À la recherche des actes princiers de René d’Anjou (1434-1480) dans les fonds patrimoniaux angevins
Jean-Michel Matz et René d’Anjou : les chemins de l’historien
p. 329-342
Texte intégral
1Tout au long de sa carrière, Jean-Michel Matz n’a eu de cesse de faire la part belle aux archives angevines et d’aiguiller ses étudiants à la découverte de celles-ci. Mais dans ses recherches, ses sujets de prédilection ont d’abord porté sur l’histoire religieuse du diocèse d’Angers durant les derniers siècles du Moyen Âge1. La richesse des fonds ecclésiastiques conservés y était pour beaucoup. De très beaux instruments de travail lui servaient alors de conducteurs : en 1880, l’archiviste Célestin Port avait publié les 2 825 articles de la série G, consacrée au clergé séculier, organisés suivant l’ordre précis de la hiérarchie ecclésiastique : évêché et établissements rattachés, séminaires, chapitres et cures2. Cet inventaire reste aujourd’hui encore l’outil de référence de cet ensemble, qui s’avère de premier ordre malgré la disparition du chartrier du chapitre Saint-Maurice d’Angers, détruit à la Révolution. Un supplément à cet inventaire, complément désormais indispensable à la connaissance de ces fonds, décrit par ailleurs les nombreux documents versés ou acquis depuis cette publication3, parmi lesquels des sources majeures comme le Cérémonial de l’Église d’Angers du chanoine Lehoreau4. Concernant le clergé régulier, l’abondance est plus grande encore. Célestin Port avait fait paraître en 1898 le résultat de son travail de classement de la première partie de cet immense ensemble, comprenant les chartriers des abbayes Saint-Aubin, Saint-Nicolas, Saint-Serge et Toussaint à Angers, ainsi que les archives de huit autres établissements situés en Anjou, dont l’importante abbaye de Saint-Maur-sur-Loire5. Les répertoires des autres fonds sont publiés successivement au cours du xxe siècle par Marc Saché6 et Jacques Levron7.
2C’est donc en prenant appui sur sa connaissance approfondie des archives ecclésiastiques angevines que Jean-Michel Matz est ensuite conduit à aborder des thèmes de recherche plus profanes. En s’intéressant au rôle joué par les ecclésiastiques dans le gouvernement des deux dynasties princières angevines, entre la fin du xiiie siècle et la fin du xve siècle8, il contribue, entre autres, largement, au renouvellement des études sur la pratique du pouvoir dans la principauté9.
3Cet intérêt porté aux carrières du clergé angevin et à l’histoire locale l’a mené à côtoyer la figure emblématique de René d’Anjou (1409-1480). À plusieurs reprises, il avait coordonné les travaux des chercheurs et acteurs du patrimoine angevin sur le sujet. Leurs recherches avaient notamment conduit à la publication d’un ouvrage centré sur les pouvoirs et le gouvernement de René d’Anjou (1409-1480)10, mais aussi sur le lien entre le prince et tous ses États11. Dans la préface de ce dernier ouvrage, Jean-Michel Matz et Élisabeth Verry notaient à juste titre que la mémoire du roi René restait profondément inscrite dans les territoires qu’il avait administrés. En Anjou les châteaux d’Angers, de Saumur, de Baugé ainsi que ses innombrables logis portent encore aujourd’hui les marques de son passage12.
4Pourtant, les documents autographes, titres princiers et autres archives de la pratique consultables sur place se font plutôt discrets. Le récolement des actes du roi René réalisé dans les inventaires des différents centres d’archives à l’échelle du département de Maine-et-Loire ne comptabilise à ce jour qu’une trentaine de documents signés de sa main ou émanant directement de sa volonté, qu’il a paru utile de détailler tant les sources de l’action de ce prince sont aujourd’hui dispersées13.
Le roi René en Anjou, un prince « intermittent »
5En effet, aucune recension exhaustive n’avait été faite, à ce jour, des actes de René d’Anjou conservés dans les fonds d’archives de Maine-et-Loire. Cette situation peut surprendre, alors que la bibliographie consacrée à ce prince, symbole aujourd’hui encore de l’identité angevine, est extrêmement développée et que les recherches tant sur son personnage, ses domaines, son entourage ou encore la dynastie à laquelle il appartient ont pris dans ces dernières décennies une ampleur toute particulière, et un développement international.
6La clé de la dispersion des sources, et de cette approche fragmentée qui est celle de leur recherche dès que l’on aborde l’histoire de cette période de la dynastie angevine, se trouve dans le déroulement même de la vie de René, prince d’une longévité importante (1409-1480), investi en peu d’années de l’ensemble de l’héritage de sa dynastie (1430-1434), tant à l’est (Bar, Lorraine) et dans l’ouest (Anjou et Maine), que dans le sud (Provence) et hors de France (Italie, Espagne) pour ne pas parler des prétentions héréditaires (Jérusalem). Tentant de conserver à sa Maison ces héritages, il doit ferrailler en permanence tant militairement que diplomatiquement, quelquefois heureux dans les conflits mais le plus souvent en échec, ses objectifs personnels entrecroisés avec ceux de la monarchie française, elle-même confrontée dans la première moitié du siècle aux périls les plus extrêmes. C’est dire la difficulté de sa tâche, que l’on oublie trop souvent pour l’en retenir que l’épilogue final de sa retraite provençale qui signe l’abandon de toutes ses ambitions.
