte dénonce publiquement un « chantage financier » et les « interventions politiques qui se manifestent d’une manière intolérable sur certains directeurs et journalistes262 ». Philippe Malaud, ministre de l’Information, décide alors de contre-attaquer : il sanctionne plusieurs cadres et prétend avoir récupéré « l’Office dans la boue », un déclin provoqué par des « soviets autogérants » qu’il assure combattre avec fermeté263. Ce discours ne peut que plaire aux CDR, Philippe Malaud partageant avec eux l’idée que l’ORTF est contrôlée par « des intellectuels mabouls et des soviets de dingues » où domine « la cohorte des cassandres gauchistes264 ».
31Pour le mouvement, la source de tous les maux à l’ORTF n’est autre que l’Intersyndicale de l’ORTF, qui regroupe la Fédération syndicale unifiée (FSU), la CGT et la CFDT265. Dirigée par Pierre Simonetti, elle ne regrouperait que 3 000 syndiqués sur 17 000 employés, ce qui signifie qu’en agissant comme elle le fait, l’Intersyndicale ignorerait l’opinion de la « majorité silencieuse » salariale266. Arrivé à la tête de l’Office le 14 juillet 1972, Arthur Conte est particulièrement honni des CDR. Lorsque Yves Lancien lui reproche de ne parler du mouvement à la télévision que deux minutes par an (pour le congrès national), Conte lui propose de présenter les CDR dans « Les dossiers de l’écran267 ». Une offre qui plaît sur le moment mais devient source de grief lorsque la direction finit par comprendre qu’elle ne sera jamais tenue268. Considéré comme un piètre gestionnaire – il aurait engrangé 90 millions de francs de dettes, provoquant un « gaspillage des fonds publics » inédit –, il est dénoncé comme un faible qui laisse « une maison livrée aux clans, aux privilèges et aux mauvaises habitudes269 ». Pis, considéré comme prétentieux et se croyant au-dessus des lois tels Charles Piaget (CFDT, LCR) et Gérard Nicoud (CID-UNATI), le PDG de l’ORTF est accusé de maintenir sciemment le désordre à l’Office pour favoriser Georges Séguy, Edmond Maire, Charles Piaget et autres gauchistes270. Particulièrement remonté, le comité national décide d’organiser une grande action de protestation par voie de presse et épistolaire (à destination des membres du gouvernement) pour le 1er novembre 1973. Son exécution est suspendue du fait de l’éviction d’Arthur Conte le 23 octobre, mais reste en préparation au cas où le nouveau PDG ferait barrage aux CDR et à l’application de la réforme du 2 juillet 1972271. Pour réduire ce risque, l’organisation envoie des messages de félicitations et de remerciements à Pierre Messmer. Des congratulations qui s’accompagnent de contreparties à peine voilées, à savoir qu’il est souhaité qu’il nomme un successeur enfin prêt à appliquer la loi, qu’il se montre loyal envers l’État et qu’il combatte « certains syndicats politisés de l’Office272 ».
32L’arrivée de Marceau Long provoque rapidement la déception dans les rangs des gaullistes d’ordre. PDG technocrate, il manquerait à leurs yeux de poigne face aux gauchistes de l’Office, au point que la CFT y voit une victoire de « la dictature syndicale à l’ORTF » et les CDR de la dictature cégétiste273. Bien qu’il se montre plus ouvert à la discussion avec les Comités, Marceau Long ne tente pas de les revaloriser dans les médias. La section CDR-ORTF peine grandement à se développer, aussi bien sous la direction de Jean-Jacques de Bresson que sous celle d’Arthur Conte et Marceau Long. Il faut dire que la paranoïa règne dans les rangs de la section socioprofessionnelle. En septembre 1969, Louis Claude Lacam se plaignait au chargé de mission de Gourville que les membres de son petit syndicat (l’Union des personnels de coopération) rencontraient de grandes difficultés pour s’intégrer tant la méfiance y règne274. Quatre ans plus tard, rien n’aurait changé, la suspicion se mêle à un discours s’adressant avant tout aux téléspectateurs (qui pairaient chers les taxes servant à financer l’ORTF sans même pouvoir en profiter) ; le personnel est assimilé à un groupe d’individus passifs ou (selon qu’il soit gréviste ou non) des « nantis du monopole » corporatistes, « une poignée de profiteurs et de tartuffes » ; bref, « les grévistes les mieux payés de France », véritables « fourriers de la privatisation275 ». En englobant les salariés de l’ORTF qu’elle devrait pourtant recruter et souder contre l’Intersyndicale, la section CDR-ORTF se marginalise elle-même. La section se portait d’ailleurs si mal qu’elle fut dissoute vers 1972 pour être reformée en septembre ou octobre 1973276. Une renaissance qui s’appuie grandement sur l’opposition sur le terrain à l’influence de l’Intersyndicale (un procès pour diffamation est engagé contre la CFDT-ORTF en parallèle de la refondation de la section socioprofessionnelle). Aussi, Yves Lancien décide de lancer en décembre 1973 une vaste campagne d’information visant à ouvrir les yeux (par le biais de tracts et communiqués) des employés de l’ORTF sur le fonctionnement de leur entreprise277. Il est essentiel à ses yeux que ces « nantis du monopole », qui sont payés pour chaque journée de grève qu’ils réalisent, soient éliminés. Il s’en explique aux militants : « Je tiens en effet pour capital de crever une fois pour toutes l’abcès de l’ORTF. Trop de choses dépendent de ce qu’on y dit et de ce qu’on y fait278. » Il n’existe aucune source sur le déroulement de cette opération. Cependant, il semblerait qu’elle fut soldée de succès. En effet, Yves Lancien déclare publiquement qu’il est ravi d’apprendre le calme relatif qui s’est installé à l’ORTF depuis quelques semaines279. La circulaire no 3 rédigée par le comité national le 21 janvier 1974 donne de nombreux éléments permettant de comprendre ce qu’il se serait passé. La campagne de décembre 1973 a vu la section CDR-ORTF s’attirer les faveurs de plusieurs centaines d’employés de l’Office. Une grève devait être organisée par l’intersyndicale le 15 janvier, mais fut annulée au dernier moment à la suite des actions des CDR : l’antenne de la Côte-d’Or a lancé un appel à la protestation dans la presse dijonnaise, rassemblant en un week-end plus de 800 lettres de mécontents (la plupart sont des civils non encartés dans l’organisation) tandis que Citoyen a divulgué une circulaire confidentielle de la FSU traitant de cette opération280. La circulaire no 3 précise que la section socioprofessionnelle se réunit désormais chaque semaine, augmente ses effectifs et distribue le fac-similé de la circulaire confidentielle dans les différents bureaux de l’ORTF.
33S’il paraît évident que le mouvement exagère les traits pour mieux se glorifier (en interne) et qu’il ne faut pas minimiser les pressions du gouvernement et de Marceau Long281, il reste vrai que les CDR ont probablement, pour la première fois, réussi à mener avec succès une action antisubversive au sein de l’Office. On observe également une confiance plus grande dans l’organisation. Yves Lancien n’hésite plus à critiquer certaines émissions comme « Les trois vérités », qu’il considère trop coûteuse pour ce qu’elle vaut282, ou « Les dossiers de l’écran », qui serait déphasée avec la réalité283. Il en est de même pour la réunion-débat de la section CDR-ORTF survenue le 20 février 1974284 et animée par le journaliste Roland Dhordain285. Rassemblant 300 adhérents, les participants se félicitent de voir enfin le PDG diriger avec fermeté l’Office et s’interrogent sur les programmes qu’il faudrait diffuser – tout en attaquant occasionnellement l’intersyndicale. Il est également possible de constater une convergence du gaullisme d’ordre durant cette réunion puisque plusieurs personnalités extérieures étaient dans l’assistance et ont participé au débat : les députés UDR Robert-André Vivien et Joël Le Tac, l’acteur Jacques Dacqmine et le soustellien André Lafond286. Le congrès national de Montparnasse, qui devait se dérouler les 11 et 12 mai 1974 – l’élection présidentielle provoque son report puis son annulation – devait traiter quatre thèmes dont celui de « l’ORTF : service public287 ». Une preuve que les militants se sentent désormais prêts à ne plus seulement critiquer les problèmes de l’Office, mais aussi à proposer des solutions autres que la répression. À la fin du mois de février 1974, les CDR se mobilisent à nouveau pour participer (par téléphone et courrier) à la prochaine émission des « dossiers de l’écran » qui doit se tenir le 12 mars288. Celle-ci porte sur la mise en place des nouvelles structures de l’ORTF et le mouvement est convaincu que l’Intersyndicale va agir pour bloquer tout processus de réforme. Cette mobilisation est la dernière réalisée par les CDR en direction de l’ORTF sous la présidence Pompidou. Elle se solde par un demi-échec, ou une demi-victoire selon le point de vue adopté. Une demi-victoire car l’organisation parvient à mobiliser de très nombreux téléspectateurs, inondant le standard d’appels et de courriers289. Un demi-échec parce que l’Office est frappé par une grève générale qui perdure au-delà du 12 mars tant les propositions de réformes de Marceau Long déplaisent aux syndiqués290. Cet intérêt des CDR pour l’ORTF n’est pas unique et s’ancre dans une préoccupation plus large d’une subversion dans les entreprises publiques et privées.
