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    Plan détaillé Texte intégral La naissance des Comités de défense de la République Le discours et la manifestation du 30 mai 1968 Qui est à l’origine de la manifestation des Champs-Élysées ? Les manifestations (pro-)gaullistes en France : des répliques parfois émaillées de violence La participation des CDR aux élections législatives Notes de bas de page

    « L’armée des partisans » de la Ve République ?

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    Table des matières

    Chapitre I. Le sursaut militant gaulliste de mai-juin 1968

    p. 35-56

    Texte intégral La naissance des Comités de défense de la République Le discours et la manifestation du 30 mai 1968 Qui est à l’origine de la manifestation des Champs-Élysées ? Les manifestations (pro-)gaullistes en France : des répliques parfois émaillées de violence La participation des CDR aux élections législatives Le raz-de-marée gaulliste Le rôle des CDR en juin 1968 Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Le 30 mai 1968 marque un tournant dans les événements de 1968. La « disparition » du général de Gaulle à Baden-Baden la veille a provoqué un sentiment de panique inattendu auprès d’une frange de la population1. Le discours radiodiffusé du 30 mai est donc particulièrement attendu. Après tout, la situation semble obscure à ce moment-là : la proposition d’un référendum sur la Participation du 24 mai s’est soldée par un échec, le mouvement de grève exceptionnelle se poursuivant2 ; conçu le 27 mai, le projet de protocole d’accords de Grenelle ne permet pas une sortie de crise et les grèves sont reconduites par les salariés3.

    La naissance des Comités de défense de la République

    2C’est dans ce contexte agité de mai 1968 que naissent les Comités de défense de la République (CDR), mouvement emblématique du gaullisme d’ordre. Le parti gaulliste UD Ve (Union des démocrates pour la Ve République, nom adopté en 1967), ses alliés Républicains indépendants (RI) ainsi que le gouvernement et les élus semblent dépassés par la situation. Opposés à la dégradation de la situation politique en vigueur dans le pays, plusieurs cadres et militants gaullistes décident de préparer une « contre-offensive4 ». Leur apparition est avant tout due à une politique de réaction : réaction à un événement sidérant où le mouvement étudiant et lycéen ainsi que la grève générale la plus longue et massive de l’histoire sociale française paralysent le pays5. Les CDR veulent apporter une réponse pour tenter de conjurer un spectre qui hante la France en tant que démocratie libérale enchâssée dans la guerre froide6. Ils sont le produit de leur temps, porteurs d’une lecture de blocs : le monde est séparé en deux camps antagoniques qui se font face, à savoir le bloc de l’Est communiste et ses multiples métastases dans le monde occidental, et le bloc de l’Ouest étasunien avec ses alliés libéraux. L’objectif initial des CDR est donc clair : il faut ramener l’ordre en France et défendre les institutions7. Toutefois, il est difficile d’établir la datation exacte de la naissance du mouvement, les sources étant divergentes à ce sujet. Jacques Belle, officiellement chef de cabinet de Roger Frey mais dans les faits collaborateur de Robert Poujade, se souvient de la réalisation d’un tract, « Alerte8 ! », qui aurait été créé le 13 mai 1968 en même temps que les CDR, en réaction à la manifestation intersyndicale qui s’était déroulée le jour-même9. Membre du comité national, René Marbot date quant à lui la fondation du groupement au soir de la grande manifestation du 30 mai, l’acronyme « CDR » ne prenant consistance qu’à la suite du succès de la marche gaulliste10. Les papiers Lefranc indiquent le 14 mai comme date de création de l’organisation11. Cela signifierait que les CDR se seraient formés en opposition à l’ordre de grève générale formulé ce jour-là12. En réalité, la naissance officieuse des CDR remonte probablement au 11 mai 1968. Effectivement, lors de la nuit du 10 au 11 mai, la capitale connaît la première « nuit des barricades » où étudiants et membres des forces de l’ordre s’affrontent en pleine rue13. La majorité gaulliste est choquée par les dommages occasionnés (236 policiers blessés, 521 arrestations, 60 voitures incendiées). Certains cadres se réunissent alors et décident de fonder une nouvelle organisation visant à « rassembler un maximum de citoyens […] quelles que soient leurs opinions politiques14 ». L’organisation adopte le nom de « Comités de défense de la République » (nommé également « Comités pour la défense de la République ») en référence au sigle des comités de défense qui s’étaient constitués en réaction au putsch des généraux d’avril 196115. Jacques Belle en proposa le nom parce qu’il pensait que cela permettrait de faire comprendre à la population que son objectif était « de combattre activement l’anarchie ambiante16 ». Concernant sa direction, le ministre d’État chargé des relations avec le Parlement Roger Frey aurait tenté d’en prendre le contrôle dans un but électoraliste, s’attirant ainsi les foudres de Jacques Foccart17. Déjà très investi dans le SAC, ce dernier aurait alors pesé pour que Pierre Lefranc obtienne la direction du nouveau groupement. Bien que le général de Gaulle soutienne dans un premier temps Roger Frey, les arguments de son secrétaire général finirent par le convaincre de céder la place au président de la Société financière de radiodiffusion (SOFIRAD)18. Pierre Lefranc forme rapidement les différents organes des CDR, comme il l’écrit plus tard dans ses mémoires :

    « Je formerai un Comité National et, par le réseau de l’Association nationale, je donnerai pour consigne de mettre sur pied de semblables comités dans tous les centres importants. Ils s’exprimeront aussi souvent que possible. Un cadre sera ainsi créé qui pourra se révéler utile. Il le sera en effet, malgré des infiltrations décelées plus tard, et inévitables en pareils cas où l’urgence est prioritaire19. »

    3Dans les faits, l’existence des CDR n’est officialisée que le 20 mai 1968. Les statuts sont déposés par Jacques Godfrain en tant que président provisoire à la préfecture de Paris le 5 juin20. Formellement, le jeune protégé de Jacques Foccart dirige la nouvelle organisation, avec le soutien des vice-présidents provisoires Sonia Eloy et Henri Mazoué et du trésorier provisoire Olivier Bizot. Les documents conservés par l’Association nationale pour le soutien de l’action du général de Gaulle (AN) et son président montrent qu’en réalité, Pierre Lefranc assure l’essentiel du travail (seule sa signature et son nom figurent sur les documents internes du moment)21. Les membres de la direction provisoire déclarée le 5 juin servent donc de prête-noms. Le dépôt des statuts assure la préservation du sigle et du nom du mouvement malgré la volonté de Charles Pasqua de les modifier pour des raisons inconnues22. Il faut encore attendre le 6 juin pour qu’un comité national provisoire soit formé, avec Yves Lancien pour secrétaire général et Pierre Lefranc comme délégué national23. La formation des CDR est grandement stimulée par le succès des manifestations gaullistes qu’ils coorganisent sur l’ensemble du territoire24. Les élections législatives de juin ne vont faire qu’accélérer le processus. C’est finalement grâce à leurs exploits que les CDR ont pu se structurer en une organisation pérenne, au lieu de n’être qu’un satellite éphémère du parti gaulliste25. Ces réussites sont en partie explicables par la modernisation communicationnelle entreprise par le mouvement, la contribution à une nouvelle idéologie (le gaullisme d’ordre) et la constitution d’un réseau s’étendant aussi bien sur une large part du territoire (horizontal) que sur des catégories socioprofessionnelles très variées (vertical).

    Le discours et la manifestation du 30 mai 1968

    4Pour nombre de gaullistes, il devient urgent d’organiser la « résistance » autour du général de Gaulle à travers le réinvestissement de l’espace public. Cette idée n’est pas nouvelle puisque l’organisation Occident tente entre le 13 et le 22 mai de réaliser pour son compte de grandes manifestations parisiennes26. Des tentatives alors inédites mais qui se sont soldées par des échecs… Si l’on en croit Jacques Godfrain, l’idée d’une manifestation de soutien au régime et à « l’homme du 18 juin » aurait germé dans son esprit dès le 26 mai27. Initialement prévue pour le 31 mai à l’Arc de Triomphe28, elle est avancée d’un jour pour avoir lieu juste après le discours radiodiffusé du président de la République. Jacques Godfrain craint qu’elle n’attire qu’entre 5 000 et 10 000 manifestants, ce qui incite le préfet de police de Paris, Maurice Grimaud, à le dissuader de mener le projet jusqu’au bout – le risque de débordements étant selon lui élevé. N’écoutant pas les avertissements du préfet de police, les gaullistes décident de réaliser leur manifestation juste après le discours radiodiffusé, soit aux alentours de 16 h 30. Pour permettre aux intéressés de venir, le SAC et les CDR mobilisent leurs militants pour soutenir les agents réquisitionnés ainsi que les militaires engagés dans le timide maintien des transports publics. Jacques Belle profite de sa position au gouvernement pour faire imprimer des milliers de tracts appelant à manifester le 30 mai29. De plus, il utilise ses contacts aux ministères des Transports et des Armées pour que les horaires des camions militaires assurant le transport des usagers entre la banlieue parisienne et la capitale coïncident avec le début de la manifestation. Le jour J, le rassemblement progressif et massif d’un demi-million de manifestants impressionne grandement les organisateurs qui ne s’attendaient pas à un tel succès30 – la manifestation de la CGT avait rassemblé la veille 100 000 personnes à Paris31. La présence de nombreux jeunes représente également une agréable surprise pour les responsables gaullistes. Jacques Foccart ne peut cacher son étonnement à Robert Grossmann, responsable de l’UJP (Union des jeunes pour le progrès), lorsqu’il l’accueille en s’exclamant : « Mon Dieu que de jeunes32. » Cette satisfaction découle du fait que les gaullistes constatent que la jeunesse ne forme pas un groupe socioculturel homogène tourné vers les manifestations contestataires, qu’une partie d’entre elle soutient le général de Gaulle. Il est important de relever que tous les manifestants présents sur les Champs-Élysées ne sont pas forcément des partisans du gaullisme, mais plutôt des opposants à ce qu’ils perçoivent comme une « anarchie généralisée33 ». De fait, la présence de militants d’extrême droite s’avère flagrante : plusieurs individus entonnent l’hymne vichyste et des personnes sont surprises en train de hurler « Vive la France ! Vive le Maréchal ! » à côté de militants gaullistes… Parmi les manifestants, nombreux sont ceux qui scandent des slogans comme « le communisme ne passera pas », « Cohn-Bendit en Allemagne », « Vidangez la Sorbonne », « les cocos à Moscou » ou encore « Liberté du travail34 ». La manifestation est une occasion pour les « droites déchirées par la guerre d’Algérie et ses combats » de se réconcilier35. De nombreux autres citoyens manifestent aux côtés des gaullistes par pur rejet des événements en cours. Ainsi, le journaliste Marc Kravetz voit dans cette manifestation une « meute apeurée » de « Versaillais » qui, comme au temps de la Commune de Paris, appellent à sa répression par les autorités officielles36. Nous sommes donc très loin d’un simple ralliement massif aux idéaux gaullistes. Le général de Gaulle en aurait été lui-même conscient. Il aurait confié à Michel Debré sa peine de constater que la peur du vide seule aurait poussé la majorité des manifestants à se rallier à lui37.

