Autour du village de Chevré en forêt de Rennes
Les éclairages d’une enquête royale méconnue de 12351
p. 81-98
Texte intégral
1Une enquête ordonnée en 1235 par Louis IX apporte un éclairage inédit sur une histoire ayant principalement pour cadre la forêt de Rennes. Elle permet de revenir sur des thèmes, des territoires et des acteurs particulièrement bien étudiés par Daniel Pichot. Ces faits se déroulent sur un terrain intéressant pour évoquer l’expansion caractéristique de l’Occident au cours du Moyen Âge central, expansion alimentée par les villages et des défrichements. Nous y trouvons André III seigneur de Vitré, les zones boisées entre Rennes et Vitré et surtout un thème cher au récipiendaire de ce volume : le village, en l’occurrence celui de Chevré2. Daniel Pichot a souligné la diversité des acteurs et des modalités de mise en valeur de la forêt de Rennes au xie-xiiie siècle. Il a montré le rôle des religieux, ermites comme moines, et l’implication de l’aristocratie, tant les chevaliers que les barons3.
2Qu’il nous soit permis d’ajouter une pièce à ce dossier : une enquête royale rédigée en 1235. Elle s’intègre au sein d’un corpus qualifié par Arthur de La Borderie de « plusieurs morceaux fort curieux4 ». Sur la petite dizaine d’enquêtes ordonnées par Louis IX pour la Bretagne au milieu des années 1230, celle qui sera au centre de cette étude est peu évoquée car elle s’est perdue dans les arcanes des archives et surtout des publications de sources. Elle peut être décomposée en une douzaine d’entrées qui tournent toutes autour du contentieux entre Pierre de Dreux, duc de Bretagne, et André III de Vitré. Pour l’essentiel il y est fait allusion aux exactions causées par le premier contre le second dans la forêt et la cité de Rennes, à Guérande et surtout à Chevré. Cette enquête qui couvre deux folios d’un registre des Archives nationales5 permet de dégager deux thèmes principaux que nous exposerons successivement : d’un côté elle fournit des éléments pour établir le portrait d’André III, grand seigneur breton, et de l’autre elle apporte un éclairage singulier, presque unique pour la Bretagne médiévale, sur un conflit à l’échelle d’un village. Au préalable, il semble important de revenir sur le caractère méconnu de cette enquête.
Une enquête royale méconnue
3À sa mesure, la Bretagne a participé à la révolution écrite du xiiie siècle6, pourtant le document étudié ici nous le devons à la mise en place de l’administration royale capétienne. La pratique de l’enquête remonte au moins au xiie siècle voire à l’époque carolingienne, mais elle trouve un nouveau souffle sous le règne de Philippe Auguste, notamment lorsqu’il prend le contrôle de la Normandie. En 1235, nous sommes dans ce moment de « généralisation des enquêtes7 », mais aussi à un moment particulier pour l’histoire du duché de Bretagne et du royaume de France.
Le contexte de l’enquête : entre révoltes et trêves
4En écho à Jean de Joinville dépeignant un « comte Pierre de Bretagne » multipliant les rébellions8, Jean-Pierre Leguay rappela cette propension de Pierre de Dreux à la contestation, précisant qu’il participa à « quatre révoltes de 1227 à 12349 ». Jacques Le Goff écrivit de lui qu’il était parmi les grands un des « plus remuants10 ». Ses révoltes furent loin d’être couronnées de succès, au contraire. Les premières années du règne de Louis IX sont marquées par l’ombre du conflit avec les Plantagenêts, la question des terres toulousaines et les dissensions avec le comte de Champagne11. Profitant de la régence de Blanche de Castille et de la jeunesse du roi, Pierre de Dreux, comme d’autres grands seigneurs, vient greffer ses revendications aux révoltes des (très) hauts barons.
5Dès le début de l’année 1227, soit quelques mois après la mort de Louis VIII, le duc de Bretagne se soulève aux côtés de Hugues de Lusignan, mais c’est un échec, tout comme la deuxième tentative (1228). Pierre de Dreux s’allie en 1229 à Henri III d’Angleterre qui débarque à Saint-Malo le 3 mai 1230. Le conflit dure plus de quatre ans. Les combats ne sont pas continus puisque la rébellion est ponctuée de deux trêves mentionnées près de cinquante fois par les témoins de l’enquête : « infra treugam » ou « tempore treugarum ». La première, parfois aussi appelée « major treuga », dure trois années à compter du 14 juillet 123112. Les hostilités reprirent dès juin 1234, mais isolé Pierre fut poussé à négocier. Cette seconde trêve, ou « minor treuga », s’étira de la mi-août à la mi-novembre 123413. À chaque fois, il était notifié que Pierre de Dreux ne devait commettre aucun forfait. En novembre 1234, constatant avoir été lâché par son allié anglais, il fut contraint de reconnaître son nouvel échec14. Pierre de Dreux se soumit à Louis IX et il perdit dans le royaume de France des forteresses (Bellême, La Perrière, Saint-James de Beuvron) ; en représailles le roi d’Angleterre confisqua l’honneur de Richmond15. Dans les accords, une clause stipulait que le roi pouvait vérifier la situation des relations entre Pierre et ses vassaux. Louis IX ordonna donc une série d’enquêtes, au moins neuf, huit d’entre elles concernent des membres de la haute aristocratie leur permettant de dénoncer les abus du duc16.
Les méandres d’une enquête oubliée
6Dès 1863 Alexandre Teulet a publié des analyses de ces enquêtes17, puis Arthur de La Borderie les a intégralement éditées, tout comme Marjolaine Lémeillat plus récemment18. Toutefois, parmi ces neuf enquêtes trois demeurent méconnues. Sydney Painter est revenu sur ces documents oubliés, ou presque19. Alexandre Teulet en avait effectivement connaissance, mais les quelques allusions au comte Guy de Thouars dans les premières lignes l’ont induit en erreur et il les a datés des environs de 121320. Par la suite plusieurs chercheurs y ont fait allusion, tel René Ory ou Michel Duval21, mais il faut attendre les recherches de John Archer22 et celles plus récentes de Vincent Launay23 pour que cette erreur soit en partie corrigée. Ces enquêtes, et donc celle relative à André III de Vitré, ne sont pas totalement inédites mais elles ont été peu étudiées alors qu’elles apportent des éclairages singuliers, parfois uniques.
Des témoignages orientés…
7L’enquête et son écriture suivent un ordre et une procédure. Pour chacun des treize témoins24, on note le nom, suivi du titre, ici presque tous sont individuellement qualifiés de miles, Olivier des Roches porte, lui, un autre titre : « senescallus Fulgeriarum » (sénéchal de Fougères). Puis chacun jure (« iuratus ») et annonce ce qu’il sait sur chacun des points sur lesquels les enquêteurs posent des questions. Celles-ci nous manquent. On en devine certes le thème, mais le détail précis de leur formulation aurait été utile pour mesurer l’orientation ou non donnée aux réponses. Lors du passage à l’écrit et à la réécriture, on n’est pas à l’abri de coquilles, ainsi Raoul Hodierne devient Renaud pour certains témoins : est-ce parce qu’il ne s’agit que d’un simple agent subalterne du seigneur de Vitré (« serviens domini Andree ») ?
