URL originale : https://books.openedition.org/pur/237192

« Le rouleau de la dame d’Olivet »
La gestion avisée d’Eustache de Beauçay (1333-1343)
p. 171-188
Texte intégral
1L’étude du « rouleau de la dame d’Olivet » – Eustache de Beauçay en réalité1 – renouvelle notre compréhension du Moyen Âge en infirmant la vision d’une époque repliée sur elle-même et, en même temps, remet en cause l’idée d’une rupture nette avec les siècles antérieurs, notamment le « beau xiiie siècle2 ». Ce repli serait marqué par l’appauvrissement de la paysannerie, par le dépérissement de l’occupation du sol et une contraction économique durable après une période faste3. Le retard pris à étudier l’émergence des circuits financiers au Moyen Âge et la place des foires et des marchés4 est le produit de l’image d’une économie médiévale que l’on voulait primaire, primitive même5. Certains parlaient d’une économie fermée ou de subsistance, en tout cas jamais capitaliste, ni même précapitaliste6. Le développement plus ou moins rapide d’une économie dépend d’un ensemble de moyens qui, par eux-mêmes ne produisent rien, mais qui aident l’homme à dominer la nature et à améliorer la productivité. À cet ensemble de moyens, on donne communément le nom de « capital ». Ainsi défini ce dernier peut être une réalité matérielle. C’est alors le fruit d’une ingéniosité manuelle, mais aussi une sorte de bagage technologique, né de l’appréhension empirique des données naturelles telles que la reconnaissance de meilleures espèces destinées à la reproduction. L’amélioration des espèces, déjà conseillée par le capitulaire de Villis7, fit l’objet de maintes recommandations de la part des agronomes du xiiie siècle, notamment Walter de Henley8. Que la dame d’Olivet achète des reproducteurs, des mérinos en Espagne9, des taureaux mais aussi des béliers de la Chartreuse, des veaux d’Anthenay, qu’elle ait sa vacherie, qu’elle fasse aller et venir ses reproducteurs de métairie en métairie, tout cela montre l’attention portée à l’amélioration qualitative des bêtes et des performances en termes de qualité et de rendement de la viande, de la laine10. Cette même démarche se retrouve dans l’amélioration des techniques de culture, avec la diffusion de la rotation triennale contribuant à améliorer les rendements céréaliers mais aussi l’élevage par la création d’un nouvel équilibre entre les emblavures et les jachères, l’utilisation du fumier, du chaulage de la terre. C’est aussi le résultat d’un perfectionnement de l’outillage avec le développement de l’usage de la charrue11. Cependant la possession de l’instrument ne suffit pas, il faut disposer de bêtes capables de le tracter. Ainsi, chaque métairie possède ses trains de labour composés de deux à douze bœufs tirants. Ce perfectionnement permet une compréhension plus subtile des rythmes économiques12, une appropriation des moyens susceptibles de pallier des retards qu’imposent l’espace et le temps, notamment au niveau des échanges ou de l’information, et d’orienter l’activité dans le sens d’une production accrue par un meilleur contrôle des forces économiques, tout en sauvegardant mieux les moyens engagés.
2L’idée d’associer le capital et le travail permit de trouver des applications durables qui eurent pour effet d’accroître la production. Le bail à cheptel, utilisé par la dame d’Olivet, associé à des baux de métayages permit de développer la production des céréales ainsi que l’élevage spéculatif des bovins et des ovins. Ces associations capital-travail, conclues pour un temps très limité, s’intègrent parfaitement aux structures économiques. Le résultat des investissements de capitaux dans les contrats de métayage et les baux à cheptel orienta la production paysanne et sensibilisa les gestionnaires au rôle du marché. L’étude du rouleau révèle, à travers les comptes de châtellenie, une fonction redistributive qui alimente la croissance et conforte une certaine paysannerie largement autonome. La dame d’Olivet est une précapitaliste qui agit dans le cadre de la féodalité qu’elle contribue en un sens à faire éclater, du moins à transformer. Par son implication dans une évolution agricole activée par l’intrusion de capitaux, par des changements dans le mode d’exploitation de la réserve, la mise en place de contrats de métayage et de baux à cheptel entraînant de profondes répercussions sur les prix agricoles, on peut dire qu’elle prépare, avec d’autres, l’avènement du capitalisme. Elle est la source de l’accumulation primitive du capital, elle amorce la concentration des moyens de production, l’aliénation du travail des paysans transformés en salariés. Le « rouleau de la dame d’Olivet » souligne l’emprise du capital sur l’agriculture du Bas-Maine au xive siècle. Avant de présenter dans le détail le contenu de ce document, il convient de revenir au préalable sur la matérialité de l’objet, caractéristique des nouvelles formes d’écrits qui se mettent alors en place.
Un document exceptionnel
3Le « rouleau de la dame d’Olivet », conservé à la Bibliothèque nationale de France sous la cote nouv. acq. fr. 2331213, est un document rare : un parchemin long de 9,5 m, écrit recto verso et d’une exceptionnelle qualité. Arthur Le Moyne de La Borderie (1827-1901) en avait fait réaliser une première transcription14 ; l’archiviste ou ses disciples inscrivant en bleu sur le parchemin des numéros par notice et écartant les annexes rattachées au rouleau. C’est cette copie maladroite et mal ordonnée qui fut étudiée par les historiens tout au long du xixe siècle et encore après15.
4Le rouleau offre un bel exemple de comptes de châtellenie s’étirant sur une dizaine d’années (1333-1343) et présentant la particularité de décrire finement la gestion d’une réserve seigneuriale. Son étude, après celles précédemment réalisées par André Joubert et Raymond Delatouche, apporte des informations renouvelées sur les structures économiques et sociales de la fin du Moyen Âge dans le Bas-Maine16.
Un manuscrit sous forme de rouleau
5Le rouleau est constitué de parchemins. Les 22 feuillets contiennent 106 notices écrites sur le recto et le verso, en français, ce qui est alors commun pour ce type de source17. Sans insister sur la relative homogénéité de la composition, le format introduit quant à lui une hétérogénéité des feuillets à partir de deux paramètres : la largeur, dont la valeur moyenne s’établit à 26,16 cm (23,1 cm/30 cm), et la longueur dont la valeur moyenne s’établit à 43 cm (0,12 cm/0,74 cm). Cette forte variabilité des folios s’explique par le support choisi en fonction des informations à écrire (bail de métayage, baux à cheptel, comptes d’avoir, comptes d’artisans). Un folio peut contenir d’un à six comptes d’avoir, complétés parfois par l’établissement de baux. Le scribe a pris soin de « régler » son texte, c’est-à-dire de tracer les limites formelles de son intervention (la réglure). À l’intérieur de ces limites, le texte se présente comme un bloc homogène, dense et compact.
6Les marges sont exceptionnellement décorées par des lettrines dites à l’encre, très certainement réalisées par le scribe18. Le travail a consisté à dégager au sein des lettrines et dans leur environnement immédiat un espace adéquat pour accueillir des faces humaines réduites au minimum (nez, bouche, regard expressif19), symbolisant vraisemblablement les paysans de la communauté villageoise avec lesquels Eustache de Beauçay venait de passer un accord (fig. 1). Au côté du visage, une série d’initiales surhaussées évoque une rangée de bannières et donne à la lecture à haute voix un rythme musical. En l’absence de ponctuation pour rendre la lecture plus aisée, les scribes ont recours à une forme de rubrication : les titres et commencements de chapitre bénéficient d’ajouts esthétiques sous la forme de lettres ornées (de couleur noire). Ainsi, les titres et intertitres rubriqués (miniatures, lettres ornées, pieds de mouche) agissent comme autant de repères pour permettre une lecture ciblée, en distinguant les partitions du volume, les articulations du raisonnement, l’essentiel de l’accessoire.
Fig. 1. – Lettrine ornée d’un profil masculin : La Vivencière, Courbeveille, fol. 9, no 22.

Cliché J. Fourgeaud.
7Au moment de la constitution définitive du rouleau, les vingt-deux parchemins cousus entre eux obéissent à une certaine logique. Le regroupement des actes privilégie l’ordre géographique. Quatre pôles apparaissent : le secteur du château d’Eustache de Beauçay à Olivet, auquel se rattache Le Genest-Saint-Isle ; celui de la Vacherie de Madame, situé sur la commune de Courbeveille ; les environs de la châtellenie de Meslay, dont dépendent Saint-Denis-du-Maine et Le Buret ; et enfin la zone de Grez-en-Bouère et Bouère. L’ordre géographique est confirmé par l’importance donnée aux chemins, lesquels jouent un rôle directeur pour la disposition des parcelles et le développement des métairies, en servant d’axes de pénétration et de cheminement naturel des intendants de madame d’Olivet20. Les réseaux et les territoires se conjuguent dans un processus de centralisation et de peuplement, le pouvoir et le paysage constituant un tout indissociable. On peut estimer que les notes prises lors des visites de contrôle des intendants sont transcrites régulièrement sur les parchemins (fig. 2)21.
Fig. 2. – Énumération des biens de la métairie de La Clardière.

Le Genest-Saint-Isle, fol. 3, no 5.