    5Ce qui est certain, c’est que l’une des raisons majeures de cette prouesse inattendue est le discours d’ordre tenu deux heures plus tôt par le général de Gaulle. Effectivement, lors de son intervention, le président de la République ne manque pas de faire des références subtiles à ses grands discours passés. Son intervention est empreinte d’une conception du temps et de l’histoire qui l’enracine dans la guerre froide. Ses accents rappellent ceux qui ont jalonné ses diatribes enflammées contre le bloc soviétique sous la IVe République. Par exemple, il est possible de le rapprocher des propos tenus à Rennes le 27 juillet 1947 : il réalise la même référence au totalitarisme (le « régime de servitude totalitaire » en 1947, le « communisme totalitaire » en 1968) ; utilise l’épouvantail de la dictature (l’objectif soviétique de « parvenir à la dictature chez nous » en 1947, la France « menacée de dictature » en 1968) ; oppose la liberté de travail à la « subversion », l’ordre à la révolution ; appelle à l’unité nationale pour lutter plus efficacement contre « l’ennemi intérieur38 ». Le choix du discours radiodiffusé n’est pas anodin : il vise à toucher un maximum de personnes, les foyers étant bien mieux dotés en radiorécepteur qu’en téléviseur en 196839. De plus, il fait directement écho au souvenir de l’appel du 18 Juin. Le ton guerrier adopté lors de son allocution lui permet également de se rattacher au souvenir de la France libre et de la Résistance. La volonté de « refaire » des préfets des commissaires de la République n’est pas non plus une référence anodine à la période de la Libération : elle est un appel à « reconquérir » (politiquement) le territoire des mains de la « chienlit ». De la sorte, de Gaulle se pose de nouveau en défenseur de l’ordre républicain, des libertés publiques et démocratiques – contre l’Allemagne nazie en 1940, contre la subversion marxiste en 1968.

    6Ce discours ne se cantonne pas à des références du passé, mais annonce aussi des actes. Face à la diatribe « 10 ans, c’est trop ! », de Gaulle déclare qu’il ne démissionnerait pas et ne démettrait pas Georges Pompidou de ses fonctions. Il annonce également la dissolution de l’Assemblée nationale, une décision qu’il prend sur l’insistance de Georges Pompidou (qui mit sa démission en jeu40). En imposant cette décision – elle s’applique immédiatement, sans concertation –, le général de Gaulle rappelle qu’il est le chef de l’État. Ses contemporains savent qu’il refuse toute idée de rester au pouvoir en cas de cohabitation, ce qui signifie qu’il est prêt à mettre son pouvoir en jeu par le biais des élections législatives41. De plus, il réalise une forme de chantage à la guerre civile : la prise de pouvoir légale par l’opposition lui est imposée de facto puisque tout refus de participation aux élections législatives serait perçu comme un acte antidémocratique. De ce fait, il propose une solution institutionnelle à la crise en laissant les électeurs et électrices décider pacifiquement de l’avenir politique du pays. Les comités de grève sont en quelque sorte dissous dans les urnes. Par ailleurs, l’appel à l’action civique et au retour à l’ordre public connaît un écho important. Cependant, comme le rappelle Xavier Vigna, il ne faut pas tomber dans le travers de la téléologie : le succès de la manifestation gaulliste et le discours du général de Gaulle ne permettent pas de ramener l’ordre dans l’immédiat42. De nombreuses usines demeurent occupées et des grèves massives sont organisées, la décrue ne s’opérant véritablement qu’à la mi-juin43. C’est pourquoi les gaullistes mettent en œuvre des manifestations sur le modèle de la marche du 30 mai.

    Qui est à l’origine de la manifestation des Champs-Élysées ?

    7À qui peut-on attribuer la paternité de cette première manifestation (pro-)gaulliste ? Témoins et chercheurs sont en désaccord à ce sujet. En effet, si Jacques Godfrain la revendique, il n’est pas le seul à le faire. Si l’on en croit Frédéric Turpin, ce serait Jacques Foccart qui l’aurait préparé en utilisant le SAC et les CDR44. Il s’appuie en partie sur le témoignage de l’ancien Secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines et malgaches, qui aurait tenté de réconforter un de Gaulle attristé en lui annonçant le 28 mai la tenue prochaine d’une manifestation de soutien45. D’autres historiens attribuent l’organisation de la manifestation à Matignon (Georges Pompidou)46. Selon Jean-Luc Javal, conseiller à Matignon, elle serait le fruit d’un travail conjoint entre Pierre Juillet et Jacques Foccart47. Toutefois, la majorité des témoins affirment que Pierre Krieg était à l’origine du projet. Par exemple, Jacques Chaban-Delmas l’assure :

    « C’était Pierre Krieg, un gaulliste “dur” qui avec Joël Le Tac, Nicole de Hauteclocque et quelques autres avaient eu cette idée simple mais puissante : organiser de la Concorde à l’Étoile un cortège de soutien au général de Gaulle48. »

    8Michel Debré va dans le même sens lorsqu’il écrit que Matignon n’a jamais eu l’idée de réaliser cette manifestation et souligne que le député de Paris Pierre Krieg est l’auteur de ce projet49. Jacques Foccart donne davantage de détails qui permettent d’éclaircir la question. Il organisait (sûrement avec l’aide de Jacques Godfrain) une manifestation le 31 mai tandis que Pierre Krieg en prévoyait une pour le 30. C’est en apprenant l’existence de cette manifestation « parlementaire » (le député de Paris utilise ses contacts pour appuyer son projet50) que le secrétaire général aurait demandé au SAC, aux CDR et à l’AN d’aider à la préparation et de veiller à la protection de la manifestation du 30 mai51. Cette thèse fait écho à celle de Jacques Belle52 : s’adaptant aux circonstances, les différents organisateurs auraient mutualisé leurs efforts pour élaborer une manifestation plus importante qui puisse faire écho au discours radiodiffusé du général de Gaulle53. Un fait intéressant que nous apprend l’organisation de cette manifestation est également la montée en puissance de figures fortes et d’organisations solides. Ainsi, des personnalités telles que Jacques Foccart et Charles Pasqua, Pierre Lefranc et Yves Lancien, profitent de cette crise pour affirmer leur influence au sein de la famille gaulliste. Par le biais d’organisations solides – le SAC pour les deux premiers, les CDR pour les deux autres – ils se rendent rapidement indispensables et forment progressivement le gaullisme d’ordre54.

    Les manifestations (pro-)gaullistes en France : des répliques parfois émaillées de violence

    9Que Pierre Krieg, Georges Pompidou, Jacques Foccart, Pierre Juillet ou Jacques Godfrain soit le père de la manifestation du 30 mai, le plus important réside dans le déroulement inattendu de cette dernière : calme et ordonné. La masse compacte des manifestants parisiens n’a provoqué aucun incident notoire ; les hommes et les femmes, jeunes et moins jeunes, se sont rassemblés autour de la figure tutélaire du général de Gaulle pour s’opposer à la « chienlit » ; le SAC et les CDR, peut-être armés55, ont assuré le service d’ordre (SO) avec efficacité. C’est pourquoi les militants du SAC, des CDR et de l’UJP décident d’organiser – parfois avec le concours du parti gaulliste – des manifestations de soutien sur l’ensemble du territoire entre le 30 mai et le 7 juin. La majorité d’entre elles se déroulent sans le moindre débordement, à l’instar des manifestations de Valence, Rouen, Metz56, Commercy, Périgueux, Thionville57, etc. Ces nombreux succès sont entachés de débordements dans plusieurs villes où les tensions sont élevées. Tout d’abord à Rouen, où les affrontements sont empêchés par le SO qui laisse toutefois les manifestants (7 000 à 8 000) attraper et brûler les drapeaux et banderoles rouges qu’avaient installés les grévistes cégétistes dans le cirque de la ville58. Toujours le 30 mai, la manifestation organisée à Caen par les CDR se termine par des affrontements sporadiques autour du monument aux morts entre des manifestants (pro-)gaullistes et 300 contre-manifestants59. Le lendemain à Lyon, la manifestation organisée là-encore par les CDR rassemble 60 000 personnes. Elle a un but réparateur symbolique : en dehors des slogans hostiles à François Mitterrand, Pierre Mendès France et Daniel Cohn-Bendit, le cortège circule dans les artères de la ville qui connurent de violents affrontements le 24 mai et ne se disperse que sur le lieu où le commissaire de police René Lacroix fut mortellement blessé60. Des étudiants, hostiles à cette manifestation, provoquèrent des interactions violentes à plusieurs reprises. Toujours le 31 mai, les villes de Toulouse, Clermont-Ferrand et Besançon sont témoins de débordements61. La capitale du Doubs s’avère être un exemple de surenchère de la violence. Dans la journée du 30 mai, un militant gaulliste aurait blessé par balle un jeune militant CFDT près de la faculté des lettres de Besançon (la presse n’est pas claire sur l’identité politique exacte du tireur)62. Par conséquent, 300 opposants ont attaqué le cortège gaulliste du lendemain, obligeant les 200 éléments qui composaient le SO CDR à défendre tant bien que mal les 4 000 personnes venues manifester pour de Gaulle63. Un responsable de l’UD Ve doit être hospitalisé à la suite de ces attaques. Poussant la logique d’affrontement jusqu’au bout, une quarantaine d’étudiants érigent une barricade à l’emplacement où le jeune CFDT fut blessé dans la soirée. En réaction, plusieurs dizaines de CDR – qui y voient une provocation – tentent de démonter la barricade, sans succès. Ces confrontations contraignent les forces de l’ordre à détruire la barricade vers 23 h 30, mettant un terme au cumul des blessés (légers) et à un début d’incendie (fig. 1).