8Si la « révolution de l’écrit » conduit à une accélération de la circulation de l’information, l’oral reste très présent. Les dépositions des témoins donnent l’impression d’être vivantes, leur voix résonne. Chaque témoignage commence par la présentation de son auteur et de sa fonction sociale suivies du verbe dicere. Il existe des questions préalables puisque passé le premier témoin, les autres se contentent parfois de dire la même chose : « dixit idem ». Soit les personnes interrogées savent et le rapportent, soit elles évoquent leur source. Robert de La Bouëxière souligne que pour un fief : « dixit quod audivit a multis militibus et aliis ». Les témoins ont prêté serment, dès lors, s’ils savent ils parlent, sinon ils préfèrent prendre de la distance, comme Guillaume de Bolande évoquant « a multis audiverunt, sed non scit alio modo ». Pour une partie de son témoignage à propos de Saint-Aubin-du-Cormier Henri de Gastines va dans le même sens que Olivier des Roches, sénéchal de Fougères, mais il fait spécifier que pour un point précis sur les forestiers « quod non vidit ibi ». Robert Chesnel est encore plus prudent pour certaines réponses : « dixit se nichil scire nisi de auditu ». Parfois la mémoire flanche, le scribe note qu’à propos de l’incendie de la résidence de Chevré Robert de La Bouëxière « dixit quod magis credit », l’expression revient régulièrement ; Robert d’Argentré a un doute sur le moment d’une attaque : « infra treugam vel extra », c’est pourtant un point essentiel. Et lorsque le témoin ne sait pas, le notaire enregistre un lapidaire « nichil scit », comme pour Olivier des Roches, ou « dixit quod nescit » pour Guillaume d’Erbrée. La transcription est d’ailleurs loin d’être neutre, l’oralité était en vernaculaire quand l’écrit est en latin. Comme le souligne Albert Rigaudière : « écrire l’enquête revient à transcrire une certaine vérité à partir d’une réalité passée au crible des témoins avant d’être filtrée par les enquêteurs, puis livrée à la plume du scribe25 ».
9Ainsi l’écrit n’est pas neutre et les témoins interrogés, donc choisis, ne le sont pas davantage. Comme le rappelle Vincent Launay : « les déposants ne sont pas amenés à s’exprimer par hasard. La plupart font partie de l’entourage de celui pour qui l’enquête est menée »26. Ainsi peut-on tenter à l’aide d’un rapide travail prosopographique de retrouver ces treize témoins et de saisir leur lien avec André III de Vitré27.
…et des témoins partiaux
10Le premier témoin se nomme Olivier de Coëtquen, qualifié ici de miles et ailleurs parfois de dominus. Le centre de sa seigneurie se situe en Saint-Hélen entre Dinan, Dol et Combourg (fig. 1). La famille est surtout connue pour le xve siècle mais puise ses racines un peu avant le milieu du xiie siècle avec Raoul de Coëtquen, grand-père d’Olivier. Si la documentation écrite conservée le montre principalement actif dans les années 1240, il succède à son père autour de 122028. Peu de temps après le départ d’Henri III d’Angleterre, alors que Pierre de Dreux est esseulé, il est l’un des premiers seigneurs bretons à avoir rendu hommage à Louis IX dès janvier 1231, suivi en mars par Raoul III de Fougères, en mai par Henri d’Avaugour et Guiomarch de Léon29, puis par ceux de Châteaubriant, Dol, Ancenis, Dinan et d’autres30. Nous ne sommes pas aussi bien renseignés sur les autres témoins, nous avons néanmoins ici un seigneur qui, tôt dans le conflit, prend fait et cause pour Louis IX. C’est le premier témoin, il donne le ton pour les suivants qui pour beaucoup disent comme lui (fig. 1).
Fig. 1. – Lieux cités dans l’enquête de 1235 : témoins et possessions d’André III de Vitré.

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11Le deuxième témoin, le chevalier Robert de La Bouëxière31, appartient à une famille de la petite aristocratie connue depuis le milieu du xiie siècle avec Raoul, forestier32. Le lieu de résidence familial, probablement dans le bourg même de La Bouëxière33, n’est distant que de 2 km par rapport au site de Chevré, il connaît donc très bien les lieux et les hommes au cœur de l’enquête34.
12Suit la déposition du miles Robert d’Argentré[-du-Plessis] dont le modeste lieu de pouvoir se trouvait au Plessis, soit à près de 25 km de Chevré. Ce lignage connu depuis le début du xiie siècle gravite dans l’entourage de la famille de Vitré35.
13Avec le quatrième témoin nous basculons vers un autre espace, celui des seigneurs de Fougères. Depuis le milieu du xiie siècle, la famille de Guillaume de Bolande (lieu-dit en Pleine-Fougères) apparaît régulièrement dans les actes des abbayes liées aux Fougères : Savigny et Saint-Pierre de Rillé36. Cette filière fougeraise se poursuit avec Olivier [II] des Roches, sénéchal de Fougères, charge confiée à sa famille pendant plus d’un siècle37.
14Le témoin suivant, Gautier de Herblia, pose davantage de difficultés, la graphie de son nom étant inconnue. On peut toutefois la rapprocher d’Erbrée où un miles Gautier est connu pour le milieu du xiiie siècle38 nous orientant cette fois vers le giron vitréen. Installée à La Haie d’Erbrée, cette famille connue depuis le milieu du xie siècle vit à la frontière de la Bretagne et du Maine39. De la même façon, le nom du septième témoin offre plusieurs hypothèses du fait du contexte. Henri de Gastines est très peu cité dans les sources régionales40. Il existe toutefois sur le territoire de La Bouëxière un modeste établissement religieux, Saint-Pierre d’Allion ou Rallion, qui aurait été fondé au vie siècle. C’est du moins ainsi qu’il est présenté par l’historiographie lorsqu’il ressurgit dans les sources écrites au début du xiiie siècle. Il est alors confié à l’abbaye de Gastines, fondée dans les années 1140 non loin de Tours en Indre-et-Loire41. L’analogie onomastique entre le lignage et l’abbaye est troublante, mais peut-être pas à surévaluer. En effet Henri de Gastines doit plutôt appartenir à une famille méconnue mais implantée localement et proche d’André III. Le 19 novembre 1249, à Damiette, alors que l’armée des croisés menée par Louis IX vient de décider de se rendre au Caire, le seigneur vitréen fait rédiger un codicille à son testament. La famille de Gastines apparaît à deux reprises42, d’abord avec Guillaume qui a reçu d’André III une terre ne lui appartenant pas, ce que lui confirme Robert de La Bouëxière, puis avec Robert de Gastines, présent aux côtés de son seigneur à Damiette43. Le huitième témoin complète le tropisme vitréen avec Geoffroi de la Boce ou Leboce, dont l’ancêtre et homonyme de la fin du xiie siècle est cité comme famulus d’André II de Vitré44.
15Avec le neuvième témoin, Robert Chesnel, nous retournons dans les marges du Fougerais et du Dolois. Implantée à Bazouges-la-Pérouse, probablement dans le secteur du château de La Ballue, sa famille gravite dans l’entourage de celle de Fougères dès le milieu du xiie siècle. Robert apparaît lui à plusieurs reprises parmi les hommes de confiance de Raoul III – en froid avec Pierre de Dreux –, mais aussi de Gelduin II de Dol dont il fut l’un des exécuteurs testamentaires45.
16Puis la liste de témoins revient dans l’espace vitréen avec des personnages plus obscurs : Hamon Viarius, dont le centre devait se trouver à La Motte au Voyer en Saint-Aubin-des-Landes46, Payen d’Erbrée, peut-être apparenté à Gautier cité plus haut47, et le miles Hamelin forestarius qui pourrait être membre d’un lignage de forestiers installé à La Motte à la lisière sud de la forêt de Chevré en Broons-sur-Vilaine48. Comme treizième et dernier témoin, Babin Busson clôt l’enquête. C’est un personnage d’importance locale puisqu’il s’agit du sénéchal de Vitré au moins depuis le milieu des années 1240 et jusqu’à la mort d’André III, dont il est l’un des exécuteurs testamentaires49. Sa présence en fin d’enquête n’est probablement pas un hasard, alors que les témoins précédents – très certainement de petits vassaux – apparaissent peu dans les sources écrites conservées, Babin Buisson joue le rôle de représentant officiel du parti vitréen.
