La première tournée européenne de Marshall Walter « Major » Taylor (11 mars-28 juin 1901)
p. 83-94
Texte intégral
1Le 1er janvier 1901, la presse confirme dans des termes des plus enthousiastes la venue en France de « Major Taylor, le nègre volant, un sprinter merveilleux qui dépasse en notoriété tous les coureurs de jadis et de maintenant, la gloire des États-Unis1 ». De fait, lorsque Marshall Walter Taylor, noir américain né en 1878 dans la banlieue d’Indianapolis, pose ses valises à Paris, le 11 mars 1901, sa réputation est faite. On le connaît en France dès 1896, puis un tournant médiatique a été pris lors de l’année 1898, alors qu’il détient sept records du monde sur des distances allant du 400 mètres au 2 miles. En 1899, il est devenu champion du monde de sprint. Bref, il s’impose par son talent face aux discriminations et aux violences dont il sera victime tout au long de sa carrière, de la part tant du public, de différentes organisations cyclistes américaines, que de certains adversaires2.
Le Major Taylor dans le « quartier des coureurs ». Stade Buffalo, 1907.
Collection Rol/BnF.
21901 est une nouvelle étape dans sa carrière : celles des tournées européennes passant inévitablement par la France. Elles s’égrènent jusqu’en 1910, avec une interruption en 1905 et 1906. La première est organisée grâce aux bons offices de Robert Coquelle, journaliste au quotidien Le Vélo. Jusqu’alors, les Français n’ont eu du « nègre volant » qu’une perception indirecte, à partir de la lecture de la presse, parfois grâce à des journalistes comme Coquelle ayant fait le déplacement outre-Atlantique. La venue de Major Taylor dans l’Hexagone change la donne : les amateurs de vélos vont enfin pouvoir admirer le phénomène en chair et en os.
3Sa présence en France justifie, à la suite des travaux pionniers de Timothée Jobert3, de s’attacher plus particulièrement à l’analyse de ses représentations médiatiques lors de sa première tournée européenne, depuis la confirmation de sa venue, en janvier, jusqu’à son retour aux États-Unis, le 28 juin. L’angle d’attaque choisi relève de l’appréciation de la dimension raciale du personnage dans le discours journalistique. Observe-t-on des évolutions sensibles durant les mois qu’il passe en Europe ? Comment ses résultats, bons ou décevants, jouent-ils sur la perception de sa couleur et les stéréotypes qui ont pu lui être associés ?
4Pour répondre à ces questions, la presse, généraliste et spécialisée, à audience nationale et régionale, a été sondée par le truchement des bases de données Gallica et Retronews. Pour donner la mesure du corpus : Retronews offre près de 2 438 références sur Major Taylor en 1901, 1859 d’entre elles tenues entre le 1er janvier et le lendemain de son départ de France. Ajoutée aux références de Gallica, le corpus exploité flirte avec les 3 000 références.
« Major Taylor va venir4 »
5L’annonce de la venue du coureur s’accompagne d’une mise en exergue des qualités du « fameux nègre5 ». En attendant de pouvoir juger sur pièces, la presse en dresse un portrait assez unanimiste : l’insistance sur la couleur du Major Taylor est sinon centrale, du moins fort notable, mais sans aboutir à la dépréciation de ses qualités ou au refus de le voir venir se produire en France.
Côté pile
6Les deux grands quotidiens sportifs, L’Auto-Vélo et Le Vélo donnent le ton. En témoigne la reprise de leurs articles, surtout ceux du Vélo, par des titres généralistes ne dédaignant pas de recourir à la presse au ciseau. Cette préséance tient aussi à la démultiplication des articles du Vélo, en janvier notamment, afin de mobiliser les lecteurs, d’activer leur curiosité et faire de substantielles ventes lors de la venue du coureur. Cette situation explique pour partie la relative uniformité de la représentation du cycliste dans la presse en janvier et février.
7Robert Coquelle donne le la pour Le Vélo : Taylor est un « beau gars6 », doté « d’une vitesse extraordinaire » et d’une « facilité merveilleuse » dans ses mouvements de jambes. Ses résultats en font un « terrible nègre7 », un « invincible nègre8 ». L’Auto-Vélo se distingue des autres parutions en insistant sur sa science de la course : « Le nègre, très intelligent est en course un profond tacticien9 ». La figure du champion s’impose aussi : « champion américain10 », « champion nègre11 » – autant de qualificatifs fréquents. On le compare en outre à un autre grand sprinter américain, de quelques années son aîné, Arthur-August Zimmerman, champion du monde de vitesse en 1893 et dominateur sur les distances courtes entre 1890 et 1894.