    Figure 1. – Manifestations (pro-)gaullistes en France par région (30 mai-7 juin 1968).

    Carte Bryan Muller.

    Figure 1. – Manifestations (pro-)gaullistes en France par région (30 mai-7 juin 1968) : légende.

    Carte Bryan Muller.

    10Les jours suivants, d’autres manifestations sont marquées par des faits de violences légères (« assauts » causant peu voire pas de blessés légers). Ce sont les villes de Sedan, Montbéliard, Nevers, Strasbourg (1er juin), Charleville (2 juin), Paris, Niort (6 juin) et Rennes (7 juin) qui sont touchées par de nouvelles échauffourées. Les villes de Strasbourg et Rennes s’avèrent être des cas particuliers. La capitale bretonne est marquée par d’importantes manifestations et grèves depuis le début des événements de mai64. Les différentes manifestations pro et antigaullistes sont le plus souvent émaillées d’affrontements. Par exemple, la manifestation organisée précipitamment avec la participation très probable des CDR et de l’UD Ve le 30 mai aurait dégénéré en bagarre générale au pied de l’hôtel de ville ; 1 000 partisans du général de Gaulle s’opposent à 1 000 contestataires, provoquant des blessés en les personnes de l’adjoint au maire (gaulliste) et deux étudiants gauchistes65. Les syndicats organisent alors une contre-manifestation qui se solde à son tour par des échauffourées avec de jeunes gaullistes près de la préfecture66. Une semaine plus tard, les CDR organisent une manifestation qui doit réaliser à terme un dépôt de gerbes au monument aux morts. Des étudiants gauchistes interviennent pour perturber la cérémonie, avant de se confronter au SO (composé de jeunes étudiants gaullistes67). Le journal Ouest-France en dresse un tableau particulièrement violent qu’il illustre par une photographie prise au moment des faits. Il évoque aussi des blessés qui doivent se soigner sur place et ne cache pas sa surprise devant cette scène : la présence de « seulement » 200 participants n’aurait pas dû avoir de telles conséquences. Toutefois, il est important de relever que les forces de l’ordre ne font pas le même constat. Selon les Renseignements généraux, la manifestation aurait attiré un millier de personnes. Seuls « quelques légers heurts se sont produits » et la cérémonie s’est déroulée « sans incident68 ». Le préfet minore davantage en annonçant au ministre de l’Intérieur le chiffre de 2 000 manifestants et une tentative de perturbation gauchiste manquée69. Si la manifestation semble réellement avoir été teintée de violence, le préfet paraît minimiser grandement les faits tandis que la presse en grossirait davantage les traits.

    11L’exemple strasbourgeois se caractérise également par son originalité. Le 1er juin, les CDR organisent une manifestation rassemblant près de 6 000 personnes. Le palais universitaire, occupé par des étudiants d’extrême gauche, provoque l’ire des participants qui décident « d’assiéger » le site pour exiger le retrait du drapeau rouge qui flotte depuis plusieurs jours sur le bâtiment70. D’autres versions sont présentées par la presse. Selon Les Dernières Nouvelles d’Alsace, plusieurs centaines de manifestants auraient désobéi à l’ordre de dispersion des CDR et affronté des étudiants gauchistes, provoquant au passage un incendie et plusieurs blessés71. Le journal Le Monde donne une version légèrement différente des événements : le SAC et les CDR auraient mené une « attaque nocturne » (de 18 h à 21 h) contre les étudiants gauchistes avec le soutien de 2 000 manifestants en colère dans le but de retirer le drapeau rouge72. Ce qui est certain, c’est qu’à la suite de l’intervention des forces de l’ordre, un drapeau tricolore est ajouté aux côtés du drapeau rouge par les étudiants d’extrême gauche. Cette « mesure d’apaisement » des occupants met un terme aux échauffourées de la soirée73. Le groupement de gendarmerie de Metz chargé de la collecte d’informations dans les régions d’Alsace et de Lorraine confirme cette information74. Toutefois, le groupement de gendarmerie semble minimiser les faits. Ainsi, lorsqu’il évoque la nouvelle attaque menée par le SAC et les CDR dans la journée du dimanche 2 juin, il relève la chute du drapeau rouge et deux étudiants blessés, alors que Ludivine Bantigny évoque au minimum quinze blessés entre les affrontements de la nuit précédente et ceux-ci75. Il est bien difficile de trancher sur ces chiffres. Toutefois, il semblerait que l’intensité des affrontements soit plus élevée que ne le rapportent les forces de l’ordre. Selon Serge Boutillot, les forces de l’ordre tentent plusieurs fois d’entrer dans le bâtiment sans y parvenir76. Il était étudiant d’extrême gauche (non affilié) à Strasbourg et participa à l’occupation du palais universitaire, avant de rallier la Ligue communiste (LC) à sa création. Lorsqu’il évoque la manifestation du 1er juin, il assure que les militants du SAC et des CDR avaient fait preuve de violence pour essayer de pénétrer dans les locaux universitaires. Mais le lendemain fut encore plus violent selon lui :

    « Certains de mes camarades avaient fabriqué des armes à partir de pieds de chaises et d’étendard, mais je n’en avais pas moi-même. Je ne voulais pas être violent. Nous ne pouvions pas faire grand-chose contre eux [le SAC et les CDR]. Ils avaient en face du gaz lacrymogène, des matraques et des nerfs de bœuf. Et ils savaient s’en servir ! Ça cognait partout. J’ai eu de la chance de m’en sortir sans blessure, pas comme les autres qui se retrouvaient parfois par terre avec le visage en sang ou des côtes cassées77. »

    12C’est donc par la violence militante que les étudiants gauchistes de Strasbourg auraient perdu le contrôle du palais universitaire, et non par l’intervention des forces de l’ordre. Ce type de matériel circulait beaucoup dans certains rangs gaullistes à ce moment-là. En effet, comme le souligne François Audigier, les militants du SAC ne possédaient que peu d’armes à feu durant le mois de mai et le début du mois de juin : ils craignaient pour leur image médiatique. C’est pourquoi ils étaient rarement munis de revolvers et privilégiaient les matraques et pistolets d’alarme78. L’usage de ces armes n’a donc rien de surprenant, d’autant qu’elles semblent prisées par les services d’ordre gaullistes79.

    13Que nous apprennent ces incidents ? La majorité des manifestations marquées par des faits de violence sont organisées par les CDR. Pour rappel, cette organisation n’existe que depuis le milieu du mois de mai. Elle manque de toute évidence d’expérience. Elle est profondément influencée par Jacques Foccart et le SAC (particulièrement à ses débuts) mais garde une certaine autonomie. Bien qu’elle réussisse la plupart du temps à éviter tout débordement – probablement via l’expertise de son « grand frère » –, elle ne peut toutefois empêcher des opposants politiques d’attaquer à plusieurs reprises ses cortèges dans plusieurs villes de province. Par ailleurs, l’organisation est parfois à l’origine des affrontements, en attaquant notamment les étudiants qui occupent le Palais universitaire de Strasbourg, en provoquant les étudiants gauchistes accusés du meurtre du commissaire René Lacroix, ou encore dans une volonté de vengeance (Besançon). Ces exemples expriment aussi bien la part d’amateurisme chez certains organisateurs que leur difficulté à ne pas céder à l’euphorie du moment. De plus, la propagande des CDR se focalise sur la dénonciation de la subversion en cours et ses acteurs supposés (PCF, CGT, CFDT, gauchistes, Mitterrand, Mendès France80…). Ces discours, particulièrement virulents à l’égard de leurs adversaires, ne peuvent qu’accroître les tensions. Aussi est-il étonnant que des violences n’aient été relevées qu’à treize reprises dans les manifestations gaullistes sur l’ensemble du territoire, alors même que la situation dans le pays restait encore très compliquée.

    La participation des CDR aux élections législatives

    Le raz-de-marée gaulliste

    14La dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par le général de Gaulle le 30 mai provoque l’entrée en campagne électorale des différents partis politiques. Avec un gouvernement remanié, le président de la République et son Premier ministre s’efforcent de toucher les différentes sensibilités de la majorité. Gaullistes sociaux et de gauche (Philippe Dechartre, Yvon Morandat, René Capitant), gaullistes orthodoxes (Michel Debré, Pierre Messmer) et proches de Pompidou (François-Xavier Ortoli, Raymond Marcellin) le composent81. Dès le 1er juin, Georges Pompidou organise chez lui une réunion concernant les investitures pour les élections législatives. L’équipe se compose de Jacques Foccart, Jacques Chaban-Delmas, Michel Debré, Henry Rey, Roger Frey, Olivier Guichard, Robert Poujade, Raymond Marcellin, Pierre Somveille, Édouard Balladur, Pierre Juillet, Vochel et Vieux82. L’objectif est de désigner les candidats qui seront dignes de porter l’étiquette UDR (Union de défense de la République), expression inspirée directement des CDR à leur demande et soutenue par Roger Frey83. Dans les faits, seuls les gaullistes, républicains indépendants (RI) et démocrates-chrétiens issus de Progrès et démocratie moderne (PDM) sont concernés. La procédure ne se déroule pas toujours sans difficulté : Jacques Foccart exige de mettre des candidats UDR face à Valéry Giscard d’Estaing, Michel Poniatowski ainsi que les démocrates-chrétiens s’étant opposés au gouvernement en votant la motion de censure du 22 mai84. De plus, toutes les investitures ne plaisent guère à de Gaulle. Par exemple, lorsque Pierre Baudis, ancien député de Toulouse, demande à obtenir l’étiquette UDR, le président de la République s’offense : « Je ne vois pas pourquoi on va aller donner l’investiture à ce type qui nous a trahis et qui nous trahira85. » À l’inverse, plusieurs militants gaullistes s’étant illustrés en mai reçoivent en récompense l’investiture, à l’instar de Jacques Godfrain (SAC/CDR) et Charles Pasqua (vice-président du SAC)86.

    15Désirant rétablir l’ordre et préserver les institutions, les candidats de l’UDR tiennent un discours conservateur mêlant autorité, anticommunisme et antigauchisme. Le manifeste du parti propose toutefois de réformer l’État et la société dans le respect de la légalité, preuve qu’il a pris conscience de la « soif de renouveau » de la population87. Marquées par une explosion de violence, les élections législatives entraînent la mobilisation de toute l’équipe gouvernementale.

