La collégiale Saint-Tugal, symbole et outil de pouvoir des seigneurs de Laval (xie-xve siècle)
p. 311-332
Texte intégral
1En 2016, par l’intermédiaire de l’édition d’une programmation nationale de l’archéologie, le Conseil national de la recherche archéologique a tenu à rappeler tout l’intérêt de la confrontation des sources1. Certes, cette dernière peut s’apparenter d’un point de vue méthodologique à un « travail d’équilibriste », sources archéologiques (« autopsiques ») et sources d’archives (« testimoniales ») devant au préalable faire l’objet d’une analyse critique indépendante. Mais l’enjeu est de taille, car il est indéniable que cette démarche contribue, entre autres, à produire des « discours historiques plus riches, mieux étayés et surtout de raisonnements plus serrés ». Heureusement, cette interdisciplinarité s’impose progressivement, aussi bien dans les universités au sein desquelles les étudiants ont de plus en plus fréquemment l’opportunité de se former à ce double regard2, que sur les chantiers archéologiques où l’étude des données archivistiques devient une norme à travers les prescriptions de l’État.
2À Laval, au cœur de l’ancien Bas-Maine, un site a particulièrement bénéficié de ce regard croisé, celui de l’ancienne collégiale séculière Saint-Tugal. Fondé par les seigneurs de Laval, l’établissement canonial est situé dans l’intra-muros et est conservé pour partie en élévation. Subsistent notamment le mur gouttereau nord de son église, les bâtiments formant l’aile est de son cloître ainsi qu’un mur imposant qui, comme nous le verrons, témoigne d’un programme d’agrandissement inachevé (fig. 1). Depuis 2003, ce site a fait l’objet, dans le cadre de divers projets d’aménagement, de sept interventions archéologiques conduites par l’Inrap ou le Service Archéologie et Inventaire général de Laval, auxquelles s’ajoutent plusieurs études documentaires.
Fig. 1. – Vestiges de la collégiale Saint-Tugal conservés en élévation : phasage et affectation à la fin de l’Ancien Régime.

DAO S. Chollet.
3La synthèse qui suit rend compte des connaissances acquises pour la période médiévale. Celles-ci éclairent d’un jour nouveau l’histoire de ce monument majeur de Laval et du chapitre canonial qui lui est associé. Elles permettent en outre de restituer les principales phases qui ont rythmé leur évolution. Bien plus, leur mise en perspective en fait un révélateur des dynamiques politiques qui animent le lignage lavallois depuis son apparition jusqu’à la fin du Moyen Âge.
Une chapelle et des chanoines pour légitimer un enracinement châtelain (xie-xiie siècle)
Une chapelle comme outil de fidélisation (milieu xie siècle- milieu xiie siècle)
4Comme beaucoup de collégiales séculières, celle de Laval, fréquemment désignée sous le nom de collégiale Saint-Tugal, vocable qui est le sien à la veille de la Révolution, est née dans l’emprise de la place forte de son lignage fondateur (fig. 2). Elle possède en effet pour point de départ la chapelle castrale, mentionnée la première fois vers 10943, et ses desservants, lesquels accompagnent les seigneurs de Laval dès leur apparition dans les sources écrites au milieu du xie siècle. Qualifiés le plus souvent de prêtres (presbyter) et de façon plus marginale, a priori par stricte homonymie, de chapelains, de clercs ou encore de moines, ces hommes d’Église sont initialement au nombre de deux4. Ils paraissent pour la plupart issus de la petite aristocratie du bassin lavallois et ont pu se transmettre, au moins dans un premier temps, leur charge de père en fils. Ce mode de recrutement et de gestion trahit la volonté des barons, issus de la région de Sablé5, de s’attacher la fidélité de petits lignages locaux, de façon à faciliter leur enracinement et, in fine, la mise en œuvre de leur autorité sur ces confins du Maine. Le cas le plus illustre en la matière est celui de la famille du prêtre Gosselin : détentrice de biens et de droits relativement importants dans la région, celle-ci a sans doute joué un rôle important dans l’instauration du dominium des seigneurs de Laval, notamment dans le sud de la châtellenie naissante où ces derniers devaient faire face à l’opposition des Bouère-Saint-Berthevin, possesseurs notamment de l’église d’Avesnières6. On comprendra dès lors pourquoi les membres de cette parenté localement influente7, renseignée par une trentaine d’actes émis entre les années 1055 et 11258, se succèdent à la charge de chapelain des seigneurs de Laval et accèdent même à certaines dignités comme celle de doyen de Laval9.
Fig. 2. – Proposition de restitution du castrum de Laval et de ses abords à la fin du xiie siècle.

1- castrum ; 1a- motte principale ; 1b- motte de « Clérembault » ; 1c- motte du Château Neuf ; 1d- aula ; 1e- capella ; 2- bourg castral ou « bourg de Guy » ; 3- bourg monastique Saint-Martin.
S. Chollet d’après Arch. dép. Mayenne 3 P 2725/10.
Des chanoines pour fixer les relations paroissiales (2e moitié du xiie siècle)
5À cette première structuration de l’encadrement religieux des Laval succède, au cours de la seconde moitié du xiie siècle, une nouvelle organisation nettement plus ambitieuse dont l’une des raisons premières est de fixer les relations entre les moines de la Couture du Mans, détenteur de la paroisse de Pritz, et le château implanté sur le territoire de cette dernière10. La chapelle castrale devient alors le siège d’un chapitre tandis que ses chapelains accèdent au statut de chanoines. Les principaux actes jalonnant cette mutation sont au nombre de trois. Si les deux plus récents, à savoir le décret de fondation pris en 1170 par l’évêque Guillaume de Passavant et la bulle de ratification émise en 1183 par le pape Lucius III, sont connus depuis le milieu du xixe siècle et ont été abondamment repris et commentés depuis11, le troisième, et donc le plus ancien, n’a, à l’inverse, jamais été réellement pris en considération jusqu’à présent. Il s’agit d’une charte par laquelle Guy V déclare constituer, dans la chapelle Sainte-Marie de son château de Laval, un chapitre de 12 prébendes (dont 2 sont attribuées aux chapelains préexistants cités un peu plus haut) et le doter à la fois des revenus attachés antérieurement au lieu de culte et de biens et droits concédés pour l’occasion12. Les personnages qui y sont mentionnés et les sources diplomatiques de cette période autorisent à dater ce texte d’une période comprise entre 1155 et 115813 et avec lui le début du processus fondateur à l’origine de la collégiale Notre-Dame du Château de Laval.
La fondation d’une collégiale ou la démonstration de prestige du châtelain
6Cette chronologie confère à l’établissement lavallois la particularité d’être le seul de l’Ouest français à avoir été fondé au xiie siècle14. Les autres collégiales séculières de la région trouvent en effet leur genèse soit au siècle précédent (voire à la fin du haut Moyen Âge), notamment en Anjou avec la création de chapitres comme ceux de Château-Gontier, Craon, Doué ou encore de Rillé ; soit durant la première moitié du siècle suivant, principalement au sein de centres baronniaux manceaux et bretons tels que Vitré, La Guerche ou Sillé-le-Guillaume ; soit plus tardivement, au cours du bas Moyen Âge et durant la première moitié du xvie siècle, période durant laquelle ils témoignent le plus souvent de l’ascension de lignages secondaires (Montreuil-Bellay, Ambillou-Château ou encore, localement, Montsûrs et le Manoir Ouvrouin à Laval)15. Parmi les facteurs susceptibles d’expliquer le caractère quelque peu anachronique de cette création, l’un des principaux semble être l’évolution singulière que connait durant la même période la relation entre les Laval et leurs suzerains, les Plantagenêts. Car si ces derniers, sous l’égide de Geoffroy V, tendent à affirmer et à renforcer leur pouvoir à compter des années 112016, au détriment notamment de leurs barons, les Laval se distinguent en retour par leur opposition. Cette résistance prend dans un premier temps un caractère frontal, voire brutal. Elle est dirigée contre le pouvoir princier, mais également ses alliés, y compris lorsque ceux-ci sont des établissements monastiques. Sans être totalement vaine, cette attitude première semble cependant, au regard des sources diplomatiques, n’avoir produit que des résultats limités, qui plus est comparée à son coût relativement important que la destruction du château de Meslay en 1129 et l’excommunication de Guy V suffisent à illustrer17. Lui succède ainsi, à partir du début des années 1140, une stratégie diamétralement opposée, davantage indirecte. Celle-ci répond toujours du même objectif – permettre aux Laval de faire reconnaître leur autorité, leur prestige et, in fine, leur liberté d’action sur ces confins du Maine –, mais privilégie pour ce faire les relations de clientèle et les actions ostentatoires. Entre 1142 et 1152, Guy V multiplie ainsi les actes de reconnaissance, de concorde ou encore de concession destinés à pacifier et à normaliser ses relations avec les abbayes implantées localement (La Couture, Marmoutier, Évron)18. Bien plus, il se fait précurseur en œuvrant en parallèle à l’installation et au développement de certains ordres nouveaux apparus à la charnière des xie et xiie siècles dans le sillage de la réforme grégorienne (Cîteaux, La Roë) et des croisades (Hospitaliers)19. Motivés par le financement de leur vie autarcique ou de leur activité militaire, ces partenaires d’un nouveau genre présentent en outre l’avantage pour les barons lavallois d’être complémentaires avec leur domination seigneuriale, voire de la renforcer, contrairement à leurs alliés traditionnels bénédictins (principalement Marmoutier) devenus progressivement des concurrents en raison de leur volonté d’augmenter leur part du ban et de leurs liens avec le pouvoir princier20. Point d’orgue de cette décennie, Guy V fonde officiellement en 1152, au cœur de son domaine et au terme d’un processus vraisemblablement amorcé une dizaine d’années plus tôt, l’abbaye cistercienne de Clermont21.