8Victor Breyer, autre plume éminente du Vélo, insiste quant à lui sur la curiosité entourant « le mystérieux noir12 », notamment, à propos de sa foi protestante, qui lui interdit de courir le dimanche. L’observance de ses devoirs religieux, voilà un point sur lequel la presse s’arrête avec une empathie variable. Le refus de courir le dimanche vaut ainsi à Major Taylor d’être qualifié par Breyer de « cachottier », d’« obstiné13 » ; et il ne désespère pas que ses convictions religieuses cèdent face aux sirènes de l’argent. À l’inverse, le journal La Croix ne manque pas saluer ce trait de caractère faisant de Major Taylor « le seul coureur qui […] prenne souci de sa religion14 ». Et de conclure : « Voilà un bon exemple pour nos coureurs et qui nous vient d’un nègre » – ce qui ne manque évidemment pas de suggérer l’état d’infériorité dans lequel on semble le tenir, rendant plus frappant encore son exemple.
Côté face
9Ce dernier exemple montre bien que, malgré le fait qu’il soit porté aux nues pour son palmarès, le coureur n’échappe pas aux poncifs et aux stéréotypes attachés aux populations noires en ce temps plein de fierté coloniale où les zoos humains sont monnaie courante15. La chose est d’autant plus frappante qu’elle est parfois le fait de ses plus fervents supporters.
10Premier indice, ordinaire alors, dans la catégorisation de Taylor : le caractère systématique de sa désignation sous le terme de « nègre », d’un usage banal pour l’époque. Ce dernier l’emporte largement sur celui de noir, ou encore de « coloured man16 », bien plus rares. Dans le circuit cycliste, il est « le Nègre » d’autant plus qu’il est le seul, au point que, notoriété aidant, certains titres d’articles ne le mentionnent que sous cette appellation. En janvier 1901, Le Vélo titre ainsi « Elkes battu par le Nègre17 » un article consacré à une victoire de Major Taylor à Boston. Même chose deux mois plus tard, à propos des péripéties accompagnant son départ pour la France18. L’Auto-Vélo suit la même ligne. Au total, la fréquence d’emploi du terme, qui prend régulièrement le dessus sur son nom, l’inscrit dans une forte altérité. En un mot, le coureur s’efface derrière la figure du nègre.
11La presse le ramène donc systématiquement à sa couleur de peau et, avec elle, affleure un ensemble de stéréotypes qui déterminent son image. C’est particulièrement le cas sous la plume de Robert Coquelle. Outre qu’il emploie le terme de nègre à l’envi, il use aussi de celui de « moricaud19 » et file à l’occasion la métaphore animalière, simiesque précisément. Major Taylor est ainsi « adroit comme un singe20 », un « singe, merveilleusement musclé, fait au moule », qui « battra tout le monde en Europe21 ». Georges Le Roy, dans L’Auto-Vélo ne manque pas de souligner, à l’occasion d’une interview, sa « mimique simiesque émaillée de petits cris gutturaux quick, quick, du plus hilarant effet22 ».
12Autre fait saillant : le recours à la métaphore de la diablerie par l’association entre la couleur noire et l’antéchrist, une association remontant à l’époque féodale23 – ce qui contraste d’ailleurs avec la foi revendiquée de Major Taylor. Il est ainsi traité régulièrement, en particulier par Breyer, de « satané nègre24 », de « diable de nègre25 », de « diable noir26 ».
13L’imaginaire colonial, africain, ne manque pas, enfin, de déteindre sur sa perception. Outre les jeux mots mettant en scène « la tribu27 » du coureur, L’Écho de Paris se plaît ainsi à remarquer que celui-ci se révèle, in fine, Français, « son père [étant] Dahoméen et sa mère Sénégalaise28 ».
« Un nègre à Paris29 » : premières impressions
14Après avoir voyagé sur le vapeur allemand Kaiser-Wilhem der Grosse, Major Taylor rallie Cherbourg le 11 mars. De là, un train le dépose à une heure dix du matin à Paris. Son arrivée couplée à l’annonce de son match prochain contre le Français Edmond Jacquelin, champion au palmarès impressionnant, suscite l’effervescence. La signature du contrat, sous les auspices d’Henri Desgrange, le directeur de L’Auto, remonte au 25 février. Le duel se déroulera sur la piste du Parc des Princes, lui aussi dirigé par Desgrange.
15Cette fois, les journalistes découvrent Major Taylor autrement que par récits interposés et, là encore, dès le 12 mars, Le Vélo donne le ton. Breyer livre une description plus volubile qu’à l’ordinaire : « face noire toute souriante30 », « deux grands yeux qui brillent », « bouche largement ouverte », voilà pour l’entrée en scène. Il insiste ensuite sur le dynamisme du personnage qui transparaît tant dans ses mouvements, ses intonations, que dans sa verve. Le portrait se précise avec des considérations portant sur sa taille, « moyenne », sa corpulence, le « garçon » étant « assez vigoureux et très bien bâti », sa chevelure, crépue et frisée, mais aussi son aspect général. C’est l’occasion de le distinguer des autres membres de sa communauté de couleur, sa physionomie étant « beaucoup plus vive et plaisante que celle des nègres vulgaires que nous voyons généralement ». À la comparaison à travers le physique succède celle sur le plan intellectuel, Major Taylor étant jugé « très intelligent et assez instruit ». Timothée Jobert insiste d’ailleurs sur l’image de sportsman et plus encore de gentleman31 qui lui est aussitôt associé. Pour autant, l’usage explicite du terme « gentleman » pour qualifier Major Taylor ne se retrouve qu’à de très rares exceptions32. Pour revenir à Breyer, il termine son portrait en soulignant l’élégance du personnage, « sa véritable coquetterie ».