8La réalisation du rouleau et la relecture des notes par les scribes – les ratures dans les actes en attestent22 – se situent quant à elles en 1343. Le contenu des actes remonte pour certains à une dizaine d’années, en 1333. Cela fait maintenant quelques décennies, au moins depuis la fin du xiiie siècle, que les difficultés de gestion s’accumulent pour les seigneurs et que l’inflation fragilise sérieusement l’économie. Les redevances en monnaies moins rentables sont progressivement remplacées par des redevances en nature. L’aristocratie laïque est particulièrement touchée, comme l’atteste le tarissement de ses dons23. Le rouleau est justement composé dans cette période d’adaptation. La date de 1343, inscrite dans l’annexe 6, est celle de la dernière notification, celle de la compilation définitive du rouleau. Cette mise au propre est à considérer dans le contexte de la guerre de Cent ans, car celle-ci est source de menaces pour la dame d’Olivet comme le prouve le prélèvement de cheptel en 1340 par des gens du roi24. Par ailleurs, si le conflit débute en 1337, la guerre de Succession de Bretagne, l’un de ses épisodes annexes, est entamée quant à elle quatre plus tard. Or, les Laval, famille qui nous intéresse à travers l’étude du rouleau de la dame d’Olivet, possèdent des biens dans le duché breton25. Durant cette période troublée, une trêve est négociée par les envoyés du pape Clément VI. C’est la trêve de Malestroit, signée le 19 janvier 1343 entre Édouard III d’Angleterre et Philippe VI de France26. Nous faisons l’hypothèse que cette période de répit a été mise à profit par la dame d’Olivet pour faire mettre au propre ses « escripts », les notes prises par ses intendants et de compiler les parchemins en un rouleau.
Les multiples intérêts du rouleau de la dame d’Olivet
9Avant d’entrer dans le détail, nous pouvons ici évoquer quelques-uns des principaux intérêts de ce rouleau exceptionnel. Ce document comptable évoque tout d’abord un aspect de l’agriculture dans le Bas-Maine au xive siècle. Cette région fait plutôt pâle figure à l’époque médiévale comparée au reste de la province et au milieu de ses voisins que sont la Normandie, l’Anjou et la Bretagne, au point d’apparaître assez rarement seule, mais plutôt associée à un ensemble Maine, Anjou, Touraine27. En quelque sorte, le Bas-Maine paraît se trouver à la marge, à l’écart du développement économique. Il n’en est rien, au contraire, comme l’atteste le rouleau. Il fut un territoire d’expérimentation. D’une manière générale, le xive siècle est traversé par une première phase de repli due aux crises frumentaires des années 1315-1317, puis aux crises monétaires et financières – particulièrement sensibles entre 1335 et 1345 –, et enfin à une crise démographique, à laquelle s’ajoutèrent les épisodes militaires de la guerre de Succession de Bretagne et de la guerre de Cent Ans qui frappèrent durablement l’économie du pays28. Dans le Bas-Maine, toutefois, les seigneurs, entourés de bons gestionnaires, ne furent pas inquiétés outre mesure par ce malaise. Au contraire, ils en profitèrent pour imposer de nouveaux types de contrats (métayage, baux à cheptel), des contrats courts propices à révision. Ils réajustèrent à chaque compte d’avoir (comptabilité annuelle des avoirs de la métairie en capital) le capital investi en réévaluant la monnaie, améliorèrent les races, intensifièrent l’élevage, orientèrent la production vers une meilleure adaptation à la demande et favorisèrent le développement de l’artisanat rural (tanneurs, tisserands, etc.). Il s’ensuivit une profonde transformation des espaces économiques qui affecta l’ensemble des activités.
10Deuxième intérêt majeur : le commanditaire est une femme. Le rouleau a été compilé par Eustache de Beauçay et, dans une moindre mesure par son époux, André de Laval, parfois aussi appelé André d’Olivet29. Originaire de la région de Loudun, Eustache épouse en 1303 Guillaume d’Usages, chevalier et vidame du Mans. Après la mort de ce dernier, elle se remarie vers 1311 avec André de Laval, membre de la puissante famille du même nom30. Fils aîné du second lit de Guy VIII de Laval, celui-ci a hérité d’un important patrimoine comprenant, pour l’essentiel, la seigneurie bretonne de Châtillon[-en-Vendelais] ainsi que diverses châtellenies relevant de la baronnie de Laval et dont il est question ici : Montsûrs, Meslay31, Courbeveille et Olivet32. « Les mises de madame d’Olivet » sont donc les comptes d’un grand seigneur, André de Laval, et surtout de sa femme, Eustache de Beauçay, qui appartient à la plus haute aristocratie française33. Ensemble, ils entretiennent et gèrent une trentaine de métairies dans le secteur de Meslay (sept sur Bouère, sept sur Grez-en-Bouère, à Bazougers, à Saint-Denis-du-Maine et au Buret) et une douzaine dans celui d’Olivet (trois à Olivet, trois au Genest-Saint-Isle et sept sur Courbeveille), auxquelles s’ajoutent une vacherie, des closeries et d’autres terres diverses (fig. 3). Ce document montre qu’Eustache de Beauçay, désignée fréquemment sous le nom de « dame d’Olivet »34, gère sa réserve en direct. Elle est dans la posture d’un propriétaire foncier mettant ses terres en valeur au moyen de baux à ferme ou en métayage à court terme, à moitié fruit. Le bail à cheptel utilisé par la dame d’Olivet, associé à des baux de métayages, permet de développer l’élevage spéculatif de bovins, d’ovins et la production des céréales, en particulier le seigle au détriment du froment35. Le bailleur remet à l’éleveur un certain nombre de bêtes dont la valeur est estimée, ainsi qu’une terre. De son côté, le preneur apporte sa force de travail et éventuellement sa propre terre qu’il joint à celle du bailleur. Au terme du contrat, d’une durée variable allant de trois à neuf ans, le capital est restitué et les profits résultant de la vente des animaux, du croît ou de la vente des cuirs, laine, céréales sont partagés par moitié. La dame d’Olivet, par son implication dans une évolution agricole activée par l’intrusion de capitaux, par des changements dans le mode d’exploitation de la réserve, la mise en place de contrats de métayage et de baux à cheptel entraînant de profondes répercussions sur les prix agricoles, prépare l’avènement des premières formes du capitalisme. Elle est source d’accumulation primitive du capital. Elle amorce la concentration des moyens de production et la transformation des paysans en salariés.
Fig. 3. – Les métairies de la Dame d’Olivet.

DAO J. Bachelier, 2023, d’après Pichot Daniel, Le Bas-Maine du xe au xiiie siècle, op. cit., p. 305 et Fourgeaud Jacques, La seigneurie de la dame d’Olivet, op. cit., 2018.
11Le troisième intérêt du rouleau découle de son contenu, c’est-à-dire des comptes de châtellenie : ces derniers reprennent le type même de la comptabilité publique. Les actes sont établis par des intendants qui effectuent un travail de recueil de données lors des comptes d’avoir annuels36. Ces données sont ensuite retranscrites par les scribes37. Cette forme rappelle les Pipe Rolls de l’administration comptable anglaise ou d’autres régions38. L’intérêt du rouleau est sa souplesse d’utilisation et sa modularité qui donnent plus de clarté dans la transcription des notes prises par les intendants. De surcroît, chaque feuille peut être associée librement lors de l’archivage, reflétant ainsi une certaine idée du système gestionnaire. La rédaction des comptes témoigne d’un effort d’ordonnancement des espaces39. Les scribes ne cherchent pas seulement à recenser l’ensemble du patrimoine de la seigneurie ; ils ont aussi le souci de constituer des écrits sur les droits acquis par Eustache de Beauçay, de limiter le risque de disparition des archives. Le document déborde de sa simple fonction de gestion des domaines en fixant les coutumes, inventoriant les biens fonciers, les droits d’exercice des métayers sur la terre. Il définit le statut des hommes dépendants du seigneur.
Mises en valeur et exploitations agricoles
12Ce document de prime abord principalement comptable souligne la forte implication seigneuriale d’Eustache de Beauçay dans la mise en valeur agricole de ses domaines et de ses métairies. Grand propriétaire foncier, elle s’appuie sur des documents écrits complexes pour faire fructifier ses terres et développer ses revenus dans un contexte paradoxal, avec, d’une part, des guerres et des conflits, et, d’autre part, des espoirs de profits avec la protoindustrialisation textile. La réalité agricole dévoilée par ce rouleau est celle d’un Bas-Maine à l’économie ouverte et relativement faste, au moins profitable, pour la dame d’Olivet.
L’apparition du métayage à mi-fruit
13Au début du xive siècle, la dame d’Olivet adopte pour ses quarante-deux métairies le bail à métayage40 connu sous la forme du métayage à demi-fruit, qui concerne seulement les produits végétaux. Tel qu’il existe dans le Bas-Maine, le métayage constitue un phénomène isolé en France tant par ses caractères intrinsèques que par sa localisation. Il l’est également par sa date d’introduction précoce, puisqu’il est en vigueur dès le xiie siècle dans le Bas-Maine41 ; l’Anjou42, le Poitou, la Bretagne43 et le Vendômois44 l’imitent, mais ailleurs il n’apparaît qu’au xve siècle, en Auvergne par exemple45. Le développement de ce type de contrat s’appuie sur la mise en place d’une nouvelle forme d’exploitation : la métairie. Celles de la dame d’Olivet correspondent à des exploitations le plus souvent d’un seul tenant ; ce sont des unités de production à l’échelle d’une famille. Ce double caractère fait de la métairie un élément clé à la fois du paysage et de la structure sociale de l’Ouest de la France.