    16À commencer par le Premier ministre Georges Pompidou, qui manifeste son souci de « sauver la République et les libertés88 ». Comme le montre le politiste François Goguel – qui est témoin des événements –, le discours gaulliste touche la population qui vote massivement pour les candidats de l’UDR : avec une participation de 80 %, la majorité obtient 153 élus au premier tour, 293 au second89. Ce raz-de-marée octroi aux gaullistes la majorité absolue, leur permettant de gouverner seuls s’ils le désiraient. Les 61 RI renforcent cette assise puisqu’ils font déjà partie de la majorité, tandis que les 33 PDM de Jacques Duhamel sont attirés vers elle.

    Le rôle des CDR en juin 1968

    17L’immense succès que rencontrent les gaullistes est en grande partie dû à la mobilisation de toutes leurs forces vives, notamment le SAC, l’Association nationale et les CDR. Ces derniers jouèrent un rôle crucial dans la sensibilisation de la population en essayant de toucher toutes les couches de la société, l’ensemble des catégories socioprofessionnelles, en s’efforçant également d’atteindre les jeunes et les femmes90. Pour se faire, les méthodes de communication sont modernisées et un discours manichéen dénonçant la « subversion » à l’œuvre se développe91. L’organisation des manifestations pro-gaullistes par le tout jeune groupement accroît rapidement son aura, sur laquelle il tente de capitaliser. Ainsi, il appelle la population à rallier ses rangs pour contribuer à la lutte contre la « subversion » en cours, en rappelant le succès de la manifestation parisienne du 30 mai dont il exagère quelque peu les chiffres :

    « À l’appel des “Comités pour la défense de la République” plus d’un million de Français et notamment beaucoup de jeunes, étudiants, lycéens, ouvriers, ont défilé de la Concorde à l’Arc de Triomphe pour la défense des institutions républicaines, de toutes les libertés et notamment celle du travail. […] Cette manifestation pacifique avait pour but essentiel de prouver à la France entière que la rue de Paris pouvait entendre d’autres accents que ceux de l’Internationale. La démonstration est faite maintenant. La République sera défendue, s’il le faut par le Peuple. Il est maintenant nécessaire que tous ceux qui ont défilé de la Concorde à l’Étoile ne restent pas inorganisés. Ils doivent rejoindre, dès maintenant, les “Comités pour la défense de la République”. […] Chaque Français conscient de ses responsabilités se doit de participer à cette action civique92. »

    18Cette méthode porte ses fruits : des lettres proviennent de tout le pays pour en féliciter les CDR, tel cet homme qui remercie Pierre Lefranc pour le courage qu’ont eu les militants en réalisant des manifestations aux quatre coins de l’hexagone contre la « chienlit », allant jusqu’à écrire que « c’est en luttant contre des hommes voulant assoir un gouvernement totalitaire, diminuant ainsi le prestige de chaque français et par là même, les libertés que nous ferons autour du Général de Gaulle de grandes merveilles93 ». Officiellement, le mouvement ne participe pas à la campagne électorale gaulliste, seulement à veiller au bon déroulement des élections, c’est-à-dire à inciter les électeurs à se rendre aux urnes tout en veillant à la liberté d’expression. C’est du moins ce qu’assure Pierre Lefranc au président de la Confédération générale des cadres (CGC)94. Une affirmation qui s’appuie sur la résolution officielle adoptée par le comité national provisoire le 6 juin : indépendants des partis politiques, les CDR sont les défenseurs de la liberté et des institutions95. S’il est vrai que le délégué national interdit formellement à ses troupes de se présenter à des élections au nom de l’organisation, allant jusqu’à rappeler que les candidats n’étaient pas autorisés à arborer l’étiquette « CDR96 », dans les faits, le mouvement qu’il dirige est bien engagé en faveur de l’UDR. Des affiches montrant ostensiblement le bonnet phrygien et soutenant les candidats gaullistes sont commandées le 12 juin97, alors que les responsables CDR d’Île-de-France se mettent à disposition des services de Raymond Marcellin pour assurer le succès de la campagne législative98.

    19Partout dans le pays, les militants se mobilisent pour assurer la victoire des « champions » du général de Gaulle. Ainsi dans le Tarn, Jean-Pierre Antoni, cadre UDR et responsable des CDR locaux, organise des collages d’affiches nocturnes avec ses militants pour le compte des candidats gaullistes dans les 1re et 2e circonscriptions99. Responsable de l’antenne CDR de Bougival, René Marbot en fait de même dans les Yvelines100. De jeunes militants CDR comme Jacques Duguet et Didier Bierjon à Paris, Jean-Pierre Grand à Montpellier (Hérault) ou encore Patrick Wattrin à Vierzon (Cher) collent des affiches et distribuent des tracts pour les candidats UDR malgré l’apolitisme officiel du mouvement101. Ce terme d’apolitisme doit être compris au sens d’apartisanisme : le refus de s’aligner sur un parti politique précis. René Marbot explique ainsi qu’il serait plus approprié de parler d’organisation apartisane car « les CDR ont toujours été engagés politiquement. Leur véritable revendication reposait sur leur refus [officiel] de s’aligner sur un parti politique précis102 ». En Province, seule l’antenne du Calvados semble avoir refusé de se mobiliser ouvertement pour l’UDR au nom de son indépendance politique103. Très engagé, l’historien Pierre Chaunu ne fait pas exception. Fasciné par le général de Gaulle durant la Seconde Guerre mondiale, il soutient la fondation de la Ve République et rejoint l’UNR. Partisan de l’Algérie française, il signe le « Manifeste des intellectuels pour la résistance à l’abandon » qui rejette le Manifeste des 121 mais accepte, bon gré mal gré, l’indépendance de l’Algérie104. Membre actif du CDR de Caen, il soutient énergiquement la campagne de Robert Bisson et Henri-François Buot en tant qu’adhérent de l’UDR105. Il refuse d’afficher ouvertement son obédience politique au sein du comité, persuadé que celui-ci doit rester libre de ses actions106. Dans la capitale, les CDR apparaissent divisés entre les partisans du non-alignement, à l’instar des 4e, 6e et 11e arrondissements107, et les défenseurs actifs de la majorité, tels que les 1e, 3e, 9e et 16e arrondissements108. De plus, bien que l’on ignore son arrondissement de rattachement, un militant remet des rapports réguliers à Pierre Lefranc qui analysent le déroulement des élections législatives parisiennes109. Précieuse, cette source l’est pour les commentaires très personnels que réalise l’auteur. L’archiviste a présenté ces comptes rendus comme étant ceux d’un membre du SAC. Toutefois, cela ne correspond pas aux responsabilités politiques de Pierre Lefranc. Il est plus probable que ce militant fut un membre des CDR, nombre de personnes confondant déjà à l’époque les deux organisations110. Dans ses notes des 9, 10, 11, 13, 15 et 18 juin, il insiste auprès de Pierre Lefranc pour que la majorité ne s’acharne plus exclusivement contre le parti communiste mais qu’elle cible également « les révolutionnaires », « les agitateurs » et « le nihilisme » gauchiste. Il se désole aussi de ne pas entendre les candidats UDR éclairer les événements de Mai 68 aux électeurs, ni de leur expliquer ce qu’est la participation :

    « La campagne de la majorité paraît présenter trois failles :
    – l’attaque exclusive du communisme totalitaire ;
    – l’absence d’explication des événements ;
    – la réduction du programme d’avenir au terme de participation111. »

    20L’engagement le plus important en faveur de l’UDR est sans nul doute le meeting du 20 juin 1968 au Parc des expositions de Paris. Organisé par les CDR, il représente l’apothéose de la mobilisation de cette « majorité silencieuse » : 40 000 personnes, pour la grande majorité non encartée à une quelconque organisation gaulliste, assistent au meeting d’André Malraux et Marielle Goitschel à Paris112. D’autres orateurs sont bien présents (Philippe Dechartre, Olivier Germain-Thomas, Jean-Marie Carzou au nom des CDR et Dominique Gallet pour le compte de l’UJP) mais la presse n’évoque que le ministre des Affaires culturelles et la championne olympique, preuve que la célébrité de ces deux orateurs a grandement contribué au succès de la « réunion des Comités de Défense de la République ». Le succès est tel qu’un meeting des CDR-Jeunes est organisé le 26 juin à la Mutualité avec la participation du ministre de la Jeunesse et des Sports Roland Nungesser. Toutefois, peut-être par manque de popularité, le ministre n’attire que 400 jeunes, qui plus est tous encartés à la section Jeunes des CDR113.

    21L’important investissement des CDR pour les candidats gaullistes durant les élections législatives les expose à la velléité de leurs opposants politiques. Leurs militants sont régulièrement conspués, insultés et parfois même agressés. Certains ne se laissent pas faire et décident de passer également à l’attaque. Cela n’a rien de surprenant : les mois de mai et de juin 1968 exposent grandement les militants gaullistes, comme le montre le graphique ci-dessous114 (fig. 2).

    Figure 2. – Incidents impliquant des militants gaullistes entre le 30 mai et le 2 juillet 1968.

    Graphique Bryan Muller.