16Le lendemain, Breyer complète son portrait en insistant, autre stéréotype des plus courus, sur le caractère parfois enfantin du cycliste américain. Le héros est un « négrillon33 » au « caractère bouillant et enjoué », que l’on voit se promener « dans la salle de rédaction » du Vélo « comme un gamin ».
17Pour le reste, les journalistes sont impatients de le voir à l’entraînement. Las, la pluie persistante diffère à maintes reprises les séances prévues au Parc des Princes34. La presse s’en fait l’écho, largement, journellement, au point que cela exaspère certains confrères, comme ceux du Petit Parisien qui trouvent qu’à « force de battage ça devient tout simplement ridicule35 ».
18Le 22 mars enfin, l’entraînement du champion peut commencer. La presse délaisse alors quelque peu le personnage pour se recentrer sur le sportif, la technique, le matériel, sa position de course, ses performances. Sa construction médiatique gagne en épaisseur : si Taylor reste avant tout un nègre, avec ce que cela suppose de traits, de tempérament, c’est un nègre que le public ovationne souligne Le Petit Parisien36 et cela change la donne. Du moins cela la change-t-il en partie car, Le Vélo, par la plume de Breyer, tout en traitant des aspects propres à sa préparation sportive, insiste sur ses origines africaines le rendant, entre autres, particulièrement sensible au froid37. Frantz Reichel adopte la même ligne en ponctuant son discours de sous-titres explicites (« le Nègre ne lambine pas38 », « les premiers galops du nègre »), en cédant à la facilité de ces jeux de mots alors usuels dès lors qu’on parle d’un sportif dit de couleur (Taylor a un « un air très sombre […] ce qui est bien naturel chez un nègre ») et en considérant que les levers tardifs du coureur tiennent à sa race.
19Au total, l’arrivée du Major Taylor ne transforme pas significativement sa représentation médiatique : on lui donne toujours le respect sportif tout en insistant, de manière parfois dépréciative, sur ce que sa couleur est censée faire de lui.
Quand racialisme opportuniste rime avec soutien
20Fin mars, on découvre la liste des premiers engagements du coureur. ils doivent l’emmener par toute l’Europe, notamment à Berlin, Hanovre, Turin, Milan, Verviers, Anvers, Bordeaux, Nantes, etc. Une liste d’autant moins exhaustive que les contrats se multiplient au fil des jours, témoignant de la notoriété du coureur.
Le sportif dépasse-t-il « l’homme de couleur » ?
21Le 4 avril, il part pour l’Allemagne afin de se mesurer aux meilleurs cyclistes du cru, Willy Arend, Huber, mais aussi le Danois Thorvald Ellegaard. Le 6 avril, il se classe 3e, sur 1 000 m, battu par Arend sur le vélodrome de Friedenau. Une revanche est programmée. Loin d’être critique, la presse française excuse largement cette défaite. Pour Breyer, elle est synonyme de « débuts remarquables pour le champion noir qui est à coup sûr un homme de grande classe39 ». La Gironde appelle à « ne pas juger cette course, car [Major Taylor] manque en ce moment d’entraînement40 ». La Croix lui emboîte le pas. La seconde course se solde par « la revanche du Nègre41 », aussitôt « réhabilité42 » par Le Vélo.
22Par la suite, les victoires s’enchaînent, notamment lors de sa première course en France, à Roubaix, le 23 avril. Ces succès amènent une nouvelle image de l’athlète. La tendance mettant en exergue la couleur du coureur reflue. Il semble que le Major soit désormais suffisamment connu pour que les journalistes n’éprouvent plus le besoin d’insister sur ses origines. Le sportif tend-il ainsi à dépasser l’homme dit de couleur ? Sans doute pas complètement, mais on peut faire l’hypothèse que l’identification avec un sportif en train de devenir familier, et qui collectionne de plus en plus de superlatifs – de « champion », il devient « héros » et « crack » –, invite les commentateurs à estomper sa couleur.
23Depuis son « quartier général43 » en France, le coureur sillonne l’Europe et défait tour à tour les champions nationaux comme les Belges Van den Born et Louis Grogna, le Danois Ellegaard, l’Allemand Arend, l’Anglais Gascoyne… Il les retrouve régulièrement en France pour des courses qui font l’événement. Quant aux champions hexagonaux, nul chauvinisme ne s’exprime dans la presse face à l’insolente supériorité de l’Américain sur eux, à une exception, celle de Jacquelin, sur laquelle on reviendra. Faute d’adversaire à la hauteur, Taylor finit par être opposé à un tandem. Le champion l’emporte à deux reprises en trois confrontations, ce qui l’auréole un peu plus.