14Vaste exploitation taillée sur les réserves, la métairie constitue un mode de tenure et une unité agraire nouvelle liée à la mise en valeur du sol. Les surfaces se calculent selon le mode de l’assolement triennal. Ainsi, celle de Kaharel, située dans la paroisse de Meslay, comprend dix journaux de terres labourées, recouverts d’engrais et prêts à être semés, huit journaux à labourer et dix journaux de « garetz » (jachère)46. À cela doivent être ajoutés de 18 à 19 ha de prés, les « courtils ». Au Cloux-de-Gérigné, dans la paroisse de Grez-en-Bouère, le bail fait état quant à lui de quatorze journaux de « garetz », soit, compte tenu de l’assolement triennal, une surface exploitée de 42 journaux (environ 26 ha). Ce type d’exploitation fait donc de son occupant un personnage important, suffisamment tout du moins pour que celui-ci figure fréquemment dans des actes en qualité de témoin47. Cet homme susceptible de verser des redevances élevées est maître d’un attelage de bœufs, que ces derniers lui appartiennent48 ou qu’ils lui aient été confiés49, il peut alors en compter en moyenne six et jusqu’à douze50. Dans le cas de la dame d’Olivet, celle-ci met à la tête de ses métairies des hommes assez fortunés51 pour pouvoir apporter leur part de capital dans les investissements nécessaires à l’élevage. Il peut s’agir de paysans ayant fait leurs preuves sur une autre exploitation52, dont ils peuvent d’ailleurs garder la gestion, mais également de chevaliers ou écuyers qui, fréquemment, pour tenir leur rang et améliorer leurs revenus, prennent à ferme des biens53. Par ailleurs, les caractères juridiques et sociaux du métayage bas-manceau sont particuliers. Ils lui permettent d’échapper à la plupart des critiques dont cette institution fait l’objet de la part des économistes ruraux54. Le métayer du Bas-Maine n’est pas un prolétaire : sa condition sociale et pécuniaire n’est pas inférieure à celle du fermier voisin. Il est propriétaire de tout le cheptel mort et de la moitié du cheptel vif. Comme illustré ici, le tenancier joint au bail ses propres terres à la location tandis que la dame d’Olivet donne le matériel agricole nécessaire et avance les semences si besoin. La durée du bail est de trois à neuf ans et le contrat stipule aussi des indications contraignantes. Le métayer s’engage ainsi à bien tenir et accomplir tout ce qu’il contient, il en fait le serment55. Il est également tenu de cultiver convenablement, réaliser de bons labours. Le bailleur est obligé quant à lui de fournir à son métayer le bois nécessaire pour construire les charrues et charrettes, clore les blés et les vignes, pour le chauffage des bâtiments ou encore pour leurs réparations ; ceux-ci devant être rendus en l’état à la fin du bail56. Il s’engage aussi à laisser au preneur la jouissance complète du « courtil ». Il accorde le droit de pâture dans la forêt, hors des talus à l’automne et hiver, et sans faire de dommages57. Enfin, les granges contiennent les foins et fourrages nécessaires pour une année, proportionnellement au nombre d’animaux58.
Le paysage des métairies
15Les métairies de la dame d’Olivet correspondent le plus souvent à des exploitations d’un seul tenant, à la fois unités de production et de vie pour une famille.
16La métairie du Cloux-de-Gérigné, par exemple, s’étend en 1339 sur une surface relativement importante avec sept hectares de labours, auxquels il convient d’ajouter d’autres terres, des prés et des droits sur la proche forêt de Bouère59. Ainsi, une métairie type regroupe les bâtiments en position centrale, généralement une ou plusieurs maisons avec une grange, des étables, un jardin ou « courtil » où poussent les plantes textiles, lin et chanvre, et un verger abritant aussi des clos de vigne. Et tout autour des parcelles plus vastes s’étendent selon les aspérités du relief. L’ensemble est régulièrement clos d’un fossé60. D’ailleurs, la métairie peut prendre la forme d’un site fossoyé et être constitué en « motte »61. Cette dernière désigne ici toute parcelle entourée de fossés qui bénéficie d’une mise en défense par l’intermédiaire d’une simple haie de branchage, le plessis62, sans qu’il s’y rattache de caractère militaire et seigneurial.
17Il est certain qu’une analyse de paysage ne peut se priver des apports de l’histoire quantitative telle qu’elle a été menée à la fois pour les structures foncières et les hiérarchies sociales. Dans le même ordre d’idée, on peut aussi évoquer l’impact de la géographie seigneuriale sur le paysage : châteaux et métairies du domaine s’insèrent au sein d’un parcellaire « villageois » plus diffus. La châtellenie constitue le nœud du réseau, sorte de toile, dans la mesure où une multitude de fiefs et d’acteurs sont mis en relation. En somme, réseaux et territoires se conjuguent dans un processus de centralisation, et le peuplement, le pouvoir et le paysage constituent un tout indissociable. Nos observations tirées des textes médiévaux63, du cadastre dit napoléonien et des photographies aériennes nous amènent à proposer le schéma suivant en matière de peuplement et de quadrillage vicinal qui offrent, à première vue, l’apparence d’une cadastration. Les chemins mettent en évidence les lignes complexes qui s’établissent entre le milieu et les activités humaines64. L’intérêt d’une telle étude est de tenter une nouvelle approche des sociétés rurales par l’intermédiaire des paysages qu’elles créent, utilisent et font évoluer. Le paysage n’est pas une donnée immobile, un simple cadre des activités humaines, mais au contraire un élément dépendant étroitement de ces dernières. Dans la continuité du second haut Moyen Âge, il n’y a guère de doute que la forêt fut attaquée plus vigoureusement à la fin du xie siècle et au xiie siècle autour des abbayes et des prieurés et que ces initiatives monastiques déclenchèrent de très nombreuses mises en valeur individuelles, encadrées souvent sous la forme du métayage et qui densifièrent le tissu agraire intercalaire65. L’étude des cadastres anciens est donc indispensable66. Ils sont souvent la plus ancienne image des parcellaires dont nous disposons et, de surcroît, ils fournissent l’indispensable complément qu’est la microtoponymie. La carte IGN et le cadastre permettent de disposer en même temps des données hydrographiques et hypsographiques. Le parcellaire n’est pas le paysage et, jusqu’à récemment, les historiens se sont peu aventurés au-delà de la trame parcellaire. L’archéogéographie propose une lecture des formes planimétriques67 et la lecture des planches du cadastre napoléonien nous montre pour les métairies de la dame d’Olivet l’existence d’une plateforme fermée, comprenant une grange, une étable, un hébergement, un point d’eau, un verger, un jardin, une basse-cour, le tout raccordé aux chemins et fréquemment situé en bordure d’une rivière ou d’un ruisseau. L’espace occupé par la métairie est souvent organisé en ellipses, points de départ d’une mise en valeur agraire liée à un défrichement. Au cours du xiie siècle, comme on le soupçonne pour les périodes antérieures, les défrichements avancent en ondes semi-circulaires cernées par des chemins. Ce défrichement reste visible sur le plan cadastral et le réseau vicinal semble avoir joué un rôle directeur pour la disposition future des parcelles, soit en servant d’axes de pénétration, soit en cernant les nouveaux terroirs, soit en servant de points d’appui pour fixer les limites. Les chemins constituent les organes de distribution des terres, la base du morcellement parcellaire, l’élément essentiel dans l’aménagement du territoire. La métairie de la Clardière regroupe ainsi une partie des principaux éléments paysagers puisqu’elle se compose en son centre de structures d’habitat classique en pays d’habitat dispersé, et, autour, on trouve des « terres arables, prez, pastures, boays, haes, hergemens » (fig. 4).
Fig. 4. – La Clardière en Le Genest-Saint-Isle : plan cadastral de 1831, Arch. dép. Mayenne, 3 P 2998_4, section B1 de l’Église.

Cliché Arch. dép. Mayenne.
Une illustration des redevances seigneuriales
18Le compte de métayage fait état de redevances variées. Le choix des seigneurs de Laval s’opère alors en faveur de la rente fixe, en nature. Le seigneur garde donc la main sur la gestion de ses métairies, en ajustant sans cesse les productions. Les rentes ou devoirs, bien qu’exprimés en grain, ne sont pas nécessairement acquittés sous cette forme, mais sont liés à l’estimation du prix du grain, à la quantité et à la mesure employée. Le grain peut acquérir la capacité à devenir une valeur monétaire. L’existence d’une rente fixe, la plupart du temps en grains, proportionnelle à la valeur du capital, constitue un loyer fixe et en quelque sorte indexé sur la valeur des grains. Le revenu de la terre s’établit entre 6 à 8 % de sa valeur vénale. Les baux étant courts, trois à neuf ans, il est facile d’apprécier la différence entre le capital et la rente investi en début de bail et la fin du bail. Les redevances sont prises, lors des récoltes, sur le monceau commun.
19À la rente, ou fermage, s’ajoute toute une série de prélèvements, généralement en nature, comme la mestive, levée sur les blés qu’on moissonne, souvent appelée « la dime des grains », ou la géline, prise sur des volailles et versée vers la Chandeleur68.
20S’ajoutent enfin des redevances assises sur des droits coutumiers marquant la dépendance du paysan à son seigneur : ici douze chapons par an, là un pot de beurre, et ailleurs du miel69. Le métayer doit également fournir sa part de laine, celle de plantes textiles70. Et il ne doit pas être oublié – c’est l’une des caractéristiques du régime seigneurial – les corvées qui représentent un prélèvement direct sur la force de travail. Ces dernières prennent notamment la forme, à Meslay, de charrois servant à transporter du sel, du vin et du bois au four banal71. Particulièrement importants, les charrois atteignent le nombre de 124 au sein de la décennie étudiée. La corvée donne lieu toutefois à des contreparties. Le seigneur doit au moins nourrir les équipes, autoriser l’utilisation d’un bouvier rémunéré pour conduire les bœufs72. À cela s’ajoutent la taille, plus ou moins confondue avec le cens payable selon les revenus de chacun, mais assis sur les parcelles, et la dîme73.