Les entreprises attaquées ? Quand les CDR veillent sur les ouvriers et le patronat
34Tout aussi sensibles que la jeunesse du fait de la très forte influence des « syndicats traditionnels » (CGT, CFDT et FO en tête), les entreprises intéressent particulièrement le mouvement. Dès la fin du mois de mai 1968, les CDR forment plusieurs sections socioprofessionnelles dans de grandes entreprises jugées sensibles comme Sud-Aviation et la Snecma291. Deux sections se sont également formées dans des banques : Banque populaire de l’Ouest à Rennes sous la houlette de Jacques Ficheux (chef de service à la banque nommé en 1972 secrétaire général du CDR d’Ille-et-Vilaine292), la Caisse centrale hôtelier, commercial et industriel (Paris 8e) dirigée par Pierre Coulomb (banquier) et cofondée avec M. Desrues (gérant de société293). Le tout premier numéro de Citoyen reflète l’intérêt des CDR pour ce milieu. Il cite les déclarations de responsables CGT et PSU (influent à la CFDT) qui estiment qu’il faut insuffler « le socialisme » dans les entreprises, ce qui sonne comme un aveu de subversion pour les militants CDR294. Le journaliste André Passeron souligne que les CDR et le SAC se posent comme les défenseurs de l’ordre en tout lieu (y compris les entreprises) face à « l’ennemi global », à savoir le PCF et la CGT295 – l’extrême gauche étant assimilée au communisme. Pourtant, le mouvement n’engage pas vraiment ses militants dans la formation de sections CDR-Entreprises durant la fin du mandat gaullien. Si quelques délégués impulsent la création de ces sections de leur propre volonté, comme c’est le cas avec les mégisseries mazamétaines (Tarn) par le biais de François de Lestrade296, à Villeurbanne (Rhône) sur les pressions de Michel Noir297 ou dans les Yvelines avec René Marbot298, il faut attendre juin 1969 pour que les délégués décident de constituer des Groupements autonomes professionnels (GAP) dans le but de contrebalancer le poids des syndicats299. Cette décision démontre la difficulté pour Pierre Lefranc de faire accepter ce projet par la majorité des adhérents : le délégué national avait demandé dès le mois d’août 1968 que des sections socioprofessionnelles soient constituées « au sein des principales professions, ainsi que dans les entreprises300 ». L’annonce faite le mois suivant au général de Gaulle de la création en cours de plusieurs dizaines de GAP semble donc relever davantage de l’espoir porté par Lefranc que d’une réalité sur le terrain301.
35Les CDR et leurs sections socioprofessionnelles se mobilisent régulièrement durant le mandat pompidolien sur le terrain entrepreneurial et syndical. La raison en est le renouveau des grèves orchestrées régulièrement par les syndicats « marxistes ». La méthode de la grève tournante, très efficace car nuisible aux finances des entreprises, est perçue comme le fruit d’une innovation de la subversion302. L’objectif pour les « syndicats politisés » serait alors d’établir un rapport de force avec le gouvernement à travers l’atteinte aux intérêts du patronat, l’amélioration des conditions de vie et de travail des salariés étant reléguée au second plan303. L’un des symboles de ces actions de nuisances est la grève générale du 26 novembre 1969. Orchestrée par la CGT et la CFDT à l’EGF, elle s’insère dans un mouvement plus large de grèves dans le service public304. L’indignation est prononcée dans les rangs des CDR qui décident d’organiser la « majorité silencieuse » et d’en exprimer la colère. Des tracts signés par le mouvement font mine de parler à la place de la population victime des grèves des PTT, cheminots et EGF305. Fait original : l’organisation ne condamne pas les grévistes – ce qui pourrait être interprété comme un rejet du droit de grève – mais salut au contraire le civisme et le bon sens des salariés qui continuent de travailler au lieu de s’associer aux agitations de « syndicats peu scrupuleux306 ». L’intérêt pour les CDR est donc d’innover dans leur discours en soutenant les travailleurs « sérieux », à l’inverse des autres organisations gaullistes qui tendent à dénoncer les grévistes. Ce changement de perspective est accru par l’intérêt porté pour les usagers : les syndicats cherchent à bloquer l’économie et la production du pays pour des raisons purement politiques, sans se soucier de la misère dans laquelle ils plongeront les citoyens considérés comme pris en otages307. Prenant cette cause avec ardeur – le souvenir des grandes grèves de mai-juin 1968 est encore très présent –, les CDR mobilisent à la fois des affiches, des tracts, le « bouche-à-oreille » et la presse308. Les grèves à venir ont une forte capacité de nuisance, aussi bien sur l’économie nationale et entrepreneuriale que sur la capacité des citoyens à se rendre au travail. L’objectif premier est donc d’empêcher les « syndicats politisés » de nuire à la liberté du travail et à la liberté de mouvement. Prêt pour manifester, le mouvement apprend en fin de matinée que les grèves annoncées de l’EGF sont annulées. Officiellement, la CGT et la CFDT expliquent qu’une baisse soudaine des températures est survenue, les coupures de courant pourraient donc fortement nuire aux usagers309. Les CDR estiment au contraire que c’est grâce à leur activisme et la mobilisation de la « majorité silencieuse » que la grève n’a pas eu lieu310. Yves Lancien se félicite de cette victoire, considérant que les mobilisations de Paris, Troyes et la Vendée ont été d’immenses succès311. Les responsables nationaux construisent rapidement une mémoire autour du 26 novembre 1969, perçue comme la plus grande mobilisation du mouvement avec le 30 mai 1968. Si le rôle de l’organisation semble exagéré, il reste essentiel. La presse nationale reconnaît la forte contribution des CDR dans le recul des grévistes312. Témoin des événements, le communiste René Gaudy souligne que le motif invoqué par les CGT-CFDT pour justifier l’annulation de la grève était factice ; la véritable raison était la crainte de voir les manifestations qui se préparaient le 26 novembre remporter un vif succès, ce qui aurait nui à l’image des syndicats mobilisés313. Sans le préciser, l’auteur démontre que la mobilisation des CDR a joué un rôle capital dans cette décision. Le communiste et rédacteur en chef René Andrieu est plus explicite, déclarant que la grève fut avortée pour déjouer la « provocation » des CDR314. Finalement, le gouvernement a probablement renforcé les syndicats dans leur choix lorsque son porte-parole, Léo Hamon, déclara que le gouvernement était prêt à « recourir éventuellement à des mesures législatives relatives, par exemple, à une réglementation des conditions d’exercice du droit de grève dans certains services publics315 ».
36Les entreprises sont sources de préoccupation pour les CDR. Tout d’abord, les militants d’extrême gauche les inquiètent : ils sont violents dans les entreprises, et scandent des noms de marxistes célèbres (Che Guevara, Ho Chi Minh, Mao Zedong, Lin Piao) en pensant combattre le fascisme – qu’ils voient aussi bien dans l’extrême droite que le personnel d’encadrement de l’entreprise, l’État et ses défenseurs316. Des agressions ont lieu fréquemment, comme celle du chef des services généraux de la CODER qui est sérieusement blessé par des militants de la Gauche prolétarienne (GP) le 18 mai 1971317. Ne reprenant son travail que le 13 septembre, il reçoit des lettres de menaces de la GP. Le mouvement maoïste, qui ne compte que huit à dix militants dans l’entreprise, est donc particulièrement virulent, ce qui ne fait qu’inquiéter les gaullistes. Outre les agressions et sabotages, la séquestration et la prise d’otage choquent grandement les adhérents. Ainsi, le CDR du Calvados condamne vivement la séquestration de cadres durant les conflits sociaux de Condé et Fougères, qu’il compare aux répressions en Pologne et en Tchécoslovaquie et aux déportations en Sibérie318 ! Cela incite les CDR à exiger plus de sévérité à l’égard des « preneurs d’otages », qui se donneraient le droit de menacer (voire d’assassiner) des innocents au nom d’une « prétendue » justice sociale319. Ensuite, la méfiance existe du côté de certains patrons, qui seraient trop proches des syndicats politisés, à commencer par la direction de la SNCF320. Jacques Foccart explique dans ses mémoires avoir diligenté une enquête sur Renault et découvert en avril 1969 que son PDG, Pierre Dreyfus, a financé Pierre Mendès France et les « révolutionnaires » en mai-juin 1968 contre le gouvernement321. Outré d’apprendre que la plus grande entreprise automobile française de l’époque accueillerait un groupe déterminé et bien financé d’opposants « révolutionnaires », il décide de prévenir les organisations gaullistes et le général de Gaulle. S’il n’existe aucune trace de ce sujet dans les sources CDR qui nous sont parvenues, il ne fait aucun doute que les responsables nationaux se seraient scandalisés en l’apprenant. Enfin, la manipulation supposée de la grève par des syndicats fortement liés à des partis politiques (la CGT par le PCF, la CFDT par le PSU, la LC et la GP/NRP) représente un danger pour les CDR. Les différentes vagues de grèves qui marquent le pays sont constamment dénoncées comme des manipulations orchestrées par Georges Séguy et Edmond Maire. Par exemple, les grèves de novembre 1972 dans la fonction publique et les entreprises nationalisées sont perçues comme de purs outils politiques visant à nuire aux patrons et aux salariés tout en faisant des usagers les victimes collatérales de ces actions322. Seule la grève des cheminots est relativement soutenue, quoique son instrumentalisation hypothétique est là aussi décriée. L’année suivante, la défaite de la gauche aux élections législatives provoque la colère de Georges Séguy qui promet des représailles323. Les grèves qui surviennent à la régie Renault – où l’on se méfie désormais du « gauchisant » Dreyfus – sont alors comprises comme la vengeance annoncée par le secrétaire général de la CGT et dénoncées comme telles324. Le comité national des CDR tente de discréditer la grève en minorant les conditions de travail difficiles dénoncées par les ouvriers spécialisés, manipulés par la CGT, et en exigeant que les accords conclus soient respectés rapidement sous peine de remettre en question « tout le système de la concertation et de la représentation ». L’échec de la propagande CDR l’incite alors à renouer avec la lutte sur le terrain en reformant des sections CDR-Entreprises à Renault et EGF325. Des positions qui expliquent pourquoi les CDR-Entreprises et les GAP se conçoivent comme les remparts du « syndicalisme libre » face aux « subversifs326 ».
