Se divertir en ville, se divertir à la campagne
Jeux et loisirs des Montmorency-Luxembourg au xviiie siècle
p. 231-242
Texte intégral
1Interroger les pratiques des loisirs de la noblesse française dans son espace privé pendant la seconde modernité constitue pour nous une incursion dans sa vie privée et un examen de son art de vivre. Les loisirs, en tant que « mode d’expression plus complète de soi par le corps, les sens, les sentiments, l’imagination et l’esprit1 », sont au centre de la vie de ce groupe social, s’agissant à la fois de pratiques individuelles et collectives.
2Nous nous proposons de réfléchir sur ces pratiques culturelles à travers le cas des Montmorency-Luxembourg, princes de Tingry, l’une des branches de la lignée des Montmorency2. Cette famille appartient à une élite qui passe son temps entre la ville et la campagne : l’hiver et le printemps correspondent généralement à la saison mondaine, l’été et une partie de l’automne à la villégiature.
3Faute d’archives privées et d’écrits du for privé concernant cette famille, notre lecture reposera sur cinq inventaires après décès d’hommes et de femmes descendant de cette branche. Le Minutier central des notaires parisiens aux Archives nationales de France offre une mine d’actes notariés dont l’investigation a apporté depuis des années de nouveaux éclairages sur la vie sociale et culturelle des catégories étudiées. Parmi ces sources, l’inventaire après décès constitue la source la plus indiquée pour nous renseigner sur la vie privée, notamment la vie quotidienne.
4Notre corpus se compose d’abord de l’inventaire après décès de Louis-Christian de Montmorency-Luxembourg, premier prince de Tingry et maréchal de France, datant du 1er décembre 17463 ; puis de celui de sa veuve Louise-Madeleine de Harlay, comtesse de Beaumont et marquise de Bréval, datant du 17 septembre 17494 ; de celui de leur fils aîné, Charles-François-Christian, deuxième prince de Tingry, datant du 27 avril 17875 ; de leur fils cadet Joseph-Maurice-Annibal, comte de Montmorency, datant du 13 octobre 17626, et enfin de celui de sa première épouse, Françoise-Thérèse-Martine Le Pelletier de Rosambo, comtesse de Montmorency, commencé le 1er février 17517.
5Ces inventaires couvrent des espaces urbains (des hôtels parisiens)8 et des châteaux de campagne qui sont toutefois assez réduits dans le cas étudié. Les inventaires des châteaux sont le plus souvent faits par des notaires provinciaux dont nous ne trouvons nulle trace. Nos réflexions sur l’espace rural s’appuieront uniquement sur l’inventaire après décès du deuxième prince de Tingry (1787) ; le notaire parisien Bro et son confrère ont été successivement à Beaumont-en-Gâtinais (Seine-et-Marne), à Bréval (Yvelines), à Avernes (Val d’Oise) et à Versailles (Yvelines) pour faire l’inventaire des biens du prince9.
6La lecture de nos sources nous permet de dégager la diversité et la multiplicité des divertissements aristocratiques au sein de l’espace privé, aussi bien en ville qu’à à la campagne. Chasse, collection de livres, lecture, billard et jeux de tables sont des activités qui reflètent l’appartenance à une élite sociale. L’examen de ces pratiques ludiques nous conduira à interroger les usages de l’espace et du temps chez l’élite nobiliaire et à décrypter les rapports sociaux et les sociabilités qui s’affichent à l’occasion de ces moments de loisirs.
La chasse : loisir aristocratique par excellence
7Le cheval et le fusil, deux éléments essentiels à la pratique de la chasse, sont répertoriés par les notaires dans une partie des foyers inventoriés. Que ce soit en ville ou à la campagne, les écuries renferment des dizaines de chevaux dont quelques-uns ont certainement servi pendant les sorties de chasse. D’après l’auteur du Traité complet de la chasse à fusil, les chevaux de chasse, nommés chevaux d’arquebuse, doivent être « froids, tranquilles et point peureux » et choisis ordinairement « de l’âge à six ou sept ans, d’une taille de quatre pieds quatre ou cinq pouces, d’un caractère docile et d’un aplomb parfait sur [leurs] jambes10 ».
8Les notaires relèvent aussi « quatre fusils de chasse » dans l’hôtel urbain de la comtesse de Montmorency et six fusils dont « deux damasquinés en or » dans la chambre de la garde du château de Beaumont. La chasse au fusil devient plus courante au xviie siècle avec l’évolution des armes à feu, le fusil étant en fait l’évolution de l’arquebuse à mèche et à rouet11. Cette arme devient plus pratique à partir de 1740 avec l’invention du fusil double à canon soudé12.
9Il est probable également que les Montmorency-Luxembourg pratiquent d’autres types de chasse, telles la vénerie, la fauconnerie, la chasse à tir, la chasse au vol, dont la pratique ne laisse pas de traces dans l’inventaire après décès. Il est probable également que certains d’entre eux accompagnent le roi à la chasse. Le premier prince de Tingry est ainsi promu au titre de maréchal de France dès 1734, et parmi les honneurs inhérents à ce titre figure celui d’accompagner le roi à la chasse13.