Le métayage, un investissement et des profits partagés
21La dame d’Olivet fournit au métayer le cheptel vif, lequel est inscrit dans les comptes avec une grande précision. En échange de ces animaux à garder, à nourrir et à soigner74, le preneur profite de la moitié du croît et il n’a à supporter que la moitié des pertes75. En d’autres termes, chacune des parties met quelque chose en commun, capital ou travail, pour tirer un profit commun. Il est toutefois à observer une forme de standardisation : d’une métairie à l’autre, les superficies exploitées apparaissent dans l’ensemble similaires et, par corrélation, les lots de bétail sont sensiblement identiques.
22La dame d’Olivet fournit généralement une ou plusieurs paires de bœufs, des vaches, des veaux, des génisses, des taureaux, un cheval, une ou plusieurs juments, des ovins, des porcs, des chèvres ou encore des chapons76. À la fin du bail, le métayer laissera des bestiaux d’une valeur égale, réévaluée chaque année dans les comptes d’avoir en fonction de la dépréciation de la monnaie et à partir du prix de l’estimation de ceux qu’il a reçus initialement77. Certains comptes évoquent des accidents, ainsi sur la métairie de la Clardière, deux des quatre chèvres furent attaquées par les loups78. En prenant en charge le bétail, le tenancier dresse avec le propriétaire un inventaire du cheptel. Celui-ci n’est pas seulement un descriptif. Il s’accompagne toujours d’une évaluation en argent79. Le capital devra de nouveau être réévalué à la fin du contrat. L’élevage exige l’investissement de capitaux importants que tout cultivateur n’a pas à sa disposition. Cela représente pour la dame d’Olivet une mise de départ d’un minimum de 906 livres à laquelle s’ajoute la valeur de sa vacherie et ses divers avoirs chez des paysans indépendants. Cette mise est à mettre en relation avec le bénéfice procuré annuellement, de l’ordre de 10 à 20 %, voire davantage. Les ventes du bétail, des cuirs, des peaux de la laine sont évaluées chaque année et réévaluer en fonction de la dépréciation de la monnaie. La dame d’Olivet impose à ses métayers une réévaluation du cheptel vendu pendant un affaiblissement monétaire. L’investissement et la rentabilité sont encore plus intéressants quand le locataire s’engage à joindre à l’exploitation louée les terres qu’il possède personnellement.
23À plus grande échelle, la densité du cheptel vif permet d’avoir une idée de l’état de l’agriculture au xive siècle dans le Bas-Maine. L’ensemble des métairies de la dame d’Olivet abrite un capital de plus de 2 000 têtes, dont 800 à 1 000 moutons en lien avec l’industrie textile lavalloise80. Le rouleau est assez précis quant à l’état et au nombre des animaux qui peuvent constituer les troupeaux : bovins, veaux mâles ou femelles, génisses, bouvards, chevaux, juments, poulains, ovins, brebis, béliers, « chastriz », agneaux, porcs, « gorres » (jeunes truies non suitées), mères, porcelets, chèvres, chevreaux, « dains » (boucs non encore châtrés), oies, jars, oisons, chapons. On y précise même la couleur de la robe des chevaux et des bovins, indiquant par là même leur race. Il est ainsi probable que ces derniers, à la robe « mauve », soient des bœufs rouges du Maine81. Bien plus, la provenance et le lieu d’achat des animaux sont stipulés : veaux d’Anthenay, moutons de la Chartreuse, bœufs et béliers d’Espagne (Mérinos), des foires de Meslay de la vacherie de Courbeveille ou encore des métairies82.
24Les « Mises de madame d’Olivet » montrent qu’avec Eustache de Beauçay nous n’avons pas affaire à un grand seigneur dans une posture de rentier du sol et des droits féodaux, préoccupé de faste et d’activité politique, installant des familles sur des tenures perpétuelles, laissant à des intendants et à des fermiers les soucis financiers et la gestion des biens, mais à une femme noble ayant, d’une certaine manière, le sens des affaires. Nous sommes en présence d’un propriétaire foncier mettant ses terres en valeur au moyen de baux à ferme ou en métayage à court terme, à moitié fruits, d’un « capitaliste » escomptant les profits qu’apportera l’industrie textile, faisant fructifier ses capitaux au moyen de baux à cheptel. La dame d’Olivet est d’autant plus portée à investir que la monnaie est fluctuante, fondante83. On est en période d’inflation. Le bétail devient une valeur sûre, un refuge. Le rouleau montre ainsi Eustache de Beauçay, accompagnée parfois de son mari, gérant ses domaines dans un souci d’intéressement de grande ampleur. Pour se prémunir contre les dépréciations métalliques et pour faire face aux mutations de la monnaie, la dame d’Olivet impose à ses métayers du Bas-Maine, pour les règlements, une réévaluation dont ils pourraient être redevables pour le cheptel vendu pendant un affaiblissement monétaire et cela est d’autant plus facile que les contrats de métayage sont courts (trois à neuf ans). Elle prend bien soin de stipuler dans le bail ou le compte d’avoir, de quel type de monnaie il s’agit, de l’année en cours, faible ou forte84, afin de réévaluer éventuellement les sommes dues dès le compte d’avoir suivant (de l’ordre de 30 % par an). Cette évaluation de la monnaie, de faible à forte, et le fait de réajuster annuellement les prix au moment des comptes d’avoir apparaissent comme une constante chez Eustache de Beaucay. Cette dernière a ainsi mené une politique seigneuriale active dont les investissements ont dynamisé l’économie locale. Cette dynamique a eu un impact sur la morphogenèse du parcellaire et des cheminements. Le paysage actuel du Bas-Maine et certaines habitudes conservent notamment des marques indirectes, mais vivantes et signifiantes de cette période85. Il est d’ailleurs à noter que la plupart des métairies mentionnées dans le rouleau existent encore, que leur surface exploitée demeure sensiblement la même et qu’elles ont conservé un certain statut, du moins une mémoire de celui-ci86.
Conclusion
25Le rouleau de la dame d’Olivet correspond bien à un document rare, un parchemin d’une exceptionnelle qualité. C’est un bel exemple de comptes de châtellenie ayant la particularité de mettre en musique la gestion de la réserve et dont l’étude apporte une approche renouvelée des structures économiques et sociales de la fin de la période dite féodale. Le rouleau est en quelque sorte une image du pouvoir seigneurial à un instant donné. Le titre même du rouleau, donné par Arthur de La Borderie, « certaines mises de la dame d’Olivet », interpelle et invite à poser la question de la naissance du capitalisme au Moyen Âge. Eustache de Beaucay mène une active politique seigneuriale qui, par ses investissements, dynamise l’économie locale. Avec son époux, André de Laval, elle gère son domaine comme le ferait un propriétaire contemporain, prenant de nombreuses initiatives et s’appuyant sur un maximum de droits. Se situant en dehors du faire-valoir direct, ils mettent en place, dans une région, le Bas-Maine, où le métayage constitue un phénomène isolé aussi bien par ses caractères intrinsèques que par sa localisation, un bail à métayage à moitié fruits auquel madame d’Olivet adjoint un bail à cheptel à demi-pertes et demi-profits. Le partage affecte à la fois la plus-value du capital et la valeur du croît. Quant aux initiatives, la dame d’Olivet ne manque pas d’en prendre. D’abord elle établit des baux à court terme de trois à neuf ans. Elle réévalue sans cesse ses droits pour éviter la dépréciation liée au changement de cours de la monnaie. Elle pratique la rotation triennale des cultures qui portent essentiellement sur le seigle, bien adapté aux sols froids de la région, améliorant ainsi les rendements céréaliers mais aussi l’élevage en trouvant un nouvel équilibre entre emblavures et jachères. Enfin, elle travaille à l’amélioration du cheptel en privilégiant les ovins par des importations de reproducteurs, béliers mérinos d’Espagne et de la Grande Chartreuse, qui vont jouer un rôle capital dans la production de laine à une époque où une industrie textile se développe dans le proche centre urbain qu’est Laval. Les surfaces exploitées sont d’importance, de 24 à 60 journaux87, soit 15 à 40 ha. L’élevage y est le complément indispensable de la culture. Toutefois il exige des capitaux relativement conséquents et, pour ce faire, Eustache de Beauçay encourage le bail à cheptel qui offre des possibilités nouvelles de développement du marché de l’élevage et du marché des capitaux et les ouvrent à l’ensemble de la société. Elle se comporte comme un véritable entrepreneur d’élevage. Elle favorise ainsi le développement d’une couche paysanne intermédiaire et puissante dans les villages. Ces agriculteurs ont trouvé un détenteur de capitaux pour leur fournir le cheptel vif indispensable à la marche de l’exploitation. Le métayer n’est pas un prolétaire, il est, le plus souvent, détenteurs d’un fief, propriétaire de sa terre qu’il adjoint à celles prise en métayage. Ce développement s’appuie sur la mise en place d’une nouvelle forme d’exploitation : la métairie. Des rapports individuels d’homme à homme se mettent en place, modifiant les relations foncières et sociales. Lors des adaptations permanentes de la première moitié du xive siècle, ces nouveaux rapports induisent une pluralité de situations sociofoncières. Ce qui détermine la détention d’un bien, c’est son usage et sa jouissance, ce qu’on appelle la saisine. La détention s’acquiert et ne peut se concevoir sans un lien social entre celui qui détient le bien et celui qui en a la jouissance. Aussi, rien ne s’oppose à ce que plusieurs individus usent du même bien, mais de manière différente.
