1Les Fasti Ecclesiæ Gallicanæ et Brepols partagent une longue histoire et sont des partenaires dès les premiers jours du projet. Celui-ci a embarqué au début des années quatre-vingt-dix sous la responsabilité d’Hélène Millet. L’objectif est très ambitieux – « doter la France, considérée dans ses limites actuelles, d’un répertoire des notables ecclésiastiques des diocèses de 1200 à 1500 et donner pour chacun d’eux, autant que faire se peut, une courte notice biographique1 » – et l’approche, à l’époque novatrice, consiste à enregistrer des informations prosopographiques dans une base de données.

2Depuis la publication du premier volume, en 1996 déjà, le plan de la collection est défini. Chaque volume publié dans les Fasti traite d’un diocèse particulier et offre une partie introductive, suivie des notices prosopographiques, et en fin du volume les index et tables chronologiques. D’une manière claire et concise, l’introduction donne le status quaestionis du diocèse. Elle se compose d’une notice institutionnelle, qui étudie l’organisation du diocèse et les cadres de la vie communautaire, et des notices particulières, qui permettent aux auteurs de mettre certains accents en fonction de leur spécialité, par exemple les pratiques liturgiques, l’iconographie des vitraux ou la bibliothèque de la cathédrale, ou encore les sépultures des évêques. La partie introductive se termine par un aperçu complet des sources – locales, nationales et pontificales, inédites et publiées – et une bibliographie exhaustive. Dans son compte rendu des tomes XV et XVI, les diocèses de Chalon-sur-Saône et d’Auxerre, Anne Massoni attire l’attention sur le caractère exceptionnel de l’introduction qui « constitue, comme toujours, une synthèse essentielle sur le sujet, tant elle contribue à renouveler une historiographie souvent incomplète et ancienne sur plusieurs questions difficiles à élucider et qui suppose d’avoir lu le fonds d’archives de l’institution2 ». La partie introductive est suivie par les notices biographiques substantielles pour les évêques, rédigées et mises en page de manière traditionnelle. Suivent ensuite les notices prosopographiques des auxiliaires de l’évêque, dignitaires du chapitre et chanoines prébendés de la cathédrale. Cette section est le résultat de procédures d’édition et mise en page automatiques. Une feuille de style, appliquée à l’export en xml de la base de données, transforme les données enregistrées dans la base en un texte intégral avec une structure standardisée.

3En 2010, quand un comité de direction a pris la relève d’Hélène Millet, Jean-Michel Matz est devenu le responsable éditorial de la collection des Fasti. Pendant une période de dix ans, il a accompagné les auteurs des différents volumes. Sous sa responsabilité sortent, à un rythme régulier, dix volumes, tous d’une excellente qualité et respectant rigoureusement le concept de la collection. Le seul changement, dès le volume sur le diocèse de Narbonne dirigé par Jean-Michel Matz lui-même, est l’ajout de notes de bas de page, ce qui est clairement un atout pour la collection et une évolution applaudie par Rolf Große, entre autres : « Dies steigert ihren wissenschaftlichen Wert3 ».

4Lors du travail d’enregistrement des données dans la base prosopographique et de la rédaction des notices introductives, les auteurs des volumes sont accompagnés par un groupe de collaborateurs, avec, à la tête de l’équipe, le directeur de la collection. Ce caractère collaboratif est vraiment exceptionnel et la principale force de l’entreprise. Ceci se mesure aussi lors de la journée annuelle, qui se déroule toujours dans une ambiance conviviale et informelle. Les auteurs des volumes en préparation y ont l’occasion de présenter leur travail aux collègues membres des Fasti, qui leur offrent ensuite leurs observations et suggestions pour des recherches supplémentaires.

5Comme directeur de la collection, Jean-Michel Matz guidait les auteurs, dans le plus grand soin et avec la plus grande précision, à travers les différents stades de la publication. Pour chaque volume, il relisait méticuleusement les notices prosopographiques et vérifiait en détail les tables chronologiques ainsi que les index, afin d’indiquer aux auteurs d’éventuelles corrections à effectuer dans la base de données et de communiquer à Brepols les détails perfectibles à corriger dans la feuille de style. En nous signalant ces imperfections au niveau du développement des abréviations, du classement des informations, ou de la présentation et mise en page du texte, Jean-Michel Matz nous a permis d’améliorer le code, dans le but d’arriver à un résultat aussi impeccable que possible. Cette aspiration à la perfection, aussi bien au niveau de la qualité du contenu qu’au niveau de la présentation des données, est méritoire.

6Par leur qualité, les Fasti forment un outil de travail unique et indispensable auprès de la communauté des historiens. Alain Marchandisse le savait déjà quand il rédigeait son compte rendu des deux premiers volumes de la collection, les diocèses d’Amiens et de Rouen4 : les volumes des Fasti deviendraient une source inestimable non seulement pour les chercheurs en histoire ecclésiastique, religieuse et canoniale, mais également dans bien d’autres domaines, comme l’histoire médiévale générale, l’histoire de l’art, la généalogie ou la diplomatique, pour n’en mentionner que quelques-uns. Pour ces disciplines, les Fasti facilitent considérablement l’identification de personnages et la datation de documents et de textes, comme l’illustre bien Christiane Van den Bergen-Pantens, en donnant l’exemple d’un certain Petrus Amelius, commanditaire d’un petit tableau, Vierge d’Enfant sur trône, adorés par un religieux en chape noire agenouillé entre s. Augustin et s. Pierre, actuellement conservé au Musée Granet d’Aix-en-Provence. Sans les informations des Fasti, l’identification de ce personnage aurait été impossible5.

7Vingt-cinq ans après la publication du premier volume, ceci est toujours le cas, par les efforts inlassables de toute l’équipe des Fasti et de Jean-Michel Matz en particulier pour les volumes qu’il a accompagnés. Il a toujours été très gentil et serein dans sa communication, compréhensif et patient lorsqu’un problème inattendu ou pas si facile à résoudre se présentait. Il m’a été un vrai honneur d’être son interlocutrice chez Brepols et l’annonce de son décès, le lendemain de nos derniers échanges par courriel, m’a sincèrement touchée.

8L’avenir de la collection s’annonce beau : il y a plusieurs volumes en préparation qui assureront une régularité dans les publications pour les prochaines années. Les Fasti sont une équipe avec une grande vitalité, un mélange fructueux de collaborateurs expérimentés et complémentaires. La continuation de la collection, avec la publication de volumes d’une excellente qualité, est sans doute le plus bel hommage que nous pouvons rendre à Jean-Michel Matz.