7Dans ce contexte, la création presque consécutive, dès les années 1155-1158, d’une collégiale dans l’enceinte du château doit elle aussi être considérée comme constitutive de cette réorientation stratégique adoptée au début des années 1140 et destinée à légitimer le pouvoir des Laval face à leur suzerain. Elle représente même en la matière une réalisation majeure, presque aussi emblématique que sa devancière cistercienne. Certes, cette dernière marque un tournant : premier établissement monastique fondé par les Laval, elle concourt, entre autres, à sacraliser leur autorité, notamment en accentuant leur statut de protecteur de l’Église et en leur permettant de se constituer une nécropole familiale comparable à celles des plus grands lignages. Mais le chapitre institué dans l’enceinte du château représente pour sa part, au regard des moyens alloués à sa mise en œuvre et à son fonctionnement, un attribut résolument princier. Outre son temporel déjà évoqué, celui-ci bénéficie notamment d’un sanctuaire vraisemblablement construit pour l’occasion, à savoir la chapelle castrale encore en élévation (fig. 3)22. Prolongeant l’aula seigneuriale fouillée au début des années 1980 sous la direction de Jacques Naveau23, celle-ci domine la vallée de la Mayenne, sous la forme d’un imposant chevet plat dont l’architecture et la position topographique présentent d’importantes analogies avec celui de la cathédrale de Poitiers24. Guy V de Laval a par ailleurs obtenu des détenteurs de la paroisse, les moines de la Couture, que ce sanctuaire soit reconnu comme le centre d’une paroisse dont lui-même et les membres de sa familia sont les fidèles25. Surtout, le caractère ostentatoire de cette fondation s’exprime à travers les chanoines qui la desservent : entièrement dévoués au seigneur des lieux, qui les nomme et pour lequel ils œuvrent au salut de son âme et de celles des défunts de sa famille, ceux-ci sont au nombre de 12, ce qui est sans égal à cette date parmi les barons de l’Ouest français. Les seules collégiales séculières a en posséder alors autant, voire plus, sont celles de Saint-Martin et de Saint-Laud à Angers, dont les chapitres comptent également 12 membres, et celle de Saint-Pierre au Mans qui en dénombre 20. Or, toutes présentent pour point commun d’être des fondations comtales.
Fig. 3.a. – Chapelle du château de Laval : vue depuis le sud-ouest.

F. Lasa, Inventaire général.
Fig. 3.b. – plan (S. Chollet).

F. Lasa, Inventaire général.
De Notre-Dame du Château à Notre-Dame du Bourg-Chevreul : d’une collégiale castrale à une collégiale urbaine (xiiie siècle)
Le transfert de la collégiale, reflet d’un renouvellement lignager et d’une mutation urbaine (c. 1220)
8Les premières années du xiiie siècle marquent un tournant majeur pour la ville de Laval : cette dernière, comme l’ensemble de l’Ouest français, passe sous le giron capétien tandis que la première maison de Laval s’éteint avec Guy V en 1210. Le mariage huit ans plus tard, sous l’égide de Philippe-Auguste26, de l’héritière de la baronnie, Emma de Laval, et du baron francilien Mathieu II de Montmorency, qui est fait connétable la même année, amorce une première mutation du tissu urbain. L’agglomération, qui présente alors une morphologie polynucléaire caractéristique des périodes antérieures, est dotée d’un nouveau château et d’une enceinte urbaine maçonnée. Cette dernière bouleverse sa physionomie et son organisation spatiale. Elle contribue surtout à l’émergence d’une nouvelle entité, la « ville », laquelle va progressivement se substituer au castrum comme incarnation de Laval et donc devenir un enjeu de pouvoir pour l’autorité seigneuriale.
9Dans ce contexte, la collégiale des Laval va de nouveau jouer un rôle prépondérant. C’est en effet à cette époque que celle-ci est transférée hors du château, pour gagner la ville close et plus précisément le cœur du Bourg-Chevreul (fig. 4). Ce choix topographique apparaît de prime abord somme toute logique : ce quartier est situé immédiatement au nord de l’ancien castrum et son occupation, relativement lâche antérieurement d’après les données archéologiques27, semble propice à l’installation d’un tel établissement. Il témoigne toutefois d’un programme plus ambitieux. De fait, c’est durant cette période que ce secteur urbain est intégré à l’intra-muros et que le Bourg-Chevreul apparaît dans les sources écrites. Il peut donc être émis l’hypothèse que la translation de la collégiale du château relève d’un projet plus large, à travers lequel les Laval font de leur chapitre un élément de structuration et de développement de cette zone urbaine nouvellement enclose et, au-delà, un outil de contrôle de la ville naissante.
Fig. 4. – Proposition de restitution de la ville close de Laval au xiiie siècle et localisation de l’église collégiale Notre-Dame du Bourg-Chevreul.

S. Chollet d’après Arch. dép. Mayenne 3 P 2725/10.
10La date exacte de ce déplacement a longtemps été discutée par les érudits locaux. La compilation et l’examen des actes relatifs à l’établissement canonial permettent d’établir que celui-ci intervient assurément entre 1208 et 1241, c’est-à-dire entre la dernière mention du chapitre « Beatæ Mariæ de castellulo Lavallensi » et la première de celui désormais dédié à « Sainte-Marie du Bourg-Chevreul »28. Il est toutefois possible de restreindre sans trop de risques cet intervalle aux années 1220. C’est en effet durant cette période qu’est érigé le nouveau château de Laval et nous pouvons légitimement penser que le synchronisme existant entre la construction de la forteresse et le déménagement de la collégiale n’est pas fortuit29. Il est probable qu’il y ait ici un lien de causalité, que le premier événement ait entraîné le second. Obéissant aux canons architecturaux « philippiens », le nouveau château a en outre imposé une réduction drastique de l’espace castral (approximativement de 17 000 à 4 000 m²) qui, dès lors, n’était sans doute plus en capacité d’accueillir un chapitre fort de 12 chanoines et d’un personnel proportionnellement conséquent. Cette proposition de resserrement chronologique est d’ailleurs appuyée par le corpus des sources écrites. Par un acte émis après 1211, Emma de Laval fonde une chapellenie dans la chapelle du château, de façon que cette dernière bénéficie de quatre messes hebdomadaires30. La prise de telles dispositions démontre que ce lieu de culte n’est alors plus desservi. Il est surtout à relever que l’héritière des Laval impose aux chanoines, en 1229, de résider en ville au moins neuf mois par an et d’y posséder une maison s’ils souhaitent percevoir les revenus des fruits de leur prébende. Cette mesure témoigne, en creux, d’une nécessité manifestement nouvelle, qui impose à cette date de légiférer quant à la domiciliation de ces ecclésiastiques « en ville ».
Une collégiale dans la ville
11Les années qui suivent ce transfert s’accompagnent, comme après chaque grande étape de développement de l’établissement canonial, par une extension de ses droits paroissiaux puis par un contentieux entre les chanoines et les moines de la Couture du Mans détenteurs de la cure. Et, comme à chaque fois, les premiers cités obtiennent, avec l’appui des Laval, gain de cause. En 1253, par acte de concorde, l’évêque du Mans, Geoffroy de Loudun, reconnaît comme paroissiens de l’église Notre-Dame du Bourg-Chevreul non seulement le seigneur et sa familia résidant au château, comme précédemment, mais également : les chanoines, les chapelains, le sacristain et les « chevaliers » (milites) ; les « familles » (familia) respectives de ces personnes ; les écuyers (armigeri) de passage et décédant à Laval ; ainsi que dix officiers à titre nominatif, à savoir trois cuisiniers, deux échansons, un panetier, un portier, un héraut, un chambrier et un maréchal31. Cet acte annule en sus l’obligation faite aux fidèles de la collégiale, depuis 1150 et l’octroi initial de droits curiaux au chapitre, de résider dans l’enceinte du château. Pour la Couture, le préjudice est considérable. Perte spirituelle et pécuniaire, ce décret épiscopal représente surtout l’aliénation d’une frange importante de la société lavalloise. S’opposent désormais dans la ville close les églises de la Trinité et du Bourg-Chevreul, cette dernière étant devenue de facto celle de l’aristocratie. Les moines bénédictins conservent malgré tout encore quelques privilèges significatifs au premier rang duquel figure le droit d’avoir un cimetière, quand le règlement de 1253 défend expressément les chanoines de s’en constituer un.
12Reste la question de l’écrin matériel de l’établissement à cette date. Plusieurs érudits locaux affirment que la construction de l’église du Bourg-Chevreul remonte à la première moitié du xie siècle. Néanmoins, aucune source, tant écrite qu’archéologique, n’étaye ces assertions. Il ne peut dès lors être précisé si l’église mentionnée à partir du xiiie siècle sous le vocable de Notre-Dame du Bourg-Chevreul préexistait ou si elle a été érigée à l’occasion du transfert de la collégiale castrale.
Une collégiale princière pour un lignage en plein essor (xive-xve siècle)
L’ascension des Laval et l’accession au titre comtal
13Les seigneurs de Laval connaissent à compter du milieu du xiiie siècle une rapide ascension. Celle-ci débute dès Guy VII, fils d’Emma de Laval et de Mathieu II de Montmorency, qui, en épousant Philippa de Vitré, devient au décès de son beau-père seigneur de Vitré. S’ouvre alors pour la seconde maison de Laval, celle des Laval-Montmorency, une période d’expansion essentiellement centrée sur le duché breton où elle devient rapidement l’un des principaux lignages baronniaux. Cet essor prend une tout autre ampleur à partir du début du xve siècle. Sous la gouverne d’Anne de Laval, les Laval décident, en pleine guerre de Cent Ans, de soutenir le parti de Charles VII, lequel érige la baronnie de Laval en comté le jour de son sacre à Reims32. Intimement lié aux Laval, le chapitre Notre-Dame du Bourg Chevreul connait naturellement une évolution parallèle.