26Ce long rouleau exceptionnel offre finalement un tableau saisissant de la résilience des ruraux et des initiatives seigneuriales avant que l’Occident médiéval ne soit frappé par la peste noire et que les guerres ne ruinent les campagnes.
Notes de bas de page
1Ou Eustachie, Eustache étant ici un prénom féminin.
2Cet article est tiré de : Fourgeaud Jacques, La seigneurie de la dame d’Olivet. Les mises de la dame d’Olivet au xive siècle, mémoire en sciences historiques et philologiques, sous la direction de Jean-Marie Moeglin, École pratique des hautes études, 2018, [https://www.academia.edu/107781122]. Il a bénéficié des précieux conseils de Julien Bachelier, qu’il soit ici remercié.
3Halphen Louis, Pirenne Henri, Renaudet Augustin, Perroy Édouard et Handelsan Marcel, La fin du Moyen Âge. t. 1. La désagrégation du monde médiéval (1285-1453), Paris, F. Alcan, 1931 ; Bois Guy, La grande dépression médiévale, xive-xve siècles. Le précédent d’une crise systémique, Paris, Presses universitaires de France, 2000.
4Les études ont connu un certain regain ces dernières années, voir en particulier : Ferrand Guilhem et Petrowiste Judicaël (dir.), Le nécessaire et le superflu. Le paysan consommateur dans l’Europe médiévale et moderne, Toulouse, Presses universitaires du Midi, coll. « Flaran 36 », 2019 ; et Lafuente Gómez Mario et Petrowiste Judicaël (dir.), Faire son marché au Moyen Âge. Méditerranée occidentale, xiiie-xvie siècle, Madrid, Éditions de la Casa de Velázquez, 2018.
5Depuis les années 1990, des études et des synthèses ont permis de discuter, revoir et fortement nuancer ces conceptions, cf. en particulier Contamine Philippe et al., L’économie médiévale, Paris, Armand Colin, 1993, ainsi que certaines recherches de Mathieu Arnoux rassemblées dans Le temps des laboureurs. Travail, ordre social et croissance en Europe (xie-xive siècle), Paris, Albin Michel, 2012. Pour le haut Moyen Âge, ces conceptions ont aussi été largement battues en brèche, notamment par les recherches de Valentina Toneatto sur la rationalité économique : Toneatto Valentina, Les banquiers du Seigneur. Évêques et moines face à la richesse (ive-début du ixe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012. Voir également les études de Jean-Pierre Devroey, « Le marché carolingien est-il moral ? », dans Flocel Sabaté i Curull et Maite Pedrol (dir.), El mercat. Un món de contactes i intercanvis, Lleida, Pagès editors, 2014 p. 17-42 ; ou « Activité monétaire, marchés et politique à l’âge des empereurs carolingiens », Revue belge de numismatique et de sigillographie, vol. 161, 2015, p. 177-232.
6Le Goff Jacques, Le Moyen Âge et l’argent. Essai d’anthropologie historique, Paris, Perrin, 2019 (2010), p. 236.
7Le capitulaire de Villis a connu plusieurs éditions : Guérard Benjamin, « Explications du capitulaire de villis », Bibliothèque de l’École des Chartes, 3e série, t. IV, 1853 ; Capitularia regum Francorum, Boretius Alfred (éd.), Monumenta Germaniæ Historica, t. I, no 32, Hanovre, 1873, p. 82-91 ; Die Landgüterordnung Kaiser Karls des Großen (Capitulare de villis vel curtis imperii). Text-Ausgabe mit Einleitung und Anmerkungen, Gareis Karl (éd.), Berlin, 1895, p. 23-66 ; plus récemment Schneider Reinhard, « Capitulare de villis », dans Kapitularien, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, coll. « Historische Texte, Mittelalter 5 », 1968, p. 20-28 ; Capitulare de villis: Cod. Guelf. 254 Helmst. der Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel, Brühl Carlrichard (éd.), Stuttgart, 1971 (Dokumente zur Deutschen Geschichte in Faksimiles, Reihe I: Mittelalter, 1) ; et Il « capitulare de villis », Fois Ennas Barbara (éd.), Milan, 1981.
8Gimpel Jean, La Révolution industrielle du Moyen Âge, Paris, Seuil, 1975, p. 58 et 59.
9Cardon Dominique, La draperie au Moyen Âge. Essor d’une grande industrie européenne, Paris, CNRS Éditions, 1999, part. p. 33.
10Delatouche Raymond, « Le rouleau de la dame d’Olivet (1335-1342) », Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, t. LXV, 1955, p. 3-14, part. p. 5-11.
11Pesez Jean-Marie, « Outils et techniques agricoles du monde médiéval », dans Jean Guilaine (dir.), Pour une archéologie agraire, Paris, Armand Colin, 1991, p. 131-164.
12Voir les observations de Michel Colardelle dans son article : « Ethnologie, archéologie et histoire. Pour une compréhension sociale de l’outillage agricole », dans Georges Comet (dir.), L’outillage agricole médiéval et moderne et son histoire, Toulouse, Presses universitaires du Midi, coll. « Flaran 23 », 2003, p. 17-40.
13Désormais BnF, NAF 23312. Le document est consultable en ligne sur le site Gallica de la BnF et transcrit dans Fourgeaud Jacques, La seigneurie de la dame d’Olivet…, op. cit.
14Celle-ci est conservée aux Archives départementales de la Mayenne sous la cote Ms 10 (la série Ms est une série non réglementaire de ce dépôt, créée anciennement pour répondre au besoin de coter des documents que leur nature ne faisait entrer ni totalement dans les archives, ni totalement dans la bibliothèque).
15Cette transcription a servi notamment à l’étude d’André Joubert : La vie agricole dans le Haut-Maine au xive siècle, d’après le rouleau inédit de Madame d’Olivet (1335-1342), Mamers, Fleury et Dangin, 1886.
16Ibid., et Delatouche Raymond, « Le rouleau de la dame d’Olivet », art. cité.
17Lusignan Serge, La langue des rois au Moyen Âge. Le français en France et en Angleterre, Paris, Presses universitaires de France, 2004.
18BnF, NAF 23312, fol. 20 ro, no 48 [1341, La Cheroche], Regnaut Touschart ; ibid., fol. 8 ro, no 18 [1341], La Chesneliere ; ibid., fol. 9 vo, no 82 [1338, Jehan du Coudray], Kaharel.
19Ibid., fol. 4 ro no 7 : L’an mil iiic xxxvi/Mestairies de la terre Monssegn[our] Monssour André de Laval, chevalier ; ibid., fol. 9 ro, no 22 [1338, Le Cloux, Macé la Gentesse] : La Vivenciere/Perreaux, mestaier de la Vivenciere.
20Plan cadastral ancien dit napoléonien, Archives départementales [désormais : Arch. dép.] Mayenne 3 P 2705/2, Le Cloux de Gérigné, BnF, NAF 23312, fol. 4 ro, no 7 ; Arch. dép. Mayenne, 3 P 2705/9, Le Grand et Petit Bois Morin, BnF, NAF 23312, fol. 8 vo, no 104. Cf. également : Meuret Jean-Claude, Peuplement, pouvoir et paysage sur la marche Anjou-Bretagne. Des origines au Moyen Âge, Laval, Société d’archéologie et d’histoire de la Mayenne, 1993, p. 561.
21L’ordonnancement des actes qui précisent les dates périodiques des comptes : BnF, NAF 23312, fol. 11 ro, no 26 [1339, Kaharel, Raoul dou Coudray] : « Ou jour de juedi ap[re]s la Saint Gille [1er septembre] l’an mil iiic et xxxix, comptames et asevames [évaluâmes] o Raoul du Coudray, metaer a Kaharel et o Johenne sa fame […]. »
22BnF, NAF 23312, fol. 3 ro, no 5 [La Clardiere] ; fol. 9 vo, no 82 [Kaharel] ; fol. 19 ro, no 21 [Kaharel] et fol. 15 ro, no 35 [Launay].
23Autre exemple régional confirmant qu’il ne s’agit pas d’un phénomène local : Chiffoleau Jacques, « Les transformations de l’économie paroissiale en Provence, xiiie-xive siècle », dans Agostino Paravicini-Bagliani et Véronique Pasche (dir.), La parrocchia nel Medio Evo. Economia, scambi, solidarietà, Rome, Herder, 1995, p. 61-117.
24BnF, NAF 23312, fol. 22 ro, no 54 [1341, Mace Engelier] : « le metaier de l’Engelerie […]. Ainsi demeure xvi chieps, et n’est pas a oublier que les s[er]genz dou Roy p[ri]ndrent deus vach[es] chieps ledit metaier, de quoy nous ne eumes q[ue] xii soulz vi deniers, et no[us] en doyt rendre n[ost]re p[ar]t de ce qu’il vallaint ».
25Outre Châtillon-en-Vendelais, les Laval possèdent des droits et des biens dans 80 paroisses dans la baronnie de Vitré et au-delà : Bais, Marcillé-Robert, Redon, Bécherel, Romillé, Tinténiac…
26Cassard Jean Christophe, La guerre de Succession de Bretagne, Spézet, Coop Breizh, 2006, p. 15.