37Les « problèmes » causés par les syndicats, à savoir, selon les CDR, leur propension à obéir à des partis et à agir dans un intérêt purement politique, sont sujets de réflexion pour l’organisation. En octobre 1969, le comité national réalise un sondage des dix plus grands problèmes de la société et constate que le syndicalisme arrive en tête (l’enseignement en second327). Le siège demande alors aux comités départementaux et d’arrondissements de réaliser des études locales pour analyser le syndicalisme et trouver un moyen de le réformer328. Profondément attachés au syndicalisme apolitique et à la liberté du travail, les militants perçoivent la CGT et la CFDT comme des syndicats politisés, égoïstes, manipulateurs et hargneux329. Aussi, les résultats sont traités par une commission nationale qui produit un rapport synthétique le 30 mai 1970330. Jacques Guggenheim explique aux militants qu’il est nécessaire de changer radicalement la nature du syndicalisme français en le dépolitisant. Il estime que les « syndicats politisés » sont irréformables tant ils sont gangrénés par le marxisme, ce qui oblige l’organisation à soutenir le syndicalisme apolitique à travers la création des CDR-Entreprises et des GAP. Il prône également le réformisme, estimant que seules des réformes sociales et la Participation peuvent répondre aux besoins des salariés331. Enfin, il appelle les salariés et ouvriers à s’associer à l’entreprise pour construire son avenir ensemble332. Ce rapport est remis à tous les militants ainsi qu’aux pouvoirs publics333, qui n’y portent aucun intérêt. Ce qui ressort de ce rapport et des actions menées par le mouvement est son refus de laisser la rue aux grévistes. Les comités départementaux sont appelés à prendre exemple sur les méthodes anti et contre-subversives de Gérard Daury (UNI, CDR, SAC) dans la région parisienne. Comme l’indique Jérôme Pozzi, « celui-ci a fait équiper des automobiles de militants CDR de dispositifs radiophoniques, afin de diffuser en boucle, à proximité des piquets de grève, des appels à l’insurrection citoyenne face aux différents blocages cégétistes334 ».
38De fait, un noyau dur de militants convaincus est prêt à « se salir les mains » en attaquant des piquets de grève, comme à la Société nationale industrielle aérospatiale (SNIAS) de Marignane (Bouches-du-Rhône) en décembre 1973 (avec l’aide du SAC) où le blocus est levé par la force. Ces éléments ultra-conservateurs, davantage préoccupés par la lutte sur le terrain que l’élaboration et la défense de réformes, entrent parfois en conflit avec les adhérents progressistes. Un exemple frappant n’est autre que la grève des banques nationalisées (BNP, Crédit Lyonnais, Société générale, Crédit commercial de France, CIC, Crédit du Nord) de mars 1974. Elle provoque de sérieux problèmes en empêchant plusieurs millions de salariés et des milliers d’entreprises de pouvoir accéder à leurs finances335. Les CDR appellent d’abord les grévistes à cesser leurs actions pour ne pas nuire aux finances des citoyens dans un pays qui connaît alors la crise pétrolière et l’inflation, tout en appelant l’Association professionnelle des banques de soutenir dans les négociations les branches professionnelles connues qui subissent des conditions de travail difficiles et de faibles rémunérations. Cet appel à la fibre sociale échoue, permettant à la tendance conservatrice du mouvement d’obtenir le droit d’agir sur le terrain. Le comité national s’efforce de canaliser les deux tendances. Pour se faire, il autorise les distributions de tracts et les prises de contact avec les grévistes et les employés au travail336. Une fois encore, les non-grévistes sont remerciés pour avoir choisi des négociations pacifiques avec leur direction337. Les CDR proposent par la distribution de tracts des revalorisations des salaires et des aménagements des conditions de travail, ce qui montre le poids des chabanistes au sein du mouvement338.
39Autrement plus complexe et médiatique, le cas de l’entreprise LIP provoque le désarroi et l’inquiétude des CDR. Entreprise d’horlogerie partiellement rachetée en 1968 par un entrepreneur suisse, LIP connaît de grandes difficultés pour vendre ses produits. La concurrence des montres électroniques est rude et la société ne parvient pas à proposer de nouvelles gammes de produits rentables339. Alors que le bilan est déposé en avril 1973, les ouvriers décident de former un comité d’action pour exiger la préservation des emplois menacés de suppression. Le 12 juin, le délégué syndical CFDT Louis Martin signale à sa hiérarchie qu’un document administratif confidentiel évoque le projet de limoger 480 employés340. Il indique également que les CRS sont intervenus violemment la nuit précédente pour libérer les cadres séquestrés, alors que la direction envisage de geler les salaires, plongeant Besançon et l’usine sous haute tension. De fait, les employés de LIP se mettent en grève reconductible sous la direction du délégué CFDT Charles Piaget (qui est aussi membre du PSU). L’occupation prolongée des différentes usines LIP et le recours à des formes d’autogestion par les grévistes (dans l’animation de la grève productive) provoquent l’admiration de la gauche et de l’extrême gauche, le fondateur de la GP Benny Lévy déclarant même qu’il « voi[t] dans l’événement LIP l’agonie de notre discours révolutionnaire341 ». De nombreuses manifestations s’enchaînent et embrassent le Doubs342. La nomination d’un médiateur, Henri Giraud, ne permet pas d’apaiser la situation. Devant la dégradation de la situation, Pierre Messmer puis Georges Pompidou interviennent en septembre 1973 dans l’espoir de trouver un compromis343. C’est un échec. Les grévistes organisent le 29 septembre une grande manifestation avec le soutien de Michel Rocard344. Elle rassemble selon Hervé Hamon et Patrick Rottman près de 100 000 personnes dont un tiers est composé de militants d’extrême gauche.
40Face à ces tensions, les CDR craignent que ces « formes nouvelles d’action » n’entraînent un renouveau de la subversion marxiste, non plus cette fois à travers la CGT mais la CFDT345. Yves Lancien essaie un temps de jouer les intermédiaires, contactant d’abord Charles Piaget pour le prier d’entamer des négociations pouvant sauver de nombreux emplois et d’accepter « cette grande idée révolutionnaire si remplie d’espoir qui a nom “Formation Permanente”346 » ; puis Henri Giraud, à qui il confie détester les méthodes illégales employées par Charles Piaget avant de le conjurer de réembaucher les cadres et ouvriers afin de pouvoir relancer des pourparlers avec les syndicalistes347. Aux yeux du secrétaire général du mouvement, la priorité est de rétablir l’ordre tout en sauvant le plus d’emplois possible. Cette position n’est pas partagée par la majorité des cadres et militants. La base éprouverait selon Jacques Foccart de l’amertume devant « l’inertie et les tergiversations du gouvernement »348. Une partie des délégués CDR ressent également de l’aversion devant le « délire révolutionnaire » et le « mirage autogestionnaire » que prônent les « gauchistes, communistes, CERES et socialistes traditionnels349 ». Un rêve qui ne pourrait s’achever à ses yeux que dans la pénurie et l’anarchie puis la dictature militaire, comme ce fut le cas au Chili. Cette fronde conservatrice contraint Lancien à préparer des actions de propagande visant à « stopper le processus de paralysie du pays350 ». Il a également écrit au personnel de LIP pour l’inciter à se désengager du mouvement351. À la fin du mois d’octobre 1973, le mouvement s’apprête à lancer une campagne d’affichage permettant d’expliquer aux employés de LIP (et plus largement aux citoyens) que les CDR ont tenté de les sauver lorsque l’extrême gauche se contente d’exploiter leur malheur, et qu’ils vont désormais agir pour la sauvegarde des institutions352. Cette opération démarre en novembre et ne s’achève qu’au milieu du mois suivant. Des tracts sont jetés ou distribués et des affiches collées dans toutes les villes préfectorales et sous-préfectorales. Elles tiennent un discours anxiogène : la subversion marxiste serait toujours d’actualité, menaçant les institutions et les libertés ; les différentes organisations se réclamant du marxisme seraient toutes de mèche dans le seul et unique but d’obtenir le pouvoir – qui ne pourrait alors qu’entraîner la naissance d’une dictature communiste (fig. 7).
41Finalement, le dégel de la situation aux usines LIP de Besançon survient avec la signature des accords de Dôle le 29 janvier 1974353. Le mérite revient cette fois à Michel Rocard et les CDR en ont parfaitement conscience. Ils nourrissent la crainte de voir le succès de « l’expérience LIP » redonner un second souffle aux « milices ouvrières » trotskistes, et la création d’une police municipale à Marseille par son maire socialiste Gaston Defferre semble à leurs yeux être la preuve d’une nouvelle impulsion marxiste354. La poursuite des conflits sociaux comme à Reateau et dans les banques est également perçue comme le projet d’« un second LIP » que porterait désormais la CGT355. Toutefois, il faut nuancer cette peur de l’autogestion : les CDR ne l’évoquent qu’occasionnellement et, une fois la présidentielle de 1974 passée, ils ne s’en soucient guère plus. Le maintien de ce discours hostile à LIP et l’autogestion jusqu’à la mort du président Pompidou s’explique peut-être davantage par le souci de diaboliser le phénomène que par une crainte que ressentiraient profondément les adhérents.
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42Convaincus d’un complot (inter)national visant à renverser la Ve République pour instaurer une dictature communiste en France, les CDR se sont sentis investis de la mission de sauver puis de préserver les institutions en place pour mettre un terme à la « subversion marxiste ». Ce discours de haine à l’endroit des organisations de gauche et d’extrême gauche (qu’ils confondent volontiers) n’est pas qu’une simple expression de leurs peurs ; il s’agit aussi d’une rhétorique politique visant à discriminer, voire diaboliser, leurs adversaires. Très important (et visible) dans les organisations gaullistes, le « tournant conservateur » de 1973 n’est pas si flagrant parmi les CDR. Leur idéologie est déjà empreinte d’un profond conservatisme, que les élections législatives de 1973 et leurs conséquences ne vont finalement qu’accroître. Il existe toutefois une sensibilité sociale que portent nombre de militants – à commencer par les cadets – qui peut sembler contradictoire au premier abord, mais qui s’explique en réalité par une originalité qui distingue le mouvement des autres organisations du gaullisme d’ordre, à savoir que les militants CDR sont majoritairement des gaullistes conservateurs attachés au chabanisme (courant ancré dans le gaullisme social).