24L’ensemble de ses résultats conforte ainsi sa bonne réputation avant son retour en France. La couverture médiatique s’élargit, laissant apparaître de nouveaux qualificatifs et surnoms : l’« étoile noire44 », le « Zimmerman noir45 », le « roi des coureurs46 », la « grande vedette américaine47 », le « sombre roi de la piste48 ». « Héros49 » du cyclisme, le voilà désormais « légendaire à Bordeaux50 ». La presse est unanime pour louer ses qualités, ne cessant de s’enthousiasmer pour son « style étourdissant51 », son « coup de collier extraordinaire », ses « victoires éblouissantes52 ». Arrivé à ce point, on voit que le postulat d’un reflux de sa définition par la couleur n’est pas usurpé : après quelques semaines de courses, Taylor est bien moins « nègre » qu’il ne l’était en débarquant en France. Il est alors permis de parler de la popularité de Taylor, ex abstracto de sa couleur.
Une popularité grandissante
25Comment les journalistes construisent-ils cette popularité53 ? Ils soulignent notamment la dynamique qu’il crée à lui seul autour du cyclisme en France. Celle-ci concerne tant Paris, avec le match opposant Major Taylor à Jacquelin, où « jamais, de mémoire de cycliste, rencontre n’avait suscité un enthousiasme semblable54 », que la province, avec, par exemple, l’émeute que déclenche à Bordeaux l’annulation de la soirée de courses pour laquelle il était engagé55. Les courses auxquelles il participe se déroulent à guichets fermés. À Paris, elles attirent entre 20 000 et 25 000 personnes. Les organisateurs français s’arrachent le champion, et les étapes de son périple se démultiplient alors qu’au départ l’Américain était venu pour courir à quatre reprises seulement ! En somme, il catalyse, positivement, le fait qu’il est un puissant élément de dynamisation de la vie cycliste. Au demeurant, le mépris subreptice qu’on a déjà croisé ne meurt pas. Un évènement montre avec force la persistance de préjugés, de stéréotypes raciaux qui ne demandent qu’à resurgir à la faveur de circonstances particulières : le match Jacquelin vs Taylor. Le contrat signé avec Henri Desgrange prévoit en effet que les deux hommes se rencontrent au Parc des Princes le 16 mai.
Poussée de fièvre
26Le climax de la tournée française du Major passe donc par Paris avec la course l’opposant à Jacquelin. Pioupiou, comme on le surnomme alors, est une figure du cyclisme mondial. Vainqueur du championnat de France de vitesse en 1896, il récidive en 1900 et remporte la même année le championnat du monde, après s’être classé 3e en 1896 et 1898. Sa popularité est à la hauteur de son palmarès56. Enfant chéri de Paris, il est « l’idole des foules57 », source d’inspiration pour des artistes en tous genres comme les peintres Lucien Jonas et Leonetto Cappiello. Son côté « populo » et dilettante divise certes la presse58 mais il est bien le seul, au final, face à qui le Major Taylor peut s’étalonner et, au besoin, faire jeu égal. Il en va, cette fois, d’une fierté toute patriotique, autour d’un champion hexagonal digne des « grands champions nationaux », selon le mot d’époque.
27Les semaines précédant l’affrontement donnent lieu à une mise en scène des protagonistes faisant largement appel aux stéréotypes de race. Le jeu des oppositions et des paris59 relance le jeu des couleurs. « Jacquelin, le blanc ! Major Taylor, le noir60 ! », voilà comment Le Phare de la Loire les présente dans son numéro du 1er mai 1901. Le Vélo, livrant « l’état signalétique61 » des champions dans son numéro du 16 mai n’est pas en reste. Pour La France militaire, c’est le « sorcier noir » face « au seul coureur blanc qu’on puisse lui opposer62 ». L’échéance se rapprochant, la présence des « nègres à Paris et au vélodrome63 » tourne à l’obsession, comme se complaît à le souligner une plume de L’Auto-Vélo, F. Mercier : « On ne voit plus que du noir, pardon, des noirs ». Et d’en profiter pour glisser, à propos du soutien que Major Taylor trouve dans la communauté noire parisienne, une autre antienne du colonialisme, celle de l’anthropophagie des Africains… On voit bien, ici, le renversement en cours dès lors que Taylor entre en concurrence avec l’identité et l’orgueil national, tout en posant la question de la hiérarchie des races. À cet égard, les titres spécialisés comme Le Vélo et L’Auto-Vélo mènent toujours la danse. Sous leurs efforts conjoints, le duel sportif se mue en « choc des races, choc des civilisations64 », supplantant celui opposant la « vieille Europe65 » à l’Amérique. Major Taylor redevient ainsi « le nègre » et représentant de la race noire. À la