27Pichot Daniel, Le Bas-Maine du xe au xiiie siècle. Étude d’une société, Laval, Société d’archéologie et d’Histoire de la Mayenne, 1995.
28Sur le contexte, voir : Allmand Christopher, La guerre de Cent Ans, Paris, Payot, 1989 ; Contamine Pierre, La Guerre au Moyen Âge, Paris, Presses universitaires de France, 2003 ; et plus récemment : Bove Boris, Le temps de la guerre de Cent Ans, Paris, Belin, 2014 ; et Cassard Jean-Christophe, La guerre de Succession de Bretagne, op. cit.
29Cartulaire de l’abbaye cistercienne de Fontaine-Daniel, Grosse-Duperon Albert et Gouvron Émile (éd.), Mayenne, 1896, p. 383-387, no c(1) (1331) : domino Andrea de Oliveto, milite.
30André de Laval est fréquemment cité par les historiens et les érudits sous le nom d’André Laval-Châtillon, de façon à le distinguer des autres membres de sa famille et parce qu’il représente le point de départ de plusieurs branches collatérales de la maison de Laval comme les Laval-Loué, les Laval-Lézay ou encore les Laval-Brée. Il est vrai que plusieurs textes précisent qu’il est « seigneur de Châtillon ». Mais il lui arrive également d’être désigné par ses autres seigneuries comme celle d’Olivet (Bertrand de Broussillon Arthur, La Maison de Laval, 1020-1605. Étude historique accompagnée du cartulaire de Laval et de Vitré. t. II. Les Montmorency-Laval, 1264-1412, Paris, Alphonse Picard et Fils, 1898, p. 44, 45 et 164-166, acte 612).
31Meslay-du-Maine depuis 1840 (Angot Alphonse, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, t. III, Laval, A. Goupil, 1900-1910, art. Meslay).
32Bertrand de Broussillon Arthur, La Maison de Laval, 1020-1605…, op. cit., p. 93-98, no 530.
33Pichot Daniel, « La seigneurie de Laval, xie et xiie siècle », La Mayenne, Archéologie, Histoire, no 17, 1994, p. 5-22.
34BnF, NAF 23312, fol. 14 ro, no 31 : « Ou jour de lundi xve jour de may l’an de grace mil iiicet xl compta Mestivier d’Olivet o nous Eustache de Bauçay [Beauçay] dame d’Olivet. »
35Delatouche Raymond, « Le rouleau de la dame d’Olivet », art. cité, p. 8-13.
36Ibid., fol. 4 vo, no 66 [1336, Symon Colas] : « La Jarjaciere, Ou jour de vendredi, feste Saint Valentin [14 février 1337] l’an mil iiic xxxvi, compta o nous Eustache de Beauçay, dame d’olivet, Symon Colas, des avoirs que nous avon en ladite metayrie ainsi qu’il demeura p[ar] le darrain compte qu’il fist o nous le m[a]rdi emp[re]s la Saint Hillaer[e] [13 janvier], qui fut l’an mil iiic xxxv. » Ibid., fol. 5 vo, no 67 [1337, La Jarjaciere, Symon Colas] : « En l’an mil iiic [et] xxxvii, le samadi ap[re]s la Chandelour [2 février 1338], comptames o Symon Colas, metaier de la Jarjaciere, des avairs que nous avion a son oustel. »
37Ibid., fol. 4 vo, no 66 [1336, La Jarjaciere, Symon Colas] : « Item nous deit un poz de bure de ceste année darrain passée, et nous a paie un autre poz de burre de l’an davant cest, et dei l’en vois aux escriptz. »
38Carpenter David, « In testimonium factorum brevium: the beginnings of the English chancery rolls » et Hagger Mark, « Theory and practice in the making of twelfth-century pipe rolls », dans Nicholas Vincent (dir.), Records, Administration and Aristocratic Society in the Anglo-Norman Realm, Woodbridge, Boydell, 2009, respectivement p. 1-28 et 45-74 ; Cassidy Richard, « Recorda splendidissima: the use of pipe rolls in the thirteenth century », Historical Research, no 227, 2012, p. 1-12 ; et Guilleré Christian et Gaulin Jean-Louis, « Des rouleaux et des hommes : premières recherches sur les comptes de châtellenies savoyards », Études savoisiennes, no 1, 1992, p. 51-108.
39Chastang Pierre, Lire, écrire, transcrire. Le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc (xie-xiiie siècles), Paris, Éditions du CTHS, 2001.
40Le Mené Michel, « Métayage et bail à cheptel dans l’Ouest de la France (1335-1342) », dans Elisabeth Mornet, Campagnes médiévales. L’homme et son espace. Études offertes à Robert Fossier, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995, p. 697-707.
41Bouton André, Le Maine, histoire économique et sociale. t. 2. xive, xve et xvie siècles, Le Mans, Monoyer, 1970 ; et Pichot Daniel, Le village éclaté. Habitat et société dans les campagnes de l’Ouest au Moyen Âge, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2001, p. 322 et 323.
42Meuret Jean-Claude, Peuplement, pouvoir et paysage…, op. cit., p. 543-546.
43Chédeville André, « Métairie et métayage en Bretagne depuis les origines : essai de synthèse », dans Alicja Karłowska-Kamzowa et Jacek Kowalski (dir.), Bretagne-Pologne. La tradition médiévale aux temps moderne, Poznán, 1997, p. 21-35.
44Barthélemy Dominique, La société dans le comté de Vendôme de l’an mil au xive siècle, Paris, Fayard, 1993, p. 891-893.
45Cf. plusieurs contributions dans : Beaur Gérard, Arnoux Mathieu et Varet-Vitu Anne (dir.), Exploiter la terre. Les contrats agraires de l’Antiquité à nos jours, actes du colloque international de Caen, 10 au 13 septembre 1997, Caen, Association d’histoire des sociétés rurales, 2003.
46BnF, NAF 23312, fol. 9 ro, no 21 [1339, Kaharel] : « a savoir que lesdiz metaiers t[ro]verent x jourmeaux de guarer touz preust ne les fanblaiz et de quoy bien les samez et les guarez desusdiz. G(u)arez pour guéret, terre labourée, non ensemencée, synonyme de jachère ».
47Ibid., fol. 1 ro, no 2 [La Clardiere] : « p[re]senz a ce Monss[our] Jouffal C[ro]ton Regnaut Auberi, Thomin Thomelot » ; ibid., fol. 11 ro, no 27 [1339, Le Cloux-de-Gérigné] : « p[re]senz Mons[our] Pieres P[ar]sayne de Combe veille, Huet Boudet, Ern[ou]lt dous oays, Raoul et Jah[an] de Vendel, Russel Suplice, Symon Colas et sa fame, le metaer d’Yvron ». Ce dernier texte a été publié et commenté par Daniel Pichot dans deux articles : « Deux documents sur le métayage dans le Bas-Maine au Moyen Âge », La Mayenne, Archéologie, Histoire, 2012, p. 1-4 ; « 1339-1340. Contrat de métayage et bail à cheptel d’une exploitation en Mayenne », dans Gérard Béaur, Mathieu Arnoux et Anne Varet-Vitu (dir.), Exploiter la terre…, op. cit., p. 522-524.
48BnF, NAF 23312, fol. 4 ro, no 9 [1337, Yvron, Jehan du Boullay] : « Somme xxi chep, desquex ii boux furent venduz le jour de la Thiephayne [4 janvier 1337] a cousines de Mellay cx soulz ; et depuys se morirent i bouf et ii vaches et ii veaux, don les quers sunt chers Ricordel, si com[m]e ledit Ricordel a cogzneu q[ue] sunt communs anous et a luy. »
49Ibid., fol. 4 ro, no 8 [1338, Le Saulay et la Brenardiere, Geffray du Saulay], « Compte fait o chevaler dou Saullay le dyma mardi feste de la Conce[pti]on N[ost]re Dame [11 février 1339] lan mil iiic et xxxviii, des avairs que nous avion avoirs en lad[ic]te met[ay]rie au temps de son compte q[ue] fut le juedi avant la Thiephaynne [4 janvier 1337], l’an xxxv. » Ibid., fol. 4 ro, no 7 chevalier [1338, Le Cloux, Macé la Gentesse] : « L’an mil iiic xxxvi/Mestaeries de la terre Monsseg[nour] Monssour André de Laval, c’est à assavair, de boux vi, de vaches iiii, de toreaus de iii anz, i, de veaus d’un an ii, i malle et i femelle. »
50Ibid., fol. 7 vo, no 74 [1335, La Tisonniere, Lorens des Champs] : « Ou jour de m[er]c[re]di avant la Tiphayne [6 janvier 1336] l’an mil iiic xxxv baillames a Lorens des Champs vii buefs. »
51Ibid., fol. 7 ro, no 14 [1335, La Tisonniere, Lorens des Champs] : « Le m[er]c[re]di avant la Tieph[ay]ne [4 janvier 1336] l’an mil iiic xxxv, nous André de Laval, seignour de Chasteillon, baillames a Lorens des Champs n[ost]re metaer de la Tissonniere, a labourer a moitié, bien et leaument a y labourer, coustiver et semer chescun an, autretant de blez co[m]me les metaiers qui p[ar] avant y ont esté y fé semé jouques a vi anz prouch[ai]ns avenir de la Touzsainz darraine passée ainsi que il adjoint et a co[ust]umme, asonblement, o ladicte metayrie, toute sa t[er]re ses prez et ses pastures qu’il et sa fe[m]me ont en la p[ar]reysse dou Buare. »
52Ibid., fol. 11 vo, no 89 [1339, Le Saulay et la Brenardiere, Geffray du Saulay] : « Ou jour de vendredi apres la S[aint] Gille [1er septembre] l’an xxxix, baillames a Geffray dou Saulay la met[ae]rie dou Saulay et de la Brenardiere et les t[er]res que nous avon eu de Maugis, en paiant la moytie dou devair de lad[i]te t[er]re que nous avon eu doudit Maugis, et en paiant oyt [huit] soulz des devairs de la Brenardiere, et en ajoignant o les t[er]res que nous li avon bayllee toutes lour t[er]res dou Saulay. »
53Ibid., fol. 18 vo, no 101 puis no 102 [1341, Le Bois Morin, Jamet de la Bodiere] : « Conte fait ent[re] Madame de Olivet, de une p[a]rtie, et Jamet dou Bouais Morin, d’aut[re] » ; « le v[e]ndredi avant P[en]thecouste l’an xli la metayrie dou Bouais Morin fut baillie aud[it] Jam[et] a la Saint Joh[a]n [24 juin] l’an xxx et un, et li fut baillie jouques a vi années. »
54Halphen Louis et al., La fin du Moyen Âge…, op. cit.