10La chasse est une pratique aristocratique codifiée à triple finalité. D’abord c’est un loisir autant masculin que féminin, appris dès la jeunesse, et qui se pratique souvent en groupe, entre amis qui partagent le même plaisir et les mêmes émotions14. La convivialité cynégétique repose sur la chasse en commun, le plaisir de la table et le bonheur de la conversation15. La chasse est aussi un exercice physique, un moyen d’entretien de la vigueur et de la santé à travers le contact avec la nature. C’est finalement une pratique qui rappelle la guerre et préserve une image de la force.
11La chasse est par ailleurs un privilège seigneurial. À la campagne, entre début septembre et fin février, aux alentours des châteaux et dans les bois environnants, le seigneur haut-justicier dispose du droit de chasse dans l’étendue de sa haute-justice. Il fournit également le gibier de la bouche du château, une nourriture très cotée à l’époque. Des gardes-chasses, logeant souvent dans les châteaux, se chargent de la garde de la chasse des châtelains.
12Un autre loisir se pratique à l’intérieur des châteaux : le livre, entre collection et lecture.
La passion du livre : un loisir cultivé
13Le livre était présent dans tous les logis des Montmorency-Luxembourg. À travers l’examen quantitatif et qualitatif de leurs bibliothèques, il s’avère que les membres de cette famille étaient à la fois collectionneurs de livres et passionnés par la lecture, des loisirs qui permettent de parfaire la culture et reflètent une certaine appartenance sociale.
La collection : une tradition ?
14Deux indices montrent le souci de collection chez les membres de cette famille. D’abord un indice quantitatif : le nombre de volumes recensés par les notaires, secondés par des libraires, est généralement important. 1 380 volumes composent la bibliothèque du maréchal de Montmorency, 1 083 volumes pour celle de sa femme, 3 942 volumes pour le comte de Montmorency et 3 704 volumes pour le deuxième prince de Tingry. Ces chiffres ne composent qu’une partie de la bibliothèque réelle des Montmorency-Luxembourg, puisque les inventaires après décès, objets de notre étude, ne couvrent pas tous les logis des défunts.
15Deuxième indice : les intitulés des livres16. Nous repérons des dizaines de volumes de grands formats (des in-quarto et des in-folio) illustrant l’histoire de la France et de l’Europe, avec une ouverture sur le monde (la Chine) et une curiosité pour certains peuples (Juifs, Turcs et autres). L’actualité politique et culturelle française est fort présente avec les 165 volumes du Mercure de France de la bibliothèque du maréchal de Montmorency, et les dizaines de volumes de la Gazette de France, des Annales de la cour et de Paris, des recueils d’arrêts, des almanachs royaux, etc. Différents dictionnaires de la langue française (Bayle, Moreri, Trévoux) et plusieurs éditions de la Bible (Bible de Sacy, Bible latine de Vitré, Bible de Carrières…) côtoient aussi une collection de cartes et plans, de livres de figures et d’estampes17.
16La collection de livres est une tradition familiale chez les Montmorency-Luxembourg, qui sont les descendants des Harlay de Beaumont, collectionneurs de livres et bibliophiles très réputés18. La maréchale de Montmorency, petite-fille du premier président du parlement de Paris Achille III de Harlay, propriétaire d’une bibliothèque de plus de 8 000 volumes (en 1693), a été tellement sensible à cette tradition qu’elle stipule par testament de veiller à « l’entretien, la conservation et l’augmentation » de sa petite bibliothèque du château de Beaumont19. La collection de livres ne découle pas uniquement d’une tradition et d’une passion, souvent les beaux et les grands livres, reliés, brochés, marqués des armes de la famille, sont de simples objets d’ostentation, des instruments de prestige et signes d’un certain niveau de fortune. L’un des objectifs de cette pratique est également de sauvegarder la mémoire de la famille, d’où le Catalogue de la bibliothèque de Monsieur de Harlay présent dans toutes les bibliothèques, l’histoire de monsieur de Thou, parent des Montmorency-Luxembourg, et les différents volumes qui illustrent l’histoire de la maison Luxembourg20.
17Ce souci de collection était-il accompagné par un goût pour la lecture ?
La lecture : une passion ?
18Trois éléments prouvent qu’une bonne partie de ces livres a été lue. D’abord, la localisation des bibliothèques dans l’espace domestique. Les notaires mentionnent des « armoires à bibliothèques » dans les chambres à coucher de la maréchale de Montmorency et de sa petite-fille, la comtesse de Montmorency. Quant au comte de Montmorency, il a choisi de réserver la pièce mitoyenne de sa chambre à coucher à sa bibliothèque. Certainement, cette nouvelle localisation du livre à l’intérieur du bloc de l’intimité reflète un goût pour la lecture silencieuse, dans un coin tranquille du logis ; le livre devient le compagnon privilégié de l’intimité individuelle. Une lecture du soir, d’avant le coucher, qui peut être aussi un acte de l’intimité conjugale, soit que les époux lisent chacun un texte, soit qu’ils lisent ensemble le même texte21. Cette « privatisation » de la pratique du lire est l’une des évolutions culturelles majeures de la modernité d’après R. Chartier22.