veille du match, Frantz Reichel ne s’encombre pas : il titre « Le Nègre66 » son article pour L’Auto-Vélo. Après avoir glosé sur le physique hors norme de Taylor, « véritable chef-d’œuvre d’académie humaine », il monte en généralité et réintègre, ce faisant, le champion noir dans son groupe racial. Selon lui, « le nègre – le nègre en général, et non pas Taylor en particulier – est remarquablement doué pour l’effort physique. C’est un fait connu ». Le pendant de cette supériorité physique naturelle est, stéréotype des plus courus alors, sa moindre disposition « aux travaux intellectuels ». Par la suite, Frantz Reichel insiste sur les qualités de souplesse mais aussi l’extrême sensibilité, sensorialité, de la race nègre. Ces différences entre races font tout le sel du match : selon lui, « l’élément d’intérêt » le « plus élevé » est « la lutte des races » : « De la race noire contre la race blanche. Laquelle triomphera ? »
28Les stéréotypes raciaux fondent souvent les pronostics de victoires ou de défaites volontiers publiés par la presse sportive, plus timidement par la presse politique et généraliste. Ainsi, pour Frantz Reichel, la victoire ira à Taylor, à la condition que la température extérieure soit suffisamment élevée, car « il faut au noir la chaleur pour qu’il soit à même de lutter en possession de tous ses moyens ». À l’opposé, Henri Desgrange, à l’instar d’autres chroniqueurs67, pronostique le succès de Jacquelin, en raison de sa supériorité tactique68, donc intellectuelle. Le 16 mai, la défaite de Major Taylor semble donc donner raison au directeur de L’Auto-Vélo. Jacquelin remporte les deux manches prévues, et profite même de l’avance qu’il a, lors de la dernière course, pour faire un pied de nez à son concurrent.
29La poussée de fièvre raciale qui s’exprime dans les commentaires des journalistes avant la rencontre69 trouve son exutoire dans la satisfaction manifestée à l’issue de la victoire du Français. Au lendemain du 16 mai, l’écrasante majorité des titres salue la victoire de la France et, au-delà, du vieux continent, grâce à Jacquelin, le « champion incontesté du monde70 », l’« imperator71 » qui battu « le Nègre » à la régulière. On fait l’apologie du coureur pour son nouveau coup d’éclat, qu’il offre à une nation « trop privée de toute espèce de succès, depuis quelque temps72 ». Certains quotidiens, comme Le Soleil, vont plus loin en jugeant que cette victoire « vient de contribuer à mettre en évidence la supériorité de la race blanche sur la race noire : supériorité d’endurance et supériorité de muscle73 ». La suite de l’article bascule dans le racisme ostensible lorsqu’est évoqué le caractère inacceptable d’une défaite face « un homme de couleur ». Et de conclure, « il y aurait de quoi jeter sa bécane par les chemins ».
30On met aussi en scène le soutien que recueille Taylor auprès des Noirs, en général, « au nom de leur race74 ». Le Vélo donne la parole à un officier de marine haïtien, Sylvain Bénito, « au nom des gens de couleur75 ». À quelques jours d’intervalle, le quotidien publie « la riposte d’un blanc76 ». Il s’agit du célèbre coureur et futur industriel Édouard Nieuport qui défend « que la supériorité de la race blanche sur les races de couleur a été avant tout et de tout temps une supériorité physique dans le sens usuel du mot ». Enfin, plusieurs journalistes se plaignent de l’inégale répartition des gains alloués aux coureurs, Major Taylor ayant remporté, selon certains, près de 18 000 francs, quand Jacquelin n’en aurait touché que 1 00077.
31La popularité de Taylor s’est-elle pour autant effondrée à cette occasion ? Non. La mise en majesté de Jacquelin s’accompagne en effet de la célébration de la sportivité du champion américain. De surcroît, le pied de nez outrancier de Jacquelin est pointé du doigt par les journalistes. Pour certains, c’est un fait regrettable mais dicté par les circonstances. G. de Knyff, du Français, considère que le geste déplacé du vainqueur est pardonné sur l’autel de la « surexcitation du moment78 ». Dans Le Petit Moniteur on l’excuse par « l’ivresse de la victoire79 ». Mais tout le monde n’adopte pas cette ligne. Dans Le Figaro, Paul Meyan dénonce un geste « très peu sportif80 ». La polémique gonfle, scandée par Le Vélo, au point que Jacquelin éprouve le besoin de s’excuser publiquement81. Dans le même temps, certains chroniqueurs essaient de comprendre l’étonnante défaite de Taylor. Major Taylor aurait ainsi été handicapé par le froid ; tel est l’argument qui revient le plus souvent concourant à relativiser la victoire de Jacquelin.