Une paroisse collégiale de plein droit : l’obtention du droit d’inhumation (c. 1333-1347)
14Premier reflet de cette période, l’établissement canonial obtient au xive siècle le dernier droit paroissial qui lui manquait, le droit de sépulture. Il est en effet doté à cette date d’un cimetière. Il ne s’agit pas d’une décision épiscopale – l’édit de 1253 lui interdisant d’en avoir un étant, semble-t-il, toujours en vigueur –, mais manifestement d’un choix de la famille de Laval, sans doute devenue assez influente pour obtenir que sa collégiale soit pourvue de cette prérogative paroissiale, la seule qui lui faisait encore défaut. D’après l’obituaire du chapitre, Guy X concède en effet, entre 1333 et 1347, une « place » (placita) devant l’église-collégiale dans le but de financer l’anniversaire de sa sœur défunte, Jeanne la Balourde, et au-delà, selon toute vraisemblance, pour qu’elle y soit inhumée33.
15À cette indication textuelle s’ajoute la présence de trois pierres tombales qui pourraient également témoigner de ce premier espace funéraire, voire permettre de préciser sa localisation. Elles se concentrent en effet dans l’emprise du chevet qui, comme nous le verrons après, a été érigé durant la seconde moitié du xve siècle. Toutes ont été réemployées dans les contreforts de la dernière travée de cette construction : deux sont toujours visibles tandis que la dernière a été observée en 2004, lors de la fouille menée à cet emplacement sous la direction d’Alain Valais (fig. 5)34.
Fig. 5. – Pierres tombales réemployées dans les contreforts du chevet de l’église collégiale Saint-Tugal érigé entre 1444 et les années 1470.

Cliché F. Lasa, Inventaire général.
Constituer un trésor collégial pour magnifier le lignage : les reliques de saint Tugal à Laval (1399-1407)
16Constatant un certain manque de rigueur parmi les chanoines lavallois, l’évêque Adam Châtelain édite au début du xve siècle une réforme du règlement du chapitre35. Cette intervention ne doit rien au hasard, mais accompagne en réalité une évolution majeure pour l’établissement, à savoir l’adoption d’un nouveau vocable : Saint-Tugal. À l’instar de la datation du transfert de collégiale, celle de ce changement de dédicace a longtemps été discutée par les érudits, qui l’ont fait fluctuer entre le milieu du xive siècle et le milieu du siècle suivant36. Un inventaire des sources écrites permet toutefois de préciser que le nom du saint breton s’impose au sein d’un intervalle relativement restreint, compris entre 1399, date à laquelle est mentionnée pour la dernière fois « l’église-collégiale du Bourg Chevreul de Laval37 » et 1407, date à laquelle apparaît pour la première fois le nouveau vocable. Ce dernier est d’ailleurs employé à deux reprises cette même année, non seulement dans le décret épiscopal cité plus haut, mais également dans un aveu, à travers lequel les Laval rapportent que « leglize collégiale de saint tugual ou il a douze prébendes de chanoines » est l’une de leurs fondations et qu’ils y possèdent le droit de « donnacion et patronage »38.
17Faute de sources directes et explicites, les raisons qui ont présidé à cette nouvelle dédicace sont plus difficiles à établir. Il est néanmoins probable que la cause première soit l’obtention par la collégiale, à cette date, de reliques de l’évêque de Tréguier39, et plus précisément d’un don fait par les Laval dans le but d’augmenter le prestige de leur établissement canonial. Ce type de largesse aristocratique, bien documenté pour les périodes antérieures40, reste courant à la fin du Moyen Âge comme l’atteste localement la fondation en 1485 de l’église Saint-Vénérand. Situé dans le faubourg du Pont-de-Mayenne, ce nouveau lieu de culte doit en effet sa dédicace à des ossements du saint normand offerts la même année par Guy XV. Bien plus, plusieurs textes permettent de préciser que ce dernier envisageait initialement de donner ces reliques, obtenues cinq ans plus tôt de l’abbé de Conches et conservées depuis dans son château d’Acquigny, à la collégiale Saint-Tugal41. Aucun élément ne renseigne en revanche le parcours des ossements de l’évêque de Tréguier avant leur apparition au xve siècle. Les érudits sont unanimes pour dire que ces derniers étaient gardés au château de Laval depuis la fin du haut Moyen Âge42. Malheureusement, les preuves manquent, une fois encore, et surtout aucune place forte n’est attestée en ce lieu à cette époque.
18Quant au seigneur donateur, il ne peut s’agir dans ce cadre et au regard de l’intervalle proposé (1399-1407) que de Guy XII de Laval. Né Jean de Laval, en référence à son oncle le duc Jean III de Bretagne, celui-ci succède à son frère en 1348. Personnage éminent en raison de ses liens de parenté avec les Montfort et les Penthièvre qui se disputent à cette époque le duché breton43, il devient gouverneur de la province en 1382 puis, en 1399, curateur du jeune Jean V de Bretagne. D’un âge avancé, il multiplie alors les œuvres de piété dont la plus connue est la fondation en 1397 d’un couvent de cordeliers à Laval et à laquelle s’ajoute donc probablement le don de reliques à la collégiale Notre-Dame du Bourg-Chevreul44.
19Ce tournant s’accompagne de nouvelles prétentions paroissiales et, comme à chaque fois depuis la création de la collégiale, d’un nouveau conflit avec les desservants de la Trinité. Signé le 21 juillet 1425, le nouveau concordat diffère toutefois des précédents sur un point majeur. Il n’émane pas de l’évêque du Mans, mais d’Anne de Laval elle-même45. Cette dernière, nécessairement favorable aux chanoines, leur accorde le droit de reconnaître comme « paroissiens de Saint-Tugal » les habitants de sept de leurs demeures urbaines. D’apparence modeste, cette concession est considérable. Contrairement aux décrets épiscopaux pris vers 1150 et en 1253, elle autorise la collégiale à avoir des fidèles qui ne relèvent pas de la familia d’un de ses membres et, surtout, de disposer d’un territoire paroissial en dehors du seul château.
Une ambition princière : l’augmentation du chapitre…
20Le collège des Trois-Maries, fondé en 1386 dans le château de Montsûrs par Jean de Laval-Châtillon, subit durant la première moitié du xve siècle plusieurs épisodes de pillages et de destructions qui, d’après la documentation, contraignent ses membres à trouver refuge à Laval. Le 30 août 1444, l’évêque du Mans Jean d’Hierray prononce l’union des deux chapitres, ou plus exactement l’intégration de celui en exil au second46. Débute alors pour la collégiale Saint-Tugal un âge d’or d’environ un demi-siècle. L’établissement lavallois prend en effet sous l’égide d’Anne de Laval, qui a sollicité cette fusion sous la forme d’une requête adressée au pape, une dimension princière. Déjà comparable aux chapitres comtaux de la région lors de sa fondation au xiie siècle, il est désormais presque sans égal dans l’Ouest français où seul le chapitre Saint-Pierre du Mans semble encore le surpasser.
21Ce nouveau statut se traduit en premier lieu par une augmentation substantielle du nombre de desservants qui lui sont attachés (chanoines et clercs du bas-chœur), lequel passe de 19 à 25 en 1444 puis à 33 à la fin du xve siècle, chiffre qui restera par la suite constant. En outre, sur les 22 prébendes que cumulaient les deux collégiales – 12 à Laval et 10 à Montsûrs –, l’acte d’union prévoit d’en maintenir 1847. Quant aux chapellenies, elles connaissent une progression analogue durant les cinquante ans qui suivent, passant de 7 à 1348. Et c’est sans compter les laïcs attachés à la collégiale dont le nombre croît tout autant. Ceux-ci comprennent notamment le personnel du collège de la ville (dont un principal et plusieurs maîtres) ; les receveurs et autres procureurs assurant la gestion des biens et des droits du chapitre ; ou encore plusieurs serviteurs (bedeaux, balayeurs, un sonneur, etc.). À titre de comparaison, les saintes chapelles et collégiales funéraires formant le corpus de la thèse de Julien Noblet sont dotées la plupart du temps de 4 à 8 chanoines, 14 au maximum comme à Montreuil-Bellay, et ce malgré l’importance des lignages dont elles dépendent49.
22De façon connexe, la collégiale bénéficie durant cette période de l’instauration de dignités et de charges destinées à mieux structurer son personnel religieux, devenu particulièrement abondant, et surtout à rehausser son prestige. Dans le haut chœur, la première prébende50, à la présentation des seigneurs et à la collation de l’évêque depuis 1170, est ainsi unie à la cure d’Andouillé à l’occasion de la fusion des deux collégiales afin de créer la fonction de doyen. Cette dernière offre à son détenteur le statut non seulement de chef du chapitre, mais également de représentant de l’ensemble du clergé lavallois et par conséquent d’interlocuteur privilégié de l’évêque dans la cité51. De la même manière, la deuxième prébende est unifiée aux chapelles des châteaux de Laval et de La Gravelle en 1484 pour permettre l’institution d’un chantre. Certes, cette création ne contribue pas à améliorer de façon significative l’organisation du chapitre, dans la mesure où celui-ci consacre déjà une prébende au financement d’un maître de psallette (ce qui explique que les chanoines s’y soient opposés)52. Mais l’enjeu est autre pour les comtes de Laval. À travers cette dignité, ces derniers n’entendent pas tant « régler le chœur » qu’accroître une fois encore l’aura de leur collégiale. Leur prétention est d’ailleurs explicite : procurer à l’institution canoniale un chantre en tout point comparable à celui officiant à la cathédrale du Mans53. Pour terminer, on notera qu’Anne de Laval fonde en 1450 deux chapellenies, de façon à ajouter un diacre et un sous-diacre au bas chœur qui comprend déjà à cette date un curé, un sacriste et plusieurs chapelains54.