19Ajoutons à cela les titres qui composent ces bibliothèques et dont une partie révèle les préoccupations intellectuelles de ces individus et leur goût culturel. Un goût qui varie d’une personne à une autre, car le contenu essentiellement religieux de la bibliothèque d’une dame pieuse, la maréchale de Montmorency, ne figure pas dans les bibliothèques de ses enfants (le deuxième prince de Tingry et le comte de Montmorency). Le goût de ces derniers va plutôt vers la littérature, plusieurs volumes sont en rapport avec le théâtre et la vie littéraire : Le théâtre italien, Le théâtre français, les satires de Rabelais, de Rabener, La Satyre Ménippée, les Œuvres de Fontenelle, de Racan, de Racine, de Molière, de Voltaire, de Rousseau, etc. Les Montmorency-Luxembourg aiment aussi lire des essais historiques, des biographies des rois de France et d’Europe, des mémoires privées (Mémoires de Sully, Mémoires du cardinal de Retz, etc.). Des volumes dont la majorité est en petits formats (des in-octavo et des in-douze), ce qui facilite la consultation du livre choisi.
20Telle est aussi la bibliothèque du père, le maréchal de Montmorency, dont le catalogue de vente des livres (1747) conservé à la bibliothèque historique de la ville de Paris témoigne d’un goût éclectique et d’une curiosité scientifique : histoire, philosophie, littérature, religion, sciences, etc. se côtoient dans la même bibliothèque23.
21Par ailleurs, les dates d’édition de ces livres prouvent qu’ils étaient des livres achetés par les propriétaires et non des livres hérités. Cette élite suit aussi l’actualité littéraire française et européenne et investit dans des romans et des livres singuliers de leur temps : le roman Pamela de Samuel Richardson, paru en 1740, est trouvé chez le maréchal de Montmorency en 1746 et le Spectacle de la nature de l’abbé Pluche, édité pour la première fois en 1732 et traduit rapidement en plusieurs langues, figure dans la bibliothèque de la maréchale en 1749. Le catalogue de vente des livres du maréchal de Montmorency, qui précise toutes les dates d’édition des volumes composant sa bibliothèque, montre que la majorité des livres a été éditée au xviiie siècle24.
22La lecture faisait partie ainsi des loisirs de cette élite cultivée, un loisir en osmose avec le goût du siècle, car côtoyer les salons nécessite un certain savoir et une culture livresque utiles dans les conversations. En famille, il est possible de lire seul ou en compagnie25. Dans ce cadre privé on apprend à lire à haute voix, à écouter lire et à converser. Ces codes de la lecture sont nés dans l’espace privé avant qu’ils ne soient transposés aux salons.
Du plaisir de jouer chez soi
23Plusieurs types de jeu laissent des traces dans les inventaires après décès. Aussi bien en ville qu’à la campagne, les tables de jeu « couvertes de drap vert » sont comptées par dizaines chez les Montmorency-Luxembourg. Toutefois, la nature du jeu n’est pas toujours indiquée par les notaires. Ceux-ci se contentent parfois de citer le meuble de jeu sans préciser sa nature, d’autres fois, ils notent les formes des tables (« table ronde », « table triangulaire », « table longue et étroite », « table à trois faces », « table ployante »…)26, ou leur état matériel (« vielles tables » [sic], « tables très mauvaises »)27. Rangées dans des buffets ou des armoires ou exposées dans les foyers, certaines tables attirent l’attention des notaires et sont décrites plus que d’autres : la nature du bois est parfois mentionnée (de palissandre, d’acajou, de noyer, d’ébène, de chêne, de rose, de violette, etc.), ainsi que les accessoires des tables (boules, fiches, dames, cornets…). Ces derniers sont parfois armoriés des armes de la famille, telle la table de tric-trac du deuxième prince de Tingry dont les boules et fiches sont marquées par les armes des Montmorency, pratique très réputée chez la noblesse et dont l’objectif est de rappeler l’appartenance sociale. Quant aux coffrets et boîtes marquetées qui servent cartes et jetons, ils sont rarement évoqués dans ces inventaires.
24L’inventaire après décès permet-il d’identifier le prix de ces tables ? Rarement, car les tables sont souvent prisées en lots ou avec d’autres objets de la même pièce. Le prix dépend en fait de la nature du bois, de la grandeur de la table et de ses ornements, autrement dit du savoir-faire du menuisier. Notons par ailleurs l’absence de jouets d’enfants dans ces inventaires. Les petits-enfants du maréchal de Montmorency n’ont pas laissé de traces dans ces logis, d’où les limites des inventaires après décès qui, en dépit de leur apport indiscutable dans la description des intérieurs, nous laissent sur notre faim concernant d’autres dimensions de l’univers privé.
Tableau 1. – Tables de jeu dans les hôtels urbains des Montmorency-Luxembourg (1746-1787).