La France, « seconde patrie82 » de Major Taylor
32On a pu déjà se rendre compte de l’ambivalence qui caractérise la représentation du Major Taylor depuis son arrivée en France. Son image médiatique est à géométrie variable, fluctuant au gré de ses résultats. Cette ambivalence connaît son paroxysme lors de la deuxième rencontre avec Jaquelin, aboutissant à un portrait inversé par rapport à celui qui prévalait onze jours plus tôt. Les jours précédant l’affrontement, qui se déroulera le lundi de Pentecôte, la presse espère ainsi que Major Taylor aura retrouvé sa forme. De fait, il vient d’être battu à Turin, le 18 mai, par des coureurs dont il avait aisément triomphé auparavant. Pour nombre d’observateurs, ce qu’il faut désormais qualifier comme une baisse de forme vient éclairer, à contretemps, la défaite face à Jacquelin. D’autres, plus nombreux, évoquent la démoralisation de Taylor comme cause de ses mauvais résultats à Turin et, suivant La Petite République ou Le Journal amusant83, s’agacent des analyses contribuant à amoindrir le succès de Jacquelin. Cette discordance est donc encore favorable à Jaquelin.
33Le 27 mai, Taylor l’emporte et, dans sa grande majorité, la presse juge sa victoire sans appel84. Plus : quand plusieurs journaux notent l’animosité d’une part du public, sifflant et huant le coureur américain, dénonçant une course truquée, Taylor reçoit le soutien quasi-unanime de la presse. Sa performance n’est ni contestée ni amoindrie, à quelques exceptions près, comme celle du Soleil85. Au plus général, on prend le parti de Taylor en critiquant, ce que fait F. Doceul dans le Phare de la Loire, la stupidité de ceux qui crient au « chiqué », « avec le sourire entendu et bêtasse qui leur propre86 ». Superlatifs à l’appui, Taylor redevient le véritable champion du monde. Sous la plume des journalistes, Jacquelin ne le sera resté que onze jours. La facilité et la rapidité avec laquelle on retire son titre au champion français a de quoi surprendre vue la satisfaction affichée à l’issue de sa victoire. C’est dire, au fond, le crédit de Taylor. « La revanche du Nègre87 » donne d’ailleurs raison à ceux qui considéraient qu’il n’était pas en pleine possession de ses moyens lors de la première confrontation. Un rédacteur du Littoral sportif, repris dans le Sport picard, est de ceux-là. Il ne cache pas son admiration pour Taylor et reconnaît, sans ambages, que « maintenant, il faut en rabattre et beaucoup !88 » à propos de « la supériorité écrasante » prêtée à Jacquelin peu avant. Ce match a prouvé que non seulement Taylor est imbattable en vitesse pure dans de bonnes conditions atmosphériques, mais aussi qu’il est « un maître de la tactique sur défensive » ; deux points invalidant les thèses racialistes développées par certains journalistes. Plusieurs titres qui avaient vu dans la victoire de Jacquelin sur Taylor celle de la race blanche sur la race noire préfèrent, dès lors, en rester à l’idée qu’on ne peut finalement pas trancher en l’état et qu’une « belle » serait bienvenue. Mais de belle il n’y aura pas, tout au moins dans les mêmes conditions. La discussion portant sur la désignation du meilleur coureur se prolonge donc tout au long du mois de juin, tandis que Taylor reprend le cours de sa tournée triomphale en Europe.
34La belle se joue ainsi sur le papier et, au final, il semble bien que ce soit le Major qui l’emporte, contre l’avis d’une part du public, n’hésitant pas à faire part de son antipathie vis-à-vis de celui qui a détrôné la gloire nationale : « Vive Jacquelin ! À bas Major Taylor89 ! », voilà ce que l’on a pu entendre lors des courses de Toulouse, le 13 juin, rapporte Le Vélo. Pour justifier son jugement, la presse, Le Vélo en tête, s’appuie donc sur les succès que Major Taylor connaît à Anvers, le 1er juin, contre les coureurs Federico Momo et Robert Protin, champion du monde de vitesse en 1895. Elle se fonde surtout sur la rencontre de Berlin où Taylor retrouve Arend, Huber, Hellegaard, Jacquelin et les surpasse largement. Pour Robert Coquelle, le jugement est sans appel : « la belle à Major Taylor90 ». Jacquelin est-il jugé hors de forme ? Certes. Cela n’empêche pas Pierre Laffite, de L’Écho de Paris, de considérer que « cette victoire est la consécration définitive de la valeur du nègre volant91 ». Cette formulation est reprise dans La Dépêche de Toulouse et La Petite Gironde du 4 juin, dans La Croix et La Gironde du 5 juin. Pour L’Auto-Vélo, la « nouvelle victoire du Nègre92 » démontre qu’il est imbattable en Europe lorsqu’il est en forme, ce que confirment les dernières épreuves auxquelles il participe à Copenhague, le 6 juin, Hanovre, le 7 juin, à Leipzig le 8, Anvers le 11, Toulouse le 13, Agen le 17, Bordeaux le 20, Lyon le 22 et Genève, sa dernière date, le 24 juin, à laquelle succédera un banquet organisé en son honneur par le Club des sports de Paris.
