Annexe VII
p. 287-288
Texte intégral
Lettre de Jacques-Antoine Coquille d’Alleux adressée au département, 28 novembre 1791, ADML, 1 L 364, 28 novembre 1791
[En marge :] « Scavoir décidement de la municipalité si le curé peut retourner en sûreté et quelle cause risque de se rendre responsable dudit événement et dire aussi à Mr Coquille que je pense qu’il seroit bien de retourner et que le décret [illisible] en impose aux réfractaires. »
« Chalonnes, le 28 novembre 1791,
Je suis toujours à Chalonnes en attendant les ordres du département ; la commune de Beaupréau ne voulant pas m’assurer ma tranquillité sur sa responsabilité, je n’ai pas cru devoir m’exposer à la fureur du fanatisme qui se fortifie de jour en jour dans les Mauges ; Beaupréau devenant surtout le repaire des prêtres non assermentés. Inutilement j’ai tout mis en usage pour déterminer les officiers municipaux à soliciter mon retour. Leur démission et le refus que font les citoyens de cette commune d’accepter les pénibles fonctions au moment que le mal est à son dernier période [sic]. Je le crois d’autant plus aisément que Messieurs les administrateurs du district de St Folrent n’ont pas encor osé prendre sur eux de faire fermer les portes de St Martin paroisse réunie à Notre Dame de Beaupreau quoique j’aye témoigné plusieurs fois par écrit le désir que j’avois que cette opération fut faite avant mon retour.
Que vous dirai-je, Monsieur, si ce n’est que le parti est pris de massacrer tous les intrus pour me servir de l’expression d’une aristocrate de Mont-jean. Les processions qui se continuent avec une ardeur inconcevable semblent assez nous présager ce malheur. Je crains fort que ces pieux fanatiques ne renouvellent les horreurs de la St-Barthélémi. Les Croisiers alloient avec moins d’ardeur pour conquérir la terre sainte qu’ils ne vont prier un chêne pour conquérir les prêtres réfractaires. Dimanche dernier, il y avoit encor plus de quatre mille personnes à Bourgneuf. L’église de cette paroisse avoit été fermée comme étant réunie à St Laurent mais les pèlerins ont trouvé le moyen de la faire ouvrir pour faciliter à leurs prêtres les moyens de commettre de nouveaux sacrilèges en sacriffiant un dieu de paix dans l’intention barbare de faire égorger leurs frères. A chaque procession qui arrivoit on sonnoit les cloches, et si les paroisses circonvoisines veullent arrêter les processions on les menace de mettre le feu. Voilà Monsieur au rapport des voyageurs la triste position des Mauges dont Beaupréau est la capitale. Vous aviez eu la complaisance d’écrire à la municipalité que si elle ne m’envoyoit pas chercher qu’on leur envoyroit cent hommes de troupe il semble que les menaces ne les étonnent pas et que les engagements que je leur ai fait faire par le district de Saint Florent les touchent peu. Je crois qu’il est temps de faire respecter la loi et de mettre les prêtres assermentés sous la sauvegarde. Pour y réussir je pense qu’il faut la force armée, et ordonner la poursuite des outrages que j’ai essuyé, ainsi que des sotises dont on m’a accablé pendent trois mois que j’ai resté à mon poste surtout depuis l’amnistie. Le procès verbal se trouvant certiffié il ne peut en résulter aucun inconvénient ; d’ailleurs je ne manquerai pas d’autres témoins : les marchans de Chalonnes qui vont tous les lundis à Beaupréau déposeront ce qu’ils ont vu et entendu à la première réquisition qui leur en sera faite. Si nous n’avons pas de fermeté il faut renoncer à la paix.
J’ai l’honneur d’être avec respect, Monsieur,
Votre très humble très obéissant serviteur Coquille curé constitutionnel de Beaupreau. »
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