17Il ressort de cette brève photographie de groupe que ces hommes n’apparaissent certes jamais ensemble dans un acte écrit conservé, mais qu’ils viennent de réseaux voisins et interconnectés, principalement ceux des seigneurs de Vitré et de Fougères. Souvent ils sont à la frontière des zones d’influences féodales. Ainsi Robert Chesnel des environs de Bazouges-la-Pérouse et Guillaume de Bolande en Pleine-Fougères se situent aux confins du Fougerais et du Dolois. Il n’en reste pas moins vrai que la majorité des témoins relève de la mouvance féodale de Vitré, orientant donc l’enquête. Les points sur lesquels on les invite à s’exprimer sont une douzaine et peuvent être grossièrement divisés en deux, d’une part ce qui concerne au premier chef la famille de Vitré, d’autre part des informations très précises sur la violence féodale.
André III de Vitré, puissant baron de l’Ouest français
18Les témoins sont interrogés sur onze points, sept (dot de l’épouse, fief à Rennes, bien à Guérande, revenus et droits forestiers, hommes du seigneur) permettent de dresser un portrait d’André III de Vitré.
André III de Vitré, grand aristocrate issu d’un lignage ancien
19Les réponses des témoins ne permettent pas d’établir un portrait complet d’André III, mais quelques indices aident à fixer quelques traits essentiels.
20Ainsi peut-on relever que la famille de Vitré possédait un fief, dit fief de la Vicomté, à Rennes sur lequel Pierre de Dreux avait fait creuser des fossés et édifier des barbacanes (fig. 1). Les récents travaux de Matthieu Le Boulch ont permis de localiser avec précision les biens des seigneurs vitréens principalement concentrés dans les faubourgs, le long des principales voies, correspondant aujourd’hui au quartier Saint-Martin, à la rue de Saint-Malo, à la rue de Dinan et à celle du Champ-Jacquet pour la partie nord de Rennes, à la rue Saint-Hélier au sud-est, ainsi qu’à la rue Vasselot et l’église Toussaint directement au sud de la Vilaine50. Pierre de Dreux fortifie la cité dans les années 1220-1230, notamment à l’est des remparts romains puisque l’église Saint-Pierre-du-Marché disparaît alors51, c’est probablement dans ce secteur que la famille de Vitré perd des terrains. Il n’y a donc pas que le clergé rennais qui fut lésé, André III reçut un dédommagement, mais seulement en 123752.
21De manière classique pour une grande famille seigneuriale, les Vitré possédaient des revenus forestiers au sein de plusieurs massifs : forêt dite de Rennes mais subdivisée en divers ensembles, mais aussi forêt de Blain dans le Nantais. Plusieurs témoins mentionnent le droit de parcours (percursus) dit aussi de poursuite du gibier (prosecutione feras) devant permettre à chacun de seigneurs de continuer à chasser une bête en s’affranchissant des limites seigneuriales sans craindre de poursuite judiciaire. Les témoins soulignent que Pierre de Dreux entravait André de Vitré dans l’exercice de ce droit. Or la chasse est une activité aristocratique par excellence qui se déroule en partie dans les forêts où l’on trouve des breuils, Hamon le Voyer précise notamment que le duc en possédait trois (« tria brolia ») dans la forêt de Rennes. Jean-Claude Meuret a récemment rappelé que la forêt du Pertre en comptait huit et celle du Frageu dans le proche Maine six, d’ailleurs la forêt de Rennes en Liffré en a semble-t-il fossilisé un près du manoir de Verrières53. La foresta permet aux communautés villageoises, urbaines et religieuses d’élever des animaux, d’avoir du bois pour la construction et le chauffage, c’est donc un espace convoité et surveillé. Le seigneur de Vitré comme le duc ont leur propre forestier, d’ailleurs l’un d’eux, Hamelin forestarius témoigne. L’enquête de 1235 révèle que les forestiers ducaux, parfois qualifiés de sergents, abattaient des arbres et vendaient le bois54. L’un des principaux points de frictions concerne la forêt de Blain. Plusieurs témoins confirment que Pierre de Dreux y a fait couper du bois lors de la trêve, soit pour le vendre soit pour la construction du château de Gâvre (« quod ligna portabant ad foresta illa ad castrum de Gavre »), équivalent de celui de Saint-Aubin-du-Cormier, mais près de Nantes.
22Enfin plusieurs témoins soulignent qu’André III recevait dix livres pour la « custodia » de la paroisse de Livré[-sur-Changeon]. L’église Notre-Dame est confiée dès le début du xiiie siècle à l’abbaye Saint-Florent de Saumur, on rappellera la mention comme témoin de Rivallon, vicarius, ancêtre d’André III, tout comme on peut évoquer les liens familiaux entre les évêques de Rennes et la famille de Vitré en ce milieu de xie siècle55. Avant que les moines ne s’installent à Livré, un édifice comtal existait, une curtis avec une enceinte fossoyée56. Ce droit de garde semble donc être une relique des siècles antérieurs et, outre sa valeur financière, il a surtout une charge symbolique soulignant l’ancienneté et le prestige de la famille de Vitré, en particulier vis-à-vis des ducs récemment arrivés depuis la France capétienne.
Entre le duché breton et le royaume de France
23Deux questions de l’enquête permettent de saisir la politique que tente de mener la famille de Vitré au cours des années 1210 : à savoir le mariage d’André III et la possession de biens à Guérande. Depuis la seconde moitié du xiie siècle, la famille de Vitré est en pleine expansion et après avoir soutenu les Plantagenêts, elle glisse autour de 1200 « vers la sphère capétienne57 ». En parallèle, après avoir connu des tensions avec la famille ducale, les seigneurs vitréens font le chemin inverse et s’en rapprochent, pour peu de temps58.
24À la suite de vives tensions avec Guy de Thouars, époux de la duchesse Constance, Philippe Auguste intervient en Bretagne en 1206 et y exerce l’autorité ducale. André II de Vitré soutient le roi. En retour ce dernier distribue des possessions ducales guérandaises au seigneur de Vitré et à Eon de Pontchâteau, ils se partagent la châtellenie de Guérande. André II reçoit Quéniquen, Larmor (?), ainsi que tout ce qui se trouve sous le chemin qui mène de Guérande à Saint-Nazaire jusqu’à la mer avec Batz59. De son côté, son frère, Robert de Vitré, chantre de Paris, obtient 200 livres de revenus sur Guérande, en échange du château de Langeais reçu un peu plus tôt60. Guy de Thouars revient à la tête du duché dès 1207, ce qui doit susciter quelques problèmes quant aux transferts fonciers.
25En 1212, André II négocie le mariage de son fils André III avec Catherine, fille de Guy de Thouars et de Constance (décédée en 1201). Guy reçut l’hommage d’André III. Alix, héritière du duché, et son père Guy constituèrent la dot de Catherine et donnèrent une partie de la forêt de Rennes depuis le Chêne Appuyé ou Étayé (le Gros Chêne en Gahard ?)61 jusqu’au moulin Ory (en La Bouëxière) à savoir Haute Sève (en Saint-Aubin-du-Cormier), Rumignon (en Saint-Aubin-du-Cormier) et Sévailles (en Liffré). On devine ici que la foresta est mitée et fractionnée en bois et landes (fig. 2). À moins de 2 km au sud de cet ensemble boisé se trouve Chevré. Ils renoncent aussi aux contentieux, mais seul l’acte d’Alix cite Livré et Guérande, comme si Guy de Thouars ne tenait pas compte des donations royales62. Ceci permet d’éclairer les revendications de la famille de Vitré à propos de Guérande figurant dans l’enquête de 1235. Lors des travaux de fortifications de la cité de Nantes, entamés dans les environs de 1214, Pierre de Dreux, ayant fait détruire plusieurs maisons appartenant au clergé, engagea les biens ducaux de Guérande (vignes et salines notamment) afin de garantir à l’évêque le paiement des indemnités ; mais en 1248 l’évêque de Nantes réclamait encore le paiement des 7 000 livres de Tours63. Ceci suggèrerait que la famille de Vitré ait rencontré des difficultés à posséder réellement sa part à Guérande.