Notes de bas de page
1De nombreuses lettres sont envoyées aux quatre coins du pays par Pierre Lefranc pour collecter ces informations via le questionnaire. ANF, 569AP/263, lettres de Pierre Lefranc envoyées en juillet et août 1968.
2Archives privées, René Marbot, questionnaire remplie par René Marbot le 8 juillet 1968.
3Debré Michel, Trois Républiques pour une France, t. IV : Gouverner autrement, 1962-1970, Paris, Albin Michel, 1993, p. 204-206 et 218-219.
4Beauregard Joseph et Lebourg Nicolas, François Duprat. L’homme qui inventa le Front national, op. cit., p. 97.
5Nombre de gaullistes semblaient y croire en 1968 : le général de Gaulle, Georges Pompidou, Christian Fouchet, Alain Peyrefitte, Roger Frey, etc.
6Peyrefitte Alain, C’était de Gaulle, t. III, op. cit., p. 520.
7Grimaud Maurice, En mai fais ce qu’il te plaît, Paris, Stock, 1977, p. 103-104.
8Beauregard Joseph et Lebourg Nicolas, François Duprat. L’homme qui inventa le Front national, op. cit., p. 97.
9Marcellin Raymond, L’Ordre public et les groupes révolutionnaires, Paris, Plon, coll. « Tribune libre », 1969, p. 40-52.
10De multiples rapports sont conservés aux Archives nationales de France ainsi que dans les diverses archives départementales – les GIP réalisant des études départementales, régionales puis nationales (synthèses).
11Consulter par exemple les minutes des Renseignements généraux de juin 1968 conservées aux Archives départementales de Gironde (5324W132), note d’information des Renseignements généraux no 55, le 7 juin 1968.
12Le cargo cubain Bahia a fait débarquer trois marins à Bordeaux puis deux autres à Londres et un dernier à Madrid, ce qui est perçu comme le dépôt de potentiels agitateurs professionnels. Le paquebot bulgare Varna transporte 229 Européens (RFA, Suisse, Autriche) qui pourraient être des agents soviétiques. Le cargo soviétique Repino est passé régulièrement à Bordeaux (août 1965, mai 1967, février puis juin 1968), ce qui lui aurait permis de transmettre des éléments susceptibles de nourrir des agitations marxistes, etc.
13Bantigny Ludivine, « Le temps politisé. Quelques enjeux politiques de la conscience historique en Mai-Juin 68 », Vingtième Siècle, no 117, 2013/1, p. 218.
14Vigreux Jean et Ranc Emmanuel, « La direction et les députés du PCF à l’épreuve de mai-juin 68 », Parlement[s], no 9, 2008, p. 80-95.
15Debré Michel, Trois Républiques pour une France, t. IV, op. cit., p. 220.
16ANF, 569AP/158, note confidentielle sur l’action des CDR le 14 octobre 1969.
17Gascon Roger, La nuit du pouvoir ou le 24 mai manqué, Paris, Nouvelles Éditions Debresse, coll. « Révolte », no 2, 1968, p. 80.
18Son fils Laurent Mucchielli possède une carte d’adhérent à la SFIO de son père. La date exacte de sa rupture avec le socialisme reste inconnue.
19Mucchielli Roger, La Subversion, Paris, Bordas, nouv. éd., coll. « Bordas connaissance », série « Information », 1972, p. 30 ; Rougeot Jacques, La Contre-offensive. Contre la menace totalitaire, les armes de la civilisation, Paris, Éditions Albatros, 1975, p. 31.
20Action civique, no 9, mars 1970, p. 3.
21Favre Didier, Ni rouges ni jaunes. De la CGSI à la CSL, l’expérience du syndicalisme indépendant, op. cit., p. 168.
22Supplément no 4 à L’Indépendance syndicale no 8, octobre 1970.
23Indépendance syndicale hebdo, supplément no 23 à l’Indépendance syndicale no 24, juin 1973.
24Hebdo Indépendance syndicale, supplément no 17 à l’Indépendance syndicale no 20, mars 1973.
25Témoignage de Bernard de Gaulle, le 23 novembre 2018.
26Archives départementales de Meurthe-et-Moselle (AD54), W1296/21, lettre d’Yves Lancien au préfet de Meurthe-et-Moselle Maurice Lambert, le 9 octobre 1970.
27Dernières nouvelles d’Alsace, 2 juin 1970.
28ANF, 569AP/160, lettre d’Yves Lancien aux adhérents de Citoyen, le 27 mars 1970.
29AD29, 1347W11, rapport des Renseignements généraux au préfet du Finistère no 303/277, le 22 mars 1969, et rapport des Renseignements généraux au préfet du Finistère no 303/940, le 12 décembre 1973.
30AD68, 2119W2, rapport du commissaire principal des Renseignements généraux du Haut-Rhin au commissaire divisionnaire du SRRG de Metz no 4936/68, le 13 août 1968.
31AD46, 1679W55, rapport des RG de Cahors au préfet du Lot no 107, le 14 avril 1970.
32Cochet François et Dard Olivier (dir.), Subversion, anti-subversion, contre-subversion, Paris, Riveneuve, coll. « Actes académiques », 2009.
33Rigouste Mathieu, L’ennemi intérieur. La généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine, Paris, La Découverte, coll. « Poche », 2011, p. 156.
34AD14, 68J514, affiche « Budapest, Prague, Gdansk, Léningrad… le voilà donc ce fameux paradis communiste ! », février 1971.
35Citoyen, no 43, mars 1973, p. 4.
36AD14, 68J514, papillon « 18 juin 1940-18 juin 1968 ».
37ANF, 99AS5, tract des CDR du Vaucluse, août 1971.
38Archives privées, Ernest Cartigny, brochure « La crise actuelle, comment la comprendre », 24 mai 1968, 8 p.
39ANF, 569AP/158, tract « Encore une grève de service public », novembre 1969.
40ANF, 569AP/158, circulaire confidentielle no 80, le 28 novembre 1969.
41Par exemple, Yves Lancien rétorque au vice-président de l’UNEF sur Europe no 1 que les CDR sont les défenseurs des libertés car ils ont su mobiliser les citoyens le 30 mai 1968 puis le 26 novembre 1969 (ANF, 569AP/159, texte du débat sur les événements de Nanterre entre Yves Lancien et Pascal Dorival sur Europe no 1, le 4 mars 1970, p. 3). En 1973, Jean-Marie Vissouze met en première page du prospectus de présentation des CDR la manifestation du 30 mai 1968 et l’arrêt des grèves de l’automne 1969 (ANF, 569AP/159, prospectus « Les CDR en trois mots : hier – aujourd’hui – demain », le 8 octobre 1973). Dans un communiqué, le comité national des CDR dénonce les menaces de grèves générales émises par Georges Séguy et rappelle qu’il lui barrera la route comme en novembre 1969 (ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 29, le 7 septembre 1973).
42Citoyen, no 12, janvier 1970, p. 5 ; Citoyen, no 18, août-septembre 1970, p. 5.
43Les radicaux de gauche ne sont jamais mentionnés dans les sources et n’apparaissent que sur un photomontage de propagande, ce qui montre le désintérêt profond que leur portent les CDR.
44Citoyen, no 34, avril 1972, p. 6, et Citoyen, no 42, février 1973, p. 5.
45Archives privées, Ernest Cartigny, tract « Une colonie marxiste ! », 1973.
46Berstein Serge, « Consensus politique et violences civiles dans la France du xxe siècle », Vingtième Siècle, no 69, 2001/1, p. 51-60.
47Richard Gilles, « Les élections législatives de mars 1973 : victoire à la Pyrrhus des gaullistes et renforcement de la bipolarisation politique », in Gilles Richard et Jacqueline Sainclivier (dir.), Les partis à l’épreuve de 68 : l’émergence de nouveaux clivages, 1971-1974, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2012, p. 185.
48Berstein Serge, Histoire du gaullisme, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2002, p. 387.
49Archives privées, Ernest Cartigny, tracts « Au bon Marchais » et « La Java des Vampires », 1973.
50Citoyen, no 48, octobre 1973, p. 6.
51La Marseillaise, 26 novembre 1973.
52ANF, 569AP/159, directive d’orientation 1973/1974 confidentielle le 8 octobre 1973, p. 2.
53ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 3, le 13 février 1974.
54AD14, 68J514, circulaire confidentielle no 80, le 28 novembre 1969.
55« L’opinion méprisée », Citoyen, no 49, novembre 1973, p. 3.
56Lachaise Bernard, « Mobilizing the Silent Majority in France in the 1970s », art. cité, p. 105.
57Tous les anciens militants CDR et de nombreux textes consultables aux Archives nationales de France (569AP/157-160) le démontrent.
58ANF, 569AP/158, lettre de Pierre Lefranc au ministre Maurice Herzog le 6 mars 1969 ; ANF, 569AP/159, texte du débat sur les événements de Nanterre entre Yves Lancien et Pascal Dorival sur Europe no 1, le 4 mars 1970, p. 3 ; Le Monde, 3 avril 1970, p. 6.
59Témoignage de Didier Bierjon recueilli le 10 avril 2020.
60L’existence de l’affiche est évoquée mais elle n’a pas été retrouvée. ANF, 569AP/159, circulaire no 19, le 7 décembre 1973, et directive d’orientation 1973/1974 confidentielle, le 8 octobre 1973, p. 7.
61Bourdieu Pierre, « L’opinion publique n’existe pas », Les Temps modernes, no 318, janvier 1973, p. 1292-1309.