Brelan | Quadrille | Piquet | Tric-trac | Autres | Jeux non identifiés | Total | |
Le maréchal de Montmorency | 3 | 2 | 2 | 1 | 5 | 13 | |
La maréchale de Montmorency | 2 | 1 | 3 | ||||
Le deuxième prince de Tingry | 4 | 2 | 5 | 3 | 3 | 17 | |
Le comte de Montmorency | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 | 5 | |
La comtesse de Montmorency | 1 | 1 | 2 | 6 | 10 | ||
Total | 5 | 10 | 4 | 7 | 6 | 16 |
Tableau 2. – Tables de jeu du deuxième prince de Tingry (1787).
Brelan | Quadrille | Piquet | Tric-trac | Billard | Autres | Jeux non identifiés | Total | |
Paris | 4 | 2 | 5 | 3 | 3 | 17 | ||
Fontainebleau | 14 | 14 | ||||||
Beaumont | 1 | 2 | 2 | 2 | 14 | 21 | ||
Avernes | 1 | 2 | 2 | 2 | 3 | 10 | ||
Versailles | 10 | 10 | ||||||
Bréval | 0 | |||||||
Total | 2 | 6 | 6 | 7 | 2 | 5 | 44 |
25Il se dégage de ces tableaux que le jeu était au cœur de la vie de cette famille. Ces gentilshommes jouent en ville et à la campagne, dans tous les logis, à l’exception du château de Bréval, lieu de résidence secondaire, ouvert uniquement pendant les passages des princes de Tingry qui viennent de temps à autre pour contrôler leurs affaires.
26En dépit de la réglementation sévère contre plusieurs types de jeux aux xviie et xviiie siècles à cause de leurs méfaits sociaux, le jeu modéré entre amis et en famille a été toléré. « Quand on prend cette récréation chez soi, avec sa famille, ou quelques uns de ses amis, à la bonne heure, il n’y a rien qui blesse la pureté des mœurs, ni aucun inconvénient pour l’ordre public », pense Nicolas Delamare28. Différents types de jeux sont repérés dans la sphère privée : jeux de hasard, jeux de commerce et jeux d’adresse avec une prédilection pour les jeux de cartes, jeux qui envahissent le paysage ludique dès 1630-1640, en l’occurrence avec le recul de la paume29. Quantitativement, il s’avère que le quadrille, le tric-trac, le brelan et le piquet sont les jeux favoris des Montmorency-Luxembourg. Un goût qui s’adapte au goût général du siècle.
Des jeux de hasard et de commerce30
27Fondés sur le hasard pur et prohibés par l’État, les jeux de hasard composent une partie des jeux de l’élite. Brelan, trou-madame, biribi et cavagnole, mentionnés dans les tableaux ci-dessus, appartiennent à cette catégorie de jeu. Conformément au goût de l’époque, le brelan était parmi les jeux les plus célèbres au siècle des Lumières. Ce jeu de cartes, sans banque, naît en France au xviiie siècle et se joue avec 32 cartes31. Le trou-madame joué par le deuxième prince de Tingry dans son château d’Avernes est aussi un jeu de hasard qui consiste à lancer des boules sur une planchette en bois munie de 13 ouvertures en arcade numérotées, le but étant de marquer le maximum de points. D’origine italienne, le biribi et le cavagnole sont des jeux de paris sur tableaux, une sorte de loterie à tirage ; le premier est avec banque32.
28Une autre catégorie de jeu, celle des jeux mixtes – dits de commerce au xviiie siècle –, figure aussi dans la gamme de jeux de nos acteurs. Ce sont des jeux où le hasard et l’adresse se mêlent, et qui de ce fait sont tolérés. Parmi eux figurent des jeux de cartes (piquet, quadrille et tri) et des jeux de dés (tric-trac). Le piquet se joue par combinaisons puis levées avec 32 cartes33, le quadrille par levées avec 40 cartes34. Le tritrille, souvent abrégé en tri ou try, dérivé du quadrille pour trois joueurs et apparu en 1740, se joue avec 30 cartes35. Le tric-trac, jeu complexe et réputé « honnête », se joue à deux, sur un tablier avec deux dés, des dames blanches et noires36.
29Le deuxième prince de Tingry joue également au « siam à la toupie ». C’est un jeu de quilles qui entre en France avec le siècle de Louis XIV et qui était très à la mode sous le règne de Louis XV37. « Comme au jeu de quilles ordinaire, on a neuf quilles qu’il faut tâcher d’abattre, la différence de ce jeu de Siam, c’est que la boule n’est pas ronde, mais qu’elle est presque plate et à pan coupé, en sorte qu’elle roule sur son côté et qu’elle fait des détours et des lignes courbes, qu’il est de l’habileté du joueur de savoir diriger38. » Ici, il est possible que la boule ait été remplacée par une toupie.
30Certes, les jeux dans ces foyers sont plus variés ; la grande partie des tables de jeu a été mentionnée sans précision de la nature du jeu, comme il est indiqué dans les tableaux ci-dessus (les deux tiers des tables de jeu du prince de Tingry sont non identifiées).
Un jeu d’adresse et d’exercice : le billard
31Le billard, jeu dénommé autrefois billard de terre (ou jeu de mail), puisqu’il se pratiquait en plein air, se transforme en jeu intérieur au début du xviie siècle. C’est un jeu d’adresse et d’exercice, d’après l’Encyclopédie, qui consiste à faire rouler une balle d’ivoire pour en frapper une autre et la faire entrer dans des trous appelés belouses39. L’essor de ce jeu d’élite à partir du xviie siècle s’explique par la valeur accordée par la société à la conversation ; ce jeu permet de deviser en se distrayant paisiblement40. Il est de ce fait praticable par les femmes.