35Au fil de ces rendez-vous, le processus d’adoption du champion s’affirme. La presse se félicite de façon unanime lorsque la rumeur court que Major Taylor « ne veut plus rien savoir du tout pour rentrer en Amérique tant il est enthousiasmé de l’accueil qu’on lui a fait en Europe et surtout en France93 ». Le Vélo considère même, au moment où le Major s’en retourne outre-Atlantique, que la France est devenue sa « seconde patrie94 » – « une seconde patrie95 », renchérit L’Écho de Paris, « cent fois plus hospitalière pour lui que la vraie où l’attendent les balançages, le mépris, la haine de tous ceux qui ne peuvent, le battre autrement qu’en se coalisant contre lui ». Et de terminer sur des propos pleins de commisération : « Pauvre Major Taylor ! ».
36Avec le temps et le retour des succès, le sportif tend donc à reprendre le dessus sur la figure du « nègre » même si l’expression, en tant que telle, demeure. Les commentaires se concentrent davantage sur la technique de course, la tactique, le déroulement de ses matches. L’image que la presse donne de Major Taylor s’émancipe pour partie des stéréotypes raciaux : le Major est, de plus en plus, ce qu’il fait et pas ce qu’il est ou ce qu’il représente. Cela étant, ce mécanisme se construit sur le principe de l’exceptionnel : par son excellence, le Major Taylor se dissocie de son groupe d’appartenance, ce qui permet tout à la fois de ne plus le stigmatiser et de ne pas en faire un modèle reproductible, celui du champion noir.
⁂
37Lorsqu’il quitte la France le 28 juin 1901, quatre mois après son arrivée à Paris, Major Taylor s’est taillé une solide réputation. Il le doit bien sûr à ses performances jugées exceptionnelles. Il le doit aussi la régularité de ses victoires. Il le doit enfin à sa sportivité. Échappe-t-il pour autant aux stéréotypes raciaux qui se diffusent à propos des populations noires ? La réponse est complexe et nuancée. Nuancée parce qu’on observe des évolutions de ce point de vue, y compris sur le temps court. Complexe parce que la presse, à des fins commerciales notamment, joue sur plusieurs registres simultanément, diffusant au fil même d’un seul article parfois plusieurs représentations du champion, tantôt en l’inféodant aux stéréotypes de race, tantôt en l’en émancipant, tantôt en l’érigeant en représentant de la « race nègre », tantôt en le désignant comme l’exception qui confirme la règle. Le jour de son retour aux États-Unis, la presse se scinde ainsi entre ceux qui titrent le « départ de Major Taylor96 » et ceux qui rendent compte du « départ du Nègre97 ».
38Ambivalence, tel semble être le mot qui résume la représentation du pistard américain dans la presse. La balance entre le sportif, c’est-à-dire le « Major », et « le nègre » penche d’un côté ou de l’autre en fonction des circonstances et donc de manière très aléatoire, sans véritable ligne directrice. On a vu ainsi comment, grâce à de bons résultats, la tendance à le percevoir avant tout en tant que sportif vient grignoter le prisme racial qui est au départ privilégié. On a vu aussi comment les discours accompagnant le match contre Jacquelin soufflent opportunément et peut-être commercialement sur les braises convenues du différentialisme, du racisme, et laissent des traces. On a vu enfin comment, lors du match-revanche, la donne évolue notablement, replaçant Taylor dans le champ sportif plutôt que racial. Pour le reste, du début à la fin, bien que la presse française affiche son dédain face au racisme ayant cours aux États-Unis, le qualificatif de « nègre » demeure solidement attaché à Major Taylor. Il faudra attendre 1909, date de sa dernière tournée en France, pour que « Major Taylor » remporte la belle, d’une roue, sur « le nègre » et que ses qualités de sportif et d’homme dissolvent en grande partie son altérité.
Notes de bas de page
1Chronique de la jeunesse, 1467, 1er janvier 1901.
2Cf. Andrew Richie, Major Taylor. The extraordinary career of a champion bicycle racer, Johns Hopkins University Press, 1996, p. 85-110.
3Il consacre tout un passage de son ouvrage à Major Taylor. Cf. Timothée Jobert, Champions noirs, racisme blanc. La métropole et les sportifs noirs en contexte colonial (1901-1944), Grenoble, PUG, 2006, p. 26-49.
4Le Vélo, 5 janvier 1901.
5Ibid.
6Le Vélo, 4 janvier 1901. Et citations suivantes.
7Le Vélo, 17 janvier 1901.
8L’Écho de Paris, 18 janvier 1901.
9L’Auto-Vélo, 23 janvier 1901.
10Le Vélo, 23 janvier 1901.
11Le Journal, 24 janvier 1901.
12Le Vélo, 5 janvier 1901.
13Le Vélo, 5 janvier 1901.
14La Croix, 24 janvier 1901.
15Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch, Éric Deroo et Sandrine Lemaire, Zoos humains. Au temps des exhibitions humaines, Paris, La Découverte, 2004.
16L’Auto-Vélo, 23 janvier 1901.
17Le Vélo, 17 janvier 1901.
18« Le Nègre manque la “Gascogne” », Le Vélo, 2 mars 1901.
19Le Vélo, 4 janvier 1901.
20Ibid.
21Le Vélo, 21 janvier 1901.
22L’Auto-Vélo, 23 janvier 1901.