    22Sur 127 incidents allant de l’obstruction/séquestration à l’assassinat, 35 impliquent directement les CDR. À première vue, cela semble supérieur au SAC qui se retrouverait dans 11 affaires. Cependant, ces résultats paraissent peu probables. En tant que service d’ordre (SO) officiel de l’UDR, le SAC est naturellement exposé à la violence. La courbe donne une vision biaisée de la réalité : généralement, les colleurs d’affiches gaullistes sont présentés comme tels, avec le plus souvent les appellations de « colleurs d’affiches », de « commandos gaullistes », de « militants UDR » voire plus simplement de « gaullistes ». Comme les hommes des CDR et du SAC sont souvent étiquetés de la sorte, nous avons opté pour une approche prudente visant à ne mentionner sur les courbes du mouvement de Lefranc et du SO que les incidents engageant sans l’ombre d’un doute les militants issus de leurs rangs. Cet écart surprenant éclairé, il est important de souligner que la part de violence militante des CDR n’est pas étrangère à la nature du mouvement : se voulant le représentant de la « majorité silencieuse », il mobilise autant que possible ses adhérents pour se faire connaître et rappeler aux « révolutionnaires » qu’ils existent et sont prêts à en découdre en cas de « subversion115 ». La grande majorité des incidents avec les CDR est due à des agressions commises par les militants gaullistes (15/35) et des affrontements généralisés où la part de culpabilité est impossible à déterminer (16/35). Ces conflits ont pour cadre des manifestations et affrontements nocturnes lors de collages d’affiches. Souvent violentes, ces altercations se soldent le plus souvent par des blessés, mais parfois aussi par des morts. En effet, le 29 juin à Achicourt, le jeune communiste Marc Lanvin, ouvrier de 18 ans, succombe aux tirs de Jean-Claude Wallein, militaire de 26 ans, pendant que le véhicule des militants socialistes est rafalé par un légionnaire, André Verlay116. Si les soupçons se portent sur le SAC117, notamment parce que les armes à feu proviennent du SO gaulliste, l’appartenance de Wallein et ses complices aux CDR semble plus probable : Jacques Foccart leur envoie de l’argent en tant que militants gaullistes non affiliés au SAC118, l’archiviste et historien Jean-Pierre Bat réfute toute appartenance de Wallein au SAC119, et le « drame de Drancy » survenu en avril 1969 (causé par des CDR) rappelle à la direction du mouvement « la réitération d’Achicourt » (huit ans de prison ferme pour le tueur, mauvaise presse pour les CDR comme le SAC120). Sans être aussi dramatiques, les attaques menées par des militants CDR se soldent souvent par des blessures et des dégâts matériels :

    • lors de leurs tentatives de briser un piquet de grève, comme à La Rochelle le 31 mai121, à Charleville le 2 juin122, ou encore un autre le 6 juin à Beauvais123. Ces tentatives n’ont rien de débordements, elles répondent à une volonté de l’Élysée de mettre un terme aux grèves par l’action militante, comme l’indiquent les mémoires de Jacques Foccart124 ;

    • durant leurs agressions, à l’instar de celles ciblant de jeunes militants PSU à Morsang-sur-Orge le 13 juin125, le conseiller municipal socialiste Mourlevat à Saint-Denis le 20 juin126, le jeune communiste Laurent Castel 20 ans le 15 juin à Melun127, ou encore trois distributeurs de tracts PDM à Lille le 22 juin128. Motivés par un esprit revanchard et l’exaltation due au retour progressif à l’ordre, ces chocs ne sont pas exceptionnels pour autant, le SO gaulliste étant lui-même responsable d’actions semblables durant la campagne électorale.

    23Les adversaires privilégiés sont issus du PCF et de la CGT, bien plus que les autres mouvements politiques et syndicaux (plus de 70 % des faits relevés). Durant cette courte période, le jeune mouvement se montre plus offensif que sur la défensive, à l’inverse des autres organisations gaullistes qui semblent davantage atteintes par des attaques adverses. Les CDR naissent donc dans la violence, aussi bien prodiguée que subie, une particularité sur laquelle nous reviendrons129.

    24Cette participation active de la nouvelle organisation aux côtés du pouvoir permet aux candidats UDR de rencontrer une victoire impressionnante. Le comité national des CDR ne masque pas sa joie devant le fait que « le plus grand nombre de voix s’est porté sur les candidats qui se sont présentés comme les défenseurs des institutions de la République, face à l’opposition qui s’était fixée pour objectif de les détruire » au premier tour des élections130. Certains responsables assurent que cette participation des électeurs est due à leurs actions, à l’instar de Pierre Poilblan et Michel Pichard. Nombre d’élus, cadres et militants gaullistes se laissent emporter par l’exaltation face à la marée bleue des 23-30 juin131. Cependant, certains responsables gaullistes ne partagent pas cette euphorie et ont bien conscience que le ralliement des électeurs à la majorité se fait davantage par lassitude du désordre ambiant que par adhésion au général de Gaulle. Ce dernier déclare d’ailleurs avec sarcasme : « voilà une chambre PSF à qui je ferai faire une politique PSU132 ». Georges Pompidou cherche quant à lui à relativiser, affirmant que « l’étendue de notre victoire nous impose la discrétion133 ». Le comité national provisoire des CDR partage ces positions. Selon ses membres, la victoire des 23 et 30 juin 1968 n’apporte finalement qu’un court répit à des institutions toujours menacées par la « subversion marxiste134 ». Aussi est-il nécessaire que les CDR constituent des structures permanentes ouvertes au plus grand nombre pour informer et mobiliser la « majorité silencieuse135 ».

    Notes de bas de page

    1Le Monde, 31 mai 1968 ; La Dépêche du Midi, 31 mai 1968. La veille, La Dépêche du Midi publiait « De Gaulle à Colombey » et s’interrogeait sur ses intentions (« est-ce le prélude à un départ définitif ? »).

    2Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, t. I, op. cit., p. 403.

    3Gobille Boris, « L’événement Mai 68 : pour une sociohistoire du temps court », art. cité, p. 340-341.

    4Nous reprenons ici la formule de Jacques Rougeot employée dans son livre-phare de 1975, La Contre-offensive.

    5Gobille Boris, « L’événement Mai 68 : pour une sociohistoire du temps court », loc. cit.

    6Soutou Georges-Henri, La guerre froide de la France, 1941-1990, Paris, Tallandier, coll. « Histoire », 2018.

    7Peyrefitte Alain, C’était de Gaulle, t. III, op. cit., p. 584 ; Archives nationales de France (ANF) 569AP263, lettre de Pierre Lefranc à Philippe Séguin, le 9 août 1968.

    8ANF, 5W, scellés 1130, affiche « Alerte ! », mai 1968.

    9Témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    10Témoignage de René Marbot, le 12 février 2020.

    11ANF, 569AP157, dossier CDR 1a, communiqué du 4 juin 1968.

    12Le Figaro, 15 mai 1968.

    13Mathieu Lilian, « L’autre côté de la barricade : perceptions et pratiques policières en mai et juin 1968 », Revue historique, no 665, 2013/1, p. 157.

    14Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, t. I, op. cit., p. 401.

    15Belle Jacques, Le 30 mai 1968. La guerre civile n’aura pas lieu, Paris, Economica, 2012, p. 40.

    16Témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    17Turpin Frédéric, Jacques Foccart. Dans l’ombre du pouvoir, Paris, CNRS Éditions, coll. « Sociologies et sciences sociales », 2015, p. 250 ; témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    18Foccart Jacques, Journal de l’Élysée, t. II, op. cit., p. 165 ; Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, t. I, op. cit., p. 417.

    19Lefranc Pierre, Avec de Gaulle. Pendant et après 1947-2005, Paris, François-Xavier de Guibert, 2007, p. 230.

    20ANF, 81AS91, déclaration des Comités pour la défense de la République (CDR), le 5 juin 1968.

    21Cela corrobore également les déclarations de Jacques Godfrain, qui assure n’avoir donné que son nom pour aider les CDR à se lancer en mai-juin 1968 à la demande de Jacques Foccart. Témoignage de Jacques Godfrain, le 22 janvier 2020.

    22Lettre de trois responsables CDR de la région parisienne dont Michel Delecourt, responsable de l’antenne du 1er arrondissement de Paris, à Charles Pasqua le 4 juin 1968.

    23ANF, 569AP157, dossier CDR 1a, communiqué du 6 juin 1968.

    24Benoît Bruno, Chevandier Christian, Morin Gilles, Richard Gilles et Vergnon Gilles (dir.), À chacun son Mai ? Le tour de France de mai-juin 1968, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2011, p. 35 et 81.

    25Selon Jacques Belle et Jacques Godfrain, les CDR ne devaient pas survivre aux élections législatives de juin – du moins, dans l’esprit des caciques de l’UDR. Témoignages de Jacques Godfrain le 22 janvier 2020, et de Jacques Belle le 12 février 2020.

    26Mathieu Lilian, « Les manifestations en mai-juin 68 », in Dominique Damamme, Boris Gobille, Frédérique Matonti et Bernard Pudal (dir.), Mai-Juin 68, Éditions de l’Atelier, Paris, 2008, p. 203-204.

    27Témoignage de Jacques Godfrain le 10 avril 2018 ; Audigier François, Histoire du SAC, Paris, Stock, 2003, p. 165.

    28Turpin Frédéric, Jacques Foccart, op. cit., p. 246.

    29Témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    30Sirinelli Jean-François, Les Vingt Décisives. Le passé proche de notre avenir, 1965-1985, Paris, Fayard, 2007, p. 100.

    31Mathieu Lilian, « Les manifestations en mai-juin 68 », art. cité, p. 205.

    32Grossmann Robert, L’Appel du gaullisme. De Charles de Gaulle à Nicolas Sarkozy, 1958-2007, Paris, Éditions du Rocher, 2008, p. 193.

    33Georgi Frank, « “Le pouvoir est dans la rue”, 30 mai 1968. “La manifestation gaulliste” des Champs-Élysées », Vingtième Siècle, no 48, 1995/4, p. 46-60.

    34Abadie Frédéric et Corcelette Jean-Pierre, Georges Pompidou, Paris, Nouveau Monde, coll. « Poche-Histoire », 2015, p. 298.

    35Tartakowsky Danielle, Les droites et la rue. Histoire d’une ambivalence, de 1880 à nos jours, Paris, La Découverte, coll. « Cahiers libres », 2014, p. 135.

    36Bantigny Ludivine, « S’engager : politique, événement et générations », in Jean-Jacques Courtine (dir.), Histoire des émotions, t. III : De la fin du xixe siècle à nos jours, Paris, Seuil, coll. « L’univers historique », 2017, p. 157.

    37Debré Michel, Trois Républiques pour une France, t. IV : Gouverner autrement, 1962-1970, Paris, Albin Michel, 1993, p. 217.

    38Discours que l’on peut consulter dans Gaulle Charles de, Mémoires de guerre et Mémoires d’espoir, Paris, Plon, 2016.

    39Fesneau Elvina, « Éléments pour une histoire du public des postes à transistors en France », Le Temps des médias, no 3, 2004/2, p. 118-125.

    40Quagliariello Gaetano, « Georges Pompidou et les mouvements gaullistes », in Jean-Paul Cointet, Bernard Lachaise, Gilles Le Béguec et Jean-Marie Mayeur (dir.), Un politique : Georges Pompidou, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Politique d’aujourd’hui », 2001, p. 211.