7Car René réside assez peu en Anjou : Jean-Michel Matz le rappelle en ouverture de l’excellent chapitre qu’il consacre au bilan angevin de son règne14 : hormis les années d’enfance, de sa naissance le 16 janvier 1409 au château d’Angers à son départ le 23 juin 1419 pour la Lorraine, il ne passe en Anjou qu’une quinzaine d’années sur les quarante-six que compte son règne, et qui plus est, de manière intermittente. Il n’est pas sans intérêt d’en détailler les principaux passages : en 1437, il est investi de l’apanage depuis trois ans déjà, lorsque l’élargissement de sa captivité à Dijon lui permet de venir faire enfin son entrée dans sa capitale à Angers. Mais il y reste peu, happé par le conflit napolitain, puis par la nécessaire consolidation de la situation des domaines lorrains. Après le mariage de sa fille Yolande avec Ferry de Vaudémont en 1444, il est à nouveau présent en Anjou, d’octobre 1445 à janvier 1447. C’est à ce moment, en juin 1446, que se place la tenue du célèbre « Pas du Perron », qui voit dans la plaine de Launay près de Saumur, dans un majestueux décor de bois dressé pour l’occasion, des joutes chevaleresques se dérouler quarante jours durant15. Mais René est vite repris par les enjeux politiques : malgré le mariage de sa fille Marguerite avec Henri VI d’Angleterre, la guerre franco-anglaise le mobilise à nouveau aux côtés de Charles VII jusqu’en Normandie. Il revient en Anjou en fin d’année 1449, et y effectue alors un séjour de quelques années, seulement interrompu par un aller-retour en Provence au printemps 1452, et une brève et infructueuse campagne napolitaine en 1453-1454. C’est pendant cette période que disparaît Isabelle de Lorraine et qu’il choisit en Anjou sa seconde épouse, Jeanne de Laval, qu’il épouse le 10 septembre 1454. Après une nouvelle expédition infructueuse à Gênes en 1460, il revient à nouveau en Anjou qu’il ne quittera plus jusqu’à son départ pour la Provence en 1471, excepté pour un voyage d’une année en Lorraine et un autre, de même durée, en Provence. C’est à cette période, en 1462, qu’il promulgue lors des Grands Jours d’Anjou une nouvelle rédaction des Coutumes, réunies sous la direction du sénéchal Jean de Beauvau16.
8Malgré cette itinérance, il est manifeste que René porte une attention constante à l’administration de l’apanage. Compte tenu de l’ancienneté de la principauté angevine, des institutions sont d’ailleurs en place pour garantir et servir cette prise en main, avec rigueur et dans le respect des coutumes qui en fondent le droit local. La première de ces instances est le Conseil ducal, auquel René assigne de tenir deux séances hebdomadaires à Angers, qu’il soit présent ou non. Il y est directement représenté par le Sénéchal d’Anjou, aux prérogatives larges, mais dont les pouvoirs judiciaires sont peu à peu transférés à un « Juge ordinaire d’Anjou et du Maine ». Une Chancellerie d’Anjou, tenue par des ecclésiastiques, assure la conservation des actes et la garde des Sceaux. Une seconde instance d’importance est la Chambre des comptes d’Anjou. Mentionnée dès 1368, créée par Louis Ier d’Anjou à l’image de la Chambre royale, elle est la gardienne du domaine ducal, de ses droits et revenus, régule l’installation des officiers et assure la police des métiers. Les gens des comptes siègent chaque jour non chômé dans un logis situé près du château d’Angers.
9On le voit, malgré le mouvement perpétuel qui caractérise le quotidien du prince angevin, des initiatives ont été prises, tant par ses prédécesseurs que par lui-même, pour assurer une cohérence et un suivi des actes portant témoignage de la gestion et de l’administration de l’apanage. Il est donc temps, désormais, d’en découvrir les différentes traces.
Les actes de René d’Anjou conservés dans les services d’archives en Maine-et-Loire
Archives départementales : les fonds ecclésiastiques
10Les Archives départementales de Maine-et-Loire détiennent la majorité des actes princiers émanant de René d’Anjou conservés en Anjou. Sans surprise, compte tenu de la richesse de leur contenu et de l’attention qui leur a été portée par les archivistes depuis plus d’un siècle, ce sont les fonds ecclésiastiques qui en dénombrent le plus. Les questions domaniales et seigneuriales sont au cœur des échanges entre le prince et la communauté ecclésiastique angevine. Les actes témoignent des nombreux points de rencontre entre la gestion du domaine princier d’une part, et d’autres, celle du temporel de l’évêque d’Angers ou des abbayes et couvents implantés en Anjou. Le mouvement de leurs biens et la reconnaissance des droits comptent parmi les thématiques les plus représentées.
11Concernant le clergé séculier, la série G conserve ainsi une lettre de René d’Anjou adressée au chapitre Saint-Maurice portant mandement à son receveur de payer 40 lb. t. de rente pour le loyer de la maison de la Chartre, transformée alors en prison (22 juin 1474)17. Une autre lettre conservée dans le fonds du Séminaire d’Angers aborde avec le vicaire perpétuel du chapitre Saint-Jean-Baptiste la question de la propriété d’une maison (14 janvier 1443)18. Le problème de leurs droits s’étend bien souvent au domaine fiscal. Le même chapitre présente quelques années plus tard au roi de France une lettre patente signée de la main du duc d’Anjou les déchargeant du droit de francs fiefs (8 avril 1466), pour preuve de leur exemption du paiement de ce droit19.
12La série H renferme elle aussi certains actes témoignant des nombreuses transactions entre le prince et le clergé régulier. Des lettres d’indemnité avaient ainsi été accordées par René à l’abbaye Saint-Serge d’Angers en raison d’un échange consenti avec le seigneur de Beauvau (1457)20. De manière générale, ces actes révèlent la grande libéralité du duc d’Anjou. René octroie « deux arches et demies avecques les voies et appartenances d’icelles sur les grands ponts » d’Angers au marchand Guillaume de La Fremière (1441)21 et enjoint plus tard Jean Alardeau, receveur ordinaire du duché, de payer au chapitre de Saint-Maimboeuf la somme de 100 lb. t. (1462)22. Sa générosité lui permet de récompenser sa clientèle et d’entretenir ainsi la fidélité des élites angevines dans leur ensemble. Cette libéralité est rendue d’autant plus nécessaire que les derniers affrontements de la guerre de Cent Ans et ceux amenés par la rivalité des princes continuent de ravager l’Anjou tout au long du xve siècle. La fortification des places fortes, prérogative souveraine du duc, demande une autorisation spéciale sous forme de lettres patentes que le prince octroie volontiers aux établissements religieux soucieux de préserver leurs biens des conséquences de ces conflits. Le 27 septembre 1437, Jean Barbe, prieur des Alleuds, obtient la fortification de son prieuré pour « y faire murailes crénelées et autres barbecannes, pons levis et fousséz, en manière qu’elle soit deffensable23 ». Quelques années plus tard, c’est au tour du chapitre de Blaison d’en demander le privilège (17 janvier 1445)24.