62ANF, 569AP/159, lettre d’Yves Lancien aux délégués CDR, le 19 avril 1974.
63ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 2, le 5 février 1974.
64« M. Pompidou dans le Cantal », JT de 20 h sur l’ORTF, 16 mai 1970, [https://www.ina.fr/video/CAF94060535].
65Archives privées, René Marbot, rapport « Arguments et propositions en faveur d’une revalorisation indiciaire des traitements des commissaires de police. Dispositions à insérer dans le texte de la loi de finances 1970 » de René Marbot, septembre 1970, 11 p.
66Archives privées, René Marbot, lettres de René Marbot envoyées aux députés de l’Essonne et des Yvelines, le 7 novembre 1969.
67Archives privées, René Marbot, lettre de Jean-Paul Palewski à René Marbot, le 20 novembre 1969, et lettre de Maurice Fraudeau à René Marbot, le 24 novembre 1969.
68Citoyen, no 20, décembre 1970, p. 6.
69Citoyen, no 17, juin-juillet 1970, p. 6.
70ANF, 569AP/159, texte du débat sur les événements de Nanterre entre Yves Lancien et Pascal Dorival sur Europe no 1, le 4 mars 1970, 16 p.
71AD14, 68J548, lettre de Pierre Chaunu à Olivier Guichard, le 9 décembre 1970.
72ANF, 569AP/159, communiqué des CDR-Jeunes no 23, le 22 juin 1973, communiqué des CDR no 24, le 22 juin 1973, et communiqué des CDR no 25, le 26 juin 1973.
73Archives privées, René Marbot, procès-verbal confidentiel du comité national des CDR, le 3 mai 1971.
74Article « Droits et devoirs » de Jean-Marie Vissouze, Citoyen, no 24, avril 1971, p. 1.
75Témoignage de René Marbot, le 12 février 2020.
76ANF, 569AP/159, note à l’attention de Mesdames et Messieurs les congressistes le 10 mai 1971.
77Citoyen, no 25, mai 1971.
78Citoyen, no 26, juin-juillet 1971.
79Vissouze Jean-Marie, Droits et devoirs de la société moderne. Évolution et conciliation des notions de droits et de devoirs de l’homme et du citoyen, Paris, Citoyen Éditions, 1971, 95 p.
80ANF, 569AP/159, tract de René Faneau aux habitants du 19e arrondissement de Paris, le 9 août 1972.
81Le Goff Jean-Pierre, Mai 68, l’héritage impossible, Paris, La Découverte, coll. « Cahiers libres », 1998, p. 158.
82Citoyen, no 17, juin-juillet 1970, p. 8.
83Citoyen, no 15, avril 1970, p. 6.
84Audigier François, « Des gaullistes engagés contre la “subversion marxiste”, le cas des Comités pour la défense de la République (CDR) en mai-juin 1968 », in François Cochet et Olivier Dard (dir.), Subversion, anti-subversion, contre-subversion, op. cit., p. 92.
85Campion-Vincent Véronique, La Société parano. Théories du complot, menaces et incertitudes, Paris, Payot, coll. « Essais », 2005.
86ANF, 569AP/158, « Moyens d’action à envisager », annexe à la circulaire no 43 du 14 avril 1969.
87ANF, 569AP/159, lettres d’Yves Lancien à plusieurs responsables CDR, le 3 mars 1972.
88Archives privées, René Marbot, circulaire d’information CDR, non datée (visiblement à l’automne 1969), p. 4.
89ANF, 569AP/158, lettre de Madame Muller à Pierre Lefranc, le 4 juillet 1968.
90Colon David, Propagande. La manipulation de masse dans le monde contemporain, Paris, Belin, coll. « Histoire », 2019, p. 310.
91Ibid., p. 315.
92Benoist Alain de, « Psychologie de la théorie du complot », Politica Hermetica, no 6, 1992, p. 14-15.
93Beneton Philippe et Touchard Jean, « Les interprétations de la crise de Mai-Juin 1968 », Revue française de science politique, no 20/3, juin 1970, p. 504-506.
94Edelman Murray, Politics as Symbolic Action, Mass Arousal and Quiescence, Chicago, Markham, 1971, p. 53.
95Edelman Murray, The Symbolic Uses of Politics, Urbana, University of Illinois Press, 1964, p. 31.
96Fondation Charles de Gaulle, Charles de Gaulle et la jeunesse, Plon, coll. « Espoir », Paris, 2005, p. 349-351.
97Témoignages d’André Fanton le 6 novembre 2018, et de Jean-Luc André le 19 novembre 2018.
98Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, t. II, op. cit., p. 309.
99AD14, 68J514, note sur la crise de mai-juin 1968 à Caen (jointe à une lettre de Pierre Chaunu adressée à Georges Pompidou le 17 juillet 1968).
100ANF, 569AP/159, Bulletin du CDR du 18e arrondissement de Paris, no 3, juin 1973.
101Citoyen, no 23, mars 1971.
102Citoyen, no 9, octobre 1969, p. 1.
103Citoyen, no 12, janvier 1970, p. 6.
104ANF, 569AP/159, circulaire le 13 novembre 1973.
105Citoyen, no 6, mai 1969, p. 1 et 3.
106Citoyen, no 12, janvier 1970, p. 1.
107AD31, 5769W43, rapport de la SRRG de Toulouse au préfet no 368, le 20 mars 1973.
108AD14, 68J514, circulaire no 5 d’Yves Lancien, le 23 février 1971 ; AD93, 1801W161, tract « De quel côté est donc la violence ? » édité par le Comité d’action civique (CDR) ; ANF, 569AP/158, communiqué des CDR le 8 janvier 1969.
109ANF, 569AP/159, texte du débat sur les événements de Nanterre entre Yves Lancien et Pascal Dorival sur Europe no 1, le 4 mars 1970, p. 8.
110Nous respectons la casse des caractères. Archives départementales du Vaucluse (AD84), 1396W35, rapport des Renseignements généraux au préfet du Vaucluse no 211, le 24 février 1972 ; ANF, 569AP/159, communiqué des CDR-Jeunes no 23, le 22 juin 1973 ; Le Monde, 10 janvier 1969, p. 7.
111Braud Philippe, Violences politiques, Paris, Seuil, coll. « Points Essais », 2004, p. 199.
112C’est le cas avec la production de plusieurs affiches dénonçant les activités liberticides des démocraties populaires et le projet communiste d’instaurer en France une dictature soviétique. AD14, 68J514, note d’information no 1, le 28 janvier 1971.
113AD14, 68J514, communiqué du CDR de Caen, non daté (visiblement fin août 1968).
114ANF, 569AP/158, communiqué des CDR, le 11 mai 1969.
115ANF, 569AP/159, lettre de René Faneau aux adhérentes et adhérents CDR du 19e arrondissement de Paris, le 9 octobre 1972.
116ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 35, le 27 novembre 1973. Voir aussi dans la même cote le communiqué des CDR no 30, le 8 octobre 1973.
117Conesa Pierre, « La fabrication de l’ennemi. Réflexions sur un processus stratégique », Revue internationale et stratégique, no 76, 2009/4, p. 35.
118AD14, 68J514, communiqué du CDR du Calvados – section Éducation nationale, le 13 septembre 1968.
119Citoyen, no 1, novembre 1968, p. 2.
120Citoyen, no 2, décembre 1968, p. 5.
121Archives privées, René Marbot, canevas d’une réunion sur « La jeunesse » réalisé par René Marbot, fin 1968, p. 3.
122Archives privées, René Marbot, rapport de la commission « Jeunesse et sports », le 30 mai 1970, p. 1.
123ANF, 569AP/159, procès-verbal confidentiel du comité national des CDR, le 3 mai 1971, p. 2.
124AD14, 68J514, communiqué du comité directeur du Syndicat autonome des facultés des lettres, 5 janvier 1969.
125AD14, 68J514, communiqué du CDR de Caen, non daté (visiblement fin août 1968).
126AD14, 68J514, motion « Jeunesse et sports », le 30 mai 1970.
127Dans le document cité, la figure de proue de la Ligue communiste est bien qualifiée d’intellectuelle. Archives départementales de l’Isère (AD38), 7825W35, tract CDR « DEPUIS MAI 68, ÇA N’A PAS VRAIMENT CHANGÉ », 1972. Sur le marxisme de Maurice Clavel, se reporter au bulletin Citoyen no 31 de janvier 1972, p. 6.
128Kail Michel, Wolin Richard, « Le moment maoïste parfait de Sartre », L’Homme & la Société, no 187-188, 2013/1-2, p. 253-290 ; ANF, 19910607/52, dossier Les amis de La Cause du peuple.
129Vimont Jean-Claude, « Les emprisonnements des maoïstes et la détention politique en France (1970-1971) », Criminocorpus, [http://journals.openedition.org/criminocorpus/3044], consulté le 18 juin 2020.
130Ancien du RPF, il fonde avec Sartre l’Agence de presse Libération en 1971, qui devient ensuite Libération en 1973 (Guillot Rémi, « Les réseaux d’information maoïstes et l’affaire de Bruay-en-Artois », Les Cahiers du journalisme, no 17, 2007, p. 218) et s’est rendu célèbre en accusant l’ORTF et le régime pompidolien de le censurer (Nouvel Observateur, 28 décembre 1971).
131L’essor du Limousin, 13 janvier 1969.
132Lachaise Bernard, « Mobilizing the Silent Majority in France in the 1970s », art. cité, p. 111.
133Le Monde, 21 juin 1968.
134Lefranc Pierre, Avec qui vous savez. Vingt-cinq ans aux côtés de de Gaulle, Plon, Paris, 1979, p. 281.
13568J514, carton d’invitation de Thierry Maulnier à Pierre Chaunu (novembre 1969) et programme de la journée.