Fig. 2. – La forêt de Rennes et son environnement.

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26L’enquête de 1235 rappelle la situation particulière de la famille de Vitré, coincée entre son ancrage breton et sa situation frontalière la conduisant à regarder de l’autre côté, tour à tour du côté plantagenêt puis capétien.
L’érection du château de Saint-Aubin-du-Cormier et la rupture avec le duc de Bretagne
27André III reste fidèle à Pierre de Dreux. Ainsi le 3 mars 1223, sous les murs de Châteaubriant, il participe à la victoire ducale sur l’ambitieux Amaury de Craon, sénéchal d’Anjou, du Maine et du Poitou64. La rupture est consommée en 1225, Pierre vient de faire construire un nouveau château dans sa forêt de Rennes à Saint-Aubin-du-Cormier65. Or cet édifice est bâti au beau milieu de la foresta faisant partie de la dot de Catherine, l’enquête le précise parmi les premiers points : « et dedit ei in maritagium unam partem foreste Redon[ensis] et in illa parte constructa est una pars castelli de Sancto Albino et alia pars ejusdem castelli est in propria hereditate ejusdem Andree ». André de Vitré figure pourtant à la première place des seigneurs bretons appelés à être témoin de cette fondation, l’enquête de 1235 suggère qu’il a néanmoins beaucoup perdu : moulins, étangs et viviers.
28En octobre 1229, Pierre de Dreux prête hommage au roi d’Angleterre, entérinant sa rupture définitive avec le roi de France. Louis IX pénètre en Bretagne à Ancenis et déchoit le duc de son bail à la tête du duché, les seigneurs bretons sont déliés de leur serment66. Dès juin 1230, parmi les premiers, André III prête hommage à Louis IX pour Vitré et Marcillé (fig. 1), en retour le roi lui promet de l’aide en cas d’attaque67. De manière abrupte, Arthur de La Borderie le présente comme le « chef du parti français68 », les liens avec les Capétiens remontent pourtant aux années 1200. Il reste vrai qu’André fait partie des alliés bretons qui comptent pour le roi de France.
29Aussitôt Pierre de Dreux rassemble des troupes à Rennes et avec l’appui anglais, notamment du comte de Chester, il vient assiéger Vitré69 ; en vain semble-t-il. On rappellera en effet les travaux de fortifications concernant à la fois le château et la ville qui ont été entrepris dans les années 1220, Nicolas Faucherre soulignant que les dispositifs défensifs de l’enceinte urbaine inspirés de l’architecture philippienne pouvaient « être considérés comme un véritable signe de ralliement à l’orbite capétienne pour un site de Vitré assis aux marches de Bretagne et en conflit avec son duc70 ». Une première trêve est signée, pour trois ans à compter du 14 juillet 1231, or c’est durant celle-ci que le château de Chevré est attaqué.
Un éclairage sur la « guerre des bourgs »
30Si sur les onze questions posées par les enquêtes l’immense majorité concerne André III, une évoque Acigné et trois autres Chevré (fig. 2 et 3), reflets de cet habitat dispersé caractéristique de l’Ouest français puisque si le premier était bien un centre paroissial, le second resta un hameau, certes relativement important, mais il n’est jamais parvenu à s’imposer et devenir un centre paroissial ; l’enquête de 1235 permet-elle d’expliquer cette non promotion ?
Fig. 3. – Chevré en La Bouëxière.

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Chevré : une domus, une villa et un burgus
31À propos de Chevré, les scribes écrivent « domus », parfois « villa » dont les traductions « soulève[nt] d’épineuses questions » pour reprendre l’expression de Daniel Pichot71.
32Chevré correspond à un site relativement bien connu grâce à de récentes études notamment archéologiques72. Le site castral, la « domus » de l’enquête, se situe entre trois secteurs forestiers, la forêt de Chevré, celle de Sévailles et celle de Rennes73. Il émerge au cours de la seconde moitié du xiie siècle74 lors des conflits entre Robert III de Vitré et Goranton IV de Vitré, contraint de quitter cette ville pour la motte de Sérigné, distante de 1,7 km à vol d’oiseau de Chevré (fig. 2). Sérigné devient une éphémère paroisse75. Durant le premier tiers du xiiie siècle, André III fortifie plusieurs de ses possessions : Marcillé-Robert, Châtillon-en-Vendelais, Aubigné76 et surtout Vitré avec des remparts urbains (fig. 1). Chevré s’inscrit dans cette chronologie77. La tour maçonnée est massive avec des murs épais de 4 m et haute de 10 m abritant quatre niveaux pour un diamètre extérieur atteignant 14 m78.
33Autour de ce château à motte naît une petite localité, la « villa » évoquée par quelques témoins et peuplée de « burgensibus ». L’ensemble aggloméré couvre plus de 5,5 ha en y intégrant le moulin tout proche79. Dans l’enquête de 1235, le mot « burgus » ne désigne que le village d’Acigné, qualifié ailleurs de vicus (c. 1040). Ce centre villageois, lieu de perception du passagium (c. 1060), abritait une église Saint-Martin (av. 1037) et des moulins (126380). Il faut attendre 1240 pour que le terme burgus soit associé à Chevré, mais l’analyse du parcellaire figurant sur le cadastre ancien laisse peu de place au doute81 avec deux alignements de parcelles, l’un (4,5 ha) orienté est-ouest le long d’une voie principale et l’autre nord-sud (1 ha) parallèlement à un chemin conduisant à un pont surplombant une chaussée régulant l’accès d’un vaste étang (18 ha). Un marché est aussi cité en 1237. Enfin, une chapelle Saint-André complète l’ensemble, sa dédicace confirmant le lien avec les seigneurs de Vitré. Une partie du bâtiment remonterait au xie-xiie siècle avec de nombreuses modifications au xiiie et au xviie siècle, avant qu’elle ne tombe en ruine. Saint-André ne devait pas être qu’une chapelle castrale, il n’est pas impossible qu’un projet paroissial ait été envisagé. En effet, Chevré concentrait de nombreux éléments permettant d’envisager la création d’un centre paroissial (château, bourg et marché), mais La Bouëxière resta l’église-mère82. Tout laisse donc à penser que le paysage a été largement modifié au cours du xiie-xiiie siècle, puis l’essor paraît interrompu.
Et Chevré fut attaqué
34Entre juillet 1231 et juin 1234, selon les mots prêtés à Olivier de Coëtquen, Pierre de Dreux « destruxit et fecit comburi, infra treugam, domum de Chivreio ». L’attaque fut violente. Henri de Gastines est l’un des témoins le plus précis soulignant que le raid fut nocturne et que des hommes furent tués, un autre témoin parle de blessés. Hamon le Voyer rappelle que ce sont bien des hommes du comte qui ont attaqué et détruit Chevré tuant deux bourgeois. Presque tous s’accordent pour affirmer que l’agression a eu lieu lors de la trêve, qu’on détruisit et qu’on brûla. L’incendie trouve-t-il un écho avec les traces de rubéfaction ayant marqué les pierres et le mortier des parements internes de la tour du château ? André Corre et Bernard Leprêtre se montrent prudents sur le lien83. Les témoins évoquent une autre attaque, encore moins bien connue que celle de Chevré, il s’agit des biens d’Alain d’Acigné. Celui-ci réside sur le site de La Motte, à 8 km au sud-ouest de Chevré, il vit donc sur la frange méridionale de la forêt de Rennes (fig. 2). Or, là aussi, les hommes du comte Pierre lui ont causé de nombreux dommages : sa « domus » (La Motte d’Acigné84), le bourg et les moulins ont été brûlés, ses bois ravagés. Les raisons ne sont pas évidentes à discerner. Il existait plusieurs lignages à Acigné, Michel Brand’Honneur a recensé quatre parentés, Alain appartient à la D, tandis que la A est celle des Goranton-Hervé, installés à Sérigné et rivaux des Robert-André de Vitré. Comme André III, Alain d’Acigné s’éloigne du duc, il est parmi les premiers à rendre hommage à Louis IX85.