13Cette prodigalité nourrie atteste du profond attachement de René d’Anjou envers les établissements ecclésiastiques angevins. Cette dévotion s’explique en partie grâce au rôle important joué par ces derniers dans l’exaltation de la mémoire dynastique princière. La célébration des messes anniversaires occupe une place de choix dans la correspondance du prince. Le 24 avril 1459, il adresse un mandement à la Chambre des comptes d’Angers reconnaissant le droit revendiqué par les moines l’abbaye Saint-Florent-de-Saumur de célébrer chaque année des messes anniversaires pour sa sœur et sa compagne, Isabelle25. Cette préoccupation devient de plus en plus pressante à la fin de son règne. En 1474, le chapitre Saint-Maurice d’Angers reçoit une lettre de René d’Anjou mandant à son receveur de payer 600 lb. t. de rente pour deux anniversaires (22 juin 1474)26.
14L’entente qui semble caractériser les relations entre le prince et le clergé angevin vaut également pour les questions judiciaires. Plusieurs actes montrent le recours des ecclésiastiques à la justice ducale dans le règlement de conflits inhérents aux droits seigneuriaux. C’est ainsi qu’une lettre de René d’Anjou maintient le prieur de Chênehutte dans son droit d’« épaves mobiliaires » contesté par le curé du même lieu (28 janvier 1449)27. Par un mandement adressé à l’un de ses sergents, le prince oblige également Guillaume Branlard, curé de Dénezé, et ses paroissiens à reconnaître les droits du sacriste Jacques Fresnaye (7 janvier 1456)28.
15Enfin, l’ingérence de René dans la vie canoniale et dans la nomination aux bénéfices ecclésiastiques se fait sentir dans les archives ecclésiastiques. Le 9 septembre 1458, le duc d’Anjou maintient ainsi, à l’encontre de frère Étienne Pesnyn, le prieur Guillaume Jouin en la possession des revenus, prérogatives et honneurs de son office à l’abbaye Saint-Serge d’Angers29. Il adresse également un mandement aux conseillers de la Chambre des comptes afin de notifier au chapitre Saint-Laud les lettres de vicariat accordées par lui à Pierre Donnel, son chantre et chapelain pour la première prébende vacante (28 novembre 1472)30.
Archives départementales : les fonds de familles, de seigneuries, de métiers
16Mais les archives ecclésiastiques ne sont pas les seules à laisser apparaître la volonté du prince. Les archives seigneuriales, les titres de famille et de communautés d’habitants (série E), ainsi que les archives privées (série J) livrent également un certain nombre d’actes, qui reflètent ses relations avec la société civile. Là encore, les questions domaniales et de droits seigneuriaux occupent la majeure partie des échanges conservés.
17Outre différents aveux présentés à René d’Anjou31 et titres accordés par lui32, notamment en matière de fortification33, on retrouve à nouveau divers exemples de sa libéralité. Il accorde à Pierre Chabot, marchand, un droit de garenne sur ses terres (7 mai 1453)34, et à Jean Le Coullu, l’autorisation d’établir un moulin à drap sur le déversoir de l’étang de Baugé (20 octobre 1447)35. L’attention portée aux particuliers s’attache également progressivement aux métiers. Ainsi, le duc d’Anjou établit par lettres patentes les statuts de la corporation des cordonniers d’Angers et de Saumur (1466)36, puis des seuls bouchers de Saumur (1469)37.
18L’intervention du pouvoir princier se fait enfin sentir au niveau des alliances matrimoniales contractées par les familles de la noblesse angevine. René d’Anjou octroie des lettres patentes au profit de François de Montberon, seigneur de Maulévrier, contre Jean de Malestroit, seigneur d’Oudon, lui garantissant la somme des deniers dotaux de Catherine de Montberon38.
Les archives communales
19Angers et Saumur sont, au xve siècle, les deux seules agglomérations notables du duché, Saumur obtenant ses premières franchises en 1466 et Angers voyant reconnaître sa mairie en 1474. Aux archives municipales d’Angers, les comptes de la Cloison, impôt municipal perçu pour financer les fortifications de la ville, forment une série continue de plus de 69 états comptables répartis entre 1367 et 1481. Couvrant l’ensemble du règne de René d’Anjou, ils contiennent de nombreuses copies d’actes adressées par le prince aux officiers municipaux ou au personnel de son administration encadrant la perception de cette fiscalité. Chacun des comptes s’ouvre par la copie de la lettre de nomination fournie par le duc au receveur de la Cloison39. Cet ensemble reste aujourd’hui l’une des plus riches sources permettant d’analyser le fonctionnement de l’administration princière au niveau local. Pour Saumur, au-delà des quelques actes cités plus haut (notes 20 et 37), mentionnons une copie moderne des lettres de provisions de capitaine et garde des châteaux et ville de Saumur, faites par René d’Anjou pour Guy de Laval, sieur de Loué et de Benais (1446) conservées dans les fonds d’archives des communes aux Archives départementales de Maine-et-Loire40. Enfin, pour Baugé, une trace de l’importance que revêt la gestion des eaux de rivières.
Les archives d’Anjou aux Archives nationales
20L’énumération de ces actes, bien que limitée, donne à voir la diversité des archives émanant de l’administration du prince et l’étendue de leur contenu. Mais un constat s’impose, devant ce paysage éclaté : il ne peut constituer que l’infime partie des actes d’administration réalisés, et reflète pour la plupart une « correspondance passive », c’est-à-dire un exemplaire de l’acte conservé par le bénéficiaire et non par l’émetteur. Une interrogation s’impose alors : que sont devenus les Titres de la Maison d’Anjou et le reste des documents de la pratique ? Que sont devenues les archives de la Chancellerie d’Anjou ?