32Le billard, absent des hôtels urbains des Montmorency-Luxembourg, est pratiqué uniquement dans le château des parents et grands-parents, à Beaumont-en-Gâtinais. Les contraintes de l’espace, inexistantes à la campagne, ont empêché les Montmorency-Luxembourg d’aménager une pièce spécifique à ce jeu dans leurs hôtels urbains. Le château de Beaumont dispose par contre d’une « chambre de billard » dès le milieu du xviie siècle41. Toutefois, à la fin du xviiie siècle, cette chambre ne refermait pas de table de billard. Celle-ci, « en bois de chêne, de dix pieds de long, couverte de drap vert avec son dessus de toile vert, sa queue, masse et billes, et prisée 320 livres », a été déplacée au salon. Un second billard, « de dix pieds de long », moins luxueux (60 livres), est repéré aussi dans une salle. Inséré dans des pièces de réception, le jeu de billard se codifie chez le deuxième prince de Tingry, il se mêlera au rituel de réception et de sociabilité.
33Pour conclure, il se dégage de ce panorama que l’élite s’adonne au sein de son espace privé à des jeux de société, pratiqués souvent collectivement, en famille, entre couples, entre parents et enfants, entre maîtres de maisons et invités ou domestiques. Le jeu est de ce fait un moment de joie et d’amusement, dont l’un des enjeux est de resserrer les liens entre les individus. C’est aussi une occasion de sociabilité « dont la réussite crée ou recrée la cohésion entre des individus dans une atmosphère de joie42 ».
34Quel était l’enjeu du jeu chez soi ? Est-ce le délassement du corps et de l’esprit ou le gain de l’argent ? Le pari et le défi étaient certainement présents dans toutes les parties de jeu, en l’occurrence lorsqu’elles se déroulent entre amis. Donner à jouer chez soi permet de gagner de l’argent et de soutenir son train de vie43, sans négliger toutefois l’effet ruineux du jeu. Ceci dit, il semble que les Montmorency-Luxembourg exercent un jeu modéré, nous n’avons repéré aucune trace d’un éclatement de la fortune ou d’endettements causés par la pratique du jeu.
Les espaces des loisirs : entre l’architectural et le naturel
35Dans l’espace privé, il est possible de se divertir à l’intérieur du logis ainsi qu’à l’extérieur. L’espace châtelain, doté de vastes jardins, de beaux parterres et de grands parcs, représente l’espace de prédilection pour ce deuxième type de divertissement. D’autres loisirs se conçoivent aussi bien dehors que dedans, oscillant entre l’espace naturel et l’espace architectural, tels les banquets, les jeux de société, le théâtre, la musique, la danse, etc.44.
Les espaces clos
36L’espace clos accueille certains divertissements aristocratiques comme la lecture, la danse, la musique, la peinture, etc., et essentiellement le jeu.
37Quelles sont les pièces qui accueillent le jeu dans ces logis ? Y a-t-il des pièces spécifiques de jeu ? Le cas étudié nous permet de repérer une évolution dans l’espace dédié au ludique, bien que la période étudiée soit trop courte pour avancer des résultats définitifs.
38Dans les quatre inventaires de la moitié du xviiie siècle, le jeu prend place en premier lieu dans l’antichambre. Cette petite pièce annexe d’une grande chambre tient lieu de salle où le maître de maison réunit ses familiers pour deviser ou jouer autour d’une table. Jusqu’à cette date, l’antichambre, souvent ouverte sur un espace vert et meublée luxueusement, assure encore la fonction de réception. C’était aussi la fonction de la chambre, pièce multifonctionnelle, qui accueillait également le jeu.
39Trois décennies plus tard (dans l’inventaire de 1787), l’antichambre ne perd pas définitivement sa place (elle tient lieu de salle à manger au château de Versailles en 1787, par exemple), mais d’autres pièces de réception accueillant le jeu apparaissent : la salle à manger et le salon.
40En 1787, aussi bien dans ses résidences urbaines que rurales, le nombre le plus impressionnant de tables de jeu chez le deuxième prince de Tingry a été recensé dans ses salles à manger : neuf tables de jeu dans la salle à manger à Paris et quatre au château d’Avernes. L’antichambre et la salle cèdent la place à une nouvelle pièce de réception qui fait son apparition à partir de la fin du xviie siècle : la salle à manger. Le deuxième prince de Tingry aime associer le ludique à ses banquets. En fait, les plaisirs de table jouent un rôle important dans la sociabilité mondaine au xviiie siècle. La souplesse de cette sociabilité permettait à ceux qui ne souhaitaient pas manger de converser ou de jouer pendant le repas45.