…et la mise en œuvre d’un programme monumental (1444-c. 1470)
23Ostensible dans les sources écrites, la dimension résolument princière acquise par la collégiale Saint-Tugal au cours du troisième quart du xve siècle s’inscrit également dans la pierre. Parallèlement à l’augmentation du chapitre et de son temporel, les chanoines entament une profonde métamorphose de leur établissement sous la forme d’une importante extension de leur patrimoine bâti. Dès 1444 et l’intégration de la collégiale des Trois-Maries de Montsûrs, ceux-ci obtiennent d’Anne de Laval la concession de six maisons de manière à pourvoir au logement des nouveaux chanoines et du doyen55. Surtout, ils débutent une suite a priori ininterrompue de travaux qui va conduire à agrandir et embellir le site canonial et en faire un monument prépondérant dans le paysage lavallois au même titre que l’église de la Trinité et le château.
24La confrontation des données archéologiques et textuelles permet de restituer la nature et la chronologie de ce programme (fig. 6 et cahier couleur fig. I). Ce dernier débute avec l’édification d’un nouveau chœur, lequel est consacré dès 1448 par l’évêque du Mans, Jean d’Hierray56. Composée de trois travées épaulées de contreforts, cette construction présente pour particularité d’être plus longue que la nef57. Ce surdimensionnement trahit la volonté des Laval, commune à tous les grands lignages de cette période58, de privilégier la partie de l’église-collégiale dévolue aux chanoines et aux sépultures des membres de leur famille59. En élévation, cette mise en scène se traduit, entre autres, par la mise en œuvre d’un dispositif acoustique, à travers l’insertion de bouteilles en céramique dans les trous de boulins des parements intérieurs60, et surtout par la grande vitre du maitre-autel, laquelle figure la vie du saint patron des lieux, saint Tugal, et les membres de la famille de Laval en position de priants61.
Fig. 6. – Proposition de restitution du programme d’agrandissement de la collégiale Saint-Tugal réalisé entre 1444 et les années1470.

1- Chevet (c. 1444, consécration en 1448, achèvement des voûtes c. 1470) ; 2- « Sacristie » (affectation au xviiie s., 1460d, consécration en 1497) ; 3- Cloître et galeries (1460-c. 1461, consécration en 1497) ; 4- Tour de clocher (c. 1470) ; 5- Chapelle de la Communion (av. 1497 et consécration).
S. Chollet d’après : Chollet Samuel, Laval (53), collégiale et sacristie Saint-Tugal, op. cit. ; Valais Alain, Îlot Saint-Tugal, Laval (53), op. cit. ; Arch. dép. Mayenne, E 96/119.
25À l’agrandissement du sanctuaire succède, à partir de 1460, la construction d’un cloître à galeries62. La seule existence d’un tel aménagement interpelle. Certes, il convient de rester prudent, un inventaire régional faisant défaut et ce type de structure étant régulièrement omis par les sources écrites ; mais tout porte à croire, après une rapide enquête, que les collégiales séculières à être équipées d’un espace claustral sont particulièrement rares, dans l’Ouest et le Centre de la France tout au moins. Cette absence semble même devenir la norme à partir de la fin du Moyen Âge si l’on réduit le champ d’investigation aux seuls établissements fondés durant cette période63. Les sites formant le corpus de la thèse de Julien Noblet paraissent ainsi en être dépourvus. Dès lors, comment interpréter l’édification, à cette époque, d’un cloître à Saint-Tugal ? L’une des raisons les plus évidentes voudrait que cette construction résulte de la volonté de munir la collégiale d’un lieu central, à la fois pour la vie du chapitre et la circulation entre les bâtiments, tant anciens que nouveaux. Néanmoins, cette explication semble devoir être écartée ou au mieux devoir être considérée comme très secondaire. En effet, parmi les constructions formant cloître, seule celle affectée à la fin de l’Ancien Régime au logement du sacristain, sur l’aile orientale, est assurément dotée d’une porte ouvrant sur cet espace64 (fig. 7 et cahier couleur fig. II). Loin d’être atypique, cette situation est en réalité l’expression d’un phénomène alors en cours de généralisation : la dissolution du principe de vie commune au sein des établissements canoniaux et avec elle une perte d’intérêt majeure pour les cloîtres qui en étaient le centre et la matérialisation. Au sein des chapitres cathédraux, où ce mouvement a déjà été mis en évidence, ce dernier est marqué par le délaissement de ces espaces, voire leur destruction65. Cette piste exclue, ou tout au moins minorée, trois autres peuvent être avancées, comme autant de fonctions susceptibles de justifier l’édification d’un équipement de cette nature. La première d’entre elles est funéraire. Cette affectation devient d’ailleurs fréquemment prépondérante à cette date, particulièrement lorsque le cloître perd sa vocation première de centre de vie de la communauté canoniale66. Dans le cas présent, les interventions archéologiques menées dans l’emprise du cloître ont permis d’établir que les galeries de ce dernier ont servi de lieu d’inhumations, et ce sans doute dès leur édification67. La seconde destination est liturgique. Dès le xve siècle, le cloître Saint-Tugal fait l’objet d’au moins une procession hebdomadaire, au terme de laquelle est prononcée, à partir de 1486, une messe de la Conception68. La dernière fonction, et peut-être la plus importante initialement, est ostentatoire. Car, comme le conclut Christian Sapin après avoir constaté les usages variés donnés aux cloîtres suivant les régions et les périodes, il n’en demeure pas moins que ces galeries possèdent pour constante d’être « une image de la communauté et de la vie régulière empruntée au monde monastique69 ». Or, là était sans doute le désir premier de la famille de Laval : faire de sa collégiale un monument insigne, en l’inscrivant dans le paysage et en la dotant d’attributs comparables aux chapitres princiers – comme Saint-Martin et Saint-Laud d’Angers –, voire cathédraux, celui du Mans servant ouvertement de modèle.
Fig. 7. – Le cloître, depuis le nord-ouest.

De gauche à droite, d’après leur affectation à la fin de l’Ancien Régime : le logement du sonneur, celui du chapelain de la sacristie, la sacristie (qui sert également de trésor et de salle capitulaire) et les deux premières travées du chevet de l’église. Parmi ces constructions réalisées entre 1444 et les années 1460, seule la seconde citée est assurément dotée initialement d’une porte ouvrant sur le cloître. L’ouverture sur le sanctuaire relève d’une reprise d’époque moderne tandis que celle donnant sur la sacristie, visible dans l’angle, représente un percement d’époque contemporaine.
Cliché S. Chollet.
26L’ensemble de ces réalisations – l’augmentation du chapitre, de son temporel et du site canonial – trahit la double ambition de son instigatrice, Anne de Laval : faire de la collégiale Saint-Tugal un étendard à la gloire de sa maison, la transcription matérielle de l’ascension des Laval au cours des xive et xve siècles. Ultime étape de ce dessein, la première comtesse de Laval désigne en 1462, quatre ans avant sa mort, l’église-collégiale comme le lieu de sa sépulture70. Imitée par ses successeurs, elle fait ainsi de la collégiale Saint-Tugal le nouveau site d’inhumation de sa famille71. Ce choix est hautement symbolique : à l’abbaye cistercienne de Clermont, nécropole depuis sa fondation au xiie siècle des barons de Laval puis de Laval-Montmorency, succède la collégiale Saint-Tugal, demeure d’éternité des comtes de Laval-Montfort. Il est également révélateur des aspirations nouvelles des princes et grands seigneurs. Ces derniers, à l’image de Philippe II de Bourgogne préférant se faire inhumer dans un couvent de l’ordre chartreux qu’il avait fondé plutôt qu’à Cîteaux, délaissent alors cathédrales et abbayes au profit d’établissements – collégiales et saintes chapelles principalement – qui leur sont entièrement dévoués72.
Conclusion
27Le décès d’Anne de Laval en 1466 ne marque pas une rupture dans l’évolution de la collégiale. Au contraire, les deux générations qui lui succèdent, celles de Guy XIV et Guy XV, œuvrent à l’achèvement et à l’embellissement du programme initié par la première comtesse de Laval. Sa petite-fille, Jeanne de Laval, épouse de René Ier d’Anjou, finance ainsi la construction des dernières voûtes du chœur et d’une tour de clocher adossée au mur sud de ce dernier. Bien plus, Guy XV de Laval entame en 1485 un nouveau programme monumental, soit à peine plus de dix ans après l’aboutissement du précédent. Ce projet comprend l’agrandissement de l’église vers l’est, avec la création d’un transept et d’un nouveau chœur. Ambitieux en plan, par sa superficie, il l’est également en élévation au regard des maçonneries conservées qui dépassent de plusieurs mètres les constructions antérieures (fig. 8 et 9 ; cahier couleur fig. III). Le chroniqueur lavallois Guillaume Le Doyen ne s’y trompe d’ailleurs pas en déclarant, au titre de cette même année, que l’achèvement de la « grant croisée […] n’est pas pour icelle année »73.
Fig. 8. – Transept nord de la collégiale Saint-Tugal, mur ouest.

S. n., Inventaire général.
Le chevet, non fondé, est ici restitué à titre d’illustration. Les maçonneries du transept, fouillées en 2003 (Valais Alain, Îlot Saint-Tugal, Laval (53)…, op. cit.), autorisent toutefois à penser que deux chapelles seigneuriales étaient projetées de part et d’autre du chœur, suivant une disposition courante à cette époque.
Fig. 9. – Plan restitué de l’église Saint-Tugal vers 1490-1500 (d’après Chollet Samuel, Laval (53), collégiale et sacristie Saint-Tugal…, op. cit.) et comparaison avec des collégiales funéraires bâties à la même époque, à Oiron, Montreuil-Bellay et Montrésor (cf. Noblet Julien, Collégiales castrales et Saintes-Chapelles…, op. cit. et Noblet Julien, En perpétuelle mémoire…, op. cit.).

Le chevet, non fondé, est ici restitué à titre d’illustration. Les maçonneries du transept, fouillées en 2003 (Valais Alain, Îlot Saint-Tugal, Laval (53)…, op. cit.), autorisent toutefois à penser que deux chapelles seigneuriales étaient projetées de part et d’autre du chœur, suivant une disposition courante à cette époque.