21En réalité, les archives angevines, et à plus forte raison celles concernant le règne de René d’Anjou, ne sont plus conservées en Anjou depuis la fin du xve siècle. L’explication se trouve dans le contexte politique troublé de la fin du xve siècle41. La reconquête de l’apanage d’Anjou-Maine par le roi de France avait débuté dès l’avènement de Louis XI (1461) par une série d’incursions dans la gouvernance du duché, culminant avec la saisie temporaire de l’Anjou et du Maine entre 1474 et 1476. À la mort de René d’Anjou (9 juillet 1480), le titre de duc d’Anjou appartient toujours brièvement à la dynastie angevine, en la personne de Charles V, comte du Maine et de Guise (1472-1481). À la mort de ce dernier, le 10 décembre 1481, le roi de France acquiert la plénitude de ses droits sur les possessions angevines et la légitimité politique associée au rattachement de l’apanage. Afin de préparer le retour de ces territoires dans l’escarcelle royale, Louis XI cherche, quelques jours seulement après l’annonce du décès de Charles V, à réunir l’ensemble des titres relatifs au duché d’Anjou et au comté du Maine. Les archives princières étaient alors conservées au château d’Angers, dans les salles hautes du portail tourné vers la ville. Elles étaient confiées à la garde de l’intendant du château ainsi que des officiers de la Chambre des comptes d’Angers. Ces derniers, occupant un bâtiment situé en face de l’entrée, avaient la charge de veiller à la sécurité de l’ensemble des archives relatives à l’administration ducale.
22Dès le 19 décembre 1481, Louis XI charge deux angevins comptant parmi ses proches conseillers, Antoine de Beauvau, chambellan du roi et président de la Chambre des comptes de Paris, ainsi que Jean de La Vignolle, doyen de l’Église d’Angers et président déchu de la Chambre des comptes d’Angers, de se rendre dans les locaux de la Chambre afin de « sercher et faire sercher […] et par touz les autres lieux où ilz pourront recouvrer quelques tiltres et autres pieces et memoires qui nous pourront servir touchant le droit que nous et ceulx de la maison d’Aniou ont en ladite conté42 ». Les gens des comptes sont alors contraints de leur ouvrir sur place les armoires « et autres lieux de nostredite chambre » et de les aider à mettre le contenu de ses pièces « par memoire et leur baillez le double43 ».
23Le motif politique du transfert des archives princières revêt ici un caractère évident. Il devait conduire au rapatriement définitif des fonds conservés à Angers au sein du Trésor des chartes et dans les archives centrales de la Chambre royale à Paris. Ce rapatriement s’inscrit dans l’immédiateté d’un agenda politique qui trahit l’urgente nécessité d’une réappropriation de la mémoire administrative de l’apanage44. Les enjeux politiques et juridiques associés au monopole des archives sont constamment réactivés par le pouvoir royal. Le 18 janvier 1482, les gens des comptes d’Angers commandent aux officiers de Loudun l’inventaire de « touz et chacuns les adveuz, declaracions, proces, pappiers, quaternes, enquestes, remembrances » de leur ressort selon les instructions délivrées par le roi de France, désirant recevoir en la Chambre des comptes de Paris « tous les papiers des sénéchaux, baillis et châtelains, procureurs, receveurs et greffiers du pays d’Anjou45 ». Louis XI renouvelle ses requêtes quant à la communication des archives angevines, comme le 25 juillet 1483, où il charge le doyen d’Angers, Jean de La Vignolle, de lui procurer « les letres et enseignemens que avez touchant le fait de Prouvence, Loraine et Barroys46 » conservées par la Chambre.
24Après le rattachement définitif de l’apanage, le traitement des archives ducales est confié à la Chambre des comptes de Paris. Leur transfert débute au mois de février 1485 par l’intermédiaire de deux officiers dépêchés sur place, Imbert Luillier et Jean Guillart, clercs des comptes. Ces derniers réalisent un premier inventaire en mai 1487 dont la trace a été perdue. Le reste des archives angevines ne fut amené qu’en 1492 par le maître-auditeur Léonard Baronnat et le clerc des comptes Guillaume de Sailly. Cette dernière partie, beaucoup plus volumineuse (environ 60 liasses), fut inventoriée en détail par Michel Tambonneau, conseiller et maître-ordinaire des comptes durant l’année 1541. Ce registre constitue aujourd’hui aux Archives nationales la cote PP 3347. L’ensemble du fonds angevin est alors intégré aux archives royales et remplit à lui seul treize armoires installées dans une salle de la Chambre des comptes de Paris, qui porta depuis lors le nom de Chambre d’Anjou.
25L’histoire complète des conséquences de la réunion des archives angevines aux archives royales reste encore à écrire, pour en permettre l’exploitation avec précision et exhaustivité. Les instruments de recherche pour naviguer dans ces sources majeures sont peu détaillés et, pour certains, encore confidentiels48. Outre l’ensemble constitué par les archives de la Chambre des comptes (série P), un certain nombre de documents concernant l’Anjou se trouvent conservés dans d’autres séries, notamment au sein du Trésor de chartes (série JJ), de la comptabilité, (série KK), des domaines apanagés (série R) et des séries judiciaires (séries X et Z). De nombreux historiens, tant au xixe qu’au xxe siècle se sont tournés partiellement vers ces ressources sans pour autant en épuiser le contenu. La puissante thèse de Michel Le Méné, professeur d’histoire médiévale à l’université de Nantes49, publiée en 1982, déclinée par les nombreux mémoires soutenus sous sa direction, constitue le premier travail scientifique de grande ampleur faisant appel à ces sources devenues alors plus accessibles à distance grâce à la circulation de microfilms.