41Le salon, nouvelle pièce de réception dont l’apparition date du début du xviiie siècle, accueille aussi le jeu. La réception, la table et le jeu sont des gestes associés, qui appellent certains principes de la vie mondaine : sociabilité, convivialité et hospitalité. Le temps du jeu doit répondre aussi au souci de représentation : décoration et ameublement des pièces doivent démontrer une certaine appartenance sociale. Pour cela, les salles à manger et les salons des résidences aristocratiques sont souvent les plus raffinés et les plus cossus de l’espace domestique (de belles pièces de mobilier et de tapisserie, des tableaux de valeur et des objets précieux). Ces pièces sont bien équipées aussi par des instruments qui procurent chaleur et éclairage, garantissant la permanence et le confort que la durée parfois prolongée du jeu rend indispensables.
42Certains membres de cette famille jouent aussi dans la chambre à coucher : six tables de jeu dans la chambre à coucher de l’hôtel parisien du deuxième prince de Tingry et une dans la chambre à coucher de la maréchale de Montmorency (inventaire de 1746). La volonté de créer une sphère de l’intime évolue au xviiie siècle et le couple cherche un temps d’isolement et d’intimité à l’abri des regards extérieurs, en se réunissant autour d’une table de jeu dans une pièce d’intimité.
43Des tables de jeu sont relevées aussi dans les chambres de mesdemoiselles Dubuisson et Cartier, femmes de chambres. Le jeu faisait partie ainsi des occupations des domestiques qui, en dépit d’un temps fort occupé et d’une vie laborieuse, cherchent à leur tour un temps libre pour jouer.
44Les tables de jeu envahissent l’espace domestique, elles sont relevées partout dans les foyers : dans une bibliothèque, dans un grenier, dans un cabinet de toilette, dans un vestibule, dans une garde-robe, un garde-meuble, etc.
45Ceci dit, les résultats présentés dans ce panel ne sont que relatifs, nos réflexions se sont appuyées sur la distribution des tables de jeu dans l’espace domestique, une distribution qui peut changer d’un moment à un autre puisqu’il s’agit de tables mobiles. La pratique du jeu n’est pas sédentaire dans l’espace privé, sauf probablement pendant les moments de sociabilité organisés.
Les espaces ouverts
46Se divertir à l’extérieur au sein de l’espace privé est beaucoup plus apprécié à la campagne qu’en ville. Les jardins privés parisiens, étant généralement exigus, n’ont pas les mêmes qualités que les jardins de la campagne.
47Agréablement entretenus, ces espaces, dans lesquels se mêlent eau et verdure, accueillent quelques divertissements aristocratiques praticables en plein air. Dans les vastes jardins de Beaumont, d’Avernes et de Versailles, dans les allées des grands parcs46, sous les ombrages, le long des parterres et des terrasses, la promenade est une distraction fort appréciée. Les potagers avec les alignements réguliers et les compositions de formes et de couleurs charment l’œil et réjouissent les sens.
48Le jardin en tant que lieu de détente est aussi un cadre favorable à la méditation, à la réflexion, à la lecture et à l’écriture. Autour d’une fontaine, au clair de lune, la conversation est fort appréciée par les hommes et les femmes. Revenir à la campagne, c’est goûter également le charme de la nature en taillant les arbres et en soignant les fleurs, des gestes qui portent le rêve du repos et de la liberté après les tâches astreignantes de la ville. La campagne, c’est aussi la recherche d’un temps pour soi pour vivre son activité favorite, c’est jouer la comédie pour la deuxième princesse de Tingry47. La pêche dans les cours d’eau, l’équitation, les pique-niques, les banquets, la course à cheval, la danse, la musique, etc., tant d’activités de délassement du corps et de l’esprit auxquelles les élites s’adonnent pendant leur temps libre, essentiellement à la campagne. Celle-ci constitue aussi un espace de prédilection pour faire la fête : des fêtes extraordinaires, qui se tiennent à l’occasion d’une naissance ou d’un mariage48, et des fêtes ordinaires qui se déroulaient selon des rythmes quasiment immuables dans les châteaux des Montmorency-Luxembourg, d’après Jacques Pitan, poète courtisan du deuxième prince de Tingry, qui écrit ces vers :
À Beaumont
On tire les fusées volantes
On fait briller les lampions
Les festes sont surprenantes
Là que d’illuminations
On y voit des dames charmantes
Que tous les moments y sont bons49.
49Cette théâtralisation des pratiques ludiques chez l’aristocratie française nous invite à interroger leur degré de spontanéité. Ces activités ne découlent pas uniquement d’une passion, mais aussi d’une volonté de se montrer, de faire grande figure, de briller, d’exposer les richesses et de rappeler l’appartenance sociale50.
Conclusion
50Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, l’espace privé offre une gamme très large de divertissements. Pratiqués à l’intérieur du logis ou à l’extérieur, en ville ou à la campagne, seul ou en compagnie, ceux-ci sont au cœur de la vie quotidienne de l’aristocratie française. Les éléments temps et espace essentiels à tout type de loisir sont plus présents à la campagne, l’espace castral représente ainsi le creuset des loisirs aristocratiques.
51Certes, l’évolution des divertissements au xviiie siècle va de pair avec l’évolution des mœurs, des goûts et des sensibilités au siècle des Lumières. Plusieurs pratiques ludiques relevées chez les Montmorency-Luxembourg témoignent d’un désir de vivre selon le goût du siècle et de suivre la mode et l’actualité de son temps.