136AD14, 68J514, « Compte rendu des activités de la commission et du bureau du CDR du Calvados – section “Éducation nationale” depuis le 11 septembre 1968 » rédigé le 28 octobre 1968 ; ANF, 569AP/263, lettre de Pierre Lefranc au Pr G. Matoré le 1er août 1968, et lettre de Pierre Lefranc à Monsieur Y. Aubineau le 11 octobre 1968.
137AD14, 68J514, « Compte rendu de la réunion constitutive de la section “Éducation nationale” du CDR le 25 juillet 1968 à 16 h », texte remis aux journalistes lors de la présentation à la presse du bureau de la section Éducation nationale du CDR du Calvados le 19 septembre 1968, et texte remis aux journalistes lors de la conférence de presse du 29 octobre 1968.
138ANF, 569AP/158, lettre de Madame Eloy le 18 juillet 1968, et rapport sur la journée de l’Éducation nationale le 21 septembre 1968, 5 p.
139Archives privées, René Marbot, circulaire d’information CDR, non datée (visiblement automne 1969), p. 9.
140ANF, 569AP/157, brouillon d’Yves Lancien, le 16 décembre 1968.
141Ibid.
142AD14, 68J548, lettre de Jean-Philippe Lecat à Pierre Chaunu, le 30 octobre 1970.
143Poilblan Pierre, Le Cas du CDR du Calvados, op. cit., p. 77-85.
144AD14, 68J514, lettre du bureau des CDR du Calvados – section Éducation nationale à ses membres, le 21 novembre 1968.
145Geay Bertrand, Le Syndicalisme enseignant, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2005, 128 p.
146AD14, 68J514, « Compte rendu des activités de la commission et du bureau du CDR du Calvados – section “Éducation nationale” depuis le 11 septembre 1968 » rédigé le 28 octobre 1968.
147AD14, 68J514, procès-verbal de la réunion du 5 octobre 1968.
148AD14, 68J514, bulletin d’adhésion du Comité de défense de la République du Calvados – section Éducation nationale, novembre 1968, et communiqué de création d’un Comité de défense de la République – section Éducation nationale, le 25 juillet 1968.
149ANF, 569AP/158, note de Pierre Lefranc à l’attention du général de Gaulle, le 30 septembre 1968, p. 2.
150ANF, 569AP/158, communiqué du Comité de liaison pour la neutralité et la réforme de l’enseignement, le 21 septembre 1968.
151AD14 68J514, lettre de M. Piloy à Pierre Chaunu, le 2 octobre 1968.
152AD14, 68J514, lettre du bureau des CDR du Calvados – section Éducation nationale à ses membres le 12 octobre 1968 ; ANF, 569AP/158, liste des groupements ayant adhéré au Comité de liaison pour la neutralité et la réforme de l’enseignement, le 21 septembre 1968.
153AD14, 68J514, « Projet d’ordre du jour de l’assemblée générale du 11/9/1968 » réalisé par Pierre Chaunu.
154ANF, 569AP/158, note sur le Comité de l’enseignement public de Pierre Lefranc, août 1969.
155ANF, 569AP/158, note sur le Comité de l’enseignement public de Pierre Lefranc, août 1969 ; AD14, 68J514, note d’information confidentielle sur le Comité de l’enseignement public (CEP), non datée (vers octobre 1969), et lettre de Georges Molinié à Pierre Chaunu, le 27 avril 1970.
156AD14, 68J514, lettre de Georges Molinié aux membres du Comité de l’enseignement public, le 22 juin 1970.
157AD14, 68J514, lettre de Georges Molinié à Pierre Chaunu, le 14 décembre 1970.
158AD14, 68J514, lettre d’Yves Lancien aux délégués CDR, le 14 décembre 1970.
159ANF, 569AP/263, lettre de Pierre Lefranc à Me Roland Vigny, le 6 septembre 1968.
160ANF, 569AP/158, lettre d’Yves Lancien aux délégués CDR, le 2 mai 1969.
161AD14, 68J514, fiche d’inscription au CDR de Caen – section Éducation nationale, novembre 1968.
162AD14, 68J514, communiqué du CDR du Calvados – section Éducation nationale, non daté (août 1968).
163AD14, 68J514, communiqué du CDR du Calvados – section Éducation nationale, le 13 septembre 1968.
164Citoyen, no 3, janvier 1969, p. 4.
165Citoyen, no 4, mars 1969, p. 3-4.
166Audigier François, « Les comités de défense de la République (CDR) et l’Éducation en 1968-1969. Entre combat contre la subversion marxiste et volonté réformiste », Histoire@Politique. Politique, culture, société, no 37, janvier-avril 2019, p. 3, [https://www.histoirepolitique], consulté le 18 avril 2019 ; Buton Philippe, Histoire du gauchisme. L’héritage de Mai 68, Paris, Perrin, 2021, p. 17.
167Archives privées, René Marbot, circulaire non datée (visiblement fin 1968).
168Citoyen, no 4, février 1969, p. 2.
169AD14, 68J514, « Compte rendu des activités de la commission et du bureau du CDR du Calvados – section “Éducation nationale” depuis le 11 septembre 1968 », rédigé le 28 octobre 1968 ; AD35, 508W46, rapport des Renseignements généraux au préfet d’Ille-et-Vilaine no 437, le 11 mai 1970.
170ANF, 569AP/159, texte du débat sur les événements de Nanterre entre Yves Lancien et Pascal Dorival sur Europe no 1, le 4 mars 1970, p. 7.
171Citoyen, no 3, janvier 1969.
172Citoyen, no 9, octobre 1969, p. 5.
173ANF, 569AP/158, « Moyens d’action à envisager », annexe à la circulaire no 43 du 14 avril 1969 ; ANF, 569AP/159, texte du débat sur les événements de Nanterre entre Yves Lancien et Pascal Dorival sur Europe no 1, le 4 mars 1970, p. 3.
174« Tribune des jeunes », Citoyen, no 20, décembre 1970, p. 3.
175Citoyen, no 17, juin-juillet 1970, p. 8.
176Archives privées, René Marbot, circulaire CDR du 29 octobre 1968.
177Citoyen, no 9, octobre 1969, p. 5-6 ; AD14, 68J492, fascicule « Le vrai visage du “mouvement” étudiant : les affaires de Nanterre », 8 juin 1968 ; AD14, 68J514, communiqué le 4 mars 1970, et note sur la crise de mai-juin 1968 à Caen (jointe à une lettre de Pierre Chaunu adressée à Georges Pompidou le 17 juillet 1968) ; AD35, 1158W102, tract PCF « Le serpent de la pagaille, c’est de Gaulle » (joint au rapport des RG au préfet no 389, le 18 avril 1969) ; ANF, 569AP/158, fiche sur l’opération de soutien en vue des élections universitaires, le 26 août 1969, et communiqué des CDR, le 15 octobre 1969.
178AD14, 68J514, lettre ouverte de Guy Fourquin au ministre Billecocq, le 2 février 1970.
179Dans l’article, le ministre de l’Éducation nationale considère que les facs en déperdition sont celles tenues par les gauchistes et celles où les gauchistes ont été chassés (violemment) par de puissants SO du PCF. L’Humanité du 8 novembre 1969 parle d’affabulation, mais si l’on se fie à Guichard, l’université de Vincennes serait un exemple flagrant de ce processus de transition entre le « gauchisme » et le communisme universitaire. Le Figaro, 10 novembre 1969. Yves Lancien accuse le journal d’avoir plagié une partie de l’article qu’il leur avait soumis (et qu’ils ont refusé de publier) mais se dit malgré tout satisfait du résultat – le journal attaque ouvertement Cornec et le PCF (AD14, 68J514, circulaire no 74, le 13 novembre 1969).
180Citoyen, no 4, mars 1969, p. 2 et 5.
181AD14, 68J514, lettres de Pierre Chaunu au recteur Yves Martin, le 19 décembre 1968 et le 1er janvier 1969.
182AD14, 68J514, rapport « La mort de l’université française : histoire d’une capitulation » réalisé par Pierre Chaunu, septembre 1968.
183« Conclusion : Les victoires de la Sociologie sont la mort de l’Université française. Cette maladie mortelle dont la subversion, l’anarchie et la perte du sens moral sont les causes ne connaît qu’un remède : L’AUTORITÉ. Le temps presse… ». Ibid.
184ANF, 569AP/158, fiche de renseignements sur Alain André Henry Gondouin, juillet 1968.
185AD14, 68J514, compte rendu confidentiel des CDR-Jeunes des journées nationales des 8 et 9 novembre 1969 à tous les adhérents du Mouvement, le 20 novembre 1969.
186Citoyen, no 5, avril 1969, p. 3.
187ANF, 569AP/159, communiqué des Comités pour la défense de la République, le 17 février 1971.
188ANF, 569AP/159, additif à la circulaire no 5, le 24 février 1971.
189« Leur goût martial pour ces casques et ces matraques dont ils aiment à se parer trahit d’ailleurs fort bien le refoulement de certains jeunes gens frustrés de services militaires par un favoritisme dont ils ne sont pas dignes ». Citoyen, no 4, mars 1969, p. 6.
190Le Monde, 20 mars 1973 et 7 avril 1973.
191ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 13, le 21 mars 1973.
192ANF, 569AP/159, « Simples remarques sur les manifestations organisées à l’occasion de la loi sur les sursis » par A. Zolla, le 20 juin 1973.
193ANF, 569AP/159, communiqué du comité national des CDR, le 6 octobre 1970.
194ANF, 569AP/158, note circulaire confidentielle no 28, le 23 décembre 1968.
195ANF, 569AP/315, lettre de Jeanne Robichez à Pierre Lefranc, octobre 1968.
196À chaque fois, Jean Tibéri est attaqué lors du conseil d’administration de l’établissement. Le Monde, 21, 23, 25 et 26 avril 1969.
197Contrairement à Tibéri, l’agression de Boscher est contestée. Le Monde, 12-13 avril 1969 et le 14 avril 1969.