    41Garrigues Jean, Guillaume Sylvie et Sirinelli Jean-François (dir.), Comprendre la Ve République, Paris, Presses universitaires de France, 2010, 554 p. ; entretien radiotélévisé du général de Gaulle avec Michel Droit le 7 juin 1968, ORTF, [https://www.ina.fr/video/CAF87002401].

    42Belle Jacques, Le 30 mai 1968, op. cit., p. 82-89.

    43Les dernières grèves s’achèvent début juillet. Vigna Xavier, L’Insubordination ouvrière dans les années 68. Essai d’histoire politique des usines, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2007, p. 32.

    44Turpin Frédéric, Jacques Foccart, op. cit., p. 245.

    45Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard. t. I, op. cit., p. 403.

    46Cointet Jean-Paul, Lachaise Bernard, Le Béguec Gilles et Mayeur Jean-Marie (dir.), Un politique : Georges Pompidou, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Politique d’aujourd’hui », 2001, p. 211.

    47Abadie Frédéric et Corcelette Jean-Pierre, Georges Pompidou, op. cit., p. 300.

    48Chaban-Delmas Jacques, Mémoires pour demain, Paris, Flammarion, 1997, p. 411.

    49Debré Michel, Trois Républiques pour une France, t. IV : Gouverner autrement, 1962-1970, op. cit., p. 215.

    50Audigier François, Histoire du SAC, op. cit., p. 165.

    51Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, t. I, op. cit., p. 414.

    52Témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    53Belle Jacques, Le 30 mai 1968, op. cit., p. 41.

    54Audigier François, « Le gaullisme d’ordre des années 1968 », Vingtième Siècle, no 116, 2012/4, p. 53-68.

    55Entre 150 et 400 auraient été munis d’armes à feu pour se protéger en cas d’attaque. Cette information ne fait toutefois pas l’unanimité. Audigier François, « Quand des militants utilisent des armes à feu contre leurs adversaires : le service d’ordre gaulliste et les armes de 1947 à 1968 », in Julie d’Andurain, François Audigier et Jean-Noël Grandhomme (dir.), Les Français et les armes à feu, Paris, Hémisphères Éditions/Maisonneuve & Larose nouvelles éditions, 2018, p. 245.

    56Muller Bryan, « Quand un attentat politique marque la Moselle. Les élections législatives de juin 1968 et l’affaire Fargeot », Les Cahiers lorrains, vol. I-II, 2018/1, p. 6-12.

    57Du moins, ni la presse ni les archives publiques ne font mention d’affrontements pour ces manifestations. Consulter Le Monde, L’Humanité et Le Figaro des 1er au 9 juin 1968 pour de plus amples détails.

    58Le Monde, 1er juin 1968.

    59Les manifestants (pro-)gaullistes sont au nombre de 15 000, mais on ignore combien restent autour du monument aux morts pour se confronter aux contre-manifestants. Ibid.

    60Lilian Mathieu, « Les manifestations en mai-juin 1968 », in Dominique Damamme, Boris Gobille, Frédérique Matonti et Bernard Pudal (dir.), Mai-Juin 68, Paris, Éditions de l’Atelier, 2008, p. 205.

    61Le Monde, 2-3 juin 1968.

    62Le Monde, 1er juin 1968 ; L’Humanité, 1er juin 1968.

    63Le Monde, 2-3 juin 1968.

    64Bougeard Christian, Les années 68 en Bretagne. Les mutations d’une société (1962-1981), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », p. 133-134.

    65Le Figaro, 1er juin 1968.

    66Bougeard Christian, Les années 68 en Bretagne, op. cit., p. 149.

    67Ouest-France, 8-9 juin 1968.

    68AD35, 508W46, rapport des Renseignements généraux au préfet d’Ille-et-Vilaine no 638, le 8 juin 1968.

    69AD35, 508W46, télégramme du préfet au ministre de l’Intérieur no 3324, le 7 juin 1968 à 20 h 13.

    70Loyer Emmanuelle, L’Événement 68, Paris, Flammarion, 2018, p. 334.

    71Les Dernières Nouvelles d’Alsace, 2 juin 1968.

    72Le Monde, 4 juin 1968.

    73Le Lorrain, 4 juin 1968.

    74AD57, 1330W439, message du groupement de gendarmerie de Metz à plusieurs destinataires dont la direction de la gendarmerie nationale à Paris le 2 juin 1968.

    75AD57, 1330W439, télégramme du groupement de gendarmerie de Metz au groupement de la gendarmerie nationale à Paris no 6635 le 2 juin 1968 ; Bantigny Ludivine, 1968. De grands soirs en petits matins, Paris, Seuil, coll. « L’Univers historique », 2018, p. 206.

    76Témoignage de Serge Boutillot, le 23 mai 2018.

    77Ibid.

    78Audigier François, « Quand des militants utilisent des armes à feu contre leurs adversaires : le service d’ordre gaulliste et les armes de 1947 à 1968 », op. cit., p. 241-242.

    79Par exemple, tous les membres du service d’ordre CDR étaient munis de matraques lors de la manifestation de Besançon le 31 mai 1968. Le Monde, 2-3 juin 1968.

    80Audigier François, « Les images militantes gaullistes de mai-juin 1968 : une propagande antichienlit », in Christian Delporte, Denis Maréchal, Caroline Moine et Isabelle Veyratmasson (dir.), Images et sons de mai 68 (1968-2008), Paris, Nouveau Monde Éditions, 2011, p. 320.

    81Journal officiel de la République française, 31 mai 1968, p. 5322.

    82Foccart Jacques, Journal de l’Élysée, t. II, op. cit., p. 164.

    83Témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    84Pozzi Jérôme, Les Mouvements gaullistes. Partis, associations et réseaux, 1958-1976, op. cit., p. 166 et 194.

    85Ibid., p. 183-184.

    86Témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    87ANF, 543AP8, manifeste du programme de l’UDR, juin 1968.

    88ANF, AG/5(2)/1088, commentaire du Premier ministre sur la situation électorale à Paris, le 3 juin 1968.

    89Goguel François, « Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 », Revue française de science politique, no 18/5, 1968, p. 837-858.

    90Lachaise Bernard, « Mobilizing the Silent Majority in France in the 1970s », in Anna Von Der Goltz et Britta Waldschmidt-Nelson (dir.), Inventing the Silent Majority in Western Europe and the United States. Conservatism in the 1960s and 1970s, Cambridge, Cambridge University Press, coll. « Publications of the German Historical Institute », 2017, p. 105-121.

    91Audigier François, « Les images militantes gaullistes de mai-juin 1968 : une propagande antichienlit », art. cité, p. 309-322. Se référer également au chap. viii.

    92ANF, 81AS91, manifeste du bureau de presse des CDR vers le 31 mai 1968.

    93ANF, 81AS90, lettre de Séverin Jamin à Pierre Lefranc, le 8 juin 1968.

    94ANF, 569AP/263, lettre de Pierre Lefranc au président de la Confédération générale des cadres, le 19 juin 1968.

    95ANF, 569AP/157, communiqués du comité national des CDR, les 4 et 6 juin 1968.

    96ANF, 569AP/157, télégramme de Pierre Lefranc, le 11 juin 1968.

    97ANF, 569AP/263, lettre de Pierre Lefranc à l’établissement Drago, le 14 juin 1968.

    98ANF, 569AP/263, lettre de Pierre Lefranc à Raymond Marcellin, le 8 juin 1968.

    99Témoignage de Jean-Pierre Antoni, le 31 janvier 2020.

    100Témoignage de René Marbot, le 12 février 2020.

    101Jean-Pierre Grand ne prend sa carte de CDR-Jeunes qu’en 1969, mais il participe déjà à leur campagne de collage d’affiches. Témoignages de Jacques Duguet le 3 février 2020, de Jean-Pierre Grand le 4 avril 2020, de Patrick Wattrin le 7 avril 2020 et de Didier Bierjon le 10 avril 2020.

    102Témoignage de René Marbot, le 12 février 2020.

    103Poilblan Pierre, Le Cas du CDR du Calvados, Caen, ANA, coll. « Les chemins de la vérité », 1970, p. 67.

    104Le Figaro, 7 octobre 1960 ; Le Monde, 7 octobre 1960 ; Carrefour, 12 octobre 1960.

    105Archives départementales du Calvados (AD14), 68J492, lettres de Pierre Chaunu à Georges Pompidou le 17 et Charles de Gaulle le 19 juillet 1968.

    106AD14, 68J514, lettre du Dr Raymond Villey à Pierre Chaunu, le 5 mai 1969.

    107ANF, 569AP/158, lettre de responsables CDR parisiens à Pierre Lefranc le 17 juin 1968, et rapport de Michel Pichard « Comité de Défense de la République du VIe arrondissement. Tour d’horizon au 29 juin 1968 ».

    108ANF, 569AP/158, rapport de Domboys « Comité de Défense de la République – XVIe arrondissement. Bilan des activités au 25 juin 1968 ».

    109ANF, R19800273/62, notes quotidiennes d’un militant (inconnu) à Pierre Lefranc – il n’indique pas le nom de son destinataire, mais ces notes personnelles se trouvent dans le fonds Lefranc, laissant entendre qu’il en était le destinataire.

    110Sur ces questions, voir aussi le chapitre ix.

    111ANF, R19800273/62, notes d’un militant (inconnu) à Pierre Lefranc, le 13 juin 1968.

    112ANF, 81AS90, le dossier « Meeting CDR du 20 juin 1968 » contient de nombreux articles de presse décrivant le dérouler de la séance.

    113Le Monde, 27 juin 1968 ; Combat, 28 juin 1968.

    114Il existe aussi un tableau des incidents impliquant des militants gaullistes entre le 30 mai 1968 et le 18 juillet 1981 aux pages 606-651 de la thèse du présent auteur.

    115Foccart Jacques, Journal de l’Élysée, t. II, op. cit., p. 217.

    116Le Monde, 2 juillet 1968.

    117L’Humanité, 2 juillet 1968 ; Le Monde, 31 mars 1969 ; Audigier François, « Quand des militants utilisent des armes à feu contre leurs adversaires : le service d’ordre gaulliste et les armes de 1947 à 1968 », op. cit., p. 246-247.

    118Foccart Jacques, Journal de l’Élysée, t. II, op. cit., p. 283.

    119Bat Jean-Pierre, Les Réseaux Foccart. L’homme des affaires secrètes, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2018, p. 277.