23Michel Pastoureau, Noir : histoire d’une couleur, Paris, Le Seuil, 2008.
24Le Vélo, 5 janvier 1901.
25Le Vélo, 1er février 1901.
26Le Vélo, 12 mars 1901.
27Le Vélo, 4 février 1901.
28L’Écho de Paris, 1er févier 1901.
29Le Vélo, 11 janvier 1901.
30Le Vélo, 12 mars 1901.
31Timothée Jobert, op. cit., 2006, p. 30.
32Cf. L’Évènement, 19 mai 1901.
33Le Vélo, 13 mars 1901.
34Le Petit Bleu de Paris, 20 mars 1901.
35Le Petit Parisien, 22 mars 1901.
36Ibid.
37Le Vélo, 23 mars 1901.
38Le Vélo, 29 mars 1901.
39Le Vélo, 9 avril 1901.
40La Gironde, 10 avril 1901.
41Le Vélo, 12 avril 1901.
42Ibid.
43L’Auto-Vélo, 5 juillet 1901.
44La Petite Gironde, 4 mai 1901.
45Le Petit Parisien, 15 mai 1901.
46Le Phare de la Loire, 5 mai 1901.
47La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, 18 juin 1901.
48Le Petit Courrier, 19 juin 1901.
49Le Vélo, 4 mai 1901.
50La Gironde, 8 mai 1901.
51Le Phare de la Loire, 5 mai 1901.
52Le Vélo, 17 mai 1901.
53Sur ce point on verra aussi Jobert Timothée, op. cit., 2006, p. 34.
54Le Soir, 13 mai 1901.
55Le Peuple français, 5 mai 1901.
56Pascal Sergent, Edmond Jacquelin, La Vie du champion le plus populaire de tous les temps, Paris, L’Harmattan, 2008.
57Ibid., p. 12.
58Timothée Jobert, op. cit., p. 45.
59Le Vélo, 16 mai 1901.
60Le Phare de la Loire, 1er mai 1901.
61Le Vélo, 16 mai 1901.
62La France militaire, 15 mai 1901.
63L’Auto-Vélo, 28 avril 1901. Et citations suivantes.
64Timothée Jobert, op. cit., 2006, p. 41.
65Gil Blas, 16 mai 1901.
66L’Auto-Vélo, 14 mai 1901. Et citations suivantes.
67Comme par exemple ceux de L’Intransigeant.
68L’Auto-Vélo, 16 mai 1901.
69On la retrouve pour la revanche sous la plume Géo André : « Le Noir ou le Blanc ? », L’Auto-Vélo, 27 mai 1901.
70La France, 17 mai 1901.
71L’Auto-Vélo, 17 mai 1901.
72Le Soleil, 18 mai 1901.
73Ibid.
74L’Autorité, 21 mai 1901.
75Le Vélo, 23 mai 1901.
76Ibid.
77La Petite République, 19 mai 1901.
78Le Français, 17 mai 1901.
79Le Petit Moniteur, 20 mai 1901.
80Le Figaro, 17 mai 1901.
81Voir L’Auto-Vélo, 20 mai 1901.
82Le Vélo, 19 juin 1901.
83La Petite République, 25 mai 1901 ; Le Journal amusant, 20 mai 1901.
84Le Journal, 28 mai 1901.
85Le Soleil, cité dans L’Auto-Vélo, 28 mai 1901.
86Le Phare de la Loire, 3 juin 1901.
87Le Vélo, 28 mai 1901.
88Le Littoral sportif, 1er juin 1901.
89Le Vélo, 16 juin 1901.
90Le Vélo, 4 juin 1901.
91L’Écho de Paris, 4 juin 1901.
92L’Auto-Vélo, 4 juin 1901.
93La Mayenne, 21 juin 1901.
94Le Vélo, 19 juin 1901.
95L’Écho de Paris, 21 juin 1901.
96Comme dans La Petite Gironde (28 juin), L’Écho de Paris (28 juin), Le Vélo (29 juin), La Gironde (30 juin).
97Comme dans Le Petit Bleu de Paris (28 juin), La Presse (29 juin), Gil Blas (29 juin), La Patrie (29 juin), La France de Bordeaux et du Sud-Ouest (29 juin), Le Radical (1er juillet). Quant à L’Auto-Vélo (28 juin), il titre « Le nègre nous quitte ».
Auteur
Le Mans université, Laboratoire TEMOS (UMR CNRS 9016).
Sylvain Villaret, maître de conférences à Le Mans université, est membre du laboratoire TEMOS (UMR CNRS 9016). Ses travaux portent sur l’histoire sociale et culturelle du sport, des pratiques corporelles et de santé. Il a publié une Histoire du naturisme en France depuis le Siècle des Lumières (Vuibert, 2005) et codirigé avec Philippe Tétart Les Voix du sport. La presse régionale sportive à la Belle Époque (Atlantica-musée national du Sport, 2010) et Les Édiles au stade. Aux origines des politiques sportives municipales (PUR, 2020).
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