55BnF, NAF 23312, fol. 5 ro, no 10 [1336, Kaharel, Jehan du Coudray] : « Item, les diz metaers seront tenuz amener de Chasteau G[ontier] a Olivet, chescun an, deus muys de vin et bandront fort home et loyal, et fera p[ar] serment vers nous de amener celuy bien et loialment, et le conduront a nost[re] p[er]il a les avairs de Kaharel, et nous baudron un home bovier a mener les boux ou a tenir la chareste. » Ibid., fol. 11 ro, no 27 [1339, Le Cloux de Gerigne, Raoul de Coudray] : « Ou jour de vendredi ap[re]s la S[aint] Gille [1er septembre], l’an xxxix, baillames a Raoul dou Coudray et a Jehe[n]ne sa fame, n[ost]re met[ay]rie de Gerigne a labourer et coustiver et a gaigner de leal labourement et coustivement bien et loilment audit et regart de p[reu]des ho[m]mes juques a t[ro]ys anz. […] Et a p[ro]mis drent lesdiz metaer et sa fame bien et leaulment tenir et a[c]o[m]plir, et garder toutes et chescune les chousses dessus dites p[ar] lour s[er]ment et en passer bones l[et]tres. »
56Ibid., fol. 11 vo, no 89 [1339, Le Saulay et la Brenardiere, Geffray du Saulay] : « et tendra rendra les messons en assai bon estat co[m]me nous les li baydron, et ressera le fains et lit[i]eres amouloner [mettre en meule] et quelez, excepté cex de la t[er]re Maugis q[ue] il quelit et amoulona au comencement dou t[er]me ».
57Ibid., fol. 11 ro, no 27 [1339, Le Cloux-de-Gérigné, Raoul de Coudray] : « pasturont les avairs de lad[ic]te met[ay]rie en la haie de Boere, hors des taleiz et ou temps q[ue] la forest ne sera en vie ».
58Ibid., fol. 2 ro, no 4 [metairie de Baudri, Martin Crepeau] : « C’est la meniere de la baillie de la metayrie de Baudri, que Huet Boudier a bailliee a Martin Crepeau, c’est asavoir que ledit Martin dait laborer et coytiv[er] en bone seson, bien et leaume[n]t audit de bons [lacune] gainables doudit leu, jouques au t[er]min de ix anz, et aura, ledit M[a]rtin [lacune] Madame la soue aut[re] maitié, toute saiche, a ses despens, et avon ballé [lacune] prez, les gains desouz le boys et iii q[ua]rtiers au plus p[re]s. Et se l’en vait q[u’i]l ait m e[lacune] l’en ly en aydera d’une charretée de fain po[u]r toutes chouses. Et doit rendre, ledit M[a]rtin les fains et les fourrages en la gra[n]ge si [com]me les a trouvez au bot dou t[er]me. »
59Pichot Daniel, « Deux documents sur le métayage… », art. cité, p. 4.
60Mazuret Sébastien, Habitats aristocratiques fossoyés et pouvoirs dans la baronnie de Laval du xie siècle au xve siècle, thèse d’histoire, sous la direction d’Annie Renoux, Le Mans, université du Maine, 2006, p. 130-132 : les métairies ne sont pas systématiquement fossoyées à la fin du Moyen Âge. BnF, NAF 23312, fol. 5 ro, no 11 [Yvron et Chauviere], fol. 1 ro, no 2 [La Clardiere], fol. 7 ro, no 14 [1335, La Tisonniere, Lorens des champ] : « [com]me noz au[tre]s avoirs de noz metairie, et ainsi de la cloisson s’il n’en t[ro]uve en la metairie ».
61BnF, NAF 23312, fol. 18 ro, no 101 [Le Bois-Morin], fol. 8 vo, no 76 [La Bussonniere].
62Ibid., fol. 2 ro, no 4 [Metairie de Baudri, Martin Crepeau] : « Et doit ledit M[ar]tin fere les plesses q[ue] l’en ly mo[n]trera et en aura le detret po[u]r son chaufage et p[ou]r clorre les blez. Et ne peut pre[n]dre poaint de boays allours q[ue] es dites plesses q[ui]l ne la me[n]de. »
63Cartulaire de l’abbaye Notre-Dame de la Roë (Archives dép. Mayenne, H 154).
64Pitte Jean Robert, Histoire du paysage français, t. 1, Paris, Tallandier, 1983, p. 123 (citation de Jean Chapelot) et Meuret Jean-Claude, « La voirie à la frontière de la Bretagne à partir des sources médiévales (xie-xvie siècle) », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 110, 2012, p. 289-328, p. 317 et suiv., en attendant la publication du colloque Chemins, mobilités et circulations de l’âge du bronze à nos jours. Lecture diachronique et pluridisciplinaire, organisé par Fabien Colleoni, Gilles Leroux et Magali Watteaux, du 31 mai au 2 juin 2022 à l’université Rennes 2.
65Meuret Jean-Claude, Peuplement, pouvoir et paysage…, op. cit., p. 531 et suiv. et Pichot Daniel, Le village éclaté…, op. cit., p. 97 et suiv.
66Carte de Cassini, 1744-1793, feuilles no 96-97.
67Watteaux Magali, « L’archéogéographie, une nouvelle discipline au carrefour des spatiotemporalités », EspacesTemps.net, mis en ligne le 27 août 2014, [http://www.espacestemps.net/articles/la-terre-en-heritage/], consulté le 14 janvier 2023.
68BnF, NAF 23312, fol. 21 ro, no 51, [1341, La Tisonniere, Lorens des Champs] : « sauve qu’il paiera a la fame Monsieur Guill[aume] de Vaste, le saigle et l’avaine et les den[ier]s quel a sur lad[i]te metayrie p[ar] reson de mestive, et paieron no[us] et luy [com]munement une mine de saigle a la p[ar]sonne dou Buaret qu’il y a de rente ».
69Ibid., fol. 5 vo, no 67 [1337, La Jarjaciere, Symon Colas] : « Item nous dait deus poz de bure q[ue] de son desrain [com]pte, et vi soulz et iiii deniers q[ue] nous li p[re]stames le jour de son desrain [com]pte. »
70Ibid., fol. 8 vo, no 76, [1336, La Bussonniere] : « Hamelin Mestivier […] It[em] nous a paiez xviii d[eniers] pour sap n[ost]re part dou chesneveis de l’an xxxv, que il sema pour nous et pour luy. It[em] nous a paiez iii s[oulz] vi d[eniers] pour n[ost]re part dou liners doudit an qu’il sema pour nous et pour luy. It[em] nous a paiez xviii d[eniers] qu’il paia pour nous pour apareillier les v soulz de la Bussonni[er]e. » Redevance versée en lien avec le développement de l’industrie textile, les toiles de lin de Laval sont exportées au xive siècle dans toute l’Europe, Musset René, Le Bas-Maine. Étude géographique, Paris, A. Colin, 1917, p. 258 et Bouton André, Le Maine, histoire économique et sociale, op. cit., p. 269.
71BnF, NAF 23312, fol. 7 vo, no 75 [1336, La Tisonniere] : « Henri Potier. […] Item nous doit la meitié de tr[oy]s char[aiz] chescun d’un mey de vin a amoner de Benaes a Olivet. Ibid., fol. 5r, no 11 [1336, Yvron et La Chauviere, Jehan du Boullay] et fol. 6 ro, no 11 (suite du précédent, après la couture) : Item deit mener ledit mesteier par chescune semainne une journ[ée] de la buche a n[ost]re four de Mel[lay] et ara chescun jour iiii d[eniers] e q[uant] il fera dous deus tours par jour, il ara vi d[eniers]. » Ibid., fol. 3 ro, no 5 [1338, La Clardiere] : « It[em] nous dait un charra[iz] amener de Redon, de vint et q[ua]tre fés de sel et douze fés que il daivent por p[ar]fe dous charraiz que ilz ne amenent a une faiz que vint fés et a l’autre que seize. »
72Ibid., fol. 18 ro, no 42 [1338, La Cheroche, Regnaut Touschart] : « fera un charraiz d’un tonel de vin de Cheteau Gontier ou de S[aint] Lorenz a Olivet, et au[tres] despens pour luy et pour son bouvier ou choys Madame ».