    120ANF, 569AP/158, lettre d’Yves Lancien aux responsables CDR le 17 avril 1969 ; Le Monde, 28 mars et 18 avril 1969.

    121Un gréviste est blessé et une banderole brûlée. Le Monde, 1er juin 1968.

    122Les forces de l’ordre doivent intervenir, des blessés se trouvent de part et d’autre dont un journaliste. Archives départementales de Moselle (AD57), 1330W439, message du commandant de la gendarmerie de Metz à la direction générale de la Gendarmerie nationale no 495/2, le 2 juin 1968.

    123Il y a plusieurs blessés parmi les CDR, les grévistes et les forces de l’ordre. Des vitrines sont brisées et des voitures incendiées. Le Monde, 8 juin 1968.

    124Foccart Jacques, Journal de l’Élysée, t. II, op. cit., p. 157 ; Télégramme, 4 juin 1968.

    125Les blessures sont légères. Le Monde, 15 juin 1968.

    126La victime, grièvement blessée, doit être hospitalisée. Le Figaro, 21 juin 1968.

    127Le Républicain lorrain, 16 juin 1968.

    128Le candidat PDM Philippe Parsy porte plainte le lendemain pour le compte des militants. Archives départementales du Nord (AD59), 1287W66, message no 805 du Service régional des Renseignements généraux du Nord, le 23 juin 1968.

    129Se référer au chapitre vi.

    130ANF, 569AP/157, projet de communiqué, le 24 juin 1968.

    131Le Monde, 2 juillet 1968 ; La Nation, 2 juillet 1968.

    132Gaïti Brigitte, « Le charisme en partage : mai-juin 68 chez les gaullistes », in Dominique Damamme, Boris Gobille, Frédérique Matonti et Bernard Pudal (dir.), Mai-Juin 68, Paris, Éditions de l’Atelier, 2008, p. 270.

    133Le Monde, 2 juillet 1968.

    134Ibid.

    135ANF, 569AP/158, lettre du comité national des CDR aux responsables des comités pour la défense de la République, le 8 juillet 1968.

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    1Le Monde, 31 mai 1968 ; La Dépêche du Midi, 31 mai 1968. La veille, La Dépêche du Midi publiait « De Gaulle à Colombey » et s’interrogeait sur ses intentions (« est-ce le prélude à un départ définitif ? »).

    2Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, t. I, op. cit., p. 403.

    3Gobille Boris, « L’événement Mai 68 : pour une sociohistoire du temps court », art. cité, p. 340-341.

    4Nous reprenons ici la formule de Jacques Rougeot employée dans son livre-phare de 1975, La Contre-offensive.

    5Gobille Boris, « L’événement Mai 68 : pour une sociohistoire du temps court », loc. cit.

    6Soutou Georges-Henri, La guerre froide de la France, 1941-1990, Paris, Tallandier, coll. « Histoire », 2018.

    7Peyrefitte Alain, C’était de Gaulle, t. III, op. cit., p. 584 ; Archives nationales de France (ANF) 569AP263, lettre de Pierre Lefranc à Philippe Séguin, le 9 août 1968.

    8ANF, 5W, scellés 1130, affiche « Alerte ! », mai 1968.

    9Témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    10Témoignage de René Marbot, le 12 février 2020.

    11ANF, 569AP157, dossier CDR 1a, communiqué du 4 juin 1968.

    12Le Figaro, 15 mai 1968.

    13Mathieu Lilian, « L’autre côté de la barricade : perceptions et pratiques policières en mai et juin 1968 », Revue historique, no 665, 2013/1, p. 157.

    14Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, t. I, op. cit., p. 401.

    15Belle Jacques, Le 30 mai 1968. La guerre civile n’aura pas lieu, Paris, Economica, 2012, p. 40.

    16Témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    17Turpin Frédéric, Jacques Foccart. Dans l’ombre du pouvoir, Paris, CNRS Éditions, coll. « Sociologies et sciences sociales », 2015, p. 250 ; témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    18Foccart Jacques, Journal de l’Élysée, t. II, op. cit., p. 165 ; Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, t. I, op. cit., p. 417.

    19Lefranc Pierre, Avec de Gaulle. Pendant et après 1947-2005, Paris, François-Xavier de Guibert, 2007, p. 230.

    20ANF, 81AS91, déclaration des Comités pour la défense de la République (CDR), le 5 juin 1968.

    21Cela corrobore également les déclarations de Jacques Godfrain, qui assure n’avoir donné que son nom pour aider les CDR à se lancer en mai-juin 1968 à la demande de Jacques Foccart. Témoignage de Jacques Godfrain, le 22 janvier 2020.

    22Lettre de trois responsables CDR de la région parisienne dont Michel Delecourt, responsable de l’antenne du 1er arrondissement de Paris, à Charles Pasqua le 4 juin 1968.

    23ANF, 569AP157, dossier CDR 1a, communiqué du 6 juin 1968.

    24Benoît Bruno, Chevandier Christian, Morin Gilles, Richard Gilles et Vergnon Gilles (dir.), À chacun son Mai ? Le tour de France de mai-juin 1968, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2011, p. 35 et 81.

    25Selon Jacques Belle et Jacques Godfrain, les CDR ne devaient pas survivre aux élections législatives de juin – du moins, dans l’esprit des caciques de l’UDR. Témoignages de Jacques Godfrain le 22 janvier 2020, et de Jacques Belle le 12 février 2020.

    26Mathieu Lilian, « Les manifestations en mai-juin 68 », in Dominique Damamme, Boris Gobille, Frédérique Matonti et Bernard Pudal (dir.), Mai-Juin 68, Éditions de l’Atelier, Paris, 2008, p. 203-204.

    27Témoignage de Jacques Godfrain le 10 avril 2018 ; Audigier François, Histoire du SAC, Paris, Stock, 2003, p. 165.

    28Turpin Frédéric, Jacques Foccart, op. cit., p. 246.

    29Témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    30Sirinelli Jean-François, Les Vingt Décisives. Le passé proche de notre avenir, 1965-1985, Paris, Fayard, 2007, p. 100.

    31Mathieu Lilian, « Les manifestations en mai-juin 68 », art. cité, p. 205.

    32Grossmann Robert, L’Appel du gaullisme. De Charles de Gaulle à Nicolas Sarkozy, 1958-2007, Paris, Éditions du Rocher, 2008, p. 193.

    33Georgi Frank, « “Le pouvoir est dans la rue”, 30 mai 1968. “La manifestation gaulliste” des Champs-Élysées », Vingtième Siècle, no 48, 1995/4, p. 46-60.

    34Abadie Frédéric et Corcelette Jean-Pierre, Georges Pompidou, Paris, Nouveau Monde, coll. « Poche-Histoire », 2015, p. 298.

    35Tartakowsky Danielle, Les droites et la rue. Histoire d’une ambivalence, de 1880 à nos jours, Paris, La Découverte, coll. « Cahiers libres », 2014, p. 135.

    36Bantigny Ludivine, « S’engager : politique, événement et générations », in Jean-Jacques Courtine (dir.), Histoire des émotions, t. III : De la fin du xixe siècle à nos jours, Paris, Seuil, coll. « L’univers historique », 2017, p. 157.

    37Debré Michel, Trois Républiques pour une France, t. IV : Gouverner autrement, 1962-1970, Paris, Albin Michel, 1993, p. 217.

    38Discours que l’on peut consulter dans Gaulle Charles de, Mémoires de guerre et Mémoires d’espoir, Paris, Plon, 2016.

    39Fesneau Elvina, « Éléments pour une histoire du public des postes à transistors en France », Le Temps des médias, no 3, 2004/2, p. 118-125.

    40Quagliariello Gaetano, « Georges Pompidou et les mouvements gaullistes », in Jean-Paul Cointet, Bernard Lachaise, Gilles Le Béguec et Jean-Marie Mayeur (dir.), Un politique : Georges Pompidou, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Politique d’aujourd’hui », 2001, p. 211.

    41Garrigues Jean, Guillaume Sylvie et Sirinelli Jean-François (dir.), Comprendre la Ve République, Paris, Presses universitaires de France, 2010, 554 p. ; entretien radiotélévisé du général de Gaulle avec Michel Droit le 7 juin 1968, ORTF, [https://www.ina.fr/video/CAF87002401].

    42Belle Jacques, Le 30 mai 1968, op. cit., p. 82-89.

    43Les dernières grèves s’achèvent début juillet. Vigna Xavier, L’Insubordination ouvrière dans les années 68. Essai d’histoire politique des usines, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2007, p. 32.

    44Turpin Frédéric, Jacques Foccart, op. cit., p. 245.

    45Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard. t. I, op. cit., p. 403.

    46Cointet Jean-Paul, Lachaise Bernard, Le Béguec Gilles et Mayeur Jean-Marie (dir.), Un politique : Georges Pompidou, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Politique d’aujourd’hui », 2001, p. 211.

    47Abadie Frédéric et Corcelette Jean-Pierre, Georges Pompidou, op. cit., p. 300.

    48Chaban-Delmas Jacques, Mémoires pour demain, Paris, Flammarion, 1997, p. 411.

    49Debré Michel, Trois Républiques pour une France, t. IV : Gouverner autrement, 1962-1970, op. cit., p. 215.

    50Audigier François, Histoire du SAC, op. cit., p. 165.

    51Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, t. I, op. cit., p. 414.

    52Témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    53Belle Jacques, Le 30 mai 1968, op. cit., p. 41.

    54Audigier François, « Le gaullisme d’ordre des années 1968 », Vingtième Siècle, no 116, 2012/4, p. 53-68.

    55Entre 150 et 400 auraient été munis d’armes à feu pour se protéger en cas d’attaque. Cette information ne fait toutefois pas l’unanimité. Audigier François, « Quand des militants utilisent des armes à feu contre leurs adversaires : le service d’ordre gaulliste et les armes de 1947 à 1968 », in Julie d’Andurain, François Audigier et Jean-Noël Grandhomme (dir.), Les Français et les armes à feu, Paris, Hémisphères Éditions/Maisonneuve & Larose nouvelles éditions, 2018, p. 245.

    56Muller Bryan, « Quand un attentat politique marque la Moselle. Les élections législatives de juin 1968 et l’affaire Fargeot », Les Cahiers lorrains, vol. I-II, 2018/1, p. 6-12.