52Au xviiie siècle, l’espace privé n’est pas le seul espace de distraction et de délassement des nobles, d’autres loisirs sont pratiqués à la Cour ou chez leurs pairs. À cela, il faut ajouter les différents types de divertissements offerts par l’espace public à cette noblesse croissante comme aux autres groupes sociaux. La ville propose désormais de nouvelles occasions de rencontres : salons, promenades urbaines, spectacles, etc. De nouveaux lieux apparaissent et créent d’autres opportunités pour faire connaissance, entretenir des amitiés, s’identifier à un cercle ou se frotter à un autre.
Notes de bas de page
1Corbin Alain, L’avènement des loisirs 1850-1960, Flammarion, coll. « Champs », 2001, p. 17.
2La Cenaye-Desbois François de, Dictionnaire de la noblesse, Paris, chez Antoine Boudet, 1775, t. X, p. 415-416.
3A. N., M. C., étude XCII, liasse 547. Louis-Christian de Montmorency-Luxembourg est souverain de Luxe, comte de Beaumont, marquis de Bréval, chevalier des ordres du roi, lieutenant général au gouvernement de Flandres, gouverneur des ville et citadelle de Valenciennes, des ville et château de Mantes, grand bailli de Mantes, du pays mantois et de Meulan, maréchal de France à partir de 1734. Il est le fondateur de la branche des princes de Tingry. Le nom Luxembourg vient de sa mère Madeleine-Charlotte de Clermont, duchesse de Luxembourg et de Piney.
4A. N., M. C., étude XCII, liasse 561.
5A. N., M. C., étude XCII, liasse 925. Le deuxième prince de Tingry est duc de Beaumont, marquis de Bréval, comte de Luxe, lieutenant général des armées du roi et au gouvernement de Flandres et ancien capitaine des gardes du corps de Sa Majesté.
6A. N., M. C., étude LII, liasse 424. Joseph-Maurice-Annibal de Montmorency-Luxembourg est premier baron chrétien, souverain de Luxe, baron de Lantabat, Ostabat et Dax et seigneur d’autres lieux. Il est aussi lieutenant général des armées du roi.
7A. N., M. C., étude XCII, liasse 569.
8Il s’agit de l’hôtel de la rue Saint-Dominique du maréchal de Montmorency (1746) ; de la maison « attenant l’église des Théatins » de la maréchale de Montmorency (1749) ; d’un autre hôtel sis rue de Varenne, paroisse Saint-Sulpice de la comtesse de Montmorency (1751) ; d’un hôtel situé au faubourg Saint-Germain des Près, rue de Grenelle, paroisse Saint-Sulpice du comte de Montmorency (1762) ; d’un autre hôtel situé rue de Varenne du deuxième prince de Tingry (1787) et de l’hôtel des Tingry, sis à la ville de Fontainebleau, rue Basse (1787).
9Le prince de Tingry dispose d’un appartement à Versailles dans la maison du Roi.
10Traité complet de la chasse au fusil, Paris, Audot libraire-éditeur, 1823, p. 167.
11Ibid., p. 3.
12Ibid., p. 5.
13Surreaux Simon, Les maréchaux de France des Lumières, histoire et dictionnaire d’une élite militaire dans la société d’Ancien Régime, Paris, SPM, 2013, p. 91.
14Salvadori Philippe, La chasse sous l’Ancien Régime, Paris, Fayard, 1996, p. 148-152.
15Ibid., p. 150.
16Quelques titres seulement sont recueillis par les notaires pour donner une idée sur le contenu des lots de volumes recensés. L’inventaire de vente de la bibliothèque du maréchal de Montmorency est plus détaillé dans la mention des titres. Cf. Catalogue des livres de feu M. le maréchal de Montmorency, Ventes-Livres (1747), Paris, Barrois, 1747.
17Ibid.
18La bibliothèque des Harlay de Beaumont est actuellement au cabinet des Manuscrits à la Bibliothèque nationale de France. Cette bibliothèque renferme entre 20 000 et 22 000 volumes d’après Franklin (Franklin Alfred, Les anciennes bibliothèques de Paris, églises, monastères, collèges, etc., Paris, Imprimerie impériale, 1867, t. I, p. 122) et 12 775 volumes d’après l’inventaire de la bibliothèque d’Achille IV de Harlay (A. N., M. C., étude XIV, liasse 230. Inventaire après décès du 29 juillet 1717).
19A. N., M. C., étude XCII, liasse 561. Testament du 9 septembre 1749.
20Tels Histoire de M. de Luxembourg par Nicolas Vignier ; Factum du duc de Luxembourg contre les ducs et pairs, Oraison funèbre de M. de Luxembourg par de la Rue, etc.
21Chartier Roger, « Les pratiques de l’écrit », in Philippe Ariès et Georges Duby, Histoire de la vie privée, t. III : De la Renaissance aux Lumières, Paris, Seuil, 1999, p. 135-143.
22Ibid., p. 126.
23Catalogue des livres de feu M. le maréchal de Montmorency…, op. cit.