35Nous aurions ici, pour la Bretagne, une des rares traces d’une « guerre des bourgs86 ». L’expression a été employée par André Chédeville, à la suite d’une remarque de Dominique Barthélemy, afin de souligner la concurrence, parfois féroce, entre seigneurs, particulièrement les châtelains, pour fonder de nouveaux bourgs au cours des xie-xiie siècles. Dans le cadre de la compétition entre élites laïques, créer un bourg c’était affirmer sa puissance et affaiblir ses adversaires. André Chédeville notait qu’il existait des « expéditions militaires » n’ayant pas « d’autre but que l’incendie du bourg établi » au pied de la tour seigneuriale87, ce qu’illustrent les exemples de Chevré et d’Acigné. Mais la « guerre » restait la plupart du temps pacifique, les lances et les épées étaient remplacées par les concessions et les privilèges souvent de nature fiscale, commerciale et économique.
36André Chédeville a bien souligné que le conflit pouvait être une « véritable guerre économique88 ». À Chevré comme à Acigné, on le voit aux cibles : bourgs, bourgeois, moulins et bois. Certains témoins évoquent un autre point crucial : la date de tenue du marché de Chevré. Lors de la fondation du château de Saint-Aubin-du-Cormier (1225), Pierre de Dreux avait établi que le mardi serait le jour du marché, la forme de l’agglomération est d’ailleurs caractéristique et évoque certaines villeneuves ou bastides puisque la place du marché est centrale, l’habitat étant organisé autour d’elle. Cependant le marché de Chevré se tenait aussi le mardi et la distance entre les deux agglomérations, moins de 10 km, menaçait la viabilité de l’un d’entre eux (fig. 2). Les témoins de 1235 sont unanimes et Henri de Gastines l’exprime clairement : le marché de Chevré est plus ancien (« ab antiquo ») et le nouveau de Saint-Aubin (« de novo ») a créé beaucoup de dommages au précédent. En 1237, le duc fit machine arrière et renonça à la tenue du marché de Saint-Aubin le mardi, au motif que c’était effectivement le jour de celui de Chevré et ce depuis longtemps, l’acte ducal reprend la même terminologie que l’enquête : « ab antiquo »89. Cette ancienneté est toutefois relative car l’agglomération semble s’être développée au cours du xiie siècle, mais l’autorité ducale n’est pas en position de force.
37Ainsi derrière le conflit entre Pierre de Dreux et André III de Vitré se dissimulent des enjeux classiques de domination seigneuriale sur les hommes, sur les terres et sur les échanges. Mais en ce début de xiiie siècle, ces enjeux locaux sont absorbés par d’autres fonctionnant à une autre échelle.
Une guerre vicinale enchâssée dans la construction monarchique
38Traditionnellement, la guerre vicinale correspond plutôt aux ixe-xie siècles, celui du premier âge féodal au cours duquel les châteaux se multiplient et avec eux les rapines et les incendies90. C’est un mode de conflit intermittent et restreint dans le temps comme dans l’espace, la violence restant limitée, ce sont pour l’essentiel des chevauchées de faible envergure avec des affrontements mineurs. Les effectifs engagés demeurent d’ailleurs modestes, quelques dizaines d’hommes, ce qui semble correspondre aux évocations des témoins de l’enquête de 1235. Les motifs tournent généralement autour des enjeux de domination sur des terres et des hommes, parfois la vengeance. Au xe-xie siècle, ce type de conflit prend fin grâce aux parents ou à l’intervention d’un prince, d’un religieux (évêque ou abbé), puis il change de nature au cours du xiie siècle avec l’opposition entre Plantagenêts et Capétiens91, mais ici l’un des protagonistes est justement un prince, rendant toute médiation ou tout arbitrage délicat. Le roi de France s’engouffre dans la brèche.
39Si la « grande époque des guerres vicinales92 » correspond au long xie siècle, ici le conflit se déroule au début des années 1230. Serait-ce pour autant une guerre vicinale anachronique ? Dans la Gascogne bordelaise, Frédéric Boutoulle souligne qu’elles restent fréquentes jusqu’à la fin du xiie siècle93, en cela notre affrontement ne détonne pas. On rappellera brièvement que la guerre était au cœur des rapports de domination seigneuriale, elle relevait de la culture aristocratique, de l’ethos du noble. Mais si la pratique guerrière chevaleresque s’inscrit dans les siècles antérieurs. Avec cette enquête de 1235 les enjeux sortent du cadre local puisqu’il s’agirait d’une guerre vicinale rattrapée par la mise en place de l’État, un conflit de voisinage instrumentalisé par la construction de l’état monarchique français afin d’affaiblir un rival, le duc-comte de Bretagne. L’enquête est orientée, les questions téléguidées et les témoins soigneusement choisis, comme le souligne Élisabeth Lalou dans un autre contexte, mais la formule vaut ici : « le roi y trouve certainement son intérêt94 ». La modeste bataille de Chevré est utilisée par le roi de France Louis IX pour affaiblir le duc de Bretagne Pierre de Dreux.
Conclusion
40Cette enquête méconnue de 1235 permet de saisir des enjeux à différentes échelles. Sur le plan local, si l’on revient à nos villages, que sont-ils devenus ? Chevré ne disparaît pas après l’attaque ducale, le village cependant végéter. Le marché semble se maintenir, l’habitat est reconstruit, mais Chevré ne sera jamais un centre paroissial et le site castral semble par la suite délaissé. André III meurt en 1250, sa fille épouse un seigneur de Laval. Le nouveau lignage des Vitré/Laval fréquente toujours Chevré, mais plutôt un manoir voisin que la tour95. L’attaque semble lui avoir porté un coup d’arrêt fatal. Bien que plusieurs éléments suggèrent que la localité était auparavant dotée de certains critères de centralité, son émergence fut cependant trop tardive et son dynamisme trop faible pour venir concurrencer une hiérarchie des villages paroissiaux fixée au cours des xie-xiie siècles. Chevré était semble-t-il né trop tard et ne bénéficiait pas de l’installation permanente d’un châtelain.
41À l’échelle de la Bretagne, on notera brièvement que c’est la dernière révolte de Pierre de Dreux. Il se soumet au roi de France et conserve le pouvoir jusqu’en 1237, année de la majorité de son fils, Jean Ier le Roux.
42Enfin, à l’échelle du royaume de France, on peut s’interroger sur les motivations de cette enquête, son but était-il réellement, ou uniquement, de contraindre le duc à réparer ses dommages ? Ou bien était-ce avant tout une manifestation du pouvoir royal au sein d’un duché qu’il ne pouvait réellement contrôler ? Enquêter ne signifie pas juger. L’enquête semble plutôt être une arme politique utilisée pour faire basculer un rapport de force à un moment donné96. En attendant, cet écrit apporte un éclairage riche d’enseignements pour un secteur cher à Daniel Pichot.
Notes de bas de page
1Nous adressons nos sincères et amicaux remerciements à Jean-Claude Meuret pour ses précieux conseils lors du travail préparatoire menant à cet article.