26De ces sources parisiennes, Jean-Michel Matz n’ignorait ni l’ampleur, ni l’importance. Un de ses derniers grands chantiers de travail avait été d’entreprendre avec le projet ANR Europange une vaste opération de numérisation visant à permettre une consultation facilitée des archives par numérisation. L’opération, portée par le laboratoire CERHIO50 de l’université d’Angers, a été conduite jusqu’à son terme, et a mis à la disposition des chercheurs une partie des « Titres d’Anjou » rassemblés dans la série P : « Chambre des comptes et comptabilités ». L’échantillonnage a ciblé plus de 300 articles répartis entre les séries P et KK. Ils couvrent une période très large s’étendant entre les années 1262 et 1541. Les cotes P 1334 à P 1343 contiennent une série de titres et de pièces justificatives retraçant les droits de la seconde Maison d’Anjou dans l’apanage (fondation, recensions des terres et des vassaux), mais aussi sa politique lignagère (testaments et alliances matrimoniales). On retrouve également toute une série de documents de la pratique, avec les archives de la Chambre des comptes d’Angers, un registre du Conseil, de la chancellerie, les comptes des Hôtels princiers et également un registre des expéditions de la Chambre des comptes du Mans (P 1343)51. Enfin, de nombreux actes reflétant les politiques fiscale et domaniale des princes angevins ont été sélectionnés, en particulier ceux illustrant les mouvements des biens ducaux (dons, ventes, baux, acensements, rentes, etc.), le suivi des affaires judiciaires, l’octroi ou les exemptions d’impôts et de privilèges ou bien la fondation de messes anniversaires.
27Décrire les actes princiers conservés en Anjou n’est qu’une contribution très partielle au projet d’un édifice plus vaste, qui serait la constitution d’un état des sources de la seconde Maison d’Anjou, dont René est le dernier mais non le moindre représentant. Une telle entreprise est-elle possible ? On peut en rêver, au moins pour les sources conservées en France. Outre les fonds des Archives nationales, déjà citées, de Maine-et-Loire et peut-être de la Sarthe, il faudrait consulter les riches archives de Meurthe-et-Moselle, celles des Bouches-du-Rhône, et dans une moindre mesure celles du Vaucluse, d’autres encore sans doute. Cette approche permettrait de redonner, à travers le temps long de l’histoire, une unité à un héritage multiple qu’un prince français a tenté de toutes ses forces de préserver, dans une lutte inégale face à la volonté du roi de France et aux paradigmes nouveaux de la fin du xve siècle. Cette tension entre intérêts domaniaux et nationaux, entre monde ancien et monde nouveau, Jean-Michel Matz l’avait parfaitement perçue, qui écrivait : « Aucun prince angevin, et René sans doute moins que les autres, ne s’est trompé sur l’appartenance de l’Anjou à la communauté française. Dans le même temps, les ducs apanagés ont eu la conscience de former une lignée spécifique dont les malheurs et les échecs ont contribué à forger la mémoire collective en rattachant davantage le pays à l’aura de ses grands ancêtres52. » Que l’Anjou, malgré les aléas de l’histoire, en conserve quelques traces n’est, somme toute, que justice.
Annexe
Annexe 1. Pièce justificative
Archives départementales de Maine-et-Loire, G 944. Mandement adressé par le roi René aux conseillers de la Chambre des comptes d’Angers, afin de notifier au chapitre de Saint-Laud les lettres de vicariat accordées par lui à Pierre Donnel, chantre et chapelain de sa chapelle, pour la première prébende vacante en ce chapitre. Aix-en-Provence, 28 novembre 1472, signature autographe de René d’Anjou.
De par le Roy de Sicile, etc.
A Nos amez et feaulx, ainsi que ja vous est apparu ou pourra apparoir, nous avons consenty et octroyé nos lettres de vicariat a notre bien amé chantre et chapelain de notre chapelle messire Pierres Donnel, a la première prebende vacant en l’une de nos eglises de Saint Lau ou Saint Martin après la provision du filz du juge de notre pais d’Aniou, et de Thibault de Henault, lesqueulx entendons et voulons estre les premiers pourveuz, c’est assavoir ledit de Henault a Saint Martin et ledit filz du juge a Saint Lau, lequel comme avons sceu a puis naguere esté pourveu a ladite prebende de Saint Lau par le trespas de feu Lenfent, esquelles nos lettres de vicariat vous avons et chacun de vous nommez et esleuz nos vicaires quant a ce faire. Et pour ce que voulons icelles nos lettres de vicariat avoir et sortir leur plain effect selon leur teneur, vous avons bien voulu escrire et avertir de notre voulenté en ceste matere, en vous mandant et au premier de vous qui par ledit Donnel ou son procureur sera requis, vous transporter personnelment devers les doiens et chappitres de nosdites eglises a jours et heure de leurs chappitres, ausqueulx voulons et vous ordonnons que declarez notre voulenté en ceste matere, en leur faisant ostencion et lecture de nosdites lettres de vicariat a ce qu’ilz n’en puissent pretendre cause d’ignorance, et leur ordonnez et enjoignez de par nous qu’ilz obeissent au contenu de nosdites lettres en gardant la forme et teneur d’icelles sans aller ne faire aucune chose au contraire par recepcion d’autres ou preiudice dudit Donnel. Vous advisant que notre plaisir et voulenté est que nosdites lettres aient leur plain effet, consideré que a notre priere et requeste ledit Donnel a laissié et resigné purement et simplement des benefices qu’il tenoit par deça sans pour iceulx avoir eu de nous ne d’autres aucune recompense fors nosdites lettres de vicariat ; de quoy vous avons bien voulu avertir, a ce que touz ensemble et chacun par soy tenez la main et vous emploiez a la provision dudit Donnel et que nul ne s’avance d’aller au contraire de notre voulenté, dont ne serions contens de celui qui le feroit. Et de ce que direz ausdits de chapitre, prenez acte et instrument par main de notaire pour valoir et servir audit Donnel en temps et lieu, auquel voulons par vous ou le premier qui sera sur ce requis par ledit Donnel ou sondit procureur estre par vous baillé la colation de la premiere prebende qui vacquera en l’une de nosdites eglises selon la teneur de nosdites lettres sans y estre par vous mis aucun reffus, delay ou difficulté, et gardez qu’il n’y ait faulte. Car tel est notre plaisir. Nos amez et feaulx, Dieu vous ait en sa saincte garde. Escript en notre palais d’Aix le XXIIIIe jour de novembre.