28Cette construction restera toutefois inachevée. Une maison canoniale est mentionnée dans son emprise dès 151074. Au regard des vestiges aujourd’hui en élévation, de la documentation iconographique et des interventions archéologiques réalisées dans ce secteur75, il semble que le transept – appelé à partir de cette période « l’édifice Saint-Tugal », car non consacré – ait été en grande partie terminé. Preuve en est, sa croisée est coiffée vers 1495 d’un clocher surnommé Luane, qui la surmonte encore à la fin de l’Ancien Régime76. À l’inverse, le chevet n’a jamais été fondé.
29Cet abandon s’explique sans doute par la charge financière, pour le chapitre, d’un tel programme. Guy XV est ainsi obligé en 1491, six ans après le début des travaux, de donner aux chanoines 10 000 livres – payables en vingt ans – afin qu’ils achèvent leur église77. Mais la principale raison est vraisemblablement la disparition rapide, en quinze ans, des principaux contributeurs de l’établissement : au décès du comte Guy XIV, en 1486, s’ajoutent ceux de son frère André de Lohéac (1485), maréchal de France, et de ses enfants, Pierre de Laval (1493), archevêque de Reims, Jeanne de Laval (1498), épouse du roi René Ier d’Anjou, et Guy XV (1501). Succède alors à ce dernier Guy XVI qui, contrairement à ses prédécesseurs, ne semble pas enclin à poursuivre la politique impulsée par son arrière-grand-mère Anne de Laval et visant à toujours magnifier davantage la collégiale familiale. Pourtant, le nouveau comte, intime de François Ier et d’Anne de Bretagne, lieutenant-général de la Bretagne, ne manque pas de ressources. Il se révèle même être un mécène et un bâtisseur prodigue. Mais son attention se reporte sur un autre monument de ville : le château. Il y réalise entre 1504 et les années 1515 une série presque ininterrompue de travaux qui conduira, entre autres, à la création du premier Château Neuf et de sa terrasse78. Parée d’un style nouveau, celui de la Renaissance dont Guy XVI est l’un des principaux promoteurs dans l’Ouest, l’ancienne place forte devient le nouvel édifice insigne de la famille de Laval et de sa destinée nationale. De style gothique flamboyant, la collégiale Saint-Tugal est quant à elle délaissée, symbole d’une époque révolue.
Cahier couleur
Fig. I. – Proposition de restitution du programme d’agrandissement de la collégiale Saint-Tugal réalisé entre 1444 et les années1470.

1 – Chevet (c. 1444, consécration en 1448, achèvement des voûtes c. 1470) ; 2 – « Sacristie » (affectation au xviiie s., 1460d, consécration en 1497) ; 3 – Cloître et galeries (1460-c. 1461, consécration en 1497) ; 4 – Tour de clocher (c. 1470) ; 5 – Chapelle de la Communion (av. 1497 et consécration).
S. Chollet d’après : Chollet Samuel, Laval (53), collégiale et sacristie Saint-Tugal, op. cit. ; Valais Alain, Îlot Saint-Tugal, Laval (53), op. cit. ; Arch. dép. Mayenne, E 96/119.
De gauche à droite, d’après leur affectation à la fin de l’Ancien Régime : le logement du sonneur, celui du chapelain de la sacristie, la sacristie (qui sert également de trésor et de salle capitulaire) et les deux premières travées du chevet de l’église. Parmi ces constructions réalisées entre 1444 et les années 1460, seule la seconde citée est assurément dotée initialement d’une porte ouvrant sur le cloître. L’ouverture sur le sanctuaire relève d’une reprise d’époque moderne tandis que celle donnant sur la sacristie, visible dans l’angle, représente un percement d’époque contemporaine.
Fig. II. – Le cloître, depuis le nord-ouest.

De gauche à droite, d’après leur affectation à la fin de l’Ancien Régime : le logement du sonneur, celui du chapelain de la sacristie, la sacristie (qui sert également de trésor et de salle capitulaire) et les deux premières travées du chevet de l’église. Parmi ces constructions réalisées entre 1444 et les années 1460, seule la seconde citée est assurément dotée initialement d’une porte ouvrant sur le cloître. L’ouverture sur le sanctuaire relève d’une reprise d’époque moderne tandis que celle donnant sur la sacristie, visible dans l’angle, représente un percement d’époque contemporaine.
Cliché S. Chollet.
Fig. III. – Plan restitué de l’église Saint-Tugal vers 1490-1500 (d’après Chollet Samuel, Laval (53), collégiale et sacristie Saint-Tugal…, op. cit.) et comparaison avec des collégiales funéraires bâties à la même époque, à Oiron, Montreuil-Bellay et Montrésor (cf. Noblet Julien, Collégiales castrales et Saintes-Chapelles…, op. cit. et Noblet Julien, En perpétuelle mémoire…, op. cit.).

Le chevet, non fondé, est ici restitué à titre d’illustration. Les maçonneries du transept, fouillées en 2003 (Valais Alain, Îlot Saint-Tugal, Laval (53)…, op. cit.), autorisent toutefois à penser que deux chapelles seigneuriales étaient projetées de part et d’autre du chœur, suivant une disposition courante à cette époque.
Notes de bas de page
1Ministère de la Culture/Sous-direction de l’archéologie, Conseil national de la recherche archéologique. Programmation nationale de la recherche archéologique, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, 2016.
2Chollet Samuel, Politique territoriale des seigneurs de Laval sur la Marche Bretagne-Maine (xie-xiiie siècle), mémoire de maîtrise d’histoire et d’archéologie, sous la direction de Dominique Allios et Daniel Pichot, université Rennes 2, 2003.
3Bertrand de Broussillon Arthur, La Maison de Laval, 1020-1605. Étude historique accompagnée du cartulaire de Laval et de Vitré, t. 1, Paris, Alphonse Picard et Fils, 1895-1903, acte 73.
4En la matière, le texte le plus ancien semble être une concession faite vers 1055 par un miles aux moines de Marmoutier et pour laquelle l’assentiment de Guy I de Laval est requis. Parmi les personnes témoignant de cet acte, vraisemblablement au nom du seigneur lavallois, figurent notamment le chapelain Ascelin ainsi que le prêtre Foulques (Laurain Ernest, Cartulaire manceau de Marmoutier, Laval, A. Goupil, 1911-1945, « Arquenay », acte 2). Si le premier d’entre eux n’est pas connu autrement, le second apparaît postérieurement dans quatre textes datés de la charnière entre les années 1050 et la décennie suivante (ibid., « Laval », actes 1-3 et 6).
5L’origine du premier seigneur attesté de Laval, mentionné au milieu du xie siècle comme conditor (créateur) et possessor du château et désigné aujourd’hui sous le nom de Guy Ier de Laval, a longtemps été débattue, les sources écrites taisant la famille dont il est issu. Il est aujourd’hui admis que celui-ci et Guy de Dénéré, détenteur de divers biens et droits en Champagne-du-Maine en Sarthe, ne font qu’un. À ce sujet, voir notamment : Angot Alphonse, « Origine de Guy I er de Laval. Réponse à M. Robert Latouche », Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, t. 23, 1907, p. 336 ; Angot Alphonse, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, reproduction en fac-similé de l’édition de 1900-1910, t. 4, Mayenne, J. Floch, 1962, p. 576 ; Pichot Daniel, « La seigneurie de Laval aux xie et xiie siècles », La Mayenne, Archéologie, Histoire, vol. 17, 1994, p. 5-22.
6L’histoire au xie siècle de l’église d’Avesnières illustre les difficultés qu’ont pu rencontrer les Laval pour imposer leur domination sur cette partie du Maine située au contact de la Bretagne et de l’Anjou. Les sources diplomatiques qui lui sont relatives éclairent en effet le long processus au terme duquel les barons finissent par faire reconnaître leur autorité supérieure sur ce lieu de culte ainsi que le lignage qui le détenait, celui des Bouère-Saint-Berthevin. Ce cas de figure fait l’objet d’une description détaillée dans : Gousset Jean-Michel et Legros Sébastien, « “Guerre des prieurés” et construction d’un bourg : Avesnières aux xie-xiie siècles », La Mayenne, Archéologie, Histoire, vol. 26, 2003, p. 158-169.
7Cette famille a été mise en évidence et étudiée par S. Legros dans le cadre de sa thèse. Elle y fait notamment l’objet d’une restitution généalogique au sein du volume d’annexes : Legros Sébastien, Prieurés bénédictins, aristocratie et seigneuries. Une géopolitique du Bas-Maine féodal et grégorien (fin 10e-début 13e siècle), thèse d’histoire médiévale, sous la direction de Daniel Pichot, université Rennes 2, 2007, annexe VI, p. 110.
8Laurain Ernest, Cartulaire manceau de Marmoutier, op. cit., « Laval », acte 1-3, 6 et 17 ; Métais Charles, Cartulaire de l’abbaye cardinale de la Trinité de Vendôme, Paris, Vendôme, A. Picard et fils, C. Ripé, actes 433, 437, 440, 442-444, 449, 456, 471-472 et 479 ; Marchegay Paul, Archives d’Anjou. Recueil de documents et mémoires inédits sur cette province. t. 3. Cartularium monasterii Beatæ Mariæ Caritatis Andegavensis, Angers, Cosnier et Lachèse, 1854, actes 363, 365, 368 et 381-387 ; Congrégation de Solesmes, Cartulaire des abbayes de Saint-Pierre de la Couture et de Saint-Pierre de Solesmes, Le Mans, E. Monneyer, 1881, acte 19 ; Bertrand de Broussillon Arthur, Cartulaire de l’abbaye Saint-Aubin d’Angers, Angers, Germain et Grassin, 1903, acte 899. Pourraient être ajoutés à cette liste plusieurs autres actes de cette période au sein desquels figure, en qualité de témoin, un doyen prénommé Hubert. Ce dernier correspond vraisemblablement au fils de Gosselin ici cité.