198ANF, 569AP/315, lettre de Pierre Lefranc à Jeanne Robichez, le 28 novembre 1968.
199Citoyen, no 17, juin-juillet 1970, p. 8.
200ANF, 569AP/158, lettre ouverte d’Yves Lancien pour les CDR au ministre de l’Éducation nationale Olivier Guichard, le 25 novembre 1969 ; AD14, 68J514, lettre de Pierre Chaunu à Olivier Guichard, le 9 décembre 1970.
201Citoyen, no 5, avril 1969, p. 4.
202Citoyen, no 2, décembre 1968, p. 5.
203Ouest-France, 14 mars 1971.
204Citoyen, no 19, août-septembre 1970, p. 6.
205Citoyen, no 24, avril 1971, p. 2.
206Lachaise Bernard, « Les députés gaullistes et les “lois de l’amour” », Parlement[s], 2009/3, no 5, hors-série, p. 34-49.
207Ibid., p. 48-49.
208Témoignage de Jean-Pierre Antoni, le 31 janvier 2020.
209Ibid.
210Citoyen, no 4, mars 1969, p. 4.
211ANF, 569AP/158, communiqué du Comité national pour la défense de la République, le 20 février 1969.
212Le Bien Public, 11 mars 1970 ; Le Monde, 7 avril 1970 ; ANF, 569AP/158, communiqué du Comité de liaison pour la neutralité et la réforme de l’enseignement, le 21 septembre 1968, communiqué du comité national des CDR, le 19 mars 1969, et communiqué des CDR, le 15 octobre 1969 ; ANF, 569AP/159, directive d’orientation 1973/1974 confidentielle, le 8 octobre 1973, p. 6.
213ANF, 569AP/159, directive d’orientation 1973/1974 confidentielle, le 8 octobre 1973, p. 7.
214Plusieurs tracts datés de 1968-1969 d’associations de parents d’élèves ainsi que des communiqués le prouvent. Voir aussi ANF, 569AP/157, brouillon d’Yves Lancien, le 24 décembre 1968.
215Archives privées, René Marbot, questionnaire rempli par René Marbot le 8 juillet 1968, p. 2, et communiqué des responsables du bureau de l’association des parents d’élèves des lycées de Saint-Germain, 1968.
216AD14, 68J514, note d’information confidentielle sur le Comité de l’enseignement public (CEP), non datée (vers octobre 1969).
217Un chiffre totalement surréaliste et très exagéré. ANF, 569AP/158, note sur le Comité de l’enseignement public de Pierre Lefranc, août 1969.
218AD14, 68J514, lettre de Pierre Poilblan aux adhérents du CDR du Calvados, le 14 octobre 1968.
219AD14, 68J514, « Compte rendu des activités de la commission et du bureau du CDR du Calvados – section “Éducation nationale” depuis le 11 septembre 1968 » rédigé le 28 octobre 1968.
220AD14, 68J514, communiqué du CDR du Calvados – section Éducation nationale, non daté (vers août 1968).
221AD14, 68J514, convocation de l’association des parents d’élèves des lycées de Caen, le 22 novembre 1968.
222AD14, 68J514, circulaire no 98, le 31 mai 1970.
223Citoyen, no 9, octobre 1969, p. 2.
224AD14, 68J514, « Compte rendu de la réunion constitutive de la section ‘‘Éducation nationale’’ du CDR le 25 juillet 1968 à 16 h », p. 4.
225« Le masque Cornec », Citoyen, no 10, novembre 1970, p. 5.
226ANF, 569AP/158, communiqué des CDR, le 15 octobre 1969.
227Citoyen, no 15, avril 1970, p. 5 ; Le Monde, 8 avril 1970 ; ANF, 569AP/159, communiqué des CDR le 6 avril 1970.
228ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 15, le 30 mars 1973.
229ANF, 569AP/158, circulaire no 74, le 13 novembre 1969.
230ANF, 569AP/159, lettre de Jacques Chaban-Delmas à Yves Lancien, le 19 mai 1970.
231Ouest-France, 28 janvier 1974 ; AD35 508W46, rapport des Renseignements généraux au préfet d’Ille-et-Vilaine no 37, le 28 janvier 1974.
232Bourdon Jérôme, Histoire de la télévision sous de Gaulle, Paris, Anthropos/INA, 1990, 359 p. ; Sablier Édouard, La Télé du Général par un gaulliste non alimentaire, Monaco, Éditions du Rocher, 2001, 259 p. ; Vassallo Aude, La Télévision sous de Gaulle. Le contrôle gouvernemental de l’information (1958-1969), Paris, De Boeck Supérieur, coll. « Médias-Recherches », 2005, 312 p.
233Martin Marc, « La grève de l’ORTF vue à travers la presse hebdomadaire locale », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 11-13, 1988, p. 232.
234Paroles rapportées dans Abadie Frédéric et Corcelette Jean-Pierre, Georges Pompidou, Paris, Nouveau Monde, coll. « Poche-Histoire », 2015, p. 281.
235Témoignage de Michel Anfrol, le 21 septembre 2018 ; ANF, 569AP/157, brouillon d’Yves Lancien, le 12 octobre 1968.
236Foccart Jacques, Journal de l’Élysée, t. II, op. cit., p. 121.
237ANF, 569AP/263, lettre de Pierre Lefranc à Jean Yanowski, le 10 septembre 1968.
238AD93, 1801W165, note « Le Comité de Défense de la République de la Seine-Saint-Denis », le 28 mars 1969.
239ANF, 569AP/158, « Projet de compte rendu de réunion de commission d’étude du CDR du 16e arrondissement de Paris », juillet 1968, p. 4.
240ANF, 569AP/157, brouillon d’Yves Lancien, le 29 janvier 1969.
241ANF, 569AP/158, procès-verbal de la réunion du comité national provisoire, le 16 décembre 1968, p. 3.
242Chaban-Delmas Jacques, Mémoires pour demain, Paris, Flammarion, 1997, p. 454.
243Poniatowski Michel, Cartes sur table, Paris, Fayard, coll. « En toute liberté », 1972, p. 111.
244ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 4, le 21 février 1974.
245Poniatowski Michel, Cartes sur table, op. cit., p. 112-113.
246ANF, 569AP/158, lettre de Louis Claude Lacam, président de l’Union des personnels de coopération, à Monsieur de Gourville, le 5 septembre 1969.
247Duclos Jacques, Mémoires, t. VI : Et la lutte continue… 1959-1969. Du début de la Ve République à la campagne présidentielle de 1969, Paris, Fayard, coll. « Les Grandes Études contemporaines », 1972, p. 10.
248AD14, 68J514, circulaire no 5 d’Yves Lancien, le 23 février 1971, et tract « L’ORTF : un gouffre à milliards », 1971.
249Sécail Claire, « La libéralisation de l’ORTF à l’épreuve du contrôle de l’information. Pratiques ordinaires et scandalisation pendant “l’expérience Desgraupes” (1969-1972) », Le Temps des médias, no 33, 2019/2, p. 167.
250Le Bien Public, 13 février 1971 ; Le Monde, 17 février 1971.
251Le Monde, 19 février 1971 ; ANF, 569AP/159, déclaration de Monsieur Yves Lancien, secrétaire général des Comités pour la défense de la République, le 17 février 1971.
252ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 38, le 14 novembre 1972.
253ANF, 569AP/159, procès-verbal de la réunion Paris-périphérie, le 23 octobre 1972.
254Pineau Guy, « “L’expérience Chaban-Desgraupes” : l’improbable libéralisation de l’information à l’ORTF (1969-1972) », Quaderni, no 65, hiver 2007-2008, p. 40.
255Archives privées, René Marbot, additif à la circulaire no 5, le 24 février 1971.
256Archives privées, René Marbot, procès-verbal confidentiel du comité national des CDR, le 8 mars 1971.
257ANF, 569AP/159, note de service « organisation du congrès national », le 20 avril 1971 ; témoignage de René Marbot, le 12 février 2020.
258ANF, 569AP/158, procès-verbal de la 2e réunion des délégués départementaux de la périphérie de Paris, le 16 décembre 1968, et procès-verbal de la réunion du comité national provisoire, le 16 décembre 1968, p. 3.
259Citoyen, no 26, juin-juillet 1971, p. 3.
260Sécail Claire, « La libéralisation de l’ORTF à l’épreuve du contrôle de l’information. Pratiques ordinaires et scandalisation pendant “l’expérience Desgraupes” (1969-1972) », art. cité, p. 4-5.
261Le Monde, 13 décembre 1973.
262Montaldo Jean, Dossier ORTF. Tous coupables (1944-1974), Paris, Albin Michel, 1974, p. 177.
263Tricaud Sabrina, Les Années Pompidou, Paris, Belin, coll. « Histoire », 2014, p. 164.
264Le Figaro, 27 mai 1972.
265ANF, 569AP/159, communiqué « Après un nouveau dimanche sans télévision. Le CDR de l’ORTF dénonce les imposteurs qui font la loi à l’Office », le 17 décembre 1973.
266ANF, 569AP/159, communiqué « Après un nouveau dimanche sans télévision. Le CDR de l’ORTF dénonce les imposteurs qui font la loi à l’Office », le 17 décembre 1973.
267ANF, 569AP/159, procès-verbal de la réunion Paris-périphérie, le 23 octobre 1972.
268ANF, 569AP/159, circulaire aux délégués CDR, le 19 octobre 1973.
269ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 32, le 17 octobre 1973.
270ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 28, le 6 septembre 1973, et circulaire aux délégués CDR, le 19 octobre 1973.
271ANF, 569AP/159, lettre d’Yves Lancien aux délégués CDR, le 23 octobre 1973.
272ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 32 l3, le 23 octobre 1973.
273Le Monde, 25 octobre 1973 ; Indépendance syndicale hebdo, supplément no 42 à l’Indépendance syndicale no 27, 26 octobre 1973 ; ANF, 569AP/159, lettre d’Yves Lancien aux délégués CDR, le 30 octobre 1973.