2Pichot Daniel, « Vitré, xe-xiiie siècle, naissance d’une ville », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne [désormais : MSHAB], t. 84, 2006, p. 5-28 ; Pichot Daniel, Lagier Valérie et Allain Gwénolé (dir.), Vitré, histoire et patrimoine d’une ville, Paris, Somogy, 2009 ; Pichot Daniel, « Vitré : une ville et son château », dans André Chédeville et Daniel Pichot (dir.), Des villes à l’ombre des châteaux. Naissance et essor des agglomérations castrales en France au Moyen Âge, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 15-24 ; Pichot Daniel, « La grange du Fayel et la mise en valeur du pays de Vitré au xiie siècle », Bulletin et mémoires de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, t. 79, 1976, p. 21-30.
3Pichot Daniel, Le village éclaté. Habitat et société dans les campagnes de l’Ouest au Moyen Âge, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002, p. 97-99.
4La Borderie Arthur de, Histoire de Bretagne. t. 3. De l’an 995 après J.-C. à l’an 1364, Rennes, Plihon/Honnay, 1896-1914, 6 vol., p. 325.
5Archives nationales, J 626, no 148.
6Sur ces expressions, nous renvoyons à Clanchy Michael T., From Memory to Written Record. England 1066-1307, Londres, Edward Arnold, 1979 ; Cammarosano Paolo, Italia medievale. Struttura e geografia delle fonti scritte, Rome, Laterza, 1991 ; Maire-Vigueur Jean-Claude, « Révolution documentaire et révolution scripturaire : le cas de l’Italie médiévale », Bibliothèque de l’École des chartes, t. 153-1, 1995, p. 177-185 et pour la Bretagne : Coativy Yves, Aux origines de l’État breton. Servir le duc de Bretagne aux xiiie et xive siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019, particulièrement chap. ii.
7Lemesle Bruno, « L’enquête contre les épreuves : les enquêtes dans la région angevine (xiie-début du xiiie siècle) », dans Claude Gauvard (dir.), L’enquête au Moyen Âge, Rome, École française de Rome, 2009, p. 41-73, p. 60.
8Joinville Jean de, La Vie de saint Louis, éd. et trad. Nathalie Desgrugillers-Billard, Clermont-Ferrand, Paléo, 2002, 2e partie, § 1 et 3.
9Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, Fastes et malheurs de la Bretagne ducale, 1231-1532, Rennes, Ouest-France, 1982, p. 32.
10Le Goff Jacques, Saint Louis, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », 2013 (1996), p. 116.
11Saint-Denis Alain, Le siècle de Saint Louis, Paris, Presses universitaires de France, 1996, p. 59 et 60.
12Layettes du Trésor des chartes, Teulet Alexandre (éd.), t. II, no 2144 ; et La Borderie Arthur de, Histoire de Bretagne, op. cit., p. 324.
13Layettes du Trésor des chartes, t. II, no 2302, op. cit.
14Ibid., no 2319.
15Richard Jean, Saint Louis, Paris, Fayard, 1983, p. 111 et 112.
16Launay Vincent, « Les réseaux aristocratiques de la Bretagne septentrionale au prisme des enquêtes royales de 1235 », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2022/4, no 130, p. 7-26.
17Layettes du Trésor des chartes, t. II, no 2128, 2135 et 2136, op. cit.
18La Borderie Arthur de, Nouveau recueil d’actes inédits des ducs de Bretagne, xiiie et xive siècles, Rennes, Prost, 1902, no III à VII ; et Lémeillat Marjolaine, Les actes de Pierre de Dreux, duc de Bretagne (1213-1237), Rennes, Presses universitaires de Rennes/Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 2013, actes no 91 à 95.
19Painter Sidney, « Documents on the History of Brittany in the Time of St. Louis », Speculum, vol. 11, 1936, p. 470 et 471.
20Layettes du Trésor des chartes, t. I, no 1061, op. cit., p. 396-397.
21Ory René, « Enquête autour du document de 1237 concernant Chevré », s. d., Archives départementales [désormais : Arch. dép.] Ille-et-Vilaine, 2 J 478/3. Ce travail non publié a bénéficié de plusieurs collaborations, dont des transcriptions de Marthe Dulong et des traductions de M. Hervagault, ancien recteur de La Bouëxière, de [Guy] Devailly, Michel Duval, pour ce dernier les références suivront infra. Nous adressons nos plus sincères remerciements à André Corre et Bernard Leprêtre pour avoir porté à notre connaissance l’existence de ce fonds.
22Archer John, Une analyse du développement des pouvoirs des Ducs de Bretagne auprès de leurs vassaux (1203-1305), mémoire de maîtrise d’histoire, sous la direction d’Hervé Martin, université Rennes 2, 1996, dactylographié.
23Launay Vincent, Le roi en son duché. Étude sur les relations entre le roi de France et l’aristocratie de Bretagne (1199-1328), thèse en histoire médiévale, sous la direction de Florian Mazel, université Rennes 2, 2017 ; et Launay Vincent, « Les réseaux aristocratiques… », art. cité.
24Ils sont ici tous laïcs, ce qui diffère quelque peu des autres enquêtes, cf. Launay Vincent, « Les réseaux aristocratiques… », art. cité.
25Rigaudière Albert, « Conclusions », dans Thierry Pécout (dir.), Quand gouverner c’est enquêter. Les pratiques politiques de l’enquête princière (Occident xiiie-xive siècles), Paris, De Boccard, 2010, p. 533-578, p. 561.
26Launay Vincent, Le roi en son duché…, op. cit., p. 213.
27Au travail initial de Brand’Honneur Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes. Habitat à motte et société chevaleresque (xie-xiie siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2001, il faut ajouter de nombreux fonds aux Arch. dép. Ille-et-Vilaine ou à la Bibliothèque nationale de France [désormais : BnF] pour l’essentiel.
28Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 412, 1 F 506-9, 1 F 517, 1 F 561-2 et 4, ainsi que Geslin de Bourgogne Jules et Barthélemy Anatole de, Anciens évêchés de Bretagne. Histoire et monuments, t. IV, Paris, Dumoulin, 1855, no XXIII, LXVIII et XCIII (entre 1219 et 1240) ; Morice Pierre Hyacinthe dom, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, t. I, Paris, Osmont, 1742 [désormais : dom Morice, Preuves], col. 845 et 873 ; et Lobineau Guy-Alexis dom, Histoire de Bretagne, t. 2, Preuves & pièces justificatives, Paris, Muguet, 1707, col. 338.
29Layettes du Trésor des chartes, t. II, op. cit., no 2128, 2135 et 2136.
30La Borderie Arthur de, Histoire de Bretagne, op. cit., p. 320 et 321.
31Nous avons opté pour Robert de La Bouëxière et non Robert de La Bouessière, non loin de Combourg et cité en 1234 (BnF, ms fr 22325, fol. 527), principalement pour des raisons de proximité géographique entre La Bouëxière et Chevré.
32Voir en particulier : dom Morice, Preuves, t. I, col. 816.
33Brand’Honneur Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes…, op. cit., p. 268.
34Bertrand de Broussillon Amédée, La maison de Laval (1020-1605), étude historique accompagnée du cartulaire de Laval et de Vitré, Paris, 1895-1903, 5 vol., acte no 438 [d’après le Cartulaire de Vitré, acte no 89], Robert apparaît comme un proche d’André III de Vitré le renseignant sur la propriété de certaines terres.
35Brand’Honneur Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes…, op. cit., p. 265.
36BnF, ms fr 22325, fol. 232-233, 235-236 et Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 553.
37Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 553 (plusieurs actes).
38Bertrand de Broussillon Amédée, La maison de Laval (1020-1605)…, op. cit., acte no 438 et Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 927, 39.
39Brand’Honneur Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes…, op. cit., p. 260.
40Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 927, 22.
41Guillotin de Corson Amédée (abbé), Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, t. II, Rennes/Paris, Fougeray/Haton, 1880-1886, 6 vol., p. 728-733 ; et Guigon Philippe, « Rallion en La Bouexière : cimetière militaire ou nécropole paroissiale ? », dans Catherine Laurent, Bernard Merdrignac et Daniel Pichot (dir.), Mondes de l’Ouest et villes du monde. Mélanges en l’honneur d’André Chédeville, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1998, p. 67-83, p. 79-83.