    57Du moins, ni la presse ni les archives publiques ne font mention d’affrontements pour ces manifestations. Consulter Le Monde, L’Humanité et Le Figaro des 1er au 9 juin 1968 pour de plus amples détails.

    58Le Monde, 1er juin 1968.

    59Les manifestants (pro-)gaullistes sont au nombre de 15 000, mais on ignore combien restent autour du monument aux morts pour se confronter aux contre-manifestants. Ibid.

    60Lilian Mathieu, « Les manifestations en mai-juin 1968 », in Dominique Damamme, Boris Gobille, Frédérique Matonti et Bernard Pudal (dir.), Mai-Juin 68, Paris, Éditions de l’Atelier, 2008, p. 205.

    61Le Monde, 2-3 juin 1968.

    62Le Monde, 1er juin 1968 ; L’Humanité, 1er juin 1968.

    63Le Monde, 2-3 juin 1968.

    64Bougeard Christian, Les années 68 en Bretagne. Les mutations d’une société (1962-1981), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », p. 133-134.

    65Le Figaro, 1er juin 1968.

    66Bougeard Christian, Les années 68 en Bretagne, op. cit., p. 149.

    67Ouest-France, 8-9 juin 1968.

    68AD35, 508W46, rapport des Renseignements généraux au préfet d’Ille-et-Vilaine no 638, le 8 juin 1968.

    69AD35, 508W46, télégramme du préfet au ministre de l’Intérieur no 3324, le 7 juin 1968 à 20 h 13.

    70Loyer Emmanuelle, L’Événement 68, Paris, Flammarion, 2018, p. 334.

    71Les Dernières Nouvelles d’Alsace, 2 juin 1968.

    72Le Monde, 4 juin 1968.

    73Le Lorrain, 4 juin 1968.

    74AD57, 1330W439, message du groupement de gendarmerie de Metz à plusieurs destinataires dont la direction de la gendarmerie nationale à Paris le 2 juin 1968.

    75AD57, 1330W439, télégramme du groupement de gendarmerie de Metz au groupement de la gendarmerie nationale à Paris no 6635 le 2 juin 1968 ; Bantigny Ludivine, 1968. De grands soirs en petits matins, Paris, Seuil, coll. « L’Univers historique », 2018, p. 206.

    76Témoignage de Serge Boutillot, le 23 mai 2018.

    77Ibid.

    78Audigier François, « Quand des militants utilisent des armes à feu contre leurs adversaires : le service d’ordre gaulliste et les armes de 1947 à 1968 », op. cit., p. 241-242.

    79Par exemple, tous les membres du service d’ordre CDR étaient munis de matraques lors de la manifestation de Besançon le 31 mai 1968. Le Monde, 2-3 juin 1968.

    80Audigier François, « Les images militantes gaullistes de mai-juin 1968 : une propagande antichienlit », in Christian Delporte, Denis Maréchal, Caroline Moine et Isabelle Veyratmasson (dir.), Images et sons de mai 68 (1968-2008), Paris, Nouveau Monde Éditions, 2011, p. 320.

    81Journal officiel de la République française, 31 mai 1968, p. 5322.

    82Foccart Jacques, Journal de l’Élysée, t. II, op. cit., p. 164.

    83Témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    84Pozzi Jérôme, Les Mouvements gaullistes. Partis, associations et réseaux, 1958-1976, op. cit., p. 166 et 194.

    85Ibid., p. 183-184.

    86Témoignage de Jacques Belle, le 12 février 2020.

    87ANF, 543AP8, manifeste du programme de l’UDR, juin 1968.

    88ANF, AG/5(2)/1088, commentaire du Premier ministre sur la situation électorale à Paris, le 3 juin 1968.

    89Goguel François, « Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 », Revue française de science politique, no 18/5, 1968, p. 837-858.

    90Lachaise Bernard, « Mobilizing the Silent Majority in France in the 1970s », in Anna Von Der Goltz et Britta Waldschmidt-Nelson (dir.), Inventing the Silent Majority in Western Europe and the United States. Conservatism in the 1960s and 1970s, Cambridge, Cambridge University Press, coll. « Publications of the German Historical Institute », 2017, p. 105-121.

    91Audigier François, « Les images militantes gaullistes de mai-juin 1968 : une propagande antichienlit », art. cité, p. 309-322. Se référer également au chap. viii.

    92ANF, 81AS91, manifeste du bureau de presse des CDR vers le 31 mai 1968.

    93ANF, 81AS90, lettre de Séverin Jamin à Pierre Lefranc, le 8 juin 1968.

    94ANF, 569AP/263, lettre de Pierre Lefranc au président de la Confédération générale des cadres, le 19 juin 1968.

    95ANF, 569AP/157, communiqués du comité national des CDR, les 4 et 6 juin 1968.

    96ANF, 569AP/157, télégramme de Pierre Lefranc, le 11 juin 1968.

    97ANF, 569AP/263, lettre de Pierre Lefranc à l’établissement Drago, le 14 juin 1968.

    98ANF, 569AP/263, lettre de Pierre Lefranc à Raymond Marcellin, le 8 juin 1968.

    99Témoignage de Jean-Pierre Antoni, le 31 janvier 2020.

    100Témoignage de René Marbot, le 12 février 2020.

    101Jean-Pierre Grand ne prend sa carte de CDR-Jeunes qu’en 1969, mais il participe déjà à leur campagne de collage d’affiches. Témoignages de Jacques Duguet le 3 février 2020, de Jean-Pierre Grand le 4 avril 2020, de Patrick Wattrin le 7 avril 2020 et de Didier Bierjon le 10 avril 2020.

    102Témoignage de René Marbot, le 12 février 2020.

    103Poilblan Pierre, Le Cas du CDR du Calvados, Caen, ANA, coll. « Les chemins de la vérité », 1970, p. 67.

    104Le Figaro, 7 octobre 1960 ; Le Monde, 7 octobre 1960 ; Carrefour, 12 octobre 1960.

    105Archives départementales du Calvados (AD14), 68J492, lettres de Pierre Chaunu à Georges Pompidou le 17 et Charles de Gaulle le 19 juillet 1968.

    106AD14, 68J514, lettre du Dr Raymond Villey à Pierre Chaunu, le 5 mai 1969.

    107ANF, 569AP/158, lettre de responsables CDR parisiens à Pierre Lefranc le 17 juin 1968, et rapport de Michel Pichard « Comité de Défense de la République du VIe arrondissement. Tour d’horizon au 29 juin 1968 ».

    108ANF, 569AP/158, rapport de Domboys « Comité de Défense de la République – XVIe arrondissement. Bilan des activités au 25 juin 1968 ».

    109ANF, R19800273/62, notes quotidiennes d’un militant (inconnu) à Pierre Lefranc – il n’indique pas le nom de son destinataire, mais ces notes personnelles se trouvent dans le fonds Lefranc, laissant entendre qu’il en était le destinataire.

    110Sur ces questions, voir aussi le chapitre ix.

    111ANF, R19800273/62, notes d’un militant (inconnu) à Pierre Lefranc, le 13 juin 1968.

    112ANF, 81AS90, le dossier « Meeting CDR du 20 juin 1968 » contient de nombreux articles de presse décrivant le dérouler de la séance.

    113Le Monde, 27 juin 1968 ; Combat, 28 juin 1968.

    114Il existe aussi un tableau des incidents impliquant des militants gaullistes entre le 30 mai 1968 et le 18 juillet 1981 aux pages 606-651 de la thèse du présent auteur.

    115Foccart Jacques, Journal de l’Élysée, t. II, op. cit., p. 217.

    116Le Monde, 2 juillet 1968.

    117L’Humanité, 2 juillet 1968 ; Le Monde, 31 mars 1969 ; Audigier François, « Quand des militants utilisent des armes à feu contre leurs adversaires : le service d’ordre gaulliste et les armes de 1947 à 1968 », op. cit., p. 246-247.

    118Foccart Jacques, Journal de l’Élysée, t. II, op. cit., p. 283.

    119Bat Jean-Pierre, Les Réseaux Foccart. L’homme des affaires secrètes, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2018, p. 277.

    120ANF, 569AP/158, lettre d’Yves Lancien aux responsables CDR le 17 avril 1969 ; Le Monde, 28 mars et 18 avril 1969.

    121Un gréviste est blessé et une banderole brûlée. Le Monde, 1er juin 1968.

    122Les forces de l’ordre doivent intervenir, des blessés se trouvent de part et d’autre dont un journaliste. Archives départementales de Moselle (AD57), 1330W439, message du commandant de la gendarmerie de Metz à la direction générale de la Gendarmerie nationale no 495/2, le 2 juin 1968.

    123Il y a plusieurs blessés parmi les CDR, les grévistes et les forces de l’ordre. Des vitrines sont brisées et des voitures incendiées. Le Monde, 8 juin 1968.

    124Foccart Jacques, Journal de l’Élysée, t. II, op. cit., p. 157 ; Télégramme, 4 juin 1968.

    125Les blessures sont légères. Le Monde, 15 juin 1968.

    126La victime, grièvement blessée, doit être hospitalisée. Le Figaro, 21 juin 1968.

    127Le Républicain lorrain, 16 juin 1968.

    128Le candidat PDM Philippe Parsy porte plainte le lendemain pour le compte des militants. Archives départementales du Nord (AD59), 1287W66, message no 805 du Service régional des Renseignements généraux du Nord, le 23 juin 1968.

    129Se référer au chapitre vi.

    130ANF, 569AP/157, projet de communiqué, le 24 juin 1968.

    131Le Monde, 2 juillet 1968 ; La Nation, 2 juillet 1968.

    132Gaïti Brigitte, « Le charisme en partage : mai-juin 68 chez les gaullistes », in Dominique Damamme, Boris Gobille, Frédérique Matonti et Bernard Pudal (dir.), Mai-Juin 68, Paris, Éditions de l’Atelier, 2008, p. 270.

    133Le Monde, 2 juillet 1968.

    134Ibid.

    135ANF, 569AP/158, lettre du comité national des CDR aux responsables des comités pour la défense de la République, le 8 juillet 1968.

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    Muller, B. (2024). Chapitre I. Le sursaut militant gaulliste de mai-juin 1968. In « L’armée des partisans » de la Ve République ?. Rennes: Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/12kjn
    Muller, Bryan. « Chapitre I. Le sursaut militant gaulliste de mai-juin 1968 ». In « L’armée des partisans » de la Ve République ?. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2024. doi:10.4000/12kjn.
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