[signé] René.
Le XXe jour de janvier, l’an mil IIIIc LXXII furent presentées cestes presentes par monsieur l’archeprebtre d’Angiers, ou chapitre Saint-Lau, ouquel estoient presens Thoreau, Jouzeau, Poucquet, Castrie et Breslay, lesquelx les receurent ou grant diligence, en respondant que trés voluntiers et sans nulle difficulté obeyroint a la volunté du prince et a la teneur d’icelles.
[signé] Georgette
[et sur le côté] Benjamin
Annexe 2. Pièce justificative
Archives départementales de Maine-et-Loire, 1D 5. Ordre donné au nom du roi [Charles VII] protecteur de l’université et du roi de Jérusalem et de Sicile [René] duc d’Anjou et comte du Maine, à Pierre Guyot lieutenant du sénéchal d’Anjou, de faire droit aux protestations de Jean Porchier, prêtre, étudiant à l’université d’Angers et titulaire de plusieurs bénéfices, qui dénonce des malversations perpétrées à son égard, et de poursuivre ses opposants. s. l., 1440.
Pierre Guiot lieutenant commis à Angiers et ou ressort en office de lieutenance de sénéchal d’Aniou et du Maine, juge et conservateur deputé et commis de par le Roy notre sire des privileges par luy donnez er octroyez aux docteurs, maistres licenciés, bacheliers et escolliers estu[dians] en l’estude et université d’Angiers, au premier sergent du roy notredit sire ou du roy de Jherusalem et de Sicille duc d’Anjou et conte du Maine qui sur ce sera requis salut. Come par la tenneur desdits previleges le roy notre sire ait prins et mis lesdits docteurs, maitres, licenciez, bachelliers et escolliers estans oudits estude et université en et soubz sa protection et especial sauvegarde telement publiée que soubz dissimulacion aucun n’en peut pretendre juste cause d’ignorance, et par iceulx mesmes privileges nous soit mandé et comis les maintenir et garder en leurs iustes possessions et saisines et les garder de toutes oppressions, molestacions et inquietacions indeues et congnoestre et determiner des causes d’entre eulx et leurs parties adverses et les faire poyer de leurs debtes, afin que pour icelles poursuir ailleurs que par devant nous ilz ne soient aucunement distroiz hors la continuacion de leur estude, et il soit ainsi que de la partie de honneste personne messire Jehan Porchier, prebtre et chappellain de la chapellenie des Chasteliers fondée en la parroisse de Murs ou diocese d’Angiers, chappelain aussi de la chappellenie de Saint Jacques en l’eglise de la Trinité d’Angers et de la chappellenie des Guillegaudieres en l’église de Saint-Martin d’Angers, escollier estudiant oudit estude et université d’Angers sous l’audictoire de honnourable homme et saige messire Jehan Bohalle docteur regent ordinairement oudit estude et université, nous ait este donné a entendre que par plusieurs personnes ses hayneux et malveillans luy ont donné plusieurs menaces a luy et à ses biens et choses et autres l’ont troublé et empesché, troublent et empeschent de jour en jour en plusieurs de ses droiz, possessions et saisines indeuement et sans cause raisonnable. Et aussi que plusieurs autres se sont obligez et luy doyvent et sont tenuz en plusieurs somes de deniers, de vins, de blez et autres choses tant à cause de sesdites chappellenies que aultrement, lesquelx ont esté et sont refusant de le poyer et contenter. Et avecques ce que il est evocqué et convenu en plusieurs [tache53] cours et juridicions tant à cause de sesdits benefices que aultrement, esquelles par lesdits previleges il n’est tenu de respondre [tache] lesquelles choses sont contre la tenneur desdits privileges et en son tres grant g[r]ief, preiudice et domaige en nous requer[tache] a son juge et conservateur luy estre pourveu de remede convenable. Pour quoy nous vous mandons et par vertu du [tache] donné et commis en ceste partie, commectons que ladite sauvegarde vous signifiez et donnez entendre aux personnes de[tache] ledit estu[tache] serez requis en leur faisant inhibicion et deffense de par le roy notredit sire et nous acertainés et grossoyés par [tache]… liquer au roy notredit sire que audit estudiant, sa famille, biens et choses quelxconques ils ne meffassent ne seuffrent meffaire en [tache] persone, en biens en aucune maniere et le maintenez et gardez en ses droiz et justes possessions et saisines esquelles vous le treuverez estre ou ses predecesseurs avoir esté. Et si sur ce n’est debat ou opposition le debat et chose contencieuses en cas de nouvelleté prins et mis en la main du roy notre dit sire comme souveraine. Et les nouvelletés, troubles et empeschemens ostez, premier et avant tout euvre… et restablissement fait des choses prinses et levées en contraignant ad ce <les debteurs> ceux qui pour ce seront a contraindre et a cesser doresenavant desdits troubles et empeschemens, adiournez les opposans ou faisans le debat par devant nous a Angers… a certain et compectent jour tel comme de la partie dudit estudiant ou son procureur vous sera requis pour dire et declairer les causes de leurs opposition et debat, respondre audit etudiant et proceder en oultre entreulx selon raison, et avecques ce que toutes et chacune les debtes bonnes et loyaulx congneues ou prouvées par lettres, tesmoigns jugez, consession de partie ou par aultres loyaulx enseignemens qui vous apparont estre deues audit estudiant tant a cause de sesdites chappellenies et de chacune d’icelles que aultrement, vous luy faites poyer tantost et sans delay en contraingnant ad ce les debteurs par prinse vendue, explectacion de leurs biens, dessaisissement de leur temporel, detencion de leurs corps si mestier est et ad ce sont obligez et par toutes aultres voyes deues et raisonnables. Et en cas d’opposition, refus ou delay la main du roy notre dit sire suffisamment garnie… la ou… il appartendra assigner aux opposans, refusans ou delayans certain et compectant jour ou jours tel ou teulx comme de la partie dudit estudiant ou son procureur sera requis a comparoir pardevant nous a Angers pour dire et declairer les causes de leurs opposition, refus et delay, proceder et avant aller en oultre selon raison.