9On notera parmi les principaux personnages de cette famille, outre Gosselin, les deux fils de ce dernier, Hamon et Herbert, qui lui succèdent à sa charge avant les années 1070-1075 (Charles Robert et Menjot D’Elbenne Samuel, Cartulaire de l’abbaye Saint-Vincent du Mans [ordre de saint Benoit]. Premier cartulaire, 572-1188, Mamers/Le Mans, Fleury/A. de Saint-Denis, 1886-1913, acte 433). Si le premier exerce encore cette fonction vers 1125, le second devient pour sa part doyen de Laval avant les années 1080 (Marchegay Paul, Archives d’Anjou…, op. cit., acte 382 ; Congrégation de Solesmes, Cartulaire des abbayes de Saint-Pierre…, op. cit., acte 19).
10Les prérogatives curiales du château et sa chapelle ne paraissent pas avoir fait l’objet d’un règlement avant le milieu du xiie siècle. Source de contentieux avec les moines de la Couture, détenteurs de la paroisse sur laquelle est implantée la place forte, cette situation aboutit vers 1150 à un acte de conciliation rédigé dans la chapelle du château (Congrégation de Solesmes, op. cit., acte 63). Il est alors établi que seuls le dominus de Laval, son château et sa familia ne relèvent pas de la paroisse des moines manceaux. Il est ajouté que si l’une de ces personnes réside durablement en « ville », celle-ci sera alors inhumée dans le cimetière de Pritz à son décès et les bénédictins percevront 13 deniers pour ce faire.
11Le premier à les avoir collectés et transcrits est Isidore Boullier, au sein d’un ouvrage qui, aujourd’hui encore, reste la principale synthèse relative à la collégiale Saint-Tugal : Boullier Isidore, Recherches historiques sur l’église et la paroisse de la Trinité, sur le prieuré de Prix et sur le chapitre Saint-Tugal, Laval, H. Godbert, 1845, p. 229-330.
12Bertrand de Broussillon Alexis, Cartulaire de l’évêché du Mans (936-1790), t. 1, Le Mans, Société des archives historiques du Maine, coll. « Archives Historiques du Maine », 1900, acte 65. Guy V dote le chapitre de différents droits et revenus sur ses moulins, ses bois et forêts ainsi que sur les cens qu’il perçoit à Laval, La Gravelle et Montsûrs.
13Bien qu’étranger au chapitre de la cathédrale, cet acte a été compilé dans le Livre Blanc de l’évêché. Arthur Bertrand de Broussillon, auteur d’une publication de ce manuscrit, se contente de préciser qu’il est antérieur au décret de fondation de la collégiale promulgué le 16 août 1170 par l’évêque du Mans, Guillaume de Passavant. La chose est avérée, car si cette charte indique que trois prébendes, en plus de celles des chapelains Guillomard et Ruellon, seront réservées à des prêtres, celles-ci sont déjà pourvues au moment du décret épiscopal. Divers éléments permettent toutefois d’affiner cette datation. Le premier est le texte lui-même. Il y est stipulé que les trois prébendes précitées sont constituées en faveur de Mabon et Herbert de Bor ainsi que d’Emma, mère de Guy V. Or, si ces personnages sont alors manifestement décédés, il est à noter que Mabon n’apparaît dans les sources écrites que vers 1150 (Marchegay Paul, Archives d’Anjou…, op. cit., « Laval », acte 21 ; Archives départementales [désormais : Arch. dép.] Mayenne, H 154, Cartulaire de l’abbaye Notre-Dame de la Roë, 1096-1190, fo 58 vo) et semble mort avant les années 1152-1158. De la même manière, Emma, épouse de Guy IV, n’est plus citée après 1152 et la fondation de l’abbaye de Clermont où elle parait enterrée peu de temps après (Piolin Paul, Histoire de l’Église du Mans, t. 4, Paris, Julien, Lanier et Cie éditeurs, 1851-1871, p. 531 et 532). En revanche, le cas d’Herbert est plus délicat puisqu’un homonyme semble lui succéder. En 1170, deux Herbert de Bor sont en effet mentionnés lors de la rédaction du décret épiscopal de la fondation de la collégiale : le premier correspond au défunt ici cité tandis que le second fait partie des rares témoins mentionnés in extenso. D’ailleurs, contrairement au texte présent, celui de l’évêché tait le patronyme des frères disparus afin sans doute d’éviter toute confusion. En réalité, tout porte à croire que les deux frères sont morts avant la donation de la cure de La Gravelle par Guy V entre 1155 et 1164. À cette date le baron lavallois est certes toujours accompagné d’un membre de la famille de Bor, mais celui-ci se prénomme Guillaume (Bertrand de Broussillon Arthur, La Maison de Laval, 1020-1605…, t. 1, op. cit., acte 65). En complément, deux autres actes autorisent à réduire cet intervalle. L’un d’eux, daté approximativement de 1160, est le premier à mentionner explicitement le « chapitre Sainte Marie de Laval » (ibid., I, 142). Quant au second, il correspond à une charte émise en 1158 par Guy V, par laquelle il confirme l’ensemble des dons faits par ses prédécesseurs et lui-même à l’abbaye de la Couture (Congrégation de Solesmes, op. cit., acte 73). Chose anodine de prime abord, mais qui interpelle dans le cas présent, il s’engage à cette occasion à ce que ni lui ni ses héritiers ne placent de « chanoines » (canonici) dans l’église de la Trinité. Cette concession répond manifestement à la crainte des moines manceaux de voir le baron lavallois faire de ce lieu de culte le siège d’un chapitre, ce qui les aurait amenés inévitablement à perdre tout ou partie de la cure paroissiale. À la lecture de ces trois actes, il est donc possible de fixer aux années 1155-1158 le début du processus fondateur à l’origine de la collégiale Notre-Dame du Château de Laval, dénommée par la suite collégiale Saint-Tugal.
14Après enquête dans l’emprise de la province ecclésiastique de Tours, notamment à travers la base de données consacrée aux collégiales séculières de France : Base des collégiales séculières de France (816-1563), [https://collegiales.applirecherche.unilim.fr], consulté le 1er mars 2023. Deux collégiales pourraient toutefois faire exception, mais ont été volontairement occultées en raison de leur caractère éphémère ou des incertitudes entourant leur genèse : Notre-Dame de Lué-en Baugeois (Jarzé Villages, 49), fondée entre 1120 et 1130, qui ne disposait que de deux chanoines et, surtout, qui a périclité moins de vingt ans après sa création ; Saint-Nicolas de Mamers dont nous savons seulement qu’elle est antérieure à 1191.
15Base des collégiales séculières de France (816-1563), déjà citée supra ; Matz Jean-Michel, « Collégiales urbaines et collégiales castrales dans le diocèse d’Angers au Moyen Âge », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 108-3, 2001, p. 5-33 ; Angot Alphonse, Dictionnaire historique…, op. cit.
16Pichot Daniel, Le Bas-Maine du xe au xiiie siècle. Étude d’une société, Laval, Société d’archéologie et d’histoire de la Mayenne, 1995, p. 189-193.
17Le château de Meslay est détruit en 1129 par Geoffroy V, en représailles à la vaste coalition qui lui fait face à cette date et dont Guy IV est l’un des principaux participants (Bertrand de Broussillon Arthur, La Maison de Laval, 1020-1605…, t. 1, op. cit., p. 80). Il est à noter que cette rébellion ne constitue pas un acte isolé, plusieurs autres témoignant du conflit larvé existant alors entre les Plantagenêts et une importante frange de leurs barons continentaux. D’ailleurs, Guy V, fils du précédent, se révolte à son tour en 1136-1143 (Pichot Daniel, Le Bas-Maine du xe au xiiie siècle…, op. cit., p. 191 ; Angot Alphonse, Dictionnaire historique…, t. 3, op. cit., art. Meslay). Ce n’est cependant pas cet épisode qui lui vaut d’être excommunié, mais les exactions qu’il commet à l’encontre de l’abbaye tourangelle de Marmoutier (Bertrand de Broussillon Arthur, La Maison de Laval, 1020-1605…, t. 1, op. cit., acte 125).
18Ibid., t. 1, actes 123-125, 128 et 131.
19Durant cette période, Guy V complète les dons faits par ses prédécesseurs au prieuré du Plessis-Milcent, dépendant de la Roë. Il dote les Hospitaliers de Jérusalem, sans doute dans le cadre de la mise en œuvre de leur vicus lavallois de Saint-Jean l’Hospitalier et il fonde l’abbaye cistercienne de Clermont comme exposé ci-après (ibid., t. 1, actes 118, 126 et 132).
20À plus grande échelle, cette convergence d’intérêts entre grands lignages et ordres nouveaux a notamment été mise en évidence en Normandie et en Provence : Miguet Michel, « Citeaux et les ordres militaires. Analogies et différences des politiques domaniales », dans Léon Pressouyre (dir.), L’Espace cistercien, colloque de Fontfroide du 24 au 27 mars 1993, Paris, CTHS, 1994, p. 226-237 ; Mazel Florian, La noblesse et l’Église en Provence, fin xe-début xive siècle. L’exemple des familles d’Agoult-Simiane, de Baux et de Marseille, Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2022, p. 337-382.
21Chollet Samuel, Politique territoriale des seigneurs de Laval sur la Marche Bretagne-Maine (xie-xiiie siècle), op. cit. ; Ladurée Jean-René, Les Cisterciens face à leur environnement spatial et humain. Exemple des abbayes claravalliennes possessionnées dans le Bas-Maine (début xiie-fin xve siècle), thèse d’histoire médiévale, sous la direction de Daniel Pichot, université de Rennes 2, 2014.