24Ibid.
25Chartier Roger, « Les pratiques de l’écrit », art. cité, p. 151.
26Belmas Élisabeth, Jouer autrefois, essai sur le jeu dans la France moderne (xvi-xviiie siècles), Paris, Champvallon, 2006, p. 172. L’auteure précise à propos des formes des tables : « Les tables de formes carrées sont pour l’hombre ou le quadrille, circulaires pour la bouillote, triangulaires pour le tri et le brelan. »
27Voir la description de ces tables de jeu dans « Arts et métiers mécaniques » de L’Encyclopédie méthodique, Paris chez Panckoucke et Liège chez Plomteux, 1785, t. IV, p. 694-698.
28Ibid., p. 46.
29Ibid., p. 395.
30Cf. la typologie des jeux effectuée par Grussi Olivier, La vie quotidienne des joueurs sous l’Ancien Régime à Paris et à la cour, Paris, Hachette, 1985, p. 14-16.
31Diderot et Alembert d’, Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société de gens de lettres, Genève, 1751, vol. 2, p. 410.
32Lebrun M., Nouveau manuel complet des jeux de calcul et de hasard, Paris, librairie encyclopédique de Roret, 1840, p. 312-313. Voir aussi Depaulis Thierry, « Jeux de hasard sur papier : les “Loteries” de salon », Le Vieux Papier, 1987, p. 13-15.
33La Mariniere de, La maison académique contenant les jeux du Piquet, du Hoc, du Trique-trac…, La Haye, chez Jacob Van Elinckhuysen, 1702, p. 1-25.
34Greco G.-C., Académie universelle des jeux…, Paris, chez Théodore Legras, 1730, p. 1-26.
35Académie universelle des jeux avec des instructions facile pour apprendre à les bien jouer, Amsterdam, au dépens de la compagnie, 1756, nouvelle édition augmentée et mise en meilleur ordre, p. 148-150.
36Belmas Élisabeth, Jouer autrefois…, op. cit., p. 411.
37Ibid., p. 159.
38De Garsault François P.-A., Notionaire ou mémorial raisonné de ce qu’il y a d’utile et d’intéressant dans les connaissances acquises depuis la création du monde jusqu’à présent, Paris, chez Guillaume Desprez, 1761, p. 693-694 et « Dictionnaire des jeux familiers » de L’Encyclopédie méthodique, Paris, chez H. Agasse, 1797, p. 154-155.
39Diderot et Alembert d’, Encyclopédie…, op. cit., vol. 2, p. 253.
40Belmas Élisabeth, « L’évolution des divertissements de la noblesse du xvie au xviiie siècles, de la paume au mail et au billard », in Anne-Marie Cocula et Michel Combet (dir.), Château et divertissement, Bordeaux, Ausonius éditions, 2003, p. 101-103.
41A. N., M. C., étude LXIX, liasse 375. Inventaire après décès de Marie de Bellièvre, épouse d’Achille II de Harlay commencé le 18 mai 1657 / Arch. départ. du Loiret, 3e 465, inventaire du château de Beaumont d’Achille III de Harlay datant du 22 janvier 1693.
42Définition de Pauline Schmitt cité dans Thelamon Françoise (textes réunis et présentés par), Sociabilité, pouvoirs et société, actes du colloque de Rouen 24-26 novembre 1983, Rouen, PUR, 1987, no 110, p. 13.
43Grussi Olivier, La vie quotidienne des joueurs sous l’Ancien Régime…, op. cit., p. 87.
44Partout en Europe, le jardin à la campagne offre les mêmes plaisirs. Cf. Bolard L., « Entre nature et architecture : l’espace du divertissement dans les villas vénitiennes et toscanes du xvie siècle », in Anne-Marie Cocula et Michel Combet (dir.), Château et divertissement…, op. cit., p. 78-83.
45Lilti Antoine, Le monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au xviiie siècle, Paris, Fayard, 2005, p. 226.
46Le parc qui entoure le château de Beaumont-du-Gâtinais s’étend sur plus de 135 hectares, celui d’Avernes sur 22 hectares.
47Lauzun Duc de et Tilly Comte de, Mémoires, Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, 1862, p. 34.
48Le château de Beaumont a connu la naissance du deuxième prince de Tingry, et les mariages de la fille aînée de Louis-Christian de Montmorency-Luxembourg et du fils aîné du second prince de Tingry.
49Verdier M., « Le château de Beaumont-en-Gâtinais avant la Révolution », Monuments et sites de Seine et Marne, 1977, p. 24.
50Vigarello Georges, « S’exercer, jouer », in id. (dir.), Histoire du corps, t. I : De la Renaissance aux Lumières, Paris, Seuil, 2005, p. 242-248.
Auteur
Université de La Manouba (Tunisie).
Sihem Kchaou est maître-assistante à l’université de La Manouba (Tunisie) et membre du Laboratoire Philab à la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis. Elle est titulaire d’une thèse intitulée Les Harlay de Beaumont, une famille de la haute robe aux xviie et xviiie siècles (thèse en cotutelle entre l’université Paris 4-Sorbonne et l’université de Tunis, 2012).
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