73Ibid., fol. 18 ro, no 40 [1340-1338, Gerigne, Rolant le Rouer] : « Et de un sept[ie]r de saille de rente a mesure de Mell[ay], et deiz e sept boyss[eaux] d’avaene de rente, et de dous gelines de rente et xii s[oulz] i d[enier] de taille, et iiii s[oulz] ii d[eniers] ob[ole] de cens. » Ibid., feuille 14r, no 31 : Metayers/Comptes faiz Olivet ou mays de May l’an de grace mil iiic et xl entre Mademme et ses metayers/Mestivier [1340, La Bussonniere] : « It[em] li avon rabatu xv s[oulz] vi d[eniers] pour sa p[ar]ti de seze touesons de laine, et doit ledit Mestivier paier toute la desme. »
74Ibid., fol. 5 ro, no 10 [1336, Kaharel, Jehan du Coudray] : « Le juedi ap[re]s l’Ang[evine], l’an mil iiic trente e seis, furent les convenances d’entre nous André de Laval, d’une p[ar]tie e Jahan du Coudray e Raoul son filsz, metaier de Kaharel, lesquelles convenances avaint aut[re]faiz esté faictes et acordés. P[re]m[ier] nous avons baillé audit Jahan et audit Raoul o l’auctorité doudit pere nostre met[ay]rie de Kaharel a laborer et a coetiver bien e lealment de touz laborages acoustumez e ou temps e en sesson convenables, a moytié de queillestes, en metant chescun sa moytié des cemences e de quelir les blez et batre jouques a la conclucion et a l’acomplissement de quatre anz et de quat[re] quellestes, co[m]mençanz a la Saint Michel [29 septembre] en Monte Gargaynne, l’an mil iiic trente et seys. […] Item les metayers tendront touz l’avoir q[ue] ilz tendront de nous a motié, oult[re] le chateyl et poair et oays a motié, et pouront pasturer en la forest de Boere hors des taleiz, et ou temps que il ni ara defensse de peysson et sanz nous fayre domage. »
75Ibid., fol. 1 ro, no 3 [1335, 1336, 1337, Clardiere] : « Ce sont les avairs de ladite metairie, l’an m[il] ccc xxxv, qui furet bailliez a Michot Greyll, le jour de la balliee de la metairie. De bues, vi. Item de loaiz [jeunes taureaux non châtrés] de ii anz, ii. Item de vaches, viii. Item de veaus de l’an xxxvi, ii males et iii femelles. Sus ces dites betes a xix l[i]vr[es] xv s[oulz] de chatel [i.e. cheptel]. It[em], lxxvii s[oulz] [com]me il ap[er]s p[ar] un compte que nous avon depuys fait ou jour de dim[anche] av[an]s l’Angevigne et le de dim[anche] emp[re]s la S[aint] Macé [22 septembre], l’an xxxvii. Item, celuy jour l’en trest a gayng, ii bues et ii vaches outre l’avair desusdit, pour le pris de iiii l[i]vr[es], don no[us] avon n[ost]re p[ar]tie et le metaier la soue, don il ne nous puet james riens demander. »
76Ibid., fol. 17 ro, no 37 [1340, Engelerie, Macé Engelier] : « Somme xviii, desquex oaessons, le met[aier] dit qu’il aporta vi a Gerigné en l’an xxxix, et les bailla a Cestat si comme il dit. Ainsi demoure chies ledit metaier ii oaes, i jars et iii oaessons de l’an xl, qui sont a meitié. Item nous doit i sept[ier] de f[ro]ment a la mesure de Mel[lay]. It[em] nous devet p[ar] son aut[re] compte lxxii chapons. It[em] de l’an xxxix et de l’an xl, xxiiii chapons. So[m]me iiiixx xvi chapons, de quey le met[aier] dit qu’il bailla Cestat, xxiiii chapons. Ainsi demoure qu’il nous devret lxxii chapons si Cestare recorde qu’il eust les vint et q[ua]t[re]. »
77Ibid., fol. 14 ro, no 31 : Metayers/Comptes faiz à Olivet ou mays de may l’an de grace mil iiic et xl, entre Mademme et ses metayers/Mestivier [1340, La Bussonniere] : « Sus lequel avair no[us] avon de chastel xxv l[i]v[res] vi s[oulz] de forte monaye, qui fut avaluée l’an mil iiic xxix. » Ibid., fol. 18 ro, no 45 [1340, La Choeciere, Gervesse Guillemin] : « Ou dit jour fut baillié audit G[er]vesse, de v boufs, ii pour c s[oulz] de la mo[n]naie qui couret l’an xl. It[em] i aut[re] bouf que Raoulle de Vendel li bailla de n[ost]re [com]mand[ement] en l’an xxxvii, pour l s[oulz] de forte mo[n]naie. It[em] ou jour desus dit li fut baillé iii vaches, de genices de doublain an ii, de genices d’un an, i de veaux de cest an xl, i malle lesqueilles vaches et genices furent bailliez pour viii l[i]v[res] de la mo[n]naie qui couret l’an xl So[m]me de chasteil o les cinq[u]a[n]te soulz de forte mo[n]naie desus diz qui vallent cent soulz de ceste, s’il plest a Made[m]me [pr]endre tout l’avalume[n]t, ainsi aret sus les dites bestes xviii l[i]v[re]s. »
78Ibid., fol. 3 ro, no 5 [La Clardiere] : « It[em] lour baillames quat[re] chievres, de quay il dit que les lous ont mengié d[ou]s. »
79Ibid., fol. 1 ro, no 3 [1335, 1336, 1337, Clardiere] : « Ce sont les avairs de ladite metairie, l’an mi[l] ccc xxxv, qui furet bailliez a Michot Greyll, le jour de la balliee de la metairie. De bues, vi. Item de loaiz de ii anz, ii. Item de vaches, viii. Item de veaus de l’an xxxvi, ii males et iii femelles. Sus ces dites betes a xix l[i]vr[es] xv s[oulz] de chatel. »
80Pichot Daniel, Le Bas-Maine…, op. cit., p. 373-374 et Dloussky Jocelyne, Le commerce des toiles. Négoce et négociants à Laval au xviiie siècle, Laval, Archives départementales de la Mayenne, 1988 (Dossier d’histoire de la Mayenne, 23).
81BnF, NAF 23312, fol. 8 vo, no 77 [1337, La Bussonniere] : « It[em] avon chies ledit Mestivi[er] xii oaes a mestie a nous et a lui o les meres et nous g[a]rde ledit Mestivi[er] i bouf rouge n[ost]re quicte. »
82Ibid., fol. 5 ro, no 11 [1336, Yvron et La Chauviere, Jehan du Boullay] : « Item nous avon chiex ledit meteier xlv chies de brebiz qu’il nous deit de chief, et dous qui vindrent de Espane, lesquelles brebiz luy et les aut[re]s. »
83Chédeville André, « Le rôle de la monnaie et l’apparition du crédit dans les pays de l’Ouest de la France (xie-xiiie siècles) », Cahiers de civilisation médiévale, t. 17, 1974, p. 305-325 et Hucher Eugène, Essai sur les monnaies frappées dans le Maine, Le Mans, 1845 [extrait de l’Institut des provinces de France. Mémoires, 2e sér., I. Géographie ancienne du diocèse du Mans].
84BnF, NAF 23312, fol. 11 ro, no 26 [1339, Kaharel, Raoul dou Coudray] : « Ou jour de juedi ap[re]s la Saint Gille [1er septembre] l’an mil iiic et xxxix, comptames et asevames [évaluâmes] o Raoul du Coudray, metaer a Kaharel et o Johenne sa fame, de seis boux q[ue] nous avion en lad[ic]te met[ai]rie, et de sait vaches et de deus louay et une geniche de trais anz et de quat[re] veaux femelles de l’an xxxvii. S[om]me vint chers et trais jumenz, contenuez ou desrain compte dom il luy et son pere compteraint o nous a Gerigné, le dymay[n]che avant la Saint André [30 novembre] l’an mil iiic et trente et oyt, et sur lequel avair nous avion de chatel vint seys livres dous soulz de la monaye q[ui] co[u]rait au temps de la baylie, de laquelle so[m]me de l’avair desusdiz nous avon eu cint boux et saipt vaches et deus louaiz. […] Enfin demore a gaign a nous et au metaer onze livres et tr[o]ys soulz sur lequel gaing sera prins l’avalument dou chastel de forte monaye. »
85Le parcellaire, les chemins sont réappropriés par les sociétés d’aujourd’hui sans grand changement et avec une certaine stabilité. Les métairies ont perduré au fil du temps dans le paysage. Noizet Hélène, « De l’usage de l’archéogéographie », Médiévales, no 66, 2014, p. 179-197.
86Ferme du Grand Bois-Morin, Cne de Grez-en-Bouère, Mayenne.
87Données qui correspondent aux moyennes observées en Bretagne et dans le Maine, même si ici ce serait plutôt la moyenne basse, Pichot Daniel, Le village éclaté…, op. cit., p. 265.

Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les mondes ruraux de l’Ouest de la France au Moyen Âge
Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks
Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org
Les mondes ruraux de l’Ouest de la France au Moyen Âge
Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.
Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org
Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.
Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.
La syntaxe de l’email est incorrecte.
Référence numérique du chapitre
Format
Référence numérique du livre
Format
1 / 3