22Bénédicte Fillon-Braguet, historienne de l’art monumental, propose de dater la chapelle du château de Laval du milieu du xiie siècle d’après ses chapiteaux (Communication orale et : Fillion-Braguet Bénédicte, « Sculpture. Des églises sans sculpture. Panorama de la sculpture romane en Mayenne », dans Christian Davy, Bénédicte Fillon-Braguet, Sébastien Legros et Alain Valais, Sacrés chantiers, églises romanes en Mayenne, catalogue d’exposition (16 juin 2018-31 mars 2019), Sainte-Suzanne, Conseil départemental de la Mayenne/CIAP du château de Sainte-Suzanne, 2018, p. 66-83, p. 78 et 79). Parmi ces derniers figurent notamment des chapiteaux qui, par leurs feuilles lisses simplifiant à l’extrême le chapiteau corinthien, se révèlent relativement analogues à certains chapiteaux de la croisée de l’église Notre-Dame d’Avesnières (Laval) et à un chapiteau daté de 1145-1158 découvert lors de la fouille des abords de la cathédrale Saint-Julien du Mans : Fillion-Braguet Bénédicte, « Catalogue lapidaire », dans Stéphane Augry (dir.), Pays de la Loire, Sarthe, Le Mans (72181). Jardins de la cathédrale, histoire et archéologie des abords de la cathédrale Saint-Julien. Rapport de fouille archéologique, t. 3, vol. 2, Rennes, Inrap Grand Ouest, 2021, p. 121-124. En complément, il est à signaler deux études archéologiques consacrées à ce monument : Gousset Jean-Michel, « Y a-t-il deux donjons au château de Laval ? », La Mayenne, Archéologie, Histoire, vol. 27, 2004, p. 168-176 ; Mare Éric, Chapelle du château de Laval (Mayenne). Rapport de fouille de sauvetage, Nantes, Direction des antiquités historiques des Pays de la Loire, 1987.
23Naveau Jacques, Fouille de sauvetage dans la cour du château de Laval (Mayenne), 1980. Document final de synthèse, Nantes, Direction des antiquités historiques des Pays de la Loire, 1980.
24Elle pourrait correspondre à ce titre à la chapelle citée par un acte de 1150 et située expressément à côté de l’aula (Congrégation de Solesmes, op. cit., acte 63).
25Idem.
26Par un acte postérieur à 1211, Guillaume des Roches, sénéchal d’Anjou, du Maine et de Touraine, affirme à Philippe Auguste qu’il appartient au roi, dans ces provinces, de marier les orphelines héritières de fief (Bertrand de Broussillon Arthur, La Maison de Laval, 1020-1605…, t. 1, op. cit., acte 315).
27Les opérations archéologiques menées dans l’emprise de la collégiale permettent de constater que l’occupation de ce secteur urbain est peu dense jusqu’au xve siècle, mais précoce. Il a notamment été révélé, au sein du cloître, des structures fossoyées et des niveaux de sol datés des xe-xie siècles par radiocarbone : Valais Alain, Îlot Saint-Tugal, Laval (53). Rapport de fouille archéologique, Nantes, Service régional de l’archéologie des Pays de la Loire, 2004 ; Meunier Hugo (dir.), Laval (53), cloître de la collégiale Saint-Tugal – CK 137. Rapport de diagnostic archéologique, Laval, Ville de Laval, Service municipal d’archéologie, 2019.
28Bertrand de Broussillon Arthur, La Maison de Laval, 1020-1605…, t. 1, op. cit., acte 298 ; Laurain Ernest, « Donation par Mathieu de Biana, chanoine du Bourg-Chevreul de Laval (1241) », Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 1904, p. 174 et 175.
29Chollet Samuel et Gousset Jean-Michel, « Mayenne, Laval. Nouvelle datation dendrochronologique de la tour maîtresse du château et de son hourd », Bulletin monumental, t. 170-3, 2012, p. 261 et 262 ; Chollet Samuel, « Hourds », Nouveau dictionnaire raisonné de l’architecture médiévale, Paris, Institut national d’histoire de l’art, à paraitre.
30Arch. dép. Mayenne, 357 J 1, Mémoire sur la collégiale Saint-Tugal de Laval (1700 et c. 1780).
31Boullier Isidore, Recherches historiques…, op. cit., p. 333.
32Bertrand de Broussillon Arthur, La Maison de Laval, 1020-1605…, t. 3, op. cit., acte 1217.
33Ibid., t. 2, acte 643.
34Valais Alain, Îlot Saint-Tugal, Laval (53), op. cit., p. 113-115.
35Boullier Isidore, Recherches historiques…, op. cit., p. 335.
36Pour ne citer qu’eux, l’abbé Angot affirme que le changement de dédicace intervient « dès 1383 » tandis que Le Paige le fixe en 1416 (Angot Alphonse, Dictionnaire historique…, t. 2, op. cit., art. « Laval » ; Le Paige André-René, Dictionnaire topographique, généalogique et bibliographique de la province et du diocèse du Maine, Le Mans/Paris, Toutain/Saugrain, 1777).
37Boullier Isidore, Recherches historiques…, op. cit., p. 353-355.
38Archives nationales [désormais : Arch. nat.] P 343 (pièces sur Laval).
39Aujourd’hui disparue, la « chasse de Saint-Tugal » compte notamment parmi les « effets mobiliers de l’église-collégiale de Saint Thugal » lors de la déclaration faite par le chapitre en 1790 de ses biens et revenus (Arch. dép. Mayenne, L 1432, Déclaration des revenus et biens dépendans du chapitre collégial de st Thugal de la ville de Laval, 1790). Un procès-verbal dressé à la même époque permet de préciser qu’elle était alors conservée à l’étage de la sacristie (Arch. dép. Mayenne, Q 632, Inventaires et procès-verbaux d’adjudication des biens des communautés, mai 1790-fructidor an III).
40Sur les reliques à la fin du Moyen Âge, voir notamment : Matz Jean-Michel, « Pour une histoire des reliques à la fin du Moyen Âge : le diocèse d’Angers », Hagiografica, t. 21, 2014, p. 197-233.
41Le Doyen Guillaume, Annales et chroniques du païs de Laval depuis l’an 1480 jusqu’à l’année, Genève, Slatkin, 1971, p. 326-328 ; « Fondation de l’église Saint-Vénérand : préambule du premier registre de la paroisse de Saint-Melaine et Saint-Vénérand (1522-1562) rédigé par G. Le Doyen le 29 novembre 1522 et édité par L.-J. Morin de la Beauluère », Mémorial de la Mayenne, t. 4, 1845, p. 353, 354, 357 et 362.
42J. Le Blanc de la Vignolle, avocat du xviie siècle, est vraisemblablement l’auteur à l’origine de deux affirmations constamment reprises par la suite, voire extrapolées (Bibl. mun. Laval, Ms 120224, fo 780 : Jacques Le Blanc de la Vignolle, Histoire du comté et ville de Laval, 1651). La première est que les reliques de saint Tugal auraient été en partie déposées à Laval à la fin du haut Moyen Âge, au cours de la même translation ayant conduit à placer le chef de l’évêque de Tréguier à Chartres. La seconde est que ces ossements étaient gardés, antérieurement à leur transfert dans la collégiale Notre-Dame du Bourg-Chevreul, dans la chapelle « basse » du château, c’est-à-dire la crypte encore en élévation. Ces dires sont plausibles, comme le démontre le cas des reliques d’un autre saint breton, saint Melaine, qui, vers le xe siècle, étaient conservées pour partie dans une villa proche de Laval (Vallée Eugène, Archives historiques du Maine IV. Cartulaire de Château-du-Loir, Le Mans, Société des archives historiques du Maine, 1905, acte 22). Ils le sont d’autant plus que l’historien lavallois connaissait le chartrier seigneurial, qu’il avait étudié et en partie copié dans le cadre d’une généalogie des Laval appuyée par des volumes de preuves. Celui-ci ne précise pas toutefois si ses propos reposent sur ces sources ou s’ils sont inspirés des écrits de Pierre Le Baud et Robert d’Argentré qu’il cite.
43Il est ainsi sollicité par le pape Urbain V en 1364 pour tenter de ramener la paix entre les deux partis.
44Bertrand de Broussillon Arthur, La Maison de Laval, 1020-1605…, t. 2, op. cit., actes 931 et 932.
45Boullier Isidore, Recherches historiques…, op. cit., p. 336-341.
46Arch. dép. Mayenne, 357 J 1 et B 865 (Procès-verbal de l’accord passé entre la duchesse de la Trémoille et les chanoines de Saint-Tugal au sujet du déplacement de la sépulture de Jean de Laval afin de permettre la pose d’un nouveau sol dans le chœur, 1761).
47Cette réduction n’est pas explicite, mais déduite. Si nous savons que les deux collégiales cumulaient antérieurement à leur fusion 22 prébendes, l’acte d’union fixe le nombre de ces dernières à 17, tout en précisant que celle revenant à l’évêque du Mans n’est pas comptabilisée (Arch. dép. Mayenne, 357 J 1 et B 865).
48Arch. dép. Mayenne, 27 G 1, fo 35-36, 40-42 (Extrait d’un coutumier de Saint-Tugal, fin du xve siècle) et Arch. dép. Mayenne, 357 J 1. Trois chapellenies sont avérées en 1444 : celles de la Madeleine ou de Parné (1332), de l’organiste (1356), du Clos-Doucet (av. 1405 et sa fusion avec celle de la Chalerie). Paraissent également antérieures à cette date celles : du curé chapelain, du sacriste, du Gennetais et des Lignardières. Sont créées après 1444 et avant la fin du xve siècle les chapellenies : du diacre et du sous-diacre (1450), de la Madeleine (2e du nom ; 1459), des deux chapelains « demi-prébendés » (1486), de Beuzelin (au nombre de deux ; 1492) et de Derval (1497).
49Noblet Julien, En perpétuelle mémoire. Collégiales castrales et saintes-chapelles à vocation funéraire en France, 1450-1560, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 59.
50L’acte d’union de 1444 la considère comme la première des 17 prébendes, après avoir précisé que ces dernières n’intégraient pas celle réservée à l’évêque du Mans qui, à ce titre, peut prétendre au rang de premier chanoine de l’établissement (Arch. dép. Mayenne, 357 J 1 et B 865).
51Arch. dép. Mayenne, 357 J 1.
52Un maître de psallette existe avant 1402, date à laquelle Guy XII décide qu’une prébende lui sera consacrée (Boullier Isidore, Recherches historiques…, op. cit., p. 206).