Notes de bas de page
1Outre sa thèse sur Les Miracles de l’évêque Jean Michel et le culte des saints dans le diocèse d’Angers (v. 1370-v. 1560), thèse d’Histoire, Paris X-Nanterre, 1993, on lui doit d’avoir admirablement dressé le répertoire prosopographique du clergé d’Anjou et du Maine (Comte François et Matz Jean-Michel, Fasti Ecclesiæ Gallicanæ, t. 7, Diocèse d’Angers, Turnhout, Brepols, 2003), mais aussi, comme en témoignent les nombreux travaux dirigés de ses étudiants, de s’être intéressé à l’histoire des fabriques paroissiales, des collégiales angevines […].
2Port Célestin, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, série G, clergé séculier, Angers, Lachèse et Dolbeau, 1880.
3Supplément à l’inventaire de la série G, Archives départementales de Maine-et-Loire, consultable sur place et en ligne.
4Cérémonial de l’Église d’Angers, Archives départementales de Maine-et-Loire, 5G1 à 3.
5Port Célestin, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, série H clergé régulier, t. 1, Angers, Lachèse et cie, 1898.
6Saché Marc, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, série H clergé séculier, t. II, Angers, Siraudeau, 1926.
7Levron Jacques, Répertoire numérique des Archives départementales antérieures à 1790, série H (fin), Angers, Siraudeau, 1954.
8Matz Jean-Michel, « Le chapitre cathédral d’Angers et le service du prince. Formation intellectuelle et pratiques culturelles des chanoines officiers des ducs d’Anjou (milieu xive-fin xve siècle) », in de Cevins Marie-Madeleine et Matz Jean-Michel (dir.), Formation intellectuelle et culture du clergé dans les territoires angevins (milieu du xiiie-fin du xve siècle). Actes du colloque international d’Angers, 15 et 16 novembre 2002, Rome, École française de Rome, 2005, p. 87-116.
9Ses derniers travaux s’étaient entre autres dirigés vers le fonctionnement de la chancellerie princière, anticipant son travail de réédition du journal du chancelier de Louis Ier d’Anjou, Jean Le Fèvre (1381-1388), cf. Matz Jean-Michel, « Le fonctionnement financier de la chancellerie d’Anjou-Provence d’après le Journal de Jean Le Fèvre (1381-1388) », in Morelli Serena (dir.), Périphéries financières angevines. Institutions et pratiques de l’administration de territoires composites (xiiie-xve siècle), Rome, École française de Rome, 2018, p. 56-67 ; Matz Jean-Michel, « La chancellerie d’Anjou-Provence d’après le Journal de Jean Le Fèvre (1381-1388) », in Guyotjeannin Olivier et Mattéoni Olivier (dir.), Jean de Berry et l’écrit. Les pratiques documentaires d’un fils de roi de France, Actes du colloque de Bourges (2016), Paris, Éditions de La Sorbonne et École nationale des Chartres, 2019, p. 187-209. En 2004, avec les chercheurs centrés sur l’histoire du duché d’Anjou et du comté du Maine, ils commencent à se pencher sur la question des serviteurs de l’État ducal et de la société laïque au cœur de la principauté. Comte François et Matz Jean-Michel, « L’Anjou aux xive et xve siècles. Vingt-cinq années de recherches. Bilan et perspectives », Mémoire des Princes Angevins, 2004, p. 59-72 [en ligne].
10Matz Jean-Michel et Tonnerre Noël-Yves (dir.), René d’Anjou (1409-1480). Pouvoirs et gouvernement, Rennes, PUR, 2011.
11Matz Jean-Michel et Verry Élisabeth (dir.), Le roi René dans tous ses États (1409-1480), Paris, Éditions du Patrimoine, 2009.
12Pelloquet Thierry (dir.), Entre ville et campagne. Demeures du roi René en Anjou, coll. « Images du Patrimoine », Éditions 303 arts, recherches et créations, 2009.
13Les indications qui suivent ne constituent qu’un état de la connaissance actuelle, établi d’après les différents instruments accessibles et les travaux de recherche réalisés à ce jour. Nouveaux inventaires, évolution des collections publiques par dons, dépôts et acquisitions, sont tout à fait susceptibles de l’enrichir dans le futur.
14Matz Jean-Michel et Verry Élisabeth (dir.), Le roi René dans tous ses États, op. cit., p. 53-73.
15de Merindol Christian, Les fêtes de chevalerie à la cour du roi René : emblématique, art et histoire, Paris, Éditions du CTHS, 1993.
16Les Coutumes d’Anjou, réformées en 1462. Manuscrit, Angers, Bibliothèque municipale, ms. 342[333].
17Archives départementales de Maine-et-Loire (désormais abrégé ADML), G334.
18ADML, G656.
19ADML, G667. Sur la même thématique, voir également la cote suivante : E1 – Hôtel-Dieu – Administration : (sélection) fo 28, confirmation par le roi René d’Anjou des lettres du roi de France Jean (1351) et du comte d’Anjou Louis Ier (1358) qui exemptent l’Hôtel-Dieu de tout subside de guerre (1451).
20ADML, H 856. Voir aussi, Archives municipales de Saumur, JJ7, pièce 1 : Lettres de René d’Anjou à frère Giles Moisneau, sous prieur de l’abbaye Saint-Florent près Saumur, à propos d’une maison de Saumur dite « le petit More » (17 septembre 1450).
21ADML 1HsB13 – Hôtel-Dieu d’Angers – Moulins, eaux et pêcheries de la Maine, à Angers, fo 115.