42Un dénommé Henri de Gastines est cité en 1224 comme chevalier et donateur à l’abbaye de Savigny d’une terre à La Dorée (Mayenne), il n’est pas certain qu’il s’agisse du même homme, cf. Guilbaud Marguerite-Paule, « Catalogue des chartes mancelles de l’abbaye de Savigny conservées aux Archives nationales (1) », Annales de Bretagne, t. 69-3, 1962, p. 367-397, p. 391, acte no 90.
43Bertrand de Broussillon Amédée, La maison de Laval (1020-1605)…, op. cit., acte no 438.
44Cartulaire de Saint-Melaine de Rennes, suivi de 51 chartes originales, Reydellet Chantal, Chauvin-Lechaptois Monique et Bachelier Julien (éd.), Rennes, Presses universitaires de Rennes/Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 2015, acte no 207.
45Le cartulaire de la seigneurie de Fougères connu sous le nom de Cartulaire d’Alençon, Aubergé Jacques (éd.), Rennes, Oberthur, 1913, acte no 45 ; BnF, ms fr 22325, fol. 534 ; Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 507 et dom Morice, Preuves, t. I, col. 884, Maupillé Léon, « Notices historiques et archéologiques sur les paroisses du canton d’Antrain », Bulletin et mémoires de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, t. 5, 1867, p. 140-242, p. 189.
46Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 553 et Brand’Honneur Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes…, op. cit., p. 284.
47Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 927, 48 et Brand’Honneur Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes…, op. cit., p. 275.
48Brand’Honneur Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes…, op. cit., p. 269.
49« Chartes inédites concernant la Haute-Bretagne – xiie-xve siècles », Frédéric Joüon des Longrais (éd.), Bulletin et mémoires de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, t. 43-2, 1914, p. 225-263, acte no 6 ; Bertrand de Broussillon Amédée, La maison de Laval (1020-1605)…, op. cit., acte no 438 ; Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 927, 10. Le lien avec la famille Busson en Rannée n’est pas certain, cette dernière est proche du lignage de La Guerche, d’ailleurs Bernard fut emprisonné entre 1128 et 1138 par le seigneur de Vitré, Brand’Honneur Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes…, op. cit., p. 283 et Meuret Jean-Claude, Peuplement, pouvoir et paysage sur la marche Anjou-Bretagne des origines au Moyen Âge, Laval, Société d’archéologie et d’histoire de la Mayenne, 1993, p. 336-338.
50Le Boulch Matthieu, Rennes, fabrique et formes de la ville, 1420-1720, thèse de doctorat d’histoire, sous la direction de Gauthier Aubert et Pierre-Yves Laffont, université Rennes 2, 2020, p. 202, 203 et fig. 98 et 99.
51Bachelier Julien, Villes et villages de Haute-Bretagne. Les réseaux de peuplement (xie-xiiie siècles), thèse de doctorat d’histoire, sous la direction de Daniel Pichot, université Rennes 2, 2013, p. 329-331, 384 et 385.
52La Borderie Arthur de, Recueil d’actes inédits des ducs et princes de Bretagne (xie, xiie, xiiie siècles), Rennes, Catel, 1886, acte no CIX, p. 181 et 182 : « Noverint universi quod, pro plateis de feodo domini Andree de Vitreiaco sitis apud Redon’ quas dominus comes Britannie occupaverat per fossata sua de Redonis. »
53Meuret Jean-Claude, « La chasse et la forêt au second Moyen Âge en Haute-Bretagne. Pratiques et représentations de la seigneurie », MSHAB, t. XCIV, 2016, p. 335-373, p. 353-357.
54Sur les forestiers, cf. Meuret Jean-Claude, Peuplement, pouvoir et paysage…, op. cit., p. 461-467, ainsi que Lémeillat Marjolaine, « Quelques remarques sur la gestion des forêts ducales à la fin du Moyen Âge (xiiie-xve siècles) », MSHAB, t. XCIV, 2016, p. 375-392, p. 379-381.
55Guillotel Hubert, Actes des ducs de Bretagne 944-1148, Charon Philippe et al. (éd.), Rennes, Presses universitaires de Rennes/Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 2014, acte no 13 ; et Bachelier Julien, « Une dynastie épiscopale à la tête du diocèse de Rennes », à paraître.
56Poilpré Pierre, « Le prieuré et les origines du bourg de Livré-sur-Changeon », dans Elen Esnault (dir.), Livré-sur-Changeon, Ille-et-Vilaine, ZAC de l’Abbaye, rapport final d’opération de diagnostic, Cesson-Sévigné, Inrap Grand-Ouest, 2014, p. 147-204 ; et Beaumon Jérôme, Inventaire topographique, archéologique et architectural des prieurés des abbayes bénédictines ligériennes en Haute-Bretagne (xie-xiiie siècle), Saint-Malo, CeRAA, 2015, p. 23 et 24.
57Brand’Honneur Michel, « Origines (de la préhistoire au xiiie siècle) », dans Daniel Pichot et al. (dir.), Vitré, histoire et patrimoine d’une ville, op. cit., p. 21-37, p. 28 ; voir également Pichot Daniel, « Vitré xie-xiiie siècle. Naissance d’une ville », art. cité, p. 21-23.
58Dom Morice, Preuves, t. I, col. 731 ; voir également Brand’Honneur Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes…, op. cit., p. 119 et suiv.
59La Borderie Arthur de, Recueil d’actes inédits…, op. cit., acte no LXXIII, p. 138-140 : « Quenesquen et Larmor, sicut chiminum de Guarrandia tendit apud Sanctum Nazarium, omnia illa que sub via ex parte maris continentur remanserunt domino Andree cum Baz […]. » Voir également : Gallicé Alain, Guérande au Moyen Âge. Guérande, Le Croisic, le pays guérandais du milieu du xive au milieu de xvie siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 42 ; et Durandière Ronan (dir.), Guérande. Ville close, territoire ouvert, Nantes, Inventaire général du patrimoine culturel/Éditions 303, coll. « Cahiers du Patrimoine », 2014, p. 55.
60Recueil des actes de Philippe Auguste, roi de France, t. II, Delaborde Henri-Francois, Petit-Dutaillis Charles et Monicat Jacques (éd.), Paris, Imprimerie nationale, 1943, no 949, p. 541 : « Eisdem etiam damus ducentas libratas annui redditus in terra de Garrande […]. »
61Sur les chênes comme repères pour baliser les territoires, cf. Pichot Daniel, Le village éclaté…, op. cit., p. 242.
62La Borderie Arthur de, Recueil d’actes inédits…, op. cit., acte no LXXXI : « forestam Redonensem, sicuti est a Quercu Apodiata usque ad molendinum Horrici [ou Orrici], cum omnibus pertinentiis, videlicet, Altam Sylvam et Lelu et Limignon et Savaille ». Voir aussi : The charters of duchess Constance of Brittany and her family, 1171-1221, Everard Judith et Jones Michael (éd.), Woodbrigde, The Boydell Press, 1999, acte no Ae1 ; et Dom Morice, Preuves, t. I, col. 821.
63Dom Morice, Preuves, t. I, col. 935-939, part. 936 et Pocquet du Haut-Jussé Barthélemy, Les papes et les ducs de Bretagne. Essai sur les rapports du Saint-Siège avec un État, Spézet, Coop Breizh, 2000 (1928), p. 55.
64Coativy Yves, « La bataille de Châteaubriant (3 mars 1223) : un Bouvines breton ? », Le prince, l’argent, les hommes au Moyen Âge. Mélanges offerts à Jean Kerhervé, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008 p. 89-101.