53Arch. nat., MM 746, 453 (pièces sur Laval) ; Arch. dép. Mayenne, 357 J 1.
54Idem.
55Sur ordonnance du futur comte Guy XV, ces maisons sont intégrées au temporel du chapitre en 1473 (Bertrand de Broussillon Arthur, La Maison de Laval, 1020-1605…, t. 3, op. cit., acte 1765).
56Angot Alphonse, Dictionnaire historique…, t. 2, op. cit., art. « Laval ». Les voûtes de cette construction ne paraissent toutefois avoir été achevées que durant la décennie 1470 (Morin de la Beauluère Louis-Julien, Études sur les communautés et chapitres de Laval, Laval, L. Moreau, A. Goupil, 1891, p. 18).
57D’après le gouttereau nord, toujours en élévation, et un plan de l’église dressé en 1801 par Le Bourgeois, ingénieur en chef du département de la Mayenne (Arch. dép. Mayenne, E 96-119), ce nouveau chœur présente une longueur dans œuvre de presque 18 m, soit environ 3 m de plus que la nef.
58Noblet Julien, En perpétuelle mémoire…, op. cit., p. 112.
59Le nouveau chœur de l’église Saint-Tugal accueille ses premières sépultures seigneuriales dès 1447. À cette date, Anne de Laval obtient du pape Nicolas V d’y faire transférer les corps de son grand-père Jean de Laval-Châtillon et de la sœur de celui-ci, Jeanne, lesquels reposaient alors dans l’église des Trois-Maries de Montsûrs (Arch. dép. Mayenne, 357 J 1).
60Pratiquée et théorisée dès l’Antiquité, l’insertion de céramiques dans des maçonneries à des fins acoustiques est particulièrement fréquente à la fin du Moyen Âge, particulièrement dans les chœurs d’édifices religieux. À ce sujet, voir notamment : Henigfeld Yves et Werlé Maxime, « Sourd comme un pot acoustique ? L’exemple des céramiques engagées dans les maçonneries médiévales à Strasbourg », Archéologie médiévale, t. 32, 2002, p. 135-156.
61Cette vitre, composée de six lancettes pour un total de 30 panneaux, est connue par un procès-verbal dressé en 1669 par un chanoine du chapitre cathédral de Tréguier (Barthelemy Anatole de, « Le reliquaire de Saint-Tudual à Laval », Bulletin monumental, t. 51, 1885, p. 453-458).
62La datation de l’espace claustral repose principalement sur l’étude de la sacristie, qui participe de l’aile est et dont la mise en œuvre intègre l’aménagement de galeries. Une analyse dendrochronologique permet de placer son édification au printemps 1460 (Dendrotech, Fiche intitulée « Collégiale Saint-Tugal – Laval [53130] », DT-2016-070/Samuel Chollet [Service Archéologique de Laval], 2017, [https://www.dendrotech.fr/fr/Dendrabase/site.php?id_si=033-52-53130-0010], consulté le 1er mars 2023). Cette datation est par ailleurs corroborée par un acte de 1461, par lequel Arthuse de Laval, fille de Guy XIV, lègue 120 écus pour l’achèvement du cloître (Arch. dép. Mayenne, 357 J 1).
63Enquête réalisée à partir de bases de données (Base des collégiales séculières de France [816-1563] ; Plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée [https://www.pop.culture.gouv.fr/]) et des publications suivantes : Noblet Julien, Collégiales castrales et Saintes-Chapelles à vocation funéraire dans le royaume de France (1450-1560), thèse d’histoire de l’art, sous la direction de Claude Mignot, université Paris-Sorbonne, 2005 ; Noblet Julien, En perpétuelle mémoire…, op. cit. ; Comte François, Juret Laurence et Matz Jean-Michel, « Angers. Le quartier de la collégiale Saint-Laud », dans Jean-Charles Picard (dir.), Les chanoines dans la ville. Recherches sur la topographie des quartiers canoniaux en France, Paris, de Boccard, 1994, p. 95-108 ; Comte François et Gaillard Caroline, « Angers. Le quartier de la collégiale Saint-Martin », dans Jean-Charles Picard (dir.), Les chanoines dans la ville…, op. cit., p. 115-124. Seuls quatre cloîtres de chapitre de collégiale ont pu être répertoriés dans ce cadre : Saint-Martin et Saint-Laud à Angers (49), fondés par les comtes et respectivement dotés d’un cloître dès le xie siècle et avant le xve-xvie siècle ; Notre-Dame de la Guerche (35), que le seigneur éponyme pourvoit d’un emplacement pour un cloître lors de la création de l’établissement en 1206 (sans certitude que ne soit pas désigné ici le « claustrum » au sens d’enclos claustral) ; Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux (35), chapelle des seigneurs d’Espinay, devenue collégiale en 1437 et sans doute munie d’un cloître consécutivement comme le démontrent les bâtiments encore conservés.
64Chollet Samuel, Laval (53), collégiale et sacristie Saint-Tugal. Synthèse archéologique, Laval, Ville de Laval, Service municipal d’archéologie, 2015.
65Sapin Christian, « Le problème du cloître à galeries dans l’architecture canoniale », dans Jean-Charles Picard (dir.)Les chanoines dans la ville…, op. cit., p. 33-40.
66Esquieu Yves (dir.), Viviers, cité épiscopale. Études archéologiques, Lyon, Région Rhône-Alpes/Direction des antiquités historiques, coll. « Document d’archéologie en Rhône-Alpes et en Auvergne », no 1, 1988.
67Deux opérations archéologiques ont permis de mettre au jour sept sépultures ainsi qu’un probable ossuaire dans l’emprise des galeries du cloître : Meunier Hugo (dir.), Laval (53)…, op. cit. ; Chollet Samuel, Laval (53), rue du Jeu de Paume. Rapport de sondage archéologique, Laval, Ville de Laval/Service municipal d’archéologie, à paraitre. Datées par radiocarbone, ces structures s’échelonnent entre la fin du xve siècle et les xviie et xviiie siècles. À l’inverse, le préau semble être dépourvu d’inhumation. On notera en complément l’existence de registres paroissiaux dressés entre 1683-1791 (Arch. dép. Mayenne, 4 E 146/1-4), dont l’étude pourrait permettre de préciser le mode de gestion des trois zones funéraires dont dispose la collégiale à la fin de l’Ancien Régime, à savoir le cloître, l’église Saint-Tugal et un carré dans le cimetière de la Trinité.
68Arch. dép. Mayenne, 357 J 1 ; Arch. nat., MM 746, 455. Un décret épiscopal du xviie siècle, approuvant un mémoire du chapitre visant à réduire le service de la collégiale, comprend également une procession faite au cloître, réalisée chaque 21 octobre pour la Sainte-Avoie (Arch. dép. Mayenne, 357 J 1).
69Sapin Christian, « Le problème du cloître à galeries dans l’architecture canoniale », art. cité, p. 39.
70Arch. nat., MM 746, 377 ; Angot Alphonse, Dictionnaire historique…, t. 2, op. cit., p. 579.
71Prélude à cette ambition visant à faire de Saint-Tugal la nouvelle nécropole des Laval, Anne obtient en 1447 du pape Nicolas V le droit de transférer dans la collégiale deux corps inhumés aux Trois-Maries de Montsûrs : celui de Jean de Laval-Châtillon, son grand-père maternel, et celui de Jeanne, sœur de ce dernier (Arch. dép. Mayenne, 357 J 1).
72Noblet Julien, Collégiales castrales et Saintes-Chapelles…, op. cit.
73Le Doyen Guillaume, Annales et chroniques du païs de Laval…, op. cit., p. 34.
74Angot Alphonse, Dictionnaire historique…, t. 2, op. cit., p. 590.
75Valais Alain, Îlot Saint-Tugal, Laval (53)…, op. cit. ; Gousset Jean-Michel, Îlot Saint-Tugal, Laval (53). Opération no 2007-22. Document final de synthèse, Laval, Ville de Laval/Service municipal d’archéologie, 2008.
76Cette date est celle de la cloche qui l’équipait. Conservée dans les collections des musées de Laval, celle-ci présente une inscription qui indique qu’elle a été réalisée en 1495 à la demande du chapitre et baptisée Prime (Angot Alphonse, Épigraphie de la Mayenne, t. 1, Laval, A. Goupil, 1907, p. 437 et 438). Quant au clocher, il bénéficie d’une documentation importante, produite entre 1733 et 1745 dans le cadre de sa réfection (Arch. dép. Mayenne, 3 E 9/122, minutes du notaire Jacques Lemoyne relatives à réfection du clocher de Saint-Tugal, dit de Luane, 1733-1745).
77Arch. nat., MM 746, 456.
78Dendrotech, Fiche intitulée « Château-Neuf – Laval (53130) », DT-2013-040/Samuel Chollet (Service Archéologique de Laval), 2013, [https://www.dendrotech.fr/fr/Dendrabase/site.php?id_si=033-52-53130-0006], consulté le 1er mars 2023 ; Dendrotech, Fiche intitulée « Vieux Château – Laval (53130) », DT-2014-024/Samuel Chollet (Service Archéologique de Laval), 2014, [https://www.dendrotech.fr/fr/Dendrabase/site.php?id_si=033-52-53130-0004], consulté le 1er mars 2023 ; Le Doyen Guillaume, Annales et chroniques…, op. cit., p. 126 et 138. Cette série de travaux comprend a : l’extension de l’aile sud du Vieux-Château, dotée côté cours de deux travées ornées de troncs écotés et autres motifs végétaux (1504-1505d) ; la création du belvédère du Château-Neuf, d’un pavillon sur la porte de ville adjacente et d’une première galerie (1508-1511) ; la construction de l’aile nord du Vieux-Château (1513-1514d) et, probablement de façon concomitante, l’aménagement des quatre travées de style première Renaissance qui ornent toujours le grand logis du xive siècle et la première moitié de l’aile sud.
Auteur
Service archéologie et inventaire général, Ville de Laval.
Samuel Chollet est archéologue.

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