274ANF, 569AP/158, lettre de Louis Claude Lacam, président de l’Union des personnels de coopération, à Monsieur de Gourville, le 5 septembre 1969.
275ANF, 569AP/159, communiqué « Après un nouveau dimanche sans télévision. Le CDR de l’ORTF dénonce les imposteurs qui font la loi à l’Office », le 17 décembre 1973.
276ANF, 569AP/159, directive d’orientation 1973/1974 confidentielle, le 8 octobre 1973, p. 7.
277ANF, 569AP/159, déclaration d’Yves Lancien, secrétaire général des CDR, le 18 décembre 1973.
278ANF, 569AP/159, lettre très importante d’Yves Lancien aux délégués CDR, le 18 décembre 1973.
279ANF, 569AP/159, déclaration d’Yves Lancien, secrétaire général des CDR, le 21 janvier 1974.
280« Alerte : OPA sur l’ORTF », Citoyen, numéro spécial, décembre 1973, p. 2-3.
281Sécail Claire, « La libéralisation de l’ORTF à l’épreuve du contrôle de l’information. Pratiques ordinaires et scandalisation pendant “l’expérience Desgraupes” (1969-1972) », art. cité, p. 183.
282ANF, 569AP/159, déclaration d’Yves Lancien, secrétaire général des CDR, le 24 janvier 1974.
283ANF, 569AP/159, déclaration d’Yves Lancien, secrétaire général des CDR, le 13 mars 1974.
284ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 4, le 21 février 1974.
285Membre de la section CDR-ORTF, il fut le fondateur-directeur de France Inter dans les années 1960. Il devient en 1967 directeur de la radiodiffusion de l’ORTF. Il dirige à partir de 1971 la première chaîne de télévision jusqu’en 1981. Il finit comme producteur délégué et chroniqueur à France Inter. France Info, 22 décembre 2010 ; notice de personne – Roland Dhordain par la BNF, [https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb140572093.public].
286Ancien partisan gaulliste soupçonné d’avoir participé aux « complots » de mai 1958, il est coresponsable du mouvement national pour le progrès et la liberté (fondé par Soustelle en 1970) et adhérant de la CGC depuis 1972, [https://maitron.fr/spip.php?article5426].
287ANF, 569AP/159, circulaire no 8, le 14 février 1974.
288ANF, 569AP/159, circulaire no 10 importante et urgente, le 28 février 1974.
289Fiche « Pasteur Joseph », in Agnès Chauveau et Yannick Dehée (dir.), Dictionnaire de la télévision française, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2007, 832 p.
290« Les dossiers de l’écran », 1re chaîne de l’ORTF, 12 mars 1974, [https://www.ina.fr/video/I09336550/marceau-long-a-propos-des-reformes-de-l-ortf-video.html].
291Témoignages de Jean-Pierre Antoni le 31 janvier 2020, et de René Marbot le 12 février 2020.
292AD35, 508W46, note « Les comités de Défense de la République », le 16 décembre 1972.
293ANF, 569AP/158, rapport de Pierre Coulomb sur la section socioprofessionnelle « groupe Coulomb », le 4 juillet 1968, et lettre de Pierre Coulomb, chef de la section socioprofessionnelle « groupe Coulomb », le « 22 juillet 1968 ? ».
294Citoyen, no 1, novembre 1968, p. 1.
295Le Monde, 31 janvier 1970.
296Témoignages de Jacques Limouzy le 29 janvier 2020, et de Jean-Pierre Antoni le 31 janvier 2020.
297AD69, 4434W247, rapport des Renseignements généraux au préfet du Rhône no 1887, le 5 juillet 1968.
298ANF, 569AP/158, brouillon de René Marbot, le 29 octobre 1968.
299ANF, 81AS91, procès-verbal de la conférence nationale des délégués CDR, le 23 juin 1969.
300ANF, 569AP158, lettre de Pierre Lefranc aux délégués CDR, le 20 août 1968, p. 2.
301ANF, 569AP/158, note de Pierre Lefranc à l’attention du général de Gaulle, le 30 septembre 1968.
302« Nouvelles techniques de la CGT. Les grèves tournantes », Citoyen, no 9, octobre 1969.
303ANF, 569AP/159, note sur le syndicalisme indépendant, le 7 juin 1970.
304Le Monde, 20 novembre 1969.
305AD14, 68J514, circulaire no 78, le 24 novembre 1969.
306AD14, 68J514, communiqué, le 24 novembre 1969.
307AD35 508W46, tract « Grèves ! » du CDR d’Ille-et-Vilaine, le 22 novembre 1969.
308Le Monde, 28 novembre 1969 ; AD14, 68J514, circulaire no 78, le 24 novembre 1969.
309L’Humanité, 28 novembre 1969.
310Citoyen, no 11, décembre 1969.
311AD14, 68J514, circulaire confidentielle no 80, le 28 novembre 1969.
312Le Monde, 28 novembre 1969 ; Le Figaro, 28 novembre 1969 ; Le Nouvel Observateur, 1er décembre 1969 ; Le Canard enchaîné, 3 décembre 1969.
313Gaudy René, Les porteurs d’énergie, t. I, Paris, Le Temps des cerises, nouv. éd. revue et augmentée, 2006, p. 281.
314L’Humanité, 28 novembre 1969.
315Combat, 27 novembre 1969.
316Sommier Isabelle, La Violence politique et son deuil, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Res Publica », 1998, p. 33, 38-41 et 69.
317Fillieule Olivier et Sommier Isabelle (dir.), Marseille années 68, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2018, p. 288.
318AD14, 68J514, brouillon d’un communiqué du CDR du Calvaos, le 22 décembre 1970.
319ANF, 569AP/159, directive, le 5 février 1974.
320AD14, 68J514, brouillon no 2 daté du 28 novembre 1968.
321Foccart Jacques, Journal de l’Élysée, t II, op. cit., p. 697-698.
322ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 38, le 14 novembre 1972.
323ANF, 569AP/159, communiqué des CDR-Jeunes, le 12 mars 1973.
324ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 18, le 19 avril 1973.
325ANF, 569AP/159, directive d’orientation 1973/1974 confidentielle, le 8 octobre 1973, p. 7.
326ANF, 569AP/159, copie de la lettre de Pierre Lefranc à Jacques Chaban-Delmas, le 15 juin 1970.
327AD14, 68J514, circulaire no 78, le 18 novembre 1969.
328AD14, 68J514, circulaire no 83, le 30 décembre 1969.
329Citoyen, no 8, septembre 1969, p. 2.
330AD14, 68J514, motion « Syndicalisme », le 30 mai 1970 ; archives privées, René Marbot, rapport de la commission « Syndicalisme », le 30 mai 1970.
331Citoyen, no 17, juin-juillet 1970, p. 6.
332AD14, 68J514, motion « Syndicalisme », le 30 mai 1970.
333AD14, 68J514, circulaire no 98, le 31 mai 1970.
334Pozzi Jérôme, Les Mouvements gaullistes. Partis, associations et réseaux, 1958-1976, op. cit., p. 240.
335ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 7, le 26 mars 1974.
336ANF, 569AP/159, circulaire no 12, le 28 mars 1974.
337ANF, 569AP/159, tract « Merci d’avoir d’abord pensé aux usagers », le 28 mars 1974.
338Sur le chabanisme des militants CDR, se référer au chapitre x.
339Interview du président du CNPF François Ceyrac, journal télévisé de 20 h diffusé sur l’ORTF, 12 juillet 1973, [https://www.ina.fr/video/CAF96024922].
340Archives confédérales CFDT CH/8/560, lettre de Louis Martin, représentant de l’union locale CFDT de Besançon, au secteur d’action revendicative CFDT, le 13 juin 1973, [https://archives.memoires.cfdt.fr/Document-du-moment/p28/L-affaire-Lip-1973] (erreur en 2024).
341Hamon Hervé et Rotman Patrick, Génération, t. II : Les Années de poudre, Paris, Seuil, 1988, p. 490.
342Vigna Xavier, « Le mot de la lutte ? L’autogestion et les ouvrières de PIL à Cerizay en 1973 », in Frank Georgi (dir.), L’autogestion, la dernière utopie ?, Paris, Publications de la Sorbonne, 2003, p. 381-393.
343Interview de Pierre Messmer sur l’affaire LIP, journal télévisé de 13 h diffusé sur l’ORTF, 7 septembre 1973, [https://www.ina.fr/video/CAF96025047] ; interview de Georges Pompidou sur l’affaire LIP, diffusé sur Europe no 1, 27 septembre 1973, [https://www.ina.fr/video/I00014955].
344Hamon Hervé et Rotman Patrick, Génération, t. II, op. cit., p. 541-542.
345ANF, 569AP/159, lettre d’Yves Lancien aux délégués CDR, le 21 août 1973.
346ANF, 569AP/159, lettre ouverte d’Yves Lancien à Charles Piaget, le 3 septembre 1973.
347ANF, 569AP/159, lettre ouverte d’Yves Lancien à Monsieur Giraud, directeur de LIP, le 10 octobre 1973.
348Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, t. II, op. cit., p. 42.
349Propos rapportés d’une réunion des CDR d’Aquitaine qui s’est tenue le 5 octobre à Périgueux 1973. ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 30, le 8 octobre 1973.
350ANF, 569AP/159, directive d’orientation 1973/1974 confidentielle, le 8 octobre 1973, p. 4.
351Ibid., p. 6.
352ANF, 569AP/159, lettre d’Yves Lancien aux délégués CDR, le 30 octobre 1973.
353Evin Kathleen, Michel Rocard ou l’art du possible, Paris, Jean-Claude Simoën, 1979, p. 123.
354ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 5, le 28 février 1974.
355ANF, 569AP/159, communiqué des CDR no 7, le 26 mars 1974.
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