65Lémeillat Marjolaine, Les actes de Pierre de Dreux…, op. cit., acte no 55 : « castrum novum situm un foresta nostras Redonensi ».
66Brand’Honneur Michel, « Origines (de la préhistoire au xiiie siècle) », art. cité, p. 29.
67Layettes, t. II, op. cit., p. 180a, no 2059 ; La Borderie Arthur de, Recueil d’actes inédits…, op. cit., no CIV ; et Levron Jacques, « Catalogue des actes de Pierre de Dreux, duc de Bretagne », MSHAB, 1930, p. 173-266, actes no 143-147, p. 231 et 232.
68La Borderie Arthur de, Histoire de Bretagne, t. 2, op. cit., p. 321.
69Lettre de G. de Wulward à l’évêque de Chichester, Royal and Other Historical Letters Illustrative of the Reign of Henry III, Shirley Walter Waddington (éd.), vol. 1, Londres, 1862, p. 377 et 378 : « Comes vero Britanniæ fuerat tunc apud Rednes cum comite Cestriæ et cum pluribus aliis de nostris, et proposuit dare obsidionem cuidam castro in Britannia quod vocatur Vitery ; et est castrum illud cujusdam nobilis et potentis de Britannia, videlicet Andreæ de Vytery, qui seditiose, domino suo prædicto comite relicto, adhæsit regi Franciæ. »
70Amiot Christophe, « Le château », dans Daniel Pichot et al. (dir.), Vitré, histoire et patrimoine d’une ville, op. cit., p. 59-71, p. 62 et Faucherre Nicolas, « L’enceinte urbaine », dans ibid., p. 72-81, p. 74-78. Pichot Daniel, « L’enceinte urbaine de Vitré, André III, le duc et le roi (deuxième quart du xiiie siècle) », ABPO, t. 130-2, 2023, p. 75-88.
71Pichot Daniel, Le village éclaté…, op. cit., p. 46.
72Corre André et Leprêtre Bernard, La motte castrale de Chevré. Commune de La Bouëxière (Ille-et-Vilaine), rapport de sondage archéologique, CERAPAR/SRA de Bretagne, 2012 ; Corre André et Leprêtre Bernard, Motte castrale de Chevré. La Bouëxière (Ille-et-Vilaine), étude du bâti lors de la restauration de la tour, annexe au rapport de prospection inventaire, CERAPAR/SRA de Bretagne, 2016 ; et Leprêtre Bernard et Corre André, « Le château à motte de Chevré à La Bouexière », Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine [désormais : BMSAHIV], t. 73, 2019, p. 85-115.
73Pichot Daniel, Le village éclaté…, op. cit., p. 97-99.
74La chapelle remonterait aux xie-xiie siècles, Delahaye François (dir.), La Bouëxière (Bretagne, Ille-et-Vilaine), chapelle de Chevré, diagnostic archéologique, Cesson-Sévigné, Inrap Grand Ouest, 2008.
75Brand’Honneur Michel, « Le lignage, point de cristallisation d’une nouvelle cohésion sociale. Les Goranton-Hervé de Vitré aux xie, xiie et xiiie siècles », MSHAB, t. 70, 1993, p. 65-87, p. 79 ; Pichot Daniel, Le village éclaté…, op. cit., p. 98 et 99.
76Martineau Jocelyn et Meuret Jean-Claude (dir.), Marcillé, Ille-et-Vilaine, Bretagne. Le château, rapport de prospection thématique, 2015, p. 65 ; Bachelier Julien, Villes et villages de Haute-Bretagne (xie-début xive siècle). Analyses morphologiques, Saint-Malo, CeRAA, 2014, respectivement p. 66 et 35.
77Michel Duval, à partir des sources écrites, estimait que la tour remontait aux années 1230-1240, Duval Michel, « Une fondation d’André de Vitré, la châtellenie de Chevré (1230-1240) », Bulletin archéologique de l’Association bretonne, 1980, p. 89-95 ; et Duval Michel, « Autour de la “vicomté de Rennes”, Rennes féodal », Bulletin et mémoires de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, t. 90, 1988, p. 47-61.
78Brand’Honneur Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes…, op. cit., p. 33 ; Amiot Christophe, « Le château d’Aubigné et les châteaux à motte avec construction de pierre en Bretagne », Bulletin et mémoires de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, t. 96, 1994, p. 37-88, p. 48, 63 et 64 ; Corre André et Leprêtre Bernard, « La château à motte de Chevré à La Bouëxière », BMSAHIV, t. 123, 2019, p. 106-108.
79Ibid.
80Bachelier Julien, Villes et villages de Haute-Bretagne…, op. cit., p. 29 et 30.
81S’il faut effectivement tenir compte des siècles d’écart entre les textes et le cadastre de 1826, il semble que certaines formes parcellaires puissent remonter au Moyen Âge central.
82Ibid., p. 44 et sur la chapelle : Delahaye François (dir.), La Bouëxière…, op. cit.
83Corre André et Leprêtre Bernard, « La château à motte de Chevré à La Bouëxière », art. cité, p. 112.
84Brand’Honneur Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes…, op. cit., p. 22 et 44.
85Ibid., p. 174 et 265. Et pour l’hommage d’Alain d’Acigné : « Acte 3427 », dans Pierre Bauduin (dir.), SCRIPTA. Base des actes normands médiévaux, Caen, CRAHAM-MRSH, 2010-2019, [https://www.unicaen.fr/scripta/acte/3427], consulté le 17 mars 2023.
86Chédeville André, « La “guerre des bourgs”. Concurrence châtelaine et patrimoine monastique dans l’Ouest de la France (xie-xiie s.) », dans L’homme et son espace (900-1350). Études offertes à Robert Fossier, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995, p. 501-512.
87Ibid., p. 506.
88Ibid., p. 512.
89La Borderie Arthur de, Recueil d’actes inédits…, op. cit., acte no CVIII : « de mercato de Sancto Albino, quod nos statueramus ad diem Martis, qua die mercatum de Chevreio erat ab antiquo, nos removebimus illud mercatum ad alium diem, ita quod de cetero ad diem Martis apud Sanctum Albinum mercatum non erit ».
90Barthélemy Dominique, « Qu’est-ce que la chevalerie en France aux xe et xie siècles ? », Revue historique, vol. 587-3, 1993, p. 15-74, p. 35 et suiv.
91Barthélemy Dominique, La société dans le comté de Vendôme de l’an mil au xive siècle, Paris, Fayard, 1993, p. 724-735.
92Selon l’expression de Barthélemy Dominique, « La théorie féodale à l’épreuve de l’anthropologie (note critique) », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 1997-2, p. 321-341, p. 329.
93Boutoulle Frédéric, Le duc et la société. Pouvoirs et groupes sociaux dans la Gascogne bordelaise au xiie siècle, 1075-1199, Pessac/Paris, Ausonius/de Boccard, 2007, p. 261.
94Lalou Élisabeth, « L’enquête au Moyen Âge », Revue historique, 2011/1, no 657, p. 145-153, p. 152.
95Corre André et Leprêtre Bernard, « Le château à motte de Chevré à La Bouëxière », art. cité, p. 112. Pour Acigné, Babin Buisson apporte une précision : « De dampnis domini Alani dixit quod domus ejus ut credit combusta fuit in guerra et molendina et burgum, sed molendina et burgum refacta fuerunt et postea combusta in treuga. » On retrouve effectivement la trace de moulins à Acigné en 1263.
96Hilaire Jean, La construction de l’État de droit dans les archives judiciaires de la cour de France au xiiie siècle, Paris, Dalloz, 2011 ; et Dejoux Marie, Les enquêtes de Saint Louis. Gouverner et sauver son âme, Paris, Presses universitaires de France, 2014.
Auteur
Université de Bretagne occidentale, CRBC (EA 4451/UMS 3554).
Julien Bachelier est PRAG.

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