22ADML, G725.
23ADML, H197 – Abbaye Saint-Aubin d’Angers – Prieuré des Alleuds (1106-1769), fo 430. Il est néanmoins précisé que le prieur ne pourra prétendre au statut de châtellenie ; ni d’en exercer les droits inhérents.
24ADML, G1268. Considérant que pendant les guerres, Bertrand Ourceau et ses gens ont été pillés par les gens d’armes, faute « d’avoir lieu près d’eux fort pour les retraire », René lui donne son accord pour fortifier et remparer sa maison des Noyers-Ourceau « de murs, tours, foussés, porte, pons leveys et autres fortifications necessaires à place forte ».
25ADML, H2111.
26ADML, G334.
27ADML, H3062 – Abbaye de Saint-Florent de Saumur – Prieuré de Chênehutte.
28ADML, H2847 – Abbaye de Saint-Florent de Saumur – Offices claustraux (1402-1626).
29ADML, H1686.
30ADML, G944. Voir la transcription en annexe.
31ADML, E1322 – Comté de Trêves (1066-1608) : Aveux de la baronnie au château de Saumur (avec signature autographe du roi René).
32ADML, 3E9 – Ville d’Angers – Domaines : titres divers (1436-1660) : copie d’une lettre patente de René d’Anjou (1438).
33ADML, 1J34 – Titre par lequel René d’Anjou confère à Auvergnas Chaperon le droit de continuer à « fortifier son hostel de Mescrin, situé en la paroisse de Saint-Jean-des-Mauvrets en Anjou » (1436).
34Musée des Beaux-Arts, n. c.
35Archives municipales de Baugé, DD1.
36ADML, 4E11.
37Archives municipales de Saumur, HH5 : copie de 1593.
38ADML, E3412 – Montberon ou Montbron (1441-xviiie siècle).
39Archives municipales d’Angers, CC3 – Comptes des receveurs et commis aux affaires de la ville (1367-1447) : [sélection] fo 255 – Compte de Raoulet Robert (1er-31 décembre 1433) ; fo 256-256 vo – Lettres de nomination de la reine Yolande d’Aragon, à Angers, 5 décembre 1433, signé Gauquelin. Et confirmation de René d’Anjou, à Angers, 14 mai 1437, signé Alain. Procès-verbal de la « garde des seaulx establiz aux contractz de la ville et ressort d’Angiers », 2 décembre 1433 et lettre de confirmation du roi René le 20 octobre 1437 à Saumur, signé Alain. Collation aux lettres originales effectuée en la Chambre des comptes le 15 mars 1440 (as) par N. Muret et J. Le Royer ; fo 297 – Copie de la lettre de nomination de Jehan Landevy par René d’Anjou, faite à Angers le 8 juillet 1452 et collationnée en la Chambre des comptes par G. Rayneau et G. Nanton. AMA, CC4 – Comptes des receveurs et commis aux affaires de la ville (1er août 1384-30 septembre 1473) : [sélection] fo 50-51 – Copie de la lettre de nomination de Jehan Landeny par le roi René, à Naples, le 20 mai 1441, copiée le 18 mai 1442 par messeigneurs du conseil et de la Chambre des comptes, assemblés « ou pallays d’icelle pour la recepcion de messire Loys, seigneur de Beauvau, nommé au blanc de ces presentes à l’office de cappitaine de la dite ville, l’ont reçeu en icelui office en la presence de grant nombre des gens d’eglise, bourgeoys et habitans d’icelle… », collationnée par T. Lambert et J. Leroyer.
40ADML, E4385 – Communes et municipalités – Ville de Saumur (1384-1634).
41Les paragraphes suivants sont extraits de la thèse de Moreno Justine, La Chambre des comptes d’Angers (xive-xve siècles). Histoire de l’institution et prosopographie du personnel, sous la direction de Jean-Michel Matz et Isabelle Mathieu, soutenue à l’université d’Angers au mois de décembre 2020.
42AN, P133411, fo 111.
43Id.
44Nieus Jean-François, « Introduction : pour une histoire documentaire des principautés », in Hélary Xavier, Nieus Jean-François, Provost Alain et Suttor Marc, Les archives princières, op. cit., p. 18-21.
45AN, P133411, fo 114 vo.
46Ibid., fo 206.
47Moreno Justine, Le personnel de la Chambre des comptes d’Angers, op. cit., p. 21-22, d’après Albert Lecoy de la Marche, Le roi René… op. cit., p. 461.
48On consultera avec profit Favier Jean (dir.), Les Archives nationales. État général des fonds, Ancien régime, t. 1er, Paris, Archives nationales, 1978.
49Le Méné Michel, Les campagnes angevines à la fin du Moyen Âge, Nantes, CID éditions, 1982. Voir également du même autour, « La Chambr des comptes d’Anjou et les libéralités princières », Contamine Philippe et Mattéoni Olivier (dir.), La France des principautés. Les Chambres des comptes, xive et xve siècles, Paris, CHEF, 1996, p. 43-54.
50Aujourd’hui TEMOS (Temps, Mondes, Sociétés), UMR CNRS 9016.
51Dans la série KK « Monuments historiques : État des inventaires », 10 registres ont été numérisés. Ils correspondent à la comptabilité des Hôtels princiers (Chambres aux deniers, Argenterie, Trésorerie, chapelle des chantres) de Marie de Blois à Charles d’Anjou, relevant à la fois de la Chambre des comptes d’Angers (KK241 à KK247), de celle du Mans (KK262 : comptes de Charles d’Anjou, comte du Maine), comme de la Chambre des comptes royale de Paris (KK55 et KK56 : comptes de Marie d’Anjou, épouse de Charles VII).
52Matz Jean-Michel, Le roi René dans tous ses États, op. cit., p. 73.
53Espace de deux mots, le sens est : autres.
Auteurs
Archives départementales de Maine-et-Loire.
Conservatrice générale du Patrimoine, directrice honoraire des Archives départementales de Maine-et-Loire.
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